Le véhicule blindé était garé dans un parking souterrain. Ils se trouvaient, à quelques rues, du lieu de rendez-vous. Une prudence plus que nécessaire, au regard des événements survenus avant l’hiver. Les menaces contre la Tête du Réseau continuent. L’enquête n’ouvrait toujours pas de piste sérieuses. Eirik ne voulait prendre aucun risque concernant la sécurité de ses proches. Il n’avait pas pu revoir Lydia, depuis près d’une année. Leurs rares communications lui indiquait que la jeune femme se portait bien. Cependant, il devait la rencontrer pour lui dire certaines choses, au cas où il disparaîtrait.

Et il était heureux à l’idée de la revoir. Quant bien même la situation n’était pas la plus idéale:
« Mmmm. Très bien. Allez faire un tour Hector. Je tiens à la voir seul. » La portière se refermait sur le vieil homme.

Le vent soufflait aujourd’hui. Mais pour le Norvégien ce n’était guère plus qu’une bise. Il respirait à pleins poumons l’air froid de fin de matinée. Il éprouvait alors la nostalgie d’un homme déraciné. Il n’avait pas mis un pied sur son île adorée depuis près de dix ans. Il commençait à se demander s’il arriverait à voir son village natal avant la fin. Pourtant, qu’il lui aurait été plaisant d’entendre le chant d’amour des loups une dernière fois.

Un [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] se matérialisait sur la droite:
« Bien Monsieur.» Walsh n’avait pas à négocier. Cela faisait un moment que le Directeur rêvait de ce rendez-vous. Il n’y renoncerait pas. Au fond, l’Irlandais comprenait très bien la volonté du patron. Il respectait ce besoin de “dire au revoir à la chair de sa chair. Aussi attendait-il qu’Odin soit au pied de l’immeuble avant d’aller se trouver un bon spot de surveillance.

Le ciel gris se chargeait de blanc. Quelques flocons timorés s’évadaient enfin:
« Pile à l’heure. » Le commentaire était fait dans un rire. Les flocons tombaient doucement sur le couvre-chef. Eirik attendait que la porte soit ouverte de l’intérieur pour la pousser. Il entrait et claquait la porte dans son dos. Ses yeux délavés se posaient sur l’escalier. Voilà qui allait lui faire faire un petit peu de sport. Eliott assurait la prise sur ses paquets avant de commencer l’escalade. Il montait lentement pour ne pas faire de faux mouvements. L'ascension lui donnait un peu chaud et le faisait souffler d’effort. Mais il n’en avait cure, trop heureux de se rendre auprès de l’un de ses enfants.

Il effleurait le seuil d’un palier en travaux. Il se demandait, s’il devait s’arrêter là ou bien poursuivre la montée. Une flambée de cheveux roux apparaissait pile à ce moment dans son champ de vision. Lydia ressemblait de plus en plus à Rosalee se disait-il avec un vif élan de tendresse. Un sourire heureux et paternel lui montait à la bouche.:
« Bonjour ! » Il venait à sa rencontre. Il ôtait son chapeau poudré pour dévoiler son visage ravi. Il profitait qu’il n’y ait aucune surveillance pour embrasser cette belle enfant. « Mmm. Bonne année ma chérie. » Eliott se reculait ensuite pour pouvoir l’observer de toute sa splendeur. Il avait un regard réchauffé par la fierté paternelle. « Comme tu es belle. Chaque fois plus belle. Je suis content de te voir. Enfin. Où allons-nous, dis-moi ? Que je me déleste de tout cela et te pose les milles questions qui me taraude depuis le temps. » Il lui caressait la joue avec douceur malgré son gant de cuir. Bien trop heureux de la voir en chair et en os. C’était une joie sans égale que de pouvoir assister à la floraison d’une jeune fleur de feu comme elle. Il en éprouvait une pudique reconnaissance envers les dieux du Nord.

