Je vois, enfin, le panneau qui indique l’air de repos dont parle le GPS. Je donne un léger coup d'accélérateur pour remonter pile à ton niveau. J’aime ton allure quand tu es sur ta bécanne. Tu as le truc du félin qui court après la liberté. Ca te rend sauvage, indomptable, mystérieuse. J’aime ça. J’aime ça et tout le reste. Je cherche à croiser ton regard et sourit. J’aime -aussi- cette expérience. Même plus que ce à quoi je m’étais préparée. Je suis vraiment contente de faire cette virée initiatrice avec toi. J’appuie sur le kalon pour m’amuser et puis je pousse sur la vitesse pour te dépasser. C’est comme jouer à la chatte et à la souris mais sur un plus grand terrain de jeu. Le vent fouette mon dos.

Heureusement que tu as pensé à ma place à tout l’équipement! Ca n’aurait pas été le même plaisir si j’avais été transit de froids dès le petit matin ! Les gants sont une merveille contre la baisse de température. L’été indien a l’air de se finir pour de bon cette fois. J’aime bien cette expression même si elle n’est pas tout à fait vraie. L’été en Inde ne se passe pas comme ça. Les Occidentaux ont une mauvaise image de ce continent. Il y a plein de choses qui sont différentes. J’espère que je pourrais te les montrer bientôt. Je sais bien que voyager aussi loin -maintenant- est compliqué. La suspension de Zac. JB qui vient de reprendre. Marlon et Sam. On dirait bien que c’est toi qui t’en sort le mieux. C’est bien la preuve que tout peut arriver.

C’est grâce à ça que je ne lâche pas non plus. Je fais, jours après jours ce qui est dit pour avancer. Je ne sais pas si un jour ce sera facile. Je ne sais pas si un jour je vais pouvoir considérer que tout ça est derrière moi. J’aimerais tellement. Mais, dès que j’ai l’impression de m’en être débarrassé, ça revient. Comme pour me provoquer. Comme pour me dire “Tu croyais être libre ? Jamais.” Tu as définitivement plus de patience que moi. Je ne sais toujours pas comment tu fais pour supporter mes réveils en paniques, mes angoisses devant la cabine de douche… tout ce qui fait que je suis une fille cassée. Ce que je sais c’est que je veux te voir avec des cheveux blancs, sentir ton odeur changer, tiquer sur des remarques un peu réac quand on sera devenues trop vieilles pour se poser les nouvelles questions.

Je ralenti pour arriver sur le parking. Pile quand il faut parce que là ma vessie va imploser. Je gare ma beauté, je coupe le moteur. Ah, retirer le casque ne fait pas de mal quand même. Mes cheveux commencent à voler dans tous les sens. Je passe ma jambes par dessus l’assise. Les heures de yoga font leurs preuve. J’ai la souplesse de mes années lycée. Enfin presque. Je pose le casque sur l’assise.

«- Faut que j’y aille!» Je t’indique les WC public avec un sourire impatient. Je file tout de suite, avant que la pression interne ne craque. Je bondit dans une cabine libre. Je baisse le pantalon de voyage et je reste au dessus de la cuvette. J’en ai un soupire de soulagement. Quand on a envie qu’est-ce que ça fait du bien. Je revie! Je passe par le lavabo pour un lavage de main. J’en profite pour m’attacher les cheveux en chignon vite fait. Je sors de là. Je toque sur la vitre de la supérette pour attirer ton attention dehors. Je te mime que je vais faire une course. J’ai un creux.

