Les choses étaient simples. Léandre n'en pouvait plus d'être coincé à l'hôpital. Le milieu hospitalier était un endroit qui lui était difficile. Le juge s'y sentait fragilisé. Il y avait trop de mauvais souvenirs. Léandre était très fatigué et il avait mal. Ce mélange faisait qu'il pouvait très facilement être désagréable, voir agressif. Il voulait juste partir d'ici. Pour au tant Tyler essayait de se maitriser, ne voulant pas être désagréable avec le personnel hospitalier. Ce n'était pas de leur faute. Ce n'était pas de leur faute si Léandre avait perdu la vu, s'il était malade, s'il avait été empoisonné, et si désormais il était coincé dans un corps faible.

Léandre avait finit par se lever. Il était habillé normalement. Le juge avait besoin de s'habiller tout les jours. Cela lui était parfois difficile, cela le fatiguait et lui demandait un effort mais c'était ce qui lui permettait de garder une certaine dignité. Léandre savait qu'il trainerait cette mauvaise santé jusqu'à la fin, mais il refusait de construire sa vie autour de ça. Tyler ne pouvait pas la formuler, mais l'hôpital était une source d'angoisse pour lui. Il n'était pas au repos, jamais totalement. Cela lui pesait. Le fait de ne pas pouvoir travailler lui peser. Léandre était en train de s'user nerveusement. Les odeurs, les sons, tous l'agressait ici. Il voulait partir. Il fallait qu'il parte. Mais sa santé ne lui permettait pas. Et si son corps allait de mieux en mieux, ses nerfs d'y abimaient.

Tyler avait décidé de faire le tour du service. D'essayer de marcher un peu. Léandre savait que la zone n'était pas grande, mais que cela allait l'épuiser. C'était un petit exercice, mais il fallait qu'il passe par là. C'était donc une main sur la rambarde et l'autre sur sa perfusion qu'il sortit de sa chambre et avança lentement. Il fallait qu'il avance, au tant au sens littéral qu'au figuré. L'immobilité allait le tuer. Mais en avançant, Léandre se rendit compte qu'il avait probablement vu trop grand. Il était fatigué. Sa cage thoracique lui faisait mal. C'était insupportable d'être aussi faible. Léandre était de ceux qui faisait fonctionner leur corps jusqu'au point de rupture. Il ne savait pas, ne voulait pas s'arrêter avant. Léandre s'arrêta de marcher et fut bientôt secouer par une quinte de toux. Tyler était dans une phase d'effort et avait réussit à faire remonter son sang dans la perfusion. L'aveugle ne s'en rendait pas compte.

Mais si Léandre était de ceux qui tombaient facilement malade, mais il se relevait à chaque fois. Tyler n'abandonnait pas, jamais. Il avait une capacité de résilience extraordinaire. Il avait déjà vécu le pire, de ce fait il se raccrocher d'autant plus à la vie. Léandre n'allait pas mourir si facilement, c'était une mauvaise herbe. Il survivrait. Toujours.

Le personnel hospitalier était épuisé, presque à bout pour certains. Le smog terrible brouillard qui empoisonnait le souvenir des Londoniens était sorti des livres d'Histoire pour se ruer sur la capitale anglaise. L'Indienne avait entendu des rumeurs ça et là, comme quoi le gouvernement était au courant de quelque chose. Avait prévu le coup ou du moins avait été alerté bien à l'avance sans jamais agir pour empêcher le pire. Comme souvent, comme toujours. Et comme d'habitude, c'était aux personnes en charge de protéger et s'occuper de la population de courir partout pour éviter que la situation n'empire.

Depuis quelques jours donc, l'hôpital oscillait entre les soins apportés aux victimes du smog et ceux que devaient recevoir les patients venus pour des raisons autres. Après avoir pris quelques secondes pour souffler et se reposer un peu, Kala sorti le dossier concernant Léandre Tyler. Un jeune avocat abonné aux hôpitaux aussi sûrement qu'un policier de Scottland Yard même si ses raisons à lui étaient plus dramatiques. Kala ne voyait que rarement des personnes aussi jeunes accumulant autant de maladies et de handicaps. Elle referma le dossier qu'elle était en train de lire en soupirant et vérifia l'heure. Elle allait devoir vérifier l'état de Léandre Tyler. Simple visite de routine, même si les infirmières s'en occupant dénotent une certaine mauvaise humeur chez lui.