 

Aujourd'hui était un jour un peu particulier. Finn était à l'école, Dorian était partie travaillé tu ne sais où et tu ne lui avais pas demandé. Tant qu'il était joignable par téléphone c'était tout ce qui t'importait. Tu avais fait des courses la veille. Tu voulais recevoir ton père dans les meilleures conditions qui soient. Tu ne l'avais pas vu depuis la boulangerie... Cela remonte. Il avait enchaîné mauvaise grippe, toux et smog. Il n'était plus tout jeune. Et cela t'attristait d'autant plus que tu ne le voyais jamais vraiment. Mais tu avais des choses à lui dire. Alors tu avais pris son dessert préféré, son thé préféré et tu avais été chercher dans tes cartons ton ensemble à thé des grands jours.

Tu lui avais donné ta nouvelle adresse, tu n'as jamais arrêté de communiquer avec lui. Tu lui rendais service aussi souvent que tu le pouvais. Et le tout, sans jamais avoir rien dit à ta propre famille. Ta mère et tes frères ignoraient que tu avais retrouvé ton père à l'âge de quinze ans et que tu le voyais dès que tu le pouvais. Tu avais rangé un peu, non pas que l'appartement soit sale ou en désordre. Mais tu tenais à donner une bonne image à ton père. Et à l'heure dite tu es prête. Habillée d'un jeans de coupe droite et d'un chandail couleur crème. Tu avais laissé ta crinière détachée, préférant les avoir longs quand tu n'es pas au travail.

Tu entends des bruits dans l'escalier extérieur. Surement ton père. Il est toujours d'une ponctualité irréprochable. " Bonjour Papa. Bonne année à toi et la santé surtout!" Tu le prends dans tes bras et le serres contre toi. Tu poses ta joue dans sa main, appréciant la caresse paternelle. " Tu as pris l'escalier? Je vais te donner une clé pour l'ascenseur comme ça tu n'auras plus à les monter. Viens entrons avant que tu n'attrapes froid." Tu l'entraînes à l'intérieur, ne voulant pas qu'il attrape froid. " Je t'emmène dans l'appartement que je partage avec mon ami Dorian et son neveu. C'est en attendant de finir les travaux. Tiens viens installe toi dans le canapé, j'ai fait le thé que tu aimes bien et je t'ai pris ton dessert préféré. Donne moi ton manteau et ton joli chapeau. "

Tu prends ses affaires, les ranges au porte-manteau. Puis tu vas chercher le service à thé avec la théière fumante et le dessert. Tu viens t'installer à ses côtés. " Alors dis moi papa comment tu vas? Tu tousses encore? Tes poumons se portent mieux? " Tu t'inquiètes vraiment pour lui.

L’escalier n’était pas trop raide. Mais le bras de la jeune femme n’était pas de trop dans l’effort.:
« Un ascenseur est une bonne idée ma chérie. Une très bonne idée pour les personnes qui ont des vieux os comme moi. » Le commentaire était fait avec une petite pointe d’humour.

Considérant son âge et son parcours, M. Eirik était un homme de bonne constitution. Cependant, l’excessive attention de sa fille n’était pas sans raison. Car le Smog avait révélé chez lui comme chez tant d’autres une faiblesse pulmonaire. Il allait devoir faire des examens. Il avait accès, via le Réseau, aux meilleurs praticiens. Il savait d’expérience que le corps humain était le plus grand défi scientifique de l’Humanité. Sa propre femme s’en était allée parce qu’ils n’avaient pas su la soigner à temps. Eliott se faisait donc philosophe.

Les effets du viel homme étaient confiés en toute confiance. Il verrait un peu plus tard pour donner son présent.:
« Eh bien tu m'accueilles comme un roi. » Il s’enfonçait doucement dans le canapé, pour en appréhender la profondeur. Celle-ci était trop importante pour son dos. Il pris donc un coussin pour améliorer le confort. Il pouvait ainsi contempler son rayon de soleil qui leur apportait le thé. Cette charmante vision ne manquait pas de lui rappeler Rosalee. La belle Rosalee pour qui il s’était épris. Une femme mariée dont il était tombé amoureux.

