AccueilDernières imagesRechercherMembresS'enregistrerConnexion
-40%
Le deal à ne pas rater :
-40% sur le Pack Gaming Mario PDP Manette filaire + Casque filaire ...
29.99 € 49.99 €
Voir le deal

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Pause... (pv Mark)
Gustav Brener

Pause...

«Errare humanum est »


fin juin 2028

-Bah, techniquement, ça fait 9h que j'ai terminé... Ah. Une mimique répond dix fois plus que le moindre commentaire de la part du technicien de morgue. L'hôpital public ici n’a pas bonne mine. Tout ne tient qu’à la bonne volonté des agents comme eux. Gustav tapote le dos du médecin en signe de camaraderie. -” Il est temps que tu sortes d’ici! ” Ils pourraient même alerter la direction. Le manque de personnel est criant et cela met tout le monde en danger. N’importe qui serait hors-service avec autant d’heure de taff dans les jambes. Mais, ce n’est pas le lieu, pas le moment non plus, pour faire une diatribe sur la gestion de leurs services publics. Brener sait qu’il doit se calmer avec tout ça…

Une fois qu’il a bien fait le café, il fait signe à Maria de garder un œil sur Mark. Parfois, une fois qu’on s’arrête y a un coup de mou. C’est humain. - Je suis affamé, je pourrais manger un boeuf entier. Mais on va se contenter de pancake... J'te préviens, j'y vais jusqu'à l'indigestion. Ils en rient ensemble. En vrai, le doc est un mec bien. Il a le sens du travail bien fait et du soin des patients. -”Hahaha ! Ok. A tout de suite. ”

Gustav sourit en voyant Mark sortir de là. Maintenant le soleil est quasiment levé. La lumière du matin est pas trop mal, pas de smog pour le moment en plus. Comme il est très tôt, c’est plutôt calme dehors. Il y a l’impression que Londres est encore endormie. -” Ca fait du bien de sortir d’ici. ” Ils sortent de la zone de l'hôpital d’un bon pas. Ils croisent des collègues sur le chemin qui vont embaucher.

Les commerçants les plus matinaux sont en train d’ouvrir les volets mécaniques de leur boutique. Ils papotent sur le trottoir. Ça donne presque l’impression d’être dans un village. Gus aime bien cette ambiance. Ça lui correspond plus. -” On sera les premiers clients! ” Les fourre ses mains dans ses poches par habitude. Il y retrouve un jeton de caddie et joue avec pour avoir la main occupée. Il peut sentir que son corps est encore plus fatigué que d’habitude. La nuit a été très sportive finalement. Plus que les autres jours, Brener ressent le besoin d’une douche et d’une sieste.

-” Comment est-ce que tu fais pour tenir gars ? ” Pas si étonnant que plein de chefs de service prennent des cachets. Gus se décale pour que deux mecs en bleu de travail ne soient pas séparés. Il désigne une rue parallèle sur leur droite pour qu’ils tournent ensemble. Ce n’est plus la grande artère. Ici la ruelle est plus étroite, plus haute, moins éclairée. L’enseigne du dinner est un peu plus haut à droite. C’est un ours avec son pot de miel.

Brener s’avance pour ouvrir la porte. La clochette tintinnabule à leur entrée. C'est un vieux batiment. Le mobilier est décousu et on voit que c'est de la seconde main. Il y a une vue sur la cuisine dont arrive une odeur agréable de sucre et de réconfort. Ca n'a rien à avoir avec les franchises occidentales. C'est l'un des rares bons trucs d'avoir fait le Brexit pas vrai! Brener s'y retrouve assez souvent, surtout en hiver, quand il a besoin de faire une coupure après le service.

Il n’y a personne. Le vendeur derrière le comptoir n’a pas l’air surprit. -”Salut!” Il leur dit de s’installer à une table, il va arriver, le temps de finir de tout allumer ici. Ils ont le choix. Le blond prend une table avec une banquette pour qu’ils soient bien posés. Il chope un des menus papiers pour regarder le choix de la semaine. Maintenant, il sent qu’il peut se détendre. Ses longues jambes s’étirent enfin. -” Leurs produits viennent des alentours. ” Local, bio, ils ont toutes les étiquettes. Pas sûre que ça améliore leurs soucis de pollution ici. Mais, au moins, c’est bon !

©️ plumyts 2016

Gustav Brener
Gustav Brener
CALL AN AMBULANCE!
Messages : 86
Date d'inscription : 01/05/2023
Localisation : Londres
Profession : technicien de la morgue
Etat Civil : Célibataire
30.09.23 11:34
Revenir en haut Aller en bas
Markiyan Baran


Pause...


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]



[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]



Ouai... Je souris à la tête que tire Gustav. Mais heureusement la délivrance arrive avec l'apparition de George qui va prendre le relais. J'accepte donc la proposition de l'employé de la morgue avant de communiquer et de passer le... pouvoir... à George. Le tableau, les patients, les équipes qui changent, les travaux qu'ils doivent faire aujourd'hui sur le circuit de ventilation, bref, tout un bordel habituel des Urgences qui tournent beaucoup trop alors qu'on est beaucoup pas assez... (Oui, je sais, c'est pas français, mais tant pis, je voulais juste faire un doublement de beaucoup, on va dire que c'est un style d'écriture). Et du coup, je file à mon bureau, pour prendre mes affaires et je peux retrouver l'employé.

- Oui, ça fait du bien.

Je le suis donc dans les rues. On y va à pied, je reviendrais chercher ma voiture tout à l'heure, ce n'est pas un problème. Et puis, cela n'a pas l'air d'être très loin. L'air est doux, c'est peut-être le moment de la journée que je préfère. Quand le ciel brûle sous le soleil matinal, quand les commerçants ouvrent leur boutique et quand il y a peu de bruits, quelques oiseaux, tout au plus qui piaillent pour commencer la journée. C'est le plus agréable. Le soir, c'est différent. La nuit tombe toujours trop vite d'après moi. Et y'a encore la torpeur de l'après-midi qui plane. Non, le matin, c'est le plus sympa. A sa question, je ne peux m'empécher de sourire. Je hausse les épaules.

