M. Eirik tendait la monnaie au vendeur de journaux, alors qu’une rafale de vent s'engouffrait, dans la rue. Le souffle produisait, comme un hurlement de loup, en couvrant tous les autres bruits. Le rideau de bruine renforçait une ambiance froide et humide, sonnant le glas de l’été. L’automne était arrivée sur l’île avec fureur. A croire que Perséphone partageait son dépit amoureux avec le monde entier. Il fallait bien pourtant qu’elle retrouve Hadès et l’Angleterre sa pluie.
Le ciel était gris. Mais l’averse était annoncée pour plus tard dans la nuit. Le rendez-vous était donc maintenu. Le Directeur pouvait difficilement intervertir les rendez-vous. Le planning était rempli, souvent un mois en avance. La fonction était, sinon aussi prestigieuse, en tous les cas aussi prenante que celle de Juge de la Cour. Les deux hommes devaient donc se retrouver ici dans quelques minutes. Eliott pliait le numéro de Heldar pour le coincer sous son bras gauche avant de se remettre le mouvement.
Il pouvait sentir, sans la voir, la présence de son garde-du-corps personnel. Hector Walsh avait refusé de prendre les congés auxquels il avait droit pour demeurer à son poste. Il jugeait certainement plus prudent de rester en service en cette période trouble. Le Réseau avait réussi à préserver le Norvégien d’une troisième tentative d’assassinat. Le contrat était quasiment officiel. Quelqu’un voulait tuer la tête du Réseau. Or M. Eirik n’était pas encore tout à fait prêt à disparaître. Il devait, avant, clore les affaires les plus délicates. Il avait appris que c'était là un autre point commun avec son jeune allié. Peut-être était-ce l'indicateur le plus fiable de l'influence d'un homme sur son époque.
Le banc était encore vide. Il y avait très peu de monde dans le parc. Les gens préféraient rester chez eux au chaud. Le vieil homme s’installait donc paisiblement. Il tirait sur le bas de l’imperméable pour ne pas être bloqué dans ses mouvements. Il cala correctement son dos contre le dossier en métal. Une fois bien installé seulement, il dépliait le journal pour lire les gros titres. Un encart concernant les “kidnappings estivaux” l’intrigua. Il connaissait au moins deux femmes qui avaient été enlevées lors de ces troubles événements. Ce ne pouvait-être le hasard.
Un imperceptible frisson indiquait l’arrivé de M. Tyler. Sans même lever les yeux de la page culturelle Eliott le saluait à sa façon: « Allez-vous à l’Opéra ? » Ce n’était pas un langage codé établi. Mais c’était un message subliminal, comme en font les hommes forgés par les intrigues. Eliott referma le papier avec nonchalance. Il posait le rouleau à son côté. Il croisait ensuite ses deux mains nues sur ses genoux. Il avait encore vieilli depuis le printemps dernier. Il prenait de l’âge de façon accéléré depuis qu’il était à Londres. « Je vous recommande la première de Don Giovanni. » Mozart était un compositeur classique particulièrement affectionné depuis deux ans ici. Mais ce n’était pas pour le talent du musicien que le Nordique donnait un tel conseil. C’était pour les alcôves et les bruissements de couloir, là où toutes les décisions importantes étaient prises.
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Eliott Eirik
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27.09.20 18:03
Léandre Tyler
Léandre commençait à ressentir un certain stress. Il avait sciemment mis les pieds dans un jeu dangereux…Et une défaite serait terrible. Tyler savait qu’il ne pouvait désormais plus reculer, surtout que les informations commençaient à se recouper. Le juge commençait à comprendre ce qui se tramait dans l’ombre et cela l’inquiétait grandement. Un simple greffier avait failli le tuer, un groupe organisé y arriverait. Le secret était ici un enjeu vital. Que cela soit pour lui ou pour ce groupe. Le fait qu’il puisse être assassiné n’était pas une idée farfelue mais une réalité qui prenait forme. Léandre avait un rapport particulier avec la mort. Il se savait fragile et la vie l’avait beaucoup abimé. Il passait régulièrement du temps à l’hôpital sans qu’il y ait besoin de personnes malveillantes. Intérieurement, il était persuadé qu’il ne passerait pas les trente ans.
