Mrs. Smith était la femme la plus qualifiée pour le boulot d’adjointe qu’il connaissait. Avant d’être son adjointe, elle avait été celle de son père durant des années, et il ne s’en était jamais plaint. Feu l’ancien duc était parfaitement satisfait du travail qu’elle faisait, et Tyrgan avait évidemment tenu à la garder comme adjointe. On ne jette pas une personne pareille après autant d’années de service. En vérité, Mrs. Smith faisait un peu partie des meubles.
Voilà pourquoi devoir la remplacer en si peu de temps était une tâche presque insurmontable, mais la dame avait insisté.
J’ai 55 ans Votre Grâce. Suivre votre vieux père ne me causait aucun problème. Nous allions au même rythme, lui et moi. En revanche, suivre un jeune homme de 33 ans tel que vous, et bien… c’est épuisant.
Malgré sa déception de la voir partir, Tyrgan comprenait parfaitement ce que voulait dire Mrs. Smith. Le rythme de vie de son père âgé et le sien, rempli de réunions, de séances interminables à la Chambre des Lords, de nombreuses soirées mondaines et tout le reste, n’étaient pas les mêmes. Mrs. Smith, annonça donc qu’elle prenait sa retraite, et Tyrgan, même s’il appréhendait la suite, la remercia chaleureusement pour tout ce qu’elle avait fait pour lui et son père.
Avant de partir, elle lui donna quelques qualités qu’elle jugeait essentielles qu’il devait trouver chez sa prochaine adjointe, ou adjoint. Elle devait être discrète, rapide, versatile, avoir un oeil observateur, et savoir garder les secrets.
Si vous saviez tout ce que votre père vous a caché!
Tyrgan sourit à sa remarque, bien qu’intérieurement, il espérait que ce ne soit rien de grave…
Suite au départ de Mrs. Smith, le duc demanda à la gouvernante de sa résidence à Londres faire quelques recherches de son côté pour trouver une remplaçante. Le plus tôt serait le mieux, évidemment. L’avantage d’engager parmi les domestiques était qu’il connaissait déjà la plupart, et vice-versa. C’était d’ailleurs de la même façon que Mrs. Smith avait été engagée. Bien sûr, tout cela n’avait rien d’obligatoire pour les domestiques. Seuls ceux ou celles qui se croyaient capable d’occuper ce poste pouvait donner leur nom. Il fallait dire cependant, que l’augmentation de salaire était significatif, et qu’il ne manquait jamais de candidats et candidates.
Siobhan fut la troisième personne que Tyrgan reçu dans son bureau.
Bonjour! Entrez et asseyez-vous, dit-il, souriant, l’invitant à s’asseoir devant lui d’un geste de la main. Vous êtes bien Siobhan Oswell? Vous devez être ici depuis peu, je ne me souviens pas vous avoir déjà vu. Vous êtes Irlandaise?
Le prénom de la jeune femme pouvait effectivement trahir une certaine appartenance à l’Irlande, mais aussi ses cheveux roux. Trait que beaucoup d’Écossais partageaient également avec les Irlandais… ainsi que leur dédain pour les Anglais. Dans tous les cas, la jeune femme se présentait bien, et avait un air particulier sur le visage. Un air posé peut-être…
Qu’est-ce qui vous intéresse dans ce poste?
Les deux autres avaient répondu «le glamour» et le prestige. Espérons que celle-là choisirait mieux ses mots.
Trois semaines. Trois semaines que les parures de luxe installés à diverse en droit ont toujours le même effet de surprise sur toi. Trois semaines que tu ne cesses de te demander ; comment est-ce qu'il est humainement possible d'avoir autant d'argenterie dans un simple tiroir ? Comment de tels tableaux peuvent tenir au mur ? Et comment il est tout bonnement possible de retenir autant de personnel qui vont et viennent dans cet appartement ? Pour la troisième fois tu soupires en défroissant ta jupe. Il suffit d'être riche, voilà comme tout cela est plausible. Avoir un nom qui porte, un titre sur la tête, une prestance, un charisme et tous les petits détails soi-disant important d'homme à la tête d'un royaume. Tu roules des yeux à ces faits qui traversent l'esprit. Certains ont bien de la chance de vivre avec une cuillère en or dans la bouche. Tandis que d'autres tels que toi, passent leur temps à les servir.