- Je joue au golf. Je confirme d'un hochement de tête. Ouai, c'est ça qui me fait tenir. Ca et l'habitude. Crois-le ou non, ça me détend. Et plus on est énervé, stressé, tendu, bref, tout ce qui ne va pas, et bah je joue mieux au golf. Tout passe dans le fait de devoir taper une petite balle avec un baton ridicule pour aller foutre la balle dans un micro trou sur un gazon trop bien taillé. Ca fait un bien fou. D'ailleurs, après ça je vais aller dormir un peu pour rattraper quelques heures et ensuite, j'irai jouer au golf.

On finit par entrer dans le dinner. Je suis Gustav à une table, bien placé, au soleil à travers la vitre, sur des banquettes confortable. Moi aussi j'allonge les jambes et je m'étire avant de regarder le menu. Pancake, c'est très bien, avec du sirop d'érable, parce que le sirop d'érable c'est la vie. Même si c'est pas un produit local, c'est obligatoire d'avoir du sirop d'érable sur les pancakes, sinon... c'est pas des pancakes! D'ailleurs, quand le vendeur arrive quelques instants plus tard, je réprime un baillement pour commander des pancakes, avec du sirop d'érable et une boule de glace vanille dessus, ainsi qu'une double ration de café noir bien fort sans sucre et sans lait. Merci, jeune homme. Ce n'est que lorsqu'il repart après avoir pris la commande de Gus et de vérifier qu'il a bien noté tout ce que l'on veut, que je reprends le fil de notre conversation.

- Tu me demandes comment je fais pour supporter mais moi aussi, je peux te retourner la question, parce que travailler dans une morgue, ça, je pense pas que je pourrais.

Code by Laxy
Markiyan Baran
Markiyan Baran
Messages : 79
Date d'inscription : 18/06/2023
Localisation : Dans une salle d'opération
Profession : Médecin urgentiste - chef de service
Etat Civil : Célibataire - Papillon volage
03.10.23 12:46
Revenir en haut Aller en bas
Gustav Brener

Pause...

«Errare humanum est »

fin juin 2028

Gustav revoit les images du tournoi international de l’année précédente et la gueule du charmant Matthew Fitzpatrick et son coup de rein mémorable. Il faut autant de sang-froid dans ce sport et dans une salle d’opé ? C’est le seul parallèle qui lui vient à l’esprit. Mais à vrai dire, Gus n’y connaît rien. -” Tu joues souvent ? ” Il visualise donc le grand brun penché au-dessus d’un gazon trop bien taillé qui vise un trou ridicule. Avant ça, il ne s’était pas demandé comment un mec des urgences arrivait à décompresser après une nuit d’enfer. On peut passer, pendant des années, à côté de quelqu’un sans rien savoir de lui. Chacun fait comme il peut. -” Où tu vas pour faire ça ? ” Combien y a t-il de terrains sur Londres ? La licence coûte certainement un bras, voire deux… Mais si ça marche!

Ils n’ont pas assez souvent l’occasion de discuter avec les horaires de malade qu’ils font. D’autant que Brener mène deux vies en parallèle. -”Tu me demandes comment je fais pour supporter mais moi aussi, je peux te retourner la question, parce que travailler dans une morgue, ça, je pense pas que je pourrais.” C’est souvent ce qu’on dit à Brener quand on évoque son travail devant lui. Il peut comprendre que ça ne corresponde pas à tout le monde.

Il sourit en haussant des épaules. Le contact avec la mort apporte une modestie naturelle. On se rend compte qu’une vie est fragile et que la sienne propre autant que les autres. -” Quand ils arrivent en-bas, ils ne souffrent plus. ” Le sort des personnes est scellé. Il n’a pas la responsabilité de leur vie. Il n’y a rien de ce qu’ils ont vu cette nuit. La souffrance est dans le passé. -”Et moi je suis juste là pour prendre soin d’eux. ” Gus pose les coudes sur la table et croise les mains.

-” Je me sens bien plus à l’aise avec les morts. ” Il y a besoin de monde des deux côtés. Mark et Gustav, des personnes comme eux pour maintenir l’humanité à flot. En tous les cas, tenter de le faire. Le jeune homme sourit et ploit la nuque, fatigué, mais détendu maintenant. -” Leur calme m’apaise. ” Un rire franchit alors ses lèvres. Il sait que ce ne sont pas des choses à partager avec n’importe qui. Cela choque parfois ses compagnons de route. Mais Gustav sent qu’il peut le dire à un type comme Mark.

Il se souvient que sa mère avait trouvé l’idée étrange quand il l’avait annoncée. Au contraire, son père n’avait rien dit et avait souri. Il savait que son fils avait quelque-chose de différent. -” J’apprécie encore plus d’être en vie quand je sors du boulot! ” Il recule sur la banquette pour qu’on leur serve une bonne boisson chaude. Il remercie polit avant de passer ses deux mains autour de la tasse chaude. Parfois, pas besoin de chercher loin pour avoir une impression de Paradis.

Il sent que ses trapèzes se relâchent enfin. Il sent la pression des vingt-quatre qui baisse lentement. Alors, enfin son visage se détend aussi. Souvent, Brener passe pour un homme distant, voire froid. C’est surtout qu’il intériorise beaucoup. Il n’est pas du genre à l'expansion. Cela s’est renforcé avec la rupture. Max était un de ces mecs qui arrivent à faire parler les autres. En ce moment, il n’y a plus grand monde pour faire ça. -”Pour me changer les idées, j’aime bien voler. T’es déjà monté dans un avion ? ” Gus avait commencé la formation de pilote en Allemagne et quand il était revenu sur Londres il avait trouvé un aéroclub pour continuer. Rien de mieux que de s’envoyer en l’air pour tout oublier.

©️ plumyts 2016

Gustav Brener
Gustav Brener
CALL AN AMBULANCE!
Messages : 86
Date d'inscription : 01/05/2023
Localisation : Londres
Profession : technicien de la morgue
Etat Civil : Célibataire
21.10.23 9:15
Revenir en haut Aller en bas
Markiyan Baran


Pause...


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]



[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]



On en vient à parler golf. Ca fait quelques années que je me suis mis au golf. Une bonne dizaine d'années pour dire la vérité. Peut-être même plus. Je ne sais plus, il faudrait que je regarde sur ma carte de membre. Oui, parce qu'avec l'inscription à un green, on a aussi l'inscription à un club. Et ce club, genre haute-pétée vous donne droit à des privilèges de malades. Heureusement que ma paie suit, parce que sinon j'aurai abandonné depuis longtemps.

