Le voyage a été long. Plus le temps passe, plus cela devient pénible, pour lui, en tous les cas. Son dos le fait souffrir parfois et puis, il supporte de moins en moins les longs trajets, loin de chez lui. Certes, ils ont un domaine en Angleterre, mais depuis longtemps, pour Zenon, c'est l'Inde, son chez lui. C'est là qu'il s'y sent le mieux, c'est là qu'il y a construit sa vie, que ses enfants ont grandis, qu'il a tout fait avec Amélia. Pourtant, il accepte toujours de revenir au pays, surtout parce que sa compagne le lui demande, elle aime plus que lui la ville et ce que ce pays a à leur offrir, que lui. Et puis, il y a les enfants. Elle veut pouvoir être près d'eux, les soutenir et les aider, surtout en ces temps difficiles. Ils ont été plus souvent sur sol anglais depuis une année qu'ils ne l'ont été ces 50 dernières années... voilà pourquoi, aussi, notre homme trouve le temps de vol long. Il l'a fait beaucoup trop à ses yeux, ces derniers temps. Quand bien même ils voyagent en business, voir première classe. Autant profiter de leur argent et leur statut. Que le voyage soit le plus agréable.

Il a tenté de dormir, ce fût difficile. Mais le comte n'est pas fâché de pouvoir à nouveau poser ses pieds sur le plancher des vaches. Il se laisse mener par son épouse, elle est plus active que lui. Lui, il reste encore à l'heure indienne, à son rythme indien et puis, il a toujours été le plus calme des deux. Le plus tempéré. Il porte leurs sacs, après une petite attente devant le tapis qui tourne, ils peuvent finalement se rendre à la sortie, Zac a promis d'être présent pour les accompagner jusqu'au domaine, il se demande si leur fils réussira sa tâche.

Certes, ce n'est guère positif comme pensée, mais l'expérience à démontrer que malheureusement, son fils n'était pas toujours très fiable. Il changeait, oui, il fallait espérer que les changements tiennent, qu'il ne rechute pas. Le chef de groupe lui avait promis de veiller sur lui, mais son rejeton était malin, plus malin que ce qu'il laissait voir et s'il voulait retomber, retoucher le fond, il le ferait, en se moquant bien de ce qui l'entourait.

Il n'en dit pourtant rien à Amélia, préférant garder cette pensée sous silence, pour le moment. Tout en sachant qu'elle saura parfaitement ce qu'il pense, parce qu'il ne peut rien lui cacher et que même sans parler, tous deux se comprennent... ce qui parfois, peut être agaçant. Surtout quand il tente de la surprendre! Ses doigts s'entrecroisent avec les siens, alors que son attention est attirée par une voix qu'il reconnaîtrait entre mille. Finalement, Zac est là, il sourit un peu.

De Lascelle observe mère et fils, c'est une image qui lui plaît, qui lui parle, avant de se retrouver prit dans une embrassade plutôt rare. Parce qu'ils n'ont jamais été très tactiles finalement. Les choses changent donc, il lui tapote doucement le dos, démontrant ainsi, que lui aussi est content de le voir. Il sourit, tranquille.

- Avec des jumeaux, je peux comprendre que les nuits soient courtes, Amélia. Pour défendre pourtant son fils, comme toujours. De plus, les vieux parents peuvent totalement comprendre leur enfant. Eux aussi, ont dû élever des jumeaux et ce n'était pas toujours une partie de plaisir. Je suis content de vous voir. Lui faisant une petite tape paternelle sur la joue. Et oui, il vousoie son fils, comme il l'a toujours fait. Ses enfants peuvent parfaitement le tutoyer, ils le faisaient à l'époque, surtout dans leur adolescence, il était plus simple d'attaquer ainsi le paternel, mais lui, ne le faisait que rarement. Difficile de perdre de très vieilles habitudes. Certes Sanders a l'air fatigué, mais il a bonne mine, il tient la rampe, ce qui rend fier son père. Merci, nous l'attendons donc pour le thé. Il y a des traditions qu'il n'a pas perdues, pour autant. Zenon sera content de voir sa fille, aussi. Hochant alors de la tête. Deux, oui. Ils ne prennent que le nécessaire, mais il y a des choses qui ne les quittent jamais.