Trois semaines que tu as eus ce poste et voilà que tu grappilles déjà pour en changer. Ton annonce d'appartement avait fait un tabac. Entre ceux qui sentaient l'escroquerie à des kilomètres à la ronde, ceux qui en demandaient bien trop pour quatre murs miteux et les derniers qui furent prêt à descendre le prix pour une escapade nocturne plus que douteuse. Dénicher les perles rares ne fut aucunement une partie de plaisir. Et puis il eut cette proposition sortie de nulle part. Un toit sur la tête contre des heures de travails plus que raisonnables. Il y avait eu beaucoup de méfiance après ce que tu avais vu, mais la curiosité fut suffisante pour accepter un rendez-vous. Il y avait de quoi crier au scandale, travailler pour un Duc ? Était-ce humainement possible ? Ne fallait-il pas être qualifié pour ce genre de choses ? Sortir de Harvard avec des diplômes de maniement de tellière et maintien de la posture parfaite ? Tu étais peut-être chanceuse ce jour-là, tu entrais dans les critères de cherche. C'est après avoir parlé salaire qui devenait toute suite plus conséquente que ton emploi au salon de thé qu'il fut difficile de refuser. Une telle somme pour un d'aide ? Dans ton cas, il s'agissait de voir un plateau rempli d'argent pour la première fois. L'avantage de pouvoir dire oui, la boutique était fermée pour vacances et rénovation. Les cours offraient une pause pour la période d'été et ta patronne n'était pas totalement contre l'idée de te laisser partir ailleurs si tu y gagnais bien plus. Jusqu'à présent tu n'avais pas à t'en plaindre. Le seul bémol était de mentir à Llewyn sur ton absence si longue dans sa maison. Ce qui était bien le problème, il s'agissait de sa maison.
La porte s'ouvrit et le corps d'Anna s'échappa du bureau avec grasse et délicatesse. Dans sa robe trop moulante, son postérieur faisait des appels phare. Tous les coups semblaient bons pour obtenir les faveurs du patron. Mais celle-là en fut presque dégradante. Elle se pencha à ton épaule en passant, ses ongles plus que manucurés se posèrent sur le haut de ta chemise que tu avais soigneusement choisi. Légèrement beige elle s'accordait avec ta petite jupe noire et tes ballerines. Tu paraissais bien petite à ses côtés, mais au moins ton visage ne se crispait pas discrètement d'une douleur avec des échasses aux pieds.
« Il m'a adoré, murmura-t-elle. Tu verras te fera au détergent à la longue. »
Un sourire carnassier se déposa sur son faciès, laissant apparaître ses dents fraîchement lustrées. Elle avait de la niaque, ça, tu ne pouvais pas lui enlever. Et face à elle, tu avais des doutes d'avoir une quelconque victoire. Bien que tu laisses ses dires et son rire s'éloigner au loin, l'idée de profiter de ce poste était probablement absurde pour une fille comme toi. Mrs Swith aurait fait une belle erreur en te recommandant, une perte de temps pour cet homme qui avait tant à faire. Il fallut un courage immense pour finalement oser traverser le seuil. Si le refus devait bien être prononcé autant l'entendre de vive voix. Quand ton corps s'installa enfin sur le siège, Monsieur Campbell n'avait jamais été aussi proche qu'en cet instant. Tu n'étais qu'une domestique qui voyait sa silhouette de temps à autres au loin, ou qui observait son arrivée en voiture depuis la fenêtre de la cuisine pour l'heure du thé. Mais jamais, il n'avait été possible de prendre le temps pour discuter. Quand bien même il s'agissait de quelques choses de professionnels.
Tu le saluas le plus poliment possible. Un sourire sur le coin des lèvres, le palpitant commença à s'accélérer. Il dégageait quelque chose qui te fit rapidement sentir si minuscule à comparaison. Et il y avait de quoi ! Trois secondes s'écoulèrent mentalement avant que tu ne prennes la parole. Tu n'avais pas réfléchi à un pitch particulier à déblatérer pour faire bonne impression, au contraire, tu préférais jouer franc jeu du mieux possible.
