Peter, mon cher Peter, c’est toi seul que je pourrais conter cette nouvelle aventure qui commence pour moi. D’abord parce que c’est un peu grâce à toi et surtout, parce qu’à part toi et Lowri bien sûr, personne n’a encore eu vent de mon idée farfelue. J’avais appelé Lowri, d’abord pour prendre de ses nouvelles. J’avais beaucoup apprécié sa compagnie. Cela me donnait envie de la connaître. Je m’étais déplacée jusqu’à sa petite boutique, dont la nature m’avait intriguée, dès l’instant où elle en avait parlé. Peut-être était-ce à cause de la lumière qui s’était soudainement allumée dans son regard. Ou bien encore parce que j’étais admirative de sa façon d’appréhender le travail et plus encore le travail d’une femme, dans un monde diriger par des hommes.
Enfin, nous avions discuté un peu toutes les deux. Je lui avais posé beaucoup de question sur ce qu’elle vendait. Je n’y connaissais rien en occultisme. Mais je me souviens clairement de l’oncle William et de toutes ses superstitions. Il y avait dans ses domestiques une vieille espagnole qui assurait pouvoir lire les présages dans les entailles des oiseaux. Oncle avait beau être un bon chrétien, il chassait toujours une perdrix les jours la veille de ses rendez-vous les plus importants. Selon la rumeur les prédictions de la vieille Soledad s’étaient révélés exacts. Tous! Imagines-tu cela Peter ?
En découvrant le monde lunaire de Lowri j’avais retrouvé un peu de cet oncle. Mais plus encore, j’y trouvais ce qui manquait maintenant cruellement dans ma vie, un peu de magie. Je présume que le Seigneur me pardonnera d’aller m’instruire chez les filles de la Terre. Car après tout Lowri m’avait bien l’air d’être une femme honnête et guidée par toutes les vertus dictées par l’Eglise. Elle me semblait bien plus charitable que bien des Dames. J’en avais pour preuve cette proposition de m’initier au monde du travail.
Avant d’avoir épousé Edward, j’en aurais simplement rit avec bonté, puis gentiment repoussé l’idée. Maintenant je ne me montrais pas aussi légère. J’avais en tête les exemples de ma Rose et d’Isabel. Je songeais aussi bien sûre à ma Pearl adorée qui s’était d’elle-même détachée de la noblesse. Ces femmes qui se trouvaient indépendantes dans leur vie. Elles qui faisaient les choix qui leur convenaient sans avoir sur leur nuque la menace des convenances. Le crois-tu Peter ? Il me venait de plus en plus, l’envie de leur ressembler et de prendre ma destinée en main. Seulement, je n’ais rien de leur audace ou de leur courage. Je n’étais que moi la Princesse Violet.
-“ Tommy ? ” Il me fixait dans le rétroviseur. Je lui adressais alors un petit sourire. Il inclinait du chef et ralentissait la cadence de la voiture, pour finalement se garer un peu plus loin. Je savais qu’il avait fait le lien entre ce quartier et ma première visite. J’avais presque failli partager mon secret avec lui. Mais je ne voulais pas le mettre en mauvaise posture devant le Baron. Je pouvais déjà vivre mon expérience et voir où cela allait me mener. Si je survivais à cette journée ce serait déjà une belle victoire! Ne crois-tu pas ? “ Bien, souhaitez-moi bonne chance! ” J’ouvrais moi-même la portière de la voiture, ainsi je me mettais en condition!
Je n’avais plus que deux rues avant avant de retrouver l’enseigne.Je sentais mon ventre se tordre un peu à l’approche de la boutique. Je n’avais pas ressenti autant de trac depuis mon discours devant les diplomates d’Afrique central en 2022! J’avais préparé correctement les choses. Je m’étais instruite sur le métier de vendeuse. J’avais noté quelques techniques de vente. Le carnet était dans mon sac-à-main. Eh bien voilà, je poussais la porte pour me présenter. J’étais légèrement en avance.
-“ Bonjour Lowri! ” Je portais un tailleur simple. J’avais caché mon collier de perle dans mon chemisier. J’espérais avoir fait ce qu’il fallait pour les apparences. Ce n’était pas facile de suivre les codes du plus grand nombre. “ Encore un grand merci pour ce que tu fais. ” Je me sentais plus à mon aise à la tutoyer comme nous en avions convenues toutes les deux. Je m’approchais d’elle pour venir lui donner la bise. Je l’admirais dans son univers ésotérique. C’était elle la princesse ici. Cela lui allait fort bien. Je commençais à défaire manteau et foulard pour me révéler. Je lui souriais de nouveau en passant une main sur ma coiffure pour vérifier que tout était en ordre. Je ne voulais surtout pas lui faire honte. Elle faisait déjà tant pour moi! “Où dois-je mettre mes affaires ? ” J’avais décidé d’attendre notre première pause pour lui donner mon petit présent de remerciement.
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Je n'étais pas vraiment à l'aise à l'idée de recevoir Violet chez moi et surtout de la faire travailler avec moi, au magasin. Bien sûr, pour l'avoir vue une fois, dans le jardin de Peter je l'avais trouvée adorable, très gentille et chaleureuse, mais elle était à cent mille lieues de moi, de ma façon de vivre, de penser et de mon style. Elle devait avoir un dressing immense rempli de vêtements de couturier, comme des tailleurs Chanel et avoir un vrai trench Burberry, alors que moi tout tenait dans une armoire, avec des jeans troués, des tshirts de groupes de rock et des bottes de moto... Deux planètes, deux univers même... Et en plus du fait qu'on soit totalement différentes, je ne la vois pas non plus à la boutique, parce que tout ça, les cristaux, la lune, les rituels, en quoi je crois, ont l'air de lui passer dessus et je ne lui en veux pas pour ça juste... elle n'a pas la dégaine de l'emploi... Un paysan ne vas pas acheter un tracteur auprès d'un type tiré à quatre épingles et aux souliers de ville vernis, tout comme un homme d'affaires ne vas pas acheter un ordi dernier cri à un type à la dégaine de paysan. Même s'il est très bon. En plus il va falloir lui apprendre énormément de choses, et j'espère sincèrement qu'elle sera prête à s'informer un peu, à lire des livres que je pourrais lui passer pour qu'elle en apprenne plus et qu'elle sache conseiller les clients.
La seule chose qui me rassurait dans toute cette histoire était le fait que quoi qu'il arrive, Peter me verserait le salaire de Violet, que je lui virerai ensuite, ce qui m'éviterait de me mettre dans la cave. Après notre entrevue dans son jardin, et une fois son amie partie, Peter m'avait fait rester et m'avait expliqué dans quelle situation elle se trouvait : le souhait qu'elle avait de vouloir gagner sa vie et vivre de son travail, même si pour l'instant elle restait quand même une bourgeoise plus qu'aisée qui avait vécu sans la plupart des problèmes que les gens communs ont rencontré. J'étais descendue à la boutique plus tôt que d'habitude, trop nerveuse pour dormir encore, et j'avais tourné en rond, en profitant pour faire dix trucs qui étaient en retard ou que j'avais laissé pour plus tard - merci procrastination. A défaut d'occuper mon esprit autant m'occuper les mains. Cinq minutes avant l'ouverture j'ai lancé la bouilloire dans l'arrière salle, allumé quelques bougies et préparé la théière que je laisse à disposition des clients. Plus que trois minutes. Et d'un coup, à l'heure pile, ni trop tôt, ni trop tard, une berline vient s'arrêter devant la boutique, et Violet en sort. Encore une fois on la dirait sortie d'un film de Hitchcock mais elle a l'air aussi à sa place qu'un patineur sur glace au beau milieu du désert, ou d'un gothique au milieu d'une battle de rap. Mais c'est pour lui rendre service, et seulement quelques jours par-ci, par là alors... Le carillon de la porte tinte alors qu'elle s'avance, royale, et me souris avec chaleur.