Il ne peut s'empêcher d'aider un peu Zac pour mettre les valises dans la voiture, pour le siège de bébé, avant de s'installer au mieux dans la voiture. Son épaule collée à celle d'Amélia. Ces deux-là, on ne le dira jamais assez, c'est fusionnel. Son regard accroche quelques instants les bâtiments de l'aéroport, les avions qui s'envolent, qui atterrissement, puis la "campagne" anglaise. La voix rauque le fait revenir dans l'habitacle, ou est-ce la main qui lui caresse doucement le bras?

- A-t-on le choix? Avec un petit air taquin pour Amélia, qui sans aucun doute, aurait pu directement faire un arrêt chez son fils, pour voir la belle-fille et surtout, les petits-enfants. Nous serons là.

Ils n'allaient pas dire non à l'invitation quand même. Des retrouvailles après celles de l'Inde. Toute la famille partait sur de nouvelles bases, autant continuer sur cette bonne voie, si elle restait ainsi. Et puis, ce serait sans doute le premier déjeuner d'une petite liste, les de Lascelle en terre anglaise, ça demandait de voir des gens, pour éviter de froisser certains égos... comme souvent. Voilà aussi, pourquoi notre homme aimait rester en Inde... moins de contrainte, plus de liberté de vivre à son rythme, sans protocole et surtout, sans obligation.

Petit mouvement de la tête d'acceptation à la question posée par leur chauffeur improvisé.

- Vous êtes en charge, Zac.

Pour lui montrer sa confiance, ou en tous les cas, cette envie de vouloir lui faire confiance à nouveau, enfin.

Zenon comprend donc qu'entre ses enfants, ce n'est toujours pas le grand amour. Ils sont brouillés, ça le peine, mais il ne sait pas tout ce qui a été dit, fait. Il comprend juste que même si Izaline et Zac sont des jumeaux, ils peuvent quand même ne plus savoir se parler. Et lui, en tant que père, il ne sait pas non plus comment les réconcilier correctement. Il espère quelque part, que le mariage de sa fille, la pente remontante de son fils, permettra des retrouvailles sérieuses, sincères. Mais ce n'est pas à lui de faire tout cela et il le sait. Il sait aussi que c'est compliqué de le comprendre pour Amélia. Ils tiennent à leur progéniture tous les deux, comme toujours.

- Bien, je prendrai donc contact avec elle. Avec un petit sourire. Il n'y a aucun sous-entendu dans son ton. Il fait avec. Il est bien obligé.

Sourcil haussé, le regard du père cherche celui de son fils dans le rétroviseur. Il veut discuter. C'est presque nouveau ça. Les conversations père/fils ne sont plus vraiment leur truc depuis longtemps. Voilà pourquoi c'est surprenant. Mais ce n'est pas le comte qui crachera dessus. Voilà qui sera bien stupide. Il hoche lentement de la tête, se frottant le menton.

- Des choses? Quel genre de chose? A moins que vous ne pouviez en parler devant votre mère? Comme s'il y avait réellement des secrets entre les parents de Lascelle. Ils se disent tout, presque tout, depuis toujours. Difficile de dire non à notre petit-fils, vous savez utiliser les bons leviers, fils.

Oui, il le taquine, encore. Il en profite, parce qu'il sait que Zac est moins fermé, il comprend mieux ses traits d'humour, rien pour le faire sortir de ses gonds. C'est aussi sa façon de montrer son affection envers ses enfants. Il caresse lentement la main de sa compagne du bout de ses doigts, dans un rituel plutôt habituel.

- Oh, vous ne souhaitez pas sauter sur l'occasion de pouvoir lui balancer quelques tacles dont vous avez le secret? L'animosité entre Caleb et Amélia n'est pas une inconnue, elle est présente depuis toujours. Il sait qu'il doit faire en sorte qu'ils se croisent le moins possible, mais n'est pas gêné quand cela arrive et que les piques fusent. Amélia a le droit de montrer ce qu'elle pense et ressent, tout en sachant que le juge ne se laisse de toute façon pas faire sans répliquer. Ils savent se parler tous les deux, sans que le comte ne doive intervenir. Ils sont grands et vaccinés. Si vous le souhaitez, oui. Il n'a pas beaucoup de lien avec la famille d'Amélia, sans doute parce que comme son monde, celui de sa dame ne l'apprécient guère. Il vit avec. Oui, elle m'a demandé si elle pouvait venir quelques jours chez nous, elle tient à nous présenter quelqu'un. Je lui ai dit qu'elle était toujours la bienvenue. Ai-je eu raison?