« Irlandaise oui, originaire de Belfast. Ça ne fait pas longtemps que je suis à Londres. Tout comme ça ne fait pas très longtemps que je travaille ici. À vrai dire, ça fait presque trois semaines que je parcours votre demeure. »
Tu évites de dire à quel point tu la trouves gigantesque comparaison à ta maison qui ne vaut même pas un clou. Son salon ferait probablement la taille du bâtiment entier.
« Je dirais un peu tout. Vous êtes un homme important, alors vous côtoyez certaines personnes qui sont du même rang. Vous exercez dans un monde dans lequel il est possible d'approcher de plus près la culture de chacun, l'histoire et les faces qu'une personne comme moi ne connaîtront jamais. Vous avez des relations et le bras long, on ne voit pas ça tous les jours. C'est une opportunité à tenter. »
Tant que tu es jeune lance toi, fais des expériences, étoffes ton CV, acquis des compétences ; c'est ce que n'arrêtait pas de répéter ton frère ainé et il n'avait pas tort. Tu as probablement plus de chances de mieux t'en sortir que le reste de la fratrie, tout était bon à prendre. Ce genre d'opportunité ne courait pas les rues.
« Ce n'est peut-être pas mon domaine de prédilection, mais j'apprends très vite. »
Profession : En quête d'emploi et ayant abandonné ses études d'arts, Siobhan ne se consacre plus qu'à la photographie par pur plaisir, cherchant à immortaliser les moments précieux de la vie.
Etat Civil : Célibataire, une page qui se tourne, ou autre qui s'ouvre peut-être
Jeu 30 Juil - 21:01
Invité
Arrivée il y a peu à Londres, et originaire de Belfast donc. Étrange, se dit-il, pensif. Elle n’avait pourtant à peine un accent. En même temps, ces connards de londoniens ne comprennent strictement rien dès qu’on s’adressait à eux avec seulement l’ombre d’un accent dans la voix. Même au Parlement, il devait faire gaffe à sa prononciation lors de ses discours pour éviter que l’un de ces vieux cons ne se plaigne de «ne rien y comprendre avec cette accent écossais». Comme si avoir un accent était quelque chose de barbare!
Enfin, cela expliquait sans doute pourquoi il ne se souvenait pas l’avoir déjà vu ici.
Attentif, le menton appuyé dans la paume de sa main, Tyrgan écoutait la réponse de la jeune femme. Ses motivations avaient au moins plus d’originalité que celles des deux autres candidates. Puis elle semblait sérieuse, et parlait franchement, mais il n’était pas encore vraiment convaincu. En même temps, il ne savait pas trop ce qui pourrait être considéré comme une bonne motivation. Personne ne dirait : «J’avais envie de vous servir». Même que ce genre de réponse l’aurait assez rebuté… Alors, qu’est-ce qui constituait une bonne réponse? Franchement, Tyrgan n’en était pas certain lui-même. Mener des entretiens d’embauche était loin d’être sa spécialité.
C’est une bonne chose de savoir apprendre vite! De saisir une opportunité quand elle se présente aussi. Je comprends votre curiosité pour la «face cachée» de la haute société, approcher la noblesse et évoluer parmi elle, mais n’espérez rien d’extraordinaire. Bien que ce ne sois pas mon cas, certains de mes pairs voient leur monde et le vôtre comme deux entités distinctes qui ne se mêlent pas l’une à l’une. Je ne dis pas ça pour vous découragez bien sûr, c’est seulement pour vous donnez les faits.
Évidemment, ce n’était pas le cas de tous les nobles. Il fallait cependant que Siobhan connaisse la réalité avant de travailler pour lui. Elle pouvait être la fille la plus incroyable que la Terre n’ait jamais porté, en n’ayant aucun titre, couronne, ou toute autre forme de rang de noblesse, certains la percevrait toujours comme une roturière. Il fallait donc avoir un minimum la peau épaisse dans certaines circonstances, entre autres les soirées, gala et événement de ce genre.
Je voudrais que vous me parliez un peu de vous. Rien de personnel évidemment, dit-il, avec un sourire. Vos hobbies, vos qualités, pourquoi vous pensez pouvoir occuper ce poste correctement?
