Le smog est passé. Mais les températures restent un peu au-dessus des normales de saison. Londres est une cocotte-minute. Il fait chaud. Une bonne chose que Matthew ne soit pas enfermé ici. D’autant qu’ils n’ont pas eu l’opportunité de l'emmener ailleurs, depuis un bon moment. Les grands-parents, chacun une fois, quelques jours, comme cela. Mais la période est rude pour un petit garçon de 8 ans.
Cette fois, il est avec Finn. Il est mieux avec les mecs. La promesse d’une grande éclate. Junior est soulagé de le savoir bien.

Il dort moins que Megara. Même si le sommeil est plus régulier, moins secoué, les dégâts sont longs à soigner. Les médecins du centre l’ont préparé à un marathon contre l’addiction. Il faut des années, pour réparer des mauvaises habitudes, autant ancrées dans la peau. Zac fait ce qu’il peut pour ne pas être pressé. Il a la volonté de s’en sortir. Même si certains matins il redoute de ne pas être suffisamment brave.
Il caresse délicatement le bras de Meg alors qu’elle dort. Il la regarde. Longuement… Il l’admire en réalité. Son corps se transforme encore pour accueillir leurs enfants. Ils le savent maintenant. Le débat sur les futurs prénoms revient chaque jour. Un jeu commun tendre, pour trouver le meilleur signifiant.

Quand la soif se fait trop forte Sanders s’éclipse.
La maison est plongée dans une obscurité protectrice. Les volets sont baissés pour limiter l’arrivée de chaleur. Il n’y a pas de bruits. Si ce n’est le ronron du frigo qui peine en ce moment. Zac sort la carafe du frais et se sert un verre de limonade. Il essaye de lever un peu le pied sur la bière, profitant de la dynamique dans laquelle il se trouve. Il prépare une pastèque en quartier pour le réveil de la belle plus tard et range le tout.

Impossible pour ce loup de tourner en rond. Il rejoint l’ancien bureau qui se métamorphose en chambre pour les jumeaux. Il enfile le jogging sur son boxer. Il replace correctement la bâche sur le sol. Il inspecte la première couche de peinture. L’avantage avec cette chaleur c’est que tout sèche vite. Il ouvre le pot, plonge le rouleau. Il reprend la peinture.
C’est un truc qu’il essaye d’avancer rapidement. Les produits toxiques ça n’a rien de bon pour Meg ou les bébés.

Plus tard, des petits bruits parviennent de l’autre côté du mur. Zac suspend ce qu’il fait. Il repose le rouleau et retrouve la chambre à coucher. Il entre à pas de loup. Son regard cherche Megara.

“ Coucou.” Il a un petit sourire pour sa belle au bois dormant. Le petit air chiffonné le séduit de nouveau. Il traverse la chambre, se pose sur le bord du lit, près d’elle. Il lui caresse tendrement le dos. Il a conscience que le poids des enfants la fait peiner dans ses mouvements. Il lui propose son aide pour se redresser et lui caresse la joue, en repoussant ses cheveux dans son cou. “ Un verre d’eau ?” Zac tente de ne pas lui mettre de la peinture dessus. “ Je te fais couler un petit bain ? ” Lui propose-t-il conscient aussi que la chaleur lui pèse particulièrement.

Zac tend une main avenante à sa femme pour l’aider à se mettre sur pied. Ils sont tous les deux, rien que tous les deux. Cela lui fait du bien de pouvoir se focaliser uniquement sur elle. Autant qu’il peut, il cherche à lui adoucir la vie. C’est un truc qu’il prend de plus en plus plaisir à faire. C’est aussi dans son processus de guérison personnelle.

“ Je vais te laver les cheveux. T’en dis quoi ?” Un peu comme quand ils étaient deux jeunes mariés.

Junior se déplace à la façon d’un loup. Un loup qui n’est plus tout jeune. Il retrouve un calme intérieur qui se traduit dans sa façon d’être et de se mouvoir. On dirait le jeune homme tanné par les années. Avec le traitement global, il peut enfin reprendre un contact avec lui-même. Il se reconnecte à sa sensibilité aussi.
Alors, il perçoit tout de suite la montée de stress de Megara. D’une main il lui caresse ses cheveux. Il a le geste doux et ferme à la fois. Ce truc entre vulnérabilité et force qui le caractérise. Les yeux fouillant ceux de la dame.

-“ Je t’ai fait peur ?” Maintenant lui demande-t-il de sa voix de barthon éraillé.

