N’engager que ceux qui avaient perdu leur emploi, pas plus, pas moins. C’était ce que son père avait décidé lors des débuts de la prohibition. Siégeant à une dizaine de conseils d’administration de distilleries de la région, le vieux duc aurait perdu une partie significative de ses revenus, s’il avait accepté la décision du gouvernement sans broncher. Cependant, ce ne fut pas le cas. En offrant aux employés de sauver leur emploi en échange de la continuation de la production de whisky et de scotch, le vieux duc en avait fait de fidèles hommes de main. Jusqu’à un certain point.
En effet, produire du whisky était une chose, mais sa livraison en était une autre. Leurs hommes de main n’étaient rien de plus que des artisans, des passionnés d’alcool fins, de bons gens de campagne. Aucun d’entre eux n’avait envie de risquer leur vie dans une embuscade, ou de finir derrière les barreaux. Ainsi, la livraison se faisait au compte-gouttes; pas plus d’une dizaine de bouteilles à la fois. En reprenant les rênes de l’affaire à la mort de son père, Tyrgan savait qu’il faudrait trouver un moyen plus efficace pour transporter sa marchandise.
C’est de cette manière que le jeune duc avait été appelé à acheter les services de monsieur Rackham. Un nom d’emprunt, certainement, mais qui allait plutôt bien au personnage. Avec un tel nom, et une apparence… singulière, Tyrgan devait avouer avoir eu certaines réticences quant à la confiance qu’il pouvait accorder à Rackham. En fin de compte, jamais le duc n’aurait pu espérer mieux comme partenariat. Non seulement plusieurs caisses d’alcool pouvaient être transportées en même temps, mais elles se rendaient toujours à bon port. Selon Tyrgan, cela justifiait parfaitement les honoraires exigés par Rackham. Comme quoi il ne faut pas toujours se fier aux apparences.
Quoique cette fois, il aurait peut-être besoin d’un pirate.
Comme d’habitude, le chargement se faisait tard la nuit, sur la rivière Aray bordant le château de pierre grise des Campbell. En retrait dans la forêt, à la limite des terrains possédés par le duc, ses hommes déchargèrent les caisses de whisky des voitures pour les déposer dans le bateau de Rackham. Tyrgan, lui, n’était là que pour payer tout ce petit monde, à la lumière des phares des voitures.
Voilà, dit-il en tendant une liasse de billets à Rackham, comme promis.
Sans doute une autre raison pour laquelle les hommes de main du duc lui étaient fidèles était qu’il les payait sans délai, aussi régulier et ponctuel qu’une horloge suisse. Tyrgan espérait également que Rackham soit satisfait de leur collaboration. Refermant son livre de comptes, le duc, appuyé sur le capot de sa Rolls Royce, attendait que le chargement soit terminé avant de partir. Puisqu’il attendait, autant faire la conversation.
Dites-moi Rackham... Où avez-vous appris à naviguer? Vous avez fait partie de la Royal Navy? demanda-t-il, sourire en coin.
C’était une possibilité. Si elle était plausible, c’était une autre histoire. Le duc ne connaissait pas grand’chose de Rackham après tout. Mais puisqu’il aurait peut-être une faveur à lui demander, autant essayer d’être aimable.
T’as prévenu Apophis et ton fils hier. Ce soir tu avais un nouveau client. Tu n’avais que très peu travaillé avec lui auparavant... Donc tu les avais prévenu tous les deux de l’endroit et de l’horaire. Le Duc n’avait pas mauvaise réputation chez les nobles et ça c’était une première. Par contre tu avais bien connu le père... Un vieux têtu mais le cœur sur la main pour ses gens. Et tu espérais que le fils soit aussi fiable. Votre première entrevue avait était mémorable.
