Il y avait un temps où la “magie” existait parmi les Hommes. Elle existait en tous cas dans cette science occulte, méconnue et redoutée. Bien souvent la science des femmes. Pour cela, elles étaient traitées de damnées, de sorcières, brûlées vives, exécutées. Les hommes les avaient pourchassés pour les éradiquer. Seulement, il y avait des flammes impossibles à éteindre. Le feu de la connaissance était de celles-ci. La magie était présente pour qui voulait bien ouvrir les yeux.

L’aînée des Siciliens croyait en cette magie. Mais, elle était assez fine pour ne pas raconter à l’oncle Shane ce qu’elle avait vu dans l’atelier de sa mère. La magie n’était pas faite pour pour n’importe qui:
« On le fait grand comme … CA! » La demoiselle écartait ses bras, les ouvrait en très grand et mimait une taille de près de deux mètres. Ce qui était déjà gigantisime vue de son monde d’enfant.

La deuxième question lui fit faire une pirouette brutale. Elle fait voler la neige sous ses pieds. Les yeux plissés pour étudier leur terrain de jeu. Le jardin était grand. Sofia pointa du doigt la silhouette d’un pompier rachitique. Il se trouvait dans le fond. Il n’était pas très loin du mur d’enceinte en pierre grise. La petite se mit à courir jusqu’à son objectif. Elle s’accroupit pour tracer une croix dans la neige. « LA !» Elle savait qu’il y avait, pas loin, les restes d’un de leurs chiens enterré ici pour ne pas être incinéré. « Hecate pourra le surveiller comme ça. C’est l’ancien chien de maman. Elle est morte l’année dernière. Parce qu’elle était très malade. … maman a pleuré quand elle a mis la petite croix. » Seul le pic de la croix en bois était visible pour le moment. « Toi tonton, tu as des chiens ? » Toujours accroupie, Sofia s’échinait maintenant à regrouper des monticules de neige pour aider à la confection de leur golem de glace. Elle y mettait du cœur. Très vite, ses joues se faisaient roses sous l’effort.

L’environnement était plus doux à l’intérieur. Les deux mafieux étaient posés. Ils avaient un même regard tranquille sur la population:
« Oui. C’est tout à fait possible. Pour combien de personnes et à quelle date précisément ? » Eirik n’avait pas du tout le planning des réservations en tête. Il ne voulait pas aller regarder sur le smartphone tout de suite. Mais, il n’en avait pas besoin. Depuis toujours, il avait une excellente mémoire pour le travail. Il n’oubliait pas grand-chose. « Profitons-en pour nous voir dans la même journée. Nous ferons une pierre deux coups. » Il y avait perpétuellement des points à traiter. La famille Lampeduza n’était pas forcément la plus influente. Mais Odin faisait son possible pour traiter chacune avec attention et respect. «Qu’en pensez-vous ? Allons-nous vers une fin de la prohibition Vito ? » Il y avait de l’ironie dans la voix du vieil homme. Il ne pensait pas que les Travaillistes l’emporteraient assez à ce scrutin pour faire basculer la loi. En revanche, pour embraser la colère de la population, rien n’était moins sûr. C’était cela qui pouvait l’inquiéter le plus. Il ne s’en confiait pas à ses collaborateurs du Rosewood. Mais, ce matin, c’était un peu différent. Ils discutaient simplement en personnes de bonne compagnie.

Tandis qu’au loin, la Dona refermait la porte qui donnait sur l’espace privé de la famille. Elle était droite, et élégante dans sa robe de cérémonie. Mais dans cette tenue traditionnelle on percevait aussi que la vie de mère nourricière pouvait être fatigante. Mais très vite, le manque de sommeil disparaissait et elle donnait les ordres pour resservir les invités en champagne et petits-fours.

Ensuite, seulement, elle cherchait des yeux celui avec qui elle était aller devant l’autel avant la naissance des filles:
« Messieurs ? Si vous montriez les exemple, en vous dirigeant vers la salle à manger ? Voulez-vous ? » Nikolas Lampeduza avait beau avoir un sourire délicat, la légère inflexion de sa voix, indiquait qu'un refus pourrait être mal interprété.

-Dona Nikolas Lampeduza- -Sofia Lampeduza-

Sofia amalgamait la poudreuse contre la base de la boule de neige blanche. Elle tapotait et tapotait, afin que la surface devienne aussi lisse que celle d’une perle de nacre. A la voir, froncer ses sourcils vénitiens on devinait qu’elle n’aimait pas faire face à de la résistance et qu’elle était perfectionniste. Elle était encore jeune. Cependant, il était clair qu’elle était élevée pour être une future meneuse de troupe.

