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Qui accepte le verre contracte une dette. [Pv : Llewyn]
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Cinq, en réalité, si elle comptait le fait de lui avoir révélé être magicienne. Mais Llewyn ne voulait pas abuser la générosité de son interlocuteur. Une question en moins ne la tuerait pas

Vaughan prit quelques secondes pour réfléchir, s’aidant d’une gorgée de bière pour mettre un peu d’ordre dans ses pensées. Il trichait en triant ses informations de la sorte quand elle lui avait demandé d’être impulsif. Malgré cela, pour ne pas paraître trop exigeante, la rouquine ne le pressa pas. Elle se contenta de suivre son mouvement du regard quand il reposa son verre en lui frôlant - involontairement ou non - la main.

« Ok... Je, ... je me débrouille en espagnol. Isabel s'est occupée de moi quand j'avais... Entre quatre et dix ans. J'ai d'abord retenu les insultes et autres réflexions impulsives, mais j'ai vite saisi le reste. »

Le cerveau de l’Irlandaise fit quelques connexions et au moins autant de nœuds. Ses prunelles s’étrécirent alors qu’elle tentait de percer le quadragénaire à jour. Elle détailla comme elle le put les traits de son visage, espérant, peut-être, y lire une preuve de ses origines. Elle l’avait cru d’ascendance italienne, avec ses cheveux noirs, ses yeux sombres et son sourire charmeur. Mais pourquoi les Ritals auraient-ils pris la peine d’embaucher une locutrice espagnole pour apprendre la langue du pays voisin à leur enfant ? Chauvins et arrogants comme ils l’étaient, c’était à peine s’ils baragouinaient l’anglais.
La curiosité lui piqua légèrement la nuque. Elle aurait eu une centaine de questions à lui poser : qui était Isabel ? Une nourrice ? Une belle-mère ? La voisine d’en face ? Parents trop occupés ? Famille monoparentale ? Il fallut qu’elle se râpe la langue à coups d’IPA pour n’être pas tentée de noyer Vaughan dans un flot d’interrogations. L’expatriée n’avait plus assez de cartes en mains pour le moment ; et puisqu’elle avait elle-même fixé les règles du jeu, elle ne pouvait le pousser à se livrer plus de quatre fois sans se dévoiler elle-même un peu plus.

« Ça compte, comme première information ?
- J’imagine que oui. »

Elle se serait attendue, en réalité, à le voir emprunter le chemin de la facilité. Puisqu’il avait encore ses réponses en tête, il aurait très bien pu rebondir dessus en donnant à son tour sa boisson favorite, le nom de la personne qu’il déifiait lorsqu’il était plus jeune, ou celui du chien avec lequel il avait grandi.

« Ah et tu sais que j'ai été élevé par plusieurs femmes, ça fait deux infos d'un seul coup. »

Llewyn hocha la tête de droite à gauche, ses cheveux roux dansant entre ses omoplates. Elle but une gorgée de bière avant de remettre les choses à leur place :

« Ça ne fonctionne pas comme ça. Je ne t'ai pas demandé pourquoi tu parlais espagnol, tu as volontairement précisé. Il me reste trois informations ! »

Fourbe ? Peut-être. Elle savait l’être, en tous cas. Jouer sur les mots n’était pas bien difficile en l’occurrence, et elle ne doutait pas de la bonne volonté de l’enquêteur.

« J’ai envie d’en savoir plus sur les femmes qui ont marqué ton enfance mais … Je ne veux pas non plus griller mes questions trop rapidement … »

Inconsciemment, la transporteuse fronça les sourcils. Ses doigts martelaient l’un après l’autre la surface de son verre. Elle prit une inspiration quand la question la plus pertinente lui vint et lâcha :

« Comment est-ce que tu en es arrivé à ce boulot ? Je veux dire, il y a une école pour ça …? On vous apprend à porter un imper' et à vous cacher derrière un journal ? »

Ou s’était-il formé seul, depuis l’adolescence ? Elle lui imagina un passé sombre, un événement tragique qui l’aurait poussé à entreprendre cette profession pour se venger. Décidément, son esprit divaguait facilement ce soir, puisant chacune de ses réflexions dans le cinéma des années cinquante dont elle ne connaissait, en réalité, que peu de références. Elle se contentait de clichés en la matière.
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26.04.20 12:41
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Qui accepte le verre contracte une dette.
Llewyn & Andrea
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« Ça ne fonctionne pas comme ça. Je ne t'ai pas demandé pourquoi tu parlais espagnol, tu as volontairement précisé. Il me reste trois informations ! »


Bah, il fallait le tenter. J'accepte la précision des règles du jeu et hoche la tête, studieux.
J'ai toujours été un élève si ce n'est hyper obéissant au moins assez malin pour me fondre dans la masse et passer inaperçu tout en tirant un certain profit de la situation. J'ai vite compris qu'être le plus insolent n'était pas judicieux, le plus brillant non plus - trop la flemme et pas assez de capacités je pense. Il s'agissait de trouver un équilibre là dedans, comme dans tout. Même aujourd'hui.

