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[CLOS] That's the policy, honey! (Peter)
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Invité
That's the policy, honey
Jessica & Peter
I feel free when I see no one And nobody knows my name God knows I live God knows I died God knows I begged Begged, borrowed and cried God knows I loved God know I lied God knows I lost God gave me life And God knows I tried

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Séparés par la porcelaine désormais tachée par la caféine et ce thé dont les arômes subtiles peinent à tuer l'arôme tenace de ce tabac mentholé que je fume dans l'espoir d'encrasser mes poumons, d'étouffer mes doutes dans la doucereuse étreinte nocive de la nicotine, dans cette familière et nécessaire addiction que je ne tente de soigner, dans laquelle je m'abîme au contraire toujours plus dans l'espoir de trouver dans les ronds de fumée, cette sagesse qui frappe les damnés, les esprits égarés, les déments qui flirtent avec le vide, avec ce vertige qui nous pousse vers la tombe, vers cet au-delà tant désiré, je me fais impassible aux remarques de l'avocate, souriant par instants, soupirant, me refermant quand elle vient à nouveau plonger ses doigts sous la surface de mon être, cherchant dans mes entrailles et viscères, entre mes organes et autres secrets, la silhouette de Christian, cet unique qui a su se noyer en ma compagnie dans l'océan, qui a voulu affronter ses vagues qui avec le temps ont fini par tailler cette silhouette malmenée par les désillusions, par le passage du temps et d'amers réalisations, constations qui se font faites certitudes, condamnations et ultime raison. Là, quand elle vient de ses lèvres, de ses mots, de ses crocs aiguisés par l'allégresse de me savoir offert, prêt à crucifier pour les ténèbres, pour cet obscurité qu'autrefois je prétendais chasser, pourfendre de mes idéaux, à nouveau prétendre révéler les courbes de cet aimé que je ne cesse d'enfouir au sein de ma cage thoracique, de jalousement garder par crainte de le voir s'enfuir, songer, s'enticher d'un être plus humain, plus équilibré, je ne que je me raidir, que serrer les dents et laisser mon échine se tendre, être caressé par la violence d'une pulsion furieuse et amoureuse, qu'exprimer mon mécontentement d'un froncement de sourcils, d'un soupir et d'une fuite que seules mes prunelles dessinent, en cessant de contempler la diablesse que je délaisse le temps de m'agacer de cette réaction épidermique, de ce comportement de jeune adolescent que j'aurais dû perdre, semer à l'instant même où je l'ai quitté, lorsque nous n'étions que deux étudiants, deux jeunes diplômés aux cœurs si joliment mutilés par le nom de l'autre, par l'impression d'avoir effleuré du bout des doigts, un état de grâce, une extase qui sera à part de là, inatteignable, un fantasme qu'il faudra émuler, simuler avec ceux qui viendront, qui seront.

Tu glisses tes doigts dans mes plaies et tu jouis de me voir saigner, sans verser une larme, pleurer cette faiblesse typiquement humaine, terriblement terrestre qui m'empêche de complètement renier cette nature profonde à laquelle je ne pourrais jamais totalement échapper, qui se fera fatalité quand un jour, mes os seront mis à nu, dévoilés à cette terre qui n'aura aucun regret à me réclamer, à m'empêcher de connaître l'éternité au sein des vagues, du ressac d'un océan capricieux, de l'écume et du sel. Tu es là, à jouer avec cette estafilades qui dénudes mon âme, qui te laisse entrevoir cette vérité que je suis le seul à nier, à tenter de dissimuler, non par crainte, mais par pudeur, par honte d'être comme vous, de perdre cette unicité qui me permet, m'autorise à vous toiser, à vous narguer, à m'amuser de vos travers, de l'évidence et du prévisible de vos fautes, de vos péchés. En parfait démone que tu es, tu incarnes cette succubes qui entraîne un ange vers les profondeurs, qui lui donne un sexe, un travers pour mieux fendre son auréole, briser ses ailes et lui retirer l'amour de son Père.

« Jessica. »

Alors qu'elle tend sa carte, respectant sa promesse en payant nos consommations, je siffle entre mes dents, déjà occupé à récupérer ma veste, à la remettre pour de nouveau me draper, me faire cet amer défait qui n'accepte d'avoir perdu à cause de sa droiture, de son respect de ses lois érigées en psaumes qu'il récite pour des victimes en quête de rédemption, d'une absolution souvent décevante, plus fade que le serait l'oubli ou le pardon, l'amnésie et cette folie dans laquelle s'égarent ceux incapable de faire leur deuil, d'affronter leur propre mortalité, la cruauté de cet inévitable qui finira par les rattraper, les faucher comme bien d'autres avant eux.

« N'insiste pas, veux-tu ? J'ai compris. »

Je sais qu'il n'est plus temps de prétendre, d'espérer mentir et être porté aux nues, d'endosser la peau d'un homme que je n'ai jamais été, d'un amant que Christian ne peut plus supporter et encore moins aimer. J'ai conscience de cela, que l'âge de la tromperie arrive à sa fin, qu'il est mon devoir d'accepter cette homosexualité que je cache parce que je la crains, cette plèbe qui aime tant m'admirer, embrasser mes paumes et me couronner avatar, ange d'une vertu que je ne reconnais pas, que je méprise une fois plongé dans le noir. Je suis lucide, et pourtant, je ne cesse d'enfouir mon visage entre mes mains, de tenter de changer ce cœur qui n'a jamais su battre, qui en cet instant, n'est que fragment.

En choeur avec son corps, je m'élève et quitte la table pour me déployer, me redresser et la toiser, gentiment tenter de la menacer, de lui faire entendre les grondements de cet égoïsme qui me fait le garder prisonnier de mon existence, de ma personne, de ce songe que je fais parfois, quand épuisé, entre ses bras, il évoque la possibilité que le temps puisse se faire clément, accepter de remonter son cours pour nous ramener à cette époque bénie où tout était plus simple, plus pur, encore intact, immaculé, quand il tente de me ramener à lui, de me tirer de l'étreinte sauvage de l'océan, de ces vagues que je laisse m'envelopper, toujours plus m'attirer vers une perdition programmée, dans les griffes de cette solitude que je n'ai jamais redouté, que plus jeune, j'appréciais.

« Comme un gentil garçon, je prendrais soin de réviser mes leçons, promis. »

Je ne sais ce que tu crains, mais te voilà bienveillante tout à coup, presque douce, assez pour que je m'inquiète, pour que je commence à redouter les requins qui nagent dans tes promesses, qui m'attendent dans cette nouvelle vie que tu fais miroiter devant mes prunelles ternies par l'âge, par ces années qui finissent par tuer l'enfant que l'on tente de garder en vie en soi.

« Sois à l'heure. Je déteste attendre. » lui dis-je simplement avant de la quitter, de la laisser pour retrouver le reste du monde, pour m'attarder un instant sur le trottoir, le temps de m'allumer une cigarette à laquelle j'arrache une volute gracieuse, une arabesque qui précède mes pas, qui annonce ma venue a ceux qui me croisent, et à celui que je retrouve le soir venu, pose sur ma silhouette un regard étonné qui se fait là toutes les interrogations qu'il n'ose formuler, toutes les questions qu'il laisse au silence, à cette expiration qui est la mienne, à ce doux murmure que je formule en me déshabillant, en venant me glisser à ses côtés sur notre sofa, en me saisissant de ce livre qu'il lisait, pour feindre de le feuilleter, un instant seulement, avant de me laisser.

« Je sais. »

Je sais.
Made by Neon Demon
Invité
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Invité
17.10.20 23:19
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