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[Feat Manus] Ce métier nous rendra fous.
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Il n’était pas complètement inconnu qu’entre docteurs, les dossiers se retrouvaient d’aller de main en main. Que ce soit l’excès de patient, ou qu’il faille avoir une seconde opinion. Dans le cas de Manus, il semblait que ce dernier demande beaucoup d’attention, ce que manquait sont actuel thérapeute. Le dossier qu’il avait reçu mentionnait que M. McCormack sortait d’un séjour en prison. Cela avait créé chez le psychologue un court mais certain débat interne. En tant que consultant pour la police métropolitaine, cela pouvait faire naître un climat de méfiance entre le patient et lui. Naturellement, après une période de privation de liberté, il était normal de se sentir observé par la justice, cette sensation allant à la paranoïa. Les possibilités d’ avancer de telles conditions rendaient – en apparence – son utilité nulle. Inversement, la proximité policière se pouvait être un atout. Un second visage pouvait naître d’un contact assimilé à la justice : l’accompagnement et le soutien. La réflexion dura encore une vingtaine de minutes, le temps de sortir de la douche et patiemment enfiler le complet que formaient chemise, gilet, veste et cravate. L’ensemble, quadrillé dans des teintes foncées avec de fines nuances de bleu-minuit, une chemise blanche et une cravate satinée bleu marine, gardait tout le sobre nécessaire, sans pour autant passer pour un croque-mort.
L’idée de défi finalement l’emporta, alors qu’Andrew passait de l’huile sur sa moustache et de la crème sur ses joues arborant la barbe de trois jours, maintenue scrupuleusement comme telle. Après tout, le but de la thérapie, était d’aider un individu à se réinsérer dans la société, et lui permettre de partager ses frictions avec le monde extérieur. Ne serait-ce qu’avec le Brexit, le petit monde britannique avait pour le moins changé.

Leur première séance, qui s’annonçait à dix heures trente, laissait Andrew pondérer si oui ou non il lui fallait approfondir ses connaissances sur le dossier de Manus. Ce dernier, posé sur la table de la cuisine, avait été ouvert, refermé plusieurs fois. Ne voulant pas être biaisé, il échu finalement dans le coffre avec le reste des dossiers de sa clientèle, sous le tapis du salon. S’il devait créer un lien de confiance, il fallait construire des deux côtés de la rivière. Comme à l’accoutumé, il s’était perdu dans sa réflexion, ne s’en rendant compte qu’une fois qu’il avait tendu le bras pour attraper un verre d’eau à la cuisine. Sa main ne réussit qu’à battre l’air. Il était arrivé au salon, assis dans son fauteuil. Andrew contrôla que sa montre était bien en place raclant sa gorge, comme s’il eut été surpris dans son étourderie. Le bijou serré correctement, ses yeux parcouraient les lieux, inspectant que son salon ne l’était plus, mais bien un cabinet. Voyant le fanion des grenadiers, ses lèvres se pincèrent en une moue pensive. Manus était irlandais, avec un nom comme Mc Cormack, c’était hautement évident, dossier ou non. Les relations tumultueuses du passé et malheureusement présent n’étaient pas le meilleur départ.


- Non,annonça-t-il à voix haute pour lui-même, massant sa paume gauche de son pouce droit. Entamer une thérapie sur la dissimulation et le patient ira se murer. Hmm hmm.