Dans cette rencontre qui n'a pas encore de réelle saveur, je ne veux pas être l'indiscipliné. Mais le naturel ne s'efface pas et Oz doit déjà bien cerner la facette arrogante de ma personne.
Quoique. Je me trouve décidément trop enjoué, péniblement poli et docile.
Je me concentre.

Trois informations. Les miennes, au départ, mais Oz se les approprie, modifiant subtilement la donne. Il semblerait désormais que les trois manquantes n'aient plus à tomber d'entre mes lèvres sous l'effet de mon choix, ni du hasard. Elles sont devenues des questions dans sa jolie bouche. Elle émet à voix haute ce qui attise sa curiosité sans céder finalement ;
Je suis amusé de savoir que ces femmes de mon enfance soient un sujet intéressant pour une quasi inconnue.
Attention, trois munitions sont vite dépensées.

" Vise bien. "

Sa moue concentrée et la nervosité au bout de ses doigts me captivent. Elle trouve enfin :

« Comment est-ce que tu en es arrivé à ce boulot ? Je veux dire, il y a une école pour ça …? On vous apprend à porter un imper' et à vous cacher derrière un journal ? »

" C'est, une seule question j'imagine ? "

Bien que son éraillée soit montée vers les aigües plusieurs fois. Je la taquine et efface la pique d'un signe de la tête avant de répondre avec sérieux. Il n'y a rien de dangereux à évoquer mon métier. Si ça risque d'être ennuyant, je préfère lasser l'irlandaise plutôt que de peindre une nouvelle cible sur ma tête.
Je continue de penser qu'elle n'est pas mal intentionnée et précise :

" Il y a des écoles dans certains pays oui, sans quoi la profession est inaccessible. Ce n'est pas le cas chez nous. Enfin il y a des établissements qui apprennent certains trucs, comme ceux que tu cites, j'imagine. Je n'en sais rien, je ne les ai pas fréquentés. "

Je me frotte la nuque distraitement, un rien moqueur à l'idée de ces enquêteurs formatés par une élite de commerçants avides. Certains deviennent de bons professionnels, mais c'est surtout du à l'expérience et au tempérament qu'à ces heures de cours. Disons que ça permet aux plus novices en droit de rattraper un peu leur lacune en la matière.
Pour le reste ;

" Donc, une info gratuite : je suis avocat de formation. Et pour te répondre : j'ai opté pour l'enquête privée par défaut, au départ. Je ne plaide plus mais le droit est mon monde. Mes connaissances de la loi et mon relationnel à la Cour ont fait du métier de détective une bonne option. "

Inutile de parler de ma condamnation. Elle blesse mon égo et risquerait de me faire chuter dans son estime. Ou pas, si elle aime les impulsifs colériques. Une part de moi qui a surgit au bien mauvais moment ce jour là.
Dans un haussement d'épaules j'attaque un peu plus ma bière avant de lui sourire - et de virer ce rictus de mon visage en prenant conscience de la fréquence à laquelle il apparaît.

" T'as carrément orienté le thème ! Ça mérite une sixième infos. " Je ne lui laisse pas le temps de protester. L'interrogatoire peut très bien être un échange de questions après tout : " Quelles que soient les raisons "professionnelles" qui expliquent ta présence à Londres, tu as l'intention de retourner t'installer en Irlande ? "

Non je ne l'interrogerai pas sur l'IRA ni même sur son job peut être parfois légal. Mais il est clair que l'Angleterre n'est pas une destination dont elle a rêvé. Oz ressemble trop à ces nomades presque fugitifs, errants, à la suite desquels sont accrochés les souvenirs flous d'une contrée tristement lointaine, comme inaccessible tant que la mission n'est pas accomplie. La rousse me donne l'impression de subir notre prohibition, notre langue, notre fausse diplomatie et tout ce qui fait que nous ne sommes pas irlandais.
Mais pourquoi ?
Cette question-ci reste muette. J’attends sa réponse, les yeux accrochés à ses lippes.
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26.04.20 14:10
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Première rencontre avec un détective privé, et il la décevait presque tant il s’éloignait des stéréotypes. Elle l’aurait préféré les cheveux impeccablement peignés, rasé de près, un fedora vissé sur le crâne. L’arrogance, la coursière avait comme l’impression qu’il la maîtrisait déjà.