Le jeune juge savait que son réseau n’était pas assez puissant pour faire vaciller ce groupe. Il avait besoin d’aide. Dans l’ombre, Eliott Elric en était une. Mais il avait besoin de compter sur d’autres personnes au palais. Il avait tout d’abord pensé à Diane, mais il n’avait plus confiance en ses compétences. Elle avait laissé son greffier trahir et presque le tuer… Blakemore était assurément la personne la plus compétente. Mais Léandre ne s’y était pas encore résolu. Il lui manquait encore beaucoup d’éléments. Il y avait aussi une question d’égo. Tyler ne voulait pas lui demander de l’aide, mais face à ce qui se préparer, ne devait-il pas mettre tout cela de côté ? Léandre avait nombre d’informations en tête. Mais si la métaphore des échecs pouvait être pertinente, il n’en était rien ici. Tyler était face à un jeu d’ombre. Il était difficile d’avoir des certitudes.
Léandre ne pouvait parler de tout ça à personne. Lorsqu’il s’était dirigé dans cette voie, il avait été prévenu. Mais le poids de la solitude était plus important qu’il ne le pensait. Peut-être était-ce simplement son équilibre mental qui se remettait encore doucement de ce séjour à l’hôpital. Son corps n’avait pas totalement récupéré, son esprit non plus. Tyler en avait conscience. Beaucoup s’amusaient à le prendre en exemple. A dire qu’il était quelqu’un de fort, de résistant, voir même de résiliant. La réalité était qu’il avait appris à vivre avec. Que lorsqu’il devait craquer, il savait le dissimuler. Tyler ne se considérait pas comme quelqu’un d’extraordinaire. Léandre n’était pas venu totalement seul, ayant une personne de confiance, à la fois pour l’aider mais surtout pour le protéger. Le juge était habillé chaudement, cherchant surtout à éviter à prendre froid lors de cette journée pluvieuse. Léandre ne voulait surtout pas tomber malade, un simple rhume devenait vite compliqué à gérer. Le juge se posa à côté de son interlocuteur et répondit calmement « J’y serai. ». Encore faudrait-il qu’il trouve quelqu’un pour se rendre avec lui… Peu de gens le savait, mais Léandre n’aimait pas l’opéra. Mais cela n’avait pas d’importance.
Tyler eut un moment de silence. Leur dernier entretien datait de quelques semaines. La faute a un emploi du temps non maitrisé par Léandre. Clairement, sa dernière hospitalisation, il ne l’avait pas anticipé. « Ces derniers temps, j’ai été rattrapé par une autre affaire. Mais le sujet est clos. ». Tyler ne craignait plus rien de côté-là. C’était déjà une bonne chose. Léandre savait pertinemment qu’Eliott avait eu connaissance de son hospitalisation. Il n’avait pas besoin d’expliquer. Pour le reste, cela ne regardait pas le vieil homme. L’introduction faîte, Tyler demanda « Avez-vous eut vent d’informations pertinentes ? ». Eliot avait-il pu avoir des informations ? Il était important de savoir si cela venait du milieu ou non…. Cela changeait absolument tout.
La société conservait un attachement particulier à la preuve écrite, la preuve papier. Ce même si elle glorifiait par la même le numérique, la dématérialisation, le virtuel. Une contradiction qui ne semblait pas prête à disparaître. Quoiqu’il en soit M. Eirik était depuis toujours entouré par de très bons personnels juridiques. Il connaissait donc bien le droit international. Ce qui était ou non recevable devant une coure.
Dans le cas présent le droit Anglais offrait une certaine latitude: « Bien. » Un mot actait donc la prise en compte de cet engagement oral du Juge. Ils n’avaient pas besoin de signer un papier pour avoir connaissance de la Régle. Chacun portait sa responsabilité individuelle. Tyler n’était pas homme à fuir devant ses devoirs ou bien ses choix. Il n’y avait donc pas d’utilité de s’y attarder. Ils avaient des sujets aussi urgent à traiter tous deux.
Quant à la santé, elle demeurait l’une des clefs de la réussite. En tous les cas la réussite des plants comme les leurs. Ceux qui se faisaient non pas sur le temps court mais sur un temps long. Les véritables stratégies ne pouvaient s’établir que sur des années, voir des décennies. Mais il fallait pour cela, comme eux, avoir l’âme du joueur de Go. Eliott se demandait si son voisin en était un à la mesure qu’il imaginait ou non.
