Tyrgan détestait les country club, encore plus ceux qui avaient des écuries et un terrain pour jouer au polo, puisqu’il ne pouvait pas tenir sur un cheval. Cependant, la piscine du Royal Country Club était là seul d’intéressante dans le coin de la capitale. En Écosse, ses longueurs, il le faisait très bien dans le loch en face du château. C’était froid, mais il le faisait pour l'exercice. C’était vivifiant plutôt. À Londres, en revanche, la Tamise avait beau être large, il ne mettrait même pas un pied dedans. Les piscines municipales, quant à elles, étaient toujours bourrées de gens. Faire une seule longueur sans se cogner contre quelqu’un était mission impossible, sans parler des douches, qui elles même auraient eu besoin d’une bonne douche! Non, vraiment, la piscine du Royal Country Club était de loin la plus intéressante. Il s’y rendait toujours tôt le matin, mangeait quelque chose et retournait à ses affaires. C’est d’ailleurs ce qu’il fit, ce matin là. Des longueurs, jusqu’à l’épuisement, sans s’arrêter. Ces derniers temps, il fallait dire que Tyrgan semblait plus en forme que jamais, puisque son coeur battait pour quelqu’un. Sa chère Lowri.
Ça s’était passé trop vite. Bien qu’il ne s’en plaigne pas, leur relation était si récente, et avait été si soudaine qu’il ne le réalisait pas encore très bien. C’était d’ailleurs beaucoup trop tôt pour la présenter à qui que ce soit. À sa grand-mère, par exemple, qui en ferait sans doute un scandale. Il l’imaginait déjà désespéré : «Un duc avec une roturière»… Le pire, c’est qu’elle n’aurait pas tort. La noblesse n’avait rien de très progressiste, et beaucoup de familles noble, y verrait sans doute un affront. Il crachait sur les filles biens éduquées, pleines de talents et de manières, provenant des meilleurs dynasties, pour aller s’amuser avec une fille sans nom, insignifiante à leurs yeux. Tout ça le tourmentait, évidemment, mais il rangeait tout ça dans un coin de sa tête, pour le moment. Si ça devenait plus sérieux entre eux, il aviserait… car il faudra bien qu’ils s’affichent en public, un jour ou l’autre. L’aimer en secret n’était pas une option.
Enfin, pour l’instant, il n’allait pas le crier sur tous les toits. Il se contentait simplement d’être heureux. Les réunions entre chefs de clans ne l’emmerdait plu autant, tout comme les séances de la Chambre de Lords. Tyrgan était de si bon humeur que, lorsqu’il croisa Edward, le mari de sa chère amie Violet, en se rendant à la salle à manger, il lui adressa la parole.
Bonjour, Lord Crawley. Comment allez-vous? Vous revenez du polo?
En voilà un qui avait eu un mariage prestigieux. À défaut d’être heureux, d’après ce que Violet lui avait confié, sans toutefois entrer dans les détails. Quoique Rose lui avait raconté certaines choses qui semblaient contredire ce qu’il croyait. Elle ne lui avait pas tout dit. «Secrets entre femmes», comme elle disait. Cependant, pour une raison qui échappait à Tyrgan, elle semblait avoir une bonne impression de ce baron. En même temps… Rose n’avait pas vu Edward depuis très longtemps…
Et comment va ma chère amie votre femme?
Voilà peut-être sa chance de juger le personnage, qui sait.
FACE IDENTITY : Edward Holcroft IDENTITE : Edward Crawley GROUPE : L P RANG : Baron AGE :33 ans ETAT CIVIL : Marié; Sans héritier. PROFESSION : Homme d’affaire (armement militaire) ETAT DE SANTE : Traitement contre l’hypertension. LIENS :Epoux de Violet Crawley, connaissance de Lord Leicester, Lord Campbell
Il s’agitait en effet d’un mariage prestigieux, tel qu’ils s’en faisaient de plus en plus dans l’aristocratie anglaise, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Qui pour survivre n’avait point d’autre choix que de faire alliance avec des personnes d’intérêt. Edward comme Violet étaient au fait de la vulnérabilité, de leur caste, dans cette société prête à les annihiler. Les jeunes époux avancent de concert pour survivre mais n’y trouvait qu’un moyen de subsidier. Mais mariage prestigieux ne voulait pas dire mariage heureux.
Deux années avaient permis à ce duo de voir tout ce en quoi ils diffèrent. Diable ils diffèrent en beaucoup. Le Baron se questionnait régulièrement sur l’éducation et l’instruction donnés à sa femme. Violet était curieuse, revendicatrice, critique. Elle refusait tacitement son autorité naturelle, le forçant à la dompter. C’était agaçant, parfois même épuisant, et Edward sentait sa patience s'effrite semaines après semaines.