- J'essaie d'y aller le plus souvent possible. Qu'il pleuve ou non, j'm'en fiche, ça me détend. Pas de femme, pas d'enfant, j'ai que ça à faire. Je hausse les épaules, parce que oui, je me suis pris de passion pour le golf. et ça me détend vraiment. Le plus près, je disrait que c'est le Lee Valley, au nord de Londres. Sinon y'en a plein au sud. Sandown, Saint George's Hill, Cuddington... Un peu plus loin t'as Sutton, Godstone... ou Greys Green. Et encore, je ne dis pas tout. Rien que pour jouer, je suis allé jusqu'à Folkestone, dans le Kent.

C'est marrant, parce qu'en étudiant bien la question, c'est vrai que travailler dans une morgue, je ne pourrais pas. Des cadavres, j'en ai vu des dizaines. Des pas jolis en plus. Entre les fauchés de la route, les carbonisés et les démembrés, j'ai vu la Mort dans tous les états possibles. Sans parler de ceux qui meurent d'une mort plus... comment dire... douce? Qui a l'air moins douloureuse en tout cas. Entre les maladies, les cancers, la vieillesse... Oui, j'ai vu beaucoup de morts. Mais travailler avec eux, ça me semble tellement... c'est un autre monde, un monde que je ne pense pas pouvoir m'habituer. Gustav explique qu'ils ne souffrent plus. Certes, oui. Mais... Ils ont souffert avant cela. Et l'idée de le savoir me fait mal au coeur. Je ne sais pas trop pourquoi. Il prend soin d'eux. Je hoche la tête, je comprends. Moi je prends soin d'eux, ou j'essaie en tout cas, alors qu'ils sont vivants. Et si je n'y arrive pas, c'est au tour de Gustav. Et lui, il ne rate jamais son travail. Le calme l'appaise? Ca, c'est quelque chose que je n'arrive pas à comprendre. Ils ne sont pas "calmes", ils sont morts. C'est une notion qui m'est étrangère. Que le calme des morts peut apaiser l'âme des vivants. Non, je n'arrive pas à me faire à l'idée. Pour moi, ils sont morts et ça veut dire que je n'ai pas réussi mon travail. Donc je ne me sens pas apaisé. Au contraire. Il rit de ce qu'il vient de dire. D'une certaine manière, cela ne me dérange pas le moins du monde. En tant que médecin, et médecin urgentiste en particulier, on doit apprendre à se détacher de ses patients. Un patient arrive, on le soigne, ça marche tant mieux, ça marche pas tant pis. Et on passe à autre chose.

Les boissons arrivent accompagnées des pancakes bien mérités. Je n'attends pas longtemps avant de piocher dedans. Faut dire que la boule de vanille va fondre, et de la glace fondue, ce n'est pas de la glace. J'ai une faim de loup. Gustav ajoute qu'il se sent encore plus en vie lorsqu'il sort du boulot. Ahahah, c'est exactement ce que je ressens moi aussi. A force de traiter les patients, on voit la mort partout, la maladie, la douleur, la tristesse, l'incompréhension. Et quand je sors, quand je retire la blouse de médecin, je respire la vie, elle est partout, dans l'air, dans le paysage, dans la chaleur d'un café ou dans une balle de golf. C'est une bonne sensation. Je hoche la tête, sourire sur le visage. Je comprends. Et voilà qu'il parle d'avion. J'hésite à répondre la vérité. A Londres, désormais, il n'y a plus que les londonniens qui comptent. Le monde extérieur est en froid et quelques fois, il vaut mieux mentir. Que se passerait-il si Gustav apprenait que je n'étais n'étais pas anglais, que mon passeport, le vrai n'est pas britannique? Même mon prénom n'est pas le bon. Dire que j'ai déjà pris l'avion, c'est dire que je suis allé ailleurs qu'en Grande Bretagne, ou pire, c'est qu'on vient d'ailleurs que la Grande-Bretagne. Au bout de quelques secondes, je hoche du chef, lentement. Je ne vais pas tout lui dire, c'est impossible, je perdrais ce que j'ai durement gagné, à force de persuasion, de cachoteries et de mensonges.

- Oui, quelques fois... Quand on pouvait encore voyager sans soucis. Pour aller en Norvège. Je reviens sur ce qu'il vient de dire, juste avant. Du coup, t'as un brevet de pilote? Tu voles sur quels engins?

Code by Laxy
Markiyan Baran
Markiyan Baran
Messages : 79
Date d'inscription : 18/06/2023
Localisation : Dans une salle d'opération
Profession : Médecin urgentiste - chef de service
Etat Civil : Célibataire - Papillon volage
03.11.23 9:34
Revenir en haut Aller en bas
Gustav Brener

Pause...

«Errare humanum est »

fin juin 2028

Gus siffla, impressionné par la motivation de son compère. Faire autant de kilomètres pour une passion ce n’est pas donné à tout le monde. Une énergie habite les personnes. Est-ce la même énergie que la leur? Le groupe activiste prend du temps, de l’énergie à chacun de ses membres. Il arrive qu’il prenne plus.

-”Okay. En effet, tu connais bien le sujet. ” Gus respecte ça. -”Lequel tu recommandes dans tout ça ? Pour voir du beau paysage ? ” Ce serait surtout pour ça qu’il irait sur place.

Un court silence s’imposa alors entre eux. Brener fut plus attentif au faciès de son collègue. Il tenta de comprendre. Parfois il en apprend plus dans ce que l’autre ne lui dit pas. C’est comme cela qu’il évite les mauvaises fréquentations ou de se mettre dans le pétrin. Enfin, pas plus qu’il ne l’est déjà.

-”- Oui, quelques fois... Quand on pouvait encore voyager sans soucis. Pour aller en Norvège.” Les îles scandinaves ont été très à la mode dans les années 2000. Tout le monde voulait y aller. Ils sont, dit-on, plus en avance sur tout là-bas. Gustav n’en sait rien. Il ne se fit pas trop à ce qu’il ne peut pas voir de ses yeux. On sait que les médias présentent les choses comme ils veulent. -”J’y ai jamais mis les pieds. C’est comment ? ” Un témoignage direct ça ça peut convaincre. -”Tu parles la langue ? ” Mark a sous-entendu qu’il faisait ce voyage plusieurs fois.