« Cette commande n’a été émanée par aucune des organisations criminelles répertoriées présentes sur le territoir anglais.» Chaque mot de la réponse avait une importance. L’exactitude des termes n’était pas là pour réserver Eirik d’une jurisprudence, mais bien pour éclairer l’obscure. Quoiqu’il s’agissait d’une toute petite flamme tant ils naviguaient dans le noir. « Il aurait été malavisé de s’en prendre au Réseau de l’intérieur. Néanmoins nous sommes maintenant sûrs que la menace vient d’ailleurs. » Ils devaient maintenant situer où était “ailleurs”.
Eliott laissait planer un silence entre eux. Il s’en servait lui aussi pour faire le point avec lui-même. Il ne pouvait pas nier que cette situation avait quelque chose d’inédit pour l’instant. Mais il voyant cela comme un bon moyen de le maintenir toujours humble devant la marche du monde.
Un croisement de main ponctua la fin de leur introspection: « Les recherches se portent sur le gouvernement anglais. » C’était peut-être une perte de temps selon certains membres du Conseil. Mais ça ne l’était pas pour le Directeur. Il était la seule personne décisionnaire au final. C’était ainsi. Il fallait que quelqu’un mène la barque. « Nos agents ont pour ordre de fouiller. » Le Réseau était présent à chaque étage institutionnels. Il est partout. Il y avait même quelqu’un d'infiltrer dans le Palais de Justice. « Aussi je vous serais grès de ne pas interférer avec les actions de celui qui travaille dans vos locaux. J’ai ouïe dire que vous vous connaissez d’or et déjà. » L’information venait de l’agent elle-même. Maître Keenan avait fait un état des lieux très détaillé ainsi que la liste des complications éventuelles dans la mise en pratique de sa mission. Le nom de Tyler était venu rapidement à ses lèvres. Eirik s’était porté garant que la jeune femme ne serait pas ennuyé. Il allait y veiller.
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Eliott Eirik
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13.10.20 10:40
Léandre Tyler
Léandre écoutait très attentivement son interlocuteur, prenant le poids de chaque mot. Il y avait de l'enjeu. Et clairement, Léandre prenait de trop nombreux risques pour ne pas avoir de résultats. Le jeu était dangereux, mais la finalité en valait la peine. Du moins, c'était ce qu'il espérait. Le juge était silencieux, prenant clairement note de ces informations précieuses. Il y avait peu de certitude et chaque élément permettait d'avancer de quelques pas. Ils étaient bien loin d'une résolution, mais ils avançaient. Léandre savait pertinemment qu'ils avaient des coups de retard par rapport à leur adversaire, mais au moins étaient-ils encore dans la partie...
Tyler ne le laissa pas paraître, mais il fut très contrarié. Qu'avait-donc raconté Jessica ? Il n'y avait pas de doute que c'était bien elle l'agent de M.Eirik. L'avocate avait pu tout dire. Absolument tout. Léandre n'était bien fière de faire d'avoir couché avec l'avocate, surtout pour se faire jeter derrière. Si Jessica avait tout dit, alors elle avait dû aussi lui parler de la cicatrice qu'il avait sur l'avant-bras. Personne n'avait besoin d'être au courant. Léandre était comme tout le monde, il avait ses fêlures et essayait de les dissimuler. D'autant plus que le sujet avait déjà été réglé avec Jessica, pourquoi en avait-elle parlé avec Eliott ? Etait-il trop invasif ? Tyler n'était pourtant pas revenu vers l'avocate. Et lorsque cela avait été nécessaire, il s'était comporté de façon professionnel. Ce n'était pas compréhensible. Très agacé, Léandre fit un effort pour éviter que des ressentiments prennent le dessus sur ses pensées. Les sentiments, cette femme, le rendaient idiot. Tyler répondit d'un ton calme "Votre agent ne sera pas inquiété, à moins que celui-ci me mette à porte à faux vis à vis de mes collaborateurs. Dans ce cas-là, je serai contraint d'intervenir.". Mais ce n'était que du bon sens et Jessica le savait parfaitement. Quelle garce...
Si Eliott était venu avec des informations, il était essentiel que Léandre remplisse sa part de marché. Il expliqua "Lors de l'attentat, plusieurs personnes ont été abattus par balles. L'explosion aurait dû faire disparaître toutes traces de ce mode opératoire, mais cela n'a pas été cas.". Il laissa un temps à son interlocuteur, puis repris. Le doyen avait été visé, mais pour le moment, rien n'indiquait que la secrétaire ait été mêlé à tout ça. "M.Heath Tremore, le doyen, était-il une personne avec laquelle vous travaillez ?". C'était tout à fait possible. Peut-être était-ce lui qui avait donné la possibilité de tenir cette réunion à cet endroit. Et si c'était le cas, alors peut-être avait-il simplement vendu l'information. Dans ce cas-là, ses dettes de jeux aurait servi de pression. Trouver qui était la personne ou le groupe qui détenait ses dettes pourrait être le commendataire. Mais ce n'était que des suppositions.