Je sais ce qui te plaît pour grignoter. Je prend de quoi nous caler toutes les deux pour le dernier tronçon du jour. Je fais aussi un tour dans la section magazine. J’en trouve un sur le mariage et un autre sur la cuisine. Je constate avec autodérision que je reflète l’anglaise moyenne avec le contenu du panier. Rien à faire! Je pique aussi une carte pour les parents. Je sais que ça fera plaisir à ma maman. Je reviens avec le sac en bout de bras. Je sors les biscuits que tu aimes en proposition gourmande. Je me cale contre ma moto et sors mes barres Kit Kat. «- Il y a une machine. Tu veux un café ?» J’admire, ta silhouette de bikeuse qui ne se prend pas la tête. Je ne sais pas à quel point tu as conscience de ton sexapeal. Je dois me retenir pour ne pas aller chercher tes bras, tes lèvres. J’en souris. «- J’ai hâte de découvrir ce gîte. !» Je sors une bouteille d’eau neuve et t’en propose avant de me servir. «- Qu’est ce que tu penses de la route ? !» Tu as l'habitude de rouler comme ça. Moi non. En tous cas j’aime ces couleurs. On a l’impression d’être en vacances. Ca me fait du bien. J'espère qu'à toi aussi. C'est surtout pour ça que j'ai insisté que tu puisses couper de la Strike.

«- Niquel!» Mimétisme. Langage intégré. J’ai l’un une étude sociologique sur l’appropriation du langage au sein d’une cellule familiale. J’y pense là en m’entendant reprendre ton expression. Je m’en amuse. Matt a raison. Je commence à parler comme Tata Rylee. « On n’a pas d’horaire. Autant profiter. . » Je suis devenue une heureuse casanière. Le hangar a été mon sanctuaire. Maintenant c’est ma maison. Je crois que je vais finir par travailler à la maison. J’en suis là. Après tout, qu’est-ce qui me force à aller travailler en ville ? La psy a raison sur ça. Je continu à penser comme Izaline 2022. Mais je ne suis plus cette femme. Enfin, quand je pense avec moi-même c’est simple. Quand la famille commence à donner son avis mes certitudes s’envolent. Ils comptent. Je crois que leur avis m’influence encore beaucoup. Trop ? Je n’arrive pas à savoir. J’apprécie que tu n’entres pas dans ce truc là. Que tu attendes que je viennes te demander. Ce serait plus simple si tout le monde savait faire ça. « Ah. Faut que je prendre quelques photos !» Je veux que Meg chérie ait une vue du coin. Elle qui est cloisonnée à demeure avec les petiots. Je te lance un regard entendu. Oui. J’ai bien l’intention d’en prendre un, rien qu’UNe de toi. J’appuie ma promesse silencieuse d’un sourire faussement innocent. La Muse de mes dessins c’est toi. Celle de mes rêves aussi. Alooors oui, je ne vais pas arrêter de sitôt. « Je pige enfin pourquoi Zac adore conduir. !» J’approuve tranquillement. «- Franchement oui pour le moment ça va. Je me sens bien. J’aime bien. Peut-être parce que je suis souvent montée avec vous. Ca me plaît d’être derrière le guidon !» Ce n’est pas du tout la même sensation.

Hou dés que tu marches de cette façon… Je croque dans la barre chocolatée tout en savourant ce que je vois. Non c’est clair je ne vais pas arrêter de te croquer et ça dans tous les sens du mot. Tu es tiède. Je colle mon bassin au tiens. “Sexy”… Pfff. clairement tu ne te vois pas chérie. Femmes et hommes se retournent sur toi. Souvent. « Tant mieux...» Tu sais pourquoi ? Je vais le dire. Je te tends un sourire malicieux que je renforce d’un petit geste de séduction. « Tu vois un peu quel effet ça fait… quand je te regardais partir avec les gars... dans ton perfecto ..» J’effleure ton cuir du bout des doigts. Je joues. Pendant une fraction de seconde je me demande si … quelqu’un me remarquerais ? Si ma main met en pratique le fantasme qui me traverse l’esprit ? « Hum. Tu crois qu’on aura droit à la peau de bête devant la cheminée ?» Tous les clichés de mes romans d’amour sont bons à faire exister en pensée. A expérimenter dans notre réel commun. Notre vie privée est ce qu’elle est. Je ne suis pas encore réconciliée avec mon corps totalement. Mais t’aimer ça il n’y a aucun problème.