Ce genre de choses. Plus que les compétences, c’était d’abord la personne en face de lui qui comptait, et les réponses qu’elle allait donner. Du moment qu’elle était franche et sincère. Il ne cherchait pas quelqu’un de parfait; personne ne l’était après tout. Ce qu’elle allait répondre pouvait faire toute la différence entre une candidature réussite ou pas.
Apprendre vite, il le fallait. Plus encore avec le monde dans le tel tu as grandi. Vivre à Belfast n'était en rien facile, ceux qui ne savaient pas se débrouiller un minimum ne pouvait survivre bien longtemps. Quand bien même ta fratrie était là pour t'emmener sur un meilleur chemin que le leur, tu as toujours fait en sorte de faire les choses par toi-même. Une bonne comme une mauvaise chose. Les erreurs étaient bonnes à prendre. Aujourd'hui cela avait autant ses avantages que ses inconvénients. Campbell avait un regard qui, accompagné de ses mots, forcer le respect. Il y avait peut-être plus de chance et de plaisir de postuler auprès d'un homme tel que lui, que d'un autre noble avec une délicatesse inexistante. Tous n'étaient guère aussi consciencieux. Tu n'aurais peut-être pas été aussi à l'aise avec un homme plus âgés, ayant eu plus de vécut et des attentes plus strictes. D'ailleurs, il aurait été peu probable qu'une débutante telle que toi puisse se permettre une entrevue. Une perte de temps pour des personnes qui en avaient que très peu. Cette opportunité-là, tu ne voulais pas la laisser s'échapper.
Tu te mords légèrement la lèvre alors que l’idée de parler de toi ne plaisait aucunement. Loin d’avoir l’obligation d’entrer dans les détails les plus intimes de ta vie, il fallait tout de même en dévoiler quelque peu. C’est un point qui, parmi tous les entretiens que tu as pu passer jusqu’à présent, ne t’a jamais plu. Une sensation peu agréable, comme si ta carapace se fendait à chaque fois. Malheureusement, cela restait impossible d’y échapper. Alors, au mieux tu y répondis.
« Je suis actuellement dans une école d’art-visuel. Je suis une passionnée du dessin ainsi que de la photographie. Ça reste amateur, mais j’espère pouvoir développer ce que j’ai appris pour en faire mon métier. Je ne sais pas encore ce que je préfère entre se lancer en indépendant ou travailler pour quelqu’un. »
Une fois le diplôme en main, l’expérience suffisante, il faudrait sérieusement que tu penches davantage sur la question. Les deux offraient autant d’inconvénient que de bien fait. L’un avait simplement bien plus de responsabilité et charge à gérer. Il y avait encore un peu de marge avant d’être mise au mur en donnant une réponse concrète.
« J'ai fait plusieurs petits boulots. Dernièrement je travaillais en tant que serveuse dans un salon de thé. Même si ce n'est pas extraordinaire, ça donne une incertaine habitude d'avoir du contact avec les gens. »
Tu es quelqu'un de sociale au fond, ça ne déplait pas de discuter avec les gens. Même si avec le temps tu t'es fait plus discrète à ce sujet, ça reste toujours un plaisir. Comme une plaie. C'était peut-être qu'un simple salon de thé, mais tu as vu passer énormément de choses en faisant face à des situations pour le moins particulières. Tous les clients ne sont pas les plus aimables du monde avec une tasse de thé entre les doigts. D'autres n'ont guère peur de devenir rapidement brusque. Ça forge le caractère comme dirait tes collègues. Ça te fait monter la confiance en toi, en dirait d'autre. Ou la paranoïa pour certains. Tu évites d'avouer que ton ainsi magasin à déjà connue un cambriolage dans le tel quelques clients ainsi que ta personne, étiez présent. Tu n'as pas joué les héroïnes, mais ça t'a suffisamment marqué pour faire monter en toi la prudence auprès de personne un peu dur. Loin de toi l'idée de lui faire croire que tu es peut-être devenue folle après ça.
