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Alcool Rouge (Mishall)
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Alcool RougeMishall et Colin

Ils regardent la télévision. Une série banale de famille déjantée. Amelia a déposé son visage sur l’épaule de Colin. Le roux de ses cheveux mange son petit visage. Amelia pleure, mouille la chemise blanche de Colin. Le noir de son maquillage trace deux sillons sales le long de ses joues rondes.

- Tu ne veux vraiment pas me dire ?

Demande Colin qui entend un énième sanglot étouffé.

- Papa est mort.

Le père d’Amelia était un salaud de crapule, qui n’avait pas hésité à mettre sa fille sur le trottoir afin qu’elle devienne « utile au moins à quelque chose ».
Pour une raison obscure que seul le sang filial peut expliquer, Amelia adorait son père.

- C’était son cancer… ?
- Oui.

Cirrhose du foie.

La petite prostituée enroule ses deux bras autour du bras de Colin. Les voix des acteurs sont recouvertes par les gros sanglots enfin libérés de la fille libre mais désormais sans père.

***

Est-ce que la vie est simple pour toi, Mishall ?
As-tu dû ouvrir les yeux, une fois dans ta vie ?
Est-ce que la vie t’est douce ?
As-tu dû faire des choix ?

Amelia est partie. Dans le lounge du Black Lady, Colin est seul. Seul avec le sifflement du vent dans les minuscules interstices des fenêtres et avec la sensation étouffante et perverse qu’à quelques mètres de lui, aux étages supérieurs, des clients et des prostituées copulent pour quelques billets.

Il n’est pas le seul homme, en cette nuit londonienne, à boire un verre d’alcool.
Il n’est pas le seul à devoir travailler de nuit.
A devoir garder les yeux grands ouverts.
Et à sentir, sur le bord de ses paupières, le picotement d’un sommeil trompé par des pensées qui tournent aussi vite que l’alcool glisse dans la gorge.

Est-ce que tu aimes la vie, Mishall ?
Est-ce qu’elle t’aime ?
Es-tu aimé ?

Colin boit un second verre. Un troisième. Un quatrième.

Un coup d’œil rapide à l’horloge antique.

Onze heures du soir.

Il appelle Jacob, le second de son oncle décédé.

- Salut. Tu peux me remplacer cette nuit à la réception ?
- Là maintenant tout de suite ?
- Oui. J’ai besoin de sortir.
- Ah. Bien.
- Merci.

Les hommes de l’illégal doivent travailler dans la suspicion et la prudence. Deux tensions qui bouffent les nerfs et les corps. Ils ont l’habitude d’aller au-delà de leurs limites et de leurs pensées. Ils ont une dureté invisible, celle des esprits qui doivent faire le job sous peine de terminer en prison et d’emporter avec eux ceux qui savaient. Colin demande rarement ce genre de service à Jacob et ce dernier n’a pas de raison de douter de la motivation du propriétaire du Black Lady.

***

Est-ce que tu te souviens, Mishall ?
De notre première rencontre
De ce feu qui allait me tuer

Il marche dans la rue. Il fait noir. Il fait froid. Il a le cœur triste et l’esprit qui doute. Il n’y a pas de choix réel, pourtant. Il n’y a qu’une réalité. Il est propriétaire d’un vieil hôtel qui cache une production illégale d’alcool. Et il aide les amis de son oncle à produire cet alcool. Il ne peut pas vraiment faire marche arrière.

Il n’y a pas de vraie liberté, à Londres.
Comme ailleurs.
Encore moins à Londres.

Il lève les yeux vers le ciel. Des nuages cachent les étoiles et la lune. On ne voit que grâce aux lampadaires, qui tentent de percer le smog de pollution dense. Il ne voit rien de la lumière naturelle. Il fait opaque de vérité, dans ses yeux et dans son cœur. Il fait froid d’humanité, d’argent-roi qui impose sa loi.

