Une bonne idée que tu m’ais passé le double Zac. Je suis enfin à la grille et l’interphone! Je sais que c’est le genre de détails qui compte avec les deux petits bouts. Je me souviens qu’au début le moindre bruit arrivait à perturber Matthews. Les marches, ha ouais, zut. Je peux le faire! On avance les hanches, on s'appuie on ressert les bras sur les paquets. C’est le moment de voir si les entraînements avec Amber ont un effet! Je monte avec un pas de marathonienne. Je sens quand même que je vais devoir me mettre à de la cardio. J’ouvre la porte, un coup d’épaule pour l’ouvrir sans tout lâcher. J’y suis !

Je retiens la porte pour qu’elle ne claque pas trop. Je traverse le couloir direct pour entrer dans la cuisine. Ouf ! Je me sens plus légère d’un coup. Ceci étant fait, je vais aller dire bonjour à mes quatre amours. Je passe d’abord par la chambre de Matt. Je toque. Je lui fais signe de ne pas crier et je viens bondir pour demander un calin.

«- Bonjour mon Chaton!» Je le sers dans mes bras avec la force d’un titan. J’en profite pour claquer un grooos baiser sur son crâne. « Ca va ? Pas trop réveillé la nuit ? » Je lance un regard sur sa chambre. Je lui caresse doucement les cheveux avant de lui relever le menton pour qu’on puisse se regarder dans les yeux. « On se fait le musée des Dino samedi t’as pas oublié !» Je caresse son joli visage de garçon. Il a l’air plus vieux. C’est sûrement parce que je viens de reconnecter avec ce qu’est un nourrisson! « J’ai amené de quoi faire des gaufres. Tu veux m’aider à les faire ? » Je dépose un dernier baiser sur sa joue avant de le libérer.

Je me faufile dans la chambre des plus petits. J’arrête mon pas de sioux en te découvrant en train de donner le sein. « Salut!» Je parle à voix basse pour ne pas effrayer le petit monde. J’approche pour t’embrasser sur la tempe, sans plus te déranger dans ce moment intime. Je me penche au-dessus du berceau où Dev babille comme un bienheureux. Je sens mes zygomatiques s’activer aussi. Voilà le seul nouvel homme que j’apprécie de rencontrer ! Je le porte et le cale contre moi. J’ai toujours peur pour leur tête. Je la cale en douceur alors qu’on partage un nouveau regard. « Bonjouuur!» Je me penche pour couvrir son visage de baisers légers. Les rires explosent dans l’air. J’adore ça! Aors je recommence. Je lève mes yeux sur Megara. «- Les courses sont faites. J’ai presque tout trouvé. Je passerais à la Cop pour les fruits demain. Je te prépares un thé ? Je vais te faire une machine. » Je penche le nez vers mon deuxième neveux. On échange un grannd sourire et je commence direct à soliloquer. «- On va aider maman pour qu’elle ait une maison toute rangée avant le week-end. Comme ça toi, Matt, Rosalee, papa et maman vous serez traaaanquilles. C’est bien ça! Oui c’est bien!» Je lui picore le nez avant de le reposer dans son berceau. Je caresse, le crâne de Rosie, avant de filer déballer les courses. On a revu l’organisation pour que tu n’es pas trop à te baisser. Du coup je n’ai plus du tout mes repères ! Je fouille, je cherche, dans la bonne humeur.

«- Chat ? tu veux un chocolat chaud ? Profites ! Je suis là!» Je lance à mon filleul par dessus mon épaule.

Je te retiens entre mes bras avec la force d’une pince de crabe. Une tata crabe qui se cramponne à son filleul adoré. J’écarte alors nos visages pour pouvoir croiser ton regard. Ça fait un moment que tu parles fréquemment de ce “copain”. «- Ah oui ! “Finn” ! Eh bien il faudrait que je le rencontre un jour ce super copain! Vous pourriez venir à la maison un samedi ? On fera des pancakes!»