Bonjour Violet! Tu vas bien? Alors, pas trop effrayée? Tu verras ce n'est pas très compliqué une fois qu'on sait comment les choses marchent!
Elle ôte son manteau et je la vois en tailleur classe et collier de perles en dessous... Bon sang Violet... il faudrait vraiment que je te relooke pour travailler ici... Je retiens la petite angoisse qui monte à l'idée que les choses puissent mal se passer et la guide à travers le magasin, lui montrant mon bureau.
Voilà, tu peux installer tes affaires ici. Personne ne peut rentrer à part s'il passe par la porte qui est derrière le comptoir donc aucun souci. Tu veux visiter?
Je la laisser poser son sac et son manteau avant de commencer à lui expliquer ce qu'on trouve ici.
Alors, là ce sont les livres, ici les cristaux, le coin des bougies, là on a des trucs de décoration, près de la caisse ce sont des bougies et ce qu'il faut pour préparer des rituels et dans le coin là bas c'est tout ce qui concerne le corps. Ne t'en fais pas, tu n'auras pas besoin de retenir chaque prix, il y a un code barre et une étiquette d'accord? Est-ce que tu t'es déjà servie d'une caisse enregistreuse?
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Lowri Conway
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15.10.20 19:04
Violet Hanovre Hadid
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Le sourire de Lowri avait été de la plus authentique bienveillance. Cependant, j’avais eu le temps de détecter de la désapprobation à la vue de ma tenue. Avais-je mal choisi ? Ou y avait-il une imperfection ? Je me retenais de baisser les yeux sur mon tailleur pour vérifier si un faux plie, ou pirs une tâche était présent. J’étais pourtant sûre que non. Je gardais mon plus beau sourire sans montrer qu’elle venait de me déstabiliser. Je ne voulais pas qu’elle le sache. Je ne voulais pas que notre aventure débute avec de la gêne.
Je savais pertinemment que l'apparence avait de l'influence sur l’esprit humain. J’en étais l’otage. Je vivais, que dire j’étais l’incarnation même d’un fantasme, depuis ma venue au monde. Je savais que quand une personne me regardait, dans un salon ou par la télévision ce n’était pas moi qu’elle voyait. Non, ce n’était pas moi. C’était la Princesse de Monaco. Tout attendait de moi cette perfection aristocratique, cette égérie dépassée et pourtant si adorée. Alors peut-être ne savais-je pas être autre chose que ça ? Etre moi ? Savais-je seulement qui j’étais en dehors de ce rôle ?
-“ Je vais bien, je te remercie. Je suis ravie de te retrouver. Tu as l’air en bonne forme.” Lui disais-je avec toute l’amitié que je voulais lui porter. Lowri m’était cher car elle était ton amie, mais bien plus encore parce qu’elle était une femme ouverte d’esprit et généreuse. Je ne la connaissais pas intimement. Mais du peu que j’en savais, son indépendance, sa liberté, sa capacité à aller vers les autres étaient autant de qualités que j’estimais.“ Comment vas-tu ? ”
-“ Eh bien, je suis… disons curieuse, très curieuse! ” Je ne pouvais lui dire si ouvertement la vérité. Nous n’étions pas assez proche pour que je me prête à une telle confidence. Peut-être avais-je tort. Mais je ne pouvais renier mon éducation aussi facilement que je l’aurais souhaité. Avec le temps, sans doute, allons-nous apprendre à nous faire confiance. “Je l’espère oui. Je vais être une bonne élève. Je vais faire de mon mieux. ” Lui affirmais-je avec de l’énergie dans la voix et dans le coeur.
Nous nous déplacions dans la boutique, passant dans l’espace réservé à la vendeuse, à la gérante du lieu. Je marchais doucement, silencieusement pour l’entendre m’expliquer le fonctionnement de cet endroit. Je faisais attention à tout ce qui était autour de moi. Je ne voulais rien déranger dans ce petit monde. Ou encore abîmer quelque-chose par mégarde. Je laissais dans le bureau manteau, sac-à-main.
-“ C’est parfait. ” Lui disais-je en dissimulant discrètement mon paquet sous mon manteau. Mon secret pouvait “ J’aime beaucoup ce que dégage cet endroit. On sent des bonnes ondes. ” Mes yeux circulaient d’un objet à un autre et je sentais d’ici qu’ils étaient chargés d’histoire.
J’avais très tôt eu des impressions sur les lieux et les choses. Je ne pouvais expliquer en quoi cela consiste exactement. J’avais bien essayé d’en parler avec maman une fois ou deux. Mais elle ne m’avait pas été d’une grande aide. Elle prenait cela pour des fantaisies de l’esprit. Elle m’avait tout de suite rappelait d’être cartésienne et de ne pas raconter de sornette. Depuis, je reconnais que je n’en avais plus jamais parlé à personne que ce soit dans ma famille ou ailleurs. Lowri aurait peut-être une oreille plus bienveillante avec moi ? Je pense que tu serais d’accord avec moi ?
-“ Une caisse… non. Je n’ai jamais utilisé cela. ” Je sentais qu’en cela j’allais pêcher d'incompétence. “ Mais je suis excellente en calcul mental. Je prenais le pas pour aller en face de cette caisse enregistreuse. Je la regardais avec attention. Je voyais bien quelques boutons. Ce ne pouvait être bien sorcier tout de même. J’avais manipulé des logiciels informatiques pendant la faculté. C’était certainement proche de ce qu’il fallait faire ici. “ J’apprends vite. Si tu me montre comment faire une fois je devrais m’en sortir! ” Je n’allais pas me démonter devant le premier obstacle. Je savais que j’allais me retrouver toute la journée devant ce genre de situation. Alors, je devais eh bien prendre le taureaux par les cornes tout de suite. Je pouvais prouver à Lowri que je ne suis pas qu’une “poupée de porcelaine”.
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Alors qu'elle s'approche de moi, je réalise encore une fois à quel point il y a un fossé entre nous... immense comme le grand canyon. Je me demande si elle a déjà galéré une fois dans sa vie, si elle a déjà du lancer une machine ou récurer des toilettes... Tout a l'air si... facile avec elle, mais peut-être que je me trompe. Enfin, je la salue, sincèrement contente de la voir même si j'appréhende un peu à l'idée de ne pas faire les choses correctement, que je suis pas une bonne pédagogue, qu'elle revienne chez elle dépitée, ou qu'elle se plaigne à Peter. J'essaie d'aborder les choses un peu plus délicatement en désignant son tailleur d'un geste du menton.
Tu sais, tu n'as pas besoin d'être aussi élégante ici. Les gens cherchent surtout des choses qui les font aller mieux, que ce soit des bougies, des tisanes ou autres, un endroit où on est un peu comme à la maison... Alors toi aussi tu peux venir beaucoup plus décontractée... D'ailleurs j'aimerais beaucoup te voir un jour en jean troué et en DcMarteens! Si un jour tu as envie qu'on fasse un peu de relooking!