Parfois, les hommes ont si froid…
Que seul l’alcool peut les réchauffer.
Et alcoolisés, saouls, les hommes peuvent continuer à marcher

Est-ce que tu sais, Mishall ?
Tes sourires faciles quand tu cours avec moi
Tes sourires faciles quand tu soulèves la fonte près de moi

Il porte une boite à biscuits cylindrique, en carton épais et renforcé. Il la porte nonchalamment. Il marche rapidement. L’alcool lui donne une légèreté fragile et véloce. Il fend le noir de la nuit, il glisse sur le bitume de la ville avec facilité.

Il arrive près de l’immeuble du pompier.

Quand il est arrivé à Londres il y a deux ans, Mishall lui a sauvé la vie d’un incendie brutal. Ensuite, Colin a suivi Mishall dans ses entrainements de course à pieds et de musculation. Il a refusé les entrainements de sports de combat. Mais tout ça était trop sec pour Colin. Alors il lui a fait envoyer, tous les mois, des gâteaux préparés par les cuisiniers sporadiques du Black Lady. Une amitié normale.

Il s’arrête en face de l’immeuble. Un immeuble à appartements comme les autres.

Ta vie régulière
Ton passé d’homme bien
Ton présent de bon citoyen

Oh, Mishall…
J’ai envie de te détester
J’ai envie

Je te déteste

Est-ce que je le peux ?

Il s’approche de la porte principale. Il hésite. Leur amitié est uniforme. Pratique. Confortable. Leur relation a le ronronnement des relations qui entrent dans les petites cases de la bienséance.

Ce n’est pas juste, Mishall
Que tu sois si tranquille
Que tu sois si normal

J’ai envie, moi aussi

Il appuie sur la sonnette. Il attend que son ami réponde. Il se positionne devant la caméra de l’entrée.

- Bonsoir. C’est moi. Désolé pour l’heure. J’avais besoin de parler à quelqu’un.

Il ouvre la porte. Il monte. Il frappe à la porte. Des actions normales. A part l’heure.

La porte s’ouvre.

- Hey…

Colin sourit comme tous les hommes qui ont un peu trop bu. Avec le regard en partie voilé par des cils sombres qui cachent l’impossibilité de voir la réalité comme elle est.

Il tend la boite de biscuit qui contient une bouteille d’alcool.

- Pour changer…

Dit-il en riant un peu.

Il tend la boite à hauteur des pectoraux. Il les touche, à peine, du bout de la boite.

Ton cœur, sans questionnement
Ton âme, sans déchirement
Je t’envie
J’ai envie

- Ne me fais pas la morale ce soir… ce n’est pas le bon soir pour moi entendre ça.

Il entre.

- C’est joli chez toi…

Il n’en rien à faire, en réalité, de l’intérieur de l’appartement du pompier.

Sa voix est plus lente que d’habitude. L’alcool lui réchauffe le thorax, le cou, lui attendrit les cordes vocales.

- Tu vis seul ?

Il ne lui avait jamais posé la question. Elle arrive un peu tard.

Dis-moi oui

- Je ne vais pas vous déranger ?

Dis-moi oui

Dis-moi non

C’est la première fois, en deux ans, que Colin rend visite à Mishall. C’était la barrière qu’il s’était fixée. La frontière entre l’ami avec qui il s’entraine en riant et l’ami qu’il veut plus intimement. Une frontière mince, tenue par les professions passées et présentes de cet ami. Une frontière qui vole en éclat sous les vapeurs de l’alcool trop imprégné.

J’espère que je te dérange un peu, au moins
J’espère que je te bouscule
C’est bien fait pour toi

Je ne te veux pas tranquille

- Après t’avoir envoyé vingt gâteaux… Je trouvais qu’il fallait passer à l’alcool, au moins une fois.

Il rit. Il retire son manteau. Il porte un pull couleur terre brûlée et un pantalon près du corps. Il porte une nonchalance qui s’immisce. Une épidermie qui s’exprime.