Sa langue claquant au palais, Andrew s’avança vers le poste radio, élevant le volume de sourdine à audible. Machinalement, sa main droite alla se caler dans une poche de pantalon, et la gauche claqua des doigts, alors qu’il penchait la tête sur le côté. Son corps réagissait plus vite que son esprit, reconnaissant l’air en cours, n’étant autre que [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]. Entre deux battement de rythme, un œil à sa montre. Il était dix heures et seize minutes, lui laissant le temps s’asseoir quelque minutes, parcourir son agenda pour la journée. Il passa sa langue contre sa joue, cherchant de quoi s’occuper et ne pas apparaître comme attendant son client de manière agressive.
À l’exception de ce premier contact avec l’irlandais, la journée était creuse. La bonne nouvelle étant que cela laissait le temps d’étirer la séance autant que nécessaire avec Manus, dut-ce être une séance courte il aurait le temps d’aller nager l’après-midi. Dans tous les cas, il faisait beau ! Tout du moins… Selon les standards anglais ; à savoir qu’il ne pleuvait pas.
De retour dans son fauteuil, Andrew ne regrettait qu’une chose, ne pas avoir le temps d’une tasse de thé.
Décidemment, cette séance allait prouver être au grand minimum intéressante, sinon approcher les frontières de la zone de confort du docteur. Et cette pensée décocha un sourire en coin à Andrew, sa respiration se calmant, recentrant sa pensée sur la séance, la journée. La première chose à faire serait d’établir ce que comptait tirer Manus de sa thérapie, si tenté qu’elle n’était pas entièrement ordonnée par le juge.
Se levant une dernière fois, il ne résista pas à se diriger vers la cuisine pour un grand verre d’eau et jeter un dernier coup d’œil à son téléphone. Qui sait, peut-être que l’on pensait à lui, si tôt dans la matinée, sans être un conjoint malheureux et bloqué dans une histoire à sens unique.

Ah… L’amour et son miel empoisonné.


*Je devrais la noter*

10h21

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22.03.19 22:01
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Etre un prisonnier de la couronne, l’avoir été du moins, donnait quelques obligations. Pour la plupart, rébarbatives. Au yeux de l’Irlandais, la prison lui avait offert des rencontres et un job, mais non parce que les autorités en avaient décidés ainsi, parce qu’il avait prit les bonnes décisions, s’était montré loyal envers les bonnes personnes, et pour cela, il devait simplement remercier son instinct comme toujours. Celui qui le guidait depuis des années, et lui évitait les ennuis, les tracas et les déceptions comme les faux pas. Il pensait que cet instinct était les mains de sa sœur, de l’esprit de sa sœur décédée en le protégeant. Comme tout irlandais, il avait une foi irrésistible dans les fantômes et un sens inné de la tragédie.

Quoi qu’il en soit, ces obligations l’amenaient aujourd’hui dans le cabinet d’un psychiatre ou psychologue, qu’importe, quelqu’un que l’état aura jugé compétent pour fouiller dans sa caboche. Au yeux de l’Irlandais croyant qu’il était, c’était une hérésie. Seul dieu pouvait lui pardonner ses pêchés, seul dieu pouvait les observer, les ausculter, certainement pas un homme bardé de diplômes surpayé dans un appartement transformé en bureau. Mais comme tout bon Irlandais ayant passé trop de temps loin de son foyer, de son pays, il avait appris à faire bonne figure à mentir s’il le fallait, à dire ce qu’on voulait l’entendre dire afin de se libérer de ces fardeaux qu’on lui imposait. Mais soyons deux secondes honnêtes, il aurait préféré se castagner avec la bratva plutôt que de passer une heure seulement en présence de ce docteur.

Pour l’occasion cependant, il s’était bien vêtu, d’un élégant costume de flanelle grise, d’une chemise de coton sans cochonnerie synthétique dedans, les cheveux passé en arrière à coup de peigne à coup de peigne, il avait l’air presque d’un homme du monde. Bien s’habiller avait-il appris à l’hôtel auprès du tailleur, pouvait chasser l’image du chef de gang, lisser l’image de l’ancien membre de l’I.R.A. et certainement pas faire penser à quelqu’un capable d’ultra violence ou de fabriquer des bombes. La tenue était donc requise pour ce rendez-vous même si elle n’effacerait pas les cicatrices, présentes sur son visage et ses mains. Le reste étant parfaitement masqué par une tenue soignée.