Je commence par la guider jusqu'au bureau pour qu'elle puisse déposer ses affaires, et je sens sa nervosité, mélangé à un souci de bien faire. J'imagine que cette journée doit représenter beaucoup pour elle... Peter m'a dit qu'elle n'avait jamais travaillé, alors mettre les mains dans le cambouis, voir qu'elle en est capable, ça doit être quelque chose de super pour son moral, et son indépendance. Et à sa place j'aimerais que quelqu'un m'aide en me tendant la main et en étant patient avec moi... Quand elle me dit qu'elle sera une bonne élève et qu'elle fera de son mieux. Je sens déjà la pression de dingue qu'elle se met. Alors je pose ma main sur son avant bras et lui souris.
Violet... ne t'en fais pas, je suis là pour te donner un aperçu de ce que c'est de bosser dans une boutique, rien d'autre. Et c'est normal de ne pas réussir à tout faire, ou de faire des erreurs les premiers jours, et c'est normal. Donc à moins que tu ne fasses partir les lieux en fumée, ou que tu laisses la porte grande ouverte en partant un soir et que le lendemain la boutique soit dévalisée, il n'y a pas de souci... D'accord?
Une fois arrivées je lui montre où elle peut ranger ses effets avant de retourner dans la boutique pour la lui faire visiter, lui expliquant ce qu'on y trouve et ce qui s'y passe. J'avoue que j'ai un sourire surpris quand elle me dit qu'elle ressent des bonnes ondes ici. Est-ce que notre chère Violet aurait une sensibilité au monde du surnaturel? Bien sûr sa phrase veut tout et rien dire, mais qui sait? Et ça peut être une façon de la connaître un peu mieux.
Ah oui? Qu'est-ce que tu appelles "Bonnes ondes"? Et je ne me moque pas du tout hein, simplement, j'aime bien savoir comment les gens autour de moi perçoivent la boutique...
Je souris et je nous plante derrière la caisse, avant d'éclater de rire quand elle me dit qu'elle est excellente en calcul mental.
Eh ben tant mieux, il y a au moins une de nous deux qui se débrouille!
Je commence à lui montrer la bête, et attrape une bougie sur le présentoir à côté de nous.
Normalement tout objet qui est ici a une étiquette quelque part avec le prix. Après ça fonctionne comme une calculatrice, tu entres le prix de chaque objet, tu appuies sur "plus" et sur "total" quand tu as terminé. Là tu as la somme que le client doit payer. Jusque là ça va? Très bien. Donc une fois que tu as le total, tu as plusieurs boutons pour le moyen de paiement. S'il paie par carte tu appuies simplement sur le bouton "CB". Si c'est en liquide tu appuies sur le bouton "Esp", pour espèces, et "Ch" pour les chèques. Les trois boutons sont côte à côte, ce qui rend les choses faciles. On va déjà commencer par ça, et on ajoutera des subtilités par la suite. Oh et avant qu'on commence, tu veux du thé? Bon, tiens, essaie d'encaisser cette bougie. Tu veux essayer?
Je souris et la regarde faire.
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Lowri Conway
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04.11.20 16:28
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-“ Oh. C’est que je n’ais pas de jeans. ” Je me souvenais alors d’un épisode de mon adolescence. J’avais réussi à soudoyer l’une des femmes de chambre pour qu’elle accepte d’aller m’acheter un de ces pantalons. Elle avait réussi à me l’apporter en cachette. Seulement, ma mère avait ses espions au Service. Elle avait découvert notre complot. Rachel avait été renvoyé et j’avais été punie. J’avais vigoureusement protesté contre la sentance contre la pauvre femme. J’avais été plaider la compassion auprès de mon père. J’avais juré de ne plus recommencer. Rien n’y avait fait. C’était leur façon de me faire apprendre une leçon. Ils ont réussi puisque même maintenant que je suis ne suis plus sous leur toit je n’ai pas osé retourner dans une boutique ordinaire. C’était différent, si c’était une demande indirecte de Lowri. Elle était si aimable. Je ne voulais pas la la contredire. “ Je peux me procurer une tenue plus adaptée bien sûre. ” J’ouvrai mon carnet de notes et activait le stylo. “ Quelles marques me recommanderais-tu ? ”
Je sentais la douceur dans le regard de cette jeune femme. Peter et elle s’étaient bien trouvés. Ils étaient deux perles. Je me sentais chanceuse de les avoir dans mon entourage. Cela me faisait du bien d’avoir autre chose que des aristocrates en mal de reconnaissance. Ou encore des anciens officiers aigris contre la politique contemporaine. Je leur enviais un peu leur simplicité.
-“... D’accord. ” Je sentais qu’elle voulait me rassurer. Je ne lui avait donc pas caché correctement dans quel état j’étais à l’intérieur. Je me demandais tout de même si je n’avais pas fait une bêtise en voulant intégrer leur monde. Je sentais bien que je n’étais pas à ma place ici. En même temps je pensais à Pearl. “Je vais me détendre...Tu as raison. De la relativité. ”
-“ Très bien. Je peux essayer de t’expliquer. Même si ce n’est pas orthodoxe. Je dirais que cet endroit est “protecteur”. Il y a une onde chaleureuse qui y circule. ” Ce n’était pas évident de décrire quelque-chose qui n’avait pas de tenant scientifique. Je n’avais que mes sensations pour exemple. On ne parlait pas du tout des ressentis et des émotions chez nous autres. “ On sent que tu es bienveillante. Enfin ceux ne sont que des impressions. Les miennes... ”
Le rire de Lowri avait une belle musicalité. Il donnait tout de suite envie de sourire. Je n’avais pas de peine à imaginer Iris à ses côtés à rire aussi. J’avais l’intime conviction qu’elles avaient le même fond toutes les deux. J’avais hâte qu’elle rentre d’Australie pour organiser un après-midi entre filles. J’en parlerais une fois qu’Iris aurait répondu à mon dernier mail.
Je me focalisais sur la démonstration de Lowri. Mes yeux filaient de ses doigts, aux touches. Le mode d’emploi était assez simple. J’avais été formée à apprendre vite et bien les procédés. On m’avait entraînée à observer et retenir. Je notais donc mentalement la procédure de base dans un coin de ma tête. Ca n’avait pas l’air sorcier. Je pouvais m’en sortir. Je lui prenais la bougie avec un sourire amical.
-“ Volontiers pour un thé. Merci ! Un bon thé fait toujours du bien au coeur et à l’âme. C’est ce que disait ma grand-mère. ” Je regardais ensuite l’étiquette collée sous l’objet. Je faisais la première étape, sans précipitation, en suivant les directives de Lowri. Je comprenais assez bien la procédure me semblait-il. Tout se passa comme elle venait de le faire devant moi. J’en déduisais que je n’avais pas encore fait d’erreur. Je reposais la bougie et constatais non sans une petite satisfaction que je me débrouillais. Bien sûre, ce ne serait pas du tout la même chose quand je serais face à un client. Les clients voulaient avoir leurs achats rapidement. Il allait falloir que je sois efficace. Mais, je n’allais pas augmenter ma pression interne…
Je profitais que Lowri nous lance un thé pour aller prendre son cadeau. Je déposais le paquet sur le comptoir. J’étais un peu moins certaine de mon choix après sa remarque sur ma tenue. Mais il était trop tard pour faire machine arrière. C’était un présent qui avait du sens, même une certaine symbolique. Un carré de soie était un accessoir de la féminité, de l’élégance, de la protection. Tout ce que pouvait représenter cette jeune femme. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]. Je trouvais qu’elle lui irait au mieux. Je serais fixée quand elle le trouverait… “ Puis je te poser une question personnelle ? Que feras-tu une fois mariée ? Vas-tu continuer de travailler ici ? ” J’avais une petite idée sur sa réponse. Mais comme avec Isabel, je ne voulais présager de rien. Nous étions éduquées de différentes façon.