La question est plus rhétorique qu'autre chose. De Lascelle sait qu'Amélia ne sera pas contre. Violet est une jeune femme agréable, cultivée, intéressée et intéressante. La relation entre les deux femmes se déroule bien et Violet peut ainsi découvrir des idées et des façons de faire qui bousculent un peu son monde, ce qui n'est pas plus mal.

- Tout le monde va bien. Ils demandent quand vous reviendrez chez nous.

Les enfants ont toujours été appréciés. Ils se faisaient rares en terre indienne. Peut-être que les choses allaient enfin changer. La voiture s'arrêtait. Le comte dérouillait son dos et ses jambes en sortant de la voiture.

- Mmmff... Décidément, ces voyages ne me réussissent pas. Avec un petit sourire, donnant son bras à sa dame. Comment se passe votre retour au travail?

Jamais son fils ne disait vraiment ce qu'il vivait en tant que policier. Il parle de ses collègues oui, mais pas du reste.

L'air de Zenon est amusé, la répartie de son fils n'est plus à prouver depuis longtemps. Tout comme le fait, qu'en effet, il a été éduqué par eux et que le couple de Lascelle, sait souvent user de feinte, pour obtenir ce qu'ils souhaitent. Tout en restant toujours, dans la légalité. Le comte ne filtre pas avec une quelconque ligne jaune, contrairement à son garçon. Mais il sait comment tourner les choses à son avantage, quand il en a besoin.

- Voilà qui est facile, accuser vos vieux parents. De la taquinerie, encore. Personne n'est dupe, bien entendu.

Des affaires d'hommes... même s'il sent que Zac s'en amuse, il est curieux d'en savoir plus, c'est un fait. Que son fils souhaite ainsi lui parler, en privé. Le ricanement de sa femme ne passe pas inaperçu, bien sûr qu'elle se moque de cette remarque et celle qu'elle lui fait dans la langue qu'ils ont tous les deux apprivoisées, lui fait garder son sourire.

- En êtes-vous certaine? Lui caressant la main. Pas de doute que le plus jeune sait parfaitement d'où il vient. Il titille sa mère, c'est un fait. Amélia le sait tout autant que Zenon. C'est dans les gênes familiales, ils aiment bien, chercher les autres.

Oh oui, elle aura l'opportunité de croiser les armes des mots avec Blakemore, difficile de faire autrement de toutes les façons, il était un ami, les comtes se verraient assurément et plus d'une fois. La comtesse finira donc par croiser cet "ennemi" de longue date.

- Aurait-elle une raison de l'inviter?

Ce neveu ne file pas le meilleur des cotons et s'il y a moyen d'éviter d'avoir un trouble-fête à l'anniversaire d'Izaline, Zenon n'est pas contre. Il souhaite que sa fille ait droit à une belle journée, la plus belle même, dit-on. Et si pour cela, il faut éviter ceux qui peuvent amener un nuage noir au-dessus de leur tête. Autant le faire. Les liens familiaux, dans cette famille, sont de toute façon, étranges et distendus. Les mondes s'entrechoquent, sans pour autant totalement s'accepter.

- Bien, ma dame. Lui embrassant à nouveau le dos de la main. Les époux sont d'accord sur le fond, le baron Crawley est un sale type. De plus, Zenon a vent de ce qu'il peut faire subir à sa filleule, puisque cette dernière se permet parfois de lui écrire par quelques sous-entendus, que tout n'est pas rose dans son mariage. Il n'a pas eu coeur de ne pas en faire part à sa compagne, ce qui la pousse a être encore moins agréable vis-à-vis de ce jeune noble, qui pense que tout lui est dû.

Le comte observe son fils un instant, il se demande comment ce dernier aurait été, s'il avait accepté d'hériter de ses titres à lui. S'il avait embrasé la noblesse, au lieu de tout rejeter en bloc. Bien sûr, l'éducation des jumeaux avait été spéciale, parce qu'ils avaient grandi, au début, loin de tout cela. Mais que serait devenu Zac, et Izaline? Plutôt comme Edward ou Violet? Voir même le fils Blakemore? Une question qui restera à jamais sans réponse. S'il avait été un peu attristé de voir que ses enfants ne voulaient même pas de son nom, il s'en était fait une raison.

