[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Cette semaine de vacances avait été fantastique. La santé d’Isabel s’était améliorée grâce à l’air marin et nous avions pu profiter l’un de l’autre pendant une semaine sans avoir à vraiment nous cacher et à vérifier constamment si des gens pouvaient nous voir. Mais la veille au soir un message de mes parents, nous avait ramenés à la réalité. Ils m’indiquaient que je ne devais pas oublier que ma présence était requise auprès de ma famille pour la première de l’Oiseau de Feu au Royal Opéra House. Je ne risquais pas d’oublier la première, Robin avait travaillé comme un fou pour être au point le jour J, et nous lui avions promis d’être présent ce jour-là. Nous avions profité au mieux de la dernière journée que nous pouvions passer au calme avant de rentrer à Londres. Après avoir déposé Isabel à son hôtel, je suis partie directement rejoindre mes parents dans leur pied-à-terre de Londres, qu’ils n’utilisaient que rarement, préférant la vie au manoir qu’à Londres. Je m’étais donc préparé chez eux avant de partir à l’Opéra et de tenir mon rôle dans cette soirée.
Notre famille était amatrice d’art et avait sa loge à l’année à l’Opéra. Nous assistions à toutes les premières, pour le plaisir de l’art, mais aussi pour y nouer des relations et y faire des affaires. Chaque mouvement, chaque geste était décortiqué dans ces moments-là. Tout n’était que théâtre et représentation pour la noblesse. Il était important de faire attention à ses dires et à ses gestes. Notre arrivée, n’était pas passée inaperçu, Père et Mère ouvrant la marche, mon frère Cyrus et sa femme les suivants à quelques pas derrière, puis moi juste derrière eux comme les convenances m’obligeaient à le faire. Me voilà donc au milieu de toute la noblesse anglaise, en train de faire des sourires et de discutait avec les représentants de chaque famille. Tout se passe à merveille, jusqu’à l’arrivée de la fille unique du Baron de Strabolgi qui se présente à moi et commence à discuter comme si nous étions amis de longue date. Son père est connu pour être dans une situation financière désastreuse. Des dettes de jeu, l’auraient ruiné selon les dernières rumeurs. Je sais qu’il encourage sa fille à trouver une alliance avec un duché qui lui permettrait de le sortir de ses ennuis.
Elle envahit mon espace vitale de manière discrète mais réelle. Je recule au fur et à mesure qu’elle avance. Je ne peux pas me permettre de m’afficher avec une femme devant toute la noblesse. Chaque geste de ma part envers elle pourrait être mal interprétée et sa famille pourrait en profiter pour demander une alliance à la mienne, ce que mon père ne pourrait jamais accepter avec une Baronnie. Le Baron, sera le grand gagnant d’une telle alliance, mais cela n’apporterait que des ennuis à ma famille. Au milieu de la foule qui attend dans l’immense hall de l’Opéra, je louvoie comme je peux pour éviter de me retrouver trop près d’elle. À force de me déplacer, je ne vois pas que je viens de me faire coincer contre le bord de l’escalier. Je ne peux plus reculer et je vois la fille du Baron s’avancer vers moi un sourire aux lèvres, commençant à avancer sa main vers moi. Je cherche un moyen de sortir et quand je pense que tout est perdu, je croise les yeux de Peal Lyons, mon amie d’enfance qui vient de repérer le manège de la jeune femme. Je la vois se redresser et se diriger d’un pas franc vers moi. Je me doute de ce qu’elle veut faire et je tente l’empêcher d’un signe de tête discret mais elle ne s’arrête pas. Elle se positionne à mes côtés, enlace ses doigts aux miens et pose son autre main sur mon épaule, d’une manière assez possessive. La fille du Baron recule d’un pas face à Pearl, mais elle n’est pas la seule à avoir vu le geste de mon amie. Les sourires qui viennent de fleurir sur les lèvres de nos parents respectifs prouvent qu’ils n’ont rien perdu de ce qui se passait. Je murmure à Pearl assez bas pour qu’elle soit la seule à m’entendre «Merci du sauvetage, mais on est dans la mouise maintenant.»
FACE IDENTITY : Kaya Scodelario IDENTITE : Pearl Lyons GROUPE : London People AGE : 23 ans RANG : Vicomtesse de Devonchire ETAT CIVIL : Célibataire PROFESSION : Etudiante musique (piano) et histoire de l'art ETAT DE SANTE : Correct. Quelques bleus. LIENS : La noblesse. Swan son ami d'enfance.