-”Du coup, t'as un brevet de pilote? Tu voles sur quels engins?” Bonne question ça. Gus sort son téléphone et fouille pour retrouver une photo des biplaces dans lesquels il s’éclate. Il tend l’appareil à son collègue. -”Y en a plusieures. ” Gus a un téléphone simple et très ordonné. Il n’y a rien de compromettant dessus. Comme ça pas d’inquiétudes inutiles.

-”J’ai la licence PPL. ” La licence de pilote privé a été un titre Européen. Elle permet de voyager et d’emporter sans rémunération des passagers sans limitation de distance. Pour l’instant, ça suffit pour l’usage de Brener. Quand il y arrive, il épargne. Peut-être, que dans le futur, il passera une licence pour aller dans les airs orientaux. -”Ça veut dire que je peux embarquer un passager avec moi. ” Bien entendu faut préparer en amont. La démarche se fait facilement.

-”A cette période de l’année c’est sympa. Les ciels sont beaux. ” Gustav mange un bon morceau pour sentir le gras et le sucre. Après une nuit comme celle qu’ils viennent de passer, y a rien de meilleur. -”On peut se prévoir un vol. Faut juste pas le faire juste après un service de nuit. ” Là haut, pas moyen de faire une bourde. Tous les réflexes sont nécessaires. Comme quand on s’occupe de la vie d’un patient. -”Qu’est-ce que t’en dis ? Tu veux voir la ville d’en haut ? ” De toute façon, Brener doit prévoir un vol pour faire du repérage avant la prochaine opé.

©️ plumyts 2016

Gustav Brener
Gustav Brener
CALL AN AMBULANCE!
Messages : 86
Date d'inscription : 01/05/2023
Localisation : Londres
Profession : technicien de la morgue
Etat Civil : Célibataire
19.11.23 20:39
Revenir en haut Aller en bas
Markiyan Baran


Pause...


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]



[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]



- Ahahah, les parcours de golf sont tous agréables à traverser. Sous n’importe quelles conditions météo, parce que l’herbe est bien taillée, verte, les arbres sont hauts, bien feuillus… les terrains sont toujours parfaitement entretenus, c’est toujours agréables, mais si tu veux en plus voir la mer, avoir les mouettes et pouvoir taper des balles sur les falaises, alors oui, celui de Folkestone est le plus impressionnant.

Et puis on en vient à parler des voyages, de lui qui sait piloter des avions. Les images, les souvenirs des pays dans lesquels j’ai vécu me reviennent en mémoire et un sentiment triste m’envahit subitement. Ca me manque. Tellement. C’était mon pays, celui-ci, l’Angleterre, ce n’est pas mon pays, même si je m’y suis installé. J’aurai tellement préféré rester en Norvège, ou encore mieux, retourner dans le pays qui m’a vu naitre. Alors quand Gustav pose la question, je ne peux retenir un petit soupir.

- C’était… beau. Les paysages ressemblaient un peu à l’Ecosse, avec les montagnes humides, le ciel gris. Les villes ressemblent à celles de Cornouailles et les habitants sont de vrais irlandais. La Norvège, c’est un pays magnifique… Je laisse quelques secondes passer, jaugeant le pour et le contre. Oui, je… parlais… un peu… la langue.

Bon, j’avoue que là, j’ai dû vraiment mentir. Personne ne doit savoir, je ne veux pas qu’on me juge et qu’on me renvoie ou pire, alors je préfère faire comme si j’étais né ici, en Angleterre et puis c’est tout. Mais je parle peut-être mieux norvégien qu’anglais… Peut-être plus maintenant. Mais à force de parler de la Norvège, voilà que c’est l’Ukraine qui me manque. Il faut que je le fasse changer de conversation, parce que sinon je vais verser quelques larmes, alors je reviens à la charge sur les avions. Quels bolides peut-il piloter ? Il me tend son téléphone pour me montrer les fameux avions. Ce sont des petits engins, mais c’est impressionnant. Et c’est là qu’arrive une chose encore plus impressionnante. Il me propose de m’emmener pour survoler la ville. Je lui rends le téléphone, l’air ahuri, totalement surpris et ne sachant pas du tout quoi dire.

- M-moi ? Bah oui, moi, pas la serveuse ou le type qui promène son chien là, dehors. Mais pourquoi moi ? Bah pourquoi pas ? Oh, réveille-toi, Mark ! Je veux dire, c’est… je… enfin, c’est gentil, mais… Ok, pause, temps mort. Je ferme la bouche et en pince les lèvres. C’est gentil, mais je ne voudrais pas prendre de ton temps.

Code by Laxy
Markiyan Baran
Markiyan Baran
Messages : 79
Date d'inscription : 18/06/2023
Localisation : Dans une salle d'opération
Profession : Médecin urgentiste - chef de service
Etat Civil : Célibataire - Papillon volage
16.12.23 15:45
Revenir en haut Aller en bas
Gustav Brener

Pause...

«Errare humanum est »

fin juin 2028


En beaucoup de points Mark ne fut pas loin de faire la description d’un paysage paradisiaque. On voit pendant les championnat et même dans les films que ces lieux sont clean, impeccables. Il y a peut-être quelque-chose de rassurant pour les gens à se retrouver dans un endroit “immaculé”. Ce serait une sorte d’oasis dans le désert urbain ? -”A voir … ”

Avec l’âge, on peut comprendre qu’aucun homme n’est épargné par les aléas, les drames, dans une vie. Pas même la serveuse souriante qui vient de servir une cliente. Même pas ce collègue de boulot capable de s’enquiller des gardes avec le sourire. Gustav ne fait jamais l’économie de la complexité humaine. Parce qu’au fond, c’est ce qui lui plaît le plus.

