Ca t’plait pas ces mecs sur le port. T’es en train de décharger un des bateaux de Rackham et t’as à l’œil des abrutis qui sont en train d’guetter la cargaison qui arrive et qui passe dans le hangar. T’sens arriver la merde. Premièrement parce qu’ils sont assez cons pour pas être discrets mais aussi parce qu’ils sont assez cons pour penser tirer des trucs au Pirate et ils vont finir coulés au fond d’la tamise. Bah ça donnera d’la bouffe aux poissons. Tu fais signe d’la tête aux mecs qui déchargent avec toi d’les tenir à l’œil alors qu’tu montes sur l’bateau pour récupérer ton téléphone. Rack n’est pas là, Banshee non plus car il gère un truc et t’préfères les prévenir quand même.

T’as à peine l’temps d’envoyer un premier sms que t’vois les mecs rentrer dans le hangar. T’fais signe à trois mecs d’venir avec toi et leur tombe d’ssus. Enfin t’laisses les gars de Rackham intervenir plutôt parce que tu t’connais, t’es pas capable de t’arrêter quand tu commences, c’est ce qui t’a envoyé en prison y’a quelques années. Autant intervenir qu’si vraiment y’a un soucis. Et ça tarde pas parce qu’les mecs sortent les couteaux. T’es blasé. Les cons… Z’auraient mieux fait d’se barrer. Tu restes à l’affut d’une merde et en vois un arriver derrière un d’tes collègues aussi tu bouges rapidement pour pouvoir intercepter le coup d’couteau, le prenant à sa place mais mieux vaut ton bras qu’son cou et tu files un coup d’poing au mec. Le crac que t’vas entendre annonce pas qu’du bon mais il est pas crevé au moins. Les autres ont d’la chance ils sont rapidement mis dans l’même état aussi t’as pas l’temps d’voir rouge.

Un par un vous les j’tez dans un coin du hangar avant d’attendre les ordres du chef et tu r’ssors de l’endroit pour finir d’décharger les deux caisses qui restent. C’est quand une douleur s’fait sentir à ton bras que tu t’rappelles que t’as pris un coup d’couteau, t’avais zappé ça sous l’adrénaline et tu bouges ton biceps, virant ton pull pour te r’trouver en tee-shirt à manche courte malgré l’temps frais pour regarder l’étendue des dégâts. Fais chier t’es bon pour des points et tu t’poses contre une caisse pour fumer une clope. Bon t’peux aller chercher l’Doc Hawkins ce s’ra le moins chiant car t’auras pas à justifier d’pourquoi t’as pris un coup d’couteau. T’en en train d’recracher ta fumée quand tu captes qu’on t’observe. « Quoi ? » T’fais d’un air peu amène au mec qui est pas loin d’toi, le matant sans t’en cacher d’ailleurs, c’pas comme si t’étais un mec discret d’toute façon.

T’hausses un sourcil quand il t’dit qu’tu peux aussi aller à l’hôpital pour t’faire soigner. Bien sur qu’non tu n’vas pas y aller. Il est pompier apparemment donc il s’doute bien d’la nature de ta blessure et t’as franchement pas une gueule à aller à l’hôpital pour ce genre de choses. Tu t’fais déjà bien assez emmerdé comme ça dès que tu fais un pas d’travers car t’es un ancien taulard et que tu l’caches pas. T’bouges un peu ton bras en regardant le sang couler. Il a raison tu peux pas laisser ça comme ça, ton corps c’est ton outil de travail et t’as besoin de ce taf au port pour bouffer donc tu n’peux pas te permettre de laisser ça s’infecter et puis ça t’ferait méchamment chier que ça te pourrisse ton tatouage en plus même si ça va forcément faire une ligne. ‘Chié.