Il s’approche. Il a le sourire très blanc. Et les canines qui sortent un peu du rang bien lisse des autres dents.

J’ai envie de te manger
J’ai envie de t’absorber

J’ai envie

- Tu bois avec moi ?

Sombre avec moi, Mishall

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17.02.21 3:06
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]ALCOOL ROUGEMishall McRory - [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
NORTH DISTRICT :: ENFIELD
Ce soir-là, Mishall n’avait rien de prévu. Il n’était pas de réserve, il avait du temps pour lui. Il avait prévu de simplement en profiter devant un film, ni plus ni moins. Le pompier était peut-être un fêtard, mais il avait aussi besoin de temps en temps de prendre le temps de se poser, de souffler, de se reposer.

Sur le canapé du salon, il s’était installé, vêtu que d’un simple bas de pyjama. Il n’y avait rien à grignoter, Mishall faisait attention à ce qu’il mangeait. Il préférait largement garder les sucreries qu’il s’autorisait pour quelque chose qui lui fera vraiment plaisir plutôt que de manger machinalement devant un film. La vidéo se lança, Alien le 8ème passager, un classique qui faisait toujours son œuvre malgré les années et le fait de connaître l’histoire.

Cela faisait une demi-heure que le film avait commencé quand la sonnette de l’interphone retentit, faisant sursauter le pompier. Il mit en pause Alien et alla voir qui pouvait bien sonner à sa porte à cette heure tardive. Il fit alors sur le petit écran, Colin.

_ Salut ! Je t’ouvre.

Mishall avait fait la connaissance du jeune homme dans un incendie. Il avait sauvé Colin des flammes. Depuis, le gérant de l’hôtel lui offrait régulièrement des gâteaux, une sorte de rituel pour remercier Mishall. De tout ça en avait découlé une amitié et les deux hommes s’entraînaient régulièrement ensemble, courant ou soulevant des poids. Néanmoins, c’était bien la première fois que Colin venait chez son ami. Le pompier avait déjà invité son ami à venir chez lui, mais le plus jeune avait toujours refusé jusqu’à ce soir. Mishall se doutait qu’il y a quelque chose qui n’allait pas.

Colin ne fut pas long à frapper contre la porte du pompier. Ce dernier lui ouvrit toujours vêtu uniquement de son bas de pyjama. Le gérant d’hôtel était un ami, alors le pompier n’était pas le moins gêné qu’il le voit dans cette tenue.

En ouvrant la porte, Mishall vit son ami le sourire aux lèvres, une boîte de gâteaux dans les mains.

_ Hey ! On ne change pas les bonnes habitudes. Dit-il en souriant.

Il frissonna en sentant les doigts froids à cause de la température extérieure de Colin sur ses pectoraux. Il attrapa le paquet et invita son ami à rentrer. Il hocha doucement la tête aux mots du gérant de l’hôtel. Il y avait vraiment quelque chose qui n’allait pas. Mishall espérait qu’il serait capable d’aider son ami. Il le souhaitait sincèrement.

_ Merci. Et oui, je suis seul en éternel célibataire. Bien sûr que non, tu ne me déranges pas. Tu me surprends, c’est tout. J’étais juste en train de regarder un film.

Le pompier était incapable de deviner tout ce qui traversait la tête de son ami, mais il n’était pas question de le laisser repartir dans cet état. Ce n’était pas le gardien du feu qui parlait, mais un ami qui s’inquiétait pour une personne qui comptait pour lui.

Mishall laissa Colin se mettre à l’aise, observant la silhouette du jeune homme qu’il connaissait bien pour l’avoir vu s’exercer de nombreuses fois. Même dans son état, Colin gardait une certaine grâce, un charme plaisant.

Lorsque le gérant de l’hôtel proposa de boire, Mishall planta son regard sérieux dans celui de son ami, posant sa main sur l’épaule de celui-ci.