-Qu'est-ce que...

En marchant vers la chambre, Kala entendit des bruits de métal frapper contre le sol et en se retournant elle vit le jeune avocat qu'elle s'apprêtait à aller voir déambuler dans les couloirs. Ça n'allait pas ! Elle savait qu'il avait l'habitude de s'habiller plutôt que de porter la tenue réglementaire, mais ce n'était pas la même chose que de marcher dans un hôpital alors qu'on était sensé rester allongé à se reposer et à se soigner.

-Mr Tyler, vous ne devriez pas être hors de votre lit.

Elle se dirigea vers Léandre pour lui attraper doucement le bras et le soutenir pendant qu'il toussait. Son état n'était guère encourageant, et elle s'inquiéta encore plus lorsqu'elle remarqua que du sang était remonté dans la perfusion. Elle espérait que cete dernière n'avait pas été bouchée par l'effort qu'avait produit le jeune malade.

-Vous devriez retourner vous asseoir, vous avez fait suffisamment d'efforts comme ça. Et il faudra que je vérifie votre perfusion.

Léandre était de mauvaise humeur. Mais en réalité, il était plutôt soulagée de la présence de cette aide. Après sa quinte de toux, il répondit "Oui, je sais. Mais de toute façon, il y a de nombreuses choses que je ne devrai pas faire... Si je me basais uniquement sur les avis médicaux, je ne pourrai rien faire." Le juge exagérait légèrement, mais il y avait une part de vérité dans ce qu'il disait. Tyler ne respectait pas totalement les consignes médicales. Et cela permettait d'agir comme il le souhaitait, mais il en payait le prix régulièrement. Léandre se connaissait, il savait qu'il ne fallait pas franchir certaines limites. De toute façon, son corps lui envoyait alors des messages très clairs, comme un saignement de nez.

Léandre posa une partie de son poids sur la jeune femme, profitant de cette aide bienvenue. Conscient de son état, Tyler demanda "Est-ce que vous pouvez m'aider à retourner à ma chambre ?". Le juge sentait qu'il était allé beaucoup trop loin. Auparavant fatigué, il retombait dans le stade de l'épuisement. Il était obligeait de le constater. Après avoir toussé, ses yeux avaient rougis. Mais c'était surtout la fatigue qui le plombait. Il fallait qu'il sorte de cet endroit. L'hôpital, c'était l'enfer blanc, synonyme d'une douleur qui ne pouvait être éloignée. "Vous n'êtes pas une infirmière. Qui êtes vous ? Une médecin ?". Clairement, s'il était évident qu'elle faisait parti du personnel hospitalier, elle n'était pas infirmière. Il n'y avait pas les même odeurs, c'était différent.

il fallut un peu de temps pour marcher jusqu'à la chambre, Léandre se posa sur le lit, refusant de s'allonger. "Qu'est-ce qu'il se passe avec cette perfusion ? Vous aviez dit que vous aviez besoin de jeter un coup d'oeil...". Tyler était dépité. Il était triste et en colère. Sa fatigue nerveuse s'était accumulée. Il n'était plus tout à fait lui-même. "Je vais régler problème moi-même." Puis d'un geste maladroit de fatigue, mais déterminé, Léandre enleva la perfusion. Il fallait qu'il parte d'ici. Rester coincé dans cet endroit le rendait fou. "Vous êtes médecin. Je vais signé une décharge et partir d'ici". Léandre était dans un mauvais état, trop mauvais pour sortir. La rechute était encore possible. Mais il voulait partir. Son univers était trop restreint ici. C'était insupportable."Je ne suis pas prison... Et pour le reste, je suis majeur et en pleine possession de mes moyens." Le dernier point n'était peut-être pas tout à fait vrai. Léandre sentait bien que l'épuisement l'empêchait de réfléchir correctement, ses yeux devenant larmoyant de fatigue.

La réponse de Léandre ne s'était pas faite attendre, et elle était plus sympathique qu'on aurait pu le croire. Aussi étonnant que ça puisse paraître malgré le fait qu'il faisait un métier différent d'eux et que son état de santé était déplorable, le jeune avocat rappelait un peu les policiers à Kala. Notamment les terreurs dirigées par JB et qui collectionnaient un nombre impressionnants de blessures. Léandre avait un air de famille avec eux de son point de vue.