« Je ne pense pas avoir des hobbies aussi classiques que la plupart des personnes de mon âge. Je veux dire, je ne cache pas que j'apprécie une sortie entre amie autour de plusieurs verres, mais au final... j'aime davantage rester tranquillement sur un banc et laisser l'environnement m'inspirer pour dessiner. Désolée... vous devez trouver cela absurde. »
Tu t'excuses légèrement, un petit sourire en coin. Probablement débile pour un homme comme lui. Ce n'est pas grand-chose, ce n'est même rien d'extraordinaire. Le dessin c'est ta passion, c'est ta vie. Et la photo te permet d'immortaliser ses moments uniques qu'on ne trouve qu'une fois. La plupart des jeunes de ton âge passent leur journée à jouer sur les consoles, ou cherche à devenir le centre du monde sur les réseaux. Quelque chose que tu as bien du mal à comprendre. Toi t'es du genre à préférer partager une œuvre qui a demandé beaucoup d'implication, que le dernier rouge à lèvres à la mode. Tu n'es pas comme les autres.
« Pour être honnête, je ne saurais vous dire quels sont réellement mes qualités... enfin... tu te racle la gorge et rectifie rapidement tes dires pour mieux faire comprendre ton point de vue, personne ne sait vraiment les décrire sans enjoliver les choses. Je suis quelqu'un de plutôt discret, j'observe beaucoup et je sais tenir ma langue. Dans un monde tel que le vôtre, j'imagine que les fuites ont de très grosses répercussions. Je ne suis pas du genre à m'éparpiller j'ai besoin que les choses soient organisées. Travailler tard ne me fait pas peur, je veux dire... je sais ce que c'est que de passer une soirée ou une nuit sur un dossier important au lieu danser jusqu'à pas d'heure. »
Rhys aurait dit que ton sourire est contagieux, qu’il donne envie de le revoir tant il est apaisant. Ailbhe aurait probablement acclamé que ta bonté envers autrui n’a pas de limite. Les deux avaient bien raisons, même si ces points sont devenus moins flagrant avec le temps. T’es une bosseuse, peut-être même trop. Tu n’es pas parfaite, comme tout le monde il t’arrive de te faire dépasser et déborder de tous les côtés, pourtant à ce niveau là t’a la niaque. Tu triches pour arriver à tenir le rythme. Ce n’est pas toujours facile d’arriver à rester sur tous les fronts et les petites gélules blues font des miracles pour te maintenir éveiller. Mais de manière générale tu veilles à faire ça bien. C’est un avantage d’être organisé. Tu joues avec le feu, t’es sur la corde raide, tu le sais à un moment ça te reviendra au visage.
« Vous m’avez demandé : pourquoi j’occuperai ce poste correctement ? Je ne peux pas vous mentir, je ne serais peut-être pas parfaite, je n’ai pas autant d’expérience dans ce domaine comme les autres candidates, mais… je veux apprendre, je veux me dépasser et sortir de ma zone de confort. Je ne veux pas avoir le regret de ne pas avoir essayé en donnant le meilleur de moi-même. »
Profession : En quête d'emploi et ayant abandonné ses études d'arts, Siobhan ne se consacre plus qu'à la photographie par pur plaisir, cherchant à immortaliser les moments précieux de la vie.
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Lun 17 Aoû - 19:44
Invité
Siobhan lui fit un petit résumé de ses occupations. Elle étudie en art-visuel, et songeait même à en faire son métier un jour, ce qui était plutôt ambitieux. Vivre de son art n’est pas chose facile, surtout par les temps qui court. La photographie ouvrait plusieurs avenues cela dit. C’est toujours pratique d’avoir un bon photographe sous la main! Les meilleurs avaient de très bons salaires. Même si le poste qu’il proposait n’avait rien à voir avec tout ça, il se demandait si la connaissance artistique de Siobhan ne pourrait pas lui être utile. Cela pourrait bien être complémentaire à la sienne, qui était inexistante. À chaque vernissage ou soirée en galerie d’art où on l’invitait, il était souvent… perplexe devant les oeuvres d’art. En particulier celles qui étaient plus excentrique. Il n’en avait jamais saisit l’attrait ou l’intérêt. Peut-être que l’Irlandaise pouvait lui expliquer deux ou trois choses sur le sujet, ou l’accompagner durant ce genre d’événement, question d’avoir l’air un peu moins con. Après tout, elle affirmait être à l’aise avec les gens, ayant travailler comme serveuse dans un salon de thé. Excellent, se dit-il. Elle n’aurait pas le moindre problème à évoluer parmi les autres convives. Elle parla ensuite de ses hobbies, qu’elle préférait davantage la tranquillité qu’une soirée entre amis, et lorsqu’elle s’excusa, Tyrgan secoua la tête.