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Je souris quand elle me dit qu’elle n’a pas de jeans. Pourquoi ça ne m’étonne pas? J’imagine déjà son dressing immense, rempli de tailleurs en tweed, sûrement du Chanel, des robes de couturier, des dizaines d’escarpins voire plus, et peut-être quelques pantalons à carreaux quand elle décide de la jouer « négligée ». Pantalons qui je suis sûre sont plus classes que les pièces les plus « chic » de mon armoire... Et ce qui m’étonne, c’est sa candeur, le fait que ce soit à la fois une évidence de ne pas avoir de jeans, et en même temps une petite forme de culpabilité, comme une gamine prise en faute. Je me demande d’ailleurs comment s’est passée son enfance, ou sa vie tout court, pour s’inquiéter autant de ce que pensent les autres, ou de vouloir contenter tout le monde... Peut-être trop de pression familiale, surtout dans ce milieu... Je hoche la tête quand elle me demande quelles marques elle pourrait acheter.
Eh bien à l’occasion je pourrais te prêter des vêtements, histoire que tu te fasses une idée sans être obligée de dévaliser une boutique pour acheter des vêtements que tu ne vas pas mettre au final. Si tu n’es pas très à l’aise avec les jeans, pourquoi pas une jupe longue, un joli tissu fleuri... Enfin ne t’en fais pas, si tu as envie d’essayer un jour, ça sera avec plaisir, mais si tu ne le sens pas, ne te sens pas obligée d’accord?
On passe ensuite à l’aspect technique de sa journée d’observation et je la sens encore une fois super tendue, comme un étudiant qui passe un oral, et j’essaie de la rassurer en lui disant qu’elle n’était là que pour voir ce qui se passe, et découvrir en quoi consiste mon métier. Elle se détend un peu, sourit timidement, et j’embraie la discussion sur son impression qu’elle me donne, qui est peut-être un des signes indiquant que si elle n’est pas une médium, elle est peut-être une sensitive. Je suis impressionnée par ses déductions.
Eh, franchement je trouve que tu as un très bon instinct! Et en le travaillant un peu je suis sûre que tu pourras aller encore plus loin. Peut-être avoir des impressions et des sensations encore plus précis! Fais-toi confiance, souvent notre instinct est la chose qui a le plus de sens...
On part ensuite à la découverte de la caisse enregistreuse, et je commence par lui montrer les trois moyens de paiement. Je la fais essayer sur un ou deux articles avant de décréter qu’une pause sera la bienvenue. Je file donc chercher deux gobelets de tisane et je souris en écoutant la devise de sa grand mère.
Joli précepte, je devrais l’écrire sur le mur ou sur mes paquets de thé! Je suis d’accord avec elle, on sous estime souvent le simple pouvoir d’une tasse, le fait d’aider à se calmer, à se détendre, ou à mieux dormir...
Je l’observe ensuite se lancer et la félicite, un sourire sincère aux lèvres. Pour quelqu’un qui n’a encore jamais fait ça, je trouve ça plutôt encourageant.
Eh pas mal! On dirait que tu as fait ça toute ta vie! Encore un peu et c’est toi qui vas diriger la boutique, regardez-moi ça!
Pourtant je remarque un paquet sur le comptoir et fronce les sourcils avant de comprendre d’où il venait. Violet. Surprise et touchée, j’ouvre la boite, reconnaissant le logo avant de rester bouche bée quelques secondes face au foulard. Elle m’offre un foulard comme ça, un foulard de luxe, juste parce que je l’ai laissée travailler? Mais un foulard comme ça coûte une fortune! Je le prends et admire le tissu tellement doux entre mes doigts, avant de venir la prendre doucement dans mes bras.
Mais tu es folle! Tu n’aurais pas dû! Je fais ça pour te rendre service, et parce que ça me fait plaisir, alors ne te sens pas obligée de m’offrir des choses! Vraiment! Oh et tu sais quoi, ce soir tu repars avec une bougie et un sachet de tisane. Ça ne sera pas aussi prestigieux que du Fortnum & Mason mais je peux te faire un mélange sur mesure en fonction de ce que tu aimes ou ce que tu veux « améliorer » comme un meilleur sommeil, plus d’énergie ou autres... Vraiment Violet tu n’aurais pas dû m’offrir ça, c’est une folie...
Et avec un léger rire je le passe autour de mon cou, m’admirant dans un miroir tout proche.
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17.11.20 19:40
Violet Hanovre Hadid
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-“ C’est gentil. Merci Lowri. ” Lui répondais-je charmée par la spontanéité avec laquelle elle me proposait de partager ses affaires. C’était une chose qui ne se faisait pas chez nous. Iris et moi n’avions échangé que quelques livres. La plupart du temps, Iris m’empreintais un roman “à l’eau de rose” pour faire des coupures avec ses études. “ D’accord oui. Le sens inverse aussi. Si un jour tu veux venir voir ma garde-robe, c’est possible. Je pourrais même faire venir notre coiffeur, notre esthéticienne ! ” Je ne le faisais pas assez souvent selon ma Mère. Surtout parce qu’en allant m’installer avec Edward je m’étais coupée de la plupart de mes amies. Elles ne donnaient pas beaucoup de nouvelles. Quand elles m’en donnaient, c'était avant tout pour pouvoir ensuite obtenir les dernières rumeurs au sujet de la Cour. J’étais un peu lasse de ces petits jeux de basse-coure maintenant. Je n’y trouvais plus de plaisir. J’aurais aimé que nous partagions d’autres choses… Je ne sais pas, des choses plus importantes.
-“ Est-ce que tu peux me montrer comment travailler l’instinct ?” ” Je n’avais absolument aucune idée sur la façon dont cela se faisait. Je ne me sentais pas à l’aise de commander un ouvrage sur ce thème auprès de l’Intendance. Le chef du personnel faisait des réunions avec Edward chaque lundi matin. Ils parlaient de la gestion du domaine. Mais je savais, de source sûre, qu’ils parlaient aussi du comportement des domestiques et du mien. Je ne voulais pas que mes excentricités soient un autre sujet de réprimande. Mais je pourrais sans doute m’arranger avec quelqu’un d’extérieur au domaine.
Cela m'a paru amusant que Lowri puisse être du même avis que Grand-maman. Elles étaient réellement très différentes. Je me demandais même comment une rencontre entre les deux ce serait passée. Je pense qu’elles auraient été mal à l’aise toutes les deux. Mais c’était encore un signe qu’il fallait que notre génération s’ouvre plus aux gens du commun. J’avais de plus en plus la sensation que nous étions trop coupés du reste du monde. Ça ne tenait pas qu’à ma vie privée avec le Baron…
-“ Un remède miracle. ” J’avais épongé bien des larmes de jeune fille grâce à cette boisson. Je ne manquais ce rituel pour rien au monde. “ Au Japon c’est un cérémonial.” J’avais eu la chance d’assister à une de ces cérémonies il y a peu. Nous avions été convié à un rendez-vous où se trouvait un Dignitaire japonais. J’avais été impressionnée par cette personne. Il dégageait un tel… calme.