Comme chaque première fois avec toi. Il avait tiqué sur ton look, ton nom et ton phrasé. Il avait même tiqué sur le prix. Pourtant tu ne te trouvais pas cher. Tu prenais tous les risques et tu versais pas mal de pot de vin. Ici plus sous forme ambrée que billet... Tes premiers mandats concernaient des petits volumes et le duc semblait satisfait. Alors cette nuit vous passiez à beaucoup plus gros. Tu es parti tôt le matin de Londres. Tu es allé jeter l’ancre au large de l'Écosse, dans les eaux internationales. Et tu as attendu que le soleil embrasse l’horizon pour faire place à la nuit. Et sous le couvert de ta bonne amie la lune et de ses nuages, tu as remonté le Lock jusqu’à l’embouchure de la rivière Aray. Tu ne vas jamais plus loin que le pont qui marque l’entrée sur les terres du Duc. Terrain neutre en cas de prise, le Duc pouvait se réfugier sur ses terres et jurer qu’aucun trafic n’avait lieu dessus.
Quand tu arrives tes hommes savent quoi faire. Banshee à tes côtés ressemble à un corbeau. Tout de noir vêtu, du noir sur les yeux, poignard à la ceinture et couteaux en bandoulière, tu ne pouvais avoir meilleur garde du corps. Après tout, c’était le meilleur des meilleurs qui l’avait formé. « Vérifiez bien que les caisses ne contiennent aucun marquage. Nous ne voulons pas de traces. » Toutes les caisses allaient finir dans d’autres caisses sous d’autres marchandises, légales elles. Tu te diriges vers Tyrgan. « Vous avez pensé à la caisse noire? J’ai quelques douaniers à rémunérer. » Que tu dis en glissant l’argent sous ton long manteau noir. Tu n’avais pas changé tes habitudes vestimentaires. Pirate un jour, pirate toujours. Bottes, corsaire, chemise coquelicot, ceinturon alourdi par une épée et une arme ressemblant à si méprendre à un pistolet à silex. Le détail jusqu’au bout des bottes. « Mon père était armateur, comme son père avant lui. Nous sommes une famille de marins depuis plusieurs générations. Je pense tout simplement que c’est dans le sang. Et vous Duc... Des passions dans la vie autres que celles communes à la Noblesse? » Un brin de causette ne fait jamais de mal.
Ah! La fameuse caisse noire… plus que pratique en cas de besoin. D’ailleurs, Tyrgan ne serait pas surpris d’apprendre que certains membres de la douane maritime soient davantage motivés par l’éventuel butin qu’ils récolteraient en pots-de-vin à la suite d’un contrôle que par le sentiment du devoir et de la justice. Après tout, il était loin d’être le seul à utiliser les voies maritimes pour le transport de sa marchandise. L’entreprise de ce cher monsieur Rackham ne serait pas aussi florissante sans ça. Visiblement, pour certains, le Brexit était l'occasion de faire des affaires en or. Dans le cas du Duc, il s’agissait simplement de garder la tradition millénaire du whisky en vie, mais surtout, de ne pas abandonner ses compatriotes.
Lorsqu’il demanda à Rackham où il avait apprit à naviguer, ce dernier lui révéla que, comme pour lui et le whisky, c’était une affaire de famille, et Tyrgan ne pouvait que comprendre. Rackham avait l’eau de la mer dans le sang. Pas étonnant dans ce cas qu’il soit aussi doué dans ce qu’il faisait. Il n’avait pas seulement le look; il avait également le talent pour mener à bien ce genre de mission.
À son tour, Rackham voulu savoir s’il avait des passions, en dehors de celle que la noblesse a habituellement.
Des passions autres que celles communes à la noblesse, répéta Tyrgan, sourire en coin. Formulation intéressante. Qu’est-ce que vous croyez que la noblesse fait dans ses temps libres? Elle chasse? Elle organise des bals? Elle se plaint de ne plus être «à la belle époque»?
Évidemment, Tyrgan était sarcastique. Il s’imaginait bien que ce Rackham voulait dire. La plupart des gens avaient raison de se méfier de la noblesse, ou en tout cas, de s’en moquer. Comment peut-on ressentir la moindre empathie pour des gens qui forment volontairement une société si hermétique qu’il est impossible d’y voir au travers? Les idées préconçues et les préjugés, dans un sens comme dans l’autre, était inévitable.
En ce qui me concerne, j’ai un voilier amarré à la marina d’Inveraray. J’ai fais mon service militaire à la Royal Navy, et quand j’en ai l’occasion, et le temps, je parcoure les Hébrides avec mon voilier. Ça détend, dit-il en haussant les épaules. Je n’aurai jamais la prétention d’être marin cependant. Jamais de votre calibre en tout cas. La seule chose que ma famille a dans le sang, c’est la guerre… et le fric sans doute.