Aussi s’il comme Tyrgan, on en venait à le questionner, sur son état actuel, il se contentait d’une réponse placide. Une réponse évasive comme:
«En effet. Bonjour. Aussi bien qu’il est possible d’aller, Lord Campbell. » Edward le toisait de toute sa hauteur, sans chercher à cacher sa circonspection, face à pareille interpellation. Voilà des mois qu’ils se croisaient dans ce club. C’était bien la première fois qu’ils s’adressaient la parole. Pour ne pas contrevenir à l’étiquette, il lui retourna la question avec indifférence: « Comment allez-vous Duc ? » Cela tout en posant un regard dédaigneux sur ce petit Duc Ecossais, aux moeurs et aux attitudes très discutables. Qu’il soit un ami de sa femme le lui rendait d’autant plus entipatique. Si cela n’avait pas porté préjudice, à ses affaires internes, probablement l’aurait-il proprement remis à sa place sur le champ. Mais, en bon calculateur le Baron ménageait son terrain. Il ne pouvait se faire l’ennemi d’un membre de la Chambre avant de s’y être assuré une bonne et solide place.
Cependant, Edward ne pu contenir le léger tic facial déclenché par la mention de la princesse. Un très bref instant une colère glacée refroidit son regard avant que ne se recompose le masque. L’impudence de cet homme aurait méritée un joli soufflet. Malheureusement la coutume n’était plus respectée de nos jours.
«Madame la Baronne se porte bien. » La machoir raide, le Baron contenait une réaction plus primitive. Persaudé que sa femme le prenait pour amant il rêvait de faire de lui un exemple. Personne ne pouvait s’approprier ce qui était sa propriété. Mais la comédie l’obligeait au jeu et à la tempérance. «Elle me dit d’ailleurs le plus grand bien de vous. Si vous aviez un moment nous pourrions prendre le temps d’échanger devant un verre ? Qu’en dites-vous ? » Violet n’avait absolument rien dit sur lui. Elle qui parlait de tout le monde, se refermait ou fuyait dès que le nom de ce scottish venait dans la conversation. Par ce silence elle ne le rendait que plus suspect. Edward avait donc l’intention de découvrir ce qu’il en était.
« Aussi bien qu’il est possible d’aller ». Quelle réponse somptueuse, pensa Tyrgan, sarcastique. Si vague, si mesuré, si anglais… Un manque de chaleur propre à la noblesse également, que Tyrgan n’avait jamais su totalement posséder, ou maîtriser. Lord Crawley, Lord Evans, Lord Blakemore, des animaux à sang-froid, tous autant qu’ils sont. En quelque sorte, cette maîtrise de soi qu’ils avaient impressionnait Tyrgan. Elle agissait pour eux comme un bouclier, extrêmement pratique en cas d’attaque. Tyrgan, lui, était bien souvent sans défense, sans bouclier, et réagissait parfois trop. Aujourd’hui cependant, il était d’excellente humeur, et ne laisserait pas le regard dédaigneux d’un simple baron la gâcher.
Très bien, je vous remercie, dit-il simplement, souriant toujours.
D’ailleurs, Tyrgan se demandait en quoi il avait bien pu mériter le dédain de Lord Crawley. Est-ce que, comme Lord Blakemore, il était de ceux qui voyaient les écossais comme des indigènes? Ou y’avait-il autre chose?... Lorsqu’il mentionna Violet, une lueur sombre sembla traverser les yeux du baron, l’espace d’un instant. Puis, il lui répondit qu’elle se portait bien, mais également, qu’elle avait parlé en plus grand bien de lui au baron. Tyrgan haussa les sourcils, stupéfait.
Eh bien, pourquoi pas, dit-il, acceptant l’invitation du Baron, je me rendais justement vers la salle à manger.
Ce serait l’occasion d’en apprendre un peu plus sur le baron. À condition que ce dernier ne se contente pas de lui donner des réponses vagues, bien sûr. Ce serait aussi l’occasion de manger quelque chose, car il mourrait de faim. Arrivés là-bas, aucun serveur ne se présenta pour les asseoir. Après tout, les membres du club pouvaient bien s’asseoir où ils souhaitaient. Ils s'installèrent près de la grand baie vitrée, qui donnait sur le terrain de golf, tapissé de gaz encore vert vif, même en ce début du mois d’octobre. Tyrgan choisi alors pour lui la totale : thé noir, oeuf brouillé, toast et bacon. Après avoir nager autant, il ne se sentait pas le moindrement coupable de son choix. Tant pis s’il passait pour un goinfre, il avait faim.
Lorsque le serveur retourna aux cuisines, Tyrgan esquissa un nouveau sourire.
Dites-moi, Lord Crawley. Depuis combien de temps votre famille a-t-elle été anoblie? C’était durant la Seconde guerre mondiale, ou était-ce la durant la Première?
