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In your sanctuary my dear freinds ft Peter & Lowri
Violet Hanovre Hadid


In your sanctuary my dear freinds

Ft Peter & Lowri


Je n’étais pas revenue en ville depuis une quinzaine de jours. Je n’aime pas le milieu de l’été à Londres. Notre belle cité est toujours défigurée à cette période de l’année. Tu sais que je n’ai jamais eu beaucoup de sympathie pour les activités touristiques. J’en viens à mépriser toute cette grotesque parure qu’ils collent sur ses murs. On dirait qu’on la farde comme une vulgaire actrice de cinéma.
Enfin le simple plaisir de m’éloigner d’Edward suffit bien souvent à mettre à mal ma résistance.

La journée avait donc été soigneusement planifiée. Je n’avais pas l’intention de faire un autre aller retour avant une bonne autre quinzaine. Je suis parvenue à incorporer plusieurs rendez-vous. Dont le plus cher et celui dont je voulais te parler car concerne deux personnes que tu connais. Je suis allée retrouver Peter et sa jeune fiancée pour le thé. Cela faisait, pour ainsi dire une éternité, que nous ne nous étions pas retrouvés tous les deux, et encore jamais à trois. (Quatre aurait été encore mieux mais tu étais en voyage avec Père ce jour-là). Je regrettais de ne pas avoir tenu la promesse faite au mariage et d’avoir commencé à le délaisser. Cher ami.

Peter m’avait donné l’heure de 17h00, ce qui convenait parfaitement, pour se retrouver dans le jardinet. Je me souvenais de la présence d’un cerisier qui nous protégerait de la chaleur estivale. Sachant que j’allais les retrouver, j’avais mis cette petite robe au motif floral que tu aimes tant, celle avec les fleurs parmes. Uniquement pour obtenir un compliment de notre Peter. J’ai crains d’avoir du retard. Mais Tommy a senti ma hantise et l’adorable à appuyer sur la pédale pour ne pas me mettre dans l’embarras.

Je me suis présentée avec un petit présent pour chacun d’eux. J'espérais sans doute adoucir les griefs qu’ils auraient sans aucun doute à mon égard. J’entrais dans ce cocon charmant avec l’impression de n’être jamais partie. Tout était tel que dans mon souvenir. Je souriais en retirant mes mantilles et avançait pour voir de plus près une photographie sous cadre. Puis, une voix féminine m’interpellait dans mon dos. Je fis un volte-face pour la découvrir et sentait tout de suite la joie m’envahir.

Bonjour .... vous devez être la fameuse Lowri ? Oh, bonjour Peter” Je venais vers eux pour échanger des baisers de retrouvailles avec une certaine effusion. Je voulais que cette jeune femme se sente tout de suite des miens. Peter fait partie des seuls amis qui ont su, que j’ai failli annuler le mariage et ce n’est pas sans raison. Je me suis toujours sentie en sécurité avec mon avocat et je l'espère, à l'avenir sa bonne amie. “Je suis heureuse que l’on arrive à se retrouver. J’ai hâte que tu me racontes les derniers mois!” Je leur disais cela en me dirigeant tranquillement vers l’endroit où nous allions prendre ce thé. J’en profitais pour leur glisser une œillade complice. Enfin, je me sentais un peu chez moi quelque part.

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Violet Hanovre Hadid
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22.07.20 23:03
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In your sanctuary, my dear friends
Violet, Lowri & Peter
And another one bites the dust
But why can I not conquer love?
And I might've thought that we were one
Wanted to fight this war without weapons
And I want it and I wanted it bad
But there were so many red flags
Now another one bites the dust
Yeah let's be clear, I trust no one

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Adossé au tronc du cerisier, drapé d'un silence que je ne tente de chasser pour faire la conversation à ma fiancée, à Lowri que je laisse le temps d'une cigarette, d'un vice et travers auquel je m'abandonne parce que je suis faible, pas encore assez fier pour accepter l'absence de celui qui me fuit parce qu'il ne supporte plus ma lâcheté, cette femme derrière laquelle je me cache pour sauver une carrière qui n'a jamais été qu'une ambition, qu'un moyen de rassurer mes parents sur ma capacité à fonctionner en société, à être autre chose que cet étrange petit alien qui regarde les autres de loin, qui observe et se lasse des normes d'une humanité qu'il ne comprend pas, à laquelle, il n'a pas le moindre attachement. Sans elle, je m'égare ainsi dans cette étrange impression qui me souffle que la fin est déjà là, que tout ceci n'est que le début de son exil, ses premiers aveux comme quoi il n'en peut plus, de vivre et d'aimer une vague qui ne cesse de se retirer quand il tend la main, qui jamais, ne viens se briser entre ses bras mais toujours, danse avec le lointain, avec cet horizon que lui même ne parvient plus à contempler, à percevoir, qu'il se doit imaginer pour ne pas succomber à la paranoïa, à l'étrange folie qui lui ferait dire qu'avec un autre je passe mes nuits et soupirs, à la grossière envie de me reprocher que je ne suis pas celui qu'il devait aimer, qu'au final, je n'ai rien de ce mari auprès duquel il songeait un temps vieillir, puis mourir.