«- Oui!» Oh oui. Le bonheur ressemble à ça. « Je ne vais pas nier. J’aime quand il n’y a que nous deux. » Bien sûre que ma psy a parlé de “fusion” de “passion”. Elle peut appeler ça comme elle veut. Je ne fais que constater. Rylee tu es mon île, mon refuge, bientôt ma famme. Je t’embrasse et murmure de connivence. « Ca me confirme que j’aime les chevauchées fantastiques...» Je ris moi-même de mon humour graveleux. Je caresse le galbe de ton fessier et t’embrasse encore. Je suis en forme dis donc! « On y retourne ? » La parole devient une action. Je range le sac de course dans le porte bagage derrière moi. Casque.

En effet la bifurcation ne tarde pas. Le sol change. Il y a moins de bitume neuf. Nids de poules et compagnie ajoutent une touche de défi. Je me concentre pour ne pas faire de bourde. Je suis enthousiaste. Mais je n’oublie pas que la moto peut vite m’échapper si je ne suis pas vigilante. Merci frangin pour les coups de panique plus jeunes. Au moins ça m’a appris quelque-chose. Là, y a une BICHE qui sort de l’orée d’un petit bois pour nous passer sous le nez. Je freine sèchement. La roue avant part un peu en vrille. Je donne un coup ferme pour reprendre le contrôle. La montée d’adrénaline me fouette le sang. Je l’entend qui bat dans mes tempes. Je coupe le moteur une fois sur le bas côté. Je retire mon casque pour prendre une profonde inspiration. «- Whaou !! » Il se peut que je devienne accro plus vite que prévu à ce genre de virée.

Je sais ce que tu peux faire à mes fesses et c’est précisément ce qui réveille une envie… Un désir latent. J’écoute ce que mon corps me dit. Quand je regarde en arrière, ne serait ce que le printemps dernier, je me dis qu’on a gagné. Je n’ai pas peur que tu me touche. Mieux encore, j’ai envie que tu me touches. Que tu me fasses toutes sortes de choses. J’avance mes fesses contre tes mains pour jouer. «- Un massage sera bienvenue ce soir ... » Oui, mon appétit sexuel, à proprement parlé est comme décuplé. Je l’ai remarqué aussi. J’en ai parlé au docteur. Sans non plus entrer dans les détails. Il dit que ce n’est pas anormal du tout. Une femme qui se sent en confiance comme là. Une histoire de pulsion de vie, d’hormones qui se calibre, de guérison. Je me dit surtout que c’est parce que tu me rends heureuse.

«- Mmm. Mmm. Je t’imagines très bien... » Je ris doucement. Franchement, retrouver un imaginaire sans l’emprise de la peur, sans monstre albanais dans mon dos. Je sens que ça me fait du bien. J’espère seulement que ce n’est pas trop lourd pour toi. Ce n’est pas parce que tu es au diapason avec ta libido que je peux me défouler. Ce qui m’aide c’est que tu ne fait rien dont tu n’ais pas envie. Je peine à me détacher de toi. Mais j’en souris. Parce que c’est plaisant de désir quelqu’un à ce point. D’attendre le moment de pouvoir concrétiser l’envie. «- Okay ! »

On roule moins longtemps que prévu. Je regarde la biche qui passe sans trop faire attention à nous. Un bal animal. Dire que papa chasse ces créatures… Je n’ai jamais compris ce plaisir de la chasse. J’enclenche la béquille de ma moto. Je suspend le casque au guidon par la sangle. Je descends pour venir avec toi.

«- Y a pas mal de site qui ont l’air sympas! Un ancien haras royal qui a été transformé en galerie d’art. Le village le plus proche a l’une des plus ancienne cordonnerie du pays. Il y a l’air d’avoir une belle basilique aussi. !! » Je continue de faire le listing. Cette fois je n’ai pas fait de réservations pour des visites. Je sais qu’on peut avoir des horaires décalés. Même si j’ai envie de faire tout ou presque… je veux surtout que toi tu décompresses. «- On fera ce qui te motives. »
L’heure suivante de route défile tranquillement. Le soleil bouge paresseusement. La route est calme voir de plus en plus calme. Le paysage me fait oublier Londres. Tout ce vert fait du bien. Je respire de mieux en mieux. Je ne pense à rien si ce n’est ce que je vois. Si bien que je suis prise de court quand on voit le panneau qui indique notre futur gîte. Je te lance un sourire dans les yeux. C’est aller presque trop vite!