C’était peut-être même avant cela, mais Tyrgan n’en avait pas la moindre idée. D’ailleurs, sa question n’était pas anodine. Si Lord Crawley était sensible aux sous-entendus, il avait parfaitement compris que Tyrgan ne lui posait pas la question par curiosité. Il lui rappelait, subtilement, qu’il était devant un duc. Devant un Campbell. Détestée ou aimée, sa famille et sa dynastie, presque aussi vieille que l’Écosse elle-même, était connue autant chez les nobles que chez le citoyen moyen. Et lui, Crawley, qu’était-il exactement? Un obscure baron, membre d’une famille inconnue, qui n’avait aucune raison de regarder un duc de haut, même s’il était écossais…
FACE IDENTITY : Edward Holcroft IDENTITE : Edward Crawley GROUPE : L P RANG : Baron AGE :33 ans ETAT CIVIL : Marié; Sans héritier. PROFESSION : Homme d’affaire (armement militaire) ETAT DE SANTE : Traitement contre l’hypertension. LIENS :Epoux de Violet Crawley, connaissance de Lord Leicester, Lord Campbell
Les faux semblants et l’hypocrisie étaient à la base de l’étiquette aristocratique. Tout noble, qu’il était du Royaume ou bien … d’ailleurs en était conscient. Il était donc toujours étonnant de croiser un homme qui ne savait maîtriser ses réactions. Ou bien alors Campbell était en plus du reste un très bon comédien, ce dont Edward doutait. C’était sans doute ce côté barbare qui séduisait la Baronne. Violet n’avait de cesse de parler d’authenticité, de communication, alors qu’il s’agissait de plutôt des faiblesses à éviter. Comment pouvait elle être aussi simpliste ?
Ils trouvaient tout de suite une table où s’installer. Le Eward croisait ses jambes et prenait une posture d’une fausse nonchalance. Celle que prennent les hommes de calcul, les créatures qui se replie avant de sauter à la gorge de leur proie. Ainsi était-il même sous son propre toit.
« … Depuis 1949. » Le document officiel était d’ailleurs sous cadre dans la bibliothèque de Lord Crawley Père. Moins de quatre-vingt ans que la baronnie était à sa famille. Elle l’avait chèrement payée d’ailleurs. Pour ce petit bout de papier ils avaient perdu une bonne partie des possessions du sud du Royaume. «La valeur ne se compte point en années. » Disait Edward pour couper au pied la moquerie à peine voilée de son interlocuteur. « Mais par les actes.» Les yeux du léopard dépeçait mentalement ce mouton au sang bleu. « N’êtes vous pas de mon avis ?»
Les boissons se présentaient pile après cette petite réplique. Le baron en profita pour esquisser un petit sourire dominateur. Il en faudrait plus pour déstabiliser un Crawley. D’autant qu’il était habitué à ce genre de remarque. Mais il était sûre de lui. Aux affaires depuis moins de six ans et il avait déjà doublé le pécule familial.
« C’est pourquoi nous aurions tout intérêt à collaborer. » Edward prenait coupelle et tasse, élégant, racé pour tremper les lèvres dans un café noir. « Nous qui sommes les garants de cette génération. » Il parlait d’or et déjà en politicien. De fait le Baron noir ne faisait pas de secret de son ambition d’entrer à la Chambre. Il s’était lentement mais sûrement fait ami des bonnes personnes. Avec, en plus, le soutien de son cher beau-père, il pensait pouvoir entrer en scène d’ici l’année suivante. « Vous et moi pourrions restaurer la splendeur du Royaume. » Il se taisait le temps de reposer le café sur la table. Il fouillait ensuite ses poches pour trouver son briquet.
« Tant que chacun reste dans [i)son domaine[/i]. » Les yeux du noble s’étaient alors illuminés comme les prunelles d’une bête à l’affût. La menace dite, le visage redevenait naturellement neutre. Edward posait un bâton de nicotine entre ses lèvres et l’embrasait, laissant la flamme se refléter dans sa prunelle.
Si jeune, la maison Crawley. Un titre de noblesse qui avait sûrement valu son pesant d’or. N’entre pas qui veut dans le cercle privilégié des pairs héréditaires du Royaume, encore moins aujourd’hui. Si les titres de baron et baronne à vie étaient quasiment donné à n’importe qui aujourd’hui, les titres héréditaires s’obtenaient plus difficilement, si ce n’était pas carrément impossible. Les Crawley avaient reçus leur titre au bon moment, il fallait croire. « Les actes comptent pour beaucoup, vous avez raison. » répliqua-t-il, sans se démonter. Il n’avait pas prétendu le contraire après tout. De plus, les supposés «actes» de la maison Crawley se résumait à quoi? Avoir acheté leur titre, avoir équipé des soldats, et marier une princesse? Si c’était en ces actes qu’il fallait voir la valeur des Crawley, Tyrgan était loin d’être impressionné.