Et je comprends, que tu ne veuilles la voir, elle qui porte à son doigt cet anneau que j'ai refusé, que je t'ai demandé de garder pour cette autre vie que nous aurions dû avoir, si je n'avais été une personnalité publique, un visage connu de la presse et de cet océan de requins dans lequel je nage. Je l'entends que tu ne puisses plus faire avec les défauts de mon caractère, avec cette distance que j'ai toujours imposé entre nous, que tu n'as jamais pu tuer, pleinement détruire malgré nos étreintes, malgré les promesses qui ont pu être soufflés dans l'obscurité. Je ne t'en veux pas, de vouloir t'échapper de tout ça, de te détourner de moi et de cette beauté que tu as pu, un temps, déceler dans mon regard. Je te comprends, mais je crains de ne pouvoir de mon côté t'oublier, t'abandonner à un recoin de mon inconscient et t'y laisser étouffer. Je le connais, mon cœur d'eau de mer, je sais que tu es le seul. Je sais que je t'ai attendu pendant des années, que dans les amants que je pouvais avoir par moments, je te trouvais toujours, t'imaginais pour n'avoir à simuler avec eux. Je suis conscient qu'à ton départ, je te dépouillerais de ton ombre, afin de l'aimer autant que si tu étais resté.

D'entre mes lèvres, je laisse s'échapper une longue volute mentholée, qui dans l'air londonien, se délite pour mieux devenir cette nuisance parfumée qui s'égare dans la pollution, dans le brouhaha discret mais persistant du quartier, dans l'agitation de cette vie qui se refuse de se mettre en pause malgré ma lassitude, malgré cette fatigue qui s'attachent et s'accrochent à mon échine que je sens frissonner à l'arrivée de Lady, qui comme à son habitude, happe et concentre sur sa personne rayonnante toute l'attention, me faisant de ce fait me tourner vers elle et lui offrir un sourire qui n'a rien de feint, un de ceux qu'ont les pères quand ils sont fiers, la laissant pourtant aux mains de Lowri le temps d'éteindre ma cigarette et d'ainsi lui permettre de venir embrasser ma joue, de profiter de cette intimité que je refuse à beaucoup à n'accorde qu'à quelques élus, et elle, qui au fil des années, est devenue plus que la fille de mes clients, mais cette enfant que j'aurais aimé avoir, sauver d'un mariage que je surveille au loin et méprise, et dont je ne dis encore trop rien, de peur de froisser des ego, de distiller dans une famille un venin qui aurait raison de ce bonheur qu'elle mérite, de cette existence qu'elle semble poursuivre en rêvant, en espérant, en maudissant une union devenue cage dorée.

« Bonjour toi... »

Je marque une pause, le temps de prétendre l'observer et me ravir de son élégance naturelle, de ce charme qu'elle semble n'avoir à simuler pour être radieuse, pour dérober les cœurs et les soupirs des hommes que je sais se pâmer à son passage, rêver de lui retirer cette alliance pour la métamorphoser en cette grâce déchue qu'ils ne chérissent qu'un temps avant de s'en lasser, d'en faire un trophée que l'on fait miroiter dans l'espoir d'être couronné, adulé par ses pairs.

Car ils aiment chasser, souiller, forcer les autres à s'abaisser à leur niveau pour se sentir puissants. Les hommes sont ainsi faits, Lady. Ils aiment se bâtir des empires, de trônes et des royaumes sur les échines des dieux et des déesses auxquelles ils coupent les ailes et arrachent les veines.

« C'est moi qu'il faut blâmer pour cela... »

D'un geste de la main, je l'entraîne jusqu'à la petite table, sur laquelle trône tasses et douceurs, porcelaine et la douce odeur d'un thé parfaitement infusé, juste assez chaud pour être apprécié en compagnie du miel et de la marmelade qui attire les rares insectes qui bourdonnent par là, les abeilles et autres curieux aux carapaces colorées, m'occupant déjà de faire le service pour mes deux invitées, glissant un regard à Lowri pour la rassurer, pour l'encourager à faire connaissance de Violet, tandis que je fais l'hôte parfait, n'autorisant pas le silence et la gêne à s'installer à notre table.

« Les derniers mois ont été compliqués. Tu as dû le lire dans les journaux. »

Sur une petite soucoupe, je dépose sa tasse, et dans l'assiette voisine, un scone fait maison, encore légèrement tiède et parsemé de raisins secs.

« J'aurais aimé t'inviter plus tôt mais je ne pouvais vraiment pas. Oh et bien sûr, Christian s'excuse pour son absence. »

Il a dû le murmurer, entre deux reproches qu'il n'osait réellement me souffler.

Je sers ensuite Lowri avant de m'installer à mon tour, déposant simplement sur la nappe mon paquet de cigarettes et mon briquet, promettant ainsi en silence de ne pas fumer en leur compagnie, tandis que je croise les jambes et inspire légèrement.

« Enfin, rien qui ne puisse t'étonner. Tu me connais. Je n'ai jamais le temps de rien. »

Déjà à l'époque tu me voyais passer chez tes parents sans vraiment comprendre, j'étais cet invité régulier qui ne restait jamais assez longtemps pour être un ami, même lorsque j'étais reçu ainsi. Et pourtant, te voilà à me visiter comme si j'étais un oncle, ou ce vieux père dont tu t'inquiètes. Que pensent-ils de ça, d'ailleurs, tes chers parents ?