- Oh, parfait. Honnêtement, il ne s'attendait pas à une réponse si rapide, pour un temps si rapproché. La relation s'améliore vraiment, il en est heureux, même s'il évite de trop le montrer. Nous leur apprendrons la langue avec plaisir, Zac.

Un plus, un vrai plus pour ces enfants, être bilingue est une force, autant qu'ils l'attrapent au vol. Et puis, l'Inde est un grand pays, il y a de quoi faire là-bas aussi, si ses petits-enfants en tombaient amoureux.

Un simple mouvement de la tête de la part du comte, montre qu'il est tout à fait ouvert à un massage, pas que pour le côté intime que cela représente, mais bien pour le fait qu'il en a besoin, aussi. La tête de leur fils reste toujours la même, certaines choses ne changeront jamais. La mère taquine alors Zac, vrai que ses propres enfants, lui offriront sans doute les mêmes réactions à ces choses si naturelles dans un couple. Le père n'intervient pas pour le coup, mais il est d'accord.

Une main paternelle se pose sur l'épaule du flic, alors que ce dernier fait comprendre qu'il fait de son mieux pour tout rattraper. Tout ce qu'il a merdé, il veut le réparer. C'est une bonne chose. Une pénitence quelque part. Il peut avoir le soutien de ses vieux, s'il le demande, mais la fierté, l'orgueil, est aussi une chose héritée des parents, Zac est comme eux, même au fond du trou, il ne vient pas chercher de l'aide. Il aura fallu bien longtemps pour qu'il l'accepte.

- L'important, c'est de ne rien lâcher.

Le fils disparaît quelques secondes, le temps de laisser les parents seuls quelques instants.

- Qu'en pensez-vous?

Amélia et lui sont d'accord sur la plupart des points dans leur vie, mais parfois les enfants sont un sujet de discorde entre eux. Ils ne voient pas toujours la même façon de faire avec leur progéniture. Ce qui mener à des échanges plus houleux. Mais pour le coup, le père est curieux de savoir ce que perçoit la mère, chez ce fils qui tente de changer, pour de bon. Est-ce qu'il continue à suivre la pente qu'il a décidé de prendre quand ils en parlaient en Inde?

Fin sourire, encore, alors qu'il suit le mouvement tandis qu'ils entrent dans l'auberge. Rurale, au goût du comte. Oui, finalement, il a découvert qu'il aime tout ce qui ne touche pas au faste de son monde, il apprécie ce qui est proche de la terre, du commun des mortels. Il lui aura fallu rencontrer une Américaine qui bouscula bien violemment ses codes, mais s'il est toujours avec elle aujourd'hui, c'est bien que c'était ce don il avait besoin.

La petite famille s'installe donc à la table, Zenon attrape déjà la carte, le voyage en plus de lui casser le dos, lui a donné faim.

- Ils commencent à se faire vieux, comme nous. Dans une pointe d'humour. Mais c'est loin d'être un mensonge, les animaux comme les humains, prennent de l'âge, il y aura un jour, où ils laisseront la place au suivant, c'est ainsi que va la vie. Ils apprécient leur retraite. Les plus âgés ne sont plus montés, mais le comte prend le temps de faire des ballades avec eux, longe en main, à pied, pour partager des moments de calme. Ils n'ont pas non plus un haras, toujours deux chevaux encore prêt à la monte, quand l'envie leur prend, les autres, profitent de cette retraite bien méritée.

- Un conseil avisé pour le repas? Puisque Zac semble savoir ce qu'il fait, autant continuer à apprécier ce changement.

Zac donne son avis, même si ce dernier ne lui a pas été demandé. Zenon l'écoute, bien sûr, il hoche légèrement de la tête, parce qu'il est d'accord avec son fils. Pour autant, ce n'est pas à ce dernier, ni à eux, de décider des gens qui seront au mariage d'Izaline, mais bien à cette dernière et sa compagne. Ils sont invités, comme les autres et si sa fille souhaite voir ses cousins, elle en a entièrement le droit. Que son fils décide de faire le chevalier servent, protecteur, le fait sourire légèrement, il tente de se rattraper, comme il peut.

- Mmm... pourtant, c'est Izaline qui décidera Zac, que cela vous plaise ou non. Et il vous faudra vous faire à la décision de votre sœur, SANS tirer la gueule. Pour parler votre langage.