C’était une question logique. Le Norvégien comprenait cette angoisse. Il devait la rassurer.:
« Je tousse beaucoup moins chérie. Ne t’en fais donc pas. Les médecins me surveillent. Ils sont plutôt contents de moi car je suis sage. » Une partie du personnel du Rosewood connaissait les soucis de santé du Directeur. Ces personnes étaient là pour veiller à ce que tout se passe bien. Elles étaient très zélées dans leur mission. « Il faudrait que je sois dans une région plus tempérée.» Eliott prenait la tasse offerte. Il pouvait humer les fragrances du thé. Un sourire de gourmandise trahissait son petit plaisir. Lydia et lui partageaient ce goût des bonnes choses. « Je partirais pour Madrid bientôt. Certainement au début du printemps. » Les Hôtels Particuliers étaient nombreux. Ils étaient tous interconnectés. Cependant ce n’était qu’en étant sur place que le Directeur pouvait réellement connaître les situations. Aussi faisait-il le tour du monde, perpétuellement, depuis une trentaine d'années. Cette période à Londres avait été une entorse. Mais, les choses devaient rentrer dans l’ordre à présent. « Ce sera une occasion pour que tu découvres l’Espagne. Si tu le souhaites. »

Deux petites gorgées de thé pour réchauffer le corps et l’esprit.:
« Et qu’en est-il de toi ? Tu m’as l’air bien en forme. Est-ce que tu l’es ? Est-ce que tout va bien ma fille ? » Vivre dans un lieu en travaux n’était pas confortable. Pour autant Eirik croyait en l’autonomie de cette jeune femme. Il lui faisait entièrement confiance pour faire ses choix. Ce qui ne l’empêcherait pas de se montrer le plus paternel et attentionné des hommes avec elle. Il n’avait pas participé à son éducation. Mais, une partie de lui, se sentait une responsabilité envers elle. Ce qui était encore plus vrai en cette étrange période.

 

Tu sais que ton père biologique est une force de la nature, mais toute force de la nature qu'il soit , il est lui aussi soumis au passage érodant du temps. Tu le constates un peu plus chaque jour où tu le vois. Encore plus quand tu passes un temps considérable sans le voir. Tu ne lui as jamais présenté personne. En même temps tu n'as jamais réellement eu de relation sérieuse depuis la fin de l'armée. Sauf Dorian... Mais c'était encore autre chose.

Tu lui apportes thé et gâteaux. Tu es rassurée d'entendre qu'il va mieux en lui servant un thé fumant. " Tu as pensé à aller faire un tour dans le sud de la France? Vers Nice ou Menton? Ce sont des belles stations balnéaires. Il y fait beau l'hiver. Le temps y est un peu plus sec." Tu es sûre que cela lui ferait le plus grand bien de prendre un peu de vacances.

" Madrid est une belle ville quoi que trop touristique à mon goût. je lui préfère les petites villes d'Andalousie. " Tu n'aimais pas te retrouver dans des endroits surpeuplés où les gens se marchaient les uns sur les autres. C'est pour cela que tu faisais toujours tes courses en décalé ou que tu as choisi ce quartier tranquille et en reconversion. La seule exception c'était les boites de nuit, notamment là où jouait Dorian. " Pourquoi pas ! Cela fait longtemps que je n'ai pas pris de vacances. "

Tu prends une gorgée de ton thé avant de répondre... Tu ne sais pas trop comment aborder la situation. Mais il allait bien falloir que tu lui dises à un moment ou à un autre. Cela allait fatalement finir par se voir. " Oui tout va bien. Très bien même. Cela se goupille à merveille entre les travaux qui sont terminés à la morgue, les travaux qui avancent ici. D'ailleurs je suis désolée de te recevoir dans ces conditions mais avec Mishall on est en train de revoir les plans de l'appartement parce que finalement... Je vais surtout vivre dans l'autre avec Dorian et Finn... Un événement est venu bouleverser un peu nos plans mais ce n'est pas pour nous déplaire... Tu vas être grand papa! Dorian et moi on ne s'y attendait pas... Mais on dirait que Mère Nature avait son propre avis. " Tu lui souris, contente de la situation.

Père et fille avaient des goûts similaires:
« Je te comprends. Moi aussi. Seulement les hôtels sont implantés dans les capitales. » La majorité se trouvaient dans des bâtiments anciens, comme c’était le cas pour le Rosewood. Ils se fondaient ainsi dans la structure de la ville elle-même.