« En vérité, à part mes... Fiançailles avec Lowri, rien qui ne mérite d'être conté »

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12.09.20 18:52
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Lowri Conway

In your sanctuary my dear friends
J'avoue que j'avais été surprise lorsque j'ai eu des nouvelles de Peter. Non pas que le voir soit rare, après tout nous avons notre petit "arrangement" entre nous, mais c'est surtout le but de notre prochaine sortie à jouer les amoureux : prendre le thé chez une de ses amies de longue date, qui elle non plus n'était pas au courant de notre supercherie. Connaissant le talent de Peter pour omettre des informations qui lui semblent superficielles alors qu'elles sont importantes pour n'importe qui d'autre, je creuse un peu, et heureusement, car j'apprends que cette fameuse Violet est une lady, ce qui va m'obliger à trouver une tenue adéquate, à savoir... qui ne me ressemble pas vraiment, et qui pourrait passer dans un lieu aussi guindé qu'élégant... ce qui est grosso modo tout mon opposé. Alors je farfouille dans mes placards mais tout est trop... ou pas assez... enfin... trop motard, trop sorcière, trop rock, et rien n'est assez "vieille noblesse anglaise qui met du velours côtelé et qui joue au polo entre deux régates sur la Tamise"... de désespoir je file à la friperie plus bas dans la rue et j'ai la chance de trouver une robe noire hyper classique, presque monacale mais au point où j'en suis... je n'allais pas claquer la moitié des indemnités données par Peter pour une tenue que je ne mettrai pas une deuxième fois, étant donné que ces gens là ont l'oeil et que ça fait terriblement pauvre de se pointer avec les mêmes tenues en boucle. Bref le lendemain je suis prête, mes cheveux domptés et un maquillage plus discret que d'habitude. Il m'a prévenue que ça serait dehors, et je me dis que l'ambiance, j'espère, sera moins formelle... Un peu nerveuse je monte dans le métro et me mets en route pour chez lui . Je me souviens de la dernière soirée passée ensemble, celle qui m'a plus appris sur lui que toutes les soirées passées en sa présence pour jouer les couvertures. J'ai écarté le voile, distingué quelque chose dans le brouillard... et j'ai réalisé à quel point il était seul, à quel point il s'était toujours senti hors du monde et hors du temps, perdu face à des attentes et des exigences qui ne signifient rien pour lui, des succès qui pour lui n'en sont pas, des relations qui lui semblent inutiles ou superflues... et alors qu'il roule de façon sûre dans le trafic je me dis qu'il me rappelle cette baleine qui a un chant beaucoup plus grave que toutes les autres de son espèce, et qui donc n'est entendue par personne, et que personne ne lui répond... condamné à vivre dans l'isolement et le silence jusqu'à la fin. Il a un fiancé qui l'aime pourtant, au point d'accepter cette mascarade pour une carrière qui n'a pas l'air de l'intéresser non plus, et je ne comprends pas pourquoi c'est moi qui suis là, et pas lui. Je sonne chez lui et il m'ouvre, avec un sourire fugace, comme s'il devait se rappeler à chaque fois de faire ce geste, que c'était quelque chose que ceux de son espèce ont l'habitude de faire.

Bonjour Peter, tu vas bien? Tu as bonne mine...

C'est la première fois que j'entre chez lui et je suis surprise par la taille de l'appart, et aussi par toutes les merveilles qu'on y trouve. La patte de William sûrement : sculptures, photos d'art, tableaux abstraits, beaux livres et bouquets de fleurs fraîches, un cocon raffiné pour un couple d'homos de la bonne société... J'aimerais prendre le temps de tout regarder, tout inspecter mais l'heure n'est pas à ça alors je le suis jusqu'à son petit jardin. Il a de l'argent au point de pouvoir se payer un appartement avec un jardin... le rêve... la table est déjà mise pour le thé, et il me dit de m'installer pendant qu'il s'allume une cigarette.

Violet et toi vous connaissez depuis longtemps c'est ça? Vous êtes amis d'enfance?

Je l'écoute et sursaute quand j'entends qu'on sonne à la porte. Bizarrement, même si je n'ai aucun lien ni aucun risque dans cette histoire, je ne suis pas à l'aise alors qu'il va ouvrir à cette fameuse Violet mystérieuse. Et celle qui vient me fait me figer. On dirait une héroïne de Hitchcock, gracieuse, élégante, sans le moindre faux pas, sans que rien sur elle ne soit négligé. C'est presque trop beau et irréel, ce degré de perfection, et je me dis que ça doit être ça, la vie dans les hautes sphères, avoir le temps et l'argent de se perfectionner à ce niveau... que tout ça soit aussi naturel que l'air qu'on respire... J'ai un sourire timide en me levant alors qu'elle s'approche avec une chaleur qui ne semble pas feinte. Je lui fais la bise, et attrape au passage une bouffée d'un parfum tellement délicieux, sûrement composé pour elle, ou venant au moins de chez Penhaglion's...

Je suis ravie de vous rencontrer aussi Violet, Peter m'a souvent parlé de vous!

C'est faux mais je dois jouer le jeu, et dans un couple, on parle de ses amis non? Je me rassieds et observe Peter plus détendu que d'habitude, à l'aise presque, alors qu'en bonne maîtresse de maison il se penche pour servir le thé et discuter avec naturel avec elle. Ca se sent qu'il la connaît bien, ou qu'il est au moins à l'aise avec elle, comme s'il n'avait pas besoin de réfléchir à quoi faire et dire en sa présence. Je le remercie doucement une fois ma tasse remplie et essaie de servir mon meilleur sourire, sentant mes efforts tellement ridicules face à cette gravure de mode qui est en face de moi.

Votre robe est vraiment magnifique, elle vous va très bien!

