’Tion ça va péter !
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_ J’y vais. J’enclenche la poignée pour ouvrir la portière. Je bondit en marche. Il va garer l’ambulance alors que je marche derrière pour venir ouvrir les portières arrières. J’attrape la base en métal de la civière et la tire vers moi. Elle grince pas mal. On a perdu les agents techniciens la dernière année. Ça se ressent sur l’entretien du matos. Y a plus personne pour gérer ça. Il faudrait que je mette un petit coup d’huile.

Je descend la civière pendant que Ben prend la trousse de soin. On n’a pas eu beaucoup d’informations. Une fuite de gaz. Ça arrive souvent à cette période de l’année. La pluie qui augmente et qui s’infiltre dans les murs. Elle va jusqu’à la plomberie. A force sa abîme les gaine, le métale, et hop ça fait de la merde. Londres a deux visages. Mais ça ils s’en foutent les politicars.

Ah tiens. Je connais cette voix! L’unité de Sullivan est sur le coup. Cool. Ca fait partie des équipes que je connais le plus à force. Celle où est le frérot de Lydia. Les gars sont efficaces. Je lance un coup d'œil par-dessus mon épaule. Je vois Lonan, le géant qui passe par là. Je lui fais un signe du menton. J’aimerais bien voir Mishall aussi. J’avance en avant-garde pour aller récolter les infos et savoir comment on s’organise. Et voilà que je tombe sur lui ! Bah nickel ! Je pose ma main sur son épaule pour la presser avec énergie.

_ S’lut ! Tu me fais le topo ? L’odeur dans l’air me donne déjà un indicateur. Je vois au loin l’équipe qui avance pour ouvrir les grilles et qu’on puisse entrer dans l’enceinte du hangar. Ça a l’air d’être encore l’un de ces foutus dépôts transformés en logements de fortune. Je grogne dans ma barbe. Des conditions de vie pourries et on risque sa vie à tout moment. Pourraient faire des logements au lieu de rénover les façades des églises. J’inspire un bon coup en lui libérant l’épaule.

Je passe entre les gars pour passer la grille et aller à la rencontre des civiles. Je presse le pas en voyant qu’une vieille dame marche de façon désordonnée en cherchant visiblement de l’air. Elle a tous les signes d’une intoxication. Je lâche la civière pour arriver plus vite et la retenir par un de ses bras. J’essaye d’être ferme sans pour autant lui déboiter son épaule. Je commence à l’orienter pour avancer lentement vers la sortie. On y va pas à pas.

Je lève les yeux vers les collègues pompiers.

_ Faites gaffe. Mon avis y a pas que du gaz. Je vois Mish et je lui gueule : File moi une couverture chauffante. D’un coup de menton je lui désigne la civière à mis chemin entre nous. Il sera plus rapide que nous pour l’atteindre. Je sens que la petite dame grelotte à mon bras.

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Mishall McRory & Sean Milligan
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Mishall a l’air en forme en tous les cas. Ça fait un bout de temps qu’on ne s’est pas revu. En même temps cette année de M**** est passée à une vitesse intersidérale. Vraiment pas eu le temps de se retourner et les gens pensent à leurs cadeaux de noël. Ça passe de plus en plus vite.

_ La troisième en quinze jours. J’informe Mishall. Je constate désabusé sur le coup. Ce n’est pas comme si ce problème était nouveau. Ou même qu’il soit inconnu des autorités. Il y a eu des courriers faits au Maire l’an dernier. Je le sais parce que je venais d’entrer dans le syndic et que j’ai été mis direct sur le dossier. On a fait tout ce qu’on pouvait. Mais le dossier a été mis sous la pile comme on dit. Cette administration est corrompue. Jusqu’à la moelle. On ne me le retire pas de la tête. Je suis sûre qu’il y en a qui ont des preuves. Tu verras que le jour où ça touchera un bâtiment municipal ils feront quelque-chose. On peut me taxer de faire du mauvais esprit. Parce que je suis un Irish tout ça, tout ça. Mais rien à foutre en fait. Parce que c’est juste une réalité. Une réalité concrète que l’on subit dans nos jobs.