Le Réseau avait des appuis assez puissants pour les préserver du temps et des projets immobiliers. Il n’y avait pas de démolition. Ils étaient installés pour rester. Les régimes passaient. Les pays évoluaient. Le Réseau demeurait. Cette stabilité était l’un de ses plus gros gages de qualité. Le Directeur se devait d’être tout aussi constant dans son travail. Il incarnait ce Réseau. On attendait de lui une sorte de perfection et d’ordre. Il ne pouvait donc pas quitter Madrid pour l’Andalousie. En revanche, le désir de sa fille était entendu. On pouvait voir dans le regard gris que la proposition faisait tranquillement son chemin. Il y avait des moyens de concilier les envies et les obligations.

Pour passer un moment privillégier avec cette jeune femme Eliott pouvait être ingénieux.
« Très bien. »

Odin était un homme sage et capable d’écoute. Cela faisait partie de ses qualités naturelles. Une qualité qu’il avait cultivé de par son métier. Il aimait être un médiateur avant d’être un leader. Il aimait entendre la parole d’autrui. Aussi écoutait-il sa fille avec plaisir. Il entendait la voix vive, la joie, et les nouvelles étaient en effet très bonnes.

Un sourire heureux fleurissait sur le visage paternel:
« Eh bien ! » La surprise était là autant que le bonheur. Il savait qu’il était grand-père d'autres enfants. Ce n’était pas une première. Mais cela ne réduisait pas la joie qu’il ressentait. Il y avait quelque-chose de sacré dans la maternité. Savoir que le sang des Eirik allait perdurer était secondaire. Il était d’abord fière de Lydia. « La Vie sait ce qu’elle fait oui. Je suis ravi pour toi. » Cette jeune femme avait eu un parcours de vie atypique. Eliott connaissait l’histoire. Mais certaines histoires d’amours ne pouvaient pas aboutir. Il savait d’ailleurs où se trouvait le Capitaine Miller actuellement puisqu’il avait fait des recherches. Il trouvait sage que le militaire soit resté en retrait. C’était la meilleure chose à faire et sans doute ce qui avait permis que ces beaux jours soient possibles pour Lydia. « C’est une très bonne nouvelle ma chérie. Bien sûr, tu sais que je peux te soutenir. Je connais une excellente sage-femme. Elle aura grande joie à s’occuper de toi. » Il avait connu la mère de cette dernière. Celle qui aurait dû accoucher les enfants qu’il aurait voulu avoir avec son épouse. Mais, la vie en avait décidé autrement. Freya et Eliott n’avaient pas eu le temps de fonder leur famille. Aujourd’hui, une autre allait se créer. C’était très bien.

Eliott ne résistait pas plus longtemps à venir prendre sa fille dans ses bras. Il la serrait délicatement pour ne pas l’écraser de son amour. Il posait ensuite un baiser sur son front.
« Tu seras une très bonne mère, j’en suis certain. Rosalee doit être ravie. »

 

C'est vrai que les "hôtels" de ton père ne sont pas dans les arrières pays. Tu avais eu un peu de mal à t'y habituer au début quand tu étais gamine mais tu as appris que le monde n'était pas ou tout blanc ou tout noir quand tu as grandi. Même ton entourage évoluait dans ces nuances de gris. Même toi qui était plutôt du côté de la loi et l'ordre, tu avais découvert que tu étais capable de plonger dans le noir pour ta famille, pour les gens que tu aimais.

Tu es contente que la surprise lui plaise. Il connaissait presque tout de ta vie, plus que ta mère. Parce qu'il y a des choses que tu préfères dire à un père aux épaules solides et d'autres à ta boule de tendresse de mère qui en avait assez bavée pour vous élever tous les quatre.