« C'est, une seule question j'imagine ? »

Perspicace, cependant, une qualité sans doute bien ultime dans son corps de métier. Llewyn confirma d’un aye muet.

« Il y a des écoles dans certains pays oui, sans quoi la profession est inaccessible. Ce n'est pas le cas chez nous. Enfin il y a des établissements qui apprennent certains trucs, comme ceux que tu cites, j'imagine. Je n'en sais rien, je ne les ai pas fréquentés. »

Vaughan s’était donc forgé seul. L’annonce ajoutait une étrange crédibilité au personnage. Il fallait une force toute particulière pour partir de rien et se faire une place dans un univers accessible par des moyens plus simples. Quant à savoir s’il était bon, c’était une autre histoire. Il était encore en vie, preuve que les informations demandées par l’IRA étaient justes et pertinentes. Ou preuve, à défaut, qu’il mentait suffisamment bien et pouvait monter un faux-dossier assez probant pour ne pas que l’Armée se rende compte directement de la supercherie.

« Donc, une info gratuite : je suis avocat de formation. Et pour te répondre : j'ai opté pour l'enquête privée par défaut, au départ. Je ne plaide plus mais le droit est mon monde. Mes connaissances de la loi et mon relationnel à la Cour ont fait du métier de détective une bonne option. »

Elle tiqua sur les mots choisis. À défaut de quoi ? Si le droit était bien son monde, si défendre la veuve et l’orphelin - ou l’enflure qui avait tué le mari et père, elle ne jugeait pas - dans un tribunal lui importait tant, pourquoi avoir arrêté ? L’expatriée ne voyait pas l’emploi d’enquêteur privé comme particulièrement lucratif ; le Barreau payait mieux si on était doué.
Elle voulut rebondir sur ses propos, obtenir une réponse claire, mais la voix rauque du brun la coupa dans son élan comme il se plaignait :

« T'as carrément orienté le thème ! Ça mérite une sixième infos.
- En quoi, s’offusqua-t-elle doucement. »

Une question, une seule, qui ne nécessitait jamais de grandes explications. Il s’emballait chaque fois en lui racontant son histoire ! Il se montrait bavard, mais elle devait casquer ? Llewyn échappa une expiration amusée en reportant son attention sur son verre. Dans deux minutes, il finirait par lui offrir ses plus beaux souvenirs d’enfance et lui parler du chat qu’il avait eu, gamin, et qui s’était fait écraser quand le voisin avait quitté son allée en marche arrière sans regarder dans ses rétroviseurs. Avec une bière de plus dans le nez, il lui livrerait ses plus sombres secrets. Elle le voyait venir.

« Quelles que soient les raisons "professionnelles" qui expliquent ta présence à Londres, tu as l'intention de retourner t'installer en Irlande ? »

Elle releva prestement le nez, un éclat sérieux au fond des prunelles. La jeune femme haussa les épaules en avalant une lampée de bière pour combler le trou béant de nostalgie qui venait de s’ouvrir dans sa poitrine. La gorgée fut douloureuse. Elle la sentit couler froidement dans son œsophage et tomber dans le vide. L'expatriée n’avait aucune raison de retourner en Irlande. Pas à Belfast, en tous cas. Plus rien ne l’appelait là-bas si ce n’était Ailbhe qui les rejoindrait bientôt. Llewyn ne se voyait pas refaire ses cartons pour revenir à Short Strand. Pas avec Tadgh, en tous cas. On ne pouvait prendre le risque inconsidéré de lui rappeler qu’on avait enterré Rhys là-bas, dans le cimetière qui bordait l’église de Saint Matthew. Il s’était légèrement tempéré depuis l’emménagement de la fratrie à Londres, la difficulté à se gangrener le foie à coups de cirrhose aidant considérablement. Nul besoin de lui faciliter à nouveau l’exercice. Quant à Siobhan, elle paraissait moins éteinte ici. La différence se voyait peu - à peine en réalité -, mais son aînée avait bon espoir qu’elle parviendrait à se reconstruire en Angleterre, un jour ou l’autre. D’eux trois, la benjamine s'était le mieux acclimaté ; preuve étant qu’elle perdait doucement son accent.
Et après ? Quand leur dernier frère quitterait les terres de leur jeunesse ? Quand les enfants feraient leur vie ? Quand ils seraient grands, calmés ? Quand on aurait fini de les recoller, morceau après morceau ? Quand ils n’auraient plus besoin d’elle ? Ils vendraient la maison aux briques monotones de Bryson Street. Les plus jeunes ne le savaient pas encore, elle ne leur en avait jamais parlé. Ils avaient cette idée depuis un moment avec Ailbhe : se défaire une bonne fois pour toutes des murs décharnés qui les avait vu grandir. Elle ne pourrait rentrer au pays s’il n’y avait plus de toit pour l’accueillir.