«- Oui. Il m’a appelé l’autre jour pour me faire un résumé. Il a l’air de prendre ça au sérieux.!» Nous n’en sommes pas encore au café hebdomadaire qu’il voudrait. Je tiens à la prudence. Je ne veux pas qu’on aille vite en besogne. Même s’il va mieux. Même s’il fait des efforts. Il faut du temps pour dépasser les bourdes. Je peux pardonner le mal qu’il me fait. Mon jumeau. Mais il n’y a pas que moi dans l’affaire. Il a profondément blessé Rylee. Et j’aime Rylee. « Ne t’en fais pas. Je suis dispo pour vous 4. Toujours.» Je viens dans le dos de Matthews pour l’attraper par les épaules et l’attirer contre moi. Je me balance d’un pied sur l’autre en te regardant avec ta fille. Magnifiques. «- Un thé!»

«- Alors avec ton père comment ça va ? » Je sonde régulièrement Matt. Je trouve que c’est important de suivre ce qui se passe dans sa tête de préado. J’ai l’avantage d’être la tante. Celle qui est de la famille mais qui n’est pas un des parents. Je trouvais la boîte à thé, le sucre, le lait. Dans le doute, je sortais aussi du miel et de la confiture.

Je viens tout de suite tirer une chaise dans ton dos. Je sais bien que tu ne portes plus les petits en toi. Mais tu les portes bien assez. J’imagine l’état de fatigue général. Tandis que moi, je suis opérationnelle depuis un moment. Mes forces physiques sont au rendez-vous. «- Un trône pour notre reine à nous. » Je fais un clin d'œil au prince Matthews Ier. J’apporte la tasse fumante sous ton nez. Je l’ai dosé comme tu aimes depuis qu’on est ados. «- Chez nous ça va bien. Je vais avoir une moto rien qu’à moi. Rylee peaufine. Je suis impatiente de la chevaucher. » Je souris énigmatique pour que tu puisses entendre ce que je ne peux pas dire devant ton fils. Il n’y a pas que la bécane que j’aime avoir entre mes cuisses. Il y a l’agent Byrd. De ce côté là aussi les choses avancent bien. J’ai de plus en plus confiance. Je réclame de plus en plus aussi. Je sais que ce ne sera jamais comme avant. Mais ça commence à être un beau après. «- On continue d’aménager le hangar. J’entame des négociations pour qu’on ait une cuisine plus équipée. » Ce qui n’est pas étrangé à notre conversation du printemps. L’idée a fait son chemin. Rylee me soutient dans mes expériences. Je vais essayer un truc. «- Je réfléchis pour faire de la cuisine sur commande. Peut-être. Je me renseigne. On va voir. » Tout le jeu c’est que je ne me met pas trop de pression sur les épaules. Un équilibre que je ne peux pas faire seule.

«- A vous, que je ne monopolise pas la parole. Comme je peux le faire si facilement. » Je me cramponne, gentiment, à la tasse de thé en rivant mon regard sur mère et fils.

Le résumé de Matt est super construit. Je peux donc me mettre à jour sans souci. J’hausse un sourcil amusé en apprenant qu’il y a un oncle préféré. Mais les questions qui me viennent sont pour des grands. Je vais attendre que loupiot sorte de la pièce pour te sonder toi. Pour ce qui est de ZAC SANDERS et son comportement… J’essaye vraiment de rester une femme honnête et ouverte d’esprit. Ceci dit, tu as raison. Tant qu’il n’aura pas réparé le lien avec Rylee aucun de nous n’avancera complètement. Tout est lié. C’est comme ça. Je décide de rester sur le plan positif. Parce que tu es là avec tes adorables bébés. La vie doit être belle. Surtout pour toi, pour nous, voilà!