Je n’étais pas certaine de m’en tirer aussi bien que ce que le disait ma charmante formatrice. Cependant, je ne voulais pas mettre son appréciation en doute. Cela n’avait rien de poli. Je souriais avant de lui répondre:
-“ Je ne tiens pas du tout à prendre ta place. Ni la place de personne. ” Je voulais surtout me trouve une place. Mais pas celle qui était juste à côté d’Edward, à lui tenir compagnie pendant qu’il faisait ses intrigues. Je voulais, oui en fait, je voulais plus que cela. Je savais que les parents me décourageraient tout de suite. Mais je ne pouvais m’empêcher de penser à Diana. La Princesse de tous les Anglais. Cette femme avait eu le cran d’être ce qu’elle voulait. Puisque je n’étais plus qu’une Baronne de Crawley, qu’allaient-ils dire ? “ Mais, j’ai très envie de faire des nouvelles expériences. Ces derniers temps je me sentirais parfois l’âme d’une aventurière. ” Je pouvais aisément imaginer ton petit sourire Peter.
Je contemplais Lowri, tandis qu’elle marchait pour aller devant le miroir. Elle était naturelle. Elle était si jolie. Je venais doucement sur sa droite, en dehors du cadre du miroir. Je pouvais ainsi regarder ce reflet avec elle. Je lui adressais un petit sourire au travers de la glace.
-“ Je tenais à t’offrir quelque-chose Lowri. C’est une vraie aide que tu fais aujourd'hui. Tu n’as pas idée à quel point cela m’aide, je crois. ” J’approuvais du menton le résultat de l’habillement. Je trouvais que la couleur lui allait fort bien. “ Si la couleur ne te convient pas, c’est possible de changer, bien sûr. ” Ce n’était pas parce que cela me plaisait ainsi que c’était le cas pour elle. Je la laissait profiter de la nouveauté sans plus la déranger.
Je me tournais vers le comptoir. J’y prenais mon carnet de note avant de faire un second tour des étagères. J’établissais un premier schéma, très grossier pour repérer correctement comment étaient classés les produits. Une manie prise à force de concevoir des plans de tables et des visites guidées du domaine. J’allais tranquillement, prenant un temps pour lire certaines étiquettes. Il y avait des objets qui m’attiraient. Je détournais le regard d’un petit coffret, quand je reconnaissais le sifflement caractéristique de l’eau portée à ébullition. Je revenais vers le centre de la pièce.
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En l'observant travailler, et alors que notre discussion s'égare sur les fringues, je m'amuse à l'imaginer dans un style totalement différent. J'adorerais la voir dans une tenue un peu hippie, avec des tissus bariolés, des bijoux qui tintinnabulent, et les cheveux sans leur mise chignon impeccable. Ou alors encore mieux, une touche de sorcière moderne, un peu gothique, avec les paupières sombres et du rouge à lèvres violet, pantalon en cuir noir... Je suis certaine que ça lui irait super bien même si elle ferait certainement une attaque en se découvrant comme ça! Enfin, c'est sympa de l'avoir là, et l'observer se lâcher un peu, et s'habituer à cet endroit qui doit être à mille lieues de sa vie et ses habitudes. Pourtant on dirait que ça lui plait, peut-être parce que ça réveille des choses en elle, qui sait? Et je souris quand elle parle de venir voir son dressing, certainement immense, avant de me retenir de rire quand elle parle de faire venir son esthéticienne et sa coiffeuse juste pour nous. Encore un exemple qu'on n'est pas dans le même monde, car pour elle c'est normal que ce genre de services se fassent chez elle, dans le calme et le luxe de son manoir ou son hôtel particulier, au lieu de se déplacer. C'est bête, et elle n'y pense même pas, mais ça doit être un vestige inconscient des classes privilégiées qui jugeaient ça ''dégradant" d'avoir à aller se faire servir plutôt qu'on vienne s'en occuper chez eux.
Je m'amuse de déceler une petite part de sorcière en elle, ou tout du moins une sensitive, et quand elle me demande comment l'aider à développer ça, je hoche la tête.
Le plus simple est que tu t'écoutes. Vraiment. Pas seulement de manger quand tu as faim ou d'aller te coucher quand tu as sommeil mais... par exemple, faire attention à ta première impression quand tu rencontres quelqu'un, ou quand tu vas quelque part. Et ce n'est pas la raison qui parle, juste tes tripes. Si tu ressens une petite gêne face à quelqu'un, si tu te sens mal à l'aise quand tu entres quelque part, c'est un signe. Ca peut être aussi, sur le chemin, d'avoir envie de tourner à gauche plutôt qu'à droite, de pousser la porte d'une boutique qui t'attire... Ce genre de petites choses, pour commencer. Crois-moi, plus tu fais confiance à ton instinct et plus ce qu'il te dit va être précis et fiable. D'accord? Essaie ça et on en reparle pour voir ce que ça donne!
On s'attelle ensuite à la manipulation de la caisse enregistreuse et je la guide doucement, l'observant apprendre et se débrouiller tout en nous servant du thé. On échange sur ce jus de feuilles qui est devenu une institution et même un art de vivre, et désigne le fond du magasin, là où se trouvent mes tisanes.
Je sais, c'est magnifique... J'ai du thé japonais si tu veux, quelques bouilloires et de la vaisselle aussi... Je peux te montrer ça si ça t'intéresse! C'est excellent, surtout le genmaïcha!
Elle me dit ensuite qu'elle se sent l'âme d'une aventurière et sa réplique me touche. C'est beau de la voir s'émanciper, vouloir bousculer le carcan de sa petite vie tranquille, même si c'est en faisant des choses qui doivent paraître ridicules au premier venu... Et j'ai envie de l'aider, même si c'est seulement lui faire tenir la caisse enregistreuse, ranger des bougies ou se mettre des paillettes sur les yeux... C'est quelqu'un de bien qui a besoin qu'on l'aide, quelle que soit sa route. Et comme si elle avait lu dans mes pensées, la voilà qui m'offre quelque chose, et mes yeux s'agrandissent de surprise en découvrant un foulard de marque. La vache... Je fais courir le tissu doux comme de la soie et souple comme de l'eau entre mes doigts avant de la prendre dans mes bras et m'admirer avec cette merveille. En général je ne suis pas fan des marques de luxe, je dois avouer que ce foulard est magnifique.
Ne t'en fais pas, c'est parfait! Et crois-moi, je vais le garder!
L'espace d'une seconde je me rends compte que j'ai failli laisser échapper un "Et Tyrgan va le trouver très beau aussi" avant de le retenir à temps. Punaise, je dois vraiment faire plus gaffe. Je secoue la tête, gardant toujours son cadeau autour du cou, tellement agréable, avant de remarquer qu'elle est en train de griffonner. Je me permets de jeter un oeil et remarque qu'elle fait le plan du magasin. Bonne idée, je n'y aurais pas pensé. Je l'observe de loin faire connaissance avec les lieux, s'approprier l'espace avant de sourire quand elle revient.
Ca va, la semaine c'est un peu plus calme, mais j'ai surtout du monde après l'heure des bureaux, le vendredi et le samedi, ce sont mes grosses journées. En parallèle j'ai aussi une boutique en ligne et j'expédie dans toute la Grande-Bretagne et ailleurs, ça m'aide à rentrer dans mes frais! Disons que c'est un type de magasin assez spécialisé et donc j'ai moins de clientèle qu'un magasin de sport ou une librairie de base tu vois?
