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(Lowri) ▼ Hush
Invité
Hush
Lowri & Peter
In these stolen moments, the world is mine
There's nobody here, just us together
Keepin' me hot like July forever
'Cause we're the masters of our own fate
We're the captains of our own souls
There's no way for us to come late

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Je me sens si petit, si minuscule, si fragile, si peu, avec mon bouquet en main, avec sur le cœur, le poids de cette culpabilité qui se fait poison, terrible arsenic qui ronge mes entrailles, qui creuse au sein de mon abdomen, cette abysse qui semble tout engloutir, cette gueule béante qui termine d'emporter avec elle, ce qu'il me restait de courage, d'envie d'être humain, de me mêler à ceux qui n'ont jamais été les miens, que de loin, j'ai toujours observé avec cette indifférence qui effraie tant Christian, qui trop souvent, le fait douter, le pousse à me demander si je sais réellement aimer, ou si, comme pour bien des choses, je fais semblant, je prétends, feins avoir besoin de ces pulsions qui ne sont qu'anomalies, qu'étrangetés que je jugule pour ne jamais en être la victime, pour le conserver, ce droit à y échapper, à ces vices et travers qui sont fléaux de mes contemporains, de ces hommes qui pourchassent illusions et fantasmes jusqu'à la tombe, qui emportent avec eux en terre, des regrets qu'avant je méprisais et dont aujourd'hui, je suis terrorisé, foudroyé par l'angoisse, par la crainte d'être un jour l'amant de tels remords, de fragments de rêves brisés par l'aigreur qu'apporte la vieillesse, par cette lassitude qui finit par tout ternir, par ce néant qui semble déjà posséder ma chair, s'être installé quelque part entre mes organes, au sein de cette cage thoracique que je rêve presque de fracasser pour l'y déloger, cette tumeur qui me fait redouter ces retrouvailles pourtant nécessaire, cet instant qui semble devenir éternité dans le temps, qui se dilate au point d'être ce Purgatoire dont je suis l'unique prisonnier, l'unique coupable méritant d'être châtié. Autour des roses fraîchement coupées, si joliment arrangé par cet aimé qui s'est amusé de mon ignorance, de cette candeur qu'il dit trouver étrangement attachante, mes doigts se serrent au point de malmener le papier si fin les entourant, de biser, une tige ou deux, de ces fleurs aux pétales à la blancheur virginale, si spectrale qu'il me semble y voir s'y refléter mon regard voilé par les vagues de cet océan que je n'aurais jamais dû quitter, les réminiscences de cette fuite née du chagrin, d'un deuil que je prétends avoir fait pour ne point céder à la faiblesse des hommes, pour ne devenir, la putain d'un chagrin qui se drape des sanglots, des prières, des lamentations des damnés, de ceux qui ont chuté, que les défunts et autres oubliés ont réclamé ; ces doutes qui me font hésiter, trop longuement, rester sur le trottoir faisant face à sa boutique, à cette vie que je n'ai jamais pris la peine de connaître, trop occupé à l'aimer, mon ignorance, cette distance que je gardais entre nous de peur de m'attacher, de commettre l'erreur de l'apprécier, celle qui, je l'espère, a jeté ma silhouette dans la gueule même de l'amnésie, a remplacé mon visage par celui de quelqu'un de plus humain, de plus apte à se fondre dans la masse, à vouloir, mener cette existence banale qu'ils affectionnent tant, ces autres que je ne comprends pas, ces hommes et femmes faits de pulsions, d'émotions qui me sont interdites, qui ne parviennent à se cristalliser au sein de mon myocarde d'écume et de sable.

J'ai l'impression d'être un enfant de nouveau, d'être ce gamin qui ne savait faire comme les autres, qui le jour de la fête des mères, ramassait ces délaissés dans les jardins des voisins, ces mal-aimés dont personne ne voulait pour les plonger dans l'eau glacée, pour les faire trôner dans un verre au milieu de la table de la cuisine. C'est ce gosse là, que j'ai l'impression de redevenir. Cette petite âme égarée qui n'y comprenait rien, qui ne ressentait que ce besoin de s'éloigner, de désespérément, se détacher de ces émotions et autres impressions qui ne sont qu'échardes, que lames dans la chair, terribles ronciers pour la raison. Me voilà rajeunir, parce que je n'ai jamais été doué avec cela, parce que je m'interdis d'être accessible, de me laisser approcher par quelqu'un qui n'est pas lui, qui n'est pas cet aimé, seul capable de l'enlacer, ce corps façonné par les vagues, par le ressac d'un océan que je suis le seul à percevoir, entrevoir dans l'obscurité, au milieu de mes pensées.