Pas du tout, ne vous excusez pas. Je préfère avoir quelqu’un de contemplatif que quelqu’un qui aime un peu trop faire la fête.
Il n’y avait rien de mal à faire la fête, évidemment, mais il préférait que son assistante n’abuse pas de champagne ou de vin durant les soirées où elle le rejoindrait. Simple question d’éviter les situations embarrassantes, autant pour lui que pour elle. Heureusement, Siobhan ne semblait pas du tout ce genre-là. En fait, pour une fille de son âge, il la trouvait d’une maturité étonnante. Elle s’exprimait parfaitement bien, tout en gardant une certaine réserve dans son ton. Elle semblait également quelqu’un de sérieux, qui ne néglige pas son travail. Pour le coup, Tyrgan était prêt à la croire sur parole.
Quoi qu’il avait été sceptique au début, Siobhan gagnait beaucoup de points, et il resta impressionné par la détermination de la jeune femme.
Vous n’avez peut-être pas autant d’expérience que les autres candidates, c’est vrai, admit-il alors, avant de sourire. Mais vous avez la bonne attitude. Si vous apprenez vite, je suis sûr que vous serez excellente. Je vais vous faire une offre, mais avant d’accepter, vous devez être au courant de ce que ça implique.
Même si Siobhan semblait prometteuse, peut-être qu’après avoir entendu ce qu’il attendait de la part de son assistante pourrait la rebuter. Il tenait à tout soit clair avant d’aller plus loin.
Je dois siéger à la Chambre des Lords trois fois par semaine. Du lundi au mercredi, et parfois certains weekends, j’aurais donc besoin de vous. Vous serez libre le reste du temps. Vous me tiendrez aussi de l’ordre du jour des séances de la Chambre, et de ce qu’il y à mon agenda en général. Si c’est moi qui doit organiser un événement, vous enverrez les invitations, et je vous chargerai de la préparation, réservation, et puisque vous êtes étudiante en art visuel, de la décoration. D’ailleurs, si vous n’y voyez pas d'inconvénient, je vous inviterai à me suivre pour certaines soirées. Je n’y connais rien, à l’art et tout ça, et vos connaissances pourraient être utiles, avoua-t-il, embarrassé. Si vous n’avez pas de voiture, je vous en procurerai une. Je ne veux pas que mon assistante se promène en taxi après tout, ce serait gênant!
Certains ducs traitaient peut-être leurs assistants et assistantes comme des esclaves, mais pas lui. Le boulot lui paraissait déjà assez exigeant, Tyrgan ne voulait pas qu’elle perde son temps dans les transports en commun.
Quant au salaire de départ, c’est 25£ l’heure. Avec le temps et quand l’expérience rentrera, je vous augmenterai avec plaisir. Alors, voilà mon offre : je veux vous engager pour une période d’essais de trois semaines. Si on est tous les deux satisfaits, vous aurez le poste de façon permanente. Est-ce que ça vous va?
Les regrets, voilà quelque chose qui était bien difficile à se débarrasser. Devenu une plaie avec le temps. Tu aurais aimé en brûler un bon nombre si seulement tu le pouvais. Déjà des années qu'il te fallait vivre avec, il était préférable pour toi de ne pas ajouter ce travail passant sous le nez. Au mieux tu voulais croire que tu avais tout donné pour cette opportunitée en repartant la tête haute. Si la gouvernante avait parlé de toi en bien auprès du Duc, cette chance n'était pas un louper. Quand bien même avec les secondes qui s'éternisent, tu le vois bien, tu le sens que le fossé qui vous sépare est immense, son monde n'est pas à prendre à la légère, une pression impossible à oublier. Une pression une charge de travail qui reste constamment sur les épaules. Un fin sourire vient finalement illuminer ton visage alors que quelques compliments s'offrent à toi. En recevoir d'un homme tel que lui n'était pas un détail quelconque. Tu aurais aimé que quelques personnes soient là pour entendre que ton attitude était bonne. Notamment Anna. Pour une fois tu aurais pu lui clouer le bec et lui faire avaler sa manucure que tu trouves bien trop extravagante à ton goût.