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Lowri Conway
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08.12.20 18:11
Violet Hanovre Hadid
Ft Lowri
J’écoutais Lowri me donner plus de détails sur le comment actionner son intuition profonde. A l’écouter, je souriais intérieurement. J’avais l’impression que ce qu’elle me disait relevait plus du bon sens que de la sorcellerie. Je ne l’avais pas encore formalisé en moi. Mais, c’était en l’écoutant que je me rendais compte que je faisais déjà quelques unes de ces choses. Je lui promettais donc de me lancer le défi d’aller encore plus loin dans ma relation à moi-même et à mon instinct. Peut-être que ce n’était pas une si mauvaise idée dans une période de questionnement si intense. Peut-être que cela pourrait sinon, m’aider, au moins me guider dans les choix à faire.
-“ Merci pour tes conseils. ” Je n'avais pas besoin de les noter, eux, pour les retenir. Il suffisait que je relâche la bride. C'était exactement ce que m'avait déjà suggéré un bon conseillé, du nom de Leicester. Ils avaient donc tous et toutes la même philosophie ?
Je ne m’attendais pas du tout à disserter sur l’art du thé ici. J’étais soulagée que l’on aborde un sujet sur lequel je pouvais un peu discuter avec elle. Nous avions des cultures différentes. C’était ce qui m’attirait dans cette relation. Mais c’était aussi intimidant pour faire la conversation. J’étais rarement dans une zone grise comme maintenant.
-“ Ce serait avec joie. ” Lui disais-je tout de suite!
Mon second soulagement de la matinée me venait, quand cette charmante alliée, acceptait mon cadeau. Je ne voulais pas la mettre mal à l’aise. Encore moins faire ressortir nos différences en termes de niveau de vie. Je voulais simplement lui démontrer toute la beauté qu’elle m’inspirait. Je tenterais une autre idée pour une autre fois. Mais c’était déjà heureux que ce premier geste de paix fonctionne entre nous.
Je comprenais l’explication de Lowri oui. Elle était claire. Je voyais qu’elle avait un esprit raisonné et raisonnable. Je m’étais permis d’étudier la réputation d’Opal Moon sur internet. Elle se débrouillait bien. Découvrant la jeune femme qu’elle était je n’étais pas étonnée. Voilà comment elle avait dû convaincre les Quotidiens de faire la promotion du magasin. C’était une excellente idée. Il y avait, mine de rien, beaucoup d’Anglais et d’Anglaises, qui lisaient encore la Presse.
-“ Comment t'est venue l’idée de faire ça ? ” Oui, tu m’avais un peu expliqué Peter. Mais nous n’avions pas été dans le détail là non plus. Je ne savais presque rien de cette femme qui était pourtant ta fiancée. Donc ce n’était pas n’importe qui. C’était même quelqu’un de très important à mes yeux aussi. C’était aussi, peut être surtout, pour cette raison que j’étais heureuse de passer du temps en sa compagnie. J’avais la sensation, que je pourrais peut-être trouver auprès d’elle ce que Rose ou Pearl m’avaient elle aussi donné. Une sorte de Modèle. Je buvais une gorgée de thé avant de lui sourire avec amitié.
-“ Maintenant ? Que veux-tu que je fasse ? Dis-moi ? Je suis prête! ” Oui, j’étais tout à fait prête à me démener.
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A l'entendre m'écouter, pendue à mes lèvres, je me dis qu'on a eu des enfances et adolescences bien différentes. Ce n'est pas elle qu'on a laissée gambader pendant des heures sur la lande balayée par les vents de l'île de Coll sans surveillance, à se baigner dans les ruisseaux glacés, construire des barrages, à jouer à mille jeux dans les herbes et les ronces et rentrer couverte de boue mais le sourire aux lèvres et les joues bien rouges. Elle n'a sûrement pas eu une grand mère comme la mienne qui m'a encouragée, et poussée même à accueillir mon don, à l'accepter comme faisant partie intégrante de moi, et de notre famille. Elle n'a pas eu comme modèle des gens fantasques, artistes, doucement perchés qui surtout, ne n'en avaient rien à faire de ce que pensaient les autres car tout ce qui importait était d'être bien soi-même. Et surtout d'être heureux. A la voir j'ai l'impression qu'on ne lui a pas du tout dit les mêmes choses, et que les points importants de son éducation n'ont pas été les mêmes non plus... J'imagine sa gouvernante ou sa mère lui dire de se tenir droite, de serrer les genoux quand on s'assied, que sa jupe ne doit pas remonter au-dessus du genou, qu'il était inadmissible qu'elle sorte sans être parfaitement habillée et maquillée... Et elle a dû vivre depuis avec cette pression monumentale qui ne sert à rien... En tout cas j'espère que mes quelques conseils vont l'aider à se lâcher, se faire confiance et surtout se connaître, parce que c'est ultra important pour moi. Et à la voir, la mine réjouie, peut-être impatiente à l'idée d'essayer de les appliquer, je me dis qu'elle ressemble à une petite fille qui n'a pas le droit de manger de bonbons mais à qui on en a donné quand même.
Et elle a l'air tellement contente, presque autant que moi en m'offrant ce foulard hors de prix qui pour elle doit être une simple babiole... En tout cas je le garde avec fierté autour du cou, appréciant la douceur dingue du tissu après l'avoir remerciée mille fois. On en revient ensuite à la boutique et je lui explique un peu plus comment je fonctionne au quotidien, les heures d'affluence, le site que je gère aussi et mes envois en Grande Bretagne et à l'étranger. Elle m'écoute avec intérêt, comme si c'était un tout nouveau monde qui s'ouvrait à elle. Et c'est là qu'elle me demande d'en venir aux fondations de cette boutique que j'occupe depuis quelques années maintenant. Je hausse une épaule en souriant, repensant au premier jour où j'avais fièrement tourné la pancarte "ouvert" sur la porte, et que j'accueillais mes premiers clients, fière derrière mon comptoir comme une reine en son royaume.
Eh bien... Comme tu le sais je suis médium, et ma grand mère aussi... C'est un truc de famille. Pendant longtemps j'ai caché mon don, de peur que les gens me prennent pour la tarée de service, la nana qui voit les esprits et autres. Je suis allée à la fac, j'ai étudié l'art et l'histoire, avant de finalement chercher à bosser. J'ai été surveillante dans un collège, j'ai été vendeuse dans d'autres boutiques etc mais rien de sérieux et de durable. Et puis un jour j'ai réalisé que ce don... il faisait partie de moi, il me définissait et que plutôt que d'en avoir honte, il vaudrait mieux que j'en fasse une force. Je te laisse imaginer que ma grand mère a été absolument ravie quand je lui ai annoncé que j'aimerais bien ouvrir une boutique, qui va dans le sens de notre philosophie, enfin tu vois... Elle m'a prêté l'argent pour acheter le stock et tenir deux mois de loyer... C'est pas facile tous les jours et je ne gagne pas vraiment bien ma vie mais j'aime être ici, j'aime ce que je crée... Enfin voilà! Et toi étant petite il y a un métier que tu aurais voulu faire?
Je termine ma tasse et j'ai un léger rire quand elle me demande de lui confier d'autres tâches à faire.
Hmmm j'adorerais t'apprendre à faire des bougies mais ça serait beaucoup pour une première journée. On pourra faire ça plus tard! Pour commencer je te laisse jeter un oeil aux livres? Tu peux les remettre en ordre et n'hésite pas à les feuilleter, ça pourra t'apprendre pas mal de choses sur ce qui se passe ici! Qu'est-ce que tu en dis?