Assurément, devant ce petit-déj, ils partagent un peu plus que les autres fois. Tout l’équilibre c’est d’être attentif sans être intrusif. Un peu comme quand on fait connaissance avec un animal qu’il ne faut pas brusquer. -” T’as l’air nostalgique… ? ” La façon dont on tourne une question est importante. Parce que ça peut induire une réponse. -” Pour les langues y a pas de mystère. On doit pratiquer pour la garder en tête. ” Le Brexit a freiné le mélange culturel. Mais y a une dizaine d’années, on voyait encore pas mal de communautés. L’immigration venait d’un peu toutes les directions. Est-ce qu’il y a une communauté norvégienne sur Londres ?

Gustav n’est pas de ceux qui force une discussion. Les gens disent ce qu’ils ont à dire. Sinon ça ne le regarde pas. Ceci dit, la réaction de l’urgentiste est assez étonnante. Lui qui est sûr de lui quand il s’agit des patientes, on dirait qu’il est intimidé par une proposition de sortie. Brener n’aurait pas pensé à ça. Ça lui rappelle un peu un pote de jeunesse. Chaque fois surprit qu’on l'inclut dans les plans.

-” Pourquoi on pourrait pas prendre sur “mon” temps ? ” En quoi une sortie serait moins valable qu’une autre ? -” Si je propose c’est que ça me fait plaisir. ” Gus essaye de ne pas trop sourire. Il n’a pas envie que Mark pense qu’il se moque de lui. Parce que y a pas encore la place pour de la taquinerie face à autant de doutes. C’est curieux qu’un mec de son âge et de sa compétence ne se sente pas valable.

Mais tout ça ne les fixe pas sur la suite ! -” Donc ? Qu’est-ce que tu en penses ?” Il boit une bonne gorgée de sa boisson avant de sourire en coin. -” T’as envie de t’envoyer en l’air ? ” Certes, parfois, il se sert de ça pour entrer en drague en soirée. Ceci dit, Gus sait quand ce n’est pas la peine de tenter une approche. Là ce serait juste sympa de faire découvrir une de ses passions à un collègue. Quand on côtoie la mort vaut mieux se sentir vivant !

Le seul truc c’est de vérifier les annonces météo. En début d’été le smog monte facilement. Une fois qu’il est là impossible de voler. Mais en dehors de ça, ils sont libres! -” Allez Mark ! T’as rien à perdre! ” Gustav enfourche un morceau couvert de sirop. Lui tout ça, ça le met plutôt de bonne humeur à vrai dire!

©️ plumyts 2016
Gustav Brener
Gustav Brener
CALL AN AMBULANCE!
Messages : 86
Date d'inscription : 01/05/2023
Localisation : Londres
Profession : technicien de la morgue
Etat Civil : Célibataire
06.01.24 15:47
Revenir en haut Aller en bas
Markiyan Baran


Pause...


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]



[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]



Il est vrai que le Brexit a tué toute circulation européenne en Angleterre. J’ai toujours été terrifié à l’idée qu’on apprenne mes origines qu’on découvre que je ne suis pas anglais de base. Heureusement que je ne me suis jamais étalé à ce sujet, heureusement que j’ai vite absorbé l’accent et heureusement que je me suis installé ici il y a bien des années. Rares sont les personnes qui connaissent mes secrets. Je suis persuadé qu’on me retirerait ma licence et tout ce que je possède si on apprenait… Alors je ne peux le dire à personne. Même mon prénom, mon propre prénom que ma mère m’a donné, je ne peux l’utiliser correctement. Cela me fait mal au cœur, mais je n’ai pas le choix si je veux continuer d’exercer ici. Les habitants de Londres ont besoin de toute l’aide qu’ils pourraient trouver, mais s’ils apprenaient que je ne suis pas l’un d’eux, je suis persuadé qu’ils ne voudraient pas que je les aide… Alors motus et bouche cousue.

- Nostalgique ? Non. Bien sur que si, je suis nostalgique, mais je préfèrerais être renversé par un 38T plutôt que de l’avouer. C’était y’a longtemps, ça a dû changer depuis. J’aimais bien, c’est tout. C’était joli.

C’est à ce moment qu’il me propose un tour en avion. Je… Je ne sais pas si je dois abuser, accepter sa proposition. Après tout, nous ne nous connaissons pas beaucoup plus que ça, il reste un membre essentiel de la chaine hospitalière, mais tout de même, je… Et puis, ça doit demander du temps, de l’argent, pour l’avion, pour le carburant, tout ça tout ça… Je ne sais pas si je peux accepter. Il insiste un peu. Au « s’envoyer en l’air », je souris, appréciant le double sens indu. Après tout, pourquoi pas ? Pourquoi pas aller dans les nuages et voir la ville en tout petit. La ville ou la campagne, c’est tellement plus beau de là-haut. Je croque dans quelques bouchées avant qu’il me tente une dernière fois. Je pose alors la fourchette à côté de l’assiette.

- C’est vrai, j’ai rien à perdre. Ma tête hoche déjà, signe qu’elle a déjà pris sa décision. Pourquoi pas. Si tu me promets de pas faire de looping ou je te repeindrais tout le cockpit.

Code by Laxy
Markiyan Baran
Markiyan Baran
Messages : 79
Date d'inscription : 18/06/2023
Localisation : Dans une salle d'opération
Profession : Médecin urgentiste - chef de service
Etat Civil : Célibataire - Papillon volage
16.01.24 16:40
Revenir en haut Aller en bas
Gustav Brener

Pause...

«Errare humanum est »


fin juin 2028

Brener sait que personne ne ment sans avoir de raison de le faire. La raison peut-être valable ou non. Généralement, quand on cache quelque-chose c’est pour préserver ses propres intérêts. Le mieux c’est toujours de ne pas se mêler des affaires des autres. Surtout quand ils montrent qu’ils ne le veulent pas. Gustav incline du chef avec un simple: -” Okay… ” Il n’est pas le genre de mec à s’imposer dans la vie des autres.

Même s’il a sans doute plus insisté que pour d’autres, pour faire une sortie. C’est parce qu’il se fait tout le temps à son cinquième sens. Mark a l’air d’être un type bien! -”C’est vrai oui. Absolument rien.” Gus a toujours de la sympathie pour les personnes qui sont tournées vers le bien commun. Elles font écho à ce en quoi il croit lui-même. Et puis, bon, les mecs en blouse lui inspire de l’admiration, c’est comme ça.