Les sourires, les niaiseries, les ronds de jambes. Tout ce que tu détestes depuis que tu es toute petite, tout ce que tu n’as pas le choix de faire parce que c’est ainsi, tu es née avec une cuillère en argent dans la bouche voir elle a des petits rajouts en platine. Tu trouves souvent le moyen d’éviter les soirées auxquelles tu ne veux pas assister mais l’opéra c’est quelque chose que ta mère affectionne particulièrement, un endroit où il faut se montrer et être ensemble. Pour ton plus grand désespoir ta mère a toujours pensé que sa fille unique ne pouvait QUE partager ce gout pour la musique classique. Dommage tu n’aimes que rock voir le punk. Désespoir… Mais depuis ton adolescence, période chère à ton cœur où on t’a expliqué que tu devais être une parfaite jeune femme ou bien entrer dans les ordres, tu t’es découvert des trésors de patiences et de subterfuges pour supporter cette mascarade et surtout la jouer de façon à ce qu’on te foute la paix ensuite pour plusieurs weekends. Un petit effort ce soir t’assure de pouvoir aller répéter avec ton groupe de musique demain.
Courage Bombasse tu vas y arriver, tu peux le faire !
Le chauffeur est venu te chercher au pied du loft que ton père t’a acheté depuis que tu fais tes études en ville et tu as profité du trajet pour ajuster correctement ta tenue. Tu fais toujours simple mais classe. L’opéra demande une préparation particulière comme toute soirée où toute la noblesse est présente. Il faut savoir être belle sans non plus éblouir car il est interdit de faire de l’ombre aux duchesses et surtout à la Reine. Tout un ensemble de règle chez les femmes qui est complexe. Il ne faut pas non plus porter la même chose qu’une autre. Tu as adopté un style un peu rétro que tu apprécies et que peu de tes comparses porte, ce qui t’assure une tranquillité tout en étant remarquable. Un bon compromis qui a le mérite d’être validé par ta mère. Que demande le peuple ? (Beaucoup de choses en ce moment et ça te fait bien rire de voir ton père râler).
Tu es en train de saluer les autres familles avec tes parents, ton frère aîné te regardant en biais comme vous avez eu une altercation il y a peu et qu’il n’a pas envie que tu en parles aux parents mais tu l’ignores, saluant ceux que tu connais depuis toute petite même si tu n’as pas grand-chose à leur dire vu le gouffre qui vous sépare aujourd’hui. C’est en allant de famille en famille que tu finis par remarquer Swan et le manège de la fille du Baron de Strabolgi. Son stratagème tu le connais par cœur. Toutes les femmes de la noblesse le connaissent mais franchement il faut vraiment avoir faim pour le faire, on voit que son cher père à de gros soucis.
Tu hésites à intervenir, essayant de capter le regard de Swan pour lui faire signe de rester à sa place mais elle finit par le coincer aussi tu lèves les yeux au ciel en soupirant discrètement, posant le verre que tu as dans ta main. Allez, tu n’as pas grand-chose à perdre de toute façon. Bien moins que Swan en tout cas aussi t’avances droit vers lui. Oh tu vois bien son regard mais t’y réponds par le tien, celui qui veut dire « Tu t’es mis dans la merde, je vais ENCORE t’en sortir ». Oui tu en rajoutes mais t’aimes bien, surtout quand il s’agit de lui. Tu te positionnes à ses côtés, tes doigts glissant le long des siens pour les entrelacer et ton autre main se posant sur son épaule. C’est intime, tu le sais bien mais tu sais qu’il n’y a que ça qui pourra arrêter la furie. « Tais toi et joues le jeu » Tu réponds au murmure sans perdre son sourire. La ventriloquie… Grande capacité de la noblesse. « Ma chère Harriett ! Ça fait longtemps que je ne t’ai vu. T’as changé ta coupe de cheveux non ? Ah non ça doit être le chouchou, pardon ! En tout cas merci de m’avoir retrouvé Swan je le cherchais partout. Oh je crois que ton père t’appelle là-bas. » Elle te jette un regard noir et tu papillonnes des yeux alors que, quand même, elle vérifie si son père l’appelle et tu tires Swan pour le dégager de l’escalier. Tu as bien vu le regard de vos familles mais tu y penseras plus tard. Enfin... Si ta mère te laisse souffler...