Tout comme son épouse, le père n'est pas vraiment pour entendre un langage châtier, pourtant, comme il sait le faire pour Amélia, il peut tenter de se fondre dans la masse, pour bien se faire comprendre et pas de doute sur le fait qu'utiliser un tel phrasé, sera suffisamment marquant pour son garçon qu'il se souviendra de ses paroles. Zenon veut la paix des esprits, surtout ceux de ses enfants et pour cela, il faut qu'ils s'entendent à nouveau. Il aimerait les voir retrouver ce lien d'entente, quand ils ne se lâchaient pas, qu'ils inventaient leur langage, qu'ils étaient si complices... un jour... quand eux, les vieux, ne seront plus là, ils n'y aura plus qu'eux deux... il ne faut pas que cela se perdre à jamais.

Il est pourtant d'accord avec son fils, sur le fait qu'il ne comprend pas trop pourquoi Amélia s'obstine avec certains membres de sa famille, mais comme elle ne comprend pas non plus les liens qu'il peut avoir avec certains de ses amis. Il faut juste l'accepter, tant que les autres ne les mettent pas dans un embarras dont ils ne pourront pas sortir.

- Les liens de famille parfois... avec un léger sourire, bien sûr qu'il soutient son épouse, c'est son devoir. Non? Votre "QG", au commissariat? Un petit air amusé flotte sur son visage. Nous ne serions clairement pas à notre aise. Même si le comte n'a rien contre l'équipe de son fils, bien au contraire, il les apprécie, il se voit mal venir sur son lieu de travail, ce n'est clairement pas sa place.

Amélia a toujours une idée derrière la tête. Le fait qu'elle mette à nouveau sur la table le sujet du théâtre, n'est clairement pas anodin. Il comprend parfaitement le message qu'elle lui passe. Ils la feront, cette petite soirée. Qu'elle ne s'inquiète pas. En fait, elle est déjà prévue, il compte la surprendre, même si ça risque de devenir difficile, vu l'envie afficher de sa compagne.

- Je ne crois pas que notre fils soit intéressé par cela. Pour détourner le sujet, au moins un peu.

La comtesse fait donc l'invitation, à ses frais, de toute la famille du policier, ce qui amuse toujours le père. Car tout est non-négociable pour le coup. Ils devront venir et accepter de ne rien payer. Mais le fils est comme la mère, un égo parfois mal placé, sera-t-il prêt à ne pas mettre la main au portefeuille? Zenon a appris depuis longtemps à accepter cela. Il n'a rien contre le fait qu'Amélia soit indépendante financièrement, au contraire, il a toujours trouvé important qu'ils aient chacun un compte indépendant.

- Oh je crois que vous ne pouvez qu'accepter. Avant de rire un peu. Et pourquoi pas?

Qu'ils héritent seulement de cet "empire", au moins, ils seront à l’abri du besoin. C'est important. Une main vient se poser sur l'épaule du quarantenaire, un nouveau petit mouvement de la tête paternel.

- C'est bien, mon fils. Ne rien lâcher, se battre, voilà l'esprit que veut voir Zenon chez Zac. Il n'y a que comme cela qu'il peut s'en sortir. Pas autrement. Nous sommes là, si besoin. Le père le sait, qu'il ne viendra que difficilement vers eux s'il replongeait, mais au moins, c'est dit. De cette information, il en fera ce qu'il souhaite.

Ses doigts caressent lentement la main qui tient son bras, le comte écoute les paroles de son épouse. Il n'aime pas trop cette fatalité. La violence est-elle vraiment la seule façon de vivre, même quand on la côtoie? Il a l'espoir, quelque part, que Meg et les enfants, permettront réellement à leur fils de s'apaiser pour de bon, de trouver un équilibre, de la quitter, cette foutue violence.

- Je suis d'accord avec vous, il essaie vraiment et c'est la première fois que je vois et sens, qu'il le VEUT vraiment. J'ai l'espoir, fou sans doute, de croire que cette nouvelle force, ses enfants et sa femme, lui permettront de ne plus vivre pour la violence, même s'il en est entouré. Je sais que vous avez des doutes à ce sujet, mais s'il se pose pour de bon, qu'il ne prend plus ce qui réveille tous ses démons, il saura mettre la barrière là où il faut. Sans compter tous ceux qui veillent sur lui, qu'il le veuille ou non.