Il tomba sur une énorme porte, une sonnette. Il s'était attendu à un cabinet avec plusieurs psychiatres, une secrétaire, mais visiblement le cabinet du psy était un appartement privé. Manus appuya sur la sonnette et attendit donc sagement qu'on lui ouvre.
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04.05.19 17:51
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Avec le temps qu’il restait avant la consultation, Andrew s’était mis confortablement dans un de ses canapés, avec la dernière édition du Courrier International. Quant bien même la mentalité isolationniste était montée en flèche, Andrew appréciait la lecture des journaux étrangers. Si en plus cela forçait l’anglais à travailler son français, c’était un exercice bienvenu. Un article sur le regain de popularité de la côte Sud du Portugal et de ses villages à l’intérieur des terres était particulièrement prenant, lorsque la sonnette retentie. A sa montre, il était moins une, mention qui fit sourire le psychologue.

- Si seulement nous pouvions toujours être moins une, grogna-t-il en s’extirpant du canapé.

L’édition du Courrier fini sur la table basse, un coin de page replié pour ne pas perdre son fil, Et Andrew se dirigea vers la porte. Machinalement, ses mains se mirent au travail, dans des gestes réflexes : contrôler l’état de ses manches, de son col, de sa cravate. Le temps d’atteindre la porte d’entrée, Andrew s’arrêta, un dernier coup d’œil dans son dos. Non, tout semblait correct. Redressant ses lunettes au fond du nez, il ouvrit la porte avec un franc et authentique sourire, souhaitant la bienvenue à son nouveau patient.

- Monsieur McCormack, bienvenu, entrez donc, commença-t-il, déroulant un bras vers l’intérieur et invitant l’irlandais à entrer. Je suis Andrew Paddington, continua-t-il en inclinant très légèrement la tête en avant.

Lorsque Manus dépassa l’encadrement de la porte, il fut accueilli par une main tendue. Serrer les mains, un premier geste qui ne pardonnait pas chez Andrew. Il aimait à dire qu’il ne s’était alors jamais trompé sur qui que ce soit, après seulement une poignée de main. Certes le bon docteur prenait un raccourci, car il omettait volontairement d’ajouter que la poignée de main s’accompagnait du langage corporel général, inclus la démarche de la personne avant et après les salutations de rigueur. Mais en omettant ces menus détails il pouvait d’une part continuer à le faire sans inquiéter personne, et ne pas passer pour un malade maniaque, un prédateur. La poignée de main et ses contraintes sociales faites, il mena le pas direction le salon avant de présenter ce dernier. S’ouvrait alors un choix pour Manus. Le canapé, dos au vestibule d’entrée, le fauteuil face à la fenêtre ou la chaise Louis XVI dos à celle-ci.

- Je vous laisse vous installer où bon vous semble. Vous désirez un thé, un verre d’eau peut-être ?

L’avantage d’être chez soi pour les consultations, était cette proximité, et capacité à fournir le nécessaire de mise à l’aise des patients. Et de manière plus pragmatique, cet environnement permettait de révéler plus aisément les comportements sociaux des individus. Aussi, Andrew, dans un regard simple et souriant, fit note mentale des choix et gestes de son nouvel invité. La consultation pouvait commencer, du moins pour lui.

Sur la table de la cuisine, le dossier Manus, fermé, attendait d’être récupéré.
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21.06.19 15:30
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La porte s’ouvre révélant un sourire colgate, une mâchoire carrée, de grands yeux bleus, et un charme anglais tout à fait identifiable. Le genre de beauté qui doit attirer un grand nombre de femmes surtout qu’il est associé à une tenue d’intellectuel, classique et chic. Manus a tendance à détester ce genre de physique à qui le monde est offert sur un plateau, tout comme ce genre d’accoutrement qui dit clairement qu’il appartient à une autre classe sociale. Le prolétaire qu’est Manus et qu’il sera toujours en dépit de ses revenus grandissant depuis son installation dans le trafique d’alcool notamment, a toujours une certaine réticence envers les bourgeois, surtout lorsqu’ils sont anglais ! L’irlandais qu’il est sent ses poils s’hérisser naturellement en présence de pur produit de l’empire britannique. La présence d’un courrier international posé négligemment n’argumente pas en la faveur du psychiatre. Mais qu’importe n’est-ce pas ? Manus n’est pas venu faire ami ami, il est là parce qu’on l’y oblige. Il a même le papier à faire signer soigneusement plié dans sa poche.