" Je ne dis pas non aux bonnes adresses... Je dois t'avouer que j'ai la trouille. Tu sais ce qui s'est passé la dernière fois... Je suis suivi par le docteur Liam. Tu le connais, tu as déjà fait appel à lui pour soigner certains de tes clients mal en point. "

Tu te laisses aller dans les bras de ton père. C'est quelque chose qui t'avait énormément manqué petite même si tes frères, surtout ton grand frère, avaient endossé ce côté paternel qui t'a tant manqué. Tu l'avais aussi trouvé chez ton mentor, Liam, de qui tu essayais de prendre soin malgré son grand côté têtu. En même temps tous les hommes de ta vie avaient ce caractère fort et combattif.

" Je n'ai encore rien dit à Maman, ni aux frères... Disons que je veux être sûre de ne pas le perdre celui là. Je sais que je ne suis plus sur le terrain et qu'il n'y a pas de raison qu'il ne reste pas bien accroché connaissant le père mais... Ce n'est pas raisonné comme peur... Je pensais attendre le troisième mois et la première échographie... Parce que Maman elle va s'emballer, elle va vouloir préparer la chambre avant l'heure... Enfin voilà quoi..." C'est une des rares fois de ta vie où tu as la trouille.

Eliott n’avait aucun visage qui lui venait à l’esprit au nom de “Liam”. Ce qui ne voulait rien dire. Il y avait beaucoup de personnes qui travaillaient pour le Réseau. Le plus grand nombre d’entre eux ne croisait pas le Directeur. Il y a avait des intermédiaires. Ce devait être le cas présent. Il n’avait pas à remettre la parole de sa fille en question.

Il souriait donc apaisant et confiant. Le passif de Lydia pouvait être préoccupant. Les antécédents médicaux existaient. En revanche, ils ne devaient surtout pas empêcher ce jeune couple d’avancer. Les conditions de cette grossesse étaient très différentes de la première. Le partenaire n’était pas un militaire. Cela se passerait très bien.

Avant le prochain automne, le Norvégien serait grand-père:
« Et puis-je être informé de l’évolution ?» Il n’avait aucune intention d’intervenir dans la vie de la future mère. Il n’avait aucun droit de le faire. Ce n’était pas son mode de fonctionnement non plus. Cependant, si son influence pouvait participer au confort de la jeune femme et du futur bébé il n’hésiterai pas. La famille était une raison valable de se battre.

Le vieil homme secoua lentement sa tête:
« Ne sois pas si dure avec toi-même. Tu as vécu un traumatisme. Il est tout à fait sensé de protéger ton entourage; C’est attentionné de ta part. Je suis touché d’être informé. Odin pose une main rassurante sur la joue de l’Ecossaise. Il lui souriait avec une grande douceur. Il n’y avait en lui ni jugement ni ressentiment d’aucune sorte. Il considérait que chacun était le maître de son navire. A elle de faire ses propres choix et de vivre avec eux.

La boisson chaude tendue à Lydia puis la sienne à lui avait de passer l’émotion. Eirik inspira lentement:
« Dis moi en plus sur le Père ? Pourrais-je le rencontrer ? Pas forcément tout de suite. Un jour. » Les personnes du cercle proche de Lydia étaient identifiées. Il y avait un dossier sur chacune d’entre elles. C’était le protocole habituel. Mais le vieux loup ne les avait pas consultés. Une exception pour la mère de la jeune femme pour qui il avait eu de si tendres sentiments pendant une époque. Il espérait que ces futurs parents partageaient au moins autant. C’était si important pour établir son foyer.

 

Tu lui souris. " Bien sûr que tu seras tenu au courant de l'évolution. Et j'espère que tu passeras le voir un peu quand il sera là ce petit bout. Il va avoir besoin de ses grands parents tu ne crois pas? Dorian n'a plus personne à par Maman. Donc ce petit va avoir besoin de modèle de sagesse. " 

Il est aussi bien trop gentil avec toi. Te passant bien souvent tes caprices et t'encourageant à faire ce que tu entends de ta vie.  C'était assez reposant de discuter avec une personne qui n'émettait pas de jugement de valeur à votre encontre. Tu avais tendance à fuir les gens qui le faisaient autour de toi. C'est pour ça aussi que tu t'étais lancée dans le domaine privé, que tu étais devenue ton propre patron. tu avais aussi embauché Dorian pour l'informatique et tu avais débauché Rosario que tu appréciais et dont tu trouvais les capacités trop sous exploitées dans le milieu de la police... Technicienne de labo, la Reine du labo en faite. Elle était du genre tenace et têtue et tu savais qu'elle aurait à cœur de résoudre toutes les affaires qui se présenteraient à vous, que ce soit un milliardaire, un sans abri, un ancien militaire ou un hors la loi.