Si on pouvait reprocher beaucoup de choses à la police, les agents travaillaient d’arrache-pied pour parcourir toutes les pistes. Les informations qu'il donnait était précieuse. "L'enquête se poursuit. Mais les pistes ne sont pas concluantes pour le moment.". Il ne pouvait pas donner plus d'information pertinente. La police allait se débrouiller et il fallait laisser un os à ronger aux flics. Léandre jouait un double jeu et avait besoin que la mafia reste en dehors de cette partie de l'enquête.
Tyler expliqua "L'enquête autour de Declan ne donne rien du côté des forces de l'ordre. Nous ne savons toujours pas qui a pu organisé son évasion.". C'était un aveu d'échec. Mais toutes les pistes avaient été explorées. "Tout ce que je peux vous affirmer c'est qu'il n'y a pas de traces de corruption ou de malveillance du côté de la justice.". A première vu, il n'y avait pas eut d'action direct. Peut-être que des agents avaient transmis des informations, mais pour Léandre, c'était impossible de le savoir. Tyler touchait les limites de son cercle d'influence, Eliott devait prendre le relais.
Eliott Eirik appliquait le principe de neutralité dans son métier. La clef de voûte de sa méthode de travail. C’était ainsi qu’il pouvait, se rapprocher le plus possible d’une égalité de traitement. Il s’inspirait directement de la Loi. Tyler et lui étaient plus semblables que ne voulaient bien l’admettre leurs détracteur. Néanmoins, le Directeur n'exclut pas l’affecte et les sentiments des autres de ses équations internes. Il était conscient que, l’homme ou la femme, les plus machiavéliques restaient esclaves des émotions humaines. En cet instant, il devinait que son jeune collaborateur était lui même ligoté par des sentiments. La nature de ceux-ci ne l'intéressait pas. Tant que cela ne les empêchait pas d’avancer.
Le nom du Doyen de l’Université lui était connu pour ses connexions avec l’aristocratie anglaise. « Non. » Le Norvégien avait pourtant cherché à recruter ce grand intellectuel britannique dans ses rangs. L’homme s’était montré aussi respectueux que incorruptible. C’était uniquement en tant que passionné des grandes lettres qu’il avait accepté la location d’une salle par M. Eirik. Avant d’être le directeur du Réseau il était un collectionneur de renommée internationales. Une passion qui était peu connue de ses confrères. « Les fonds de l’université ont drastiquement diminués avec le Brexit. » Le Royaume-Unis avait brisé des contrats à l’échelle internationale. C’était un manque à gagner et notamment dans le domaine universitaire. « Les commanditaires ont probablement profité de cet état de faiblesse. » Il ne voyait pas quel autre motif aurait amené un homme de ce genre à se mettre à dos le Réseau.
Ils n’avaient pas d’agent au Yard. Clayton et la clique des képis faisaient une chasse aux sorcières très efficace: « Hum.» Eliott n’avait pas besoin de prendre des notes. Il y avait un petit appareil qui enregistrait leur conversation. Il pourrait reprendre tout ceci dans son bureau. Il avait également ainsi une preuve tangible de l’accord entre Réseau et Justice. Au cas où un jour M. Tyler se sente pris d’un désir de Justicier. C’était, malheureusement, le genre d’état d’âme qui pouvait prendre n’importe qui. Eirik devait se prémunir contre la nature humaine elle-même.
Le constat du Juge allait dans leur sens. Mais donc ils n’avançaient pas: « J’ai rencontré le leader du Moob. Il affirme que son homme a agit de façon individuelle. L’homme venait d’être désincarcéré. Il souffrait d’une pathologie mentale. Ce ne serait donc pas impossible. Le Réseau a mené une enquête interne qui a corroboré les dires de l’Irlandais. Declan a été payé par quelqu’un d’extérieur au Réseau. » Pendant un temps le Nordique en était venu à soupçonner le Maire de Londres en personne. Cependant rien n’avait étayé cette piste.