Leur clan n’avait pas contrôler la moitié de l’Écosse, il y a longtemps, en répandant la gentillesse sur leur chemin et en demandant gentiment à leurs ennemis de se calmer. Certaines des armes du grand hall portaient encore des traces de sang. Et pourtant, Tyrgan, dans sa chemise en lin bleu poudre, ressemblait à n’importe quel aristocrate.
Vous avez des enfants qui poursuivront votre lignée d’armateurs?
Tu n'avais pas à te plaindre du Brexit, bien au contraire. Tu avais récupéré un large éventail de clients de tout bord et de toute origine. Du plus royal au plus simple. Du plus légal au plus mafieux. Et tu servais tout le monde. Ne rentrant dans aucun conflit. Tu servais aussi bien les flics que les mafieux. Après tout tu n'étais qu'un Armateur et pas un politicien.
Tu écoutes le Duc répondre pour ses passions... Enfin plutôt rire de celles de la noblesse... " Celles là même en effet. J'ai eu le plaisir d'être invité à certaines d'entre elles. Plutôt guindées d'ailleurs. " Tu souris en coin, blagueur. " Un voilier? Un de ceux pour voyager en solitaire ou un pour un équipage ? Vous avez déjà fait le tour du monde? Oh vous savez... La mer... Ca vous prend ou ça vous laisse. Y a pas d'entre deux. " Tu surveilles que le chargement se passe bien. " Si j'en ai, j'espère qu'ils se débrouilleront mieux que moi..." Et tu es sérieux. Tu espères vraiment que Maël aura plus de bagages que toi.
" Pour le transport. C'est notre premier échange. Donc nous allons voir si le marché peut être avantageux pour nous deux. Ici nous nous chargeons nous même des caisses et des frais supplémentaires occasionnés s'il y en a. Si tout se passe bien et que nous sommes satisfaits tous les deux, vous devraient me fournir les bouteilles dans des caisses non marquées que nous marquerons nous même du sceau qui nous arrange le mieux. Le reste ne changera pas ou peu. Je ne pense pas avoir sous estimé le coût du transport. Si jamais ce sera à mes frais. Mais il n'est pas exclu que je vous demande une augmentation d'une ou deux bouteilles en fonction du nombre de personnes à soudoyer et le pays concerné. Cela vous parait il correct? "
Pendant ce temps là, tu entends Banshee claquer des ordres aussi bien aux hommes du Duc qu'aux marins. Il faut dire qu'il en impose dans sa tenue. Peu de monde ose répliqué quand il tonne comme cela. Il est consciencieux dans son travail, sait exactement où vont les choses et quelle marque apposée sur les caisses. Après tout, c'est lui ton faussaire... Et tu en es très fier.
Tyrgan regarda Rackham d’un air étonné en apprenant qu’on l’avait invité en soirée mondaine. Alors là, il aurait payé cher pour en être témoin, et voir la tête de tous ces gens coincés en voyant Rackham débarquer dans leur soirée, vêtu comme un corsaire. Rien que s’imaginer la scène, Tyrgan eut un sourire hilare. Quel dommage d’avoir manqué ça!
Un voilier en solitaire. Je ne saurais pas affronter la haute-mer, dit-il en haussant les épaules. D’autant plus que je ne peux pas m’absenter de mon poste à la Chambre des Lords aussi longtemps, mais c’est une belle idée, faire le tour du monde de cette façon.
C’était à peu près l’incarnation même de la liberté finalement, être seul avec son voilier et la mer, naviguer où l’on veut. Cependant, même s’il avait les compétences pour le faire, jamais il n’aurait le temps. D’ailleurs, il avait bien besoin de vacances, loin de tout.