C'est un peu nul, je sais, mais je ne vois pas trop quoi lancer d'autre alors...tant pis!.
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23.09.20 17:19
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Violet Hanovre Hadid


In your sanctuary my dear friends

Ft Peter & Lowri


J’embrassais la silhouette de mon cher avocat du regard, en venant déposer le baiser de l’amitié sur ses joues imberbes. Je lui trouvais la mine creuse et les traits tirés, fatigués. J’en accusais sa vocation professionnelle, que je savais occuper son temps. Il était perfectionniste, tout autant que moi. C’était un point qui nous avait rapprochés très vite. Alors, je m’abstenais de le fustiger, de ne pas se ménager. Je ne voulais lui dire que des mots gentils et doux. Je prenais le pas, pour aller vers la table du jardin. Je le remercie d’un doux sourire. Je prenais garde, à lisser ma robe à l’arrière, juste avant de m'asseoir. Je ne voulais pas qu’un faux plie gâche ma mise en beauté. Je l’avais faite pour eux. Je m'orienterais, de trois quart, pour disposer mes jambes à l’angle. Mes pieds pouvaient ainsi être croisés en arrière. Mon buste s’en trouvait automatiquement droit. Je n’avais plus qu’à veiller à ce que mes épaules soient tendues. Quant à ma nuque, j’avais tant souffert d’apprendre à la tenir, que c’était à présent, ancré dans ma mémoire corporelle. C’était au moins cela à ne plus penser.

J’étudiais notre petite table avec plaisir. Je n’avais pas fait cela de l’été. Edward n’aimait pas prendre le thé. Iris était à l’autre bout du monde. J’avais été isolée une bonne partie du temps. J’en avais d’abord été tout à fait confuse. C’était très nouveau. La vie chez les parents avait toujours été ponctuée par le Thé. Mais, je me découvrais une âme de sauvage. Je prenais les heures solitaires, comme un cadeau après des années à vivre dans un tourbillon de réceptions. D’autant plus que le Baron n’était assurément pas une compagnie paisible.

-“ Oui. J’ai lu. ” Le Time était sur la table du petit déjeuner tous les matins. Je le lisais dés que le Baron ne s’y intéressait plus. J’aimais aussi emprunter L’Observateur à notre premier Valet. Cet éditorial donnait un regard totalement différent du reste de la Presse. J’aimais connaître le point de vue défendu. Je ne m’en confiait à personne d’autre que ma soeur. Car je savais que ce genre de lecture ne serait qu’une source de critiques, voir d’accusation. “ Mais enfin, comment en vouloir aux Irlandais après que nous nous soyons coupés de l’UE. Il est bien naturel d’aspirer à être autonome… libre. ” Je souriais doucement. Je ne prétends pas avoir une connaissance aiguë des affaires politiques du Royaume, ou de l’Europe. Mais, je comprenais fort bien ce qu’était le désir d’émancipation. J’en rêvais depuis mes 18 ans. Je n’allais pas plus loin sur cela. La politique est un sujet épineux.

-“Ce n’est rien. ” Je posais ma paume sur sa main dans un geste de réconfort. Je savais que le temps passait beaucoup trop vite. J’en faisais moi aussi l’expérience. Depuis le mariage tout paraissait s’accélérer. Certains jours j’en étais même un peu effrayée. Je redoutais de vieillir plus que tout. “ J’ai eu beaucoup à faire moi aussi. ” Le Manoir n’était pas à mon goût. Je m’étais lancée le défi de le mettre à mon image. Cela au moins était une occupation qu’Edward ne pouvait remettre en cause. Tant que je me contentais de m’occuper des tableaux et des sofas, il ne me disait rien… J’achetais la paix. “ Quand tout sera terminé, il faudra que vous veniez au manoir tous les deux. ” Je n’arrivais pas encore à dire “maison”. Mais sans doute cela viendrait avec le temps. -“Nous irons nous balader ! Ce sera bien !

Christian… je souriais à son souvenir. J’étais déçue chaque fois que j’étais privée de sa compagnie. Je le trouvais intéressant, charismatique… beau. J’avais eu quelques émois secrets à son encontre. Mais je n’avais pas laissé cette émotion s’épanouir. Je pressentais que son lien avec Peter était trop intense, pour que j’eu la moindre chance d’exister de cette manière à ses yeux. De plus, j’étais d’or et déjà fiancée. A quoi bon aimer celui qu’on ne peut avoir. Mais enfin, j’adorais Christian.

-“ Dis-lui de me donner des nouvelles ? ” Je ne pouvais avoir la chance de le voir, je pouvais au moins l’entendre.

-“ Hum. Trop occupé à sauver ton monde. Comment pourrais-je te reprocher de servir la Justice… ” Je ne reprocherais pas à un homme comme Peter de ne pouvoir me consacrer plus de temps. Il avait des responsabilités importantes. Il sauvait des hommes de la prison, ou pir. Je n’étais qu’une … femme qui faisait de la décoration intérieure, et de l’équitation. Mon existence n’avait rien d’important. Je n’étais pas importante. “ Nous pourrions aller passer quelques jours à la campagne cet automne ? Tous les quatre ! Avec Christian. Comme ce serait bien. ” Non si Edward venait ce ne serait pas de vraies vacances. Pas du tout. De toute façon, il ne voudrait pas venir. Je pouvais au moins tirer avantage de son mépris pour moi dans certains cas.