Tant que l’enquête sur les administrateurs de la cité n’avait pas avancée, ils étaient au point mort. Cela allait prendre encore au moins un mois le temps de récolter et traiter les informations. Qui sait combien de tentatives d’assassinat ils allaient devoir essuyer entre temps ?
Un silence méditatif plus tard le vieil homme reprenait : « Bien. Autre chose M. Tyler ?» Un point à aborder auquel Eliott n'aurait pas pensé.
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30.10.20 11:59
Léandre Tyler
Léandre écoutait, prenait intérieurement note de toutes les informations que lui donnaient cet homme. Si le juge avait de gros problème de santé, s'il était aveugle, il avait néanmoins une qualité intéressante. Tyler avait une mémoire exceptionnelle. Cela avait toujours était le cas, mais depuis qu'il avait commencé ses études de droits, il avait musclé sa mémoire au point qu'il pouvait désormais travailler sans note. En étant aveugle, cela en devenait presque indispensable. Lors des entretiens, Léandre ne pouvait pas utiliser d'aide papier.
Tyler resta quelques instants silencieux, réfléchissant lui aussi. Eliott portait ses recherches sur le gouvernement anglais, mais cela ne semblait pas logique que cela soit eux les coupables, pas à la lumière des informations qu'ils possédaient. Un attentat dans une université ferait forcément des victimes collatérales. D'autant plus que le positionnement des bombes et la charge des explosifs avaient été prévu pour. Tout avait été calculé pour qu'il y ait des morts... Et si c'était l'Etat, le gouvernement qui avait commandité cet attentat, ces victimes collatérales étaient inacceptables. Ce n'était pas logique.
A la question de son interlocuteur, Léandre répondit. "Oui." Il continua "Cette réunion a-t-elle bien été tenu à propos de "Jack?" Pouvez-vous aussi me confirmer son titre exceptionnel ?". Une fois cela fait, le juge de nouveau silencieux quelques secondes. Dans cette théorie, il y un brin de paranoïa et une folie des grandeurs. Mais ils parlaient d'attentats ayant provoqués de nombreux morts... qui avaient pour but de décapiter les têtes des différentes mafias et qui avaient provoqué une escalade de la violence. Cela pouvait jusqu'à faire vaciller cet Etat de droit déjà bien fragile. Léandre n'était pas complotiste, mais cette théorie s'imposait d'elle-même.
Le juge expliqua calmement. "Il y a une possibilité qui nécessite d'être explorée au vu des éléments que nous avons en notre possession M.Elric.". Si Tyler avait raison, alors il aurait obligatoirement de besoin de son interlocuteur pour réussir à déjouer ce complot... Et le chef de Réseau aurait plus que jamais besoin de Tyler. Une alliance contre-nature qui en devenait pourtant nécessaire au vu de leur adversaire. "Peut-être que Jack et cet attenant sont liés. Dans ce cas, il est possible, que les assassinats de ces prostitués n'aient été fait que dans l'unique but d'obliger le réseau à se réunir. Ce qui aurait créer un occasion idéale pour un attentat." Jack avait cessé toute activité. Il n'avait pas été lié au réseau. Cela se tenait. "Si nous partons de ce principe, nous savons désormais que le commendataire est organisé, méthodique, influant, possédant des ressources financière et un réseau important. Cet un adversaire qui joue sur le long terme.". C'était un complot prévu sur plusieurs mois, voir même année. Et si la théorie était juste, alors ils finiraient par de nouveau frapper. La question était de savoir où.
"Et cela ne peut pas être le gouvernement. Cela ne serait pas logique par rapport au nombres d'étudiants ayant été assassinés.". Il nuança. "Le gouvernement aurait pu profiter de ce contexte pour créer un état d'urgence et dérivé en état totalitaire, mais cela n'a pas été fait.". Ils subissaient la situation. Ils n'en profitaient pas. Tout devenait plus difficile pour eux. "Le gouvernement est victime de la situation.". Léandre continua son raisonnement et conclu "Cet attentat dépasse les questions mafieuses, c'est une action politique.". Dans quel but ? Cela restait un mystère complet. Peut-être était-ce un groupe de l'extérieur du pays ? Léandre n'avait pas d'idée de groupe d'influence pouvant agir dans ce but. Un courant religieux ? Politique ?