-Croyez-moi, vous n'êtes pas le premier patient que je vois qui refuse d'obéir à toutes les prescriptions médicales. Surtout parmi ceux qui ont un rôle important à jouer dans notre société.

Et, hélas, encore heureux. Parce que c'était en général ceux-là qui s'investissaient le plus pour leur communauté alors que d'autres en faisaient moins. Toutefois, ça n'enlevait rien à l'inquiétude qu'elle pouvait ressentir vis-à-vis de leur entêtement qui mettait leur vie en danger alors même qu'ils avaient besoin de soin. Au moins Tyler semblait se résoudre à écouter les signaux que lui envoyaient son corps et demandait même à ce qu'elle l'aide à retourner dans sa chambre.

-C'était bien mon intention de vous y reconduire.

Elle examinerait la perfusion lorsque le malade serait installé sur son lit... Et elle examinerait ensuite ledit malade pour vérifier son état de santé actuel. Le juge était-il atteint d'une perte de mémoire ? Il lui semblait s'être présentée à lui quelques jours plus tôt, pourtant il ne se souvenait visiblement pas d'elle.

-Je suis le docteur Avasarala.

Elle observa ses yeux rougit par la fatigue, et il ne semblait pas que cela soit dû à une maladie... Ou a un problème supplémentaire qui était venu s'ajouter aux nombreux autres dont souffraient le pauvre juge. Une fois arrivés à bon port, elle décrocha la perfusion après avoir veillé à ce que Léandre s'assoit sur son lit et commença à inspecter la pochette de sang.

-Il arrive parfois lorsque le malade fait trop d'efforts que le sang remonte dans la perfusion. Cela a dû être votre cas. Je dois vérifier qu'elle n'ai pas été bouchée à cause d'une accumulation.

Heureusement, ce n'était pas le cas, elle lui retira la perfusion des mains pour l'examiner un peu mieux Pendant ce temps le malade commençait à divaguer, à vouloir des choses irréfléchies qui mettraient en danger le peu de santé qui lui restait. Il était hors de question qu'il s'en aille maintenant.

-Vous ne signerez aucune décharge tant que votre état ne vous le permettra pas. Avoir un rôle à jouer dans la société ne justifie pas de jouer avec sa vie quand on peut faire autrement. Vous êtes peut-être majeur mais je suis capable d'obliger des plus vieux que vous à rester ici si je juge cela nécessaire.

Le chef de la Strike Team de Scottland Yard entre autre individus.

-Votre place ici, jusqu'à ce que vous vous rétablissiez.

Docteur Avasarala ? Elle lui avait déjà parlé ? Léandre sentait qu'il n'arrivait plus à lier les informations elles. Sa mémoire ne fonctionnait plus bien. Il était trop fatigué pour réfléchir. Le juge sentait qu'il était impacté intellectuellement. Cette constatation l'inquiéta encore plus, renforçant son malêtre général. Il ne voulait pas être ici. L'hôpital resterait l'endroit où il avait perdu son père et ses yeux. C'était insupportable. Il y avait une angoisse inhérente au lieu. Il fallait qu'il parte d'ici, il était en train de perdre la boule. Il était usé nerveusement. Il fallait qu'il parte d'ici. Il le fallait. Mais de tout ça, Léandre était incapable de le formuler. Ce qu'il avait besoin c'était de quelque chose qui puisse l'aider aussi nerveusement, à calmer ses angoisses et ses peurs totalement irrationnelles.

Non. Léandre continua d'un ton ferme. "Vous n'avez pas compris. Je vous l'affirme, je vais partir d'ici.". Son visage se tournant approximativement vers elle, le juge commenta avec agressivité "Ne vous avisez pas de me forcer à rester.". L'aveugle n'était plus vraiment lui-même, il avait atteint ses limites. Sa fatigue, ses angoisses, ses peurs et sa douleur le rendaient hargneux. "Si vous essayez de faire quoi que ce soit, je porte plainte contre vous." Il était arrivé au stade de la menace. Léandre ne réfléchissait plus, laissant uniquement ressortir le pire de lui-même.