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Lowri Conway
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06.01.21 18:36
Violet Hanovre Hadid
Ft Lowri
Une grand-mère pour la soutenir dans son rêve de jeune femme. Je trouvais l’histoire de ces deux femmes très touchante. Je m’imaginais sans peine leur joie commune. Le plaisir qu’elles avaient dû avoir à faire les plans de la boutique, à trouver les produits, à monter ce projet. Cela me semblait être une très belle façon de rendre honneur à l’héritage familial. Je comprenais très bien l’importance d’affirmer et de revendiquer son héritage. C’était, chez moi aussi, un pilier de mon éducation. On m’avait appris à être fière de mes origines, de mes racines et surtout à leur rendre honneur. Je connaissais le nom de mes ancêtres et ce qu’ils avaient réalisé au cours de leur vie. Je les avais pour inspirateurs et pour juge.
-“ Ce doit être une fierté pour elle, de te voir ici, faire ce que tu as envie de faire. ” Je lançais un regard panoramique sur la salle. Leur projet était superbe. “ Il est unique en son genre sur Londres. Bravo à toi de t’être lancée. C’est courageux. Surtout avec la concurrence... ”
Je comprenais pourquoi Lowri me posait cette question. Je n’allais pas lui donner la toute première réponse qui me venait. J’étais certaine que cela l’aurait fait rire. Mais pendant des années pour unique rêve était de devenir une “Lady Diana”. Une Princesse aussi aimée et admirée des anglais et des anglaises. Un rêve dont j’étais vite revenue en devant “Baronne de Crawley”. Cette porte s’était fermée.
-“ Mmm. Oui. Ça m'est arrivée de rêver que j’étais danseuse professionnelle. Lorsque je suivais des cours.” J’avais été danseuse classique pendant presque deux décennies complètes. J’étais studieuse, travailleuse, raffinée. Mais de l’entendement de tous je n’avais pas “l’éclat” d’une Étoile. “ Ou Jockey ! ” Ce qui ne serait jamais arrivé! Iris aurait peut-être pu se lancer dans une carrière sportive. Mais, j’étais l’aînée de la sororité. Le seul métier que je pouvais apprendre était celui de “Mère”. “ J’aime beaucoup les chevaux. J’aime aussi l’équitation. Je trouve que c’est libérateur. ” Tout le monde n’était pas forcément de cet avis. Mais chez nous tout le monde était éduqué pour être un bon cavalier. C’était dans la Tradition. “ As-tu déjà monté Lowri ? ”
Je posais la tasse de thé sur notre table. La délicieuse saveur m’avait fait du bien. Je me sentais plus énergique. C’était très efficace!
-“ J’en dis que ça me convient, parfaitement. Je m’occupe de cela tout de suite!” Je souriais à ma guide avant de quitter le comptoir. Je me sentais bien parmi des livres. Les bibliothèques étaient des endroits calmes. Elles faisaient même office de sanctuaires, sur la propriété. J’allais souvent m’y réfugier quand je voulais être tranquille. Je me mettais donc à classer et ranger les références sur les étagères. Mais j'y allais très lentement, puisque j’avais le droit de lire en même temps.
Je m’attardais plus encore sur un bouquin qui traitait de la fertilité féminine. Il avait vraiment l'air bien. J'avais toujours besoin d'en savoir plus sur ce sujet étant donné mon cas. Je revenais vers Lowri avec cet ouvrage. “Lowri ? Penses-tu que je peux t’acheter celui-ci ? ” Je n’étais pas ici comme une cliente. Je ne voulais pas être impolie. Mais l’avantage était que personne n’aurait de trace de cet achat à la comptabilité Crawley. Ce qui m’arrangeait bien. Personne de devait savoir de quoi il en retournait.
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Je ne m'attendais pas à ce que Violet soit aussi ouverte et curieuse même, par rapport à tout ce qui concerne mes dons, la spiritualité et le monde des esprits. Beaucoup de gens se marrent ou me traitent de folle quand j'en parle, alors qu'elle, dans son tailleur Chanel ou d'une autre marque hors de prix, m'écoute avec un intérêt qui a l'air réel et sincère. Alors je lui raconte tout, parce que je n'ai pas honte de qui je suis et de ce que je fais, même si je l'ai caché pendant des années. Oui je suis une médium, oui je communique avec les esprits, et c'est comme ça. Maintenant j'en suis fière même si ça me vaut des regards en coin. Et je souris quand elle fait un commentaire sur ma grand mère et notre relation. C'est vrai que j'ai de la chance et je hoche la tête.
C'est ça... Je n'ai jamais rencontré d'autre médium à part elle, et je n'imagine pas comment les choses se seraient déroulées si elle n'avait pas été là... si elle ne m'avait pas aidée, guidée, accompagnée et écoutée quand mon don s'est manifesté. Je serais sûrement à l'asile à l'heure actuelle, bardée de médocs avec un dossier psy long comme le bras. Alors que là j'utilise mon don et je vis avec, plutôt bien d'ailleurs! Et pour la boutique c'est beaucoup de travail mais j'ai aussi un site en ligne où je vends des trucs... j'expédie partout en Europe, parfois jusqu'aux Etats-Unis, ça me fait des rentrées d'argent...
Sans dire que la mafia italienne stocke des trucs illicites dans ma cave parce que je leur dois de l'argent, et qu'à la base notre arrangement avec Peter s'est fait pour les mêmes raisons... Mais elle n'a pas à savoir ça, et je sens que je la blesserai beaucoup... On échange ensuite sur ses rêves et ses aspirations et mes yeux s'agrandissent alors que j'apprends qu'elle a fait de la danse, avant de pencher la tête.
Vraiment? Tu as fait de la danse? Classique ou moderne?
Et j'ai un léger rire quand elle me dit qu'elle aurait aimé être jockey. Au fond ce sont les mêmes rêves que chez beaucoup de petites filles, ce que je trouve touchant. Et sans être méchante, la danse classique et l'équitation sont vraiment le genre d'activités que je la voyais bien pratiquer jeune, parce que ça faisait "bien" et que c'était "normal" pour une jeune fille de bonne famille d'enfiler un tutu et de brosser un poney pour faire quelques concours locaux, histoire de savoir de quoi on parlait lors des matchs de polo le dimanche. Je l'imagine vraiment bien, impeccable, dans le look cavalière classique avec un pantalon beige, des bottes vernies rutilantes, une veste en tweed, en train de pionter sagement la crinière de sa monture avant un concours où assisteront ses parents et le reste de sa famille, la couvant d'un regard attendri, comme pour ses récitals de danse...
Je monte, mais surtout un destrier noir à moteur... Mais un vrai cheval jamais... Même si j'aimerais bien. Ca me fait un petit peu peur je dois dire... Ce sont des grosses bestioles...