_ Je bois avec toi, mais tu passes la nuit ici. Je te laisse pas partir avec des verres dans le nez. Si on boit, on fait ça bien.

Il alla rapidement chercher deux verres dans la cuisine avant de revenir vers son ami. Il l’invita à s’installer sur le canapé en face de la télé toujours en arrêt sur le film. Il ouvrit la bouteille et remplit les deux verres. Il s’assit ensuite à côté de Colin et tourna la tête vers lui.

_ Et si tu me disais ce que me vaux ta visite surprise ? Fit-il en trinquant doucement avec son ami.

Il avala une gorgée de la boisson sans pour autant quitter des yeux Colin. Il essayait de comprendre le langage corporel du jeune homme, peut-être qu’ainsi Mishall réussirait à comprendre ce qu’il se passait dans la tête de son ami.
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21.02.21 14:19
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Alcool RougeMishall et Colin

Le bruit des verres qui s’entrechoquent.
Ils trinquent, dans le sofa du pompier, devant un vieux film d’horreur mis à l’arrêt. Une suspension de la tension.

_ Et si tu me disais ce que me vaux ta visite surprise ?
- Mh…

Colin porte le verre à ses lèvres, le regard embué.

Il y a toujours de la chaleur autour de Mishall. Chaleur des flammes qu’il combat, chaleur de l’entrainement, chaleur de ses mots. Colin a l’impression que cet homme est incapable d’être froid.

Tout crie que tu es un homme bien, Mishall
Tout crie que tu suis la loi, le devoir
Et tes sentiments d’homme bien

A Londres, il y a la brume, le smog, la pluie.
Et la nuit, même en été, il y a la froideur des petits et grands commerces de corruption, d’illégalité, de survie, d’agression, de compétition. Contre la vie injuste, contre la loi écrasante, contre les autres voraces.
Et il y a aussi le pompier. Ce pompier-là.

Il se penche vers l’avant, il dépose son verre sur le genou de Mishall, afin de ne pas tomber.

La dissonance de la raison et de l’envie…

Tout serait plus facile si tu étais un criminel
Même un tout petit criminel…
Alors pourquoi toi ?

- J’avais besoin de parler avec quelqu’un d’humain.

La réponse est sortie malgré lui. Des mots traitres qui se sont glissés comme des gouttes d’eau en temps de pluie rapide, expulsés par des émotions qu’il a longtemps étouffées, comme une grisaille maritime, sous des nuages de glace, qui cachaient la vue à des hommes qui contempleraient la mer de loin.

Deux secondes de silence.
Il réalise ce qu’il vient de dire. Le glissement traitre des mots-gouttes.

La vie n’est pas un film que l’on peut mettre à l’arrêt. La présence de son ami le force à continuer.
Il accepte ce qu’il vient de réaliser.

- Plus humain que ceux que je côtoie d’habitude.

Le salon lui parait soudain plus petit. Les murs plus proches. L’air plus âcre.
Un piège dans lequel il s’est jeté de lui-même.
Un piège de quoi ? De qui ? Pour qui ?
Ses pensées floutées par les vapeurs de l’alcool. Et les picotements, dans son thorax, de l’antagonisme de sa raison et de son envie.

Ce n’est pas juste, ce que tu me montres
Ce n’est pas juste, cette humanité
Ce serait si facile, d’oublier

Son regard glisse du visage au cou.
Du cou aux pectoraux.

Il rougit sur le centre des pommettes.

- Et plus euh…

Il fronce les sourcils.
Y a-t-il si peu de personnes humaines autour de lui ?
Y a-t-il si peu de personnes fiables autour de lui ?

Il se mord les lèvres.
Il entend sa propre voix résonner contre les os de son crâne.
« Non »

- Je ne sais pas vraiment…

Qu’il souffle sur des notes un peu plus basses. Un peu honteuses.