-“ Oh … le mariage! ” C’est vrai le mariage de Peter. Cela me paraît encore étrange. Je ne me faisais pas à cette nouvelle. C’était comme si quelque-chose n’allait pas. Comme si ce n’était pas comme cela que les choses devaient se passer, qu’il y avait une mauvaise direction prise. Ce n’était pas que je ne voulais pas voir Peter marié. Mais… Je détournais mon regard de lui pour le concentrer sur elle. “ Avez-vous arrêté une date ? ” C’était le genre de chose qui était planifié bien souvent un an en avance. Parfois bien plus! Le temps que tout soit fait dans les règles de l’Art. Chez nous, cela était encore une Institution. Comme j’étais heureuse d’en être sortie pour de bon. “Je peux vous aider à cela Lowri. Si vous le voulez ? Ce serait avec joie. ” Toujours plus que d’organiser celui de toi ma petite chérie.

Je devinais la timidité de ma voisine de table. Je n’en connaissais pas la raison.Elle n’avait absolument rien à craindre de moi. Je lui voulais le plus grand bien. La compagne de mon Peter avait le droit à mon attention, mon respect et même mon affection! Je lui étais gréé d’accompagner Peter dans cette vie de labeur. Elle parvenait probablement à l’extraire de son isolement. Car, je voyais bien qu’il était un bourreau de travail. Père ne l’aurait pas employé sinon.

-“ Il vous a parlé de moi ? ” J’étais un peu surprise qu’il y eu “beaucoup” d’occasion de parler de moi. J’étais la fille d’un de ses clients. J’étais une Princesse déchue. Etais-je encore sa protégée maintenant que je ne vivais plus avec au château ? Il ne me voyait plus aussi souvent. La distance finissait par fragiliser les liens. C’était un phénomène naturelle et pourtant j’en concevais encore de la tristesse. “ J’espère qu’il n’a pas été trop sévère ? ” Lui demandais-je avec un sourire plus amusé pour mon cher ami. Je me demandais ce qu’il avait pu raconter sur nous.

Je ne m’attendais pas à aborder notre conversation par un sujet aussi artificiel. Je les réservais pour les tables des salons de thé avec les petites duchesses et les vieilles biques. Je coulais un regard interrogateur et taquin à mon hôte. Que lui avait-il donc dit de ma personne pour que Lowri entame ainsi la discussion ? M’avait-il fait passer pour une de ces riches dépourvues d’intellect ? Bien souvent, j’étais réduite à mon apparence, à mes manières. Mais c’était d’abord par les hommes. Je décidais de ne pas condamner cette jeune femme, pour une maladresse, que je devinais sans malveillance. Je voulais avant tout, me faire aimer d'elle, devenir une amie.

-“ Je vous remercie Lowri. Je suis bien heureuse qu’elle vous plaise. Je l’ai choisie spécialement pour l’occasion! ” Je la gratifie d’un sourire apaisant. Je ne voulais pas la mettre dans l’embarras. Je n’avais pas besoin de demander pour savoir que sa tenue n’était pas du tout de la même facture. Ce qui n’avait pas d’importance! Non pas du tout. Ce qui en avait par contre était qu’elle se sente libre de parler selon son coeur. Je ne voulais pas d’artifice. Je lui souriais encore. Je voulais au moins qu’elle ait conscience qu’elle n’avait rien à envier. “Vous êtes une jeune femme très jolie. Vous avez un beau sourire. Mais dites-moi Lowri ? Comment avez-vous connu Peter ? ” C’était plus intéressant! J’étais curieuse de savoir aussi, ce qui l’avait séduite. Cependant, c’était une question très personnelle. Je ne me sentais pas légitime à la poser. Enfin, peut-être s’en confierait-elle ?

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26.09.20 12:59
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Sage, presque docile, plongé dans un respectueux mutisme, c'est en soufflant sur mon thé brûlant, créant à la surface de celui-ci quelques vagues qui viennent s'échouer contre la porcelaine, que je laisse mes deux invitées faire la conversation, tranquillement échanger des banalités qui parviennent à panser les blessures de mon âme, à apaiser l'aigreur de ce cœur que je sens se serrer, être transpercer par ces reproches que je me fais, par le spectre de celui qui n'est là pour m'enlacer, pour à mes côtés, incarner cette humanité qui me fait défaut, qui dans le silence de cet après-midi tranquille, semble s'étioler, se disperser dans le néant, se faire fragment que le vent emporte au loin, sème sur les rivages de cet océan auquel je pense un instant, les prunelles égarées dans le lointain, dans cet horizon que je suis le seul à percevoir. Bercé par la voix de celles que je n'ose couper, déranger par des opinions vaines, des réponses creuses qui ne sont celles que de cet avocat à l'image trop lisse, à l'armure si blanche que l'on aime le voir comme l'apôtre de cette justice qui n'existe pas, de cette entité divine et miséricordieuse qui châtie et punie sans jamais trahir, sans jamais se faire aveugle au malheur des lépreux, de ceux qui ne peuvent l'invoquer, entrer dans ses grâces, trouver cette valeur qu'elle ne perçoit que chez les pénitents qui lui offrent ses paumes, cette nuque qu'elle transperce de sa cruauté, de son impartialité, je m'égare dans l'allégresse d'un instant qui semble hors du temps, appartenir à une autre existence que j'aurais aimé connaître, qu'il aurait été douce d'effleurer, de faire autre chose que cet étrange fantasme que je noie dans ce thé que je bois, dans ce silence qui me drape, qui auréole mon crâne, sublime ces sourires que je n'esquisse pas, que je laisse se muer en ce soupir que je pousse, que j'expire face à la curiosité de Lady, à cet enthousiasme qui me semble toujours aussi étranger, aussi fascinant à observer chez ces autres qui peinent à me penser humain, à déceler dans mes gestes cette affection que je réserve aux élus, aux malchanceux que j'emporte dans le ressac permanent de mon existence, dans ces vagues impitoyable qui masquent mon être, qui dissimulent mes peines et travers, ces vices qui n'existent que lorsque je suis dans ses bras à lui.