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] La vue de Pearl se rapprochant de moi me tire un sourire, même si je sais qu’elle fait la pire bêtise de sa vie. Ce n’est pas la première fois qu’elle vient à ma rescousse et qu’elle me tire d’un mauvais pas. Elle s’est rebellée dès son plus jeune âge contre notre monde. Elle a affiché haut et fort qu’elle voulait sa liberté. Un peu trop haut peut être. Depuis quelque temps, elle fait profil bas. Je la soupçonne de faire comme moi, de mener une double vie en passant sous les radars. Il est finalement plus facile de se rebeller en silence
Mon bras entoure sa taille et je la rapproche de moi sans un mot, tout comme je le ferais avec Isabel dans la même situation. La comédie et le mensonge sont des arts qui nous sont enseignés très jeunes dans notre milieu et que nous utilisons tous à longueur de journée dans ces réunions. Je souris le plus naturellement possible à cette chère Hariett, qui hésite peu de temps avant de nous quitter et de rejoindre son père. La verve de Pearl lui ayant coupé la parole. Chose que je pensais impossible. On en profite pour quitter ce traquenard et se poser loin de cet escalier maudit qui a bloqué ma retraite. Assez loin pour pouvoir discuter un instant avant que notre famille ne nous rejoigne. Voilà des années que nos parents cherchent un moyen de nous réunir Pearl et moi. Elle représente, pour le Duché, la femme parfaite à épouser. Ses parents font eux aussi partis des pairies d’Angleterre et son père siège à la chambre des Lords. Mes frères ayant déjà épousé des femmes dignes de leurs rangs, je reste le seul pour lequel ils n’ont pas encore trouvé d’alliance digne de leur nom. Et là nous leur offrons leur rêve sur un plateau.
Ni Pearl, ni moi ne voulons de cet arrangement. Moi, car j’ai Isabel dans ma vie et que même si elle a vraiment fait une énorme faute de goût avec sa robe rouge ce soir, qui va faire parler la noblesse et la presse pendant des mois, je ne peux m’empêcher de l’aimer. Il va juste falloir beaucoup plus de temps que prévu avant de la présenter à mes parents. Mon père l’a bien vu aujourd’hui et n’est pas près de l’oublier de sitôt. Cependant avant de pouvoir présenter Isabel à ma famille, il nous faut assumer ce que venons d’afficher officiellement. Et Pearl car elle a toujours rejeté notre style de vie et ne se pliera jamais à un arrangement pareil.
Arrivée dans un coin un peu plus tranquille, je me sépare de Pearl. Pour pouvoir lui parler avant d’être rattrapé par nos familles. « Merci. Je ne savais pas comment m’en débarrasser. Mais maintenant tu as une idée ou une explication toute faite pour nos parents. Car tu as beau être sympa et sexy j’aimerais vraiment qu’on reste juste ami toi et moi et pas mari et femme. » Même si tout ne va pas se jouer ce soir, nous savons tous les deux quels sont là les desseins de nos familles.
FACE IDENTITY : Kaya Scodelario IDENTITE : Pearl Lyons GROUPE : London People AGE : 23 ans RANG : Vicomtesse de Devonchire ETAT CIVIL : Célibataire PROFESSION : Etudiante musique (piano) et histoire de l'art ETAT DE SANTE : Correct. Quelques bleus. LIENS : La noblesse. Swan son ami d'enfance.
Vous partez plus loin. T’es bien contente d’avoir mouché l’autre comme ça. La verve des nobles sera toujours quelque chose de particulièrement maîtrisé par les femmes. Tu ne rejettes pas tout ce que les tiens t’ont appris, tu as eu des précepteurs exceptionnels, tu es capable de régler une situation comme celle-ci parce que ta mère t’a appris l’art fin de la conversation et de la répartie mais non tu ne peux pas accepter la place qu’on te donne. « Derrière chaque grand homme il y a une femme de pouvoir qui tire les ficelles. » T’es d’accord mais t’as pas envie de tout ça, c’est pas ton délire. Tu respectes et idéalise ta mère qui est plus que juste la femme du Duc de Devonshire mais elle est capable de supporter cela, pas toi. Toi t’es à l’aise quand tu es Aidan, que tu as tes baguettes en main et que tu te laisses aller à la musique. Aidan est ta liberté, ce que tu recherches. Bien plus que Pearl.