Le nom colle totalement à l’image du type. Manus se demande s’il est du genre à porter du tweed en buvant du thé, et certainement l’est-il. « Bonjour monsieur Paddington et merci. » répondit-il sobrement. Pas besoin de faire un laïus, le psy allait certainement lui demander de parler pendant des heures alors que l’irlandais avait tout sauf envie de s’épancher. Il n’était pas d’un naturel très bavard, c’était plutôt quelqu’un qui observait et écoutait qu’un bavard. En prison, il y avait toujours des types à la langue bien pendue, des charmeurs et des orateurs, souvent vantards. Ces types n’arrêtaient pas de jacasser, et ils en racontaient toujours trop. Cela finissait par leur causer du tord. Manus avait appris à la boucler, et avait ainsi continuer, fait sa carrière sur son silence. Pas sûr que le psy allait l’apprécier en tant que patient. En revanche, il prit la poignée de main, la serrant fermement mais sans trop serrer. Il estimait que les gens qui forçaient les poignées de mains avaient quelque chose à compenser.

Le salon était accueillant, chic, bon genre. Et bien sûr, le psy lui proposa du thé ou un verre d’eau. Aucun sens de l’accueil. L’irlandais buvait du café noir et du whisky, parfois de l’eau fraiche, mais jamais ces horreurs dont les anglais raffolaient. Il n’avait jamais compris leur obsession pour le thé et encore moins leur manie d’y mettre du lait. « Si vous avez du café, je veux bien, sinon l’eau m’ira très bien. » répondit-il avant de jauger les meubles. A priori le psy va vouloir s’asseoir dans le fauteuil, il a suffisamment vu d’épisodes des Soprano pour savoir comment ça se passait. Mais avant de prendre place sur le canapé, il pivota et tendit le papier qu’on lui avait confié et que le psy devait signer. « Tenez, il faut que vous le signez je crois. » Il prit donc place dans le canapé mais ne s’y effondra pas, il s’y tient droit comme un i, presque comme s’il comptait décamper à la moindre occasion. Après tout, il avait déjà repéré les sorties de secours d’un regard agile.
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16.07.19 12:01
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Comme Andrew s’en était préparé, et comme son confrère l’avait averti, Manus n’était pas quelqu’un de visiblement chaleureux, ni sociable. Poli certes, et avec tous les tiques sociaux attendus chez tout un chacun. Mais il avait ses armes dans l’armée, ce petit microcosme de Grande-Bretagne, où aucun membre homme ou femme ne voulait s’ouvrir. Surtout les femmes, car malgré le temps et les initiatives, elles devaient encore se battre plus que certains hommes pour avoir le même rang. Aussi, comme ancien porteur de Multicam, chacun son rythme, et ma foi si cet irlandais avait la tête trop dure, prouvait Freud et sa théorie sur l’imperméabilité au travail de l’esprit, il faudrait voir a refiler le dossier plus loin.

Mais Andrew était très loin d’abandonner. Il n’avait aucunement l’envie d’avoir un premier échec de dossier. Aussi cete introduction avait déclenché moult engrenages dans la tête du psy, car il s’agissait désormait de se lancer sur un rail avec M. Mc Cormack.

- Café ce sera alors, répondit-il simplement, refermant la porte.