Je gare la bécanne sur le petit parking en terre de l’autre côté de la route. Je range le casque dans le bac. J’attrape mon sac à dos et le cale sur mon épaule. Je viens prés de toi pour te voler un baiser. «- On ira explorer ? Y a un bois pas loin! » Je résiste à l’envie qui me traverse pour aller au gîte. Comme je suis en charge de la résa je sors mon téléphone pour montrer l’email de confirmation au réceptionniste. Il me tend une vraie clef en fer. « Elle donne sur le bois ! » Je l’attire pour prendre le bon couloir. On est au rez de chaussée. Parce que je voulais la cheminée! Ce n’est pas un grand gîte. Rustique tout en pierre.

«- Han ! J’adore !! » Je laisse mon sac tombé sur le sol pour aller voir tout de suite la vue. Le bois est en face. Je me retourne et appuie mes fesses sur le rebord pour admirer la pièce. Il y a tout, les tapis, les meubles en bois, l’âtre, le grand lit avec édredon fleuris. Je viens vers toi et te prend par la taille. «- Alors ? T’aimes ? » Je caresse le bas de ton dos en souriant complice. Tu sens la campagne. J’adore. Je t’attire contre moi pour t’embrasser. A nous ce petit coin de Paradis même si je ne compte pas être un ange. Je t’offre un sourire malicieux. «- On se fait un feu? » Il n’y a pas de beau de bêtes mais j’ai vu un plaid du coin de l’oeil.

T’as raison, autant demander à ce monsieur, tout le petit matos pour qu’on aille se faire une belle randonnée. Je lui souris. Je sens qu’il a plaisir à partager sa science avec moi. Je ne sais pas combien il y a de touristes par saison dans le coin. Mais depuis le Brexit, sans doute pas assez pour avoir une trésorerie qui fait rêver. Je reviendrais lui acheter des cartes postales. Je trouverais bien d’autres personnes à qui écrire. Je t’écoute négocier avec lui pour les motos, pendant que j’envoie un SMS à Zac. Il m’a demandé de prévenir. Je comprends pourquoi. Comme il semble plus cool avec toi je m’assouplie aussi. On verra bien ce que ça donnera sur le long terme. Il m’a échaudé. Alors, oui, je l'attends encore au tournant.

Quoiqu’il en soit la brochure n’a pas menti. Ca c’est bien. Je suis contente que mon choix t’aille. La carte blanche sur les résa ne veut pas dire que je ne penses qu’à moi. Mais j’induis certains trucs qui me plaisent plus que d’autres. «- J’y avais jamais pensé comme ça! » Maintenant que tu le dis… J’ai toujours aimé avoir des rapports sur des matières. Ça doit avoir à voir avec ma peau sensible ? Franchement je ne sais pas. J’en parlerais à la psy. Peut-être. «- et toi ? » Je profite de notre baiser. Je songe qu’il faut sans doute que je me trouve une étude sur le sujet. A mettre à ma pile de lecture sociologique. Aprés tout la sexualité fait partie de la base d’une société.

Quel bonheur de quitter les godasses! Je pousse un soupir de libération. Je met les doigts de pieds en éventail. Je suis moins habituée que toi à tout ça. Heureusement que c’est de la bonne cam’. L’odeur du feu est cool. Je trouve qu’il y a un côté très séduisant dans l’idée que tu gères le feu de notre foyer. En même temps, quand c’est toi, tout le devient. «- Après tout cet effort… ... » Je minaude. C’est un jeu. On sait toutes les deux ce que donne une vraie fatigue chez moi. En ce moment je suis en très bonne forme. Je dors mieux. La préparation du mariage me donne un objectif. Je suis heureuse. Je pose ma bouche sur la tienne. Je viens effleurer le cuir sur ton fessier. Tes courbes, je les ais dans les yeux, dans mes mains, dans mes rêves. Je t’embrasse. Je passe mes mains encore froide sous ton haut pour caresser le bas de ton dos. «- On ira découvrir après? » Moi, je ne peux pas résister à l’envie de respirer ta peau. J’ai décidé de ne plus jamais me priver de joie. Je retire mon pull d’un geste enjoué. Je ris. Je t’embrasse avec ma fougue...

Bien sûre cet édredon ne vaut pas une beau de bête. La douceur de ton ventre nue parcontre, c’est tout ce qui me plait. Je ne sais pas comment nos corps parviennent à se retrouver noués l’un à l’autre, à chaque fois. Je caresse ta peau. J’embrasse ta peau. J’écoute le crépitement du feu qui mériterait une petite bûche en plus à force. «- Mmm? » Je tourne ma tête pour voir ton visage. Je souris. «- Plus tard...? » Je refuse l’idée que tu meurt prématurément. Je veux vivre le reste de ma vie avec toi. Je veux vivre la vieillesse prés de toi. «- On pourrait avoir une petite cabane. Je te ferais des bonnes soupes. » Je renforce le cliché par jeu. J’ai des goûts simples. J’aime les raconter, les rêvasser.

Je traîne encore un peu contre ta chaleur. Je sens que le soleil commence à faiblir par la baie. Si on veut une petite balade c’est maintenant. Je viens t’embrasser, tendre, amoureuse. «- Balade ? » Doucement, je sors de notre étreinte. Je pique ton pull pour le passer. Juste le temps de me sortir une tenue de marche… promis! J’enfile un jeans. «- Je prend les lampes torches! » Je retrouve la paire de chaussures de marche. Je m’assois dans un fauteuil pour passer le tout aux pieds. J’attrape un crayon pour retenir mes cheveux en chignon. Je claque mes cuisses avec énergie.

«- Par coeur... » Toi, oui, je peux le dire sans la moindre petite hésitation. Tu es la personne que je connais le mieux sur cette terre. Ce qui n’était pas joué d’avance. Au début de notre relation on s’est préservées l’une l’autre. Le jardin secret chacune de son côté. Mais quand tu as accepté de me recueillir au hangar la donne a changé du tout au tout. Tu es devenue un phare. Je connais chacune de tes expressions. Leur sens. Les tics que tu as. Les mots que tu ne dis pas. Tu n’as pas besoin d’être fine. Il suffit que tu sois toi.

«- Nan! » On est des femmes mûres. Plus des gamines mais des femmes ancrées. Plus jeune j’avais très peur du temps, des années, de vieillir. C’est différent maintenant. J’aime le calme qu’apporte l’expérience. J’aime l’idée de passer la décennie qui commence avec toi et de nous regarder évoluer encore. Quarante ans, c’est un bel âge. J’ai cru que je n’en profiterais jamais quand j’étais là-bas. Donc maintenant, chaque jour est mon jour. «- Je veux carrément une maison à la campagne! » Mais oui! C’est exactement ce qu’il nous faut. Un endroit où venir se réfugier et prendre un bon bol d’air. Je ne pense pas que les problèmes liés au Smog vont s’arrêter de sitôt. Il nous faut un endroit où tu seras bien toi. Ou on pourra se ressourcer. «- Avec… une cheminée… un jardin… Ce serait bien! » Clairement, je rêve. Une maison pas trop loin de Londres ça coûte un bras. Je n’ai pas envie que maman me reparle d’un prêt pour mon bonheur. Je dois regagner de l’argent.

«- Hey. » Je le dis pour le jeu. Je sais que tu le sais. J’aime pouvoir m’en amuser. Je prend de quoi faire des croquis au cas où. Je prends notre thermos. Un dernier tour d’horizon de la chambre. C’est tout bon. Les clefs et on est parties. Je noue doucement mes doigts contre les tiens. C’est agréable cette simple sensation de t’avoir là. Je sens encore notre odeur sur ma peau.

L’air frais de fin de journée dans mes cheveux. Je suis bien là. Je me sens sourire dés que tu dis le mot magique. «- Tout ça c’est ok oui. L’Imprimeur attend juste notre aval pour lancer. » On a fait une liste d’invités restreints. Je ne me sens pas à l’idée de gérer la foule. De toute façon, un petit comité, ça nous plaît à toutes les deux. «- Il y a l’animation et la musique qu’il faut régler encore. Je voudrais bien que ce soit quelqu’un de simple. Mais je ne connais personne. » Je devrais sonder les copines. Ten est du genre à connaître du monde partout. Elle pourrait nous conseiller quelqu’un. Je sais qu’elle prévoit un truc pour février avec de la musique. Elle a dû chercher. «- Y a un truc que j’aimerais bien. Que Prem nous joue un morceau. . » Prem Hadid est devenu journaliste. Il a été mon stagiaire à ses débuts. Il est indien d’origine. Je suis née en Inde. Forcément ça a créé un lien durable. j’aimerais bien qu’il y ait un clin d'œil à nos racines pour cette journée. «- Pour les saris, je laisse l’idée pour mon Enterrement de vie de jeune fille, promis. Je me dis qu’on peut proposer un truc simple. Genre une thématique couleur ? Juste un élément de cette couleur dans la tenue. Comme ça, chacun est libre. Pas mal non ? Tu en penses quoi ? » On arrive à chaque fois à trouver un milieu entre ta sobriété et mon extravagance. Pour le moment ça fonctionne. Ce qui me rassure. Mais en même temps, tu me supportes maintenant depuis quelques mois sur le sujet. «- Est-ce qu’on fait filmer ? … J’aimerais bien. » Ceci dit c’est un truc assez spécifique. Je ne vais pas te forcer la main. Je veux que tu profites un minimum sans te faire chier toute la journée. Ce qui je sais risque quand même d’être le cas...

«- Faut qu’on décide pour nos témoins aussi... » La logique voudrait que ce soit Zac pour moi. Je ne suis pas certaine. Je pense plus à Megara qui est de toute façon dans l’un des deux. Mais après ? Qui ? Enfin de compte, je n’ai pas grand monde dans ma vie. Si ce n’est vous. Je ne m'attarde pas trop sur ma méta' en ourse. Non, je crois que ça me va. Je regrette juste de ne pas avoir embarqué le bon carnet avec moi pour continuer le listing général. J'oublie des trucs! Mais quoi ?

Yes ! Ca c’est une perspective que j’aime. «- Un petit cottage accessible en moto.. » Je propose en me laissant bercer par ce petit rêve de futur. Pour un projet immobilier de ce genre les parents vont insister pour nous aider. Je le sais déjà. Donc il faudrait que je me trouve un job d’ici le printemps. Ce sera peut être comme ça je vais parvenir à me secouer. On s’arrête. Je garde ta main dans la mienne. Je t’observe tousser. Je sais que c’est à cause du smog. Dès que la quinte passe, je te caresse le haut du dos, là, au niveau des omoplates. «- Tu veux bien aller faire un petit point avec Docteur Hawkins ? S’il te plaît ?» Je ne veux pas imposer mes inquiétudes. Tu le sais je le sais. Mais je suis bien placée pour savoir que les petites blessures mal soignées, ça peut bien affaiblir sur le long terme. Il y a peut-être un truc à faire pour prévenir une aggravation. Ce serait bien.