Son analyse terminé, Léandre enchaina "Dans tout les cas, si nous ne savons pas encore les raisons profondes de cet attentat, nous savons ce qui motive ce groupe.". Il finit par dire "Nous avons plusieurs coups de retards, mais nous pouvons aussi les rattraper en les poussant à la faute.". Il y aurait des risques, mais cela valait la peine. Si Eliott pouvait tendre un piège, Léandre pourrait aussi tenter le coup de bluff. Après tout, il était un des magistrats de l'enquête. Pour ce qui était de Tyler, c'était encore précipité puisqu'ils ne connai ssaient pas encore son niveau d'implication dans cette enquête. Léandre était encore protégé de cette façon. Ils étaient face à un groupe dangereux qui avait déjà tué. Leur réaction risquait d'être extrêmement violente.
Eirik se souvenait de l’argument qu’il avait donné à son assistant pour avancer la réunion de deux semaines avant la date du calendrier. Il se souvenait aussi très bien de la prudence de M. Walsh lorsqu’il lui avait demandé de trouver un autre endroit que le Rosewood. Ce changement avait été volontaire de sa part. En perturbant l’ordre des choses, Eirik s’était attendu à voir les faiblesses des uns et des autres se révéler. Cela avait bien eu lieu. Mais pas du tout dans le sens qu’il l’avait imaginé. C’étaient ses failles qui étaient apparues au grand jour.
Il répondait d’abord aux questions de Maître Tyler: « Eh bien ceux sont des réunions trimestrielles, que je convoque afin de tenir compte de ce qui se passe sur le territoire. Cela n’avait rien d’inhabituel si ce n’est le changement de localisation. »
D’une légère inclinaison du menton le vieil homme encourage son jeune allié à continuer son exposé: « Je vous écoute. » Ainsi qu’il venait de le dire, le Norvégien écoutait l’Anglais. Il était impassible. En bon joueur d'échecs, il était curieux de découvrir une stratégie inexplorée. Une tactique qui aurait pu lui échapper. Néanmoins la supposition du Juge le laissait sur sa faim. « Une théorie du complot. » Etait-ce donc l’une de ces périodes sombres de l’Histoire ? Une où les malfaisants sentaient assez d’audace et de légitimité, pour passer à l’action ? Eliott ne se sentait pas la force de ses quarante ans. Il n’était pas certain de pouvoir mener cette nouvelle bataille avec la hargne nécessaire. Il fallait du sang neuf pour soutenir son nouvel allié. Mais qui était prêt à faire cela ?
Il pouvait cependant convenir d’une chose: « Je vous rejoins sur la question du long terme. Il est évident que nous avons à faire à quelqu’un de patient et de méticuleux. » Le dernier adversaire de cette envergure avait été traqué il y a presque un demi-siècle de là où ils étaient. Eliott connaissait tout juste ces “amis” avec qui il solidifie les fondations du Réseau actuel. La traque avait été longue. Il avait fallu beaucoup d’agents et de temps pour dénicher le coupable.
Londres avait pansé sa plaie béante. Les sujets avaient pleuré leurs enfants perdus. Mais le premier Ministre n’avait rien fait de plus. Thatcher n’était plus une inspiration pour le peuple anglais. Il ne voulait pas partir en bataille contre le terrorisme. Le Mal était peut-être enraciné trop en profondeur. Peut-être était-ce le Temps des Meurtriers ?
Cependant Léandre Tyler était le spécimen d’une espèce rare. Il donnait envie à Odin de poursuivre un peu plus la bataille engagée. : « Vous parlez d'appâter notre adversaire ? » C’était une tactique simple. Il arrivait que cela fonctionne. Les bêtes les plus affamées finissaient par éprouver le besoin de sortir de leur cachette. Eirik était prudent sur ce cas. Il lui semblait que l’ennemi ne se ferait pas berner. Ils avaient raison de croire que celui-ci serait prudent. « Comment envisagez-vous cela ? Je vous écoute M. Tyler. » Le Directeur devait savoir ce qu’il avait en tête avant de lui confirmer le soutien du Réseau dans une opération. Il était donc tout ouïe.
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20.11.20 12:07
Léandre Tyler
Le changement de localisation, il n’y avait eut que ça et pourtant cela avait suffi. Tyler se nourrissait de toutes les informations qu’il pouvait récupérer. Une partie de lui penser déjà au très long terme. Un jour, Eliott finirait par mourir et cela serait le moment parfait pour définitivement décapiter l’ensemble des têtes du réseau. Une fois les têtes pensantes à abattus, il serait beaucoup plus simple de faire tomber la base. Mais ce n’était pas le sujet du jour.