« T’inquiètes pas Swan, j’ai pas grand-chose à perdre » Ce n’est qu’une question de temps avant que tu te fasses renier, il ne le sait pas forcément parce que ça fait quelques temps que vous ne vous êtes pas croisés mais ça se voit que tu te m’inquiètes pas. Un jour ou l’autre les tiens apprendront ce que tu fais alors si tu peux leur donner une autre raison de te renier que de savoir ce que tu fais de tes soirées cela t’arrange. Tu mets les cadeaux qu’on t’offre de côté depuis quelques temps maintenant pour ne pas être à la rue quand tu perdras tout. Tu commences à avoir un bon petit pécule que tu as mis dans une autre banque, à l’abri de tout regard familial. A force tu as réussi à te faire des contacts.
Tu prends une coupe de jus de fruits sur un plateau qui tourne et quelques petits fours pour te préparer psychologiquement à la soirée. Tu n’aimes pas l’opéra, tu n’as jamais aimé ça même si tu caches bien ton jeu. « Écoutes, jouons le jeu pour que tu sois tranquille et quand ça commencera à vraiment sentir le roussi, je dirais que je ne veux pas. Ok ? » Et tu es super sereine en disant cela alors que les conséquences seront terribles. Tu vois la famille de Swan en train de discuter avec la tienne. « Je pense qu’on va passer la soirée ensemble. On parie sur le country club demain ? » Et certainement pas que ça vu que vous avez enfin donné à votre famille l’occasion d’essayer de vous unir. Enfin, ça les occupera un peu comme ça. Ton regard est attiré de nouveau par la robe rouge et tu hausses un sourcil. Joli morceau. Déplacé mais joli.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Nous continuons de sourire et de nous comporter comme si de rien n’était. Nous mettons en application des années de cours de savoir-vivre et de faux-semblants qui nous ont été inculquées dès notre plus jeune âge. Nous n’avons plus besoin de réfléchir, nous agissons instinctivement, comme pour un ballet bien répété où l’on ne voit pas les efforts que font les danseurs. Eloigné du plus gros des spectateurs qui attendent patiemment de pouvoir aller s’installer, nous pouvons discuter assez librement en faisant quand même attention, les murs ont des oreilles où que l’on se trouve. J’essaye de rester concentré sur toi, même si mon attention se porte par moments sur Isabel qui se déplace dans le hall de l’opéra sans faire attention aux murmures de la noblesse bien-pensante s’élevant après son passage.
« T’inquiète pas Swan, j’ai pas grand-chose à perdre » cette phrase que tu prononces avec autant de calme me fais frissonner car je me doute de ce qu’elle veut dire et que même si tu sembles bien le prendre cet avenir-là ne sera pas de tout repos. Je sais que tu n’as jamais aimé la vie que t’offrais la noblesse et surtout la place que l’on t’oblige à y prendre. Tu as failli le payer très cher plus jeune mais tu es rentré dans le rang ou du moins tu as dû faire semblant et continuer de vivre ta vie discrètement. Tout comme j’ai mis en place une vie parallèle pour arriver à vivre sans me soucier des règles de la noblesse et de toutes les simagrées qui vont avec. Tu dois être arrivée au point de non-retour pour être aussi sereine face à une telle décision. « C’est une décision grave que tu prends là Pearl. Tu sembles malgré tout sûr de toi. » C’est à ce moment que je regrette de ne pas avoir pris plus de tes nouvelles ces derniers temps. Nos vies ont pris des chemins parallèles et il est regrettable que nos liens se soient distendus.