Et puis, maintenant que tu étais enceinte, tu avais plus que jamais besoin de quelqu'un de confiance à tes côtés et tu sentais que la jeune femme en était. Tu bois une gorgée de ton thé, l'esprit tournant à mille à l'heure. C'est compliqué d'arrêter un cerveau comme le tien, toujours parti dans mille et une idées. C'est la voix d'Eliott qui te ramène et te tire hors de ton activité. " Oh je pense que Dorian n'aura aucun problème à te rencontrer. Il n'est pas fermé aux nouvelles rencontres. Il sait que tu existes. Pas ce que tu fais. Mais que tu existes. C'est mon meilleur ami d'enfance. On s'est connu quand je suis arrivée pour la première fois en Angleterre et que j'ai été scolarisée. Deux électrons libres et sans attaches qui se sont percutés, littéralement, dans la cours du lycée. Depuis on ne s'est pas vraiment décrochés. Maman est une mère pour lui, il a perdu la sienne très jeune. Et puis y a quelques années, il a perdu sa soeur et a adopté son neveu. Il n'a plus de famille à part nous. Alors c'est te dire qu'il est pas prêt de nous laisser tomber et qu'il a le sens des responsabilités. Mais dis moi... Vas tu te décider à revoir Maman ou pas? Parce que je trouve qu'il serait peut être temps d'occuper une place qui est la tienne depuis des années tu ne penses pas? " Tu sais que son travail exigeait des sacrifices. Mais maintenant peut être pourrait on envisager un avenir moins... solitaire?

Eliott baissa les yeux sur le ventre de sa fille. Il lui paraissait inimaginable que déjà une nouvelle génération était en passe de venir sur cette bonne vieille Terre. Pourtant, il savait de source exacte, qu’il y avait ici une petite-fille qui partageait son sang. Il n’avait pas fait la démarche de la rencontrer, jugeant que cela était trop risqué. Il pensait la même chose à propos de ce futur enfant. Cependant, peut-être était-il plus enclin à enfreindre ses propres règles. Personne ne pouvait dire combien de temps ce vieil homme allait vivre. C’était l’une de ses dernières chances de croiser la suite de la lignée. Il verrait cela, dans quelques mois.

Les yeux du vieux loups étaient lumineux de bienveillance:
« Tu sais bien, que quoiqu’il en soit, je serais là pour toi et le petit… ou la petite.»

On sentait bien que tout ceci résonnait dans l’âme loyale du Norvégien. Il appréciait ce portrait:
« Il n’a pas eu l’air d’avoir une vie facile.» Avec tous les éléments apportés par Lydia, son père pouvait se faire une idée un peu plus précise du futur père. Il ne relevait pas la teneur du lien qui l’unissait à sa fille. Il ne voulait pas se montrer rétrograde face à la jeune femme. Même s’il lui paraissait étrange de confondre un lien de fraternité avec un lien d’amant. Etrange et compliqué à gérer émotionnellement pour deux jeunes individus. Ceci dit, il faisait confiance à Lydia pour être son propre juge. « Eh bien, s’il a pu assumer le rôle de père par devoir, je suppose qu’il saura très bien s’occuper de son propre fils… ou fille. » De son côté, le Directeur, veillerait à ce qu’il ne manquent de rien tous les quatre.

Il ne s’attendait pas à ce que sa fille l’interpelle, aussi directement sur sa vie privée. Personne ne le faisait, pas même ses plus vieux amis. Freya était décédée bien trop jeune. Rosalee avait été une source inestimable de tendresse et d’affection. Ils ne s’étaient pas fait de promesse. Il était dangereux. Elle était en deuil. L’un et l’autre s’étaient égarés sur une île de douceur.