-”Pourquoi pas. Si tu me promets de pas faire de looping ou je te repeindrai tout le cockpit.” C’est ce qu’avait dit le père du pilote, quand ils avaient fait un premier vol ensemble. -”Promis. Je le ferai que quand tu le demandera. ” Aux débuts, les passagers sont sur leur garde. Ils ont peur de prendre de l’altitude. Mais, en général, ça ne dure pas. Ils sont contents de pouvoir faire des pirouettes dans les airs.

Gus attaque un autre pancake à bonnes bouchées. Le sucre fait un peu son effet. Les batteries sont en train de se recharger. Ça fait du bien. Il a une pensée pour les patients de la nuit. Mais, la radio du dinner fait une bonne diversion en passant le dernier tube de LP. Il avait eu la chance de la voir en concert avant la fermeture des frontières. -”Quand est-ce que tu poses tes congés d’été ? ” Selon la période, ce serait un bon moyen de se faire une journée en bord de rivière, pour aller pêcher. C’est une autre façon de se vider la tête. Pour le coup ça permet aussi de se remplir la panse.

Gus sent que ses épaules ont un peu douillé cette nuit. Il tuerait pour que Max soit encore dans les parages. Max et ses supers massages. Naturellement, le sourire du tech s’efface un peu. Ça le fait chier de ne pas se remettre de cette rupture. Son ex lui avait fait miroiter une vie à deux. -”Au fait, t’habites dans quel coin ? ” Les logements de fonction ont diminué depuis deux/trois ans. C’est plus dur d’en choper un. Mark a-t-il réussi à se trouver un bon appart sur le marché ? Toute diversion est bonne pour ne pas penser à celui qui vous manque.


Gustav Brener
Gustav Brener
CALL AN AMBULANCE!
Messages : 86
Date d'inscription : 01/05/2023
Localisation : Londres
Profession : technicien de la morgue
Etat Civil : Célibataire
21.01.24 14:27
Revenir en haut Aller en bas
Markiyan Baran


Pause...


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]



[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]



Cela fait tellement longtemps que je dois mentir, que je suis constamment sur le qui-vive, de peur qu’on me renvoie dans mon pays, dans UN pays qui ne serait pas le mien ou ne serait plus le mien. Je veux rester ici, je suis bien en Angleterre. Mais la politique de maintenant est tellement… rah, je n’ai pas les mots et j’ai pas envie de m’y plonger, donc je reste en dehors de tout ça, je fais mon boulot et je ne dis à personne qui j’étais, ce que je faisais et tout ça tout ça. Je reste anglais avec ma carte d’identité, ça me suffit. Je ne veux pas perdre mes origines, et j’en suis fier, mais pour l’Angleterre, je dois rester anglais. Bref, Gustav me propose d’aller m’envoyer en l’air, littéralement, hein ! Pourquoi pas. Aucune chance que je lui demande un looping, car je sais que j’aime pas trop ça, les vols en avion. J’en ai l’habitude (ou j’en avais l’habitude), mais avec un gros avion, un truc qui ne peut pas faire de looping.

-”Quand est-ce que tu poses tes congés d’été ? ” Je redresse la tête, souriant de toutes mes dents.

- Tu crois vraiment que je peux prendre des congés ? Je ne sais pas de quand datent mes derniers congés. Je prends bien quelques jours de temps en temps, quand il y a assez de médecins, mais jamais sur de longues périodes, même pas une semaine. Il y a un tel manque de médecin, je ne peux pas me permettre de laisser le service. C’est le revers de la médaille quand on est le chef des Urgences, on remplace les trous dans l’emploi du temps. Je continue de sourire. Mais ça ne me dérange pas, car j’aime trop mon travail.

J’attaque la pitance, je mange comme si j’avais faim. En fait, j’ai très faim, alors je mange de bon cœur, en plus, c’est vraiment bon. Et voilà qu’il pose une autre question. Je n’ai pas l’impression qu’il pose des questions pour m’interroger comme le ferait un policier de l’immigration ou un truc comme ça. Peut-être que j’ai trop confiance au final, envers mes collègues, j’en sais rien. Mais en tout cas, cela ne me gêne pas de lui répondre.

- Vers Finchley, j’aime bien mon confort et ma tranquillité, quand il s'agit de maison. Quand c'est le boulot, j'aime qu'il y ait de l'action. Je sais que la majorité des maisons là-bas sont en réalité des villas de plusieurs chambres et dépassant les 1000m carré. Je sais aussi que la majorité des londoniens connaissent parfaitement ce quartier de bourgeois. Mais je n’ai pas à cacher mes rentes, après tout, je reste un urgentiste et je suis fier de pouvoir dire que l’argent que j’ai, je l’ai gagné à la sueur de mon front. Et toi ? Faudra que tu passes un jour chez moi. J’ai une trop grande maison et si peu de personne dedans… Je me penche un peu, espiègle. En plus, j'ai un cinéma chez moi. J'indique les pancakes. Ils sont vraiment bons, t'as eu raison de me trainer jusqu'ici…

Code by Laxy
Markiyan Baran
Markiyan Baran
Messages : 79
Date d'inscription : 18/06/2023
Localisation : Dans une salle d'opération
Profession : Médecin urgentiste - chef de service
Etat Civil : Célibataire - Papillon volage
17.02.24 16:48
Revenir en haut Aller en bas
Gustav Brener

Pause...

«Errare humanum est »


fin juin 2028

Brener fixa son collègue avec circonspection. Ce n’était pas une première. Pas mal de chefs de service lui tiennent ce genre de discours. La posture de l'abnégation volontaire et totale pour pallier aux défaillances. C’est exactement ce qu’il entend des personnels religieux quand ils parlent de leur dévotion au seigneur. C’est une chose d’avoir la foi. Mais est-ce que cela devrait concerner le travail ? -”J’aime le boulot aussi.” C’est une condition indispensable dans la fonction hospitalière, car ni le salaire, ni les conditions de travail sont réellement corrects. -”C’est pas pour ça qu’on doit lui donner sa peau. ” D’ailleurs, c’est pas ce que dit aussi le parti qu’ils ont élu ? Qu’est-ce qu’ils font avec l’argent public ?