Buvant une gorgée du thé que le serveur venait de déposer devant lui, Tyrgan plissa les yeux en entendant Edward parler collaboration. Il connaissait l’ambition du Baron, de par sa soeur, d’entrer à la Chambre des Lords. Un siège qu’il obtiendrait peut-être plus vite que prévu. Lorsque Edward s’alluma une cigarette, tout en parlant de redonner la gloire d'antan au Royaume, Tyrgan eut une nette impression de déjà-vu. Une impression d’avoir devant lui Lord Blakemore, tenant des propos similaires. Déstabilisé par la tournure que prenait la conversation, le duc se raidit sur sa chaise. Il considéra les paroles d’Edward, alors qu’il recevait son repas. Une fois le serveur partit, Tyrgan nota, pensif. « Eh bien, soyez sûr qu’avec ce genre de propos, vous serez parfaitement à votre place, avec les autres Lords. » Combien d’entre eux se rappelait avec nostalgie le soi-disant bon vieux temps, ou la noblesse avait encore quelconque pouvoir. « Cependant, vous serez peut-être déçu, si c’est le pouvoir que vous cherchez. Les membres de la Chambre n’en possèdent aucun. Aucun qui ait de l’impact, en tout cas.» ajouta-t-il en s’armant de sa fourchette. « D'autant plus que la notion de Royaume, pour un Écossais, est, somme toute, assez relative, si je peux me permettre. »
Si Edward parlait de redorer le Royaume du temps où les Écossais n'avaient leur mot à dire sur strictement rien, tout en payant des taxes, la discussion prendrait rapidement fin. Déjà que l'Écosse était en mauvaise posture, Tyrgan ne souhaitait pas que cela s'empire davantage. Cependant, puisque sa terre natale était toujours sous contrôle de la Couronne, il faisait ce qu'il pouvait avec le siège qui lui était accordé. C'est-à-dire, très peu, aussi frustrant que cela pouvait être. Le pays entier était en décrépitude. Sur cela, il pouvait être d’accord avec Lord Crawley. Cependant, Tyrgan n’avait trouvé encore aucun moyen pour résoudre la situation. « Qu’avez-vous en tête, par rapport à notre collaboration potentielle? » demanda-t-il, curieux, alors qu’il s’attaquait à ses oeufs. Bien qu’il se méfiait du Baron, Tyrgan n’était pas nécessairement contre une collaboration, si cela lui paraissait bénéfique.
FACE IDENTITY : Edward Holcroft IDENTITE : Edward Crawley GROUPE : L P RANG : Baron AGE :33 ans ETAT CIVIL : Marié; Sans héritier. PROFESSION : Homme d’affaire (armement militaire) ETAT DE SANTE : Traitement contre l’hypertension. LIENS :Epoux de Violet Crawley, connaissance de Lord Leicester, Lord Campbell
Le Baron se satisfaisait d’une réponse policée. Il n’avait point le goût au débat de si bonne heure et d’autant moins quand il profitait d’un après-midi de sport. Il s'habituera de l’entre soi dans lequel il évoluait depuis une dizaine d’années. Mais il ne pouvait non plus ignorer que son interlocuteur était un esprit avisé. Edward ne pouvait donc prendre pour argent comptant ce qu’il disait. Ses yeux de lynx scrutaient chaque réaction du Duc. Ils virent donc la tension soudaine qui le saisi. Ravi de l’avoir déstabilisé si aisément, il retroussa ses lèvres délicates dans un petit rictus.
« Permettez-vous. » Disait le jeune noble en prenant la petite cuillère entre deux doigts. Il la plongea dans le liquide ambré. Il la fit circuler dans un sens, avant d’inverser à contre sens. « Mais permettez-moi de vous contredire. Vous et moi sommes reliés par l’instinct de survie. » L’image était simple et limpide. Le but était de s’allier pour contrer les adversaires de la scène internationale. Ceux qui se révélait de plus en plus nombreux, de plus en plus hargneux. C’était la nécessité d’une union sacrée.
Edward reposait délicatement la cuillère sur le bord de la coupelle. Il tentait de délier ses gestes tout comme de détendre ses épaules. Il était un fauve et il était l’alpha ici. Tyrgan ne pouvait avoir un impact sur lui. Personne ne pouvait en avoir.
« Par l’investissement. » Les affaires principales de la dynastie Crawley étaient concentrées sur l’armement. Mais ce n’était pas l’unique domaine commercial. La famille avait peu à peu investie de façon verticale dans plusieurs domaines d’activité. « Les nouvelles technologies et plus précisément le numérique. » Edward était un jeune visionnaire. Il était le premier des siens à avoir pris des risques calculés qui avaient presque doublé la fortune de la famille. Depuis les fiançailles et le pécule apporté par Violet, Edward avait pris d’autres risques. Il était confiant. « C’est l’internet le prochain de bataille des puissants. Et nous en sommes. »
Edward avait l’attention de Tyrgan. Impatient de voir quel stratégie le baron utiliserait pour le convaincre, il prit la peine d’entendre ce qu’il avait à dire, et surtout, ce qu’il voulait exactement de cette alliance qu’il lui proposait. Cependant, il devait garder à l’esprit ce que dirait Violet de tout ça. Serait-elle étonnée? Sans doute, mais qu’en penserait-elle, si son ami d’enfance et son mari, qui selon elle, la haïssait, devenaient soudainement collaborateurs? Y verrait-elle une trahison de sa part? Finalement, voulait-il s’associer à ce genre d’homme?