Ben débarque derrière moi au moment où on s’occupe de la vieille femme. Je lui fais un signe de silence qu’on puisse entendre la transmission des collègues de Mishall.

_ Okay. On va faire ça. Ben ? Le camarade fait un signe de compréhension du chef. Ça fait un peu plus d’un an qu’on est dans la même équipe. Y a des codes. Franchement ça simplifie le taff. Il propose son bras à la première victime, pour l’escorter plus loin. Ben c’est un doux. Souvent je lui dis qu’il serait mieux de s'occuper des vieux en maison de retraite. Il dit qu’il aime le terrain. On manque tellement de gars en même temps… Je ne vais pas non plus le décourager à rester.

L’équipe de secours est en train de monter un espace de soin d’urgence à l’arrière. Pas sûre qu’on ait assez de bombes à oxygène à ce rythme. J’attrape le talki pour prévenir la base.

_ Amiante. On est dans une zone laissée à l’abandon. J’entends les cris des mecs qui organisent derrière. On va être bon. Je file chercher le brancard au pas de course. Je le sors en vitesse TGV et je reviens en pôle position pour réceptionner la gamine. L’air glacé me passe dans les poumons. Je sens ma gorge qui proteste à mort. Les tisanes de la voisine ne font pas grand effet sur tout ça. En même temps, pas moyen de trouver un créneau pour aller voir Liam. Je vais devoir aller faire l’aumône chez les filles du service 4. On n’est vraiment les plus mal lotis en termes de soins. C’est quand même ouf.

Je fais rouler le brancard en direction du camarade qui porte la gamine. Je souris à Mishall sur les quelques pas.

_ Alors ? Fêtes en famille ? Taper la conversation dans l'intervalle de l’action ça peut paraître léger. C’est une habitude de garder du terrain. Quand on est en mission et qu’on attend de voir les bombes péter, les sujets à la con, ça aide à garder un pied dans le monde des vivants. C’est comme ça. En plus, je connais les MacRory. On peut même dire que je les ai très bien connus à une époque. Donc normal que je m'intéresse à la petite famille.

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Mishall McRory & Sean Miligan
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Je m’intèresse pas plus que ça aux questions de l'Amiante. C’est juste que ce sujet retombe souvent sur la table pendant les Instances. Je ne connais pas les dossiers historiques. Mais ça date des bombardements. Londres détruite l’a bien fallu rebâtir. Les mecs ont fait ça dans l’urgence. Ils ont fait avec ce qu’ils avaient en stock. C’est à dire pas grand chose à cette époque. On aura sûrement un moment pour parler de tout ça plus en profondeur.

Une fois que la jeune demoiselle est étendue sur le brancard, je la recouvre d’une couverture chauffante.

_ Salut jeune fille. On n'emmène, tu n’as rien à craindre. Les chances pour qu’elle entende ce que je lui raconte sont minces. Mais, faut le faire. Une partie du cerveau reste active, même quand on est dans un état second. Elle ne réagit pas. Je n’en dis pas plus. On la déplace vite. J’écoute la réponse de Mish. Je ne suis pas surpris. Ils sont comme nous. L’esprit de famille, le groupe, la troupe. Je lui rends un sourire, pendant un instant, à Lydia. La belle Lydia qui est visiblement en train de devenir une super auto entrepreneuse. Nice.

Je pourrais lancer la petite phrase : “passe mon bonjour”. Ceci dit, ce n’est pas possible. Ils ne savent pas que je suis sur Londres. Je ne leur ai pas dit que je suis de retour. La seule que ça concernerait c’est Lily. Mais, elle a refait sa vie. Normal. Ca ne servirait à rien que je ressurgisse dedans. Je crois même que ça ferait plus de mal que de bien. Et une chose est sûre c’est que je lui veut que du bien à cette nana. Ça reste celle que j’ai failli demander en mariage. Quand on y pense…

“ _ Bah, la même haha! ” Les Milligan, les compatriotes, les potes. On va se faire un bon gros gueuleton. La musique traditionnelle pour faire danser la maman. La bière qui va couler à flot. Une bonne soirée en perspective. Enfin, c’est ce qui est écrit. Maintenant, je sais que y a quand même une proba’ pour que je sois absent. Je n’ai pas de gosse à charge. Donc, je suis le préposé pour les cas d’urgence. Ceci dit, ça me fait penser à un truc. “ On fait un concert avec le groupe le 30! Si ça te tente!” Je porte la petite pour la déposer sur un lit d’appoint.