Le manque de personnel ne devrait pas être de la responsabilité de ceux qui sont en poste. Gus trouve que le concept qui consiste à se reposer sur les forces vives est dangereux et contreproductif. -”La règlementation du travail existe pour une raison. ” Sans code de conduite, pour sur qu’ils seraient encore plus exploités. Il n’a aucune illusion là-dessus. La finance est au pouvoir et elle dirige le monde. Le Brexit les a peut-être un peu préservés sur certaines législations récentes pour l’EU. Mais, ils restent coincés par la mondialisation. -”Tu devrais prendre tes congés. Sans quoi tu vas mourir d’un AVC avant cinquante ans et là bah tu sauvera plus personne.” Quand il faut trouver quelqu’un les chasseurs de tête y arrivent. A chaque fois. -”Enfin, c’est qu’un conseil. C’est ta vie.” Gustav n’a juste pas envie de l’avoir sur sa table de découpe.

Londres n’est pas si grande quand on y a grandi. C’est le cas de ce tec. Il peut s’y balader mains dans les poches. Il voit tout de suite les rues boisées et les bâtiments anciens et classés. Mark avait raison de parler de tranquillité. Barnet est un coin où on est au calme. -”Faut bien que ta santé te paye une belle baraque ! ” Ca n’était pas la tasse de thé de Gustav. Il préfère le climat prolétaire des quartiers populaires, là où s’est moins rangé et plus vivant. -”Je loue un deux pièces dans le bas.” Quand son mec et lui s’étaient séparés, il avait bien dû revoir son budget. -”C’est petit et cosy. ”

A la mention de la salle de cinéma dans la maison, Gustav tire un sourire. Ce brave médecin a irrémédiablement viré du côté bourgeois de la force. Il avait l’air d’en être bien content. De quoi moins le plaindre d’avoir un planning surcharger et des gardes à rallonges. -”Ah bah ouais. J’ai jamais fait de ciné à domicile..” Il sirote un peu et lui lance un regard amusé. -”T’es quoi comme genre de films ? Western ou comédie romantique ? ” Les hommes hétéro assumaient rarement avoir un certain goût pour la romance. D’ailleurs, ils refoulaient un peu trop leurs émotions pour le bien de l’humanité.

-”Maintenant, t’as l'adresse.” Gus attrapa alors une des serviettes en papier pour éponger la commissure de ses lèvres. Il finissait d’essuyer ses mains grasses. Ce petit déj avait fait son office. Il était plein et repus. La digestion allait arriver pile poil pour qu’il puisse rentrer, se doucher et se pieuter tranquille. -”Tu me diras quand on se fait cette toile, je compte sur toi.” Maintenant, il fallait quand même une petite vidange. Brener se glissa hors de la banquette. -”Je vais pisser, je reviens.” Il alla donc aux WC pour faire son affaire. La chaleur du lieu avait engourdi ses muscles tendus. Mais, il allait devoir retourner chez un physio pour soulager ses trapèzes.

-”Je vais marcher. Tu rentres comment ? Je peux t’accompagner sur un bout. Faut que je fasse une course de toute façon.” C’était toujours mieux de le faire sur le trajet. Après une garde de nuit, Brener avait un peu de mal à ressortir une fois qu’il était enfin rentré chez lui. Leur conversation avait au moins réussi à le convaincre de discuter du planning de juillet. Ils allaient équilibrer davantage.

Une fois sa veste sur les épaules, le blond poussa la porte pour eux. Il était encore tôt. L’air était doux. Les oiseaux faisaient la fête. Cette ville au matin était un vrai bonheur.


Gustav Brener
Gustav Brener
CALL AN AMBULANCE!
Messages : 86
Date d'inscription : 01/05/2023
Localisation : Londres
Profession : technicien de la morgue
Etat Civil : Célibataire
17.03.24 17:43
Revenir en haut Aller en bas
Markiyan Baran


Pause...


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]



[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]



J’entends bien ce que dit Gustav, qu’on ne doit pas vivre pour travailler. Surtout pas dans ce milieu-là. C’est vrai, je le reconnais. C’est quelque chose que je fais parce que j’ai envie de le faire. Cela ne me dérange pas. C’est fatigant, oh que oui. Mais pour moi, c’est de la bonne fatigue. Je souris, hoche la tête.

- Un jour… avant que je ne devienne médecin, il y a eu un… accident. Quelque chose de gros. Moi, j’étais pas… dans le coin. Et des gens de ma famille ont été impliqués. Il y avait des morts sur place, mais les quelques survivants ont été transférés dans un hôpital, du coin. J’ai appris qu’ils… qu’ils n’avaient pas survécu. Certains parce que les blessures étaient trop sérieuses, et d’autres parce qu’ils n’avaient pas été pris à temps. Alors… Maintenant, quand je vois qu’il manque des médecins… Je nie du chef. je préfère me tuer à la tâche, plutôt que de laisser mourir des gens. Tant pis si je n’ai pas de vacances. Tant pis si j’ai pas de repos. Je refuse de laisser mourir des gens. Bons ou pas bons, d’ici ou d’ailleurs. Jamais… JAMAIS je ne laisserais mourir qui que ce soit tout simplement parce que mes heures ont été faites ou parce que j’ai besoin de vacances, ou parce que le chien a vomi partout chez moi et que je dois rentrer. Jamais, Gustav. Qu’on meurt des suites d’un accident… Je peux l’entendre, mais qu’on meurt parce que le médecin n’était pas là. Ca non. Pour moi, c’est impardonnable. Je comprends qu’on ait tous une vie, de famille ou autre, ou bien qu’on ait besoin de vacances. On est tous humain. Mais tant que moi, je peux être de service, je le serais. A la remarque sur l’AVC, je souris. Ca tombe bien, je viens de les passer. Les cinquante ans, j’entends. Je comprends ta réaction et ta logique est… logique. Je sais que c’est dangereux de se surmener ainsi. Mais pour moi, ce surmenage n’en est pas un. J’aime mon boulot, tout comme toi, mais c’est… vital… pour moi d’être de garde. Je ne pourrais plus me regarder dans la glace si je ne faisais pas ce que je fais. Ca fait plus de 20 ans que je fais ce boulot. J’ai jamais, jamais, eu marre de ça. Tant pis si j’ai pas de vraie vacances, ça me convient. J’ai pas de vie de famille, alors… ça me convient. Voilà, ça me convient. Règlement tation ou pas. Je ricane un peu. Et puis… la règlementation, avec tout le bordel des gangs et du Brexit, elle passe à la trappe… Je regarde les gens matinaux, autour de nous. C’est pour eux que je le fais. Et tant pis s’il n’y a aucune reconnaissance, je suis pas là pour ça. Je suis là pour sauver des vies. C’est tout.

