Une alerte météo et la capitale s’est retrouvée paralysée. Une annonce à la radio et les citoyens se sont confinés. Eux-même. De mémoire de Sanders jamais ils n’ont vue une soumission aussi impeccable de la part des Anglais. Quoique Zac soit un peu loin de tout cela. Il a tout de même ressenti un frisson étrange en voyant sa ville vide. La cité morte. Le coeur du Royaume à l’arrêt. Effrayant tout de même que toute la populace soit aussi docile.
La grossesse de Megara intime à toutes les précautions. Ils ne sont pas sortis des trois jours. Encore après ils sont restés isolés. Ce qui ne demande pas trop de volonté au policier. La cure dure depuis des semaines. La vie s’est conditionnée autour des nécessités physiques, mentales. Ils sont sortis des obligations citadines. Pareil à sa jumelle -un an plus tôt- Junior est en chrysalide volontaire.
Avec la blessure du cirque le repos s’est imposés. La mise à pied se conjugue avec un arrêt maladie. Le bras est en place. Meg a agit vite. Le plus douloureux a été évité. La kinésithérapie a été prescrite en plus du reste. Si bien que Zac a un rendez-vous quasiment chaque jour de semaine. Une farce, lorsqu’on sait qu’elle chien sauvage il a été. Comme il s’est moqué des blouses blanches. Le sport préféré de la Strike que de taquiner les soignants. A quarante ans, l’homme se tasse enfin, concentré à aller mieux pour assumer ce qui arrivera bientôt.
La thérapie n’est pas étrangère à l’apaisement intérieur de Zac. Il fait le travail d’introspection qui attendait depuis vingt ans. Chaque séance le laisse éreinté, vide. Mais, aussi dur que soit ce combat pour trouver la vérité, il le mène. Aussi obstiné qu’il l’est en toute chose. Il a même parlé de toi avec le psy aujourd’hui. De cette place qu’il te donne. De tout ce pourquoi il se sent responsable de toi.
Un détour pour faire deux trois courses. Les réserves qui permettront de ne pas ressortir. Junior avance de ce pas rapide d’homme pressé d’en finir avec la corvé. Il passe le seuil du magasin en fin d’après-midi. Une chaine d’hypermarché où les rayons débordent de produits. La bouche béante grande ouverte pour la consommation. L’été a envoyé les gens en congés. Les allées sont moins bondées.
-“Qui voilà...” Lance Zac en découvrant la jeune femme au détour du rayon des sucreries. Un strap au bras, il est fidèle à la marque du mauvais flic. La coupe de cheveux hirsut, la barbe de trois jours, le jeans vieillissant, le t-shirt small noir. Le regard est moins terne. Le visage est moins tiré. Sanders va finalement de mieux en mieux. Un jour peut-être ira-t-il bien. “... tu me boudes ?” Cherche-t-il Sio, avant de lancer un coup d’oeil dans l’allée. Il veut savoir si le compagnon est avec elle.
Le panier au bras valide est rempli au deux tiers. Ceux sont surtout des produits du quotidien. Des trucs que Megara a envie de manger ces jours-ci, les rassoir, le shampoing. Zac regarde dans celui de sa complice. Puis, il plonge ses yeux gris-bleus dans les siens. Il cherche, il explore ses iris, comme il le fait chaque fois, de jour comme de nuit.
“Comment tu vas ?” Interdiction de mentir. Loi numéro une qu’ils ont imposés dans leur code d’honneur.
Le ciel à été si sombre qu'il fut facile d'en oublier son bleu azur. C'était comme si le monde entier avait revêtu son habit de deuil pour le pleurer. Jamais il n'aurait été possible d'imaginer un amas toxique planer au-dessus de la ville. Il a fallu du temps pour réaliser la gravité de la situation. Et aujourd'hui c'est à peine si le monde roule à nouveau convenablement. C'est encore un peu flou, improbable, frustrant de se souvenir, d'y avoir été à quelque mètre seulement. Et presque un miracle d'en avoir échappé. Tu te sens chanceuse de ne pas faire partie des victimes à déplorer. Et en même temps, tu as mal pour ceux qui semblent avoir connu l'horreur. Tout comme l'aventure au cirque, quelque chose que tu n'es pas encore prête à oublier.
Un soupir las qui s'échappe, tu reposes ce paquet de spaghetti en évitant au mieux de repenser à ce sujet délicat, changeant de rayon. Ni le lieu, ni le moment, tu as juste besoin d'un peu de temps pour digérer, ou enterrer. À force de rester cloîtrer chez toi dernièrement par mesure de sécurité, ça manque cruellement de nourriture dans les placards. Entendre ta frangine faire les cent pas parce qu'elle ne pouvait sortir fut une plaie, mais le choix n'avait pas été demandé. Ça n'a pas spécialement arrangé vos liens, tu as plus eu la sensation de sentir des barreaux se refermer davantage autour de toi. Plus encore après qu'elle est eu vent des événements du cirque. Tu peux comprendre son inquiétude, mais ça t'étouffe. Tu voudrais de l'air. Et tu as commencé. Sans vraiment lui en parler, sans lui dire que c'est officiel, tu as posté une annonce il y a deux jours. Tu attends les réponses, les coups de fil ou les mails. Tu filtres ce qui est vrai du faux. Ce n'est pas sur un coup de tête, cette idée est bien là depuis trop longtemps. Tu ne comptes pas l'abandonner du jour au lendemain, tu iras en douceur, un peu moins présente à chaque fois. Tu commences à avoir assez d'argent pour pouvoir te le permettre, c'est peut-être maintenant ou jamais pour que tu te lances. Difficile d'imaginer que les choses ne finiront pas par des voix qui s'élèvent outre mesure.
Entre les mains, tu hésites avec deux paquets de bonbons. Est-ce que c'est vraiment raisonnable ? On ne cesse de te dire que tu as perdu énormément de poids et pourtant tu en vois tout le contraire. Tu te sens grosses. Tu n'arrêtes pas de manger en étant ballonné. Ou du moins, c'est la sensation que tu as après avoir pris simplement trois bouchés. T'abandonnes l'idée finalement en reposant les deux. L'oreille soudainement tendu, le regard qui se redresse, t'es dans une impasse que tu n'avais pas prévue.
« Oh, Zac. »
Sa file dans un murmure. Une pointe désagréable. Il y a une énorme distance entre vous, du bruit et pourtant tu l'as reconnu entre mille. Un souvenir du dernier message échangé, des événements passés et du faussé qui s'est lentement créé. T'ignore volontairement sa question pour passer à la suivante.
« Ça va merci. Jour de course, que tu dis en pointant ton panier maladroitement. Une journée classique. »
Non, tu ne le boudes pas, ça te tue. Ce n'est pas pour toi, c'est pour limiter la casse. Il y a eu un temps de réflexion après l'entrevu improvisé avec JB et ça t'a fait mal de finir par l'admettre, mais il avait raison. Même avec tous les efforts du monde tu es une tentation. Même avec toute la résistance possible, tu as envie de le retrouver, comme autrefois. Quand il n'affichait pas cet air en posant les yeux sur toi... et tu préfères te défiler rapidement que d'y faire face.
« Je ne vais pas te retenir, tu dois être attendu je pense. »
Profession : En quête d'emploi et ayant abandonné ses études d'arts, Siobhan ne se consacre plus qu'à la photographie par pur plaisir, cherchant à immortaliser les moments précieux de la vie.
Etat Civil : Célibataire, une page qui se tourne, ou autre qui s'ouvre peut-être
Junior a lancé la boutade sans lui donner de sens. Cependant l’étrange attitude de Sio modifie son raisonnement. Il la scrute, alors que son pas le porte à sa rencontre. Les yeux demandent si c’est donc la réalité. Qu’elle ait décidé à placer une barrière entre eux. Ce qu’elle n’aurait pas pris la peine de lui dire…
Quelque-chose ne va pas. Voilà ce qu’elle lui confirme sans le lui dire. Zac le sent et le voit. Il se met donc à chercher le pourquoi du comment. Les éléments qui expliqueront ce à quoi il assiste. Sio n’a jamais été fugueuse avec lui. Pas même dans les moments les plus chaotiques. Il avance pour bloquer la retraite. Il la retient par un bras.
-“ … Qu’est-ce qui se passe ? ” Questionne-t-il encore calme, mais soudain méfiant, plus sombre. Il attire l’attention de la jeune femme en lui levant le menton dans sa direction. Un geste un rien autoritaire. Parce qu’il peut l’être quand il active son instinct protecteur. Sanders se met à chercher des stigmates sur sa peau. Les signes de violences qu’il redoute. Une flamme dangereuse naît dans le fond de ses pupilles. “Ca ne va pas ? ” Maintenant qu’il doute, il va enquêter. Mais, elle peut leur faire gagner du temps.
Lentement, ils reculent un peu plus loin dans la contre-allée. Pour qu’il y est un peu moins de bruits. Pour que la jolie Irlandaise puisse se faire entendre correctement. Sans une réponse convaincante Zac sait déjà qu’il l’embarque avec elle. Mais, il sachant qu’il peut aller trop loin, trop vite, il prend sur lui. Si ce n’est pas une preuve qu’il est en analyse ça.
-“Sio ? Hey. C’est moi.” Rappelle-t-il. Le visage se détend pour un sourire complice. “ Dis-moi ce qui ne va pas ? ” Car si ce n’est pas à lui, à qui parlera-t-elle ? Probablement pas sa soeur. Certainement pas ce connard qui lui sert d’amoureux.
Tu penses, t'imagine, t'as tort. T'en sais rien, tu n'es pas dans sa vie, mais c'est ce qui te semble logique, c'est ce que tu espères pour pouvoir prendre la poudre d'escampette. Pour te dérober sans que ça ne choque personne. C'est une mauvaise idée qui fini par rencontrer un obstacle. Tu n'as pas vraiment eu le temps d'aller bien loin que tu as sentie ses doigts s'entourer autour de la peau. Ce n'est pas bien méchant, ça ne serre pas trop, mais ça n'empêche pas la surprise qui s'est échappée. Ton cœur accélère anormalement, une pression qui augmente, le regard obligé de se perdre dans ses orbes clairs. Tu n'arrives plus à fuir. Tu t'y perds simplement, criant silencieusement à l'aide.
Sans savoir quoi dire, ni quoi faire. Il y a de la détresse. Il s'inquiète. Facilement tu devines pourquoi. Le spectacle qu'à donné Avalon est encore frais. Mais pour une fois il n'a rien fait, il s'est tenu tranquille. Il a ravalé sa haine sagement, ce qui fait planer le doute sur quelque chose de plus grands. De plus sombres qui pourrait tomber.
Les pieds reculent et les mots se bousculent dans la tête. Il reste en suspend sur le bord des lèvres. L'attention n'est pas attirée, mais ça finira par arriver. Prise au piège, pas d'issue, ce serait mal venu de faire un esclandre simplement pour l'éviter. Simplement pour ne pas parler. Tu ne serais pas capable de faire une chose pareille pour lui.
« Tout va bien. Je suis pas mal occupée en ce moment c'est tout. »
Tu mens comme tu respires, tu mens encore, tu mens mal. T'es douée à ce jeu-là d'ordinaire, mais pas cette fois. Il n'y a pas la finesse des mots, pas de fluidité, le regard qui fuit, aucune assurance à ce qu'il faut dire, ou ce qu'il faut faire. T'es pas capable de lui mentir convenablement comme tu pourrais le faire avec le reste du monde. Une plaie.
« J'ai plein de choses à faire, les cours, le boulot, un appart à trouver... ça ne me laisse pas beaucoup de temps. »
Tu déglutis, une fois, puis deux. La gorge sèche, la langue presque pâteuse, les dents qui arrachent la lèvre inférieure. Perdu tout contrôle de cette situation. Tu aurais peut-être du simplement tourner les talons. Faire comme si tu ne l'avais pas vu, pas reconnu, la tête ailleurs. Est-ce que cela aurait été plus facile ? Plus abordable ? Plus appréciable ? Tu voudrais revenir en arrière, revenir à un temps à ça ne semblait pas si complexe, où il n'y avait pas de barrière.
« Tu dois avoir pas mal de choses à faire, les bébés tout ça... Je ne vais pas t'embêter plus que ça. Vraiment. »
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Les alibis ne sont jamais faciles à élaborer face à un flic. Il peut détecter le mensonge parce qu’il passe sa vie à le chasser. Une capacité qui est encore plus utilisée quand Zac est dans le cercle intime. La nature méfiante s’est endurcie avec les années. Pas tant à cause du comportement des autres que le sien. Parce qu’à force de tordre la vérité il est devenu le prisonnier de son système. Il pense que tout le monde a des raisons de mentir. Tout le monde a des raisons de lui mentir.
-“C’est gentil de t’en préoccuper. Tout va bien. Ca m’empêche pas d’être là. ” Lui dit-il pour évacuer cette fausse diversion. Sanders ne perd pas de vue ses devoirs ou ses priorités de vie. Le cadre n’a pas changé.
Une petite tension nerveuse est apparue. Elle se devine dans la raideur des épaules. La carotide qui bat infiniment plus vite. Junior n’a pas envie que Sio soit dans cette posture face à lui. Il est trop sûre de la confiance qu’ils partagent. Il a besoin de savoir qu’il y a des personnes sur qui il peut compter. Surtout depuis qu’il est lancé dans ce gros travail sur lui-même.
-“ Pourquoi tu me ments Siobhan ? ” La sonde-t-il d’une voix égale. Même si le regard est davantage inquisiteur. “ Tu sais comment ça marche. Plus tu me mens plus je vais imaginer le pire des scénarios.” Ils se connaissent assez pour savoir qu’il serait périlleux d’implanter un soupçon dans la tête de ce loup. Il a beau être plus posé. Il reste le gardien de la meute.
Les lèvres disent une chose, mais les yeux en disent une autre. Ils crient silencieusement à l'aide, ils cherchent quelque chose qui n'est même pas dans l'air. Cette situation n'est pas commode, elle vous dépasse. Elle n'est pas la bonne. Tu n'as rien fait de mal Sio, au contraire, tu veux limiter les tourments qui se rongent entre eux. Tu voudrais pouvoir le regarder dans les yeux et lui dire que cela ira mieux. Croire que ce n'est pas vraiment périlleux.
Croire qu'il tomberait dans une diversion si futile, c'est mal le a connaitre. Il a le bon flaire et toi tu t'enfonces davantage. C'est la première fois depuis longtemps qu'il prononce ton prénom entièrement. Avec cet accent anglais qui résonne, c'est un peu écorché, mais ça ne fait pas le même effet qu'un type lambda qui le déclare. Un peu douloureux en sachant que tu lui mens. Comme une enfant qui se fait réprimander. Où est la douceur qui s'échappe généralement de ses lippes ? Le ton apaisant qui siffle doucement ? Et le petit sourire qui s'écorche sur le visage ?
N’a-t-il pas raison au fond ? Imaginer le pire des scénarios ? N’êtes vous pas en train de le vivre pleinement ? N’est-ce pas ce qui gravite autour de vous depuis longtemps ?
« C’est compliqué, Zac, Je… - Excusez-moi, est-ce que vous auriez la gentillesse d’attraper le paquet qui est là s’il vous plaît. »
Il y a ce petit temps de réflexions, d'hésitation, puis le souvenir que vous n'êtes pas entièrement seul. Que le monde passe et repasse dans les allés comme bon leur semble, même à l'écart cela ne les empêches pas d'être là. Un petit sourire aimable sur le visage tu hoches la tête et lève le bras. Madame aura son précieux petit paquet de bonbons, le seul petit écart probablement encore tolérable à son âge. Un petit gagne temps de quelques secondes, un instant à faire redescendre les battements de ton palpitant qui s'acharne à l'intérieur. Un peu plus il serait prêt à briser la cage thoracique pour s'enfuir. Elle te remercie cette petite dame, la joie qui s'anime sur son faciès et ses pas qui glissent sur le sol pour s'éloigner.
T'as les yeux qui tournent sur les environs, vous êtes peut-être un peu louche en plein milieu. Vous finirez par attirer des regards indiscrets. Et il y a le retour à la réalité. Le regard qui se pose sur tes mains, les ongles qui grattent le rebord en plastique du panier. Le malaise qui renaît.
« Je ne peux pas... je ne peux plus... ce n'est peut-être pas une bonne idée qu'on... »
C'est un murmure qui peine à se terminer. Qui se noie à l'idée d'avouer. Est-ce que tu serais vraiment prête à ça ? Est-ce bien là ce qu'il faut faire ? De cette manière aussi brute ? Est-ce que tu veux vraiment lui laisser croire à une fin ?
« Est-ce qu'on peut se retrouver à la voiture ? Je ne veux pas parler de ça ici.»
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Junior voit que l’interruption soulage fortement la jeune femme. Une émotion si claire qu’elle aiguille le raisonnement. Chaque élément qui se superpose va dans la direction la moins attrayante. Le flic patiente bon grés mal grés. Il sourit poliment à l’inconnue sans pour autant décoher un mot. Il n’a pas envie de perdre du temps. Surtout, il ne veut pas que Sio ait le temps d’élaborer une autre parade.
-“ Qu’on quoi ? ” Répéte-t-il tout de suite pour qu’elle aille au bout de sa pensée. Là, tout de suite, devant lui, avant de perdre ne serait-ce que le courage de lui parler. “Qu’on quoi ? Sio ? Punaise. C’est moi ? Qu’on quoi ?” L'incompréhension est lisible sur lui. Zac ne s’en cache pas du tout. Il est désarmé devant une telle attitude.
Un grognement manque de le trahir. Heureusement Zac est moins vif qu’à une autre période. Il peut mieux contrôler ses réactions et les humeurs. Il a aussi plus accès à l’empathie. Sio a peur. Alors se braquer ne résoudra rien.
-“ Okay. On fait ça. Va payer tes trucs. Je t’attends.” Ajoute-t-il tout de même pour lui prouver qu’une fuite est inutile. Junior est capable de la suivre pour avoir le fin mot de cette histoire dont il ne sait rien.
Ils se séparent donc ainsi. Bien que les courses ne soient pas terminées Sanders file à la caisse. Il pourra expliquer à Megara le pourquoi. Meg est une femme de bon sens. Doublée d’une profonde féministe. Ils ont parlé de Sio. Elle comprendra la situation cela Zac n’en doute pas une seconde.
Tout en rejoignant la voiture, il tente de trouver le conseil que lui donnerait une des filles. Il cherche la réplique qui viendrait à Izaline ou à Megara.
-“ … Excuse-moi pour le ton.” Maintenant il commence à apprendre que l'intonation est aussi importante que les mots employés. “ C’est que je m’inquiète pour toi. ” Lui dit-il du mieux qu’il le peut. Il espère ne pas trop se tromper. Mais, Zac ne peut pas s'empêcher de penser que tout semblait plus simple quand ils étaient sous substance. Tellement plus facile. Une pensée qui se lit dans son regard gris pendant un court instant et qui s'efface. Car ce genre de raisonnement n'aidera aucun d'eux en plus d'être dangereux.
Le palpitant qui s'excite à l'intérieur, tu l'entends cogner contre tes tempes. Il te fait mal, mais pas autant que la réaction de Zac. Le ton qui s'échappe. T'aurais voulu éviter cela au mieux, mais maintenant t'es coincés. Tu déglutis sans plus de mots, tu attends sagement jusqu'à ce que la proposition soit accepté. Un léger soulagement qui ne dure pas, si vous deviez en arriver à des mots plus dur, plus froid, à une crise de rage, tu préfères que ce soit assez loin des regards extérieurs, des commérages et des murmures délicats. Alors, il ne te faut guère plus pour t'empresser de rejoindre la caisse.
Le temps que la vieille dame rassemble ses affaires, ça te laisse le temps de réfléchir, de peser le pour ou contre. De trouver les mots pour aborder le sujet qui parait délicat. Est-ce qu'il y en a vraiment ? Est-ce que c'est simplement possible ? N'est-ce pas trop en demander, trop espérer ? Si les dégâts pouvaient être minimisés, tu le saurais déjà.
C'est d'en pas lent, peu assuré, les bras chargés de courses que tu avances en direction de la voiture. L'impression que l'épée de Damoclès se balance et te nargue au-dessus de la tête, prête à couper le fil qui la maintient, se plantant de tout son long dans ton âme. Elle serait peut-être moins douloureuse que la réalité. Une fois à la voiture, tu balances rapidement toute cette nourriture dans le coffre. Faisant claquer la porte de celui-ci, tu t'y appuies en réfléchissant encore un peu. En écoutant vaguement les excuses qu'il laisse entendre.
« Je sais. C'est juste... C'est dur, d'accord ? Il s'est passé tellement de choses et... Je ne sais pas, je ne sais plus comment je dois réellement me comporter, comme je dois être, ce que je dois faire. Si mes choix sont les bons. »
Il y a tout un tas de truc qui se passe, des choix que tu ne sais pas prendre, des envies que tu ne sais pas attraper. T'étouffe dans cette vie qui te parait misérable. Et ce qui se passe là entre vous ne t'aide pas y voir plus claire. Mais tu lui doit une explication, une raison, quelque chose qui justifie ce comportement.
« J'ai rencontré un certain JB et... je dois dire qu'il m'a fait suffisamment peur pour que je me dise qu'il n'a peut-être pas tort... Pas tort à ton sujet...»
Il n'a pas besoin de cette merde qui gravite autour de lui. Il n'a pas besoin de retomber dans cette déchéance pour vivre. C'est vrai. Tes mains trembles, tu les serres en forme de point, tu les ramènes contre toi en priant que les choses aillent pour le mieux. Et tu te lances, t'inspire avant de faire ce saut dans l'inconnu.
« C'est peut-être mieux qu'on... qu'on ne soit plus... qu'on ne soit pas... qu'on arrête... »
Profession : En quête d'emploi et ayant abandonné ses études d'arts, Siobhan ne se consacre plus qu'à la photographie par pur plaisir, cherchant à immortaliser les moments précieux de la vie.
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Zac vient à la rencontre de la jeune fille, pour la soulager, d’une partie des paquets. Il attrape ceux en trop et les posent sur le capot de la voiture. Il veut qu’elle soit à l’aise pour parler. Il suppose que Sio est venue ici à pied. Elle va devoir prendre les transports en commun pour rentrer chez elle. Naturellement, Sanders lui proposerait un rift. Ils ne comptent plus les trajets faits pour l’un ou pour l’autre. C’est devenu quelque-chose de normal. Pourtant, là, le flic se retient. Le comportement de la rouquine le retient.
-“ Ah.” Scande donc Sanders. Il n’a rien de mieux à répliquer. D’un premier abord… le travail d’introspection n’est jamais inutile pour un individu. Pour deux addictes tels qu’eux c’est plus compliqué. Se rendre compte de ses erreurs provoque irrémédiablement un retournement complet. Ce qui n’est pas si éloigné de l’expérience de Junior.
-“ Quoi “à mon sujet” ? Ca veut dire quoi ? Qu’est-ce qu’il t’a dit ? ” Lui demande-t-il plus soupçonneux qu’un agent secret. Zac s’interroge sur le genre de portrait à dresser. Quelles ont pu être les indiscrétions du parton ? Celles de Sio ? Qu’ont-ils pu se dire qui mérite le silence qu’elle impose entre eux ? La paranoïa s’est apaisée, mais il reste un fond, en lui. Il la sent s’agiter dans le tréfond.
Ils sont face à face en plein jour. Le front du policier devient plus sombre qu’un ciel d’orage. Le temps qu'il donne tout son sens à l'explication. Soudain un voile se lève. La lucidité durci les yeux du jeune loup. Il observe son amie d’un drôle d’air. Il imagine la scène qui a dû se dérouler entre eux. Jean-Baptiste est intervenu de façon frontale. Il a été prêcher la bonne parole. Comment une telle situation a pu arriver ? Comment a-t-il eu connaissance du lien entre Siobhan et lui ?
-“ Qu'on arrête… C'est ce que tu veux ? Toi ? Hein Tu veux qu’on arrête de se voir ? ” Il ne transige pas. C’est tout ce que Zac a besoin de savoir de tout cela. Sio désire-t-elle s’écarter de lui ? Il n’en sait rien. Après tout peut-être que le Français lui donne le bon prétexte pour couper leur lien. Il a perdu tant de personnes au cours des derniers mois, que qu’il en est devenu pessimiste. Le genre humain n’est pas fiable. Il est même faible.
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Autrefois, tu étais une fille pleine de vie. Une petite boule d'énergie. Un torrent qui amenait la joie entre des murs gris. Il y avait un si joli sourire qui se déposait sur les lèvres. Il illuminait chaque visage qui croisait le chemin. Tu étais cette petite fille innocente qui ne connaissait encore rien à la vie, qui se laissait bercer par les envies. Et tu as grandie. Il s'est dissipé avec le temps jusqu'à devenir inexistant. Le faciès, morne, terne, froid, abimé, boursoufflée, apeuré. Tant de douleur qui est passée, tant de souffrance qui se sont ancrée entre les yeux. La douceur s'en est allé au loin, si loin que tu en as oublié ce qu'elle pouvait réellement représenter. Y'a pas de bonheur, y'en a plus depuis des lustres.
Et maintenant t'es là comme un pantin sans vie. Tu balbuties des mots qui te crèvent de l'intérieur. Débattant avec cette envie de fuir qui te crève l'cœur. Qu'est-ce que ça veut dire arrêter ? Qu'est-ce que ça signifie vraiment ? Est-ce que ça devient qu'un simple sourire quand tu le croises ou l'ignorance comme s'il n'avait jamais existé ? Tu l'as dit, tu l'as prononcé, mais est-ce que t'en ait vraiment capable ? Les yeux fixant le sol tu préférais encore qu'on t'écrase. Quand finalement ses mots parviennent à tes oreilles, que la phrase prend tout son sens, ton cœur cesse de battre. C'est un coup de poignard qui l'enfourche tant tu n'aurais pas cru l'entendre de sa bouche. C'est comme si la réalité prenait enfin tout son sens. Comme si tu voyais pour la première fois cette merde qui t'entoure.
« Évidemment que non ! Je... Mais merde Zac ! »
De la colère qui traverse les yeux alors que tu les relèves enfin. Ça ne dure qu'un instant avant que tu ne détournes le regard. C'était peut-être un peu trop tard, un trop fort, y'a un couple qui te regarde bizarrement. Qu'est-ce que tu veux vraiment ?
« On a peut-être un passif qui n'est pas glorieux, on a fait des choses... tout sauf bien, mais bordel ! Ta voix trahit le sanglot que tu retiens difficilement en travers, elle déraille et fait ressortir l'accent Irlandais que tu essaies désespérément de cacher tous les jours. Même avec ça tu fais partie de ce qui a pu m'arriver de mieux sur ses dernières années... J'aurais probablement fini ce que j'avais commencé si tu n'étais pas venu dans l'équation... »
Doucement les doigts frottent ton avant-bras, il longe et retrace en sens inverse la ligne de la veine. Si fine et si fragile. Si près du but. Mais il a fallu qu'il débarque, qu'il te remarque, qu'il te fasse rire au moment le plus crucial, qu'il s'intéresse pour vouloir revoir ton faciès. Pourquoi ? Tout cela aurait pu être plus simple si en fin de compte tu avais coupé les ponts plus tôt. Tu n'aurais été qu'une fille au coin d'une rue. Une fille qui n'est plus.
« Le problème c'est que je ne peux pas ignorer la vérité. T'en ait sorti, c'est la meilleure chose qui puisse t'arriver, mais à côté de ça je ne suis qu'un point mort, un boulet qui reste accroché à ta cheville. JB a raison, même avec toute la bonne volonté du monde je reste une tentation pour une nouvelle descente. Qu'est-ce qu'il va se passer le jour où je vais t'appeler ? Ou tu vas venir et me voir dans un état minable ? Tu vas simplement m'emmener dormir et refermer la porte ou craquer et ne plus pouvoir te regarder dans le miroir ? »
Qu'est-ce qu'il va se passer ? Toi tu te connais, tu sais ce dont tu es capable. Mais lui ?
« Tu peux dire ce que tu veux, mais tous les efforts que tu emplois seront simplement ruinés à cause de moi. Sois honnêtes pour une fois... tu crois vraiment que tu pourras me regarder de la même manière ? Que tu pourras m'apprécier encore avec tout ce que tu as perdre ... T'as une femme et des gosses... t'inspire doucement, tu sens la larme qui roule le long de la joue, tu le fixes à nouveau, les yeux trahissent la peur que tu réprimes, à ton avis qui est-ce que tu choisis ? »
Profession : En quête d'emploi et ayant abandonné ses études d'arts, Siobhan ne se consacre plus qu'à la photographie par pur plaisir, cherchant à immortaliser les moments précieux de la vie.
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Sanders rentre les épaules, pareil à un vieux combattant. Celui qui a appris à recevoir des coups dans la gueule… autant qu’à en donner. Il prend ça dans la face sans broncher. Parce qu’il sait que dans ces cas là il n’y a rien de mieux à faire. Il faut dire que dans sa pente descendante, il a blessé et fâché beaucoup de monde. Maintenant, Zac doit récolté ce qu’il a semé. Il se prend les critiques, les accusations, de ceux qu’il aime. Pourtant, c’est douloureux chaque fois. Chaque cri, chaque vérité, appuie directement là où ça peut lui faire mal. Il douille.
Les mots de Sio l’atteignent en plein dans les tripes. Le flic prend tout ce qui vient sans s’économiser. Le pire de la sincérité est qu’elle révèle autant le beau et le laid des individus. Junior continue d’en faire l’expérience. Il a beau avoir la quarantaine, il n’est pas plus fier que son gamin, quand ça arrive. Le voilà qui fait la rétrospective. Une rencontre alors qu’il était perdu au coeur de sa propre tempête. Aider Siobhan, sauver cette fille, l’avait tant aidé.
-“ Bien sûre que je viendrais...” Tente-t-il de dire à la rouquine. Mais la joliette n’a pas encore terminé son soliloque. Elle développe sa thèse. La voilà qui est claire comme de l’eau de roche. Limpide et vive d’esprit comme elle peut l’être à certains moment.
Le choix Cornélien s’impose dans une voix déchirée.
-“ … C’est pas toi qui es responsables de mes choix Sio.” La contredit-il d’abord. Ce n’est pas faute d’avoir utilisé cette tactique de défense de nombreuses fois. Junior ne s’en est pas privé. Il est plus simple d’accuser l’autre de ses propres fautes, du malheur, ou des malheur. Mais ce que la thérapie aide à comprendre c’est que cette méthode n’est pas viable. Tôt ou tard chacun doit assumer ses choix.
-“ Si un jour je replonge ce sera de ma faute.” Il n’y aura personne d’autre à blâmer sur la Terre comme au Ciel. Sanders tombe à nouveau. Il perdra tout en effet, femme, enfants, proches. Mais il en sera le seul et unique responsable. “ Donc vire moi cette culpabilité de ton crâne. Ok ? ” Où est l'utilité qu’ils soient deux à se mettre une telle pression ?
-“ Ce que JB aurait aussi pu te dire c’est que chez nous la meute passe avant le reste. On laisse personne derrière.” Lui-même en est un exemple probant. “ Et au cas où tu l’aurais pas remarqué, toi Siobhan Oswell tu fais partie de ma neutre. Je ne te laisserais pas tomber. … Pigé ? ” Lui demande alors le repenti en la fixant droit dans les yeux. Il faut plus, beaucoup plus, pour faire lâcher prise à un loup.
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Tu ne penses pas réellement les derniers mots qui viennent de s'échapper. Tu ne t'attends pas non plus à ce qu'il fasse un choix entre sa vie et toi. Ce serait horrible d'exiger une telle chose, plus encore alors, que tu as bien conscience de ne pas être le choix à prendre. Toi-même tu ne te choisirais pas. Hors de questions d'être le monstre qui souhaite ça et en même temps, ce n'est que la vérité. Comment serait-il possible de passer à côté d'un peu de bonheur pour une simple histoire de défonce de quelques heures ? Tu es égoïste, mais pas à ce point. Ce n'est que le mettre dans le fait accompli, de réfléchir à ce qui est le plus judicieux.
Il pouvait bien dire ce qu'il voulait, tu en restais en partie responsable. Il te serait impossible de continuer à te regarder en face s'il venait à te prendre toi plutôt ce qui est plus important, ou s'il perdait sa vie par ta faute. Cette culpabilité est ancrée en toi depuis trop longtemps pour la voir disparaître aussi aisément. Le revers de la main essuie la deuxième larme qui roule sur la joue. Agacé alors que tu t'étais promis de ne pas pleurer aujourd'hui.
« Tss... Si tu le dis. Tout le monde ne pense pas la même chose que toi. »
Cette vision des choses qui n'est pas la même pour tout le monde. Ce serait tellement plus simple si le monde pouvait être si clément. Malheureusement, il y a cette dure réalité qui frappe sans cesse et qui se ramène sans aucune délicatesse.
« JB a été bien clair. Je serai la première à prendre si tu replonges, avec ou sans moi. Ça change peut-être les choses pour toi, pas pour moi. »
Tu as bien du mal à croire qu'il ne te laisserait pas tomber, quoi qu'il puisse vous arriver. Ce sont des mots que tu as entendus tellement de fois. Que tu espérais voir s'exaucer. Jusqu'à ce que tu comprennes leur valeur. Ce sont des choses qu'on dit aux autres pour ne pas les voir pleurer, mais qu'on n'exécute jamais. Tu ne veux pas y croire, cela atténuera la douleur de la déception.
« Tu comprends pourquoi j'ai été distante ses derniers temps... C'tait plus facile que d'imaginer te perdre de façon plus brutale. »
T'inspire faiblement. C'est plus facile d'éviter que faire face à la confrontation.
« Tu peux m'en vouloir si tu veux, mais je ne sais pas quoi faire... Et je ne le sais toujours pas. Je suis perdu... J'en ai marre. J'aimerais que les choses aillent bien, mais rien ne se déroule comme y faut... Comment est-ce que j'aurais pu réagir différemment alors qu'il m'a mis au pied du mur... ? Comment est-ce que je pourrais voir les choses autrement alors qu'il n'y a que du vrai... »
Profession : En quête d'emploi et ayant abandonné ses études d'arts, Siobhan ne se consacre plus qu'à la photographie par pur plaisir, cherchant à immortaliser les moments précieux de la vie.
Etat Civil : Célibataire, une page qui se tourne, ou autre qui s'ouvre peut-être
La franchise de Sio a un effet désagréable. Une nouvelle preuve de la place de cette jeune femme dans l’esprit, le monde, du flic. Il cherche à contenir le grondement qui se fraie un chemin dans sa gorge. Son de gorge animal de mécontentement devant la vérité. Lemoine a agit comme le font les Strike. Il garde sa meute loin des ennuis. Pourtant cette bienveillance n’a rien de reluisante dans le cas précis.
-“ Je vais lui parler. ” Grogne-t-il entre deux respirations chahutées par un début de rage. Un sentiment sincère qui fait son chemin dans les viscères. Une émotion qu’il ne peut pas encore maîtriser à la perfection. Zac ressemble à un boxeur contrarié. Pourtant, il n’a aucun geste violent. Il reste plutôt immobile. Il met en pratique ce qu’il a posé pendant la cure. Toutes ces choses qui lui ont permis de sortir de la spirale.
-“ J’comprends Sio’ . ” La colère n’est pas dirigée vers elle, ni même vers JB. Parce que Junior sait ce qui a provoqué ces réactions. Il doit assumer qu’il est le responsable réel de cette situation “à la con”. Une situation dont il ne peut pas se plaindre sans récolter de nouvelles claques. “ Je suis désolé. ” Lui dit-il fort de son honnêteté. Il a besoin de le lui dire avec les idées claires. Elle mérite de l’entendre aussi.
La peine de Sio transparaît. Elle est vraiment perdue. Ce qui n’est pas compliqué à comprendre. Cela peine Sanders plus qu’il ne veut le lui montrer. Seulement, il est plus sensitif depuis qu’il est clean. Il ressent tout ce qui se passe. D’un coup, il a deux pas vers la jeune femme. Il a même un mouvement pour l’attirer vers lui. Mais, il ne se permet pas de terminer le geste.
-“ … Je ne sais pas ce qu’il a dit. Je sais que tu es une fille loyale, cool, que j’aime. ” Lui énonce-t-il avec beaucoup de certitude. Junior est un homme sauvage. Les années l’ont rendu moins sociable. Il a très peu de vrais amis dans sa vie. Ce n’est pas un souci pour lui. Il se sent bien dans ce petit monde. Mais n’est-ce pas la preuve que Sio en fait réellement partie ? Il la sent désireuse d’avancer aussi. C’est ce qui le motive à ouvrir sa gueule: “ Je peux t’aider. On peut chercher comment arranger les choses. T’es pas toute seule Sio. … Tu veux pas qu’on aille se prendre un café et que tu me racontes ? Même si moi je ne peux pas faire grand chose techniquement, je peux trouver ceux qui le pourront. … St’eu plaît, laisse-moi faire ça pour toi ? ” Troisième tentative. Là, Zac se fait plus plaintif. Il quémande la faveur tout en douceur. Parce qu’il ne peut tout simplement pas se détourner. Impossible de la renier. C’est comme ça. Ils doivent s’y faire, elle, JB, lui. Mais c’est ce qui fait qu’il est lui aussi.
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Ces mots restent là en flottement telle une vérité cinglante. Il y avait tellement de choses, tellement d'incertitude, de question qui est restant dans un perpétuel silence. Est-ce qu'il serait simplement possible d'y répondre ? De les étaler une et de les étudier ? Elle reste là sans que tu ne sois certaine d'y trouver un jour un remède. Et en même temps, tu as tant finis par t'y habituer qu'il y a ce doute qui plane sans cesse, la peur de se débarrasser de ce sentiment. Difficile a comprendre, même pour toi. Tu n'espères et n'attends pas quoi que ce soit, peu probable de voir quelqu'un y arriver. Quant à Zac, impossible de savoir s'il le fait qu'il soit au courant soit mieux. Tes muscles qui se raidissent légèrement quand les lèvres s'ouvrent pour prononcer des mots que tu aurais souhaitaisne pas entendre. Lui parler ? Est-ce que cela serait réellement une bonne idée ? Est-ce que ce ne serait pas la porte ouverte à d'autres problèmes ? Et s'il prenait cela comme une tentative de fuir ses menaces en te protégeant derrière le principal concerné. Loin de ce que tu recherches, loin d'être le message que tu cherches à faire passer. Ce ne serait qu'un point de plus pour lui donner raison. Tu gardes soigneusement cette pensée, un espoir assez vain de voir les choses ne pas finir aussi dramatiquement. Ta gorge se noue quelques peu aux excuses qui passent, tu te sens mal de le voir ainsi, tout ce que tu désirais évitez venait finalement d'arriver. Il te faut un temps qui semble paraître infiniment long pour l'accepter. En douceur tu sens son élan de réduire cette distance qui vous sépare. Un baume au cœur, un soulagement presque perçant.