Ils vont à la salle de bain, un pas après l’autre. Ils sont sur un timpo ralenti. Si c’est pour facilité la vie de Mrs Sanders, c’est aussi un avantage pour son compagnon de vie. Zac apprend à aller moins vite. Il découvre une cadence de croisière. Loin, très loin, de la suractivité de Yard.

-“ J’ai avancé la chambre. C’est quasi fini. J’irai acheté le meuble de rangement pendant ta sieste. Ils vont être bien là. ” Il se décale pour qu’elle passe sans effort sur le seuil. Il déploie tout ce qu’il peut en attention. Cela le rend beaucoup plus tendre avec elle, comme avec leur fils aîné. Pour l’instant les médecins sont satisfaits du travail qui s'accomplit. Mais Zac ne se fait pas d’illusion. Il s’impose une vigilance en tout.

-“ T’es la baleine la plus sexy d’Angleterre alors !” Rassure-t-il Meg d’un ton amusé. Elle est très différente avec la grossesse. C’est indéniable. Zac est fasciné par la métamorphose. Le traitement médicamenteux a un peu mis le chaos dans sa libido masculin. C’est en cours de rééquilibre. Alors qu’une part de lui est profondément attiré par elle. Cela depuis qu’ils se sont rencontrés. Il lui adresse un petit sourire appréciateur. “Tu t’en sors bien bébé. ” Il sourit. “ Je te le ramènerai. Il est vers 7h00. On a tout le temps. On prend le temps. Attention à toi. ” Il attrape la chaise pour la lui proposer. Ensuite Zac lui répond tranquillement : “Ça a été. Fais chaud. Et toi ? Ton dos ? ” Il pose souvent les mêmes questions en ce moment.

-“ Gaffe.” Il s’arrête près d’elle. Il se dépêche d’aller enclencher l’eau de la baignoire.
Doucement il pousse le panier à linge qui est mal rangé. Il approche pour aider Meg à enlever ses habits. Il lui sert d’appuis. Il la laisse décider.

L’eau remplit paisiblement le bac de la baignoire. Ils font lentement, en faisant attention pour entrer dedans, sans glisser. Sanders fait le garde fou avec une grande vigilance. Il vire ensuite sa propre tenue qui tombe en tas sur le carrelage.
Le pomo est détaché pour que Junior commence à mouiller le corps chaud de sa femme. Il est plein de prévenance. Son regard détaille le visage de Megara. La main libre se pose sur son ventre plein, rond, beau. Un doux sourire illumine sa gueule de loup. Qu’il est agréable d’avoir du temps calme.

-“ Qu’est-ce que tu veux pour ton petit-déjeuner ? ” Les envies changent d’un jour sur l’autre. Junior arrêté d’anticiper pour mieux s’adapter. Il se montre plus patient qu’on ne l’en croyait capable.
Il cherche le shampoing dans les produits cosmétiques. Il en verse dans le creux de ses mains et va malaxer le cuire chevelu de sa belle. Il en profite pour la détendre autant que faire ce peut.

Demander de l’aide. Un point essentiel dans le programme que Zac suit ces derniers mois. Etre capable de reconnaître que l’on est pas capable d’assumer une tâche seul. Il a été habitué à dissimuler ses faiblesses. En particulier les cacher devant les êtres qu’ils considèrent comme sa responsabilité. Membre d’une meute, dans laquelle se montrer vulnérable, est considéré comme un danger. Megara l’a vu au plus critique de son état, plus faible qu’il ne l’avait été. Elle ne peut pas ignorer tout ce par quoi il passe maintenant qu’ils sont sous le même toit. Comme il ne peut conserver ses oeillères à présent qu’il peut la voir dans tous les moments de la vie quotidienne.

-“Un petit coup de main serait pas mal. T’as raison. Demandes à Nessa ? Si tu as envie de la voir autant en profiter. On pourra faire un barbuc… Ca te dirait ? ” Propose-t-il pour abonder dans son sens. Il souhaite accéder aux demandes formulées. Il sait que cela participe à rendre la dernière étape de la grossesse un peu moins pénible. “... Si tu as envie de voir tes amis on peut proposer un repas. ” Il est beaucoup moins sociable qu’elle. Junior se contente d’une bande. De quelques personnes importantes. Meg est différente.

-“ Je vais. ” Lui répond-t-il en prenant le temps de lui sourire. Il est vrai que comparativement à la même période, un an en arrière, Junior est transfiguré. Il est mieux. Bien entendu les stigmates ne s’effaceront pas totalement. Mentalement, il est plus sécure, posé. Il est opérationnel.