Toujours assis, mais épuisé, Léandre voulu se relever. Mais c'était peine perdu, il sentait que ses jambes ne le tiendraient pas. Il eut un moment de lucidité, se rendant compte qu'il avait beau parler mais que son corps ne suivait pas. Cette constations d’échec, de faiblesse, était d'une grande violence pour lui. Encore une fois, il n'était que renvoyé à ses propres limites physiques. Il ne maitrisait même pas sa propre vie. Il sera le poing et frappa d'une main contre le lit d'hôpital. Son geste était inutile, gaspillant une énergie précieuse. "Allez vous faire foutre docteur, vous et les autres." Aujourd'hui c'était le corps médical, demain cela serait quelqu'un d'autre. Léandre n'avait personne à haïr et dans son état de détresse, il lui fallait un coupable.

Le juge aurait voulu hurler, mais à la place il eut des larmes incontrôlées. Il s'en voulait de réagir de la sorte, mais les émotions semblaient vouloir dégueuler sans qu'il ne puisse rien faire. Il ramena ses mains sur son visage. Léandre avait les nerfs qui craquaient complétements. Cette fois, il n'en pouvait plus. Depuis qu'il était arrivé au service d'urgence, il n'arrivait plus à se reposer nerveusement. Mais l'aveugle n'arrivait pas à le formuler. Il n'arrivait pas à dire que pour lui, cet endroit n'était que synonyme de douleur et de perte. Léandre n'avait pas dépassé ses traumatismes. Il voulu dire quelque chose, mais sa respiration fut secouée par un spasme de sanglot. A force de ravaler ses peurs et ses angoisses, le juge n'avait plus su les gérer. Il avait voulu se dépasser, mais il avait atteint ses limites.

Le jeune avocat était à bout de nerf, à bout de tout. Kala avait choisit de répondre franchement de faire passer son métier avant tout, et elle ne le regrettait pas... Mais elle regrettait par contre d'avoir sur-estimer la résistance psychologique du jeune avocat qui était en train de s'écrouler sous ses yeux. Si elle avait eut une expression se situant entre la lassitude et l'amusement lorsqu'il l'avait menacé de porter plainte, elle n'avait pas eut le temps d'ouvrir la bouche qu'il essayait déjà de se relever. Essaya seulement. Et il était heureux qu'il ne voyait pas, l'air peiné et compatissant de la doctoresse ne lui aurait peut-être pas plût.

-Vous ressemblez vraiment à certains policiers que j'ai déjà eut à soigner. D'ailleurs, quelques uns ont aussi voulu porter plainte contre moi ou l'hôpital sous prétexte que je les retenais inutilement.

Voyant qu'il craquait complètement, qu'il pleurait même, Kala ne pu retenir un geste de compassion et lui passa la main sur le dos. Cela lui arrivait souvent face à des patients jeunes qui perdaient tous leurs moyens à cause de la situation dans laquelle ils se trouvaient. C'était vraiment désolant de voir à quel point la jeunesse pouvait être touchée, meurtrie à cause de la maladie ou des blessures. Elle parla d'une voix douce.

-Vous allez sortir. Votre corps a commencé à se remettre. Dans quelques jours et vous pourrez reprendre vos activités si vos résultats le permettent. Pleurez pour l'instant, ça soulagera vos nerfs.

Même si ça ne réglerait pas le problème comme on le disait souvent. Kala arrêta son geste d'affection, incertaine sur la réaction de Léandre. Elle raccrocha la perfusion à sa place, laissant le temps à Tyler de se reprendre. En espérant que cela le calmerait, elle ne tenait pas à devoir lui injecter des calmants pour qu'il se calme.

-Si vous décidez de rester pour vous reposer, vous permettrez à votre corps de récupérer. Et ainsi vous pourrez sortir par vous même. Sans qu'il ne vous oblige à vous effondrer.

Elle ne savait pas si ça marcherait, mais c'était une manière comme une autre de voir la situation dans laquelle se trouvait le pauvre avocat. Une manière de rendre la situation moins douloureuse sans doute puisqu'elle permettait l'espoir. Léandre Tyler ne serait pas obligé de rester ad vitam aeternam sur ce lit... S'il consentant à se soigner.