Tyler sentait que son interlocuteur n’adhérait pas totalement à cette théorie. En soi, c’était une bonne chose car cela leur permettrait de ne pas être sourd aux autres possibilités. Mais Tyler était intimement convaincu qu’il avait raison. La vérité finirait par éclater.
Maintenant qu’il avait toute l’intention de son interlocuteur, le juge se devait d’être force de proposition. Leur ennemi devait tout faire pour supprimer Eliot. Au vu de sa position, ce dernier ne devait pas être à sa première tentative d’assassinat sur sa personne. Chaque attentat déjoué contre le leader du Réseau leur donnait une possibilité de remonter jusqu’aux commanditaires. Léandre commença « Nous avons plusieurs possibilités. ». Il fit remarquer un élément important à son interlocuteur « Pour le moment, ils ne savent pas que je suis en communication avec vous. Nous avons cet avantage à utiliser. ». C’était peut-être le seul réel bon point qu’ils avaient pour eux. Mais cela signifiait aussi que Léandre allait se mettre gravement en danger. Avait-il peur ? Oui. Tyler avait peur de la mort, mais il était aussi persuadé qu’il ne passerait pas les trente ans. Il y avait une sorte de prophétie auto-réalisatrice. Ce n’était pas bon signe pour le juge, mais Tyler était incapable de le comprendre.
Il était nécessaire de jouer en réfléchissants aux prochains coups possibles. Aux échecs, il n’y avait qu’un nombre limité de possibilités, dans un tel jeu d’ombre, c’était presque infinie. Léandre n’avait pas forcément toutes les informations en main, il ne connaissait pas tout non plus. Mais cela ne l’empêchait pas d’essayer de naviguer à vue. Il continua « Je vous propose un plan en 3 étapes pour le moment. Bien sûre, il faudra s’adapter, mais je pense que cela pourrait constituer une bonne base. ». Il fallait bien définir une direction.
« La première chose à faire d’assurer qu’il n’y ait plus de fuite d’information dans le Réseau. De prêcher le faux pour savoir le vrai. ». Ce n’était pas quelque chose de difficile, mais cela demandait un certain investissement. Léandre ne voulait pas être insultant, il était réaliste et il n’avait aucune confiance dans les subalternes de ses alliées. La dernière fois qu’il avait donné sa confiance de la sorte, il s’était retrouvé empoisonné… il ne ferait pas deux fois la même erreur.
« Le deuxième temps serait de tendre un piège. Ce sont des adversaires patients et prudents. Ils n’interviendront probablement pas, mais cela leur permettra de croire que le Réseau est affaibli et qu’ils maitrisent la situation. » Qu’ils étaient face à des personnes qui n’étaient pas à leur hauteur. Les pousser à la faute, c’était aussi les faire les sous-estimer. « Ici, le piège le plus simple serait de vous mettre en exposition. Il est évident que ce groupe souhaite votre disparation. ». La mort d’Eliott provoquerait forcément de gros problèmes au sein du réseau. « Le but est de faire diversion, je leur faire croire que c’est la seule action du réseau. ».
Léandre présenta le dernier point « Enfin, nous pourrions faire croire à une fuite de documents confidentiels. Ce qui pourrait mettre le Réseau en difficulté. ». Cela ne pourrait que fonctionner qu’une seule fois. Il n’y aurait pas deux essaies de possibles. Si le Réseau était vu comme assez faible, cela pourrait fonctionner.
Quant à son propre rôle, Tyler expliqua « Bien évidemment en tant que juge, je ne resterai pas inactif. Mais il n’est pas nécessaire de dévoiler notre avantage pour le moment. ». Léandre n’hésiterait pas à prendre des risques, mais il ne prenait que des risques considérés.
Le juge resta alors dans le silence, laissant son interlocuteur réagir. Tyler avait proposé une solution, mais il en avait étudié d’autres. Très terre à terre, Léandre savait qu’il aurait pu utiliser Jessica. Mais si cela avait été efficace, l’avocate aurait été la victime de cette stratégie. Tyler ne pouvait pas s’y résoudre.
Le secret qui couvrait cette alliance de pair ne serait pas éternel. Le niveau d’information de leur adversaire prouvait de lui-même, qu’aucune information n’était en sécurité. Pour cette raison Eirik poursuivait une investigation dans les bureaux internes au Réseau. Il voulait que l’indicateur de son adversaire soit retrouvé très vite. Ensuite une équipe de spécialistes pourrait obtenir les noms des individus qu’ils recherchaient.