Je note dans ma liste mentale le point musique. «- Je vais demander à Megara. » C’est elle ma grande copine de sortie. Hein ! Même si depuis Matthew elle est moins dans le moov, elle a encore des ami.es dans le milieu. Nessa, D’an… y aura bien quelqu’un de partant pour soutenir notre mariage “contre-nature”. Je surveille le calendrier ministériel. Ca fait depuis quelques temps qu’ils évoquent d’annuler la loi du mariage gay. «- Tu penses qu’ils vont faire passer leur loi avant les élections ? . » Ce n’est pas si loin 2026. Qui sait ce qu’ils pourraient faire pour conforter leur base électorale. Ludo commence déjà à dire qu’on doit contre-attaquer. J’avoue que je n’ai pas trop la tête dans cette bataille. Alors que je suis directement concernée. Mais, toi, moi, c’est tout ce sur quoi je veux me focaliser. C’est mal ?

Je me fige avec toi. Je me doute de ce que tu vas dire. Mais je sais aussi pourquoi tu le dis. Si je ne me permet pas d’intercéder entre vous, je sais aussi que vous avez tous une volonté commune. Même si vous ne le voyez pas de là où vous êtes. Ceci dit, je n’étais pas au courant à propos du harcèlement. Ça, ça me fait chier. «- Je vais lui parler. » Ça oui, Hadid va m’entendre. Il sait que je n’aime pas ce genre de méthode. Si en plus ça touche à Jean-Baptiste… «- S’il fait la moindre incartade, je le vire moi-même de la fête . » C’est grâce à toi, que je sais mieux faire la part des choses. Que je peux renoncer à un lien nocif.

«- Alors, je dirais le bleu. » Le bleu parce que c’est la couleur des femmes dans ma branche maternelle. Maman s’est mariée en bleu. Je pense que ça peut faire un beau symbole. C’est un peu moins quitch que mon violet féministe et un peu moins criad que mon orange adoré. Bleu c’est bien, non ? Je suis sûre que maman sera okay pour me filer sa robe que je m’en inspire. Parce que j’ai envie de faire un effort. J’ai envie de faire honneur à notre lien, notre amour, notre promesse. «- Photos, oui. » Je reprends ta main. Je souris à au ton de l’évidence dans ta voix. Je t’aime. Pour moi c’est un rien plus compliqué. J’aime Zac. Mais j’ai envie qu’il comprenne les choses. Rosie. Oui, j’y ai pensé aussi. Je me suis demandée si c’était trop. Mais si tu le dis spontanément toi aussi ça répond à ma question. «- Megara sûre. Rosario. Je pense que ça me correspond plus. … Mais… je pense aussi que ça va blesser Zac. . » Il m’a prise pour témoin, lui.

Alors là, on y coupe pas. «- OUI! Je veux qu’on s’offre ça. » J’ai même commencé à regarder. Rien qui soit en Angleterre d’ailleurs. Je connais assez mon pays d’enfance. Je ne suis pas partie depuis des lustres. Alors qu’avant je partais régulièrement, pour les missions intérim. Je suis un peu en manque d’ailleurs. Je sais que tu le sais. Mais voilà, autant le dire clairement. «- Le plus évident, l’Inde. On y serait nourries blanchies logées. » Papa serait heureux comme un roi. Je le sais ça. Il est curieux de te connaître plus. «- Moi je connais bien. Ça me ferait plaisir de te montrer mes racines. Mais ça peut se faire plus tard. On peut chercher une destination qui t’attires, toi. Tout ce que je veux c’est aller ailleurs. Changer de cadre. Tu vois ? » Je me resserre contre toi.

«- On se fait un cadeau ? » Bon en vrai, la question est faussée. J’ai envie de t’en faire. Je n’ai pas besoin d’en avoir un en retour pour être heureuse. Ouais, j'entends mon père sourire. Izaline devenue une romantique. Pour ça au moins on peut dire merci aux connards qui ont cassé tout le reste. Je ne vais pas pensé à eux. Je m'approche de toi, de ta chaleur et pose ma main sur le creux de tes reins.