Incapable de traverser la rue, je reste là, à essayer de l'apercevoir, au milieu de ce petit chaos qui l'entoure, de cette porte que je n'ose approcher, que je contemple en priant qu'elle s'entrouvre d'elle-même, que du brouhaha du quotidien, émerge son pardon, cette absolution que je recherche parce que j'ai peur de me perdre, de définitivement, n'être plus qu'une ombre, un spectre que Christian est le seul à pouvoir étreindre, à maintenir à envie, à incarner dans cette chair si faible que je déteste, en ce corps qui est si faible, qui n'est bon qu'à être parcouru de frissons, de spasmes désagréables que je chasse le temps d'une cigarette, de quelques expirations mentholées qui viennent parfumer mes phalanges, mes silences, qui dans l'air humide londonien, sont autant d'aveux, de confessions que je garde pour cette maîtresse cruelle qu'est la solitude, pour ces instants comme celui-ci, où pour les passants, je ne suis qu'une énigme, qu'un errant qui s'intoxique, qui s'abîme dans la contemplation jusqu'à n'en plus pouvoir de la saveur du tabac, de cette immobilité que je romps en osant enfin traverser la rue, pousser la porte de cette boutique dont je ne connais que le visage de sa propriétaire, de celle que je cherche du regard à l'instant même où je me retrouve prisonnier de son petit monde l'occulte, de cet univers où je me sens jugé par les cristaux et l'encens, par ces esprits qui pourraient se glisser dans mes pas, dans mon ombre, la prévenir, celle que j'aperçois s'approcher, dont je croise le regard alors que je suis à peine entré, à qui j'offre ce sourire délicat qui se fane à l'instant même où je trouve le courage de rompre le silence, de tuer ces questions auxquelles je n'ai point envie de répondre.

« Bonjour Lowri. »

J'avais plus de choses à te dire, bien des excuses à te faire, j'étais prêt à courber l'échine, à quémander ton pardon. J'ai même espéré que tu ne m'en veuilles de n'avoir répondu à tes messages, de t'avoir laissé dans le noir, d'avoir prétendu mourir parce qu'il m'a suffit de perdre le dernier de mes parents pour n'être plus qu'un écorché, qu'un enfant au cœur brisé, un échoué qui n'a su qu'aller s'offrir aux vagues. J'étais prêt à te céder mon cœur taillé dans le sel, embroché, mais me voilà, comme un jeune amant, avec mes fleurs, avec mes doutes, avec ces plaies que le chagrin ne cesse de creuser, d'approfondir, afin de révéler ces fêlures dont je ne soupçonnais l'existence.

« Tu n'as pas changé. »

Tu n'as eu le temps et pourtant, j'ai l'impression que cela fait une éternité, qu'une vie toute entière nous sépare, que je ne suis déjà plus rien.

Bien maladroitement, je parviens à esquisser un autre sourire, un qui parvient à survivre tandis que je reprends mes murmures, que je m'enfonce dans les méandres de ces émotions qui m'étranglent, qui me transforment en cet étranger dont je ne reconnais que le regard dans le miroir, dont je connais que ces larmes qu'il m'arrive parfois de verser.

« Je suis navré. » J'hésite une fois de plus, inspirant lentement. « J'aurais peut-être dû t'emmener avec moi. Prétendre juste une fois être un bon fiancé. »

Au lieu de te traiter comme Christian, de t'obliger à faire avec le ressac de mes passions, avec l'imprévisible de mes pulsions.

« J'aurais dû te répondre mais je ne pouvais. »

Je ne voulais revenir en votre monde, prétendre une fois de plus que j'y ai ma place, que parmi vous, je peux me confondre dans la masse, que je suis né avec des ambitions similaires, que ma chair est faite des mêmes travers.

« J'ai eu besoin de me perdre. Juste un peu. »

Le temps d'oublier qu'un jour, je ne serais moi-même, qu'un être dont il ne restera que des souvenirs réunis en une boîte que l'on passera à quelqu'un, que l'on enterra quelque part, sous une pierre que le vent battra. Que mes os finiront par n'être poussière, que nourriture pour les vers. Qu'à mon tour, je ne serais qu'humain, que corps voué à dépérir.