Dans une autre vie, j'aurais pu être ce père que vous viendriez voir dans l'espoir de le garder encore un peu dans vos existences, cet étrange fantôme qui ne s'incarne que lorsque vous êtes là pour l'invoquer, pour espérer admirer la beauté de ses silences. Dans une autre vie, j'aurais été ce géniteur absent et aimant, cette âme esseulée qui rêve du suicide en écoutant du David Bowie.

« C'est toujours plus évident de reprocher aux autre les conséquences de nos actes, de s'insurger de ne point posséder l'unique raison qui devrait être pensée. » dis-je simplement, en reposant ma tasse dans sa soucoupe, produisant de ce fait un léger tintement qui s'égare dans le bruissement des feuilles, une fredonnement discret et éphémère pour lequel je frissonne, tremble à peine, une main perdue dans mes cheveux, à tenter de discipliner cette crinière pourtant docile, disciplinée avec amour par le passage du peigne, des doigts de cet amant qui n'est pas là, de cet absent qui un peu plus tôt aurait aimé avec moi se battre pour que nous nous réconcilions entre les draps, entre deux baisers qui n'auraient été que morsures, que tentatives d'écorcher l'autre pour en révéler cette beauté crue qui n'est plus, ce merveilleux enterré par des années à se chercher, à espérer tuer la solitude avec la seule âme capable de se tordre pour la sienne, pour les caprices et vices que l'on ne parvient à expier, à chasser, à exorciser. « Tout le monde s'agite, s'angoisse, comme si cela allait changer leurs vies, bouleverser des quotidiens parfaitement adaptés aux imprévus de ce genre. » Je marque une pause, le temps d'inspirer, de battre des cils et de trouver la force d'esquisser un léger soupir. « Tu verras, au final, tout ira bien. »

Pour les gens comme toi et moi. Le monde restera le même, cruel et sanguinaire, cet autel sur lequel on sacrifie les agneaux et les pauvres au nom d'un dieu sans visage, d'une divinité qui n'a jamais pris la peine de descendre sur terre pour aimer ses fidèles, pour récompenser ceux qui ont battis leurs empires sur les cendres et carcasses de leurs frères. Nous serons sauvés, tout les deux, parce que nous appartenons à ces traîtres qui effleurent les cieux de leurs phalanges, qui ont les pieds baignés par le sang, les larmes et les espoirs de ceux qui ne peuvent que ramper, criblés de dettes fictives et éthérées, par des chiffres qui ont perdus tout sens, qui ne sont plus que du vent.

Du coin de l'oeil, j'observe une seconde Lowri, me désolant de sa condition tandis que sans moi, se continue la discussion, glissant lentement vers des sujets plus triviaux auxquels je ne m’intéresse que d'une oreille, hochant vaguement de la tête en sirotant ce thé avec lequel je manque de m'étouffer quand arrive sur la table les questions sur notre rencontre, sur ce mariage que j'entretiens dans l'espoir de tromper mon monde, de prétendre être un homme comme les autres, un qui ne pense qu'à se trouver une jolie fille avec laquelle fonder une famille, et non cet excentrique qui n'aime que ceux fait comme lui, qui ne trouve l'extase que dans les bras d'hommes capables de le dominer, d'un instant tuer cet océan qui gronde dans ses prunelles, qui emporte toujours plus loin cette psyché qu'il est impossible de capturer, de croquer sans être soi-même charrié par l'écume et le sel, par le froid et l'amer. Péniblement, je parviens à déglutir, à retrouver contenance alors que j'essuie élégamment mes lèvres, me redressant, gigotant sur ma chaise comme un enfant désireux d'échapper à un repas ennuyeux, croisant les jambes plus d'une fois tandis que mes prunelles cherchent désespérément celles de cette fiancée vers laquelle je ne tends pas ma main, préférant cacher celles-ci sous la table, dans mes poches, sur mes cuisses dans l'espoir que l'absence d'alliance à mon doigt n'attire point de soupçons, ne ravivent de vieilles hypothèses qui pourraient dévoiler ma préférence, cet amour pour Christian que je cache à cette enfant qui n'en est plus une dans l'espoir de rester parfait, d'incarner au mieux ce père que je ne serais jamais, cet exemple pur, chaste, presque virginal vers lequel elle pourra toujours revenir, à jamais trouver refuge, ce droit d'être humaine sans être jugée, d'être femme sans avoir à douter, à craindre un machisme dont j'ai été sauvé, épargné.

Il était évident que tu allais évoquer cela, vouloir en savoir plus sur cette union étrange, sur ce couple que nous formons. Christian m'avait prévenu, tu sais. Il m'avait soufflé que tu allais t'en étonner. Il a presque sourit en me voyant vaciller, en percevant mon inconfort, cette gêne qui revient m'étrangler, me faire regretter d'avoir seulement évoqué le sujet en ta présence.