“ _ Tu vas participer au match interpr...” Ma voix est couverte par une énorme détonation. Il me faut une seconde pour comprendre pourquoi on entend ça. Je siffle pour attirer l’attention de Ben: “ MASQUES ! ” Le mec fait un signe positif. La fumée monte du bâtiment. L’odeur est dégueulasse. C’est une putain de réaction en chaîne ça. Fait chier. Je fais signe à Mish que je vais vers l’avant. A lui de voir ce qu’il veut faire. Vrai que j’ai l’avantage de mon expérience du Service. Ce n’est pas ça qui va m’empêcher de réagir. Bordel de Dieu. J’espère que les habitants étaient tous sortis.

Je chope le masque que Ben me tend sur la droite. Il en propose un au pompier. Je passe le mien sur ma gueule. Je m’habitue à la vision obstruée par la matière. Okay. On avance à côté des autres. Pas d’électricité bien sûr. On y va aux lampes frontales. Les raies de lumières peinnent à percer le noir et le brouillard.

“ _ Les gars, doucement. Personne joue les héros ok. Je veux pas d’enterrement avant Noël. ”

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Mishall McRory & Sean Miligan
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Tout à coup c’est comme un retour aux sources. Mish n’a pas été mon camarade sur le terrain. Nous n’avons pas fait nos classes les mêmes années. Il est plus jeune. Je suis tombé avec sa sœur. Lydia, seule femme de notre bataillon. Ils viennent tous les deux d’une famille de militaires. Les McRory sont connus. Y a pas à dire, ça se sent, quand quelqu’un a baigné dedans toute sa vie. Le socle des valeurs est plus solide. Un esprit collectif naturel. Et surtout une bonne maîtrise face à l’imprévu. J’aurais aimé qu’on bosse ensemble aussi tous les deux. On aurait pu en faire des ravages.

_ Vous avez entendu McRory. Prudence les gars. La lampe frontale apporte un éclairage minimaliste. Je vois les fuseaux lumineux des mecs qui passent et repassent contre les murs. Il n’y a pas beaucoup de bruits ici. On se fait pour mieux entendre les “réactions” de la bâtisse. S’il y a eu une implosion, rien ne nous dit que ça ne va pas recommencer.

_ Les tech’ de la ville sont là. Sean. Ben n’est pas loin derrière. Sa voix résonne clairement dans le talki. Je prend note de l’info. Pour une fois, le Maire a été assez réactif. Mais si les politiques sont en train de mettre le branle-bas-de-combat, ça veut aussi dire qu’on va avoir les médias sur le dos. Ça me va beaucoup moins.

_ Le concierge doit en avoir une. Il doit être dehors. Ouais. T’as raison. J’attrape le talki. Je me mets sur le canal central. Ainsi ma question sera entendue par les urgences et les pompiers. Voyez avec le Concierge s’il a accès à la liste des présents. La tonalité sonne dans le vide. Cinq secondes plus tard, un gars répond qu’il est sur le coup. Okay. Je fais signe à Mishal. On devrait avoir les noms dans quelques minutes. Mais d’ici là…

Je suis obsédé par un son léger. Je l’entend depuis qu’on est à l’intérieur. Je n’arrive pas à déterminer ce que c’est. Mais je suis sûre à cent pour cent de l’avoir entendu. Ne pas savoir me tend les nerfs. Un soldat qui ne sait pas quelle forme exacte va prendre le danger est toujours tendu. Je me fis à mon oreille. J’avance pas à pas. Je me rends compte que ça vient d’un des murs d’enceinte.