Il n'y a pas que Meg, il y a sa sœur, ses amis de la Strike, Jean-Baptiste Lemoine a promis aux parents qu'il ne laissera plus jamais Zac sombrer et pour le moment, tout ce petit monde fait son travail. Plus qu'à espérer que ça perdure.

Installés finalement, la petite famille profite du coin, le père de famille, d'être assis plus confortablement, le dos bien calé, il peut oublier un instant cette douleur lancinante qui le tire.

- Bien entendu. Les chevaux le sont toujours. Se passant les doigts sur la moustache. Oh, tout enfant est un prodige pour ses parents. Zenon n'aime pas trop le fait de voir quelque chose de spécial chez les enfants, il préfère les considérer tous de la même façon. Pour l'égalité de chacun. Et il n'y a pas besoin d'être précoce pour monter à cheval. Cela demande juste un bon équilibre.

Le comte pose donc la carte et sort lentement sa pipe, puisque sa femme le fait avec ses cigarettes.

- Côte d'agneau ce sera. Je vous fais confiance. Attrapant le tabac pour bourrer le bol, avant de profiter du feu de sa compagne pour allumer le tout. Il recrachait lentement la première bouffée de fumée, le paradis, n'est-ce pas? Une bière, ce sera parfait oui. Levant la main pour appeler le serveur qui passe non loin et passe la commande sans attendre. Puis reprenant tranquillement le cours de la conversation. Et comment vont les membres de votre *Strike Team"? Messieurs Lemoine et Lynch? De Rylee Byrd, ils ont des nouvelles régulières de part Izaline, mais les deux autres... Et le travail ?

Oh bien entendu que Zenon connaît les caractères des membres de sa famille. Il sait bien que Zac est aussi têtue que sa mère. Les débats entre eux avaient pu durer des heures, à l'époque. Aujourd'hui, ils ont appris à lâcher l'affaire ou en tous les cas, à accepter qu'ils peuvent ne pas être d'accord et s'en accommoder, sans que pour autant, l'autre ne finisse par changer d'idée. Cela avait pris du temps, de la distance aussi. Peut-être que l'âge aide, lui aussi. Enfin, pour le coup, pas de discussion, le comte a le dernier mot, parce que oui, c'est Izaline qui décidera, qu'importe ce qu'ils penseront tous. Mais honnêtement, il doute sincèrement que cette partie de la famille va être invitée au mariage. Elle n'a pas plus de liens avec eux, que les autres. Zenon ne se fait donc pas trop de bile concernant ce sujet.

Le père peut se sentir un peu désolé de refuser la proposition de son fils. Mais il ne se voit vraiment pas aller boire un café au commissariat. Il ne tient pas à attirer l'attention de tout le monde. Il préfère un lieu plus neutre. Ce terrain, il ne le connait guère et il ne l'aime pas beaucoup, aussi, soyons honnête. Parce que ça a changé son fils, enfin c'est son impression, ou plutôt que changé, ça l'a conforté dans certaines de ses idées. Il n'a rien contre les collègues, il estime les trois autres membres, parce qu'il sait qu'ils ont toujours tentés de faire au mieux pour Zac, mais en même temps... ce côté rebelle et surtout plutôt sauvage, a été encouragé aussi. Bref, c'est assez compliqué pour lui, de faire avec tout ça. Et s'il ne veut pas créer des tensions, mieux vaut ne pas trop s'arrêter sur le sujet.

Le comte jette un regard à son épouse, elle n'a plus la main sur la vie de ses enfants. Il ne sait pas si cela pourrait leur faire du bien, de la culture. Ce n'est pas vraiment ce qui a l'air de plaire à Zac. Il a le droit, c'est ainsi. Ils n'ont plus à imposer ce genre de choses à leurs enfants. Ils sont adultes et vaccinés, depuis longtemps maintenant. Si c'est pour avoir un fils qui tire la gueule et s'emmerde alors qu'ils vont au théâtre, mieux vaut qu'ils en profitent tous les deux, seuls. La négativité n'est pas une bonne chose, encore moins dans leur famille. Les tensions peuvent venir très rapidement entre eux. Ils ne sont pas apaisés totalement.