« Non. Je me suis habituée à … elle leva furtivement la main pour désigner le vide et soupira, la grisaille, le charbon, les tueurs en série qui rejouent les scènes cultes de Jack l’Éventreur … Tous ces petits riens qui rendent votre ville absolument charmante ! Ça finit par vous prendre aux tripes et vous donner envie de rester, tu sais, mentit-elle, un large rictus aux lèvres. Tu viens d’ici, pas vrai ? Tu n’as jamais pensé à quitter Londres pour voir ce qui se fait ailleurs et ne pas mourir d’un cancer des poumons à cinquante-deux ans ? »

Un destin tragique qui les menaçait tous depuis la fermeture des frontières et la réinstauration du charbon comme énergie première.
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26.04.20 16:14
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Qui accepte le verre contracte une dette.
Llewyn & Andrea
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]L'indiscrétion à peine formulée, mes lèvres tout juste refermées, le visage plus enclin à la discussion de Oz se referme. S'assombrit. Se barricade à l'instar de ses pensées, éloignant d'elle le détective impertinent et la sympathique conversation entre deux inconnus curieux.
Lorsqu'elle dégage ses orbes clairs sans s'en rendre compte, j'ai l'impression de devenir pénible à sa vue, comme une existence parasite et malvenue.

Je chasse ces étranges idées et me raccroche à l'hypothèse la plus logique : l'Irlande n'est finalement pas une terre promise pour la demoiselle. C'est sa patrie natale, ce pays pour lequel elle est membre d'une organisation criminelle et extrémiste mais ça ne sera pas l'endroit idéal, mérité, qui accueillera sa vie de famille et son repos.

Je prends conscience que son implication au sein de l'IRA sous-entend un certain nombre de mésaventures. De traumatismes peut être, de dangers quoiqu'il en soit. Qu'a-t-elle vécu ? Qu'est ce qui a causé ces réflexes de défense peints sur son minois ? Et si son pays lui était désormais interdit ? Si son retour impliquait une vengeance sanglante auprès de ses proches ?!
Tant de possibilités. Des parents menacés, un traitre de mari, un enfant enlevé ici qu'elle serait venu chercher avec l'Armée en couverture, ou l'inverse. Je me perds.
Choisissant mal mon repère, je retombe dans ses yeux.

[...] « Tu viens d’ici, pas vrai ? Tu n’as jamais pensé à quitter Londres pour voir ce qui se fait ailleurs et ne pas mourir d’un cancer des poumons à cinquante-deux ans ? »

Je hausse les épaules, encore, afin de minimiser l'impact de ses mots. Ils sont très vrais, même si elle n'est pas devin - magicienne est une profession différence sur bien des aspects. Je finirai plus sûrement pendu chez les parrains de Birmingham que dans un lit d'hôpital mais dans les deux cas, le cancer peut m'avoir rattrapé.
Pour ne pas laisser son ironie filer, je reprends :

" Arrête, il n'y a rien d'attirant dans cette ville. Personne ne veut rester ici. A moins que ce soit pour quelqu'un. "

Le haussement de sourcil taquin n'a pas le temps d'arriver, elle m'a posé une question et j'ai l'intention d'y répondre. Je ne lui dois toujours rien - un coca, admettons - mais ma remarque précédente était suffisamment déplacée pour que je lui permette de l'oublier.
Ses raisons lui appartienne et je déteste avoir l'air de m'intéresser à son statut. Sa vie ne me regarde pas, ce qu'elle fait et avec qui encore moins. Le peu que je sais suffit à créer une énorme croix rouge sur sa tignasse rousse.
Je ne sais même pas pourquoi j'ai dit ça.
...
Si.
Je sais.