C'est vrai que je n'ai jamais demandé à Tyrgan s'il montait mais je me doute que oui, comme bon rejeton d'une famille aristocrate. D'ailleurs ça commence à faire beaucoup de sang bleu dans mon entourage maintenant! On dirait bien que je m'enbourgeoise, non, que je m'aristicrasise, si ça existe! Puis avec toute sa bonne volonté, et notre pause terminée, elle me demande une nouvelle mission et je lui propose de classer les bouquins. Il n'y a pas urgence, et je trouve que c'est important qu'elle jette un oeil à ce qu'on vend mais aussi à l'état d'esprit qu'ont une bonne partie de mes clients et clientes, et ce qu'ils recherchent en terme de spiritualité, de besoins et autres. Pendant ce temps je range les restes de notre thé, retournant préparer une nouvelle théière, la surveillant du coin de l'oeil. Je suis contente, elle découvre et apprend... et peut-être qu'un jour elle sera une vraie vendeuse hippie, qui connaît ses plantes et ses cristaux sur le bout des doigts! Pourtant après une petite heure je la vois revenir, un livre en main, et je note le titre sur la couverture. Ouille, le genre de sujet épineux... Je lui souris et fais non de la tête.
On va faire mieux... Je te le prête, tu le lis tranquillement chez toi et tu me le ramènes d'accord? Qu'est-ce que tu en dis? Ou si tu veux tu peux le mettre de côté et le lire ici pendant tes pauses?
Je souris et tourne la tête quand un client entre. D'un petit signe de tête je l'encourage à m'observer pendant que je le conseille, histoire qu'elle voie un peu comment faire. Au final mon client achète plusieurs trucs et je passe derrière la caisse. Je fais signe à Violet de me rejoindre et l'encourage avec un sourire.
Voici Violet qui est en formation chez nous. C'est elle qui va vous encaisser.
Puis je me tourne vers elle.
Va-y, comme je t'ai montré. Et si t'as une question, je suis juste là.
Je recule d'un pas et observe, prête à l'aider si besoin.
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Lowri Conway
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04.02.21 19:57
Violet Hanovre Hadid
Ft Lowri
Je me demandais ce que cela faisait comme effet de pouvoir entrevoir nos ancêtres, communiquer avec eux. J’imaginais que c’était très éloigné de ce que l’on pouvait lire dans les romans d’Edgard Poe. Ce devait tout de même être effrayant ! En tous les cas, Lowri en parlait de façon décontractée et joyeuse. Elle était née avec ce don. Comme d’autres naissaient avec d’autres. Tout ceci la rendait encore plus fascinante, unique, à mes yeux. Je me réjouissait surtout que le Pape et le Clergé n’aient plus les moyens de mener une inquisition. De ce que j’en savais, le surnaturel était beaucoup plus séduisant de nos jours. Heureusement.
-“Oui! ” J’en avais fait beaucoup même. J’avais lourdement insisté auprès de ma préceptrice pour poursuivre cette activité. Ce au-delà des attentes de notre éducation. C’était en grande partie grâce à elle que Père avait accepté que j’entre au Conservatoire avec Rose. Ma jeune amie la duchesse et moi nous étions liées d’amitié ainsi. “De la danse classique.” Ce à quoi j’étais moyenne. Mais j’aimais danser. J’aimais toute activité physique. “Mais je n’y étais que moyenne. Je préférais l’équitation. ” Oui, l’équitation avait été une révélation. Surtout ma rencontre avec les chevaux m’avait fait beaucoup de bien. Je m’étais attachée à eux. “ C’est ce à quoi on nous forme. Rien de bien extravagant. ” Ce qui conserve un semblant d’utilité pour bien se tenir lors des week-end officiels, des bals, des chasses à cour.
-“Oh, vraiment ? Eh bien, je trouve un étalon bien moins impressionnant qu’une moto! ” Notre opposition de style me tira un nouveau sourire. Nous avions là encore une expérience opposée. “J’ai une écurie. Je peux t’apprendre à monter. Si tu as envie. Dis-moi. Cela me ferait plaisir de t’apprendre quelque-chose à mon tour. ” Cela me donnerait aussi l’impression d’être un peu moins ignare. Je donnais déjà des cours à Archie. Il était plus jeune que Lowri. Cela se passait très bien. Rose avait l’air d’être satisfaite également.
-“Un prêt… Oui. C’est probablement mieux comme ça. Je préférerais que ça ne soit pas chez moi, en effet. ” Je pourrais toujours déplacer l’ouvrage dans l’appartement en ville, si je voulais aller plus vite. J’appréciais l’adaptabilité de ma complice. Je remarquais que chaque fois, elle faisait en sorte d’accéder à ma demande de façon positive. Je trouvais cela charmant. Je dirais même plus c’était agréable. Parce que je savais qu’ici, elle ne le faisait pas parce qu’elle était l’une des domestiques. Elle ne le faisait pas parce qu’elle était payée pour le faire. J’aimais beaucoup cette franchise dans notre rapport, de femme à femme. J’espérais qu’il pourrait en être ainsi entre nous, tout le temps. Je manquais d’honnêteté dans ma vie de tous les jours. Je rangeais donc le bouquin en arrière salle pour le débuter plus tard.
Je me décalais tout de suite pour qu’elle puisse intervenir auprès de l’homme qui venait d’entrer. Je me suis glissé dans son dos pour ne pas être dans son passage. Pour autant je la regardais faire. J’écoutais sa façon d’interagir, tout en regrettant d’avoir laissé mon carnet de note hors d’atteinte. Je fus surprise qu’elle me propose sur le champ d’intervenir. Je venais près d’elle face à la caisse enregistreuse. Je souriais au client de la boutique. J’échangeais un regard avec Lowri avant de débuter l’opération. J’y allais lentement pour éviter une erreur. J’arrivais à mener la transaction jusqu’au bout sans casser la machine!
J’oubliais cependant de rendre le petit ticket au Monsieur. Mais heureusement, il se montra bienveillant avec moi. Il me le signalait avec un sourire aimable. Je pensais m’en être sortie convenablement. Jusqu’à ce que l’homme termine sur une plaisanterie. Me demandant si je savais que je ressemblais beaucoup à une personnalité royale. La Princesse Hanovre. Je sentis alors mon sang quitter mes joues. Je n'osais pas regarder Lowri. Je ne savais pas quoi répondre. Je fus soulagée qu’il n’insiste pas et parte sans plus.
A peine la porte se refermait-elle que je soupirais de soulagement. -“ … Lowri, je ne sais pas si c’est une bonne idée. ” C’était peut-être juste le hasard. Peut-être juste à cause de mes dernières apparitions dans les médias. Mais, imaginons que la question se pose régulièrement. Je caressais le comptoir du bout des doigts. “Enfin, c’est tout de même une très belle expérience que tu m’as offerte, merci. ” Je lui souriais amicalement.
Je restais encore un peu avec elle. En fait je demeurais toute la matinée et une bonne partie de l’après-midi. Mais, comme il était convenu, je devais repartir un peu avant seize heures. Cela pour être rentrée au manoir avant le Baron. Je ne voulais pas qu’il ait une prise pour me fustiger. “ On ne voit pas le temps passer avec toi. J’ai trouvé ça intéressant. Ça m'a beaucoup appris. ” C’était sincère. Quoique je me sentais mentalement fatiguée, j’étais ravie d’avoir tenu mon défi. Ce qui s’était vu, je crois. Je venais pose une bise de l’amitié sur les joues de la charmante Lowri. “ Embrasse Peter pour moi tu veux bien ! ” Assurément la fiancée le voyait davantage que moi. Ce qui était bien normal. J’hésitais à lui parler du mariage d’ailleurs. Mais, cela me paraissait inapproprié dans cette journée.
Je m’assurais d’avoir tout pris avec moi. Je la saluais encore, avant de sortir de la boutique. La voiture était là comme ce matin, prête à m’extraire de la capitale. J’avais le coeur léger quand bien même je repartais vers une vie moins exaltante.