Évidemment, il n’en n’était pas là pour le moment, mais cela y viendrait peut-être. Peut-être plus vite qu’il ne le croyait, car Edward avait un argument des plus solides. Un argument qui se comprend dans toutes les langues, toutes les cultures, et tous les peuples. L’argent, bien sûr. Tyrgan posa son coude sur le bras de sa chaise, et posa son menton sur son poing, tandis qu’il écoutait et observait Edward, une lueure intéressée au fond de ses yeux ambre. Une nouvelle fois, il pouvait remercier son père de l’avoir forcée dans des études économiques. Même si ça n’aurait pas été son premier choix, à l’époque, les connaissances qu’il avait acquises lui était plus qu’utiles aujourd’hui. Ainsi, il pouvait voir que la proposition d’Edward n’était pas dénuée d’intérêt, bien qu’elle comportait des risques. Le baron s’en était pourtant bien sorti, jusqu’à présent.
D’ailleurs, le baron avait un champ spécifique en tête : les technologies numériques. Tyrgan plissa de nouveau les yeux, prudent. « Effectivement, les progrès dans ce domaines sont phénoménaux. » concéda-t-il, en continuant de manger. « J’imagine que vous parlez d’investissements dans la Silicon Fen et Silicon Glen? » Tous les deux inspirés par Silicon Valley, ces deux secteurs high tech étaient le plus importants du pays. L’un du côté de Cambridge, et l’autre, d'Édimbourg, qui se faisait d'ailleurs compétition l'une l'autre, comme c'est la tradition, entre anglais et écossais. « Il paraît qu’il s’y fait de nouvelles choses tous les jours, mais qu’elles sont aussi très volatiles. » En tout cas, volatiles pour lui. Sa famille investissait dans le whisky, jusqu’à ce que la prohibition n’entrave ce retour d’argent, mais cela était loin d’être la seule source de revenu des Campbell. Une source plus stable, et plus sûre, soit la terre elle-même. La propriété terrienne, autrement dit, ainsi que les nombreux domaines et châteaux en leur possession.
L’immatérialité de ce en quoi Edward parlait d’investir le fit hésiter. Tout de même, il ne garda pas son esprit fermé. Tout le monde sait que le domaine de la haute-technologie pouvait rapporter des fortunes, à condition de mettre son argent au bon endroit, au bon moment… « Pourquoi auriez-vous besoin de moi pour investir dans ce secteur-là? Quelque chose y a attiré votre attention? ».
FACE IDENTITY : Edward Holcroft IDENTITE : Edward Crawley GROUPE : L P RANG : Baron AGE :33 ans ETAT CIVIL : Marié; Sans héritier. PROFESSION : Homme d’affaire (armement militaire) ETAT DE SANTE : Traitement contre l’hypertension. LIENS :Epoux de Violet Crawley, connaissance de Lord Leicester, Lord Campbell
Au moins ce sujet d’hommes, éloignait, pour un temps l’ombre de la Baronne. Violet était relayée au rang de ces objets encombrants dont on sait qu’il faudra se débarrasser, sans se décider à agir. Edward ne pouvait l’exiler, avant d’avoir obtenu un héritier pour assurer la pérennité du nom. Un an tout au plus et cette femme serait ramener à sa véritable utilité. Celle de servir les intérêts de son charitable époux. Ce n’était qu’une question de temps. Il serait patient.
Enfin, pour ce jour, il s’agissait de supprimer l’une des menaces qui planait depuis longtemps sur le beau Royaume d’Angleterre. La velléité écossaise pourrissait depuis trop longtemps la politique intérieure et le potentiel de ce Royaume.Edward n’était pas pour l’extermination totale de l’espace comme l’étaient les plus radicaux. Non, il savait qu’un chien rebelle pouvait être amadoué.
« Volatil, car personne n’en a encore pris le contrôle. » La résidait toute l’idée du Baron. Il était déjà un homme d’affaire. Sans doute l’était-il avait d’être aristocrate. « Via le conseil d’administration par exemple. » Ils n’avaient qu’à mettre du capital dans la machine, assez d’argent pour que leur voix se fasse entendre.
« Oui. » Crawley s’arrêtait pour installer un silence criant et ménager la curiosité de son auditeur. « Une chose en effet. » Edward évoluait dans un domaine particulier. La vente de matériel militaire était assez mal vue. Il était de notoriété que cela allait plutôt avec les criminels. Ce qui n’était pas faux. Il n s’était jamais salie les mains pour autant. Edward était trop imbu de sa personne pour tremper dans des magouilles de ce genre. Il s’occupait plutôt de préparer l’avenir. Il voulait être le Sauveur de l’Angleterre. Il voulait être un coeur de Lion et que William l’adoube et lui baise le front. «Tout ce qui concerne la défense virtuelle; Tout ce qui peut nous préserver d’une cyber attaque. Nous allons en avoir besoin plus vite que vous le pensez. Aussi la question des frontières devient relative, vous en convenez. » Voilà qui permettait que le Duc entrevoit le potentiel, tout le potentiel.