Andrew allait partir immédiatement pour aller préparer la liqueur noire de son patient, lorsque ce dernier produisit un papier. Évidemment, si la cour avant mandaté le suivi d’un psy, la paperasse allait suivre. Un pas de retour vers l’irlandais et il se saisit du papier et le parcouru rapidement, en connaissant ses lignes inutiles, et celles cruciales.
- Ah, oui, en effet, sourit-il brièvement.

En quelques enjambées, il posait le pied dans la cuisine ouverte, se dirigeant vers sa petite, usée mais toujours aussi fiable, cafetière italienne. La prendre en main le fit sourire, car depuis son départ de Windsor, il n’en buvait que rarement.

- Personnellement, j’évite le café depuis quelques temps, entama-t-il se tournant vers son patient encore debout. Prenez donc place Monsieur Mc Cormack, où bon vous semble. Attention au canapé cela dit, il est plus mou qu’il n’y parait, ajouta-t-il avec un sourire.

Bon nombre de personnes, patient°es et invité°es s’étaient fait surprendre par le dit canapé.
L’eau se mit à chauffer pour l’un et l’autre, Andrew, qui retourna vers Manus, avant de s’installer en face de ce dernier, selon son choix d’assise. Volontairement, il avait répété l’invitation à choisir un siège, une chaise ou un canapé. Pas un test, mais une prise de pouls.

- L’eau arrive, commenta-t-il, en attendant je vous signe votre papier et nous allons commencer cette première session si vous le voulez bien.

D’un geste automatique, irréfléchi et bref, le docteur joignit l’index et le pouce. Les doigts allèrent se poser sur le centre de la moustache avant d’en lisser le poil vers l’extérieur. Comme s’il enfilait la veste médicale après avoir accueilli le plus simplement et naturellement Manus.

- Monsieur Mc Cormack, déclara Andrew, articulant, parce que je sais ce que je représente pour vous et votre liberté, je suppose que nous allons mettre les règles – aussi simples soient-elles – sur la table. Je serai franc, car c’est la moindre politesse professionnelle. J’espère pouvoir attendre la même honnêteté de vous. Il n’y aura pas d’interrogatoire, et il n’y a pas de piège du système. Je ne vous questionnerai pas sur les crimes qui ont été mis sur vos épaules, je ne tire pas de confession utilisable pour la cour. Vous êtes ici pour un suivi avec moi, et moi avec vous pour assurer une robe que vous êtes aptes à vous balader en ville.

Andrew marqua une courte pause, scrutant Manus, voulant lire son langage corporel. La prison et son système laissaient un goût amer à ses occupants. Il était simple de penser que la Justice était partiale et après les gens à vie. Prenant son stylo, logé dans sa veste, il signa promptement le papier de la cour. Cette première session ne serait surement pas celle de l’ouverture. Tel n’était pas le but. Il s’agissait de se rencontrer, et montrer un lieu qui, faute d’être sécuritaire, saurait être neutre.

Avec un demi sourire, il glissa le papier de retour vers Manus, avant d’attendre si ce dernier avait quelque chose à répondre. Après, il y aurait de quoi boire à la table, joie des plaques à induction.
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02.08.19 23:40
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L’irlandais observa le psychologue se levant pour fournir le brevage quasi sacré lorqu’il lui tendit la feuille. Les yeux du psychologue firent le tour du bout de papier qu’il devait connaître à force par cœur. Manus savait qu’il n’était ni le premier ni le dernier ex-taulard à passer cette porte. De nos jours, on pensait régler le problème de la criminalité à coup de rendez-vous chez le psy. Manus ne croyait pas que ce genre de chose pouvait marcher. Peut-être que c’était utile pour reconnaître un patern criminel, pour tenter de prévenir une future criminalité mais il doutait qu’un jour la société en arrive là. Si la société se souciait réellement de corriger ses problèmes, comme la misère qui engendrait beaucoup de criminalité, le problème de base ne se poserait même plus. En quoi était-ce si difficile d’admettre que l’injustice poussait à la violence ? Surtout lorsqu’elle était répétée génération après génération. Il ne faut pas s’attendre à ce que quelqu’un n’ayant rien à perdre se tourne les pouces. Manus observa la feuille disparaître avec le psy qui alla s’occuper de faire couler le café avec une cafetière italienne, un soin pour la caféine que n’ont pas la plupart des anglais. Souvent il avait droit au café soluble l’une des pires inventions qu’il soit.