Quel dommage que l’alcool ne soit pas autorisé car j’aurais bien bu un verre à cet instant. Je prends donc moi aussi un verre de jus de fruits et une mignardise qui sont mis à notre disposition. J’attendais cette soirée avec impatience depuis quelques semaines mais je ne pourrais pas être serein ce soir pour regarder le spectacle. Il va nous falloir jouer la comédie toute la soirée pour faire plaisir à nos familles respectives. « Tu es sûr de toi Pearl ? » Je sens la détermination dans le ton de ta voix et ton comportement mais je ne peux pas te demander de te sacrifier pour moi sans te poser cette question. Je vois bien dans tes yeux que ta décision est prise aussi j’acquise à ton plan. « On fait comme cela mais si entre-temps tu changes d’avis, dis-le-moi, on trouvera une autre idée » Je retiens en soupir en pensant à la suite de la soirée et du week-end. Je lève mes yeux vers nos parents respectifs qui sont déjà lancés dans une grande discussion, qui sans nul doute nous concerne « Il y a de la place dans notre loge, je pense que Père va vous inviter à venir voir le spectacle avec nous et commencer tâter le terrain. Essayons de rester neutre le plus longtemps possible et de voir comment cela va se passer.» Ne leur donnons pas plus de raisons d’espérer que nous l’avons déjà fait. « On échappera pas au repas au Country Club. On pourra s’éclipser assez rapidement. Je pourrais toujours prétexter t’amener faire une balade à cheval. Ils ne pourront pas nous empêcher de passer un moment en tête à tête.» Tu pourras après décider de rester ou non. Le haras est grand, tu pourras t’éclipser. Je connais bien les sorties que l’on peut prendre sans se faire repérer.
FACE IDENTITY : Kaya Scodelario IDENTITE : Pearl Lyons GROUPE : London People AGE : 23 ans RANG : Vicomtesse de Devonchire ETAT CIVIL : Célibataire PROFESSION : Etudiante musique (piano) et histoire de l'art ETAT DE SANTE : Correct. Quelques bleus. LIENS : La noblesse. Swan son ami d'enfance.
Vous avez beaucoup à penser après tout. Vous n’êtes plus les adolescents qui se faisaient chier pendant les soirées nobles et qui trouvaient tous les moyens pour disparaître le plus rapidement possible pour être tranquille. Désormais faut aussi donner le change, faut gérer votre vie noble, vos études, votre seconde vie aussi. Vous avez opté pour deux façons différentes de vraiment vivre et si cela suffit à Swan de jouer à cache-cache avec ses parents, ce n’est plus suffisant pour toi, tu t’es fait une seconde vie complète qui finit par être plus importante que la réelle. Enfin réelle… Tu es tellement mieux en Aidan qu’en Pearl. Tellement toi-même…
Tu ne lui en veux pas de réaliser maintenant que, oui, beaucoup de choses se sont passées depuis votre dernière vraie conversation. Certainement pour lui aussi d’ailleurs vu les petits regards vers la demoiselle à la robe échancrée mais c’est ainsi. Peut être aurez vous le temps d’en discuter à un moment. Ou pas. Quoi dire après tout ? Tu préfères que le moins de personne possible soit au courant de cette histoire. Et pour ce qui est des soucis familiaux… Même si tu as de quoi te plaindre, tu gardes tous les secrets de ta famille enfermés avec clé au fond de ton cœur. Tu restes fidèle à ta famille pour ça… Naïve certainement.
Tu te contentes donc de faire un petit sourire à Swan quand il te pose la question avant de boire une gorgée de ton cocktail, regardant vos parents qui discutent ensemble. « T’inquiètes pas. » Autant en profiter même et demander compensation à tes parents et jouer les martyrs avec les siens si cela se passe mal. Y’a toujours a y gagner. « C’est ce que je comptais faire. Je ne pense pas qu’il y ait besoin de plus pour qu’ils prévoient déjà les fiançailles de toute façon. » Clairement pas vu qu’ils attendent ça depuis des années. « Très très bonne idée ! On aura le temps de discuter un peu comme ça, ça fait longtemps qu’on ne l’a pas fait. Je suis sûre que tu as des tas de choses à me raconter. » Intuition féminine. Tu lui fais un petit clin d’œil alors qu’on vous fait signe de commencer à vous installer.