Un remerciement s'échappe vaguement de tes lèvres alors que les choses plus sérieuses finissent par arriver sur la table, ton corps serait dresse comme s'il était important que tu sois bien ancré pour écouter ses dires. Et au final cela ne semble à première vue pas aussi effrayant que tu l'aurais cru.
« Eh bien je peux vous souffler sans problèmes les réponses d'une toile fraîchement exposé. Quelques mots clefs suffisent pour passer pour un grand connaisseur. »
Ta voix fredonne en douceur et ses mots se veulent rassurant, particulièrement – et tu le comprends – pour un homme qui n'a guère le temps de s'informer sur les nouveautés de l'art qui ne cesse d'évoluer.
« Je suis déjà en possession d'une voiture, il n'y a pas de quoi dépenser pour ça. »
Et puis tu l'aimes ta petite voiture, elle n'a même pas encore quatre ans, tu n'es pas prête de la changer. Probablement pas aussi luxueuse que ce que le Lord utilise, mais ta petite coccinelle Bleue fait amplement l'affaire. Elle ne devrait pas tant lui faire tâche.
« Trois semaines me semblent convenables pour vous faire une idée. Je n'ai pas vraiment de réduction contre le salaire, il est même plus que raisonnable pour un début. Tu souris légèrement, je crois que je me sens impatiente de commencer avec autant de bons retours. »
Tout semble aller pour le mieux, peut-être trop bien pour que ta petite conscience te dicte d'avoir un peu de prudence. Regrettable que tout cela s'effondre si près du but. Tu contiens au mieux ton enthousiasme sûr de points favorables pour revenir plus sérieusement.
« Est-ce qu'il faut que je me procure un deuxième téléphone ? Que ce soit pour nos échanges ou même pour le reste de votre agenda ? »
Profession : En quête d'emploi et ayant abandonné ses études d'arts, Siobhan ne se consacre plus qu'à la photographie par pur plaisir, cherchant à immortaliser les moments précieux de la vie.
Etat Civil : Célibataire, une page qui se tourne, ou autre qui s'ouvre peut-être
Lun 14 Sep - 10:36
Invité
Tyrgan n’était pas du genre à tricher, mais si quelqu’un pouvait lui souffler les bonnes réponses de temps en temps pour éviter de passer pour un ignare, l’aide de Siobhan était plus que bienvenue. En fait, l’Irlandaise ne lui sera pas utile que pour ça. Si tout se passait bien, et qu’elle se débrouillait correctement, elle ne pourrait que s’améliorer, et finirait par lui être essentielle. En trois semaines, il aurait le temps de le savoir. Trois semaines payées évidemment, qu’elle soit prise ou pas. Qui accepterait de faire ce genre de boulot gratuitement, même avec la promesse d’un meilleur salaire? Lorsqu’elle se dit enthousiaste de commencer, Tyrgan sourit.
J’espère que ça vous plaira. J’ai désespérément besoin de quelqu’un pour m’aider.
Certains Lords voyaient certainement leur place au Parlement comme un hobby, ou comme un autre titre prestigieux à ajouter aux autres qu’ils avaient déjà. Dans le cas du Duc d’Argyll, il prenait tout cela très au sérieux, même si, dans les faits, il aurait sans doute préféré faire autre chose. En attendant, il faisait de son mieux, avec son agenda bien rempli.
Si vous qui voyez, ça ne me gênes pas de vous procurer un deuxième téléphone si vous trouvez ça plus pratique. Vous verrez que je vais vous laissez carte blanche sur beaucoup de choses, Miss Oswell, dit-il simplement.
Du moment que tout était fait à temps, il faisait confiance à son assistante pour le reste. Son instinct lui faisait parfois défaut. C’était bien l’une de ses faiblesses d’ailleurs. Trop souvent, agir sur un coup de tête, sur une conviction profonde, l’avait fait regretté de ne pas écouter la raison. D’autre fois cependant, c’était ce qui l’avait mis sur le droit chemin. Mais quelque chose lui disait qu’il n’aurait pas à s’inquiéter de Siobhan.
Tyrgan se leva alors pour lui tendre le bras, et échanger une poignée de main avec elle, l’air parfaitement confiant, et souriant.