« ‘Vont m’faire chier à l’hôpital. Toujours un truc pour emmerder comme j’suis un ancien taulard. » Appeler les flics, signaler le truc, etc… Bref que du bonheur. « Viens si t’veux jouer au boyscout alors. » Tu t’redresses pour lui faire signe d’te suivre vers une sorte d’algeco qui se trouve coincé entre deux hangars. C’est une salle d’repos comme y’en a plusieurs dans le port, ça permet d’prendre un peu d’temps entre deux déchargements et t’sais qu’il y a toujours d’quoi soigner dans ces petites pièces. De quoi dormir, de quoi bouffer, de quoi s’soigner. C’rare que t’utilises ces endroits comme tu préfères rentrer au hangar et veiller sur les meufs qui s’y trouvent mais c’bien pratique quand même.

T’fouilles dans les placards avant d’trouver une trousse de premiers soins un peu améliorée que t’jettes sur une table avec toute la grâce qui t’caractérise. « Café ? » Tu d’mandes en allant t’en chercher un histoire d’te réchauffer et d’lui en prendre un s’il en a envie. T’pas l’mec le plus cool de la terre mais t’es pas un connard fini. Enfin… Pas envers les gens qui veulent aider quoi. T’finis par t’installer sur le banc à côté d’lui en lui laissant ton bras pour qu’il puisse faire c’qu’il a à faire. « Moi c’est Cameron, tu peux m’appeler Cam’ » Comme tout le monde quoi. « Tu fous quoi sur le port ? » Parce que c’pas la zone la plus fun pour se balader quand même. Enfin y’a quelques petites boutiques dans le coin comme le disquaire ou divers garages mais voila. T’as envie d’cerner un peu l’bonhomme.

T’réagis pas vraiment à ce qu’il fait, pas que tu n’aies pas mal, tu sens très bien l’alcool en train de désinfecter ta plaie car ça brule mais c’est une douleur que tu connais. T’as jamais été un gentil garçon et les années de prison t’ont appris à encaisser la douleur. Comme il t’a pas répondu pour le café tu t’ramènes un mug et la carafe en verre en plus histoire d’te resservir et qu’il en prenne s’il en a envie. Il semble concentrer sur sa tâche. Bah au moins il t’fera pas de la merde t’vas pas t’en plaindre. Le port ? Calme ? Mouais. T’as pas l’impression mais t’es rarement en ville donc ça doit être pour ça. « L’armée ? Qu’est c’tu fous ici ? » Parce qu’avec le brexit il était certainement mieux à l’extérieur que tout coincé dans ce pays de merde mais bon il en avait ptete marre aussi. « Tu faisais quoi ? » S’il était dans les bureaux en effet ça change pas grand chose mais tu doutes qu’un mec des bureaux devienne pompier. Doc du coup ? A lui de répondre. Ou pas d’ailleurs, ça se voit que tu forces pas à la conversation, juste tu fais passer le temps en buvant aussi ton café.

« Oh non j’bois pas. Vas y j’survivrais. » Très mauvaise idée de te donner de l’alcool. Tu bois un verre de temps en temps comme ça mais t’es bien trop dangereux pour jouer à plus et c’n’est pas un verre qui va te faire oublier la douleur qui va venir quand il va planter c’te foutue aiguille dans ton bras. Connards de voleurs. T’espère bien que l’pirate va leur donner l’envie de ne plus jamais recommencer voir les couler dans le fond d’la tamise. Ca f’ra à bouffer aux poissons. Doit y avoir un nombre de corps dans cette flotte a force… Tu bois une nouvelle gorgée de café avant de poser la mug. On n’sait jamais. Un grondement de mécontentement assez rauque s’échappe de ta gorge quand il commence mais tu n’bouges pas et c’est pas cont’ lui, juste fallait que la douleur s’exprime. C’est fait, tu t’souviens de la sensation désagréable de cette merde, il peut continuer.