Je reprends le petit déjeuner. Les pancakes étaient vraiment bons et je me régale. J’avale deux voire trois cafés, à chaque fois que la serveuse passe pour resservir. J’ai besoin de rester éveillé, le temps de rentrer chez moi. Et puis, on en vient à parler de nos habitations respectives. Je n’ai pas à cacher à mes collègues dans quel genre de maison je vis. Finchey est connu pour être très cossu et mentir en affirmant qu’on a un studio dans ce genre d’endroit est totalement débile. Non, j’avais une grande maison, avec tout le confort nécessaire et trop de chambre à ne savoir qu’en faire. Et j’en viens également à parler et à lui proposer de venir regarder un film chez moi, vu que j’ai carrément un « cinéma » à domicile. Je souris.

- J’ai de tout… Du romantique, du western, science-fiction, thriller, même des films pour gamins, les… disney… Perso, je suis plus films des années 40/50, les américains, y’a un petit côté que j’aime bien, je ne saurai pas vraiment te dire si c’est le kitch ou le surjoué que j’aime bien, peut-être un peu des deux. C’est assez niais comme genre de film, mais j’aime beaucoup. Il me laisse là alors que je finis les pancakes et un autre café. Je remercie la serveuse et lui demande la note afin de la régler. Je me lève également quand Gus revient. Ma voiture est sur le parking de l’hôpital, donc je vais la chercher.

Code by Laxy
Markiyan Baran
Markiyan Baran
Messages : 79
Date d'inscription : 18/06/2023
Localisation : Dans une salle d'opération
Profession : Médecin urgentiste - chef de service
Etat Civil : Célibataire - Papillon volage
29.03.24 13:37
Revenir en haut Aller en bas
Gustav Brener

Pause...

«Errare humanum est »


fin juin 2028

La chaleur du lieu commençait à bien détendre Gustav. Il se sentait bien. Il rêvait de sa douche chaude. Mais cela ne l'empêchait pas de profiter de ce moment d’échange. Ils parlaient de fond. C’était une première entre eux et c’était agréable. Naturellement, ils se retrouvaient sur la base. Il le fallait pour bosser dans le milieu médical.

-”On est okay sur le fond Mark. Personne ne veut laisser personne mourir ici. Ce n’est pas à un individu de pallier la défaillance de tout un système. ” Renchérit Gustav. Conscient que seuls, ils ne pourront de toute manière pas aider tout le monde comme il le faudrait. Parce que le système de santé publique ne va pas bien. Parce qu’en effet, il y a besoin d’un recrutement de masse. -”Je ne crois pas tellement au sacrifice individuel.” Imaginons que ce docteur consciencieux se tue à la tâche. Que se passerait-il ensuite ? Rien. La direction trouverait quelqu’un en urgence. -”Par contre, je crois au combat collectif. ” D’ailleurs, c’est dans l’union et le groupe que le personnel a eu ses quelques victoires. Un directeur d'hôpital ne peut rien faire contre tous les employés, organisés et déterminés. Le syndicat principal faisait du bon taf en général. Mais c’était encore un outil dans le système malgré tout. Pour un changement profond, l'action devait se faire en dehors.

Brener souriait tranquille. Il n’entrait pas dans cette discussion pour convaincre son collègue de quoique ce soit. Ils étaient dans la discussion et pas dans un débat. La conviction de Gustav n’avait pas besoin de vivre au travers des autres. -”Bah écoute c’est ton choix. C’est ta vie. Tu fais bien ce que tu veux. ” L’anar trouvait dommage d’être prêt à clamser d’épuisement plutôt que dans une bataille de fond. Mais, il le garda pour lui. Il n’était pas là pour recruter du monde. Il suivit le regard du médecin, observa les autres consommateurs du lieu. Bien sûr, ils agissent tous les deux pour l’ensemble du groupe. Ils n’avaient pas la même méthode. -” Mh.” C’était cette formulation du “c’est tout” qui dérangeait le plus Gus. -”Pourquoi c’est tout ? ”

-”Je peux comprendre, y a une certaine esthétique. Fritz Lang, Gordon Douglas… avec de ces dialogues. ” Chez les Brener l’Amérique n’était pas une star. Mais Gus avait un Parrain. Un ami de son père qui lui avait une culture du genre. C’était chez lui que le tech avait découvert réellement cette culture. Il y avait quelque chose de séduisant dans la définition du bien et du mal de l’époque. La seconde guerre mondiale a influencé toute la génération. -” T’as un préféré ? ” Il était curieux.

Soulagé, Gus n’eut plus qu’à récupérer sa veste et son sac. Il faisait tout cela tranquillement. Maintenant qu’il n’était plus en service, il appréciait de retrouver son rythme naturel. Un qui n’était pas stressant. -”Ma voiture est sur le parking de l’hôpital, donc je vais la chercher.” Il remonta la fermeture de sa veste, détendu, souriant. -”Ok. Bah attends. Je te raccompagne. ” Ce n’était pas loin. Les gars pouvaient ainsi poursuivre leur conversation. Surtout que le soleil était bien levé maintenant. Le soleil du matin était encore doux et bienveillant.

Notre homme ouvrit la porte avec un ; -”Après toi. ” Il plongea les mains dans les poches de son jeans, nonchalant, presque indolent. Il suivait les pas de Mark tout en regardant la vie autour d’eux, les gens. Ils étaient pressés à leur tour, agités par leurs obligations, quand ils venaient de finir leur propre journée. -” Mh. ” Gus ne pouvait pas s'empêcher de penser que toute leur espèce était prisonnière du temps, ou en tous les cas de la conception qu’ils en avaient fait.


Gustav Brener
Gustav Brener
CALL AN AMBULANCE!
Messages : 86
Date d'inscription : 01/05/2023
Localisation : Londres
Profession : technicien de la morgue
Etat Civil : Célibataire
01.04.24 10:04
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Revenir en haut Aller en bas
Sauter vers: