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[CLOS] That's the policy, honey! (Peter)
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Jessica Keenan
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That's the policy, honey ! Feat Peter Adeane —


Keenan entend, le doux son des cloches de Big Ben qui claironnent sa victoire, alors qu’elle passe le seuil du Palais de Justice. A peine 15h00 et elle vient de remporter la mise. Du moins pour la première partie des hostilités. Le dossier n’est pas facile. Dès que cela touche à la sphère politique on entend les Valkyries dans les couloirs. Malgré ça l’audience a été impeccable. Blakemore a été particulièrement efficace sur ce coup. Avec cela, même un appel ne pourra pas faire de trop de mal au client. La partie adverse est forcée d’entrer en négociation dès le début. Pour ce qui est des négociations, elle est une professionnelle incontestée, quoique contestable. C’est pour cela qu’elle a été engagée.

Une chance que l’affaire ait échappée aux mains de Tyler. Le jeune promu, aux traits angéliques, ne trompe pas une Tigresse. Il a une réputation d’enfant de Justice. Jessica le sait d’avance, celui-là va lui donner du fil à retordre. Elle attend, avec une curiosité un tantinet fourbe, la première occasion qui la mettra devant l’Aveugle. Enfin, à chaque heure ses batailles. Pour celle-ci c’est celle de la fête. La Louboutin rouge effleure la marche de l’escalier en marbre. Jess pose la paire de solaire sur son nez de reine.

_ « Je t’avais dit que le relevé téléphonique ne serait pas porté aux preuves. » Heureusement d’ailleurs parce que le coupable n’a pas été malin. A se demander comment il est devenu député. Ou pas. La rouquine attrape une branche de lunette pour dévoiler ses yeux espiègles à son confrère.

Peter fulmine intérieurement. Il a le bout des oreilles qui rougissent. C’est le signe que la défaite a du mal à passer. Le printemps n’a pas bien commencé pour le clan des Chevaliers Blancs. Peut-être trop dépassés par les derniers éclats terroristes qui ont pris Londres en otage ? Peu importe la raison tant que Jess peut gagner. Si elle arrive à maintenir ces stades elle pourra ouvrir son cabinet propre en 2027. Trois ans avant ce qu’elle avait escompté au départ. Merveilleux !

_ « Franchement Pet. » Keenan vient à la hauteur du British. Quatre, non maintenant cinq ans, qu’ils s’affrontent sur les planches laquées. Que ce soit devant les juges ou les jurys, il fait toujours et encore la même erreur. « Sors des manuels. » Le Code de Justice est leur Bible. Ils ne peuvent s’en passer. Ils doivent en faire force d’appuie. Mais le manuel du parfait avocat auréolé, ça ne peut pas fonctionner, dans un système qui est corrompu à la base. Qui ne veut pas l’accepter perd son argent, son temps, et une bonne dose d’amour propre.

_ « Allez. Promis. Je ne mordrais pas trop fort. » Le provoque-t-elle avec cette insolence dont elle seule a le secret dans cette coure. Ils détestent quand elle fait cela. Alors bien évidemment que Jess ne s’arrête pas. C’est tout le charme de ce jeu. Elle replace ses lunettes avec la classe d’une Diablesse, quoi qu’elle ne porte pas de Prada ce jour-ci. La joie la rend encore plus provocatrice c’est ainsi. De quoi oublier que sa vie personnelle n’a rien d’aussi éloquent. « Si j’étais toi, je trouverais un expert en fraude fiscal d’ici mardi… beau gosse. » L’art et la manière de complimenter tout en faisant grincer des dents. Keenan jubile doucement. Vraiment, elle est de bonne humeur.





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Jessica Keenan
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That's the policy, honey
Jessica & Peter
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]15h.

Je glisse une cigarette entre mes lèvres, non pour l'allumer, pour embraser ce tabac que je fume à outrance, que je laisse encrasser mes poumons dans l'espoir d'un jour tuer ce souffle qui en cet instant est rendu incertain par cette rage, cette colère qui fouette trop durement ce myocarde qui se contracte trop violemment, qui fait tourner mon sang à une vitesse qui pourrait me donner ce vertige si étrange, cette ivresse que l'on ne connaît que dans la défaite, que dans ces moments de revers comme celui-ci, où impuissant, où vaincu, on ne peut que courber l'échine face à l'inévitable, face à la fatalité qui se fait épée de Damoclès logé dans l’ego, dans cette fierté qui me reste en travers de la gorge, qui est presque en ma cage thoracique ce corps étranger que j'aimerais exciser, afin de retrouver mon calme, de faire taire les tremblements presque nerveux de ses doigts que je fourre dans les poches de ma veste, feignant d'être à la recherche de ce briquet que je broie déjà au creux de ma paume, de ce feu que je ne porte pas à ma bouche de suite, préférant refermer mes dents sur le filtre de ma cigarette, pour mieux goûter sur ma langue aux arômes de ce tabac parfumé par une saveur de menthe synthétique, par une fragrance artificielle, qui loi d’anesthésier ma langue, de chasser ce goût amer que me laisse la défaite d'aujourd'hui, n'est bonne qu'à toujours plus me plonger dans les bras de cette désagréable impression d'avoir servi de bouffon au juge et aux jurés, d'avoir perdu mon temps à brasser de l'air pour au final être recalé comme un jeune premier qui a le malheur de faire la plus élémentaire des erreurs.

Les relevés auraient dû être portés. Ils étaient la preuve que cet idiot reçoit de l'argent de ses copains de l'ombre, de ses fréquentations qu'il ne devrait pas avoir, lui qui aime pavaner à la télé en disant qu'il vaut mieux que ses confrères, qu'il est plus blanc que la première neige en hiver.

L'ironie de la chose m'arrache un grognement, qui se prolonge quand au loin, je perçois le cliquetis insupportable des talons de la Diablesse en personne, de l'engeance même de ce que les enfers peuvent cracher de pire, quand ils sont décidés à invoquer sur terre la peste et le choléra, mais qui prend fin à l'instant même où elle fait porter les accents chantants de sa voix jusqu'à moi, faisant de ses syllabes autant de couteaux qui viennent se planter dans cette plaie à mon flanc, dans cet orgueil déjà malmené par l'humiliation qu'il me faut encore ravaler.

Tu le savais n'est-ce pas ? Que j'allais me casser les dents sur cette histoire de relevés?

Une injure ou deux me viennent à la bouche, mais par politesse, ou plutôt par respect pour ma mère, et la sienne, je me contente de les faire rouler une fois, puis deux sur ma langue, l'observant ainsi se pavaner, minauder presque, fière et heureuse de m'avoir damné le pion, d'avoir permis à son client de se présenter à la presse en jurant que je ne suis qu'un terrible dictateur en costume, un charognard qui ne pense qu'à sa carrière, un être froid qui ne connaît la pitié.

Et malheureusement, je ne lui donne pas complètement tort.

D'entre mes lèvres, je déloge ma cigarette pour mieux esquisser un sourire que je dois forcer, quand enfin, elle cesse d'agiter sous mon nez cette victoire que je m'occuperais bien vite de lui arracher, sur laquelle bien vite, elle s'étranglera quand je serais celui qui mettra à jour les manigances de son client, qui prouvera qu'il n'est qu'un pourri de plus qui mérite de croupir derrière les barreaux, au lieu de voler les fonds publics et de toucher de grasses donations de personnes toutes aussi nébuleuses que ses intentions.

« Il fallait bien que je me débarrasse de cette carte-là maintenant. Comme ça, il te sera plus difficile de truquer le procès une seconde fois. » Je me redresse quelque peu, afin de la toiser de toute ma hauteur, de la mépriser presque de ce sourire que je n'esquisse qu'à moitié. « Allons Jess, un jour ton arrogance te perdra. Je ne suis plus un bleu. Par contre tu devrais faire attention. Tu deviens grossière dans ta manière de manipuler les jurés. »

Et pourtant j'en suis là. A devoir mentir, à bluffer pour ne pas admettre qu'en effet, il va me falloir aller secouer tout les détectives de Scotland Yard pour qu'ils me trouvent quelque chose que je pourrais porter au juge afin de faire tomber le député, que je risque encore d'enchaîner les nuits blanches, au grand damne Christian. L'idée seule d'avoir avec lui cette conversation suffit presque à me faire soupirer, à m'arracher cette expiration lasse que je n'ai pas pour la rouquine qui peine à me dépasser, malgré la hauteur vertigineuse de ses escarpins hors de prix.

« Et si tu appelles ça mordre... C'est que tu commences à te faire vieille. Je t'ai connu plus combative. »

Plus chiante aussi. Mais là c'est peut-être moi qui suis à blâmer, j'ai peut-être fini par m'y habituer.

« Mais bon, j'imagine qu'à force de te reposer sur tes alliés et l'argent que tu distribues pour appâter les âmes prêtes à être corrompues... Tu commences à rouiller. Prends garde, c'est mauvais pour le teint, ce serait dommage que tu prennes un coup de vieux, chérie. »

Entre mes phalanges, je fais jouer cette clope que j'ignore, que je tente d'oublier pour ne pas céder à cette pulsion devant elle, pour ne pas trop lui avouer, lui montrer ce trouble qui me fait ainsi montrer les crocs, rentrer dans son jeu pour mieux essayer de blesser celle que je pense parfois immunisé à mon venin, complètement insensible à ce poison qui tue ceux qui n'ont pas le cuir aussi épais que nous deux, qui ont le bonheur de ne pas être des prédateurs en notre genre, des serpents à l'appétit plus destructeur que celui des politiciens et des criminels qui n'agissent que par instinct, que sous l'effet de pulsions que je ne connais pas, que trop souvent, je ne comprends pas, qui se font d'étranges concepts que froidement, je décortique pour mieux m'en amuser, les mépriser.

« Réjouis-toi si tu le veux. Mais ce n'est que le début. Tu sais bien que tu ne peux pas te débarrasser de moi et honnêtement, si je ne suis pas là pour te faire chuter de tes talons aiguilles... Ta vie n'aurait aucun intérêt. »

Que serais-tu, hein ? La chienne de tes clients ? La sulfureuse rouquine qui n'est là que pour répéter ce qu'on lui ordonne de dire ? Le pantin du crime ? Triste vie.

J'aurais presque pitié, mais à la place, je feins d'hausser une épaule, d'être presque nonchalant, presque nostalgique d'un temps qui n'a jamais été, d'une amitié qui n'est jamais né de notre rivalité, qui n'a point émergé de cette étrange relation que nous entretenons, qui ne dure que parce que nous avons besoin de l'autre, pour se sentir vivant, pour ne pas tomber dans les filets d'un quotidien qui finit toujours par tuer les âmes, aussi rebelles soient-elle, aussi belles puissent-elles être.

Nous sommes deux vipères qui aimons dévorer la queue de l'autre. Un double Ouroboros qui se suffit à lui-même.

L'idée même me fait tourner la tête.

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08.04.20 20:39
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Jessica Keenan
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That's the policy, honey ! Feat Peter Adeane —


La crispation d’Adeane irradie jusque dans sa façon de tenir sa tête. De quoi stimuler le tempérament moqueur de sa rivale. Plus Jessica sent sa proie en difficulté et plus elle aime la titiller. Un penchant pour le sadisme qu’elle tient des hommes de la Dynastie Keenan. D'eux au départ et de la jeunesse dorée ensuite. Père comme frère l’ont très tôt rompue au jeu pervers de la chasse. Il n’y avait personne, pas même une bonne, pour lui donner des bras chauds dans lesquels aller se réfugier. Lentement, sournoisement, la méchanceté finit par éteindre le doux jeu de la compassion. De compassion, elle n’en a pas pour les autres et encore moins pour elle-même.

_ « J’adapte mon style à ce que j’ai en face de moi Pet. La loi de la Télé-réalité. Ils ne veulent pas des pros. Ils veulent du show. » Cette évolution est actée. Il suffit de voir le pouvoir des médias sur les affaires du monde. Il suffit de regarder Maître Keenan faire un numéro et remporter les sourires de l’auditoire. Lorsque la défense juridique est moins solide que celle du camp adverse souvent, elle sauve quand même les meubles.

Jess remonte la paire de solaire sur son crâne. Les yeux clairs brillent d’humour. Elle écoute, la diatribe de son confrère d’une oreille, tout en ouvrant tranquillement son sac. Peter est rarement aussi véhément. Il a la défaite moins morose d’ordinaire. La hargne avec laquelle il cherche à la renvoyer dans les cordes, parvient à piquer la curiosité de l’avocate. Elle attrape le boitier à cigarette et l’ouvre délicatement. Un bel objet dans la facture révèle une fois de plus les racines coloniales de cette torride Américaine.

_ « Tu t’en prends à mon âge ? Petit sexiste vas. » Le sifflement est trop amusé pour que Jess ait pu réellement être blessée par la pique. Elle est consciente de ses atouts. Elle sait aussi qu’ils se faneront comme pour toutes les fleurs. Mais, elle repousse cette angoisse sous d'excellents cosmétiques bio, éthique et responsables, tout en épaississant son carnet d’adresses en chirurgiens plastiques. Le moment venue elle serait prête pour briser la feau de Mère Nature. « C’est toi qui est fatigué de perdre chéri. D’ailleurs, tu devrais arrêter. C’est mauvais pour la santé. » Lui dit-elle en sortant alors une mentholée qu’elle glisse au coin de ses lèvres maquillées. L’auréole rouge sur le papier blanc. Elle prend un zippo doré et allume une flamme toxique.

L’odeur de nicotine et de menthe monte vers le ciel gris. Jess aspire la première bouffée de tabac. La saveur glisse dans sa gorge. Elle ressent l’effet léger qui tourne un peu la tête. Elle baisse le menton et observe le geste nerveux du petit anglais. Un ricanement meurt au fond de sa gorge. Mais, la tentation est trop grande. Doucement, la jeune femme vient relâcher un nuage odorant à la face du valeureux Peter.

_ « Hum. C’est vrai. Sans toi ce serait d’un ennui mortel. » Quant à savoir ce qui comble une telle femme ? Ce qui fait la vie qu’elle a ?

Le carriérisme en fait partie. Elle prend du plaisir à faire ce métier de dupes et de sournois. Mais, de là dire que c’est ce qui définit son existence ? Oh non, elle n’est pas de ce métal là. C’est bien toute la différence entre elle et pas mal de ses collègues. Jessica n’a pas besoin d’être avocate pour se sentir vivre. Ceci dit, sans doute un peu plus, pour rester en un seul morceau. Mais cette menace de vie ou de mort est le piquant qui rend chaque jour excitant.

« Avant de rêver de me faire tomber redresses-toi Pet. » Elle éloigne la main qui tient le bâtonnet pour les protéger des cendres baladés par la brise. « Tu fais peine à voir. Avec ces petits rougeurs. Ce teint cireux. » Une moue vient appuyer la déception devant des preuves flagrantes de laisser aller. Pourtant, il a du charisme, il est même beau l’ange du parquet. « A mon avis tu devrais te détendre. » La petit grimace se mue en sourire félin et narquois. « Tu verras un bon orgasme fait relativiser toutes les défaites. » Un clin d’oeil espiègle précède un petit rire. Doucement Jess reprend une bouffée de poison, plutôt fière de sa taquinerie. Elle une vieille peau eh bien qu’il vienne s’y frotter le petit anglais.





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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Cigarette aux lèvres, et la frustration sur la pointe de la langue, je m'apprête à la repousser d'une insulte un peu plus violente que les précédentes, bien moins élégantes que celles qu'elle a l'habitude d'attraper d'entre mes dents serrés, quand sur sa dernière provocation, je m'étrangle, m'étouffe et ose même rougir, les joues soudains irriguées d'un sang brûlant, de cette gêne pudique qui ne m'a pas abandonnée depuis l'adolescence, depuis ce temps, où dans les bras de Christian, j'arrivais encore à m'émouvoir de ses attentions, à faire avec les frissons qui aujourd'hui peinent à naître le long de mon échine, à la surface de cette peau qui ne tremble plus, qui n'est plus qu'un cuir que rien ne peut atteindre, une armure impénétrable et insensible aux charmes, aux tentations de cet amour devenu avec le temps, un étrange concept, un doute permanent, une certitude volatile qui aujourd'hui, me pousse à être dérangé, quand la vipère qui me sert de consœur ose évoquer ce plaisir charnel non éprouvé depuis quelques temps déjà, depuis aisément le début de cette affaire qui n'est pour l'instant, que débâcle de mon côté. De mes iris bleutées, je la fusille du regard et en vient à souhaiter que sur son tabac, elle s'y étouffe une bonne fois pour toute avant de pousser un soupir exaspérer, puis un grognement las, un son presque disgracieux qui accompagne parfaitement ce geste que j'ai d'allumer à mon tour ma cigarette, d'à mon tour embrasser ce tabac à que j'embrase, que j'immole pour en faire cette braise sur laquelle je tire sans douceur et dont la fumée est soufflée par le nez.

« Ca ne devrait même plus m'étonner de toi. »

Que tu oses faire cela, dire cela, essayant de me désarçonner en évoquant ma vie sexuelle que tous pensent inexistante, que beaucoup aiment fantasmer en se disant que je suis un moine, ou l'un de ses vieux garçons qui se préservent parce qu'ils ne savent pas y faire, parce qu'ils n'imaginent pas que le sexe puisse exister.

De rage, j'expire une autre volute de tabac, laissant celle-ci danser devant mon regard, devant son visage qu'un jour, je rêve de contempler au travers des barreaux qui seront son nouveau royaume, de cette cellule que tout les jours je viendrais visiter, non pas pour l'assommer de leçons ou de cette arrogance qui gonflera forcément mon cœur quand je la ferait tomber, mais pour simplement attendre, lui faire goûter à la saveur de mon tabac, à l'arôme puissante de cette joie qui sur son palais, ne pourra lui lasser que l'arrière-goût de cette liqueur amère dans laquelle je me ferais un plaisir de la noyer.

« Quand tu ne sais plus quoi dire, tu en viens toujours à cela. A des vulgarités à peine dignes de toi. »

Et même toi, tu vaux mieux que ça.

D'un coup, et presque trop aisément, je me détends, je reprends le contrôle et mets en laisse cette tension qui depuis quelques minutes me nouait le dos et les épaules, la dressant pour mieux redresser la tête, retrouver cet air fier et ce sourire presque énigmatique, qui à la commissure de ma bouche, ne cesse de flotter, de s'égarer, de narguer les infortunés qui se doivent d'affronter ce mépris qu'il m'est plus simple d'éprouver que la pitié ou toutes autres émotions qu'il me faut parfois feindre pour ne pas trop froisser, pour ne pas excessivement me démarquer de la masse, de cette foule humaine qui ressent trop, qui s'exprime trop ouvertement, qui ne connaît plus la réserve et est étrangère avec le concept même d'intimité. Face à elle, je mue de nouveau en cet avocat qui ne craint rien, en ce chevalier blanc qui ne se laisse pas atteindre par les attaques puériles d'une femme, que dans une autre vie, un autre univers même, j'aurais pu trouver attirante, si elle n'avait pas la langue aussi affûtée que la mienne et si son cœur ne battait pas que pour l'argent sale dans lequel je l'imagine très bien se rouler, le soir, en compagnie d'un nouvel homme, d'une nouvelle victime de ses crochets et de cet appétit pour la nouveauté, de cette faim dévorante pour l'inattendue, qui loin de m'impressionner, me fait plutôt imaginer qu'elle n'est là que pour masquer une crainte plus humaine, plus primaire, une terreur de vieillir peut-être, d'un jour n'être plus que les restes de ce qu'elle est, de ce moment où elle ne pourra plus jouer de ses atouts pour plaire, de cet instant où une autre prendra sa place, une plus jeune, plus fraîche, légèrement plus éternelle.

Pauvre Jessica. Tu dois en avoir peur de ça. De toutes celles qui se fondent dans l'ombre de tes talons pour te prendre ta place de Diablesse. Parce que, si le temps est un salaud avec les hommes, il l'est encore plus avec les femmes.

A cette simple pensée, j'esquisse un rire que je ne tente même pas de masquer, de lui épargner alors que je ne cesse de la contempler, de moquer sans pour autant faire autre chose que fumer, qu'encrasser mes poumons dans l'espoir d'effacer, de tuer cette douleur lancinante qui ne cesse de transpercer mes côtes, de se glisser dans les interstices de ma cage thoracique pour mieux atteindre cet orgueil qui a remplacé mon cœur, qui un jour l'a dévoré de ses épines pour n'en faire qu'un roncier dont seul Christian parvient à lui arracher quelques fleurs.

« Je ne voulais pas particulièrement le savoir... Mais désormais, je sais que pour avoir ce que tu veux, pour que les preuves qui ne t'arrangent pas soient rejetés, tu écartes les cuisses face à la bonne personne. » Je marque une pause, le temps de cendrer ma cigarette d'un geste élégant, presque trop. « Ca ne m'étonne pas en fait. J'aurais dû m'en douter. » J'ose sourire, dévoiler cette fois-ci la pointe de mes canines. « Dis-moi... Combien de fois tout Londres t'es passé dessus depuis le temps ? Deux ? Trois fois ? Oh ne me dis rien. L'idée seule pourrait me hanter. Je suis presque heureux que tu ne sois jamais venu feuler à ma porte, Jessica. De ne pas être ton genre. Qui sait. Tu pourrais avoir des dents là-dessous. »

C'est bas. Mais la défaite ne me sied pas. Elle n'a jamais fait de moi quelqu'un de tendre, de doux. Un autre n'aurait osé, ce serait excusé, mais moi ? J'espère que d'autres viendront te gifler avec cette évidence.

« Et tu vois, je suis bon joueur, je me mets même à ton niveau, Chérie. » ajoute-je en lui adressant un clin d'oeil avant de glisser à nouveau ma cigarette entre mes lèvres, d'arracher à la braise une plainte presque moqueuse, si riante que j'en oublierais presque l'humiliation passée.

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13.04.20 17:53
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Jessica Keenan
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Keenan hausse un sourcil épilé lorsqu’elle entend le mot “digne” la concernant. Elle aspire un autre nuage mentholé en scrutant son vis-à-vis. Il lui fait penser à Lemoine, Inspecteur de police qui joue à la frontière des lignes. Ces deux-là s’entendent sûrement avec leur regard de Pater Noster désuet.

_ « Tu sais ce qui me surprend ? » L’ironie une des figures de style élémentaire. La rhétorique est une seconde langue pour deux fauves du barreau. Jessica aime jouer avec la langue comme avec le reste. Parfois un peu frustrée de voir que le public n’a pas accès à tous les effets de langage. Le peuple n’est pas à la hauteur de sa finesse. Un jour viendra elle aura les moyens d’aller exactement là où son talent sera véritablement reconnu. « Que tu joues le puritain. Peter ! » Il n’y a qu’un soixantenaire, ou un religieux pour associer “sexe” et “vulgarité” dans une insulte. « Evidemment, que tout tourne autour de ça. » Les faux poètes disent amour. Les psy parlent plutôt de libido. Le mot, la chose, tout ça se résume assez facilement. L’être humain a une pulsion de vie. Et Jess aime sa vie.

Ils vont de sourires en ricanement. Ils le font ensemble d’ailleurs. Toujours postés aux pieds de l’un des plus vieux symboles de la monarchie britannique. De quoi tirer des petits sourires à une américaine subserversive. Elle est même ravie que Peter montre un bout de ses quenottes. Quoique ce n’est pas sur la méthodologie qu’il peut arriver à vexer. N’at-il pas saisi encore ?

_ « Ca dépend. On compte les Maires ? » La promotion canapé existe depuis que les Hommes se sont attribués le pouvoir. Cela tient du pragmatisme. C’est une façon d’estomper les iniquités structurelles. « Tu veux savoir ce qu’ils aiment le plus ? »


Le monde est profondément injuste. Jess ne peut pas le changer. Elle prend donc chaque arme à sa disposition. Sa chance c’est qu’elle a eu une sexualité très jeune. La famille et la drogue aidant elle a apprit très vite comment transformer son corps en outil de travail. Avoir honte ? Pourquoi ? Elle sait exactement qui elle est. Elle sait exactement sa valeur. L’avis des hommes, blanc, bien nés sur sa façon de faire la touche à peu près autant que celui de sa mère. En cela Keenan est probablement autant, si ce n’est plus féministe que toutes les hystériques aux seins nus.

_ « Hum. Pour avoir un bon jeu de parquet, je suis prête à te faire la “pipe royale”. Sans retour sur investissement. Tu vois ? Je peux être patriote. » Le petit clin d’oeil permet à la rousse d’entretenir un doute. Un léger, mais délicieux doute, sur la véracité de son propos. Alors qu’elle connaît bien la mécanique masculine et qu’elle sait que la pression doit être relâchée. Régulièrement. « Je peux même mordre. » Disant cela, elle sourit, car elle revoit la photo de presse du couple qu’il forme avec sa fiancée. Adeane n’a rien d’un moine. Non, l’habit est plus simple que ça. Puisqu’il l’a tout de même ouvertement appelée pute Jess rend la sympathie. « Le vrai souci, c’est qu’aucun de mes gods ne peut faire illusion. Et j’aime pas décevoir mes clients. » Keenan l’a su au bout de quelques mois après l’avoir rencontré. Mais que Peter soit un hétéro asexuel ou un homosexuel refoulé, elle s’en moque… éperdument. Ceci dit ce duel improvisé la divertie. Elle se demande même comment il va pouvoir réagir.

_ « Pour qu’on soit au même niveau un jour Peter faut d’abord que tu lâches tes principes de petit bourgeois. » Au grand drame des Keenan cette femme n’y a jamais correspondu. Quand les feuilles de choux attaquent son mode de vie elle répond avec les chiffres du cabinet. Si on lui demande le nom d’un fiancé elle s’affiche avec une femme. Comme si rien ne peut avoir de prise sur elle. « Il paraît que ça peut venir avec la crise de la quarantaine. Tout n’est pas perdu. » La petite pique en est presque amicale. C’est dire comme elle s’amuse de la vie.

_ « Un café ? » La tentation est bien trop belle pour que cette Tigresse se contienne.





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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Puritain. Cette petite attaque, ce reproche presque anodin me laisse indifférent, me fait hausser un sourcil et me demander si la tigresse du parquet me connaît réellement aussi bien qu'elle le prétend, entre deux tentatives de me faire chuter, de blesser cette âme racornie, ce cœur séché par le sel et les années qui n'ont su raviver les restes de ce temps où j'étais insouciant, où entre les bras de celui qui se meurt tout les matins en me voyant le fuir pour aller me réfugier dans ce lointain qui n'appartient qu'à moi, j'étais encore enfant, encore capable de voir cette lumière qui donnait à l'horizon la teinte délicate d'un espoir certain, d'un lendemain qui serait fait de ce qui aujourd'hui, peine à se refléter dans les prunelles de celle que je devrais détester, et que pourtant, entre deux expirations voluptueuses de tabac, je considère avec cette lassitude qui doit être le quotidien des hommes qui vieillissent, qui sont conscients que le temps passé a été perdu en vain, pour des moments qui ne valaient rien, des engueulades regrettées, des étreintes toujours trop courtes, toujours souillées par l'impression d'avoir à se faire pardonner. Puritain. C'est bien un mot que je n'aurais pas accroché à ma peau, que j'aurais laissé s'infiltrer en moi pour se faire vérité. Puritain. J'admets sourire à l'idée qu'elle puisse me penser si coincé de ce côté-là, si prompt à me faire timide à l'idée que l'on puisse déboutonner ma chemise et effleurer mon cœur en se disant qu'il bat bien fort sous la fine et discrète ligne de mes pectoraux, à cette pensée qu'elle puisse m'imaginer comme cet être asexuel qui ne comprend la beauté des étreintes, qui jamais ne fait cambrer cette échine que j'offre pourtant si souvent aux paumes de celui qui s'acharne à m'aimer, à me trouver séduisant malgré mes offenses, malgré les heures passées à le fuir, à m'enfermer dans mon bureau pour travailler, pour prétendre que j'ai besoin de temps, d'un peu distance pour apprendre à de nouveau être l'amant que j'étais à l'époque des nos études, des années où j'étais son tendre ignorant qu'entre ses bras, entre ses draps, il serrait avec force, avec besoin, avec au bord des lèvres cette envie de m'entendre soupirer son prénom, le rendre éternel le temps nos ébats. Puritain. Je ris quelque peu et laisse glisser sur ma personne ce venin qu'elle me crache au visage, qu'elle dissimule derrière ses grands airs de femme libérée, de salope assumée qui dit sucer pour gagner, s'agenouiller pour s'assurer que les juges lui mangent dans la main, incapables de croiser son regard, d'oublier les grossièretés et vulgarités faites sous le couvert d'une insouciance faussement mature, continuant de fumer ma cigarette jusqu'au filtre, jusqu'à brûler le logo représentant un navire trois mâts que Christian déteste tant, laissant les cendres s'égarer dans la brise londonienne, s'éparpiller parmi le passage incessant des passants, des jeunes avocats et des apprentis, qui le souffle court, les joues un peu rouges, ne nous accordent pas un regard, malgré le caractère presque royal de notre célébrité, de notre rivalité que beaucoup attribuent à un besoin de se sauter dessus, de « baiser un bon coup ».

C'est amusant. Tous oscillent entre cette envie de me voir comme ce vieux garçon qui n'a eu le plaisir de se faire lécher la cerise, et ce besoin d'imaginer que toi et moi, nous expions notre rage entre les draps d'une chambre d'hôtel hors de prix, entre deux rasades de champagne, entre deux toasts de caviar. Ca doit te faire sourire, toi aussi. De les entendre fantasmer sur ce couple que nous ne formerons jamais parce que tu le sais. Que je ne suis pas comme les autres. Que tu ne m'auras pas en battant des cils et en me promettant une nuit en ta compagnie. Tu l'as vu, mon cœur prisonnier des crocs d'un seul homme. Tout ce que j'aimerais savoir, c'est depuis quand es-tu au courant?

Quelque temps sûrement. Des années peut-être. Il y a un mois, j'aurais été dérangé par cette idée, par cette évidence, mais en cet instant, je la chasse d'un battement de cils, puis de ce geste élégant qui me fait jeter sur les marches mon mégot et du bout du pied l'écraser, juste pour teinter le marbre des cendres, de ce noir si profond qu'il semble dévorer la lumière, emporter dans sa poussière, la beauté même de ce monde.

« Ce que tu es belle. » siffle-je avec mépris, descendant d'une marche pour me mettre à son niveau, pour permettre à nos regards de se croiser, aux eux monstres qui rôdent dans nos iris d'enfin se retrouver, de se jauger, de danser avec les fêlures de l'autre. « A jouer la nouvelle riche qui assume d'être la putain d'hommes qui ont besoin de se faire châtier pour bander, de tromper leur femmes pour redevenir virils. Dis-moi, quand tu les prends avec ta collection de godes, te remercient-ils d'être une si bonne castratrice ? Te donnent-ils un peu d'argent pour que tu la fermes, que tu n'ailles pas raconter aux tabloïds que tu fais couler de la cire brûlante sur leur torse pour y inscrire qu'ils t'appartiennent ? »

Ca te ressemblerait plus, de faire ça. De te venger des hommes en les humiliant. En les tenant par les couilles pour mieux leur faire chanter ce qui t'arrange. Je serais presque impressionné. Parce qu'à ta place, je ferais peut-être pareil. Je leur ferais mal. Parce qu'ils sont insupportables à s'abandonner aux mêmes travers.

Je n'attends pas vraiment qu'elle me donne de réponse, ne voulant pas réellement un récit détaillé qui me resterait en tête jusqu'à ce que j'aille me glisser dans les bras de mon amant, dans l'espoir de trouver dans le chant des battements de son cœur, cette sérénité qui se refuse à moi, qui trop souvent, m'échappe, dévorée par mon quotidien, par ce revers dont je peine à me remettre.

« Tu me connais si mal au final que cela en est presque blessant. »

Mais c'est peut-être parce que, comme les autres, je ne te permets pas de me voir comme lui seul peut me contempler. C'est dur de ma part de te le reprocher, mais je ne peux être parfait.

« Si c'est ainsi que tu me vois, alors soit. C'est que ton œil se gâte, Jessica. Que tu es entrain de perdre de vue l'essentiel, de t'égarer en un territoire duquel je n'irais pas te tirer par la main. »

Tu deviens prévisible, presque fainéante. Quel dommage. Je crois finalement te préférer quand tu me fais perdre, quand tu me donnes l'envie de me dépasser, d'évoluer, que tu me fais songer à me salir en ta compagnie.

« Café. Tu choisis l'établissement. »

Hors de question que je te dévoile mes habitudes.

« Et tu invites. Après tout, c'est ta victoire temporaire que nous fêtons. »

Sans elle, je fais déjà quelques pas, dévalant d'un pas tranquille les marches, le cœur plus léger, comme débarrasser de cette amertume que je pensais devoir emporter avec moi jusqu'à l'appartement, jusqu'à cette soirée que j'aurais passé à m'engueuler avec Christian, autour d'un thé, pour une broutille.
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Jessica Keenan
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L’imagination d’Adeane s’emballe d’une façon que sa consoeur n’a pas anticipée. Jess a un éclat de rire. Elle recule la tête pour mieux voir la mine qu’il fait. Le sourire reste sur ses lèvres. Quand bien même elle sent la texture de mépris dans ces tacles. Qu’il le fasse si cela peut être une source d’inspiration. Tout ce qu’elle veut c’est que la partie reste intéressante. Alors qu’il se trouve un leitmotiv.

_ « Non Peter tu n’y es toujours pas. » Jessica époussette la fin de la cigarette. Elle aime ménager son effet. Il y a le plaisir de tenir l’assistance. Les cendres tombent sur les marches. Un collègue passe sur la droite de Keenan. Il a une oeillade vers le duo. Trop rapide pour être questionnable mais pas assez furtive pour ne pas être remarquée. Il s’efface du paysage aussi vite qu’il est apparu. La fumée se tarie.

« C’est eux qui veulent me marquer. Explique-t-elle avec une forte pointe de moquerie. Une moquerie directement dirigée vers toutes ces proies. Ils sont si faciles à manipuler. Il suffit d’une chose connaître leur désir. Bien souvent ce désir se résume en un seul point: « Ils rêvent de ça. Là réside toute la beauté du mal.

Une fois qu’un fantasme est implanté dans l’esprit d’un homme tout autre pression devient superflue. Ils s’imposent eux même les liens qui les retiennent à elle. Ils réclament après ses faveurs et les paient par avance. Parce qu’ils ont compris que ce serait la seule façon de garder son attention sur eux. Elle n’a pas besoin de menacer.

_ « Où ça ? Demande-t-elle, sans s’attarder sur le reste. Ils ne se connaissent pas non. Ils ne pourront jamais se connaître. Parce que cela appelle à une intimité qu’ils ne peuvent pas créer. Ils en sont incapables. Ce n’est pas à cause de la rivalité au travail. Jessica le sait pertinemment. Elle n’attend pas après des choses qu’elle ne peut pas avoir. D’autant que, si par un chamboulement cosmique, elle devait un jour, s’ouvrir à un autre être humain ce ne serait certainement pas cet homme.

_ « Deal. Déclame donc l’avocate solitaire en chaussant ses solaires. Elle descend les dernières marches du perron un pas derrière Peter. Elle arrive à sa hauteur et oblique sur la droite. Westminster regorge de petits cafés à la mode anglaise. Jess connaît tous ceux qui sont dans ce quartier. Ceux sont ses points de replis quand elle patiente entre deux séances. Ceux sont aussi des points de rencontres tout court.

Londres a fini par lui être familière, tristement familière, comme une vieille copine dont on attend plus de surprise. Il est probable que si Jessica ennuie son cher rival c’est parce qu’elle est elle-même lasse… Lasse de cette île isolée au coeur du globe. Elle n’est pas encore allée assez loin dans sa réflexion pour assumer un besoin de changement.

Le planète est un petit établissement étiqueté LGBT friendly depuis l’an 2000. La communauté LGBT qui vient ici s’assume. Jess a chassé dans cet endroit comme dans tous les autres. Elle ne fait pas de distinction entre homme et femme sur son tableau. On la case sans doute en Bisexuelle. Mais, elle se voit plus comme une sans case. Elle pousse la porte, entre, en retirant ses lunettes. L’endroit est paisible, avec une musique d’ambiance cool. Les petites tables rondes attendent leur clients.

Keenan choisit pour eux une table. Elle dépose son sac à main sur la chaise vide. Elle quitte la veste de costume pour la poser sur le dos de la chaise. Le chemisier est aussi classe que le reste de sa tenue. Elle s’installe au bord de la chaise. Elle dépose son téléphone pro sur le coin de la table. Le dos cambré vers le dos de la chaise, elle croise les jambes, et balance doucement son pied dans l’air. Son regard épie les réactions de Peter dans ce milieu particulier et protégé. Elle ne l’a jamais vue ici. Mais qui sait…

Elle attrape le flyer exposé sur la table. La promotion d’une soirée danse pour les habitués et les curieux.

_ « Tu devrais tester. S’amuse alors Jess en glissant le feuillet vers son camarade de jeu. De bonne grâce elle ne précise pas que Christian apprécierait plus que la jolie Lowri. « Est-ce que tu t’amuses parfois ? Jess est plus sérieuse que tout à l’heure. Car étant donné l’état général de cet homme une distraction devient cruciale. Adeane ddoit relâcher la pression avant qu’ils explosent tous les deux au passage de sa tempête intérieure.






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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Je n'ai besoin de la chercher dans mes pas pour l'y trouver, pour percevoir le bruit familier de ses talons qui battent la pierre des marches, qui frappent le sol au rythme de cette démarche que je connais presque mieux que les inflexions de voix de cet aimé que je peine à croiser dernièrement, préférant me coucher aux côtés de son ombre et de cette absence qu'il m'impose parce qu'il en a assez de me voir lui échapper, me faufiler d'entre ses bras pour me réfugier derrière des dossiers, derrière ses responsabilités qu'il me serait aisé de délaisser, d'abandonner le temps d'une étreinte, d'une soirée à n'être qu'homme en sa présence, que cet étudiant dont il est tombé amoureux il y a bien longtemps, que ce jeune avocat qu'il pensait avoir retrouvé, après des années à courir le monde et s'enivrer d'autres qui auraient pu, et peut-être dû me remplacer. Les yeux clos, je pourrais dessiner sa démarche, cette manière si particulière qu'elle a de me rattraper, d'à mes côtes trouver sa place pour mieux m'emmener là où elle le souhaite, pour retrouver ce semblant d'ascendant que je la laisse apprécier tandis que je m'enfonce encore et toujours dans les méandres de cette réflexion étrange qui me fait pincer les lèvres, presque regretter d'avoir été ainsi fait.

Je commence à mieux la connaître que celui qui partage ma vie.A vrai dire, je la vois plus que lui dernièrement.

J'inspire difficilement, ne sachant que faire de cette vérité qui fait courir sur mon échine les prémices d'une angoisse qui cette nuit, me fera me lover contre lui, dans l'espoir de me faire pardonner, de laver de ma peau, ces crasses fautes dont je suis coupable depuis des années déjà.

Je ne me souviens pas avoir pris mon thé avec lui ce matin. Encore moins avoir eu la décence de lui réclamer un baiser avant qu'il ne file pour n'avoir à faire avec mes silences, avec mes regards et gestes qui ne sont qu'excuses pour que nous nous battions, pour que sur ma poitrine, il vomisse cette haine qu'il me porte, ce malheur qui fait flétrir son cœur, qui tue lentement et sûrement ce qui un jour fut notre relation, ce poison qui a fait de ses caresses des gifles et de mes paroles autant de lames qui ne cessent de percer sa chair. Je ne me souviens pas avoir répondu « moi aussi » à son « je t'aime. », seulement de m'être demandé si il m'aimait encore ou si il ne restait que par peur de finir seul.

Une fois de plus, je frissonne, exprimant d'un soupir presque silencieux mon inconfort, cette soudaine gêne qui me poursuit même par-delà le seul de l'établissement au sein duquel elle m'entraîne, de ce café dont l'ambiance calme et la décoration moderne et chaleureuse parvient tout de même à m'arracher un juron que je retiens de justesse, tandis que face à elle, je m'installe, prétendant n'être touché par sa tentative grossière de me faire admettre ce que je m'efforce de cacher sous des fiançailles qui ne convainquent personne, sous un anneau que je ne porte même pas, que je prétends oublier, garder quelque part en sécurité. Les jambes élégamment croisées, je peine à soutenir son regard quand du bout de ses doigts, elle fait glisser jusqu'à moi un flyer pour une soirée entre membres de la communauté LGBT, pour une nuit à danser, osant soulever la possibilité que cela pourrait plaire à Christian, m'arrachant de ce fait une grimace presque enfantine, un plissement de nez qui me fait perdre facilement plusieurs années, qui fait s'incarner le temps d'une seconde ce jeune adulte qui pensait savoir ce que cela était d'aimer. Les mains posées sur la table, je me refuse à saisir l'invitation que je finis pourtant par tirer à moi, afin de la plier, de rapidement la faire disparaître sous la forme d'un rectangle qui pourrait muer en cocotte en papier.

 »Est-ce que tu t'amuses parfois ? »

Cela devrait être aisé de lui glisser une remarque faussement grinçante, une provocation de plus qui pourrait détourner l'attention mais me voilà prisonnier de mon silence, de ce mutisme qui sans prévenir, vient de refermer ses mains autour de ma gorge pour m'étrangler, pour me faire m'étouffer sous le poids de mes décisions, de cette nature même que je me mets à haïr, à maudire.


« Je te remercie de t'inquiéter pour moi, Jessica. »

Vers elle, je pousse à nouveau le flyer, alors que du coin de l'oeil, je vois approcher un serveur, qui sur le cœur, porte un pins aux couleurs chatoyantes.

« Mais tu sais, j'ai passé l'âge pour cela. Le soir je préfère rentrer chez moi et m'écrouler en lisant un livre alors qu'en fond, je laisse la télé allumée sur une rediffusion de Downton Abbey. »

Faiblement, je parviens à sourire, à prétendre accepter cette vie de vieux garçon qui n'est pas tant éloigné de ce quotidien étrange que je partage avec mes frustrations, avec ces troubles qui sont la moelle même de cette perpétuelle inquiétude qui ne cesse de me distraire, qui dernièrement, se fait ce miasme dans lequel je m'embourbe, ce coupable qui me fait trébucher, chuter face à des adversaires telles qu'elles, lors d'affaires que d'ordinaire je n'aurais point de mal à remporter.

« En plus... Je te signale que je suis fiancé. »

J'ose jouer cette carte comme si cela était un argument valable, une preuve qui allait la moucher et non un simple détail que bien des hommes abandonnent quand ils sortent. Le jeune homme arrive enfin à notre table et alors qu'il nous souhaite la bienvenue et énumère les spécialités de l'établissement, c'est par-dessus son épaule que je parcours du regard la carte, évitant ainsi de trop détailler celui auprès de qui je finis par commander un simple thé, avant de murmurer, à l'attention de l'avocate quand celui-ci disparaît.

« Je crois savoir ce que tu es en train de faire, Jess. »

J'en soupirais presque, mais à la place, je hausse une épaule et clos un instant les yeux, la tête légèrement penchée sur le côté.

« C'est gentil ? Non... » Je secoue la tête en fronçant légèrement des sourcils. « Attentionné plutôt, bien que surprenant de ta part. »

Je t'imaginais plus salope, ne m'en veux pas.

« Mais je ne sais pas si... Ceci est ce dont j'ai besoin. »

D'un mouvement des iris, je désigne le café charmant, le doux chant des murmures et des conversations, des tasses qui s'entrechoquent, des cuillères qui réveillent des arômes qui se mêlent pour saturer l'air d'une douce fragrance sucrée.

« Je ne suis pas déprimé si c'est cela qui t'inquiète, ou qui plutôt, semble te donner envie de te jouer avec moi. Je vais bien. »

Je marque tout de même une légère pause.

« Je crois aller bien en tout cas. »

Les hommes se pensent tous invincible la seconde précédant leur mort.

« Je crois juste que... Je ne suis plus étonné. Que je ne suis plus surpris. »

Par la corruption de notre pays, par la nature même de ses hommes qui n'apprennent jamais, qui refusent d'être sauvés et qui préfèrent s'enliser dans des travers qu'autrefois je méprisais et qu'aujourd'hui, je pardonne comme un père désabusé, fatigué d'être déçu.
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Jessica Keenan
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Keenan retient un sourire ironique à la commissure de ses lèvres. Toujours attentive à ce que ses attaques soient les plus efficientes possibles. Il n’est pas en état de recevoir une estocade. Pour que le combat puisse durer, elle l’épargne. Elle demeure cependant perplexe de voir que sa théorie est juste. Peter, ce charmant nobliot, ce talentueux juriste… un gay caché. C’est un pan entier de son être qu’il dissimule. Ce n’est pas tant le plaisir manqué qui pose souci. C’est qu’il n’est pas entier. Il ne peut s’épanouir. Donc il ne peut pas donner le meilleur de lui-même.

_ « Je n’ai pas besoin d’entendre ton conte à dormir debout Peter. Le stoppe-t-elle le menteur, tout de go. « Je me fiche bien de qui tu désires. Qu’elle soit Lowri ou qu’il soit Christian mais peu importe. Jessica vient se pencher au-dessus de la table qui les sépare. Là, elle plante son regard dans le sien. « Moi ce que je veux c’est un adversaire digne de ce nom. Ils en sont venus à cela. Ils en sont à devoir faire un point sur leur avenir dans la grande bataille. La rousse se renfonce dans le siège. Elle impose un silence que sa remarque pèse de tout son poids sur la conscience. « Peter, tu es à la masse.

Un regard sur le serveur. Il est typé, avec une peau mate et des yeux légèrement en amande. Elle l’a déjà vu danser au Red Corner. Ils se reconnaissent sans le dire. Jess reste dans le rôle de la simple cliente. Elle commande son café et sourit en attendant qu’un thé est demandé de l’autre côté. Peter est définitivement… anglais.

La théâtralité, dont il fait acte sous son regard, lui tire un air sceptique. Elle a un replie buccal et commence à redouter qu’ils versent vers de l'épanchement. Jess supporte très mal l'apitoiement et les larmes. Cela la met mal à l’aise. Mais, plus encore, cela l’agace prodigieusement. Par chance, il est trop pudique. Elle le laisse supputer sur les motivations de l’action. Elle le laisse dire ce qu’il veut. Peu importe qu’il la voit moins garce.

_ « Bien sûre que c’est ce dont tu as besoin. Réplique-t-elle comme si elle peut le savoir mieux que lui. Jessica ne possède aucune empathie naturelle. Elle est psychologue, dans la mesure où elle saisit le pourquoi et le comment du comportement humain. Elle n’a pas besoin d’être une professionnelle du genre pour voir ce qui ne va pas chez son cher rival.

Il n’y a pas de pitié, ni même de compassion chez Jessica à ce moment. Puisqu’elle détient la preuve que le mal de Peter n’est pas si grave. Il ne souffre de rien de plus qu’un excès de lucidité. Tardif. Mais tout de même, ils y seront arrivés! Ce moment, où la conscience s’éveille pour de bon au réel. Exit le rêve et les fantasmes. Chez Keenan s’était arrivé à onze ans. Oui, à onze ans, lorsqu’elle avait regardé le chat torturé cette musaraigne.

_ « Félicitations Peter. Elle a un de ses sourires à double-sens. Un de ceux dont on sait pas s’il est sarcastique ou sincère. C’est dans le regard que tout se passe. Les pupilles de la tigresse sont clairvoyantes. Jess décroise lentement ses cuisses. Les pieds plantés dans le sol elle s’avance. Les coudes posés sur la table et le cou tendu vers la proie tant attendue. « Tu viens seulement de comprendre la marche du Monde. C’est à la hauteur d’un rituel de passage. C’est douloureux. On aurait tendance à fuir. Mais, il faut bien en passer par là. « Maintenant tu n’as que deux options. Tu souffres jusqu’à ta mort. Beaucoup plus qu’on ne le pense font cela. Ils deviennent les martyrs de leur propre utopie. « Ou bien tu Évolues. Tu acceptes le Monde tel qu’il est. Et tu en jouis. Avec ou sans Christian d'ailleurs. Si la mue doit se faire seul, soit. Le changement est souvent salvateur pour un individu.

_ « C’est pour mon bien que je te dis ça. J’ai besoin d’un bon adversaire. Alors sors de ta coquille. Réalises-toi. Tôt ou tard, Adeane fera même mieux. Il marchera à ses côtés. Oui, il sera de l’autre côté de la Loi. Keenan le sent.





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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Elle me tient entre ses serres.

Cette pensée seule, vérité unique et terrible suffit à me faire trembler, à créer à la base même de ma nuque, ce frisson bien trop long qui serpente le long de mon échine, qui fait naître en mon coeur cette nausée que je tente de faire passer d'une longue gorgée de thé encore brûlant, que je noie sous ce silence dont je m'enveloppe dans l'espoir de cacher cette crainte qui plante ses crocs dans ma chair, qui fait remonter jusqu'à mes lèvres le besoin compulsif de fumer, de m'empoisonner d'une bouffée mentholée, d'une volute de ce tabac que Christian déteste tant, qu'il ne supporte de goûter lors de nos rares baisers, lors de ses étreintes qui dernièrement, ne cessent de s'écourter, d'être avortées par ces gestes devenus familiers, par mes doigts qui ne cessent de reboutonner ces chemises qu'il tente de faire glisser le long de mes épaules.

Les requins perçoivent la moindre goutte de sang à des kilomètres. Cela devait un jour arriver. Je m'en doutais. Ou plutôt je le savais. Et au lieu de panser mes plaies, j'ai attendu. Qu'elle me tombe dessus, qu'elle vienne m'achever. Et je m'en veux.

Parce que j'aurais dû résister, empêcher la fatalité de me transpercer, d'ainsi me présenter à ses crocs pour qu'elle n'ai plus qu'à ronger la chair sur mes os, qu'à dépiauter de ma carcasse ces secrets qu'autrefois, j'étais capable d'enterrer sous de crédibles mensonges, sous une apparence qui à la surface de mon infusion, se délite pour laisser apparaitre cette anomalie que je suis, les traits de cet être étrange que je ne reconnais plus, que je pensais avoir étranglé entre deux nuits dans le lit de mon aimé, entre deux journées à être humain à ses côtés. J'aurais dû me battre, juste quelques années de plus, essayer un peu plus fort d'être comme eux, d'être celui qu'il voulait croiser, le mari, l'adversaire qu'ils voulaient mais je n'ai pas voulu, sûrement parce qu'il était plus agréable de chuter, de s'abandonner aux appels des sirènes qui tapissent les abysses, qui en ce jour, sourient en entendant Keenan me ronronner à demi-mots qu'il serait bénéfique de muer, de salir mon armure pour devenir comme eux, pour pleinement me baigner dans ce goudron qu'est la réalité, qu'est cette humanité qui aime tant pécher, qui semble rechercher les châtiments par besoin, par nécessité, par envie d'être humilié, de voir expié de leurs chairs des travers donnés par un Dieu absent et cruel, par cette souffrance qui mériterait plus de cathédrales que les saints et anges de ce palais doré soit-disant réservé aux vertueux, aux braves et aux lâches qui se repentent avant la mort.

Entre mes doigts, je fais tourner ma tasse de thé, regardant danser dans l'air les volutes brûlantes qui s'en échappent, les sourcils froncés, les lèvres pincées, les jambes toujours croisées mais les doigts soudain impatients de se tacher de nicotine.

Je ne sais que dire. Je ne sais que te dire.

Je porte ma tasse à mes lèvres, sirote une autre gorgée et me crispe un peu plus.

Je devrais être furieux, ou au moins décidé à lui faire ravaler ses avances presque obscènes et pourtant…

Je reste là. A attendre, à confirmer de mon silence qu'en effet, je ne suis plus vraiment là. Que dans mon propre corps, je navigue, j'erre au milieu d'un blizzard, d'un brouillard à la recherche d'une réponse à une question que je ne pose même pas, qui ne me tourmente pas encore. J'attends parce que je suis conscient de le perdre, parce qu'il est mon ancre dans ce monde, cette seule personne capable de me garder parmi ceux devenus des étrangers, des silhouettes sans visage dont j'ai l'impression de connaître les passions et pulsions en quelques mots, en quelques gestes.

"C'est fou comme tout doit être binaire chez vous."


Pour Lowri j'ai une pensée, pour cette soirée passée à se perdre entre les toiles d'un artiste raté, entre les regards et sourires forcés d'un être aimé.

"Souffrir ou Jouir." Je penche la tête sur le côté, le regard perdu dans les ondulations qui froissent la surface de mon thé. "Comme si les deux n'étaient pas un tout. Une immense zone grise dans laquelle il faut accepter de se perdre." Un ange passe. "Ne me prends pas pour un idiot, Jessica. Ce que tu me vends comme nouvelle vie, comme espoir, sera forcément douloureux et ne permettra pas de changer les choses, de faire évoluer ceux que nous passons notre temps à défendre, à prouver innocent parce qu'ils craignent les jugements." Du bout des doigts, je repousse délicatement ma tasse. "Quant à jouir de cela ? Je ne sais pas. Ce n'est pas ce qui m'intéresse." D'un vague geste de la main, je repousse toute idée matérialiste. "J'ai déjà ce qu'il me faut, y compris la voiture luxueuse et la vie de couple." Je laisse le doute flotter, n'essayant pas d'à nouveau prétendre avoir été gracié du don de l'hétérosexualité à la naissance. "Ce que je veux ce n'est pas un autre mensonge dans lequel me bercer le temps de quelques années avant de réaliser une fois de plus qu'il n'y a rien de beau dans ce monde, que l'homme est en général décevant et qu'avec les années, on finit par détester ses contemporains. Je ne veux pas croire que cela peut s'arranger, que de ton côté, tu as foi en ceux que tu défends. Si tu veux un adversaire digne de ce nom, ne me mens pas. Ne me dis pas que tout ira mieux quand j'aurais commencé à me salir les mains. Dis-moi simplement ce que je risque de perdre, hypothétiquement, si je décide de te suivre, si par exemple, j'acceptais de m'enfoncer dans les ténèbres."

Fais-moi frissonner, rêver. Laisse-moi entrevoir ce qu'il y a de si beau et jouissif à vivre en ne pensant qu'à dévorer les autres, qu'à construire à tes pieds un empire fait des cadavres des rêveurs, des inconscients et des innocents, de ceux qui tournent leurs paumes vers les cieux.
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22.07.20 22:44
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Jessica Keenan
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Adeane a la réaction qui est inscrit en lui. Elle n’a rien de surprenant. Jessica ne lui répond pas tout de suite. Car dans ce moment d’éveil aucun mot ne peut atteindre l’esprit du dormeur. Pas vraiment. Avant que tout cela soit possible, le dormeur doit expérimenter, dans sa chair, son nouvel état de vie. Cela prend un temps différent selon le sujet. Celui-ci est particulièrement un frileux, pour ne pas dire un peureux. Il faut le temps qu’il sorte de sous son lit.

A ces palabres sur la colorimétrie du monde, Keenan suppose encore une fois, que son cher Peter a rejoint la Loge de Londres. Elle l’imagine très bien, dans sa petite toge noir, à jouer les sages. Les Francs-Maçons ont toujours eu plus d’influence en Europe qu’ailleurs. Mais c’est un point qu’elle pourra vérifier. Ce qui l’amuse un peu plus c’est l'obstination qu’il garde à maintenir les apparences. Il le fait devant elle. Il ose lui sortir les boniments. C’est à la limite de la vexer.

D’un mouvement de recule l’avocate se repousse au fond de la chaise. Elle en profite le regarder. Mais cette fois elle ne retient par le rire sarcastique.

_ « Peter. Regardes-moi droit dans les yeux. » Là, Jess patiente en bonne professeure qui attend que l'élève obéisse. « Dis-moi que tu n’aspires pas à plus que ce que tu as ? » Il y a dans le regard de Jessica une lueur dangereuse. Elle est prête à supporter des jérémiades d’enfant effrayé. Mais diable, elle ne va pas lui laisser passer autant de mauvaise foi sur sa nature profonde. « Tu sais Peter… A force de t’obstiner à renier qui tu es… Tu pourrais devenir pire que ce que tu es vraiment. En plus de perdre Christian.» Lui dit-elle plus directe et même plus froide avec lui. Les gens qui ne s’assument pas lui provoque une sorte de mépris. Jess n’a pas envie de le mépriser lui, car au fond, elle l’aime.

Elle le laisse faire son petit acte de résistance et note avec plaisir, qu’il ne le fait pas sous l’égide de la morale, ou de l’éthique. C’est un pas en avant. Oui, Peter ne le voit peut-être pas encore, mais il avance droit vers la bouche de Lucifer. Jessica est sur le seuil et elle l’attend encore un peu. Il la fait sourire. Toujours à vouloir faire des grandes phrases. A faire le poète. Mais elle est prête, à répondre à sa question, avant de rebondir sur les simagrés servis avec ce ton pincé de lord. Cela l’amuse même un peu.

_ « Tu vas perdre des ami.es. » Keenan ne s’est jamais encombrée de ça. Ceci dit elle est consciente qu’il y en a qui en ont besoin. « Tu vas perdre tes illusions. Tu vas perdre tes croyances, enfin, le peu qu’il te restes. Tu risques de perdre le droit d’exercer. » Personne ne joue impunément les démons. D’autant qu’il y en a des Chérubins qui se prennent pour des Archanges. Les yeux de Jessica luisent alors d’une flamme vive. Parce qu’elle est son propre bras armé. Elle sait tout ce que cela apporte de se libérer du cadre. « Tu ne pourras plus faire semblant avec toi-même. Mais tu seras libre Peter. Absous de l’éthique et de la morale. Tu pourras exploiter tout ton talent. Tu pourras enfin être un vrai joueur. »

_ « De toute façon Peter. tu déteste déjà l’Humanité. » Peut-être pas toute l’humanité, bien. La plus grande partie de ce qui la compose. Ce qui est déjà beaucoup. Ce qui les arrange. Jess ne voit. Comme elle voit qu’il a déjà un pied en Enfer. Elle reprend un peu de café, attendant qu’il cède.





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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Que dirait-il, cet aimé au regard portant en son sein la cruauté des jugements divins, le manichéen auquel se raccroche tout les pèlerins, les égarés et autres pécheurs qui aiment tant fauter, qui espèrent le pardon et l'absolution entre deux prières, deux pensées impies, deux faiblesses accordées aux vices et travers de l'âme humaine, si il me voyait, partager avec elle un thé et songer, doucement être bercé, charmé par l'idée de souiller mes paumes, d'à jamais trahir cet idéal qui lui plaisait tant, qui lors de nos premiers émois, lui donnait l'envie de s'accrocher à ma personne, de faire avec mes silences, avec cette étrange distance que je lui imposais malgré nos étreintes, malgré les soirées passées à dans ses bras, n'être enfin qu'un homme, et non cet idée, ce concept étrange d'être qui évolue parmi une humanité étrangère, au sein d'une société au sens incertain, à l'avenir encore plus fragile ? Que dirait-il ? Serait-il déçu de mes doutes ou comprendrait-il ? M'accorderait-il la rédemption et la beauté du pardon, ou justement, m'en voudrait-il de ne pas être si différent de ceux que je disais mépriser, trouver si futiles dans leurs manières de s'adonner au pire, de sans cesse répéter les erreurs et malheurs de leurs ancêtres, de ceux qui ont pu les précéder et avant eux, chuter dans les abysses, dans la gueule même de ce Léviathan qui finit toujours par dévorer autant les pénitents que les malheureux?

En silence, les lèvres trempées dans cette infusion que je bois par petite gorgée, que je laisse saturer mon palais pour en chasser les fragrances de ce tabac que j'aime fumer afin d'oublier une seconde ces pensées qui parfois se font blizzard en ma psyché, je l'écoute se faire ce démon auquel je ne cède rien de plus que quelques regards, qu'un sourire qui devient au fil de ses syllabes, de ses tentatives d'obtenir ce cœur que je garde encore pour moi, se mue en un léger rire, en une douce hilarité que je laisse s'installer entre nous, se faire ce compliment que je n'aurais jamais pour celle qui me connaît trop bien, qui mieux que mon compagnon, parvient à lire, à déchiffrer ce terrible qui se fait serpent contre mon échine, dragon en mes prunelles que je darde sur ma collègue, sur celle que j'aurais pu apprécier si j'avais été fait autrement, si de travers je n'avais été conçu par des parents qui auraient tout donné pour que je sois comme les autres, que je sois autre chose que cette anomalie un peu étrange à laquelle on ne peut rien reprocher de concret.

« Je ne déteste pas l'Humanité, Jessica. »

Pas encore tout du moins, ou plutôt, pas complètement. C'est parfois dur, même pour moi, de savoir, de comprendre ce que je ressens pour ceux qui semblent si différent, si lointain, comme perdu derrière l'horizon, derrière des vagues que je n'ai envie d'affronter pour les rejoindre. C'est flou. Même toi, je ne sais où tu es, entre les vagues et l'écume. Je t'entends, mais je ne parviens à savoir si tu pourrais réellement me comprendre. Parfois, je me dis que tu dois avoir le seul privilège de m'apercevoir plus clairement qu'eux.

« Elle m'indiffère. »

La détester serait donner de la valeur à cette masse qui, au fil des années, ne cesse de se confondre, de venir un tout dont je ne tire rien si ce n'est les mêmes comportements, paroles, réflexions, envies et ambitions., un miasme grouillant et chaotique qui n'a de sens que dans sa destruction, dans sa volonté de toujours plus s'enfoncer dans le plaisir malsain et puéril de l'auto-destruction, d'une fin faite seule opportunité, seule destinée car cela semble plus simple, plus aisé, plus facile que de chercher à se transcender, à évoluer, à être plus qu'une ruche bourdonnante composée d'individus décidés à se tuer le plus rapidement possible, à se fracasser contre le certain et les possibles car ils ont été programmés ainsi, éduqués de manière à n'aimer que le malheur, à ne jamais descendre du carrousel de la terreur duquel ils sont prisonniers et dont ils connaissent l'air par cœur. Les détester, tous, se serait leur accorder une valeur qu'ils n'ont plus, me fatiguer à m'attacher à des êtres dont je différencie même plus les visages, à des clients ou adversaires qui finissent toujours par être décevant, par hurler la même rengaine contre mon océan.

« Elle n'est pas grand chose. Et eux ? »

Je hausse une épaule, ne prenant même pas la peine de désigner ceux qui autour de nous, produisent ce brouhaha que j'ignore pour ne pas me concentrer sur les conversations insignifiantes qui pourraient me polluer.

« C'est à peine si ils existent. »

Tranquillement, je repose ma tasse sur la table, expirant une fois de plus alors que je viens croiser mes bras sur ma poitrine, soudain las de cette agitation pourtant normale au sein du café.

« Je me fiche de perdre des amis, ou des connaissances. »

Ce n'est pas comme si j'en avais à vrai dire, comme si ils allaient me manquer. Je n'ai jamais vraiment aimé être sociable, devoir sourire et me montrer de manière à séduire, à charmer pour que l'on accepte de m'écouter, de prendre la peine de me regarder. Je n'ai pas besoin d'eux pour exister. Je me suffis. Il me suffit.

« Et le reste ? »

Je marque une pause, laissant entre nous passer un ange que je ne chasse pas.

« Si le risque permet d'échapper à ce grand mensonge... Alors soit. »

Je risquerais ma carrière, ma réputation et tout ce qui va avec.Cette armure blanche j'en ferais une offrande pour la démone que tu es, je la déposerais à tes pieds pour enfin frayer avec l'obscurité, avec ceux que je disais mépriser.

« Mais ne crois pas un instant que j'étais fait pour ça, pour ce moment. »

Parce que le destin écrit dans les étoiles ce ne sont que les conneries que se racontent les enfants parce qu'ils ont peur de grandir, d'un jour devenir aussi aigris que leurs parents.

« Les idéalistes ne changent qu'à cause de leur environnement. »

En un geste gracieux, je soulève ma théière pour remplir ma tasse, contemplant presque religieusement le breuvage à la robe ambrée, presque brune car trop infusé, couler au sein de la porcelaine décorée de quelques arabesques.

« Encore une fois, tu penses de manière binaire. Le bien, le mal. Ceux qui voient et profitent puis les autres. Toi et moi. C'est un étrange travers que vous avez, tous. Je ne t'écoute uniquement parce que je suis fatigué de tout ça. De l'humanité et du reste. »

De me cacher, de toujours devoir porter aux nues des clients qui ne sont pas grand chose, si ce n'est des victimes toujours pourfendues des mêmes maux, de la même crédulité et fausse bonté qui me donnent la nausée.

« Par contre, je te prierais de laisser mon colocataire en dehors de tout ça. »

Mon ton se fait soudain plus sec, porteur d'une menaçante sous-jacente qui n'a rien de charmante, d'aussi élégante que l'était jusque-là mes douces remontrances.

« Il ne sera en rien impliqué dans la moindre des décisions que je pourrais prendre. C'est entre toi et moi, Jessica. »

Ce sera binaire pour cette fois. Toi et moi dansant avec l'interdit. Moi qui me laisse entraîner et toi qui ouvre sous mes pieds la porte même d'un enfer dont je ne reviendrais peut-être jamais.

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Jessica Keenan
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Il n’est pas donné à tout misanthrope de vivre en accord avec soi-même. Peut-être parce que chacun appartient à cette race qu’il repousse. Le paradoxe est difficile à dépasser. Certains y parviennent. Keenan a réussi. Au début, bien sûre, son esprit a émit des doutes, voir espéré une preuve qu’elle se trompe. Mais il n’y a pas eu de Miracle, pas de Révélation non plus. Il n’y a eu que l’acceptation. Le soulagement s’en est suivi. Si personne ne vaut la peine d’être préservé alors pourquoi essayer ?

Ici, ce que Jessica prend pour de la mélancolique anglaise, a une forme plus sombre et dangereuse. Celle d’une maladie qui terrasse l’espèce contemporaine. La dépression est encore incomprise des médecins. La chimie n’en vient pas à bout. Elle contamine et parfois tue. Elle peut toucher n’importe qui. Mais, elle a toujours plus défait sur les âmes fragiles. A l’exemple de “Lady Keenan” qui s’est laissée dévorer par ce mal vicieux, incapable d'élever ses enfants, et encore moins de leur assurer amour et protection.

_ « Ne crois pas donc. Constates. » Propose la Rousse simplement. Peter aime la contredire. Il aime encore plus avoir raison. Jessica le sait car elle fonctionne de la même façon. Cependant, leur conversation n’est pas un énième débat intellectuel. Leur conversation est la dague effilée qui brise les chaînes. Elles tombent aux pieds du Chevalier une à une. « Ils changent parce qu’ils comprennent. » Point. L’environnement est aussi mauvais au début qu’à la fin, si ce n’est plus.

_ « Tu n’es pas fatigué Peter. » Lui rétorque-t-elle. Keenan le regarde poser la théière. Elle l’imagine chauve, en toge, assis dans un temple à l’autre bout du monde. La Retraite Spirituelle du Moine Adeane. Elle se demande s’il a déjà envisagé de faire ce genre de voyage. Ou même si son Christian ne lui aurait pas soufflé l’idée. « Tu es dépressif. » Lui fait-elle remarquer sans émotion particulière. Tout le monde ne finit pas comme sa mère. Beaucoup de personne vivent avec ce parasite toute leur vie. L’Ombre derrière l’épaule qui retient les pas de son prisonnier. Jess termine l’expresso, abandonne la tasse. « Je peux te conseiller un bon psychiatre. » Ils peuvent discuter de ce point comme du reste. Puisqu’il ne s’agit ni plus, ni moins que d’un conseil entre pair de la Nuit. Ils sont aussi adversaires, qu’amis, et pour ça elle s’attarde volontiers.

La menace amoureuse fait rire l’avocate du Diable. C’est à la fois mignon et désespérant. Même Jess, qui n’est pourtant pas un modèle de courage sentimental, donne la bonne appellation aux relations importantes. Le sourire se fait félin, retroussé, provocateur.

_ « C’est vrai. Qu’est-ce qu’un colocataire aurait à faire de tes choix de carrière ? » Keenan n’a pas de raison d’entretenir ce stupide mensonge. D’autant que lorsqu’on renonce aux vertus on devient la proie de tous. Les Anges veulent la peau. Les démons veulent les os. Il n’y a plus de secrets inaccessibles. Il faut envisager une dissection de soi. « Quoiqu’il en soit. C’est cette vision du Monde qui prédomine. Tu peux nuancer le tableau si tu veux. Face au danger plus personne ne les voit. Il n’y a toujours qu’une question qui reste. Ami ou ennemi ? Bien ou Mal ? Vie ou Mort ? Garde le Gris pour les séances de masturbation intellectuelle. » Jessica n’est pas vraiment dans ce cercle là. Elle le fait déjà bien assez dans le champ professionnel. Ce qu’elle aime et cherche c’est l’empirisme.

D’un geste de la main, elle commande un second expresso, le temps que son cher collègue termine. Une fois le message visuel passé, elle focalise ses yeux sur Peter. Là encore, une pause, un silence se fait.

_ « La semaine prochaine tu m’accompagnes au Rosewood. » Décrète-elle alors que le serveur approche déjà avec la boisson noire. L’arrivée donne le temps à l’avocat de se faire à l’idée. L'Hôtel Particulier est le sanctuaire du Crime. C’est précisément dans cette forteresse des ombres que les Paladins changent d'étendard. « On y fera ton introduction. » Lorsque le planning est posé le mental peut plus facilement se projeter. Comme une Lilith amusée, Jessica tire doucement l’Apprenti par la main.







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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Tu es dépressif.

Pour la première fois depuis longtemps, voilà que je lève les yeux au ciel, que je m'agace de cette phrase, de cette évidence grossière que beaucoup aiment énoncer parce qu'ils ne parviennent à comprendre, à accepter l'idée même que je puisse autant détester mes pairs, qu'au loin, je regarde le monde tourner sans vouloir m'y intégrer, m'y perdre pour côtoyer ces êtres qui ne sont que des silhouettes qui traversent mon existence, l'incarnation même de la vacuité des cœurs, de cette vie que l'on passe à vieillir, à se rassurer en s'occupant l'esprit pour ne pas avoir à songer à cette fin qui sera là trop vite, pour ne pas sans cesse prier pour que celle-ci soit douce, au moins autant que le sommeil peut l'être, que ces songes d'été qui semble se faire éternité. Face à elle, ma tasse de thé entre les doigts, c'est en silence que je m'agace de son diagnostic, que je la laisse s'égarer, se perdre dans cette illusion qui n'est bonne qu'à chasser cet impensable que beaucoup ne peuvent accepter, se détourner de la vraie nature de mon être, de cette essence qui ne charme que Christian, qui ne plaît qu'à cet homme qui souhaite épouser un morceau même de l'océan, une vague échouée parmi les hommes, a sein d'une humanité qui n'a de sens, si ce n'est celui de sa fin, de sa destruction programmée, qui marche en cercle en se demandant pourquoi les choses se répètent, pourquoi les malheurs et catastrophes reviennent, pourquoi les fils ressemblent tous à leur pères. Tranquille, presque serein, comme soudain soulagé d'un poids qui jusque-là me broyait les reins, je ne tente pas de l'interrompre ou de la changer, de la convaincre de la justesse de ma vision du monde, attendant qu'elle termine son jugement et que la condamnation tombe, m'arrachant de ce fait un rictus que je ne lui dissimule pas, que je laisse fleurir au coin de mes lèvres et s'attarder, s'installer tandis que je soupire légèrement.

Dansons alors, à ton rythme, puisque c'est toi qui dicte cette valse, qui m'entraîne dans la noirceur de tes secrets, de cette âme que tu as vendu, non pas à ce Diable qui n'existe pas, qui sous nos pieds, n'est pas là à se féliciter de me voir chuter, mais à ces hommes qui rêvent d'être un jour Dieu, qui n'hésitent pas à sacrifier leurs pairs pour s'élever vers les cieux, pour faire des cadavres et des paumes des croyants, cette échelle qu'on dit surveillé par les anges.

« Soit, faisons alors selon tes règles. »


Soyons binaire, si cela peut te rassurer, te permettre de ne pas descendre un autre expresso.

Mon thé terminé, je repose ma tasse et m'installe plus confortablement, conscient qu'il est enfin temps pour moi de franchir la distance qui nous sépare, de lui offrir ses mains qu'elle salira parce que je le veux bien, de lui laisser apercevoir ce cœur d'eau salé qui ne bat pas, qui prisonnier de cristaux de sel, ne reflète que les teintes de mes silences, des soupirs qui furent autrefois ces promesses dont Christian s'enivrait, que la beauté de cet intérêt que je porte à peu. Alors j'inspire, me désolé de ressentir l'envie de fumer, de regretter le goût de la nicotine sur mes papilles avant de reprendre, de presque murmurer dans le brouhaha de l'établissement.

« Peut-être que tu as raison. » Je marque une pause, haussant un sourcil. « Pour les idéalistes. Ils sont sûrement voués à changer, à comprendre que cela n'en vaut pas la peine de se vouer à une cause qui est perdue d'avance, qu'il est, après tout, plus amusant de voir échouer. J'imagine qu'à ce sujet, je n'étais encore qu'un jeune homme, à penser que j'étais intouchable. »

C'est le propre de la jeunesse, de se penser immortel, de se projeter dans l'éternité et non de contempler cette tombe qui se creuse à ses pieds.

« Mais me dire dépressif ? »

Agacé, comme vexé de cette vision étriquée, c'est contre mes dents que je fais claquer ma langue, l'insultant presque en ce son que cela produit, l'avertissant que la prochaine offense lui vaudra une réprimande plus virulente.

« Allons, Jessica. Ce n'est pas un mal qui touche les gens comme nous. »


D'un geste de la main, je désigne ceux qui nous entoure, qui inconscients, indifférents, boivent cafés et autres boissons en s'inquiétant de sujets triviaux, des conséquences d'une fatalité que l'on ne peut arrêter, qui n'aura jamais pitié, qui ne flanchera pas malgré les sanglots et les prières, malgré les psaumes et offrandes laissées.

« Ca n'appartient qu'à eux. »

Qu'à ceux qui se tournent vers nous car nous sommes les vrais apôtres, les vrais porteurs d'une vérité quasi-divine, les détenteurs d'une furie vengeresse normalement attribué à ces archanges armés, à ces protecteurs qui sauvegardent la beauté de l'homme en brûlant la terre, la salant, pour que rien ne reste.

« Ne m'insulte pas. »

Ne me fais pas homme, ne me réduit pas à ce que je ne serais jamais, à ce chagrin que tu penses percevoir dans mes prunelles, trouver au fond de mes iris, de ce regard fait d'énigmes et de mystères qui me donnent parfois cette allure de sphinx moderne.

« Je pensais que l'on se connaissait toi et moi, que nous faisions semblant d'être des étrangers l'un pour l'autre, des rivaux. »

Je marque une pause, battant des cils, portant le deuil de ce mensonge dans lequel je me perdais pour ne point accepter la réalité, faire avec cette évidence qui me giflait à chaque fois que je lui faisais face, que j'essayais de me faire pieux dans mon armure immaculée, de sauver cette auréole que je sens se désagréger au fil de mes pensées, au rythme de cette mélopée qui vient me tenter, qui toujours plus, m'invite à me perdre dans les méandres de la corruption, dans cette obscurité qui semble toujours triompher, qui malgré les aubes et les zéniths refuse de se disperser, de s’éclipser comme la brume le fait en été. Le long de mes tempes, je sens mes idéaux et les fantasmes de mes jeunes années couler, se faire cet or qui se mêle au sang versé, cette poix qui dévale mon visage pour me marquer du sceau des traîtres, des infidèles qui se détournent de la justice immanente et des croyances qu'il faut chasser aveuglément, et si un instant, je regrette cette sensation, voilà que je finis par l'accepter, pleinement l'embrasser le temps d'un sourire plus sincère, plus doux, que j'adresse à l'avocate, à la diablesse qui se félicite probablement de me voir m'abîmer aussi aisément.

« Ton jour sera le mien. »

Il n'est de toute manière pas très présent en ce moment, il ne le remarquera même pas si je suis absent.

« J'essayerais de ne pas te décevoir. »

Je me draperais des ténèbres que l'on réserve aux enterrements, afin de fêter dignement la mort de celui que j'étais, et la venue au monde de celui qui émergera de ces cendres que je sème depuis quelques temps dans mes pas, que tu es la seule à voir.

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Jessica Keenan
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_ « Ca l’est. » Confirme Keenan, avec l’assurance de celle qui regarde les autres échouer, depuis le jardin d’enfant. Ceux qui naissent dans le berceau du capitalisme deviennent, par nécessité vitale, compétitif. Pour Jessica cela se rapprocherait d’une philosophie de vie. Alors quand elle regard Peter tomber de l’échelle divine, même lui, elle sourit. Car tant que ce n’est pas elle qui tombe l'apocalypse est son idéal. « Tu le verras rapidement. » Lui souffle-t-elle mis amusée, mis prometteuse. Avec un profil comme celui d’Adeane il est plus simple de se faire une bonne place au milieu des loups. La belle Tigresse sera présente pour protéger ses arrières. En tout les cas pour ce qui est de ses premiers pas dans l’arène.

L’arcade sourcilière de Jess se redresse en réponse à la petite humeur de l’avocat. Un petit sourire narquois se forme sur le visage envoûtant. Une fraction de seconde on lui voit l’aura d’une Morgana victorieuse. Elle le pousse à coup de pique vers les vivants. Ne se rebiffe que celui qui est touché au sang.

La jeune femme glisse un regard neutre vers la salle du café. Comme son interlocuteur elle observer les autres clients du lieu. Comme lui encore elle voit cette vitre qui les sépare d’eux. Tous ces gens qui se trouvent de l’autre côté pour que des gens comme son père puisse les dominer. Pour qu’elle, méchante puisse les réifier au rang de pion sans avoir le moindre état d’âme.

_ « Soit. » Lui dit-elle, un peu trop aisément. Point d’insulte. Les pupilles félines attaquent le vil petit menteur. A-t-il la mémoire si courte que cela ? Ou bien ne prend-t-il pas au sérieux les injures qu’il profère. Que ce soit dans la grande salle boisée, ou encore sur le chemin de ce café, cet homme en a murmuré des insultes. Jessica penche son buste en avant. « Mais c’est donnant donnant. » Assonnne-t-elle sur le ton d’une négociation qui prend fin. « Une “colocation” ? … Pitié Peter. Je ne suis pas une de tes lady. » Lui souffle-t-elle avec une petite pointe d’agacement elle aussi. Il ne peut se dire le supérieur de tous les hommes s’il n’est pas encore capable de se regarder dans une glace. Il doit pouvoir se regarder, constater, et accepter toutes ses bassesses. Acceptes ce que tu es.» Martèle-t-elle calme et presque froide. Cette règle du jeu est inévitable. Là où ils vont aller la lumière cherche à pénétrer sans cesse. Sans cesse elle va chercher les failles pour les creuser, les brûler. « Ou bien ça te déservira. » Il n’y aura pas que lui, il y aura son colocataire et sa fiancée aussi. Mais Keenan ne le dit plus puisqu’il vient de l’agacer. Il n’aura qu’à vivre son erreur et s’en mordre les doigts. « Si tu veux te distinguer de la plèbe commence par te débarrasser de tes peurs. » Il se peut même qu’à assumer cette part de lui, le rende heureux. Ou bien ce qui se rapproche de la joie pour lui.

Jess pose alors une main contre sa bouche pour étouffer un rire moqueur devant le deuil de l’anglais. Elle regarde la scène tragédienne avec un sourire de spectatrice. Elle n’a donc pas encore retenu que cet homme est un grand enfant.

_ « Mais on fait semblant.» Finit-elle par rétorquer tranquillement. Laissant le soin à son rival imaginaire à choisir le sens de sa réponse. Oui, Peter est l’homme en robe qui la connaît le mieux. Oui il est une cible particulière. Oui, un désir sapio alimente cette relation. Jessica ne peut dire ce qu’il représente sans les rendre faible. Il ne peut savoir ce qu’elle a fait, en secret, pour lui ouvrir les portes de l’autre Côté. S’il est assez fûté Peter comprendra de lui-même le moment venu.

_ « Jeudi soir. Cela te laissera le temps de te préparer. » Tout comme à elle de prévenir les personnes nécessaires. Le Directeur tiendra à le rencontrer. Keenan sait qu’elle doit bien faire les choses. Ceci dit, elle n’est pas la seule à avoir une pression pour cette entrevue déterminante. La recrue a sa partition à jouer. Pour cette partie la rousse n’a pas la main, le contrôle. « Met toi à jour sur les mafias. Bratva. L’Irlandaise. La Sicilienne. Pour celle-ci je t’enverrais un dossier ce soir. » Jessica dicte les devoirs à faire comme une maîtresse d’école. Cela lui donne un air autoritaire, sévère, qui inspire des fantasmes chez certains de ses partenaires. « Tu es à jour sur les droits d’extraditions ? » Demande-elle en continuant de chercher les éléments indispensables pour le rendez-vous. « Je t’enverrais un récap’. » Cela aidera aussi à ce qu’elle fasse le point sur les domaines à compléter avec son petit stagiaire.

Elle extrait une carte d'adhésion de son portefeuille et la lève pour la montrer au barman en chef. Ils échangent un regard. Il n’en faut guère plus pour que Adeane soit dans le fichier. La belle se redresse sur la chaise. Elle pose ses pieds à plat sur le sol.

_ « Je passerais te chercher. » Un sourire amusé humanise cette désenchantée. Elle lui affirme une fois encore combien elle aime le déranger. Combien cela l’amuserait de le voir renier les principes des Aînés. « Fais toi beau. » Le colocataire n’y verra rien à redire. Mais pour entrer dans le Rosewood il ne faut pas jouer au prince des ténèbres. Il faut être un audacieux -un terrible- Cavalier.





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