On a patienté. On a attendu que les jumeaux soient nés. Que Zac soit stabilisé. Que la Strike soit OP. On a attendu tout cela pour fixer la date du mariage. Pour être certaines que chacun et chacune soit présent pour cette étape. Je suis heureuse d’avoir attendu les miens. J’ai très TRES envie d’être ta femme. Donc, une partie de moi rejette l’hypothèse que ce ne soit plus possible. L’autre partie de moi est prête à aller menacer les lords … façon Strike. «- … Je t’épouse cette année. Droit ou pas. Au pire, je paye un billet pour Paris !» La vie m’a assez fait payer mes choix. C’est bon. Le karma j’ai donné. Je ne me suis pas reconstruite pour être empêchée de faire ma vie. Bande de connards de réactionnaires de mes ovaires. Faut que je contacte Austen pour voir ce que je peux faire en plus pour la campagne.

«- Autoritaire ? » Je sens un sourire au coin de ma bouche. Taquine. Je sais ce que tu veux dire par là. Moi aussi j’apprécie mon retour à moi-même. L’estime de soi ça fait la fondation d’un individu. «- Personne nous gâchera ce jour. Je te le garantie . » Je vais avoir une conversation avec Zac sur le sujet. Je sais qu’il a du mal. Mais, je veux que ça avance. Je sais que tu as raison à propos du choix du témoin n°2. L’entendre de ta bouche ça m’aide. Comme chaque fois que je suis devant un choix compliqué en fait. C’est le fait de savoir que je ne suis pas la seule à penser comme je le pense. Que ma grille de lecture est sensée. La psy dit que ce doute latent est normal. Ils ont cherché à me faire douter de tout. Tous les jours. Chaque jour. Pour que je craque. Pour que je cède. «- Je vais lui parler. Au pire. Papa lui parlera aussi.» S’il y a une personne qui fait obéir Zac Sanders c’est bien notre père. L’autorité incarnée. Je me moquais de lui pour ça, plus jeunes. Maintenant, je suis surtout contente qu’il y ait ça pour lui mettre des limites.

Je souris parce que tu ne mets pas d’objection pour le voyage de noces. Cool! Cela me fera plaisir de revenir là-bas aux racines. Je sais que Zac va emmener la famille là-bas. Je n’y suis pas allée depuis au moins cinq/six ans. «- D’y aller, avec toi, ça me fait très plaisir ouii. » Je caresse ton bras. Je te vois déteindre dans le village avec ton style. Je vois les nuits chaudes et humides dans une petite chambre. Parfait. Ce sera parfait. Toi chez moi.

Ce que je prévois n’est pas une folie. Mais ce sera fort c’est sûre. Je perd le fil quand tu es là à taquiner mon cou. Je pense plus qu’à l’envie d’être peau à peau. Ce besoin, si naturel, ancré, d’être dans tes bras. «- Mmm. Pour le hangar ? » Parce que je sais ce que va faire maman quand je lui dirais qu’on sera là au printemps. Bien sûr qu’elle va vouloir tout payer. Je plaque ma bouche sur la tienne. Je nous arrête et colle mon bassin contre le tient. «- Comme ça j’aurais mon plan de travail centrali. » Une fois qu’on se met à la cuisine, ça demande des moyens techniques, tu matos. La chaîne Youtube est un truc d’amateur. Mais ça m’occupe la tête.

Je descend caresser ta fesse droite, je la pince tendrement. Je t’embrasse encore, en passant ma main libre dans ta crinière. La route m’a fatiguée les muscles. Mais dès que je suis contre toi, tout s’envole. Telle le phoenix, je renais. Dingue. Je crie d’une chouette me fait battre le cœur. Mais je souris vite. Je reprends ta main. Jouant avec tes doigts. Je caresse la bague de fiançaille. «- Et j’ai décidé. Je fais le tatouage.. » J’ai attendu. Pour ça aussi, pour être sûre que mon idée soit une idée qui perdure dans le temps. Ça l'est. Je veux le faire avant le mariage. C’est une étape pour moi. «- Et je me referais bien le piercing au nombril... » La mutation d’Izaline Sanders continue. Jusqu’à ce que je devienne… Bryd.

A un croisement, je me tourne vers toi. «- On fait l’autre partie demain ? » Là maintenant, je nous vois bien devant ce feu de cheminée… à profiter.