_ A COUVERT! Au même moment, je vois le tuyau de canalisation vibrer. Il y a une jonction qui pète sous la pression. Le tuyau se décroche en partie du mur. Un jet d’air brûlant fuse du trou. Je vois qu’un des pompiers est dans la trajectoire. Je m’élance comme quand je fais une prise pendant un des matchs de foot. Je le prends par la taille pour le faire dévier. Je nous balance tous les deux sur le côté. La chute est un peu rude. Je sens que mon coude gauche n’aime pas du tout. Boarf.

Le jet continu à fuser.

_ Grrrr. On est dans une vraie cocotte-minute. On se dépêche! Je me redresse et je tends une main fraternelle au camarade de mission. Une fois qu’on est debouts tous les deux je vérifie que tout le monde va bien. On est reparti pour continuer l’inspection du lieu. Ma tension a monté d’un nouveau cran.

_ Ici! Aidez-nous ! Je me fige. Ca c'est une voix de vieil homme. Je cherche la provenance de l’appel à l’aide. Je fais signe au gars de lever sa lampe. Punaise on ne voit rien ici. L’air est plus dense. Je ne suis pas tranquille.

_ Je crois que ça vient de part là... Je désigne une porte dans le fond de la salle sur la gauche. Elle donne probablement sur un couloir. Je regarde par dessus mon épaule. Je fais alors un signe à Mishal pour qu’il vienne avec moi pour vérifier. L’une des règles d’or pour un sauvetage: toujours se déplacer à plusieurs.

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Je lui fait signe de se taire. Ce qu’il fait tout de suite, lui aussi par réflexe. On se retrouve avec l’oreille aux aguets pour entendre le moindre son, le moindre indicateur d’une présence humaine dans les parages. Je suis confiant avec McRory à mes côtés. Je sais qu’il couvrira mes arrières. Je fais donc un signalement radio à Ben pour qu’il sache qu’on s’aventure plus en profondeur dans le bâtiment. Il faut toujours que quelqu’un sache où on va. Comme ça on est sûre d’être retrouvés. Normalement.

_ Nan… Avec le gaz c’est de la purée. Je plisse des yeux. Mais la vue est vraiment mauvaise. Peut être qu’en mettant la lampe frontale à fond ça va faire un truc. Je tente. Mouais. Pas beaucoup mieux. On n’a pas non plus du matos de compète...

J’enjambe une plaque de métal qui est dans le passage. Je vois d’où elle vient de tomber. Le mur là, juste là. je ne suis pas physicien. Mais je vois bien. Ce n’est pas bon signe ça. La structure est en train de se disloquer. Etant donné la vieillesse du machin, pas sûre que ça tienne longtemps. A mon avis, ils vont devoir fermer. Je fais volte-face pour viser la zone indiquée par Mishall. Ouais. Moi aussi je vois du mouvement…

_ Bah écoute on va prier Saint Luc pour que ça passe. On ne peut pas laisser ce type là. Pas que je sois particulièrement avec la foi. Je ne crois pas trop à la trinité et tout ce qui va avec. Mais, ceci dit, ça fait pas de mal de focaliser sa chance sur un truc. Un saint patron, un symbole, le nom d’une plante, on s’en fout. L’idée c’est de se concentrer. T’y vas doucement, ok. Je lui lance un regard autoritaire. Ta mère me maudit déjà assez comme ça. Je le dis pour moi. Je sais le mal que j’ai fait aux MacRory. Même si je ne l’ai jamais voulu… Bah c’est un fait.

_ Punaise… ça va péter. Je le sens.

On entend à nouveau les tuyaux qui grondent. J’aime pas ça. Je reste devant comme d' habitude. J’essaye de faire un tour des décombres. Mais impossible. On ne peut pas voir ce qu’il y a après le bloc. Va falloir faire sans. Je m’approche avec précaution. J’essaye de retirer des petits blocs pour que le pauvre gars puisse un peu nous voir. Il a l’air encore bien conscient. Ça c'est bien. Je vois du sang au niveau de sa jambe écrasée. Ca par contre… On est là monsieur. Je regarde la façon dont les blocs se sont positionnés. Je recule en marmonné. Je suis à chier au micado. Je dis en privé à Mish. Pas question de faire fliper le pauvre mec coincé. C’est une façon de gérer la pression.