Rackham ramena alors la conversation sur leurs affaires, tandis que leurs hommes continuaient de charger le bateau sous les ordres d’un type marqué de nombreuses cicatrices. Il ne manquait plus qu’un type avec un crochet en guise de main et un perroquet pour compléter l’équipage… Quoi qu’il en soit, les termes et les détails du marché que proposait l’armateur paraissaient tout à fait logiques et raisonnables aux yeux de Tyrgan. Cependant, le regard du duc devenu perplexe, lorsque Rackham fit allusion à ce que les bouteilles de whisky soient exportées ailleurs qu’au Royaume-Uni.
Je ne sais pas si je tiens à ce que le whisky se vende en pays étrangers, dit-il, réticent. N’y a-t-il pas plus de risques dans ces cas-là?
Évidemment, les travailleurs pourraient profiter d’un bonus salarial le cas échéant, mais serait-ce au prix de leur sécurité? Aucun des hommes de Tyrgan n’avait le calibre de ceux de Rackham, et surtout pas de ceux des mafias, et il tenait à les mettre le moins en danger possible… même s’il ratait une certaine marge de profits.
Ce que je veux dire, c’est qu’étant donné que la prohibition ne se passe qu’ici, une bouteille de whisky sans étiquette ni marquage particulier sera difficile à justifier et à vendre ailleurs, non? Et même si quelqu’un payait pour ces bouteilles, il faudrait forcément que ce soit en livre sterling.
Hors de question de traiter avec des dollars ou des euros; justifier un échange de monnaie étrangère à la banque alors que Tyrgan n’était pas sorti de Grande-Bretagne depuis des années serait un vrai cauchemar.
Tu vois que ta présence dans la haute société est une image saugrenue aux yeux du Duc. Cela ne t’étonne pas plus que ça. Tu n’as pas le profil classique du bourgeois fade que l’on oublie aussi vite qu’on l’a croisé. Tu es beaucoup plus fringant. Tu écoutes le Duc te raconter qu’il fait de la voile en amateur. Un marin d’eau douce en somme. Le genre de marin qui aimait l’appel du large mais qui avait peur des hautes vagues. Tu ne pouvais pas lui en vouloir. La mer était une amante très exigeante et fourbe.
« Oui je pense que vous feriez un malheur à l’étranger. Votre marque est assez connu par delà l’océan. » Tu en es même persuadé. Ses bouteilles te passent pas mal de barrières dans les autres pays. Et puis il te parle de sa crainte de vendre du whisky sans marque. Et tu te rends compte que tu t’es mal exprimé. « Je pense que l’on s’est mal compris. Ce n’est pas vos bouteilles que je veux démarquer. Ce sont les caisses qui les transportent. Ça me permet de les glisser parmi le millier de caisses que je transporte par bateau d’un bout à l’autre du monde. En ce qui concerne les paiements. Vous n’avez rien à faire vu que je vous achète les stocks en livre sterling et en liquide. Du coup vous n’aurez pas à vous inquiéter dés douanes vu que je prends tous les risques. C’est pour cela que le prix sera plus élevé. C’est le prix de la lessive. »
Le blanchiment avait toujours un coup. Il fallait bien que tu retires ton épingle du jeu. Tu prenais tous les risques. Mais tu voulais le rassurer aussi. « Mais je ne vous oblige a rien bien entendu. L’arrangement que l’on a là me convient tout à fait. Mais je serais un très mauvais partenaire commercial si je ne vous proposais pas des solutions d’expansion. Mais c’est vous le fournisseur. Je ne suis que le passeur. Aussi je me plierais à votre décisions. » Après tout ce n’était pas ton business et loin de toi l’envie de lui dire comment gérer ses affaires. S’il n’était pas prêt cela ne ferait que nuire à votre association. Il n’avait peut être pas les épaules pour assumer ce genre de contrat.
C’était bien malheureux de ne plus pouvoir vanter les mérites du whisky écossais comme son père avait eu la chance de la faire. C’était même une honte. Devoir agir en secret et contre les lois de son pays pour perpétuer l’une de leur plus fière tradition, alors qu’il aurait dû le vendre à fort prix partout dans le monde… Pourtant, Rackham lui assura que c’était encore possible.