Tyrgan haussa le sourcil. Edward avait l’intention de prendre le contrôle de la bulle technologique du Royaume-Uni? S’insérer dans le conseil d'administration de l’une d’entre elle était sans doute le meilleur moyen d’y gagner quelque chose sans se prendre trop la tête, et sans rien comprendre au sujet. Il suffisait de faire de généreux « dons ». Certains Lords s’étaient pris de la même façon, pour être membres de la Chambre.
Cette manière de faire ne plaisait pas trop au duc. Ce n’était pas qu’il était contre les pots-de-vin; lui-même se servait de ce moyen pour exporter son whisky de contrebande, et avoir quelques douaniers dans la poche. Même s’il aurait préféré qu’il en soit autrement, et pouvoir faire ses affaires en toute légalité, il se disait que c’était pour la bonne cause, et faire travailler les anciens employés de son père. Ce que lui proposait Edward, en revanche, était purement une question de chiffres et de nombre, de profit. Une froideur peu étonnante, venant de quelqu’un comme le baron. Tyrgan, lui, qu’il en soit conscient ou pas, chacune de ses entreprises passaient d’abord par le coeur, avant de passer par la tête.
L’idée d’Eward d’investir dans la défense n’était, non plus, pas très surprenante. « Pour vous, Anglais, la question des frontières a toujours été assez relative, si je peux me permettre » dit-il, un sourire jaune sur les lèvres. « Je ne vais pas vous faire un cours d’Histoire, mais j’ai quelques exemples en tête, et je paris que vous aussi, voyez de quoi je parles. » Ce n’était pas qu’avec l’Écosse où l’Angleterre s’était donné le droit de régner.
Edward, cependant, devait être conscient que les heures de gloire du Royaume étaient terminées depuis longtemps déjà. Si on pouvait appeler ça des heures de gloire. Le pays s’était replié sur lui-même, et bien sûr, personne n’était à l’abri d’une cyber-attaque « Je conçois l’intérêt de votre projet cela dit. Cependant, étant donné votre champ d’expertise, je crains que votre idée de la défense passe par les épées plutôt que par les boucliers, mais je vous prie de me prouver le contraire. Qu’est-ce qui vous fait croire qu’on est à la veille d’une attaque virtuelle? »
FACE IDENTITY : Edward Holcroft IDENTITE : Edward Crawley GROUPE : L P RANG : Baron AGE :33 ans ETAT CIVIL : Marié; Sans héritier. PROFESSION : Homme d’affaire (armement militaire) ETAT DE SANTE : Traitement contre l’hypertension. LIENS :Epoux de Violet Crawley, connaissance de Lord Leicester, Lord Campbell
L’écho du XIX em de Waterlow, des protectorats, des dominions, des colonies de la Couronne soufflait dans l’esprit du trentenaire. Il entendait d’ici le récit de son arrière-grand-oncle, quand il parlait de Sarawak, de l’Amérique Latine, du Canada, sous l’égide de Victoria. Pareil à son père ce jeune Parvenu fantasmait un monde Britannique. Temps où la navy royal était la plus puissante d’Europe. Oui, il avait la nostalgie d’une diplomatie coloniale au fin fond des campagnes chinoises. Lorsqu’il écoutait les Princes d’Egypte il ne cessait de regretter la perte de ce bijou d’Orient.
« Nous vivons dans un royaume déchiqueté. » Les opinions divergeaient dans les partis, sur le pourquoi de leur décadence. Pour le baron, il n’y avait pas à hésiter sur la source du mal. Tout avait commencé à l’aune de la première guerre mondiale. «Mais nous sommes comme le phoenix.»
« Le cyber-terrorisme. » La compagnie avait été la cible de menaces cybernétiques au cours de l’année. Il y avait aussi eu plusieures tentatives d’harçonnages. Ils avaient été renforcés les effectifs dans l’équipe de sécurité informatique et numérique. Edward avait mené une enquête auprès de plusieurs de ses collaborateurs. Il avait ainsi découvert l’étendue de la menace. Elle était plus importante que ce à quoi, ils pouvaient résister. « De nombreuses entreprises ont subi des attaques depuis le début du printemps 2024. Certaines ont subies de lourdes pertes. Les assurances couvrent encore très mal ce genre de pertes. »
« Nous nous devons de nous armer contre ce genre de menace. Avant que cela ne se ressente sur l’économie du pays de façon. » Le Baron faisait appelle au sens pratique du Duc. Il savait être devant un confrère, un homme d’affaires. Cependant, il le soupçonnait aussi d’être plus démocrate que ne le voulait sa caste. «Le peuple en souffrira forcément. Vous savez bien comment les choses se passe lorsque le peuple est en difficulté. » Le sang Anglais avait souvent coulé. Rien ne disait qu’il ne coulerait pas encore. C’était après tout, une époque difficile dans beaucoup de régions du monde. Les soulèvements populaires étaient de plus en plus nombreux depuis les années 2020. C’était une escalade. Ils devaient se prémunir avant que tout éclate.