Bon, on a peut être une petite chance de réussir. Si on arrive à tirer le gars pendant que l’autre soulève la pierre.

_ Vas-y tu préfères quoi ? Le mec ou le cailloux ? Je le laisse choisir. Je me rapproche de nouveau du gars pour lui expliquer ce qui va se passer. Il faut leur dire. Quand ils savent qu'ils ne paniquent pas et ils participent. Je n’arrête pas de le dire aux stagiaires. Monsieur on va soulever la pierre et vous dégager. Ça va vous faire mal. Mais on doit vous bouger. Serrez les dents! Allez. A trois. UN. DEUX…

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Au moment où la pierre est soulevée, je tire l’homme par le torse. Le plus rapidement que je le peux. L’aspect périlleux du sol sonné l’alarme dans un coin de ma tête. Mais, on doit bien dégager cette jambe. Je sens mon talon gauche qui but contre un cailloux. Heureusement, pas de perte d’équilibre. La jambe est à l’air libre. Yes! Comme je dis, bonne dynamique avec les McRory. C’est con que Lydia et moi on n’aient pas continué me dis-je.

Je vise le pantalon avec la lampe frontale pour vérifier. Sans étonnement, le membre est cassé. Le tibias ressort. Moche mais au moins la cassure est propre. Un plâtre pendant quelques semaines et ça devrait aller. Je viens à la hauteur, plaquant la trousse contre mon ventre pour choper une seringue d’anti douleur.

Mais pas le temps! Okay. Okay!

_ Je vais vous aider à vous lever M. Je le prends et le lève d’un coup sec. Rien d’agréable. Mais vu ce qui vient de se passer, pas le temps de ménager. Ca va ? Je demande au pompier. Je vois bien qu’il vient de douiller. Je lui fait signe de soutenir le mec sur la gauche.

La civière est restée dans la première salle. On n’a pas. On ne peut pas le porter sur un terrain pareil. Meilleure chance de casser des chevilles. ce sera marche forcée. Le blessé sera un héros. Ça peut le faire. Une fois qu’on est tous les trois dans un équilibre, je lance le pas. Le vieux grogne de douleur. Courage monsieur. J’entends que ça siffle dans notre dos. J’ai l’impression que les chiens de l’enfer sont sur nos traces.

_ Faut qu’on avance plus vite. Désolé. Simple avertissement avant que je passe à une cadence plus soutenue. Cette fois je donne un coup d’épaule dans la porte. Pas le temps. Le grincement me fait gronder. Heureusement, on a le temps de passer. Juste mais alors, juste à temps. Comme dans un film catastrophe, un gravat tombe derrière nous. Chaud. Je sens que le type panique. Je le comprends. Ca va aller. Pensée magique.

On avance dans le sas avant la grande salle. Je sens mes muscles qui travaillent. Le blessé perd en énergie et peut moins de soutenir. Hum. Je lance un regard vers Mish pour voir comment ça se passe de son côté. J’accèlére encore le pas un peu plus. Je sais que je nous en demande beaucoup là. Mais plus vite on atteint la zone centrale et plus vite on atteint les renforts. Dès que l’on est sur le seuil je gueule: BLESSÉ ! RENFORT! Je vois deux ombres qui ralentissent plus loin. Ca va le faire. Pensée magique.

La sueur de mon front fait un peu glisser mes lunettes de protection. Je souffle pour réguler mon oxygène. Je vois un mec et une civière qui se dessinent dans les vapeurs. Je fais signe à Mishall. On peut poser le pauvre gars sur la civière. Alors que ça explose dans la salle d’à côté. Réflexe, je me mets par dessus le blessé. Ce coup ci c’était pas loin. Je remarque sur le ton de la conversation pour détendre l’inconnu.