Et la suite lui donne raison. Il suffit de quelques échanges pour que la tension monte. Rien de grave, bien sûr. Mais même quand ils veulent bien faire, il y a moyen de se braquer. Le comte observe son fils, qui met ses conditions, qui refuse quelque part, que ça soit simple. Qu'il n'ait besoin que de penser à la date du voyage, non au lieu de ça, il faut qu'il fasse comprendre qu'il aura le dernier mot, que le pouvoir décisionnel lui revient, à sa femme et lui en fait. Qu'importe la générosité de sa mère. Le père en est fatigué. C'est aussi ça qui est pénible, ce refus toujours de l'aide. Même s'il a un peu évolué. Il se mord légèrement l'intérieur de la lèvre, mais préfère garder le silence, pas besoin d'en rajouter, même s'il n'en pense pas moins.

Au moins, le fils confirme qu'il sait que ses parents sont là si besoin est. Même s'il veut montrer qu'il est aussi capable de s'en sortir seul. Cette fierté mal placée parfois... De Lascelle ne dit rien, toujours il fait un simple mouvement de la tête. Il sent que ça ne servira à rien de tenter de dire quoi que ce soit et lui, ne souhaite pas de conflit. Pas maintenant, alors qu'ils viennent d'arriver, qu'il est aussi fatigué du voyage. Il n'a pas envie que les voix s'élèvent et que ce moment qui pourrait être agréable, finisse en froid... comme ils savent si bien le faire parfois.

- Bien entendu, Amélia. Avec un léger sourire. Ils l'ont déjà prévu. Zac ne le sait pas, mais s'il plonge à nouveau, plus aucun choix ne lui sera disponible, les parents prendront en main la suite.

Son regard noir se plante sur son fils. Le cynisme de ce dernier n'est pas blessant, mais épuisant. Encore une fois, Zenon ne cherche pas la guerre. Il veut juste... que les choses soient apaisées, mais ce n'est finalement pas ce qui arrive. Certes, en tant que parents, le comte et la comtesse ont été exigeants. Ils voulaient que leurs enfants aient le meilleur avenir possible.

- Oui. Le comte n'a pas changé d'avis à ce niveau, la perfection n'existe pas. Chez personne, il y a toujours des failles, des problèmes... Zac en est bien la preuve non? Qu'il voit son fils comme un petit génie, n'empêchera pas que les choses changeront quand il grandira, c'est ainsi, c'est la vie. Est-ce un problème, Zac?

Un jour, il faudra que cette famille s'assoit autour d'une table et discute, très sérieusement, que les choses sortent, que parents, comme enfants, soient prêts à entendre ce que tous les partis ont à dire, pour atteindre ce calme entre eux, enfin, pour de bon. Il suit donc l'échange entre mère et fils, dans le silence qu'on peut bien lui connaître, mais le comte n'est pas un appréciateur des conflits, bien au contraire. Il a toujours cherché à ce que les choses s'apaisent, même s'il peut mal s'y prendre. Mais comme il l'avait dit, personne n'est parfait.

Amélia pose de vraies questions, même si Zac ne veut pas en entendre parler. Son futur est important. Cette Strike, même s'il l'aime, le met en danger, il se met en danger. Maintenant qu'il a deux nouveaux enfants à sa charge, est-ce vraiment si intelligent de continuer là? De Lascelle comprend parfaitement les inquiétudes de la mère, bien entendu, le fils se braque, encore, il n'aime pas qu'on se mêle de sa vie, qu'on tente de le pousser à des réflexions... il mord, rentre dans le cadre, c'est plus simple. Il ressemble tellement à sa mère finalement... un petit soupire quitte les lèvres du noble, il pose sa main dans le bas du dos de sa compagne, pour tenter d'apaiser, de faire comprendre qu'il est temps de lâcher l'affaire. Zac ne veut pas en parler et continuer à le chercher n'arrangera rien. Il le sait.

- On va dire que c'est déjà fait? Finit-il par dire, pour desserrer enfin les lèvres. Certes, il n'y a pas eu d'éclats de voix, pourtant, la tension autour de la table est palpable. Maintenant, profitons simplement d'être là? Prenant sa bière. Merci d'être venu nous chercher, Zac. Une sorte de calumet de la paix, reconnaissance, c'est parfois ce dont avait simplement besoin le fils.