Made by Neon Demon
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09.03.21 3:10
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Lowri Conway


Hush



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Il avait disparu comme la barque mal amarrée est emportée au loin par la marée, et vogue loin, très loin, entraînée par les courants, jusqu'à arriver à une autre plage, au mieux, ou jusqu'à ce que l'océan, fatigué de jouer avec elle, ne décide de la briser dans son ressac comme un enfant colérique. L'homme océan, mon fiancé de façade et d'écume s'était envolé comme les embruns, du jour au lendemain et sans donner de nouvelles ni de signe de vie. Au début je ne m'étais pas inquiétée parce que c'est dans sa nature de s'éloigner, parfois, de plonger en apnée dans ses abîmes intérieurs, de se couper du monde et de réapparaître quelques jours plus tard avec des excuses et un sourire à la fois poli et désolé au coin des lèvres. Mais les jours se sont enchaînés avec les nuits, la lune a grossi jusqu'à devenir une pièce d'argent, et a disparu de nouveau, alors que mon portable restait désespérément vide. Christian non plus ne répondait pas, et dans un sens ça me rassurait un peu, parce que s'ils s'étaient séparés, s'ils avaient rompu, je pense qu'il me l'aurait dit et annoncé. Là j'étais dans le flou et dans le brouillard, sans nouvelles, sans indices... Je ne pouvais pas appeler son bureau parce qu'on se serait étonné que sa propre fiancée ne sache pas où est Peter, et la galerie de Christian était fermée, offrant son rideau baissé lui donnant un air de vieille dame endormie à la rue, avec le simple écriteau "Fermé jusqu'à nouvel ordre, nous sommes désolés de la gêne occasionnée. En cas d'urgence vous pouvez nous joindre au numéro suivant..." et rien de plus. Un blanc. Un vide. Un mystère digne d'Agatha Christie ou de John Grisham ...

Et j'ai peur. C'est bête pourtant, et Tyrgan me répète qu'ils doivent avoir une bonne raison pour être partis, une urgence, un impératif, mais je ne peux pas m'empêcher de croire que c'est de ma faute, que j'ai fait ou dit quelque chose qui aurait poussé Peter à prendre le large. A m'éviter. Est-ce que c'est parce que je lui ai révélé la vérité pour Tyrgan? Que je ne pourrai plus jouer les fiancées? Autre chose que je n'imagine pas? Alors j'ai envoyé un, puis deux messages, feignant de prendre des nouvelles sur un ton enjoué alors que j'étais en larmes en tenant le portable, assise sur un carton dans la réserve de la boutique, écrivant aussi, mais rien. Je refusais d'utiliser mes lettres parce que je n'avais pas envie d'avoir la réponse à mes questions tant que ce n'était pas lui qui me les donnerait, et toute la nuit j'ai gambergé et réfléchi, me demandant si je devais l'oublier et tourner la page, ou au contraire persister, lui prouver que j'étais là... parce que Peter était plus qu'un client ou une sorte d'ami, mais une mission que les esprits m'avaient confiée. Veiller sur lui, le protéger de lui-même. Etre là... et ce si bruyant silence me donnait l'impression d'avoir échoué, ou de l'avoir trahi.

J'y repensais encore le lendemain quand j'ouvris le premier carton de la livraison du jour, et que la première chose que j'en tirai était un livre intitulé "Persévérer, la clé de tant de problèmes". Ok j'ai compris... j'abandonne pas... Alors avec la régularité d'une horloge, tous les trois jours, j'envoyai un petit message écrit, une image que je trouvai drôle, des mêmes basées sur des oeuvres d'art pour tenter de le faire rire, et lui montrer que je n'étais ni fâchée, blessée ou inquiète... L'océan me manquait, ses silences et son calme, nos discussion et le fait qu'on soit si différents... Et j'avais l'impression d'essayer d'attraper les vagues entre mes doigts, ou de ramasser l'écume avec une épuisette, luttant à mains nues contre une force qui me dépassait et sur laquelle je n'avais aucune prise... Une frustration terrible, une inquiétude tapie dans mon ventre comme une bête furieuse qui s'y serait fait son nid, et qui bloquerait toujours légèrement ma gorge.

Pourtant je n'y tiens plus, et il faut que je sache. Alors je tire mes lettres, mais seulement pour deux questions...

Est-ce que Peter va bien?
Mieux.
Où est-il?
Océan.


Etrangement, ces deux mots ont le don de dissiper un peu la brume et de chasser le monstre, me laissant respirer plus librement, et mieux dormir. Il va mieux. Il est au bord de la mer. J'aimerais en savoir plus, en demander plus, comme le moment où il va revenir et s'il va le faire, mais j'aurais l'impression de lui voler son libre arbitre et ses décisions, alors même si les lettres me brûlent les doigts elles retournent sagement au fond du sac, à attendre d'autres questions, à éclairer d'autres destins, à apporter la lumière dans l'obscurité. Et je retourne à ma vie comme je peux, même si une part de moi pense toujours à lui, comme le berger qui a égaré une brebis pense plus à elle qu'à tout le reste de son troupeau qui est sagement devant lui. On sort, on va voir nos amis, on va au cinéma et au théâtre, on passe des week ends dans son chateau au bord du loch, et bizarrement c'est quand je suis assise devant les eaux presque noires que je me sens le plus proche de lui, comme si là, face à cette petite mer bien calme un fil ténu nous reliait... mais toujours rien, aucune nouvelle. La galerie a rouvert, et mon coeur s'emballe à l'idée d'entrer, de voir Christian et lui demander ce qui se passe, mais alors que j'allais pousser la porte je remarque que c'est son assistante qui est au bureau, et de lui, aucune trace.