Léandre ne voulait pas qu'on éprouve de la pitié pour lui. Il ne le supportait pas. Cette compassion était l'autre forme du mépris. C'était le genre de sentiment dans lequel les gens aimaient ce drapé pour se faire croire qu'ils étaient bons moralement. Cela les rassurait aussi. Le fait que quelqu'un d'autre ait une une vie plus merdique qu'eux. La pitié n'était qu'un putain de sentiment égoïste. Une forme de mépris non assumée. Et l'aveugle n'en voulait pas. Tout ce qu'il demandait, c'était d'être traité et considéré comme tout le monde. Il n'était pas une sorte de sous-personne. Il n'était pas que l'handicapé ou le malade de service. Et les gens avaient tendance à oublier qu'il y avait quelqu'un derrière tout ça.

C'était aussi pour cette raison que Léandre avait au tant apprécié Blakemore. Le vieux juge n'avait pas changé son comportement à cause de l’handicape de Tyler. Caleb l'avait considéré comme tout le monde et avait même était plus exigeant envers lui. Léandre n'avait pas ménagé. Blakemore n'était pas de ceux qui éprouvait de la compassion.

Le comportement de la médecin énerva profondément le juge. Il se sentait diminué et humilié. Léandre savait qu'il n'était pas un modèle de virilité mais le fait de pleuré en public n'aidait pas. Léandre se sentait atteint dans son image. Tyler était soulagé que Caleb, Diane ou toute autre personne du palais de justice n'aient pu le voir dans cet état. Il se sentait misérable, faible. S'éloigner de l'hôpital n'en devenait que plus urgent. Il était nécessaire qu'il parte.

Léandre aurait voulu repousser la médecin, mais il ne pouvait physiquement pas le faire. Le juge n'était plus assis droit, mais était penché sur le côté. Il était vraiment épuisé. Tyler ravala ses larmes et calma sa respiration, retrouvant un peu de maitrise de lui-même. Léandre ne voulait pas pleurer sur son sort. Il savait où cela menait. Lorsqu'il avait perdu ses yeux, mais surtout son paternel, Tyler avait perdu pied. Alors même qu'il était passé par l'antichambre de la mort, Léandre n'avait pas supporté d'être aussi diminué. Il se se souvenait très bien de l'abime et du désespoir. Il avait sombré et avait voulu mourir. Lorsqu'il était arrivé péniblement à ses dix-huit ans Léandre s'était ouvert les veines, ne pouvant plus supporté ce qu'il était devenu. Tyler n'avait pas toujours eut la rage de vivre.

L'aveugle avait du mal à situer la médecin dans l'espace, elle bougeait, c'était compliqué pour lui. Il n'arrivait pas à suivre, parasité par son propre corps. "Non, je ne vais pas rester ici, pas une nuit de plus.". C'était insupportable. Il y avait trop d'angoisse et de peur. Tyler avait la sensation qu'une bestiole s'était installée dans son estomac et qu'elle le rongeait. C'était la douleur de l'angoisse qui le réveillait le matin. "Je sais ce qui est nécessaire pour que je puisse réellement me remettre... Et cette condition c'est de sortir de cet endroit." Un lieu puant la douleur et l’antiseptique. "Je vais sortit aujourd'hui. Qu'importe les avis médicales, je sais ce qui est bon pour moi." Léandre avait une relation compliqué avec son propre corps. Il ne savait pas bien prendre soin de lui-même, détestant son handicape et cette maladie qui le rongeait. Mais il savait comme il allait réagir et que faire dans les situations difficiles.

Léandre était bouffé par ses névroses, mais au moins il en avait conscience. "Et ne me touchez pas." Tyler avait du mal avec le contact du personnel soignant, il se sentait parfois dépossédé de son propre corps. L'hôpital était un monde violent. "Gardez votre compassion pour vous. Je n'en veux pas." Toujours à bout de nerf mais ne pouvant pas faire grand chose, Tyler exigea "Laissez-moi signer cette décharge.". C'était important pour sa propre santé mentale. Léandre n'en pouvait plus. Tyler ne changerait pas d'avis. Il était coincé dans sa situation. Il ne pouvait pas avancer, mais refuser de s'allonger. Il ne resterait pas plus longtemps dans cet endroit. Le fait qu'il était en train de craquer ne faisait que renforcer sa volonté de sortir. Il fallait qu'il parte avant de totalement s'effondrer. "Vous ne pouvez pas me forcer à rester.".