Bien sûre, Eirik avait quelque fois songé à ce genre de scénario. Allez frapper à la porte d’une femme que l’on a aimé. Mais il ne pouvait le faire. D’abord, parce qu’il était toujours responsable du Réseau. Ensuite, parce qu’il ignorait encore qui en avait après sa vie. Qui voulait le tuer. Il était inconcevable qu’il mette Rosalee en danger, uniquement pour briser sa solitude. Pour autant, il ne tenait pas à ce que Lydia s’inquiète pour lui. Particulièrement pas en période de grossesse, alors qu’elle était déjà angoissée par son expérience de future mère.

Ce n’était pas dans l'optique de mentir. Il ne voulait pas de cela. Mais parfois, la vérité est plus destructrice qu’une petite cachotterie:
« Mmm. » Il souriait donc à la jolie rousse. Il secoua négativement la tête. « Un jour, peut-être. » Eliott ne disait pas que c’était impossible. Il n’aimait pas dire jamais. Il ne disait plus “toujours” non plus. « Quand je serai un retraité. » Il posait sa main sur celle de Lydia. Il la caressait tendrement en signe de protection. « Mais pour l’heure, on compte encore sur moi, ailleurs.»

Mais, ils n’allaient pas s’attarder sur un vieux dinosaure comme lui. Ils devaient parlé de la future génération:
« Me permets-tu de soutenir vos achats pour le futur petit ? J’aimerais vraiment participer. D’une façon ou d'une autre ! Parles en avec ton compa… Comment dois-je dire ? Ton ami ? » Eliott allait, de toute façon, ouvrir un compte au nom du futur enfant. Il l’avait fait pour sa petite fille. Il le ferait pour celui-ci également. C’était une question d'équité. Que toutes ces années de loyaux services pour les Hôtels servent au moins à cela.

D’ailleurs, pour le confort de l’enfant, comme de sa mère, mieux vallait que l’entreprise fonctionne:
« Je t’enverrai des clients légaux, si tu le veux, pour votre lancement.»

 

" Je le sais bien. Mais je ne veux pas que tu te mettes en danger. On s'est caché de nombreuses années et je ne veux pas que tout cela se termine parce que tu auras été imprudent d'accord? " Non tu ne veux pas qu'il se fasse tuer juste parce qu'il aura oublié d'être prudent.

Tu lui expliques qui est D'an. Un brave gars que tu connais depuis le lycée. Un excentrique qui a toujours veillé sur toi, accepté par les tiens, responsable d'un neveu pour qui il s'est battu. Tu sais qu'il a un côté sombre, comme toi. Tu sens qu'il ne t'en parle pas pour que tu puisses nier en bloc sans mentir que tu ne connaissais pas son côté obscur. Mais tu vois comment il est avec Finn et tu sais qu'il sera pareil avec l'enfant que tu portes. Alors tu ne t'en fais pas pour son côté papillon, tu as le tien, vous avez toujours fait avec et au final il rentre toujours à la maison alors cela te va.

Tu soupires. Un retraité. Il en avait déjà l'âge. Et tu savais que dans ce type de métier, prendre sa retraite signifiait se retrouver sur ta table d'autopsie si on avait un peu de chance dans sa mort. " D'an, Dorian... Et tu peux dire mon compagnon. C'est ce qu'il est. On vit nos vies côte à côte avec nos libertés depuis des années. Et oui. Je veux bien que tu apportes ta pierre à l'édifice. Mais que du légal pour l'instant. " Tu lui souris. Tu insistes sur le "pour l'instant" parce que tu n'arrêterais pas de soigner les gens. " Ce serait gentil de ta part de me les envoyer. Le plus dur c'est toujours le début... Dis... D'an rentre dans pas longtemps. Est ce que tu veux rester pour le rencontrer? "

L’imprudence était un luxe dans l’univers du Réseau. Un luxe auquel ce vieux Nordique n’avait pas accès. Il s’accordait peu ou plus de moments improvisés. Tant que l’affaire de l’université n’était pas résolue sa sécurité primait sur sa liberté. Ils ne pouvaient avoir une organisation sans tête.