Je fais tourner le verre humide entre mes doigts, le regard sur le reste de boisson pour ne pas être foudroyé par le sien ou juste pour ne pas risquer de constater la déception, la blessure ou la lassitude sur ses traits.

" Hm, j'aurais du m'installer ailleurs il y a longtemps ouais. Sans doute. Je ne pensais pas que l'Angleterre changerait à ce point. Difficile d'avoir du recul mais je crois que nous étions un beau pays. Dans tous les sens du terme. Maintenant j'ai ; moins le choix. "

Et voilà qu'elle va penser à femme et enfants.
Je me mords la lèvre, relevant le visage pour l'observer. Le travail peut-il être une raison ? Un privé trouve de quoi faire à peu près n'importe où dans le monde. La famille paraît le plus probable et si j'ai du mal à l'admettre, j'ai dans les veines le sang de ces ritals qui me harcèlent, me surveillent et me font travailler.
Ils ne me laisseront jamais partir.

" En vrai je ne suis pas si mal, ici ! "

Le mensonge est éhonté. Aussi flagrant que le sien, pire car je suis anglais.
Elle est coincée ici ?
Moi je n'ai pas su me sauver.
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26.04.20 21:27
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Vaughan ne chercha pas à questionner le faux-contact dans ses yeux pâles, soit qu’il était plus aveugle qu’elle ne le pensait, quoi qu’il avait la décence de savoir ignorer les émotions qu’on tentait d’effacer dans un sourire forcé et railleur. Dans un cas comme dans l’autre, Llewyn fut satisfaite et infiniment reconnaissante qu’il ne cherche pas à creuser davantage. Il saisit l’opportunité qu’elle lui donnait d’en révéler un peu plus sur son passé.

« Arrête, il n'y a rien d'attirant dans cette ville. Personne ne veut rester ici. A moins que ce soit pour quelqu'un. »

Fallait-il conclure qu’il avait choisi de s’embourber ici pour les beaux yeux d’une personne en particulier ? Dans un réflexe purement informatif, la rouquine chercha au doigt de son interlocuteur une alliance qu’elle n’aurait pas vu avant ; en vain. Son annulaire était nu, et l’encre sur ses phalanges ne lui donnait pas plus d’informations. Les lettres pouvaient tout signifier.

« Hm, j'aurais du m'installer ailleurs il y a longtemps ouais. Sans doute. Je ne pensais pas que l'Angleterre changerait à ce point. Difficile d'avoir du recul mais je crois que nous étions un beau pays. Dans tous les sens du terme. Maintenant j'ai ; moins le choix. »

Une famille à charge ? Qu’est-ce qui pouvait bien retenir un homme de son âge dans une ville qui ne lui correspondait plus, si ce n’était ça ? La nostalgie n’enchaînait pas à un lieu ; on pouvait faire ses valises, même le cœur crevé d’un profond mal du pays à la simple idée de s’en aller.

« En vrai je ne suis pas si mal, ici !
- Dit-il en noyant son chagrin dans l’alcool … Elle se moqua, un grand sourire aux lèvres. Non mais, on peut laisser certains points positifs à cette ville ! Vous avez … »

Néant volontaire. Son esprit se vida d’une traite, ne lui laissant aucune chance de compléter sa phrase. Sa grimace mutine s’étira davantage pour marquer toute son ironie. Elle était mauvaise langue, ce soir. Llewyn ne doutait pas une seule seconde que Londres devait être un coin de monde sympathique, avant. Avant que le crime organisé n’y reprenne ses droits. Avant que les universités et le taux d’addiction aux opiacés n’explosent. Avant que le gouvernement n’impose une forme d’autarcie suicidaire au pays. N’en restaient pas moins certains aspects agréables, dont celui qu’elle chérissait le plus : les murs étaient plus bas, ici. Moins étouffants.

Trois secondes passèrent ainsi, sous le signe de la raillerie, quand enfin elle parvint à trouver quelque matière à complimenter la capitale anglaise :

« Vous avez Fleetwood Mac. Et Elton John … Et l’accent cockney ? Elle pointa nonchalamment son interlocuteur du doigt en trouvant un dernier argument imparable. Vous avez Nick Frost ! Tout le monde aime Nick Frost. »

Finalement, Londres n’avait que ses artistes et les inflexions de voix toutes vernaculaires d’une partie de sa population. Du reste : temps de chien - plus ou moins similaire à celui de Belfast -, cuisine laissant à désirer, racisme bien ancré dans le paysage, et tea time lancés à tort et à travers. Drôle de terre d’accueil que celle-ci. Pourtant, la rouquine ne s’en serait éloignée pour rien au monde à cet instant précis. Elle y reviendrait volontiers, si c’était à refaire. En dépit de l’air toxique et de l’amabilité franchement relative des habitants, elle éprouvait un certain soulagement à évoluer dans les rues de la métropole.

