La porte du Propaganda s’ouvrait brutalement poussée par le vent. La pluie tombait drue, droite, et froide sur tout le quartier depuis un quart d’heure. Les rues s’étaient vidées d’un coup d’un seul. C’était un vrai temps de chien, comme on n’en voyait plus depuis le printemps. Ils venaient de réactiver les circuits de chauffage à la va vite. La carte était mise à jour depuis la veille pour proposer plus de boissons chaudes à la clientèle. Tout le monde se préparait pour la saison.

Derrière le comptoir, la barwoman observait les portes grandes ouvertes, en espérant que l’un des homme allait se décider à intervenir. La tenue de service n’était pas adaptée pour les intempéries de ce type. Elle n’avait pas envie d’attraper la mort. Son regard s’arrêtait sur une silhouette qui avait l’air figée sur le seuil.

-« RESTE PAS SOUS LA PLUIE ! » Nina avait toujours son accent natal. Elle était née dans un petit village du nord de la Russie. Son père travaillait pour la Bratva depuis qu’il était gamin. Elle avait fait l’école avec les cousines des Markov. Elle était venue sur Londres parce qu’elle voulait voir l’Europe. Mais sa maison lui manquait. Elle avait le mal du pays. « Viens... » Elle avait fait l’effort et elle essayait d’attirer l’attention du gamin pour qu’il entre au chaud avant qu’elle ne referme les portes. Avec ses nattes blondes platines et ses tatouages colorés sur les épaules, elle pouvait impressionner. C’était une vraie gentille en comparaison des autres. Tout de suite, elle claquait les portes pour les protéger.

-« Restes pas là. » La Russe passait de nouveau derrière le comptoir. Elle attrapait un torchon propre pour essuyer ses bras mouillés par la pluie. Elle se secouait dans tous les sens pour se réchauffer. « Tu veux un truc à boire ? » Les yeux verts de la jeune femme se plantaient dans ceux du blondinet à la recherche d’une réponse. Il avait un petit air penaud qui lui rappelait Yuri son petit frère. Ca avait le don de l’attendrir. Elle attendait la réponse au moment où sa vision panoramique perçue un mouvement venant de l’escalier de droite.

-« Attend faut absolument que je.. » La fin de la phrase était perdue. Nina bondissait sur le sol glissant pour aller interpeller un homme qui passait par là. Un type de taille moyenne, mince, blond, plutôt esthétiquement potable. Il était calfeutré dans un long menteau noir et il paraissait pressé. La jeune femme avait beau en avoir conscience elle approchait avec détermination. « ANTON ! »

Je n’ai pas le temps Nina. Il continuait de marcher en parlant. Il avait en effet tout de l’homme qui courait après le temps. Les frictions internes ne s’arrangeaient pas. Il y avait beaucoup à faire. L’employée s’imposait devant lui et posa une main sur sa ppoitrine pour l’obliger à s’arrêter.

-« S’il te plaît. On va en manquer dans deux jours. Le mafieux considéra la jeune femme avant de prendre la direction du bar. Il passait à son tour derrière le comptoir. Il sortait une machine d’un endroit invisible pour la clientèle. Il attrapa ensuite son porte-feuille pour en sortir une carte bancaire premium. Une simple manipulation permettait de passer une commande en circuit direct. Seuls certains gestionnaires avaient accès à ce réseau de commandes. Voilà.

Anton sentait alors le parfum du café chaud lui monter aux narines. Quitte à être en retard autant l’être avec un bon café dans le ventre. Il activait donc la machine à expresso pour s’en faire un. En un quart de seconde Markov prenait une attitude et une prestance de parton de bar. Toute contrariété disparaissait de son regard. Il s'activait comme s'il prenait son quart.

« Tout va comme vous voulez ? » Il s’adressait à l’adolescent comme s’il était un adulte tout à fait respectable. C’était la règle de la maison.

En Russe dans le texte