Tu l’regardes de nouveau quand il pose la question sur tes tatouages. « Ouais, des moments de ma vie ou des symboles dont j’ai besoin d’me souvenir. » Au cas où t’oublies. Là suffit de regarder ton corps et tu te rappelles les lignes d’conduite que tu t’es filé depuis que t’as fait d’la merde. « J’ai commencé par les bras, des petits avant d’attaquer du plus gros sur l’corps. » Tu r’montes un peu ton tee-shirt sur le devant pour dévoiler un bout de l’immense [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] que tu porte sur le ventre et le torse. « J’ai pareil dans le dos et aussi les jambes » T’as rien à cacher, t’aimes ton corps que tu continues de faire encrer au fil des années. T’portes même des piercing désormais, rajouts de la dernière année. « T’en as ? » Tu d’mandes en l’détaillant du regard sans te gêner.

T’l’observes alors qu’il répond avec franchise à tes questions. T’aimes les gens francs c’est une bonne chose, ça te permet de te « détendre » lorsqu’il te soigne. Tu sens qu’il est vraiment juste là pour jouer au boyscout, y’a pas de trucs cachés donc ok, tu veux bien le laisser faire. Puis si ça te permet de ne pas pourrir tes tatouages t’vas pas cracher sur de l’aide. « Ouais j’vois. Sang froid tout ça. » Parce qu’il faut pas être la moitié d’un pour faire le taf d’assassin. Genre faut pas être toi, t’es sanguin et c’est c’qui t’as foutu en prison pendant plusieurs années. Aujourd’hui t’as assez vieilli pour te dire qu’il vaut mieux te tenir loin des emmerdes et des bagarres car tu te connais mais plus jeune tes poings ont frappé jusqu’à tuer. T’es pas capable de t’arrêter quand le sang coule, tu le sais. Dans l’armée t’aurais été simple soldat, chair à canon car t’es solide. Tu t’déprécies pas t’es juste conscient d’tes qualités et d’tes défauts.

T’grondes sous la douleur mais tu t’laisses faire, faut le temps que ton esprit se souvienne de c’que ça fait et surtout t’bouges pas. La conversation s’fait naturellement. Enfin… Autant qu’ça peut l’être de ton côté, t’es pas un grand causant mais quand ça parle de trucs que t’aimes c’est jouable. Tu le laisses finir les points et soulèves ton tee-shirt pour montrer au moins ton ventre. T’en as partout à vrai dire donc t’montres juste le plus facile. « J’connais une tatoueuse vraiment cool s’tu veux. Et canon aussi faut bien l’avouer. Souvent elle r’couvre les cicatrices. » T’sais pas si c’est son envie mais au cas où t’peux toujours lui filer l’adresse. Ca fera des sous en plus à une pote et elle fait vraiment du bon boulot. Ton corps en est la preuve quoi.

T’bouges le bras pour vérifier que ça te gène pas car c’est pas parce que t’es blessé que t’vas arrêter de bosser et ton corps c’est ton outil. Tu t’remets mieux sur l’banc aussi comme t’préfères être à cheval dessus pour parler aux gens. « Ok merci, j’note. » T’as pas d’intérêt à n’pas l’écouter comme t’as enfin un travail stable grâce au pirate et t’as pas envie d’le perdre parce que t’as pas pris soin de ton bras. Pour une fois qu’un mec s’en branle de ton casier et accepte de t’faire confiance... Le papier est mis dans ta poche d’pantalon pour n’pas le perdre, tu l’mettras dans ton téléphone plus tard et tu r’prends ton café en l’observant, l’regardant d’nouveau des pieds à la tête. « Tu m’dragues ? » T’es cash, pas du genre à trop tourner autour du pot. La délicatesse n’est pas ton fort, les sous entendus pas vraiment non plus même si t’as appris à les entendre avec Darla. T’attrapes le bord d’son fute pour l’attirer cont’toi comme t’es assis d’côté. Oh tu l’coinces pas il peut s’échapper sans soucis. Par contre s’il bouge pas ta main se pose sur ses reins.