La jeune femme ponctua sa déclaration d’une lampée d’IPA. Deux gorgées de plus, et elle en verrait le bout. Les pintes se vidaient vite dans ce monde.

« Donc, tu es resté parce que tu as quelqu’un ? »

Où en étaient-ils dans le compte des questions ? Llewyn avait perdu le fil et n’était pas sûre de vouloir le retrouver.
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27.04.20 2:02
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Qui accepte le verre contracte une dette.
Llewyn & Andrea
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]- Dit-il en noyant son chagrin dans l’alcool … »

Mon chagrin ? Est-ce que j'ai l'air triste de vivre à Londres ? J'ai été fier de ma naissance, à une époque ou je me pensais cent pour cent anglais. J'étais gosse et je ne voyais le drapeau briller que par les exploits sportifs et autres faits historiques réputés. Je rêvais. Puis j'ai finis par comprendre d'où venait l'ancien. Il n'a jamais caché ses origines irlandaises mais nous en parlions peu. J'ai cru comprendre qu'il a perdu de la famille, là-bas, que les tensions déjà à l'époque de sa jeunesse l'ont contraint à plusieurs choix difficiles. Il feignait une certaine indifférence à l'égard de ses homologues jusqu'à ce que j'apprenne son implication énorme dans les procès des extrémistes.
L'Irlande comptait pour lui, plus qu'il ne l'a jamais mentionné. Depuis son décès il y a quelques mois, j'avoue ressentir une drôle d'attirance pour cette minuscule appartenance aux irlandosh. C'était son combat et je l'ai compris trop tard. C'est mon héritage désormais et je ne sais pas quoi en faire ...
Si ce n'est rester ici, et essayer.

Tandis que Oz cherche des points positifs à la vieille capitale, je me mets d'accord avec les sentiments qui m'oppressent. Je ne suis pas triste. Juste un peu perdu.
C'est probablement de sa faute, au vieux, si j'ai accepté d'approcher l'Armée pour faire condamner leur traitre. Si j'ai bien voulu entrer dans leurs papiers quitte à me faire piéger. Car désormais c'est évident : ils n'oublieront pas le privé pas trop mauvais qui a déjà rendu service - et commencé à balancer les nouveaux ritals.

« [...] Vous avez Nick Frost ! Tout le monde aime Nick Frost. »

Le doigt pointé énergiquement dans ma direction m'arrache aux pensées pessimistes. Je souris devant son animation soudaine, son IPA lui a délié les bras comme la langue. Ce serait amusant de la laisser vider une seconde tournée mais il est peu probable qu'on aille si loin. La pinte coûte un bras, j'estime avoir réglé ma dette.
Et la conversation a failli m'échapper. Ça devient dangereux de côtoyer la coursière.

" Elton John à lui seul mérite qu'on s'intéresse à nous ! "

Je retrouve le sourire, certainement encouragé par le dessin enjoué que tracent ses lippes. Les tâches de rousseur rassemblées sur le haut de ses joues pour souligner le regard azur font de son portrait une véritable petite œuvre d'art, le style qu'on déniche après de longues heures d'errance à travers brocantes diverses, galeries plus poétiques, antres secrètes. En mettant la main dessus, on ne s'en sépare sans doute plus ;

« Donc, tu es resté parce que tu as quelqu’un ? »

Je fronce les sourcils, légèrement, puis mon rictus devient plus joueur.

" J'ai l'air d'avoir quelqu'un ? "

Notre rancard n'a rien de professionnel, ça aurait été délicat d'inviter Oz en ayant le cœur pris. Non ? Je pense que Oz est une invitée délicate. Quelle que soit la situation. La juge ne m'aurait pas condamné d'avoir payé un verre à une autre, néanmoins ici les circonstances aggravantes sont nombreuses : elle est liée à l'Armée, l'endroit est interdit, elle est bien trop jolie.