Les choses ne peuvent aller que pour le mieux désormais. Tu veux y croire après avoir enfin vidé ton sac, après avoir séché tes larmes. Cela ne peut aller que de l'avant entre vous.
« Je crois pas que ce soit bien maintenant. Non pas que je n'en aie pas envie, mais j'ai plein de choses à faire aujourd'hui. Et ma sœur m'attend. Je voudrais juste souffler un peu. »
Souffler, réfléchir, oublié. Repartir à zéro. Revoir les choses telles qu'elles furent auparavant. Retrouver cette complicité qui vous manque a tous les deux. Et pour ça tu as besoin d'un petit break. Un donc il a conscience cette fois-ci.
« Je ne compte pas t'ignorer encore, je te le promet. Maintenant que tu le sais... j'ai l'impression de pouvoir te revoir comme si rien n'avait vraiment changé. Mais... Ne m'en veut pas si certaine ne sont pas partagée avec toi... Pas que je ne le veux pas, mais... je veux simplement limiter les dégâts. »
Tu voudrais qu'elle comprenne que certaines choses sont désormais différentes. Que maintenant qu'il est clean tu ne peux plus te permettre d'être aussi incrusté dans sa propre vie. Quand bien même autrefois tu n'aurais jamais du l'être. Tu souhaites simplement lui laisser la chance de profiter et de vivre pleinement cette vie qui lui appartient. Sans avoir une peur constante à ton égard. Je voudrais simplement qu'il comprenne ceci rien de plus. Sans imaginer que tu l'abandonnes car, au fond, tu ne le pourrai pas. Tu ne le pourrais probablement jamais.
« Je te demande juste un peu de temps et... quand les choses se seront calmés je voudrais vraiment qu'on prenne le temps toi et moi de profiter d'une journée ou même une soirée. Simplement toi et moi comme autrefois. Enfin si tu le veux bien. »
Profession : En quête d'emploi et ayant abandonné ses études d'arts, Siobhan ne se consacre plus qu'à la photographie par pur plaisir, cherchant à immortaliser les moments précieux de la vie.
Etat Civil : Célibataire, une page qui se tourne, ou autre qui s'ouvre peut-être
Junior se fait une nouvelle fois éconduire dans sa proposition. Mais cette fois la rouquine impose des arguments qu’il peut entendre. Il fait donc avec la déception. Il éloigne la frustration dans un coin de son crâne. Il sera bien temps de l’extérioriser sur un ring de boxe. Dès que le bras est totalement mobile Zac retournera en salle. Le sport lui permet d’équilibrer son énergie. Ca fait des années que ça dure.
-“ D’acc. ” Il ne bataille pas. Il accepte la volonté de Sio. Il essaye même de ne pas lui faire sentir son sentiment. Il comprend peu à peu qu’il n’est pas bon de faire peser ses sentiments sur les personnes que l’on est censé aimé. “ Pas de souci. ” Lui précise-t-il pour bien lui montrer qu’il n’y en a pas… plus.
Là encore, la démarche de son amie possède une certaine noblesse. Même si le Fils du Comte a des griefs contre la noblesse… Il est capable de voir la beauté du geste. Il est contre. Mais, il respecte l’idée qui est derrière.
-“ Okay… C’est toi qui vois. Je ne dirais rien. ” Une preuve que ce flic bourrin peut être plus subtile parfois. Il est clair que le fait d’être clean aide à la chose. Il est clair aussi que retrouver son foyer, le cocon familial, lui redonne de quoi s’apaiser. Lentement, mais sûrement Zac se retrouve. “ Moi, j’suis pas loin. ” Quand même, le dire, enfin le redire, que la jeune femme ne le fasse pas non plus insidieusement disparaître par bonne action. Ce n’est pas une chose qu’il a envie de subir.
Le visage de Zac s’adoucit. Il s’illumine doucement. Une proposition pour plus tard est exactement ce qui peut le rassurer. Oswell se projette donc bien dans leur relation. C’est un bon signe pour l’avenir. D’autant que Junior va approcher une étape importante de sa vie. L’arrivée des enfants ne va pas être une sinécure. Il sait qu’il va avoir besoin des siens pour vivre cette aventure sous toutes ses formes.
-“ Bien sûre que je veux. Ce sera avec plaisir Sio. ” Il l’attrape contre lui pour lui faire une embrassade. Peu importe la gêne auparavant. Sanders ne peut pas renier l’affection. Il n’a jamais été bon pour cacher ses impressions. Ce n’est pas maintenant que ça va commencer. Il plante un baiser sur le crâne roux. Il presse délicatement le corps de lait contre le sien, toujours sec, mais plus stable, solide. “ Je serais toujours là pour toi. ” Lui lâche-t-il dans le creux de l’oreille. Il la libère et s’écarte avant d’avoir trop d’émotions qui montent. Le sourire aux lèvres, il fait encore un pas en arrière. Ses yeux gris continuent de regarder la jeune fille. Puisqu’il n’y aura pas de café, autant ne pas les retenir trop longtemps dans cet entre-deux.
-“ Bon! Bah je vais aller finir mes courses moi ! ” Lui annonce-t-il d’une voix plus riante. Il reprend ses sacs dans ses bras. Il y a encore un moment de latence. Peut-être a t-elle encore une dernière chose à dire ? Zac patiente. Quand il est clair que la discussion est terminée, il la salue. Il fait ensuite un demi-tour pour retourner dans le supermarché. Le plus dur est de ne pas se retourner pour voir si Sio a bouger. Junior essaye donc de se concentrer pour reprendre le fil de la journée.