Le nombre trois était un chiffre hautement symbolique. Ce dans la majorité de la culture occidentale. Plus encore dans les pays où la Chrétienté s’était installée. La Trinité était enracinée dans le subconscient collectif. C’était peut-être bien le cas de ce jeune juriste aux principes bien arrêtés. Le Directeur répondait par des gestes plutôt que des mots, avant de se rappeler qu’il était en présence d’un aveugle et de lancer un : “Oui ?” de ponctuation.
Les deux hommes étaient en accord concernant l’étape numéro une. C’était un bon début: « Ensuite ? »
Il y avait une façon simple de résumer cette stratégie: « Simuler ma mort donc. » Eliott comprenait le raisonnement du jeune homme. C’était une idée qui lui était venue pendant une nuit d’insomnie. Il s’était dit que tant qu’à être condamné à mort par une ennemi invisible, pourquoi ne pas jouer le jeu ? Il n’était pas passé à une telle action parce qu’il espérait encore que leurs ressources seraient suffisantes pour mettre fin au mal, sans en passer par là. Ceci dit, M. Tyler n’avait peut-être pas tort.
Le plan était cohérent. Machiavel l’aurait probablement validé. Pour ce qui était du Norvégien il y voyait du bon sens. Mais il voyait également le danger. Walsh avait lui-même parlé de mettre en place une supercherie de cette envergure. Cela voulait dire un mécanisme très compliqué. Un tourbillon qui pouvait emporter beaucoup plus que prévu sur son passage. Le Réseau était solide mais il n’était pas inébranlable. Sans leader à sa tête, les ambitieux ne tarderont pas à se montrer.
Une fois encore, le Directeur faisait un mouvement, avant d’oraliser une réponse: « Non. Gardons cet atout dans la manche tant que cela est possible. »
Toutes ces idées attendaient un commentaire. Eliott devait maintenant avancé un de ses pions: « C’est une idée qui a du sens. Je ne peux pas dire le contraire. La phase une est déjà en cours. Une enquête interne est ouverte depuis la dernière tentative. » Eliott ne tenait pas non plus à préciser des circonstances de celles-ci pour le moment. Son interlocuteur était intelligent. Il était mue par un but noble. Cela ne lui retirait pas non plus son caractère d’adversaire sur l’échelle plus large. Un jour, dans l’avenir, ils seraient à nouveau l’un contre l’autre. « Je vais voir ce qu’il est possible de mettre en place avant de valider ce plan. En même temps, rien ne nous empêche d’explorer les autres stratégies. Bien que celle-ci semble la plus plausible avec ce que nous avons dans les mains.» Le vieil homme retenait alors un soupir fatigué. L’année 2025 avait été très intense et pénible. « Limitons nos contacts. Cela sera plus aisé de conserver le secret. Keenan sera l’intermédiaire pour l’instant. » Ils ne pouvaient avancer plus loin, tant que l’enquête n’était pas terminée. L’avocate ferait correctement les choses pour que les informations transites d’un bureau à l’autre. Elle avait déjà réussi dans ce genre de mission. Cela au moins était aisé à mettre en place.
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Eliott Eirik
FUCK THE LAW
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22.11.20 17:30
Léandre Tyler
Les choses avançaient et évidement, il était nécessaire de continuer de réfléchir et d’absolument tous envisager. Mais le juge ne put s’empêcher de serrer les dents. Mettre Jessica dans l’équation n’était pas une bonne idée pour elle, mais aussi pour lui-même. Mais c’était d’une logique implacable. Il devenait urgent pour Tyler de se débarrasser de ses sentiments. Cela finirait par le perdre.
Tyler demanda pour être certain que tout était clair « Vous rendrez-vous à l’opéra dans ce cas ? ». Si le juge pouvait éviter de s’y rendre, c’était mieux. Ce genre d’évènement n’était pas du tout sa tasse de thé. Mais le directeur du Réseau confirma ce rendez-vous. Tyler allait devoir trouver une personne avec qui y allait.
Ils arrivaient à la fin de cet entretien. Cela avait déjà été riche en information et Tyler avait de nombreuses choses à faire. Cette enquête devait avancer coute que coute. La fin justifiait les moyens, il était plus qu’urgent de découvrir la vérité. Un échec n’était plus envisageable… Car si cela devait arriver, ils tomberaient tous.