Tu es en train de t’installer quand ton père se penche vers toi « Tu as vu Henry ? » « Non Père » « Trouves-le. » « Père… » Le regard de ton père te fait renoncer à dire quelque chose en plus et tu t’excuses d’une gracieuse révérence avant de sortir de la loge. « Je reviens » Tu préviens Swan pour qu’il s’installe tranquillement. Tu pars au moins un quart d’heure, l’inquiétude se lit quelques instants sur le visage de ta mère, pas du tout sur celui de tes deux frères et de ton père. Tu finis par réapparaître avec Henry qui a l’air complètement à l’ouest et va se ressaisir d’un coup de coude de toi. Il s’excuse auprès de vous et s’installe alors que tu t’installes à côté de Swan, glissant un sachet dans ta poche. Henry va faire un geste pour le récupérer mais tu vas l’en empêcher. « Non » Il te jette un regard mauvais quelques instants avant de s’en rendre compte et de s’excuser d’un murmure en restant sur sa chaise. Ton père a clairement occupé les parents de Swan pour qu’ils ne voient rien. Tu fais un sourire comme quoi tout va bien à Swan avant de t’installer pour regarder l’opéra.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Nous arborons tous les deux une attitude digne de notre rang, comme cela nous l’a été enseigné dès notre plus tendre enfance. Cette manière d’être, qui fait croire a tous que tout va bien et que nous maîtrisons la situation. Celle qui nous permet de ne jamais montrer en public nos faiblesses ou celle de notre famille. Isabel dirait que j’ai revêtu mon costume de Mister Vicomte et c’est bien le cas. Elle a beau dire que Doctor Swan et Mister Vicomte sont la même personne, Je n’agis pas de la manière en étant l’un ou l’autre. Une même pièce avec deux facettes, un peu comme le mythe de Janus. Je suis beaucoup plus libre en étant Swan, mais je ne veux pas me séparer de mon rôle officiel, même si je ne cautionne pas tout ce que je suis obligé de faire lorsque je suis en représentation, ma priorité reste l’image de ma famille. Tant pis si je dois me cacher, je continuerais à le faire. L’art du mensonge et des faux-semblants faits partis de notre vie et j’ai appris à vivre avec.
Une chose est sure, ils sont déjà en train de négocier nos fiançailles. Rien ne se fait dans notre monde pour la beauté du geste. Une alliance entre nos deux familles apporterait autant à la famille de Pearl qui gagnerait en notoriété et en reconnaissance au sein de la Noblesse, qu’à la nôtre. Je suis persuadé que Père sait déjà ce qu’il veut comme compensation. Ta décision est déjà prise et tu sembles en mesurer largement les conséquences, je ne cherche pas à te faire changer d’avis, il faut savoir accepter les choses sans trop se poser de questions quelquefois. Lorsque mes parents seront mis face à ton refus, des nouvelles négociations auront lieu entre nos familles et de mon côté je pourrais peut-être en jouer pour faire accepter Isa. Ce sera une carte à jouer avec finesse mais qui pourrait peut être fonctionné. Je termine mon cocktail avant de te proposer mon bras pour monter l’escalier qui mène jusqu’à la loge. « Oui, je pense que nous avons pas mal de choses à nous raconter . Nous prendrons le temps dimanche de rattraper le temps perdu.» Je ne peux m’empêcher une nouvelle fois de regarder Isa se diriger vers les places d’orchestre.
Je m’installe rapidement à coté de toi, pour laisser nos parents entre eux. Je vois à ton visage que l’ordre de ton père ne te plaît pas, mais je ne comprends pas pourquoi sur le moment. Seule ta mère semble réagir, et le reste de ta famille accapare la mienne pour qu’ils en voient le moins possible. Inquiet, je te vois disparaître pendant plus d’un quart d’heure. À ton retour, ton frère aîné t’accompagne et semble ne pas apprécier ton intervention. Je ne comprends pas le rôle que tu joues en ce moment, mais comme pour toute information qui me semble importante, je la classe dans un coin de mon esprit pour mieux y avoir accès plus tard en cas de besoin. Ton sourire ne me convainc pas réellement, je me méfiais déjà de ton frère depuis notre enfance, son attitude confirme mes doutes à son sujet. Et la aussi, c’est un sujet que nous allons devoir aborder un jour ou l’autre. Après à toi de voir ce que tu accepteras de me révéler. J’attendais depuis plusieurs semaines cette première dont Robin m’avait tellement parlé et qui lui tenait a cœur. On ne peut pas te dire que la soirée a été à la hauteur de ce que j’attendais. Mon attention passe sans cesse de Pearl, à mes parents en plein conciliabule avec ta famille, à Isa que je voie installé plus bas. Arrivé à la fin du spectacle, nous passons rapidement saluer les artistes sans trop nous attarder. Nos familles se séparent, sourires aux lèvres sur le parvis de l’Opéra. Rendez vous est donné pour un repas commun dimanche au Country club. Les semaines à venir vont être très compliquées à gérer.