«- Oui en même temps pas compliqué de faire mieux qu’avant là. » Je te souris. On sait ce que ça veut dire signer avec la Strike. C’est le serment à Vie à la Mort au sens propre. Ils ont beau passer pour des Ripoux, leur code d’honneur tient un peu de la chevalerie. Pas la peine que j’en parle à Zac ou à Rylee. Ils riraient. N’empêche que c’est comme ça que je le vois. «- Il n’a jamais eu un super bon sommeil. Même quand on était gamins. T’en fais pas. Ça reviendra. » Je lis de la socio sur les addictions. Comme je lis des docs sur les agressions sexuelles et la séquestration. D’aucun trouverait ça masochiste. Mais ça me permet surtout de mettre des mots, des concepts sur des choses que je ressens encore. Il y a des choses dont je ne peux pas forcément te parler. Ni à toi, ni aux autres, parce que c’est trop dur à dire et trop dur de voir la peine que ça vous fait. Les livres n’ont pas de réactions eux. C’est très bien. «- C’est quand il va reprendre que ça sera compliqué. … M’enfin, JB fera gaffe. . »

«- Oh non. Non. Je suis prudente. Je ne veux pas avoir d’accident. Je ne veux pas mourir non plus! » Je ne suis pas comme Zac. Enfin, si je peux être casse-cou. Je l’ai été pendant longtemps. Mais, je ne le fais pas avec la même “fureur de vivre”. Je ne le fais pas pour défier la mort. Je le fais parce que j’aime la vie. Ça n'a l’air de rien dit comme ça. Mais ça fait une sacré différence. Je n’ai pas survécu à ces Salauds pour mourir juste derrière. «- Je veux vivre très vieille. Je veux devenir toute ridée comme un pruneau! » J’offre une grimace mémorable à Matthews qu’il ait bien une idée de ce que ça donne une “Izaline pruneau. On rigole tous les deux. «- Et puis, il faut bien quelqu’un pour prendre soin de Rylee. » Je sais que c’est faux. Miss Byrd sait très bien prendre soin d’elle toute seule. Elle est aussi survivante que ce que je suis devenue. Mais, je sais aussi qu’elle ne se voit pas passer la barre des 55 ans avec son job. Ca c’est ma petite angoisse cachée à moi.

«- Faudrait c’est sûre! » J’ai un sourire pincé. Parce que je repense à ma première connexion, quand je suis revenue. Pour certains réseaux sociaux mon absence d’un an équivalait à une “mort” non annoncée. Les messages automatiques étaient franchement glauques. Quand j’ai commencé à lire les messages, les posts… j’ai juste pu constater que ma disparition n’avait pas ému grand monde. Résultat, j’ai tout désactivé. Moi qui était “in”. Moi qui aimait prendre des photos de tout. Je suis devenue pire qu’une Mormone. «- J’ai un peu de mal à m’y remettre. Je ne sais pas. Je me sens… loin de tout ça. Ça me paraît … je ne sais pas, absurde ? Tu vois ce que je veux dire ?. »

Je passe une main dans les cheveux de Matt en passant près de lui. J’écoute et je me mets tranquillement au travail pour leur préparer un bon petit truc. Même sans l’affaire du braquage. Même si tu n’étais pas tombée enceinte, je trouve que c’est une bonne chose. Parce que tu vas être une super pédagogue; J’en suis convaincue! «- J’aurais tellement aimé être ton élève! J’aurais été in-su-porta-ble. » Je fais un clin d’oeil à mon filleul adoré. Les Senders ne sont pas reconnus pour être des studieux. Y a que Matt qui remonte la moyenne préccause comme il est. «- Vous avez reparlé de l’école ? Tu vas faire quoi ? » Je sais que tout est focalisé sur Dev et Rosalee. Ils sont petits. Mais c’est le truc d’avoir une fratrie. On doit penser à tout le monde. J’aime vor ta meute grandir. Je suis vachement curieuse de voir les enfants entre eux.

Je suis d’accord. On doit préserver les jeunes des images qui ne sont pas adaptés à leur âge. Ça peut aller vite. J’en ai vécu l’expérience. Je me souviens plus jeune j’ai tanné Zac pendant des mois parce que je voulais voir une vidéo qui faisait le buzz sur Youtube. Ça a fini par moi qui a fait des cauchemars pendant des semaines. Les parents qui ne comprenaient pas pourquoi. Mon frère qui était mal d’avoir cédé à mon caprice. Tout le monde était bien. «- Tu penses que ton pote peut venir voir mon ordi ? J’aimerais bien qu’on renforce la sécurité dessus. » Paranoïa ? Peut-être. Même si la Strike a réglé le compte des Albanais… Ils ne sont pas les seuls. Je sais que l’affaire à fait du bruit dans le milieu je ne suis pas débile. Maintenant, je ne prend plus rien à la lègère.