" Je suis resté parce que, j'ai des choses à régler pour quelqu'un. Je suppose que c'est pareil pour toi, Oz. "

Je n'ai personne, et je commence à penser que l'opportunité ne se présentera plus. C'est devenu trop risqué d'envisager une vie de couple. C'est dommage, mais mes parents m'ont légué trop de complications que je comprends à peine. Je me sens déchiré entre deux partis que tout oppose. Je pense pouvoir être un atout... ou juste un problème dont ils vont se débarrasser. Pour ne pas attendre que tombe la sentence de nulle part, il faudrait peut être que je choisisse un camp. Devenir officiellement l'ennemi des uns mais l'allié des autres ! Le souci, c'est que je hais ces italiens quant à la clique de roux en furie, je ne suis pas sûr de pouvoir monter suffisamment dans leur estime.

Je vide ma bière en regardant la rouquine et l'atmosphère autour de nous devient soudain sordide. Comme si les deux factions s'étaient réunies à cette table.
Les italiens m'ont trouvé en premier. Ils sont ce que j'ai, tout ce qu'il me reste.

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27.04.20 11:56
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Les chiffres l’ennuyaient, les dettes plus encore. Elle voulait bien effacer l’ardoise à condition que l’enquêteur ne tienne pas le compte des points de son côté. C’était une solution de facilité, sournoise et lâche, il fallait l’admettre. Mais peu lui importait.

« J’ai l’air d’avoir quelqu’un ?
- Tu souris trop pour ça, rétorqua l’Irlandaise. »

Politesse d’usage ? Difficile à croire. Les Anglais n’étaient pas connus pour avoir la risette facile. Ils tiraient la gueule plus souvent que de raison - ce qui s’expliquait aisément quand on considérait leur environnement. Vaughan, lors de leur première rencontre, ne l’avait pas marquée comme un homme particulièrement jovial ; et puisque la rouquine tendait à croire que la première impression était la bonne, elle peinait à interpréter les grimaces de son interlocuteur comme les preuves d’une courtoisie enjouée. Ces sourires-là, elle les connaissait. Ils n’étaient jamais innocents.

« Je suis resté parce que, j'ai des choses à régler pour quelqu'un. Je suppose que c'est pareil pour toi, Oz. »

Le ton léger de la conversation vrilla tant qu’il manqua soulever la jeune femme d’un vertige. Quel était ce plat dans lequel elle venait de mettre les pieds ? Qu’importe les affaires qui avaient retenu le détective en ville, elles devaient être assez sérieuses au vu de la gravité dont il fit brusquement preuve. Llewyn se sentit instantanément repoussée, comme s’il venait de se dresser un mur entre eux. Si douée en escalade qu’elle était, elle n’était pas certaine de vouloir prendre le risque de grimper cet obstacle-là. Elle se raccrocha à sa bière, en réflexe de défense. Quelle que fut la couleur des pensées du quadragénaire, elles parvinrent à obscurcir son regard et l’atmosphère.

La rousse promena son orbes clairs sur l’assemblée pour voir si d’autres avaient noté l’ange qui venait de passer au-dessus de leur table en soufflant d'un battement d'ailes la candeur de leur échange. Les conversations ne s’étaient cependant pas interrompues autour d’eux, la musique à peine audible tant elle était faible, n’avait pas détaillé comme l’aurait fait un vieux trente-trois tours. Le monde tournait parfaitement rond dans le reste du blind pig, il n’y avait qu’elle qui avait subitement froid. Elle frissonna doucement pour chasser la sensation désagréable de n’être plus à sa place en face de Vaughan.

« Je suis restée parce que tout est plus facile ici. »

Elle mentait, mais il ne la connaissait pas suffisamment pour pouvoir le dire. L’Irlandaise était venue et restée parce qu’elle ne savait pas exister sans la True IRA, sans le cocon de confort qu’elle offrait. Elle aurait pu se réinventer, quatre ans plus tôt, quand la nécessité de quitter Belfast l’avait giflée. Quand elle avait glissé sur l’asphalte, quand la sportive était allée se fracasser dans le décor et qu’elle avait cru, une fraction de seconde, que son casque ne tiendrait pas le choc. Llewyn aurait pu décider qu’elle serait quelqu’un d’autre. Pourtant, l’idée ne l’avait même pas effleurée. On ne se reconstruisait pas une vie si facilement quand on avait jamais connu que la Cause.

La transporteuse imita rapidement l’Anglais qui terminait son verre. Les dernières gorgées eurent du mal à passer, sa gorge nouée par l’ambiance froide et pesante qui s’était installée sans qu’ils ne le désirent. Elle reposa sa pinte, passa une main dans ses cheveux pour les tirer en arrière avant qu’ils ne reviennent encadrer ses traits fins.

