Stephen Lorca était assis, les poignets entravés par des chaines. Il ne pouvait pas se lever. Il était attaché, comme une bête sauvage. Les gardiens le voyaient comme tel. Malgré sa condition de prisonnier, l'homme était droit. Il avait des épaules larges, des grandes mains et épaisses. Il reste silencieux, observant son interlocuteur. Il le dévisagea, analysant et réfléchissant à la situation. Stephen n'avait pas pu prévoir quelque chose puisque Lemoine avait débarqué sans prévenir. Mais il l'attendait depuis longtemps. C'était l'homme qui avait pris sa fille sous son aile. Stephen éprouvait des sentiments très différents. Il le détestait et le jalousait. Il le savait important pour louisa et en même temps, il avait envie de le broyer. Lorca avait toujours trouvé le moyen d'arriver à ses fins, il finirait par reprendre sa place au près de sa fille.

Après un long moment de silence, il termina par répondre "Je vous attendais.". Stephen avait mit beaucoup d’énergie pour trouver le numéro personnel du flic. C'était important pour lui. Lorca était calme, mais intérieurement il bouillonnait. C'était insupportable de rester ici, coincé derrière les barreaux, alors que sa fille était dehors, sans protection. Cela faisait aussi des années qu'il n'avait pas pu voir sa compagne. Mais au moins, ils pouvaient régulièrement se téléphoner et échanger par lettre. Avec Louisa, Stephen essayait de la contacter depuis longtemps. Il pensait à sa fille tout les jours. Il lui envoyé plusieurs lettres par semaines. Mais elle ne répondait pas. Elle refusait de le voir. Elle ne lui avait même pas donner une chance... Et cela le faisait souffrir.

Stephen demanda froidement. "Parlez-moi d'elle.". C'était tout ce qu'il voulait. Que son interlocuteur lui donne des informations. Stephen voulait tout savoir. Il avait soif d'information. Est-ce qu'elle allait bien ? Que faisait-elle ? Etait-elle en sécurité ? Est-ce que ses besoins primaires étaient respectés ? Lorca aimait sa fille, il ne voulait que son bien.

A la réponse de Lemoine, Stephen eut envie de lui éclater le crane. Il vit presque l'action sous ses yeux. Mais il se contrôlait. Il ne pouvait de toute façon rien faire, entravé comme il l'était. Lorca était un homme dangereux. La prison permettait de protéger la société de ces hommes. C'était particulièrement vrai pour lui. Il termina par faire un petit sourire ironique, puis se recula légèrement. PUTAIN. Lorca bouillonnait intérieurement. Dans son esprit, le Français personnifiait peu à peu cette société qui lui avait privé de sa fille. Il devenait l'homme à abattre.

Mais pour le moment, Lorca n'était pas celui qui était en position de force. Il essaya de ramener ses bras vers lui, mais les chaines l'en empêcha. Le bruit métallique résonna dans la pièce. Il ne serait pas toujours enchainé. Un jour, cela serait différent. Stephen se raccrochait à cette idée. Il reprit la parole "Je suis prêt à négocier.". Lorca n'avait jamais été loquace en garde à vu. Il n'avait jamais rien dit devant la justice. Il n'avait trahi personne. Bien que certains pensaient que cela ne soient pas le cas. Stephen était dans un équilibre précaire. Il savait que le Réseau l'avait laissé vivre, mais parce qu'il pourrait être utile pour eux plus tard. Il fallait tout de même qu'il fasse très attention. Stephen jouait sur le fil.

Adosser contre la chaise, l'homme regarda ses ongles, puis fit mine de réfléchir. "William Jones... ça te dit quelque chose ?". Il reconcentra de nouveau son regard sur le Français. Puis Stephen baissa la tête légèrement sur le côté. "Il avait quoi... 30 ans je dirai." L''homme parlait comme s'il parlait du temps ou d'un match de foot. De ce mec, il s'en fichait. Il était mort depuis longtemps. Et pour ce qui était de Lorca, il avait fait un travail nécessaire. La société ne l'acceptait pas. Mais il avait juste trouver le moyen de se sortir de la misère. Il n'avait pas toujours était aussi distant, mais il avait appris à devenir une véritable professionnel. Il fit semblant de râler "C'est dommage, j'ai tendance à oublier où il a été enterré.". Les flics étaient de ceux qui voulaient toujours avoir ce genre d'information. La soif de faire éclater la vérité, ou de réparer les injustices. Mais ce dernier sentiment était à deux vitesses. Stephen vivait une terrible injustice d'être ainsi éloigné de sa fille. Un jour, ils paieraient.

Le regard dans celui du flic, le défiant de refuser son offre, Lorca affirma "Parle moi d'elle et j'arriverai probablement à retrouver la mémoire." Stephen voulait des avoir accès à sa fille. "Et ne sois pas avare.". Les informations qu'il détenait valait beaucoup aux yeux de la justice. Lorca n'avait jamais rien dit, convaincu que le Réseau viendrait à son secours. Il avait ensuite garder précieusement ces informations jusqu'au jour où il pourrait les utiliser de façon pertinente. L'assassin n'avait pas réussi à négocier pour une remise de peine... Et maintenant c'était vraiment intéressant pour lui.