Tyrgan ne pouvait concevoir que quelqu’un puisse réellement fantasmer sur un retour de l’Empire britannique. Certes, la noblesse avait un plus grand pouvoir qu’aujourd’hui, mais la classe ouvrière avait certainement souffert de ce régime. Sans parler des problèmes que cela créait, au-delà des frontières des îles britanniques. Même si aujourd’hui la situation du Royaume laissait à désirer, ce n’était rien en comparaison de la situation d’il y a deux siècles. Edward était sans doute de ceux qui avaient une nostalgie, pourtant, de ce «bons vieux temps», et l’envie de retrouver l’empire où le soleil ne se couche jamais.
Pour Tyrgan, ce n’était ni plus ni moins que des rêves. Il n’espérait pas une résurrection, ou ne souhaitait pas d’un phénix, comme le suggérait Edward. À nouveau, le duc sourit paisiblement « Si vous souhaitez vous replonger à l’époque de la grandeur de l’Empire britannique, je vous suggère le British Museum. Il y a tout un tas d’arts et d’artefacts volés par les britanniques aux peuples qu’ils ont conquis. Incluant le mien. » Cela était d’ailleurs un sujet de débat entre le Parlement d’Écosse et celui d’Angleterre. Les pierres pictes et autres éléments trouvés en Écosse ne devraient-ils pas se retrouver dans un musée écossais, plutôt qu’un musée anglais?
Quant à la proposition d’Edward, Tyrgan était loin d’être convaincu par les arguments du Baron. « Tout le monde peut certainement bénéficier d’une plus protection quand il s’agit de cyber-terrorisme, mais je pense que vous pouvez très bien investir dans ces nouvelles technologies sans aide de ma part. Vous savez faire de l’argent, je le conçois, mais je préfère mes méthodes. Ça n’enlève rien aux vôtres, évidemment. » Connaissant très peu ce genre de domaine, il préférait ne pas s’y aventurer. De plus, il avait quelques réserves à avoir un conseiller tel qu’Edward pour ses choix financiers. « L’économie du pays ne repose pas que sur nous après tout. Le bonheur du peuple non plus d’ailleurs. »
Et heureusement, car certains Lords étaient déconnectés de la réalité, de ce que les gens vivaient réellement au quotidien. Lui même n’arrivait pas tout à fait à le concevoir, mais vivre avec Lowri lui avait ouvert les yeux sur certaines choses. Terminant les oeufs dans son assiette, Tyrgan haussa les épaules « Je suis désolé Edward, je ne crois pas pouvoir vous aider. Cependant, si vous avez toujours un intérêt à occuper un siège à la Chambre des Lords, sachez que l’un d’eux sera bientôt libre. » dit-il, énigmatique, avant de boire une gorgée de son thé « Le mien. J'ai décidé de reporter mon attention et mes efforts ailleurs. » Il reposa sa tasse sur la table. « Je peux vous suggérez comme remplaçant à mon siège, si vous le souhaitez. Vous seriez sans doute le premier Baron à obtenir un siège héréditaire, si vous êtes élu, bien sûr. Je crois que vous y serez très bien. » Parmi les inutiles et les nostalgiques.
Et rien n’était moins sûr d’ailleurs. Les Lords choississaient méticuleusement ceux ou celles qui occupaient les sièges héréditaires. Puisqu’ils se transmettaient de génération en génération, le choix du candidat, ses valeurs, sa maison, son prestige, n’était pas à négliger. Habituellement, les ducs gagnaient le siège, puisqu’ils étaient du plus haut rang de noblesse, mais les autres titres n’étaient pas exclus de la course, s’ils savaient être convainquant.
FACE IDENTITY : Edward Holcroft IDENTITE : Edward Crawley GROUPE : L P RANG : Baron AGE :33 ans ETAT CIVIL : Marié; Sans héritier. PROFESSION : Homme d’affaire (armement militaire) ETAT DE SANTE : Traitement contre l’hypertension. LIENS :Epoux de Violet Crawley, connaissance de Lord Leicester, Lord Campbell
La réaction du Duc refroidit considérablement l’atmosphère à la table. Et pour cause, Edward ne s’attendait certes pas à ce que cet homme soit de la nature des Abraham Lincoln. N’était-ce donc par suffisant de porter la tare de ses origines ? Qu’il fallait en plus qu’il soit de ces Démocrates à l’ambition débile. Les vassaux ne supporteraient donc jamais de respecter l’ordre naturel des choses. Pire, il se pouvait bien que ce soit de cet homme que Violet tienne ces discours pro égalité des peuples. Le plus sage était de ne pas rebondir sur la remarque et d’avancer vers le point intéressant.