Et puis, alors que je n'y attends pas, alors que pour une fois j'arrive à penser à autre chose, tout est chamboulé. Je tourne le dos à la porte, en train de ranger les encens que je viens de recevoir quand la porte s'ouvre et que le carillon résonne doucement dans la boutique. Sans réaliser, sans même tourner la tête, un frisson me parcourt la nuque et je sais que c'est lui. Je sais qu'il est là. Je sens ma gorge se nouer quand je repose le carton et que je me tourne lentement, alors que mon coeur rate un battement quand je le vois, toujours terriblement élégant dans un de ses costumes sur mesure, l'air un peu plus fatigué, mais avec un sourire gêné et un bouquet de fleurs en main. Un poids immense s'ôte de mes épaules alors que je commence à marcher vers lui, puis courir, le sourire aux lèvres, jusqu'à le prendre dans mes bras, enfouissant mon visage dans son cou. Je le sens chanceler et j'imagine sans la voir sa mine surprise, et encore plus gênée à l'idée de ce contact physique imprévu qui est tout sauf habituel pour nous mais tant pis. Il faut. Il faut que je sente l'océan entre mes bras, que je me prouve qu'il est bien là, et que ce n'est ni un esprit ni une sculpture d'écume. Son parfum est toujours le même, aussi, et je sens maladroitement ses mains qui se referment autour de moi après avoir hésité une seconde, comme s'il allait se brûler, ou qu'il calculait l'enchaînement des mouvements nécessaires pour arriver à son but avant de le faire.

C'est toi! C'est bien toi!

Je ne peux pas le lâcher, pas encore, parce que j'ai besoin de vérifier qu'il est bien là, qu'il est bien en chair et en os face à moi, réel et tangible. Quelques secondes passent avant que je ne recule, reniflant piteusement alors que des larmes roulent sur mes joues, et j'ai un léger rire en entendant que sa première réflexion est que je n'ai pas changé.

Toi non plus... mais tu voulais qu'il m'arrive quoi pendant ton absence?

C'est comme si un barrage avait cédé, et que toute l'angoisse, toutes ces questions et ces incertitudes avaient enfin trouvé une échappatoire dans mes larmes que je ne cache pas. Je m'en fous. Elles font du bien au contraire, parce qu'elles laissent la place à une sérénité que je n'avais plus connue depuis des semaines. Et pour ne pas le mettre mal à l'aise je recule simplement, gardant juste sa main libre dans la mienne.

J'espère bien que tu es navré. Je me suis inquiétée... vraiment.

J'ai un léger rire en entendant la suite, avant de secouer la tête.

Tu as emmené celui avec qui tu voulais et tu devais être, c'est tout ce qui compte. J'aurais pas pu t'aider comme lui l'a fait, même si je ne sais pas ce qui t'a poussé à quitter Londres... J'étais ta fausse fiancée, lui est l'homme que tu aimes vraiment. Ca compte plus, tu crois pas?

Je soupire de soulagement, comme si je respirais enfin pleinement pour la première fois depuis longtemps et secoue la tête.

Bien sûr que t'avais le droit... mais la prochaine fois, si c'est pas un texto, envoie une lettre, un pigeon voyageur... Juste pour savoir que tu vas bien... Tu crois... que tu pourrais me promettre ça?

Je renifle un peu et essuie mes joues du revers de la main, tant pis pour mon maquillage qui a sûrement coulé. En jetant un regard autour de nous je me rends compte que la boutique est vide et je lâche sa main pour retourner la pancarte "Ouvert" avant de donner un tour de clé à la porte. Je reviens ensuite vers lui.

Tu veux un thé? Et avec ce thé, tu voudrais me raconter ce qui s'est passé?




PSEUDO & PSEUDO


Lowri Conway
Lowri Conway
LONDON PEOPLE
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Date d'inscription : 05/04/2020
Profession : Medium, tient une boutique ésotérique
Etat Civil : En couple avec le beau Tyrgan <3
22.03.21 12:26
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