Zac masse le cuir chevelu plus longuement que nécessaire pour laver les cheveux. Il laisse Mrs Sanders savourer. Il profite pour descendre masser la zone de la nuque, du haut du dos. Ses doigts fouillent et traquent les noeuds pour les éliminer.

-“On peut faire ça.” Il pose un baiser affectueux sur l’épaule qui n’est pas loin. La bouche remonte sur la gorge pour un second. “Une jolie petite terrasse ensoleillée. ” Les mains calleuses descendent masser la chute des reins. “On fait selon ton énergie. Sinon je demanderais à Iza de venir avec moi.” Junior n’a jamais eu les clefs de la psychologie féminine. Les filles se connaissent depuis toujours. Bien souvent, Izaline a été l'interprète pour sa meilleure amie. Moins depuis quelques temps, mais elle rend service et évite des efforts à la future mère.

Un lavage énergique, pour ^virer la peinture de Mr Sanders. Il sort prestement de la baignoir pour pouvoir assister sa belle dans l’opération. Les bras sont tendus et la concentration maximale que tout se passe bien. Seulement une fois que Meg a les pieds au sol, Zac la pose sur la chaise. Il la lâche pour saisir la serviette. Nu comme un ver, il essuie l’eau sur le corps féminin. Les gestes sont doux, caressants, tendres.

-“Restes là, je te prend une robe.” Lui dit-il alors qu’il termine de sécher ses cheveux. Il passe très vite une serviette sur ses hanches et file à la penderie. Il prend une robe flexible et une culotte propre. Il laisse le reste, avec la chaleur et le poids autant limiter les contraintes. Zac balance sa serviette sur le lit, passe un boxer et revient dans la salle de bain. “Celle-ci te va ? ”

Ils mettent le temps qu’il faut pour habiller Megara. Une brosse en main le mari se propose de jouer au coiffeur. “Va falloir que tu me montres comment faire tes coiffures. Pour la petite...” Dit-il d’une voix rêveuse. Il aide la dame à gagner le salon. Il la tient avec délicatesse. “Je te prend tes sandales. Je reviens. Economises-toi.” Il trouve un bermuda et un haut à col, tout de noir vétu. Les deux paires de sandales dans les mains Sanders vient se poser dans le canapé. D’abord, il aide son épouse à se chauffer. Les baskets pour lui ensuite. Il se relève d’un bond pour aller récupérer son portefeuille dans le jeans de la veille. De retour dans le salon, ceux sont les clefs qu’il faut chercher. “Tu sais où j’ai mis les clefs ? ” Marmonne-t-il en retournant un coussin pour vérifier si le trousseau n’a pas glissé.

Junior était conscient qu’il y avait un avant et un après les jumeaux. Il y pensait beaucoup. En fait il y pensait quasiment tout le temps. C'était un athlète qui se préparait à un vrai marathon. Si bien que même la perspective de réintégrer la Strike passait au second plan de pensée. Zac se sentait investi.

-“ 3 c’est bien oui !” Approuvait le père repenti tout aussi taquin. Il prenait néanmoins en considération la remarque de Megara. Qui même dite sur le ton de l’humour pouvait être discutée. Ils venaient de lignées fertiles. Les jumeaux arrivaient par simple accident. S’ils voulaient une vie intime… tranquilliser peut-être devaient-ils songer à freiner dame Nature. “Ce serait moins chiant que la capote ou les pilules. … J’y connais rien. Si ça a pas d'impact sur ce qui se passe dans … L'excitation du moment ? ”

-“Ah ouais, le Tissu. Je vais le chercher. ” Ce qu’il fit tout de suite. La bande de tissu noire tendue au maximum avant que la taille de Mrs Sanders soit roulée. L’occasion de sourires amusés et rires complices entre les parents.

-“ Trouvées !” Le bruit des clefs accompagnait le cri victorieux. La maison aurait eu besoin d’un gros rangement. Tant que les travaux de la chambre étaient en cours, c’était une perte d’énergie. Sanders passait dans le dos de sa belle pour lui tenir la porte ouverte qu’elle puisse sortir. Une fois sur le palier, il venait lui subtiliser son sac. “Tu veux pas que je te porte ça ? Donnes… ? ”

-“ Wep. On y passera après le petit déj! ” Zac ouvrait les portes devant Meg, en voyou amoureux. Il faisait attention à sa cadence, pas trop vite pour elle, pas trop doucement pour ne pas qu’elle se sente diminuée. Un instinct protecteur rendait Junior particulièrement attentif aux comportement des autres en extérieur. Il surveillait les passants. Un loup qui était sur sa garde.