« C'est un peu compliqué. »

Les sourcils froncés, je pince les lèvres et retiens un soupir, cessant même de respirer le temps de me saisir de cette tasse qui reste figée dans l'air, prisonnière de deux intentions qui s'affrontent, qui incarnent ce conflit qui déchire mes entrailles, qui poignardent mes viscères au point de me donner le vertige, de rendre ma tête légère à cause de cette nausée qui me donne l'impression que mon cœur est prêt à bondir d'entre mes lèvres, à se transpercer lui-même au centre de cette table pour révéler l'affreuse vérité, l'horrible réalité, la laideur de mon être, de mes envies, de ces faiblesses que j'enfouis sous de beaux costumes et des airs de conquérant, d'archange venu brûler et saler les terres au nom d'un Seigneur faussement aimant.

« Je ne suis pas certain que ce soit important d'évoquer cela. »

Il vaut mieux que tu ne saches pas, que tu me penses encore être autre et non que tu rencontres cet être que Christian en est venu à détester, auquel il vole baisers et étreintes simplement parce qu'il a des besoin, parce qu'en vieillissant, il a réalisé qu'il ne voulait être seul et que m'entendre soupirer son prénom était une récompense suffisante, une offrande acceptable en échange de mes silences, de cette distance qu'entre nous j'ai imposé au fil du temps, parce que j'étais effrayé, parce que j'ai toujours peur de le voir réaliser qu'il peut s'enticher d'un autre, d'un homme dont le cœur ne sera pas un morceau de sel taillé par les vagues, par le ressac incessant, par les mains même de l'océan.

« Ce n'est pas vraiment intéressant, ou beau. »

Honteux, je baisse les yeux, m'excusant en silence, prétendant devoir me concentrer sur une tache inexistante qui souillerait la nappe, qu'il me faudra du bout des doigts tracer afin de l'effacer.

« Lowri était juste là. »

Prisonnière de mon regard, de ce banc de sable où je me trouvais moi-même. Elle était là pour me tendre là main, pour voir en ma silhouette quelque chose à sauver, à ramener sur le rivage, au sein de l'humanité, de cette masse que je regarde grouiller au loin, que j'ai cessé d'envier dès mon plus jeune âge.

« J'ai dû lui plaire, ou tout du moins, avoir ce quelque chose qui lui a donné l'envie de m'approcher, de perdre un peu de temps en ma compagnie. Je t'avoue ne pas comprendre moi-même, me demander pourquoi elle est là à chaque fois que je croise son regard. »

Faible, je viens attraper mon paquet de cigarettes, rompant mon implicite promesse pour céder à l'appel de l'angoisse, de cette nicotine, de ce tabac que je viens glisser entre mes lèvres et embrasser, pour polluer l'air d'une première bouffée mentholée.

« Elle méritait mieux. »

J'expire une volute que je ne prends pas la peine de chasser d'un revers de la main, que je laisse être ce voile qui dévore mon regard.

« Elle mérite mieux. »

Lui aussi, mérite mieux.

« Mais elle t'en parlera sûrement mieux que moi. Tu me connais, je n'ai jamais été doué pour raconter les histoires. »

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16.10.20 23:19
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Lowri Conway

In your sanctuary my dear friends
Je déteste cette impression, cette sensation de ne rien contrôler ou maîtriser. De ne pas être à ma place, entre eux, moi qui joue un rôle, moi qui suis une imposteuse, une comédienne, quelqu'un qu'on paie, que Peter paie pour avoir à son bras un alibi, une illusion de vie normale plutôt que d'assumer ce qu'il vit et ce qu'il ressent avec Christian. Et même si je l'apprécie, il n'y aura jamais d'amour entre nous, jamais rien que des discussions agréables, une forme de compréhension pour ce que nous sommes l'un et l'autre, et une forme d'amitié, alors je me demande pourquoi l'avis de cette fameuse Violet compte autant. Pourquoi? Je ne lui dois rien, elle ne me doit rien, nous faisons juste connaissance et je suis là simplement pour asseoir la couverture de Peter, et pourtant j'ai le ventre noué et presque la nausée. Je me dis que je pourrais aussi me lâcher totalement et jouer mon rôle à fond mais je n'y arriverai pas... alors qu'à la seconde où notre "arrangement" ne tiendra plus, les chances de recroiser Violet seront proches du néant. Avant même qu'elle n'ait ouvert la bouche, à simplement la voir et d'après ce que Peter m'a dit, on a eu des vies tellement différentes, elle dans le carcan strict et opulent de la vieille noblesse pendant que moi j'étais la fille normale avec une grand mère sorcière, perdue sur son île battue par les vents. Sa grand mère à elle devait sûrement se faire appeler "Bonne maman" et si ça se trouve elle la vouvoie... Je me pince les lèvres quand je me dis qu'en fait si la série Downton Abbey avait continué jusqu'à de nos jours, elle aurait totalement pu y avoir sa place... D'ailleurs elle porte le même nom de famille. Mais si ça se trouve la série raconte vraiment l'histoire de sa famille! Non Lowri arrête. J'inspire un grand coup quand je la vois s'approcher et qu'elle me salue d'une bise à la française avant de me sourire avec chaleur.