« Vous buvez du café ? Je pensais que les anglais ne buvaient que du thé ou de la bière. » observa Manus légèrement moqueur. C’était son côté fier irlandais qui ressortait, sous forme de blague plutôt que de bombe posée, plutôt une bonne amélioration monsieur le psy, non ? Cette pensée le fit sourire. Mais à dire vrai, il ne s’était jamais trop posé la question de s’il avait vraiment envie de tuer des anglais, on lui avait dit que c’était ce qu’il fallait faire depuis tout petit, et il y avait toujours quelqu’un à venger à l’époque. A présent, il vivait à Londres et se formalisait plutôt bien de croiser des anglais, tant qu’il pouvait retrouver son quartier, ses hommes et ses pubs à la fin de la journée. Manus s’était déjà enfoncé dans le canapé avant que le psy ne le prévienne, il fut néanmoins surpris de constaté à quel point il s’y était enfoncé quand l’anglais le lui fit la remarque. Habitué à des meubles bien moins cosu, il ne s’en formalisa pas. « C’est mieux qu’une planche de bois visée au mur. » argua-t-il. Cela était une blague de prisonnier, il en avait quelques unes qu’il aimait sortir de temps en temps.

L’humour n’était au fond qu’une façade, comme le sourire charmeur, ou les citations qu’il lui arrivait de sortir, une façade qu’il avait appris à soigner au fil du temps. Après la prison, ça avait été plus facile de la reconstruire, on lui avait donné deux ou trois conseils en prison. Avant cela, il n’aurait même pas sorti un seul son, il serait resté prostré jugeant d’un œil méfiant le psychologue.

« J’apprécierais, oui, merci. » répondit-il au sujet du papier.

Manus écouta les règles énoncées. Il aimait les règles. Comme il aimait le cadre. Quand la situation devenait hors de contrôle, les règles c’était tout ce à quoi on pouvait se raccroché. Ayant manqué de cadre enfant, Manus aimait les règles de la mafia irlandaise, comme il avait apprécié le cadre de la prison, les règles intérieures entre les prisonniers, le code moral et à la fois immoral des criminels lui plaisait. Il pouvait suivre les règles données mais il ignorait s’il pourrait réellement faire confiance à cet homme. Pas qu’il était anglais, ce qui jouait en sa défaveur, mais qu’il faisait parti du système, de ceux de l’autre côté de la barrière. Il n’était pas un criminel en un mot commençant, et parfois, ça se limitait juste à ça.

L’irlandais s’avança, se mettant en avant, afin de moins s’enfoncer dans le canapé et pouvoir être à hauteur des yeux du psy. Il l’observa longuement, s’humecta les lèvres, déglutit, puis il prit la parole. Le silence ne le gênait pas, il s’y était habitué, et il aimait observer comment les gens réagissaient au silence, souvent mal. « Les règles sont une bonne chose, monsieur Paddington et j’essaie le plus souvent de les suivre, quand je le peux. L’honnêteté est un pari risqué mais pourquoi pas s’y essayer ? Relever des défis est toujours intéressant, ne croyez-vous pas ? » affirma Manus. En vérité, il ignorait s’il pourrait être totalement honnête, s’il aurait le courage de lui dire quand ses questions ou remarques allaient trop loin, ou s’il userait de l’humour comme une palissade pour s’en protéger. Mais il était sans doute trop tôt pour savoir quelle stratégie l’un comme l’autre allaient adopter. Manus sourit, ça pourrait être intéressant. Il calla ses mains fermées sur ses genoux, ayant croisé ses jambes. Il avait l’air pensif.

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24.08.19 23:27
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