«- Un “pas-à-pas” ? » J’aime le concept. Ça résonne. C’est ce que j’ai fait dans mon champ personnel. Le pas à pas pour retrouver un équilibre. Le pas à pas pour apaiser mon esprit et mon corps. Le pas à pas c’est un peu ma cuisine, au final. Ah! Megara, qu’est-ce que je ferais sans toi ? «- C’est une bonne idée! » Je suis sérieuse. J’ai envie d’essayer un truc comme ça. Je vais appeler Prem pour qu’il me donne des conseils pour le matériel. Je me rapproche pour baiser ta joue. Heureusement que tu es là. «- Bon du coup, quelle recette je vais tenter en premier ? Je ne sais pas. Toi ? Dis-moi ? Laquelle tu rêverais de trouver sur la toile ? Je ferais celle-ci! » Ca me donne un point de départ pour débuter. Je n’ai rien à perdre de tester.

Je suis vraiment contente que tu deviennes une pédagogue. Franchement, ça peut faire que du bien au Yard. Je sais qu’avec toi ils vont avoir du plomb dans la cervelle. Je trouve ça rassurant. Je souris, au souvenir de nos quatre cent coups. Le temps du lycée me paraît si LOIN. Une autre vie, quand je pense à ce que toi et moi on a passé. Et on est là aujourd’hui à parler des petits, tes petits. Ah! «- Chérie… Je pense que Finn… Ce n’est pas que le meilleur ami. » Je souris tendrement. Ca se confirmera ou pas au moment de leur puberté. Dans trois/quatre ans on verra si mon intuition est juste. «- Oui! Un prof particulier, carrément. Ça sera bénéfique. De quoi aller à son rythme et tout. Tu sais que Papa peut vous aider pour ces frais. Il peut le faire. Ils ne manquent pas de fric. Donc il ne faut pas se gêner. Au diable la fierté mal placée. . » Je sais ce que c’est une paye de service public. Pourquoi la Strike se fait des extra ? Hein! «- Mmm. Zac n’a pas été scolaire. » Il a dû sécher un quart de sa scolarité. Impertinant avec les profs. Je m’en foutisme au possible. Ceci dit, dés qu’une matière lui plaisait ça cartonnait. Il était excellant. Je suis persuadée qu’il aurait du avoir un parcours plus adapté. Un géni contrarié. On ne va pas faire la même avec mon filleul d’amour. «- Ça va être une belle étape ça. J’ai tellement hâte de l’entendre me raconter l’Ecole. »

Et moi donc ? Bonne question. Qu’est-ce que j’ai prévu ? Je n’ai pas de réponse précise à lui donner. Je fais donc la grimace pour alléger le sujet. On me pose la question tous les mois au moment de renouveler mes droits. Mais j’arrive bientôt au bout. Austen m’a confirmé que je ne pourrais plus faire de demande après ça. «- Déjà... Préparer Halloween ! Haha ! Faire les fêtes de fin d'année. Ca va venir vite ! Peut-être écrire ? » J’inspire. L’idée me paraît déplacée. Je n’ai jamais eu une plume particulière. Si je dois être honnête… «- Je ne suis pas certaine d’avoir envie de travailler. » Izaline Sanders qui envisage d’être femme au foyer. Si on me l’avait dit un jour. «- L’agressivité de la ville… Je ne peux plus. » Ouais, je suis devenue une recluse. «- T’as le droit de me dire que je fais ma capricieuse. Mais juste, j’aime être au hangar… faire mes activités. Sans avoir à aller vers des gens cons, des connards. J’ai plus envie de faire des efforts avec l’humanité. » Eh bien… voilà. Je pose enfin des mots sur ce que je n’arrive pas à dire à mon psy. Meg… qu’est-ce qu’on va faire de moi sérieux ? Je ris doucement et viens t’enlacer.