A peine passaient-ils le premier feu que notre homme se mettait à hésiter. Londres était sa ville. Mais depuis quelque temps Sanders n’y avait plus la même place. Pour se désintoxiquer, pour contrer les maléfices, il s’en était coupé. C’était une question de survie. Il se retrouvait dans le même état qu’un ressortissant de prison: égaré chaque fois que tout allait vite. Avec Meg, enceinte à ses côtés, le sentiment était démultiplié.
Il fut donc soulagé de pousser une dernière porte. Celle d’un café cosy et familial aux couleurs chaleureuses. Un QG différent de celui de leur vingt ans. Mais c’était à présent leur quarante.

-“ Tu vas de poser BB ? Moi je vais gérer la commande.” Lui proposait-il en lui rendant ses affaires. Un sourire complice flottait sur son visage avant qu’il se rende vers le comptoir. Il avanait dans la brève file d’attente, en lançant parfois des regard, dans la direction de sa femme. Ce fût un festin qu’il demandait à l’étudiant derrière la caisse. Un échange poli rapide avant de retrouver la table protégée du soleil.
Le plateau vidé tranquillement sur la table pour qu’ils aient plus d’espace. -“ J’ai envie de m’faire un nouveau tatoo. ” C'était une envie que Zac avait longuement pesée. Il ne disait pas cela en l'air. L'art tribale avait un vrai sens pour lui. Chacun des tatouages qui étaient dans sa chair avait son histoire. La symbolique était personnelle, intime. Un pacte qu'il faisait avec lui-même. Qu'il soit prêt à en parler avec Megara était un indicateur fort de son état d'esprit. Junior voulait marquer le coup.

Mrs et M. Sanders trouvent dans cette matinée d’été une véritable accalmie. Une paix solide. Celle qui leur offre les conditions idéales pour parler de sujets qui comptent. Ils peuvent parler de la façon dont peut fonctionner leur intimité.
Avec ou sans opération, il y a le respect de l’autre. La volonté de prendre soin de l’autre.

-“ Au moins, je te surprend en bien. ” Remarque le loup. Un sourire humble sur les lèvres prouve qu’il ne s’excuse rien.

Ils retrouvent peu à peu des rituels. A deux. Le temps est court pour solidifier. Mais l'arrivée des jumeaux est un miracle dont Zac ne peut se plaindre. Il sait que c’est un cadeau. La seconde chance qu’il ne devrait peut-être même pas avoir… Il n’en sait rien.
Il se contente de vivre chaque jour qui vient. Il garde en tête le plus important.

Alors, faire un tatouage ce n’est pas une priorité, sans doute pas. Mais c’en est une, peut-être bien. Tout projet a de l’importance quand il aide à avancer. La cure de désintoxication a permis de désintoxiquer la peau et les veines. Mais, enfin de compte, c’est le mental qui a besoin du plus de soin. C’est dans le cerveau que la cicatrisation est la plus longue. Abandonner un mode de vie demande une volonté de fer. Cela demande d’affronter chaque matin l’homme que l’on est.
Et pouvoir se dire que cet homme est suffisant.

-“ Non pas exactement… ” Les yeux gris cherchent dans les yeux de la belle en face. “ J’aimerais bien qu’on cherche ensemble. Si tu es Ok ? Ça ne presse pas. Mais j’ai envie de faire ça avec toi. ” Zac et Megara ont beaucoup de choses à élaborer ensemble. Il le sait. Il en a très envie. Tranquillement, il se met à parler de la petite idée qui germe. Il explique l’idée principale sous le regard de sa compagne.

Leur petit-déjeuner est paisible et délicieux. Ils ont eu le luxe de prendre le temps. Cela a fait presque autant que de mettre le nez dehors. Bien que la chaleur soit tout à fait étouffante, c’est une douce fin d’hibernation.
Sanders reprend la voiture pour épargner un effort supplémentaire à la maman épuisée. Il propose d’aller chercher les meubles sans elle. Qu’elle puisse se reposer à la maison. Ils ont intérêt à emmagasiner un maximum d’énergie avant leur grand défi. Un défi qu’ils vont pourvoir relever ensemble comme mari et femme.