Le père fait un pas vers lui. Il ne se bat pas contre son épouse, mais il estime que ce n'est pas le moment que les choses s'enveniment. Il sait pourquoi sa compagne agit ainsi, c'est l'inquiétude qui parle, mais le fils n'est pas prêt à l'entendre, alors... autant que cela s'arrête. Ils en parleront au calme, à deux, plus tard.

La remarque de Zac tire une moue au comte. Il fronce des sourcils, n'appréciant pas cette façon de faire. Ce côté de n'en avoir rien à faire, pouvait le faire grogner. Zenon doit pourtant rester calme, ce n'est pas le moment pour qu'ils s'engueulent. Il ne le veut pas non plus, puisqu'il souhaite que tout se passe bien. Alors il se mord la lèvre et laisse passer, hochant juste légèrement de la tête aux paroles de son fils. Oui, tendre vers le mieux, démontre le meilleur moyen d'aller au plus proche de la perfection.

Bien entendu, si Zenon préfère éviter les conflits quand il le peut, ce n'est guère le cas de son épouse. Amélia n'a pas peur de mordre, de dire ce qu'elle pense. Mettre de l'eau dans son vin, c'est assez rare. Il la connaît, sa femme... il sait qu'elle sera prête à avoir le dernier mot avec leur progéniture. Cette dernière n'est pas la seule à se dire que s'il n'était pas leur fils, la relation ne serait pas la même... le père ressent toujours ce rejet total de ce qu'ils ont voulu leur offrir. Izaline est plus ouverte que son frère, mais cela n'a pas empêché de la faire s'éloigner d'eux, elle aussi. A croire qu'ils ont tout fait de travers.

Le calumet de la paix est tendu, il ne tient qu'au fils de le prendre. Ce qu'il fait, moqueur, toujours quand il l'a un peu mauvaise... on dirait sa mère tiens. Zenon les voit plutôt très bien, les liens filiaux entre eux. Pas de doute que ce sont les enfants d'Amélia, et les siens. Un simple mouvement de la tête marque la paix, donc... en espérant que les deux loups prendront sur eux, de rester calme. Encore. Son épouse à le bon mouvement, parler des autres, des membres de la meute, un bon moyen de détourner les conversations problématiques, l'homme attrape ses couverts, alors qu'on les sert les uns après les autres, tout en écoutant attentivement les réponses.

Le paternel se demande si la belle-fille en a vraiment quelque chose à faire de leurs encouragements, mais bien sûr, ils seront là, pour soutenir, s'ils en ont besoin. Sa femme répond pour eux, il laisse faire. C'est une habitude posée depuis longtemps, lui n'en prend pas ombrage, il n'est pas l'homme le plus causant du monde et il est le plus souvent d'accord avec sa moitié. Si ce n'est pas le cas, il sait le dire, voir le montrer. Au pire, ils s'expliquent quand ils sont seuls. Pas besoin de faire des esclandres en public. Même si parfois, il sent qu'Amélia le cherche, mais c'est son côté combattante, il le sait, il ne s'en offusque pas.

De Lascelle goûte donc la cuisine locale, il n'est pas déçu. A force de voyager, il sent que la faim était présente, il apprécie la cuisson de la viande, les légumes, prenant le temps, aucunement besoin de se presser, la voix de son fils le ramène à la table, il lève les yeux sur lui.

- Mmm? Avant que la question n'arrive réellement à son cerveau. Ah! Oui, oui. Avec Caleb, bien sûr. D'un léger sourire passager, avant d'être un peu surpris par la question. Son fils qui veut jouer avec lui? Voilà longtemps. Les derniers souvenirs remontaient à loin, quand il devait le tirer dans le court de squash. Mais cette demande lui fait plaisir. Que ce sera avec plaisir Zac. Le match sera intéressant. Avec un petit air amusé pour le coup. Même avec ses vieux os, son corps fatigué, le souffle plus court, le comte est un lion raquette en main, il se bat pour chaque balle. Autant dire que le plus jeune ne gagnera pas facilement. Avez-vous un endroit où jouer dans votre quartier? Sinon nous pourrons aller au club. Non pas celui où il retrouve toute la noblesse anglaise, mais bien celui où il va squasher, justement. Un club de sport, où l'on peut transpirer.

- Une envie comme ça, ou une envie de vous remettre à ce sport?

Peut-être un sujet qui n'apportera pas de conflit... peut-être.