« Et une fois tes affaires terminées ? Tu partiras ? Elle esquissa un sourire maladroit pour éponger la débâcle des précédents propos. Dernières questions, promis. Je te rends ta liberté juste après ça. Tant pis pour le coca, je te l’offre volontiers. »

Dieu seul savait la teneur de ses histoires. Elles ne devaient pas être simples pour l’avoir retenu si longtemps ici. Fallait-il blâmer les Italiens pour ses affaires ? Ou était-ce l’IRA qu’on devait pointer du doigt ?
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28.04.20 19:24
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- Tu souris trop pour ça,

Le sourire c'est une arme. Parfois redoutable, à l'effet totalement subjectif, lourd de signification et pourtant parade sous-estimée. Mon sourire est efficace, j'en use et abuse depuis bien longtemps, je suppose que les années d'expérience apportent une certaine maîtrise dans ce domaine aussi.
Malgré ma nationalité je suis loin d'avoir le charme des british. Trop de plis dans les vêtements, de bracelets aux poignets, de tatouages grotesques. Je n'ai pas la finesse de leurs mains ni les lèvres pincées en accord avec mon accent. Ma voix trop grave presque caverneuse et mon rire franc ne collent pas non plus à l'image du séducteur actuel. Je pourrais plaider le style presque opposé qui a la côte auprès d'une partie des femmes : mais je n'y suis pas non plus. Clope cuir et moto certes, mais je ne fais pas partie de ceux qui remontent leurs manches dans un calcul senti, ceux qui se décoiffent en guise de coiffure ni de ceux qui ont besoin de faire glisser leurs yeux plissés sur les femmes pour les attraper.

Je me sens un peu sur la touche et ça ne me dérange absolument pas.
En revanche mon sourire a été trop souvent complimenté pour que je doute de ses effets.
Sauf là. Sauf pour Oz qui innocemment donne à mon rictus une première facette négative.
Je souris trop. Trop ? L'idée que cela lui déplaise me traverse l'esprit - l'ego surtout - mais je pense qu'elle a raison, un homme en couple ne devrait pas à ce point étirer les lipes devant une inconnue.

Soit.
Je souris trop.

Ce sera visiblement tout pour ce soir, en matière de sourire. Le sujet s'enfonce péniblement sur nos démons respectifs. La fêlure dans son regard à l'évocation de l'Irlande, l'apprehension dans mon intonation quand je tente avec maladresse de justifier mon attachement à cette île... Et le froid qui souffle soudain sur nos verres. Oz répond malgré tout, luttant contre une espèce de bourrasque malsaine, accusation masquée, culpabilité freinée.

Qu'est-ce qui peut être si facile dans un pays où les libertés se perdent ?
Un mouvement de tête pour acquiescer, plus pour lui accorder la maigre information que pour préciser que je comprends. Inutile qu'elle se blesse avec d'autres raisons personnelles. Le mal est déjà fait.

Nos pintes asséchées ressemblent à la discussion. Vide de sons pendant quelques instants. Avoir remuer les maux provoque sans doute une réflexion intérieure nécessaire mais malvenue. À moins qu'il soit l'heure de retrouver ma solitude.

« Et une fois tes affaires terminées ? Tu partiras ? 

Je relève le visage sans cacher mon étonnement. Pour se justifier la belle rousse annonce son prochain retrait mais ça ne m'apporte aucune consolation.
Une fois les affaires terminées ? Je n'en sais rien car je ne vois pas comment mettre fin aux dettes qu'on me réclame. Elles paraissent aussi injustes qu'éternelles. Sourire m'est difficile, je grimace plutôt en secouant la tête.

" Je verrai. Je n'ai pas projeté si loin. Un peu de suspens ne fait pas de mal ! J'aviserai. "

Son interrogation me confronte à nouveau à cette certitude : je ne m'en sortirai pas. Nonno a trouvé un pion et il jouera indéfiniment avec. Jusqu'à ce que je devienne inutile voire dangereux. Ils sont ma famille, ils sont ma fin.

Je me lève en douceur en attrapant les verres.

" Merci pour le coca alors. À une prochaine, peut être. "

Avant d'aller rendre les verres, je la frôle volontairement et souhaite plus que je conseille :

" Prends soin d'toi, Oz. "
(c) princessecapricieuse


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01.05.20 22:06
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