Je m'en veux des banalités que je lui lance, engoncée dans ma robe de presque nonne, alors que Peter reste en retrait, presque comme s'il assistait au spectacle de notre rencontre. Peter nous invite à nous asseoir et du coin de l'oeil je l'observe, qui sans même réfléchir prépare sa jupe pour s'asseoir correctement dessus, s'installe sans croiser les jambes, et garde un maintien de ballerine, la tête haute et le dos droit. Qui sur cette planète "prépare sa jupe" avant de poser ses fesses sur une chaise? Personne! Enfin personne de mon monde... Mais chez elle tout est tellement beau et gracieux, chaque geste pratiqué avec soin et art, pour la mettre en valeur quoi qu'elle fasse. Et j'en suis vraiment impressionnée, moi la prolétaire qui passe mes dimanches en pyjama à regarder Netflix, à rire dans les bars avec une pinte à la main, et toutes ces choses normales pour nous mais qui auraient l'air d'être de la science fiction pour elle. Ils discutent de politique et je suis surprise par son opinion sur l'Irlande. Les traditionalistes, en général, étaient contre l'indépendance de l'Irlande, qui devrait revenir dans le cher giron de la famille royale, presque comme une prise de guerre. Par la suite je crois comprendre qu'elle fait des travaux et je me lance timidement, pour ne pas jouer les potiches qui meublent simplement une chaise.

Vraiment? Vous faites des travaux? C'est souvent un enfer, on sait quand on commence et jamais quand on termine...

Mais à la mention du ''manoir" je comprends bien qu'on ne connait pas le même genre de travaux, et pas dans le même genre de demeures... Peter lui serre doucement la main dans un geste que je trouve naturel et tendre alors que la discussion continue, souriant quand je l'entends s'emballer comme une petite fille à l'idée qu'on vienne la voir et qu'on aille se promener tous ensemble.

J'aimerais beaucoup! Où est situé votre manoir? Près de Londres?

Si ça se trouve elle en a même plusieurs et celui dont elle parle est celui qu'elle n'utilise que les lundis, ou les jours pairs, ou quelque chose de ce goût là. Mais quand elle mentionne Christian, je vois un nuage d'inquiétude ou de tristesse, les deux peut-être, flotter sur le visage de Peter. Toute cette comédie le blesse alors pourquoi? Pourquoi continuer? Pourquoi ne pas assumer? Mais je sais que ce n'est pas le moment. Et peut-être que ça ne sera jamais le moment, vu son talent pour esquiver ce genre de questions et les glisser sous le tapis. Et perdue dans mes pensées, j'attrape la fin de la phrase au vol, lorsqu'elle parle de mariage, manquant de m'étouffer avec mon thé. J'avais presque oublié qu'en plus de prétendre être sa petite amie, j'étais supposée l'épouser le con. Enfin pas le con, ça serait méchant envers lui mais je me comprends. Je pose la tasse délicate sur sa soucoupe avant de lui sourire gentiment.

Oh non rien n'est encore fixé, on a le temps! Mais c'est très gentil de proposer Violet. Il y a l'air d'avoir tellement de choses auxquelles il faut penser, et qui feraient un drame si on les oubliait...

Elle ramène heureusement le sujet sur elle, et sur ce que Peter m'a dit d'elle. Théoriquement il ne m'a pas dit grand chose mais ça aurait fait louche si j'avais dit qu'il ne me parle jamais de personne. Pas même de lui. Improvisation totale, en espérant que je ne vais rien dire d'idiot, ou qui puisse le choquer.

Il m'a dit qu'il vous connaissait depuis longtemps, et qu'il connaissait très bien vos parents. Que vos obligations respectives vous amènent à vous croiser régulièrement, toujours avec plaisir, et qu'au final, votre monde est assez petit pour que vous ayez en plus plusieurs connaissances en commun.

Je jette un oeil à Peter, guettant son approbation, et un peu rassurée, reprends une gorgée de thé, l'écoutant ensuite me parler de sa robe, avant de sincèrement rougir face à son compliment. Et malgré la panique de sa question suivante, je me laisse le temps d'inventer un bobard pendant que je la remercie.

Oh c'est adorable, merci beaucoup Violet! C'est très gentil! Et pour Peter on s'est rencontrés à une galerie d'art, plus précisément à un vernissage. J'y étais avec une amie, il y était avec Christian, et sur place on s'est croisés au buffet, et on a engagé la conversation. J'ai été surprise d'avoir de ses nouvelles deux jours plus tard, il est passé à la boutique et de fil en aiguille nous sommes sortis une fois, puis d'autres fois et... comment résister à un homme comme lui, n'est-ce pas?

Putain faites que je n'ai pas dit une connerie... faites que je n'ai pas dit une connerie. Pourtant quand Peter répond après mon histoire, c'est presque d'une voix brisée qu'il murmure que je mérite mieux. Et je sais bien que ces mots cachent bien plus que ce qu'ils signifient. Pourtant sans vraiment réfléchir ma main vient trouver la sienne, que je serre doucement.

Peter, ne dis pas de bêtises. Je suis là parce que j'en ai envie et parce que tu mérites que je sois là... Vraiment. Je ne perds pas du temps quand je suis avec toi... Entre autres choses tu sais qu'il n'y a qu'avec toi que j'aime critiquer les toiles bien trop pompeuses et les artistes portés aux nues juste parce qu'ils sont le neveu ou la cousine du galiériste... C'est moi qui me demande ce que tu fais avec une petite tenancière de boutique qui fait des tisanes et fabrique des bougies...

Je serre ses doigts plus fort, lui lançant un regard tendre et un peu inquiet. Je n'aime pas le voir et le savoir comme ça...


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( Pando )
Lowri Conway
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Etat Civil : En couple avec le beau Tyrgan <3
29.10.20 17:42
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