Il était donc bien plus intéréssant de se consacrer à la libertée de cette jeune femme. Etre sur le point de devenir parent était une expérience unique. Eliott pouvait en convenir. Il était surtout rassuré de savoir que Lydia serait accompagnée. Il n’avait pas envie de la voir mener la vie dure d’une mère célibataire. Mais il se gardait bien de juger son choix de vie. Il se faisait ce pilier silencieux et sage. Prêt à intervenir si elle le lui demandait.

Les yeux gris du vieux loup se faisaient songeur:
«Bien. Dans ce cas je vais déjà t’envoyer quelques personnes. Donne moi juste le temps de te faire connaître. » Eirik avait des relations dans le monde légal. Il avait une image parmi les gens de loi. C’était ce vieil érudit fasciné par les livres rares. «Oui. Se lancer dans une entreprise de ce type est un pari. Mais, tu es une Mccrory. Tu as les épaules pour cela je le sais. Comme je le vois, tu sais aussi t’entourer.»

Un court silence répondit d’abord à la proposition. Ce n’était pas par manque d’envie. Il devait simplement voir s’il pouvait prendre tout le temps dont il avait envie pour faire la découverte de cet homme. Il n’y avait, dans son souvenir, rien qui ne soit urgent. Il avait sans doute anticipé pour profiter un maximum de sa fille.

Il posa une main sur celle de la jolie jeune femme:
« Ce serait avec joie. Merci. » Sachant qu’ils avaient du temps devant eux, Eliott reprenait un biscuit, avant de se lever. Travaux ou non, il voulait explorer un peu plus avant ce nouveau nid. D’un petit sourire à Lydia, il lui fit comprendre qu’il partait à l'aventure. « Je connais une bonne compagnie de maçons. Si vous vouliez accélérer pour la venue de l’enfant. » Oui, le planning devait être chamboulé. Mais, tout allait se passer à merveille. Eliott le sentat et Eliott avait toujours eu une bonne intuition.

 
Tu es contente qu'il comprenne que pour l'instant tu préférais faire du légal le temps de te faire une réputation. Mais il était évident que s'il avait besoin d'elle, elle viendrait. " Mais tu sais que si tu as besoin d'un médecin, tu peux m'appeler. Mais je ne prendrais personne qui ne soit recommandé par toi. Je ne peux plus me permettre de prendre des personnes que tu ne connais pas un minimum. " Tu avais déjà soigné des personnes dans la plus totale des illégalités et pas forcément très très recommandables. Mais maintenant avec Finn et Dorian qui vivent au même endroit que toi, tu ne prendrais plus ce risque sauf s'ils venaient de la part d'Eliott. C'est tout.

Tu souris. Bien sûr que tu es une McRory. Mais pas que. Tu es plutôt souriante quand il te dit qu'il veut bien rencontrer Dorian. Cela te fait plaisir. Après tout il va intégralement faire parti de ta vie maintenant. Et tu songes sérieusement à voir avec lui pour devenir plus que la tutrice de Finn si jamais il arrivait quelque chose à Dorian. Mais chaque chose en son temps. D'abord il fallait s'occuper de tout ce que cela entrainait comme changement un bébé à naitre. Prévenir aussi la famille. Ta mère surtout. Elle allait être folle de joie. Elle adorait Dorian depuis la première fois où il était venu manger chez vous et surtout, elle l'avait adopté, comme le reste de la famille, quand il avait perdu ses parents et encore plus à la mort de sa soeur. Elle avait fait jouer ses relations, comme vous tous, pour être sûr que Finn puis rester avec lui.

Tu hoches la tête à sa proposition. " Pourquoi pas. Des bons ouvriers c'est rare d'en trouver à prix abordable. On fait une bonne partie des choses nous même comme les murs, le sol et les peintures mais il est vrai que pour tout ce qui est électricité, plomberie on n'est pas des experts. On a plus de connaissance dans la démolition que la construction. " Tu lui fais un sourire parce qu'il sait ton passé militaire et celui de ta famille. Et tu veux faire plaisir à Dorian en lui installant un studio équipé. Et pour cela il vous faut un professionnel.