Il était certain que son père avait grandement agit pour la promotion des produits des distilleries avec lequel il était partenaire. Le whisky principalement bien sûr, et l’exportation battait son plein. Avec la prohibition cependant, Tyrgan s’était attendu à voir un compétiteur — irlandais, américain ou canadien — se jeter sur le vide laissé par l’Écosse. En quelque sorte, cela lui fit chaud au coeur de savoir que certains étaient toujours prêts à acheter le whisky écossais, même illégal. Quant aux douanes, Rackham semblait déjà avoir tout prévu. Il le payait directement, et s’arrangeait avec le reste. Pas étonnant que les honoraires du pirate soient si élevées, mais elles étaient totalement méritées.
Vous êtes plus qu’un simple passeur, Rackham. Vous êtes un excellent homme d’affaires! Lança-t-il, avant de lui tendre la main. Marché conclu. Vendez ce que vous voulez où vous le voulez, si vous croyez que ça va vous rapportez. Heureux de pouvoir travailler avec vous. Et… avant de vous laisser, j’ai une dernière faveur à vous demander.
Tyrgan expliqua à Rackham que son neveu, le jeune Archie de huit ans, était obsédé par les pirates. Le genre de phase où tous les enfants passent un jour. Pour certains c’était les dinosaures, les chevaliers, les cowboys, les licornes, pour Archie, c’était les pirates. Tyrgan montra alors à Rackham une photo de son neveu, prise l’Halloween dernier, où le garçon, déguisé en pirate, attaquait le frigo avec son épée en mousse.
Ça vous dérangerait si je vous prends en photo? À côté de votre bateau par exemple? Je voudrais pouvoir lui dire que j’ai rencontré un vrai pirate… vous comprenez?
Il espérait surtout que Rackham ne le prenne pas mal… Mais franchement, comment dire non à la bouille si adorable d’Archie?
Tu regardes le chargement toucher à sa fin. Tes hommes sont toujours aussi rapides et efficaces. Mais tu manques peut-être d’une ou deux paires de bras supplémentaires. Peut-être devrais-tu demander à certains gars qui travaillent sur le port en intérim pour voir s’ils seraient intéressés par un travail plus fixe.
Tyrgan te tend la main après avoir réfléchit. Tu lui souris et serres sa main d’une bonne poigne amicale pour sceller votre affaire en court. « Je vais prospecter et faire un peu de pub dans mes r »seaux. Vous avez peut-être du mal à le croire mais quand vous fournissez un objet qu’on ne peut pas avoir partout, vous vous attirez une certaine clientèle. Votre whisky par exemple, c’est un pur produit écossais. On est bien d’accord que les marques de whisky irlandais ou canadien voire du Grand Nord, ce n’est pas ce qui manque… Mais les whisky écossais sont rares sur le marché. Très rares. En avoir dans votre bar, à l’étranger, là où il n’est pas interdit, et encore plus là où il l’est, donne à votre établissement un prestige que peu auront. Nous n’inonderons pas le marché pour deux raisons : de un, économiquement parlant ce serait un suicide, il nous faut créer et entretenir une demande et pas la noyer sous la marchandise et de deux, vous ne pourrez pas tenir cette cadence de production sans attirer l’œil de la commission des fraudes. Je vous conseille donc d’augmenter un peu votre production de disons… deux cents bouteilles. Ne changez pas de fournisseur de verre mais assurez-vous de sa fidélité à votre famille et payez le bien. Vous gagnerez toujours un confortable bénéfice. Quant à moi, je me charge des acheteurs à l’étranger. »
Il en vient à te demander une faveur. Il t’explique pour son neveu et sa propension à adorer les pirates. Il te demande même une photo devant ton bateau. Tu soupires un peu… C’est dangereux comme demande… « Vous savez que c’est dangereux pour nous deux ce que vous me demandez là. Ce bâtiment est bien trop reconnaissable… Ce que je peux vous proposer, c’est une photo de moi en pieds, accoudé à un arbre en train de lire faussement une carte au trésor si vous voulez. Je ne peux guère vous donner plus. J’ai déjà fait ce type de photo pour un magasine ou la presse ou même pour Halloween aussi cela n’étonnera personne que vous ayez ce type de photo. Cela vous sied-t-il ? » C’est tout ce que tu avais à lui proposer s’il voulait réellement une photo. Aussi tu prendras la pose si c’est ce qu’il veut avant de reprendre la mer.