-“Non...” Les yeux clairs de la fillette reflétaient son immense déception de ne pas avoir de chien qui lui appartienne. Elle était née dans une villa magnifique, où les aboiements des chiens cotoyaient, les tempêtes parentales. Elle adorait les chiens. Aussitôt qu’elle avait su parler Sofia avait réclamé un chien. “Je dois avoir dix ans pour avoir un chien. Pour être une enfant responsable. Pour bien m’occuper de mon chien. Parce que un chien ça vie trrrrrès longtemps. ” Voilà pourquoi ses parents ne lui donnaient pas de chien. Même si sa mère la laissait jouer avec les chiots ce n’était quand même pas la même chose que d’en avoir un à soi. Il fallait attendre, encore et encore que le jour de l’anniversaire de ses dix ans arrive!

-“Mais Tonton Shane c’est déjà ce que je fais !!” Un joli rire d’enfant venait fendre l’air froid. La petite se moquait affectueusement de l’Irlandais. Elle était encore une de ces âmes pures qui ne pensaient pas à mal du tout. Si elle manipulait c’était surtout pour avoir droit de manger un cookie entre deux repas. Tout le contraire de ses parents si durs en affaires à Londres, comme ailleurs. “Oui, avec des pignas” L’anglais n’était pas la langue maternelle de la demoiselle. Elle n’avait pas encore appris à dire “pomme de pin” dans une autre langue que la sienne. Elle courrait donc au pied de l’arbre non loin et fit un vasque avec le bas de sa robe pour rassembler plusieurs pairs d’yeux possibles.

Eliott posait une main dans le dos de l’Italien pour acter un accord tacite.
« Selon l’heure choisie, je vous invite à manger en ma compagnie, déjeuner ou bien soupé. Nous aurons ainsi le temps de bavarder et ce autour d’un bon vin du sud. » Sans avoir d'excès, Eirik était un homme qui aimait les plaisirs du palais.

Il n’était pas un cuisiner sans raison. Il avait malheureusement peu de temps pour s’adonner à cet art. Mais, il appréciait de le partager avec ses convives. D’ailleurs, c’était un aspect sur lequel il ne transigent pas concernant la gestion des complexes hôteliers. Une fantaisie disaient quelques-uns de comptables. Une arme redoutable selon Eliott. Homme repus était toujours plus prompt à discuter plutôt qu’à guerroyer. Ainsi avait été évité nombre de discordes dans le Réseau.

Dès l’instant où la dame vint, le Norvégien était debout. S’il avait encore eu son couvre-chef, il l’aurait enlevé. On avait donné à cet homme les bases en termes de bonnes manières. Il était avenant et galant. Certainement l’était-il trop pour les jeunes femme de maintenant, qui dépréciaient toute manifestation d’attention. Oui, Eliott se sentait parfois dépassé. Lui qui était un franc féministe ne comprenait pas tout.

-« Je vous en prie Vito. Montrez la voie. Je vous suis de ce pas. » Il souriait respectueusement à la dame. Mais elle lui répondait à peine, son bras encerclant d’or et déjà la taille de son compagnon. Ils donnaient l’impression d’être deux aimants. Nikolas était méconnu de tous et toutes avant de se fiancer à Vito. Personne n’avait compris. Mais Eliott lui, voyait un équilibre entre ces deux esprits. Peut-être était-ce qu’il fallait à la tête du Réseau… Non pas un vieux loup, mais deux panthères.

- M. O'Driscoll ? Miss Lampeduza ? Vos parents vous réclament pour le repas. Suivez-moi. Le Français était un homme mince, entre deux âges, propre sur lui, calme, voire placide. Il n’était pas du tout amadoué par les mimiques de l’héritière et la fit entrer au chaud manu militantis.

La table du repas traditionnelle était un grand rectangle. Afin que tout se passe au mieux pendant ce moment de famille, Nikolas avait préparé un placement. Shane et Eliott se trouvaient l’un près de l’autre du côté de Vito. La dame les observait s’installer d’un œil de féline. Elle prenait place à la droite de son époux. Sa gestuelle était très fluide et paisible, elle posa une main sur son épaule, alors qu’elle était encore debout.

Elle se pencha pour murmurer :
-”Le voulez-vous plus prés ?” C’était une journée pour leur cadette. C’était pour elle et sa soeur qu’ils plaçaient les jalons de leur Empire familial.

Ce fût ainsi que le Norvégien partageait la table des Italiens en compagnie d'un Irlandais. Ceci pour rendre honneur aux vieilles traditions. Les rares qui résistaient à la force de la modernité. Le moment fut aussi agréable que s'y attendait le Directeur. Il reparti pour le Rosewood bien plus tard qu'il ne le pensait repus et un peu plus confiant pour la suite de 2026.

-Dona Nikolas Lampeduza- -Sofia Lampeduza- -Maurice Pelletier-