Stephen voyait bien qu'il ne maitrisait pas la situation. Lemoine ne marchait pas dans ses plans. Cela l'énervait beaucoup. L'assassin resta un moment silencieux. Il avait un contact, le pire serait de le perdre. "OK. Je vais te montrer que je dis la vérité." On ne pouvait pas dire digne de confiance, car le Lorca savait qu'il ne le serait jamais pour le flic. "Pour ce est du corps, il est dans l'East Disctrict, dans Bexlay." Stephen précisa néanmoins "Pour être plus précis, j'ai besoin d'une carte.". Il n'en serait pas capable sans. Stephen avait une bonne mémoire, mais de se rappeler d'un endroit précis vu il y a dix ans de cela, c'était tout de même complexe. "ça, tu vois, c'est pour te montrer que je suis de bonne foi." Et il l'était, réellement. Lorca le regarda droit dans les yeux. Il voulait sa fille et serait prêt à prendre des risques.

Stephen posa la main sur la table. "Des informations intéressantes, j'en ai.". Il laissa durer le suspens quelques instants. "Archi Tyler, c'était un flic. Sa mort a été classé comme un incident. S'en était pas un.". La voiture avait bien roulé dans le faussé. Mais Stephen était venu. Il avait vu le flic ramper, pleurer aussi. Il n'avait pas été seul dans la voiture, il y avait aussi son gamin. Lorca lui avait arraché le téléphone des mains pour ensuite le tuer. Il n'avait pas utiliser d'arme à feu, cela aurait été trop bruyant. Il avait simplement utiliser son pied, appuyant sur la trachée, l’empêchant de respirer. C'était comme ça que Tyler était mort. Ne se démontant pas, Lorca continua "Mais ça, c'est donnant-donnant. Je veux des informations sur ma fille." C'était tout ce qu'il voulait. Stephen n'était pas un homme compliqué.

Lorca se souvenait parfaitement bien de jour. Il avait tué, mais ses cibles avaient toujours étaient des gens du commun des mortels. Ce n'était pas des hommes de loi ou des flics. Archy Tyler était l’exception. Stephe n'avait pas agi seul. Il avait eut des complices, des hommes de la maison. Stephen savait que ses conditions de vie pouvaient empirer. Mais après dix ans de prison, il savait à quoi s'attendre. Il était de ceux qui étaient craint. Lorca n'avait pas peur. Il finirait par sortir. Il était absolument nécessaire qu'il trouve le moyen de s'échapper. Stephen guettait, l'occasion finirait pas se présenter. Et ce jour-là, le Français regretterait d'être né.

Stephen ne s'attendait pas à une telle réaction du flic. L'homme avait changé de tout au tout. L’assassin se retrouva la tête plaquée contre la table. Cette fois, Lorca était hors de lui. Les chaines avaient fait énormément de bruit, les gardiens allaient finir par venir. Ce qui obligea Lemoine à le relâcher.

Lorca était en train de passer dans une zone dangereuse. Il y avait beaucoup de haine en lui. Contre la société, contre ce monde, contre ceux qui lui avaient pris sa fille... Contre Lemoine. Stephen était entravé, les poignets retenus par des chaines. Le monde avait peur de lui, ils avaient peurs de lui. A raison. Lorca était un tueur et il pouvait encore tuer. A cet instant, s'il en avait eut la possibilité, il l'aurait fait.

Ses yeux gris bleus étaient fixés sur le flic. Stephen avait connu la violence. Il savait aussi l'utiliser. Et il n'était nullement impressionné par le comportement de Lemoine. C'était un tueur à gage qui venait de passer dix ans de prison. A survivre dans un environnement hostile où il avait fait sa place. Sur ce terrain, le français n'obtiendrait rien de lui.

Lorca ne laissa pas totalement le temps au flic de terminer sa phrase. Le tueur lui assena un violent coup de boule. L'homme y était allé de toutes ses forces, frappant pour faire mal, pour dominer. Si Stephen était l'entravé, il n'était pas sans défense. Puis, il se releva. Lorca poussa violemment la chaise qui tomba au sol et essaya de se tenir droit malgré les entraves qui le retenaient. Il avait beau être en prison, ce n'était pas un animal. Il était un homme, contrôlé par la haine et dévoré par la douleur d'avoir perdu sa cellule familiale.

Lorca eut un mouvement de tête vers le flic, s'avança légèrement pour lui cracher dessus. Après tout, c'était bien ce qu'il lui avait demandé... De cracher les informations. Stephen avait la haine. Il avait envie de lui faire du mal. Tout avait été dit. Les choses étaient clairs. De colère, le tueur répondit avec hargne "Va crever". Lemoine voulait des infos, Lorca voulait sa fille. La balle était dans le camps du flic, le tueur à gage n'allait rien faire de plus. Il ne céderait rien, conscient qu'il prenait déjà beaucoup de risques.

Stephen vit les gardiens arriver, cette fois vraiment alerté par le niveau sonore de l'échange. L'entretien allait se terminer dans peu de temps... Et Lorca savait que les choses n'allaient pas s'arrêter là. Au moins pouvait-il se venter de dire qu'il avait des informations intéressantes pour Lemoine. Un point de non retour avait été franchi. Les choses allaient forcément changer.