« Et quelles sont-elles ces méthodes ? » Exempt du commerce des sirupeux, Tyrgan ne s’illustrait pas dans le monde commercial. En fait, de la fratrie Campbell c’était le frère qui avait presse le plus régulièrement. Ce n’était pas pour les bonnes raisons. Quant à l’histoire de la sœur Rose. Elle ne méritait pas qu’ils y reviennent. A y songer le Baron se souvenait d’ailleurs que sa femme lui avait évoqué cette fille. Oui, ils avaient décidément une mauvaise influence. Edward allait faire en sorte que cela cesse. « Certes, certes. Mais où a-t-on vu que le peuple sait ce qui fait son bonheur ? » C’était une vraie question. Peut-être qu’elle était un rien philosophique.
Edward était en train de conclure que cette conversation n’amenerait pas sur un échange. C’était dommage. Mais, cela arrangeait quelque peu ses affaires d’un domaine plus personnel. Il n’aurait pas de scrupule à éloigner la Baronne. Mais, peut-être pas dans l’immédiat car, son congénère lui faisait une surprise agréable. Edward ne put retenir son regard une étincelle de curiosité.
« Vraiment … ? » Oui, bien entendu qu’obtenir un tel siège était une de ses ambitions profondes. Cela faisait quelque temps déjà qu’il intriguait dans ce sens. L’hérédité était en effet un atout symbolique, mais pas seulement. Ce serait un point d’appui. Cela pouvait lui faire gagner une ou deux années dans l'ascension. Plus encore, cela voulait dire que son nom serait inscrit dans l’Histoire du Royaume. Que son futur Fils pourrait perpétuer le travail. C’était une très bonne idée. C’était même grisant.
« Si je suis élu. Bien entendu. » Mais le Baron Noir ne se posait pas réellement la question de son élection. Si on lui donnait un siège, il l’aurait. Il est né pour être à la Chambre des Lords. Il était fait pour son Parti. Il aurait une victoire électorale à coup sûr. « C’est une très belle proposition que vous faites là. Elle m’intèresse bien entendu. Cependant, avant de vous donner une réponse, je me dois d’en discuter avec la Baronne, votre amie. » Violet n’aurait pas de voix au chapitre. Il n’en était pas de même pour les alliés d'Edward. Cette ouverture modifiait considérablement la donne. Ils allaient devoir s’organiser. « Parlons-en en début de semaine prochaine ? Ici même ? Cela vous convient ? »
Il se demandait si Edward était réellement curieux de connaître ses méthodes ou s’il demandait cela de manière condescendante. Le croyait-il incapable de faire de l’argent par lui-même? Pas besoin d’avoir fait la une des journaux pour avoir des stratégies efficaces. « Mes méthodes sont simples et très ennuyeuses, mais j’estime qu’elles sont sûres. » se contenta-t-il de dire, sans entrer dans les détails. Il n’avait de compte à rendre à personne, et sûrement pas à Edward.
Ce dernier eut l’air surpris de sa proposition. « Vraiment » répéta-t-il. Un siège héréditaire à la Chambre des Lords, ça ne s’offre pas tous les jours. Tyrgan savait qu’Edward y serait à sa place, parmi cette bande de conservateurs élitistes. Il y serait plus à sa place que lui, en tout cas. De plus, s’il obtenait ce qu’il voulait, ou ce qu’il pensait obtenir, peut-être laisserait-il respirer un peu Violet. Les Chambres des Lords est une illusion de pouvoir; on a l’impression qu’on en a, assis dans ces fauteuils de cuir rouge, dans cette salle au décor somptueux, avec toute la noblesse pour vous entendre. La vérité était que, tout comme la noblesse elle-même et ceux qui en faisant parti, la Chambre des Lords était une jolie chose inutile et archaïque. Edward s’y ferait peut-être de nouvelles relations, mais Tyrgan était persuadé qu’il ne pourrait jamais avoir d’impact sur quoi que ce soit.
« Vous devrez faire une excellente campagne, cela va de soi, et une bonne impression. » Ce que Tyrgan ne doutait pas qu’il ferait. Un anglais conservateur à la réputation irréprochable, que demander de mieux? Lorsqu’il mentionna devoir en parler à Violet, Tyrgan baissa les yeux, pensif. Allait-elle le détester pour avoir aider Edward à obtenir ce qu’il voulait? Peut-être. Il n’aimait pas l’homme non plus, mais il avait des idées qui n’étaient pas dénuées de bon sens, bien au contraire. « Comme vous voudrez. Mon agenda sera moins chargé d’ici peu. » dit-il, avant de repousser sa chaise pour se lever. « Pour le moment, excusez-moi, je dois me rendre au Parlement. Nous nous reparlerons plus tard. Bonne journée Crawley. »