Je fais signe à Mishall de prendre la civière avec le collègue. Moi je surveille leurs arrières. On avance avec un compte à rebours en tête. Je surveille notre arrière avec angoisse. Un sinistre son se fait entendre, un souffle d’enfer. A peine le temps de pousser que les projectiles partent des murs. Je sens mon mollet gauche qui s’enflamme.

L’adrénaline aide pas mal dans ces cas là hein. Je reste en protection… tant que possible jusqu’à ce que l’équipe extérieure prenne le relais. Je sens un bras qui vient me tirer.

Ah. Tiens ? On est dehors. Maintenant la douleur remonte dans mes nerfs. LA VACHE !!! Aoutch!!

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Mishall McRory & Sean Miligan
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Je pose une main sur l’épaule valide de camarade MCRory. On fait une belle paire, entre son bras et mon mollet. Elle nous a bien eu cette coupure de gaz de mes deux. Mais, bon, comme je dis. C’est le métier qui rentre. J’essaye de ne pas trop m’appuyer sur toi. Parce que tu pisses le sang mon gars. Pas envie que Rosalee me tue! Ou ta soeur…

On claudique bon grès mal grès. Jusqu’à ce que Ben débarque sur ta droite pour te prendre par la hanche et t’aider davantage encore.

BEN _ Vous avez été excellent là-dessous! Je ne suis pas convaincu par ça. Enfin, on a pu sortir le pauvre gars des gravas. C’est déjà un bon point dans ce merdier.

_ Ca mon gars! On n’a rien volé. Je sais qu’on passe à côté d’une prime de fin d’année. Trois ans qu’on nous passe le couplet de la nécessité publique. Les restrictions pour payer les besoins en sécurité. Vraiment, ça coûte cher de mettre des caméras partout. On va devenir une ville cybernétique. Je le sais, je le sens. Je ne suis pas le seul à le voir.

_ Tant mieux! Ben prend les devants pour soulever la toile de tente. Il y a trois paires d’yeux qui se posent sur nous. Une jeune femme arrive tout de suite vers nous. Je crois que je l’ai déjà croisé sur le terrain celle-ci. Une sympa. Tant mieux. Je me tourne vers toi à la question. Moi, avouer que j’ai mal ? Non. Mais, jamais. C’est une question d’honneur !! Alors, je souris franchement. Toi aussi, t’es le héro! On a géré! Tu sais quoi faudrait vraiment qu’on arrive à bosser plus souvent ensemble. Ce n’est pas toi ou moins qui sommes en charge des planning. On ne peut pas faire la demande de bosser avec son pote. C’est plutôt l’inverse. Ils s’évertuent à séparer les groupes qui fraternisent. Il ne faudrait pas qu’on s’amuse pendant le travail! Mazette !

On nous pose sur des lits de fortune pour faire les soins primaires. Il y en a une qui vient devant toi pour te demander de virer ton t-shirt. Je ris sous cape, quand je vois les yeux de la jeune femme qui glissenr sur tes tablettes de chocolat. Bah, ouais, pas pour rien que vous faites des calendriers personnalisés les gars. Moi, je tombe sur le grand chauve aux épaules carrées. Il a un petit bouc et un percing au nez. Je me retiens aussi de rire.

_ Mishall ? On se fait une promesse là maintenant ? 2026 ! On se trouve un week-end pour aller se faire une big randonnée. Deal ? Le mec me force à m’étendre. Il me vire mon pantalon. Me voilà qui me retrouve en caleçon sous la tente. Heureusement que je ne suis pas pudique pour un sous!! Quel caleçon j’ai mis ce matin déjà ? Ah. Ouais. Celui de Barman. Bon bah hein rien à faire. DC Power les gars. Je lance un regard incertain à mon soignant. Il attrape un bidon de désinfectant et me l’applique sur la plaie sanglante. La brûlure me prend par surprise. J’en lâche un mega juron de la mort.

_ Punaise ! Mec! J’essaye de ne pas contracter ma jambe trop fort. PLus qu’à espérer qu’il n’y ait pas besoin de passer par l'aiguille ! Tu parles de héros.

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