Ce n’est pas juste, de me rappeler

Colin est un enfant têtu, qui joue à l’équilibriste entre les contraintes de sa situation et les battements de son cœur. Il ne sait pas toujours ce qu’il veut. Pourtant, il agit souvent en fonction de ses envies brumeuses. Quand la brume se dissipe, il a besoin de faire marche arrière.

Il fait marche arrière. Il dévie.

- Le père d’une amie est mort d’un problème de foie. Il buvait trop… Je me sens un peu responsable.

Il examine son verre, qu’il tient sur le genou de Mishall.

La marche arrière est nécessaire. Nécessaire par besoin de sauvegarder l’image qu’il a de lui-même. L’image d’un homme qui n’est pas tout à fait mû par ses envies sous-marines. La marche arrière est nécessaire par fierté.
Et par colère de voir sa fierté si vite titillée.

Il continue à dévier.

- J’ai quand même besoin de boire ce soir.

Il remonte son attention sur le visage de son ami. Il sourit carnivore. L’envie de manger, de boire, d’absorber.

- L’esprit de contradiction, sans doute.

Il approche son visage de celui de Mishall. Ils se sont souvent entrainés ensemble. Suffisamment pour qu’il ait l’habitude d’approcher son ami, de le voir et de le sentir près de lui. Pour ceux qui le pratiquent ensemble, le sport entraine une familiarité de gestes, une confidence de mouvements. Il approche son visage pour retrouver le décloisonnement des corps qu’apporte le physique.

Donne-moi ton aura de chaleur, Mishall
Donne-moi ta présence permanente
Et cette facilité à sourire
Et cette flamme simple

Ils se sont entrainés dans les rues, dans les parcs, dans les salles de sport. Dans l’extensif de l’espace et dans la multitude des présences des autres. L’extensif et la multitude diluent les possibles, les évidences. Les rues, les parcs, les salles communes aquarellisent les volontés et les envies.
Ils ne sont pas dehors. Pas dans un dehors anonyme. Ils sont chez l’ami.
Les lieux intimes solidifient les regards, saisissent les gestes. Accélèrent les évidences.

Colin s’est approché et la chaleur de Mishall fait évaporer tant de choses. L’envie d’absorber, la fierté, l’entêtement, la honte, l’étouffement, la dissonance. Ca se dissipe. Ca se volatilise comme des gouttelettes légères en suspension.

Les envies sous-marines se dévoilent.

J’aimerais t‘emporter
Dans mes mers
Dans mes eaux
Dans l’alcool
Dans l’illégal
Dans la nuit
Dans le noir

- Et l’envie de ne pas être seul, aussi.

Il se redresse, il s’éloigne, il termine son verre d’une traite.
Il observe Mishall, il hausse les épaules.
Un air de se détacher de tout, de lui-même, de la pièce, de l’ambiance.
La volonté de ne pas montrer l’envie de l’autre.
L’envie de ne pas montrer le besoin d’avoir envie.

Son regard s’assombrit.

Il aime les autres, leur présence, leur chaleur, leurs gestes. Il aime le sexe.
Il a l’habitude de draguer ouvertement les inconnus, les étrangers, les sans-passés. Pour lui, la drague est un jeu, une stratégie-amusement pour avoir des moments de sexe.

Mais Mishall n’est pas un inconnu. Encore moins un étranger. Il le connait, au moins un peu.
Colin le connait en retour, au moins un peu.

La connaissance mutuelle est un ciment de la société. La société est un lieu de drame social. Le drame social est un électriseur d’égo.
La connaissance mutuelle doit-elle forcément rendre le jeu de la drague plus sérieux ?

Il observe le pompier. Il observe son visage aux angles doux, sur des os saillants. Il évite de descendre le regard sur les épaules et les pectoraux.

Il n’a pas envie d’entendre un non. Pas envie de sentir le rejet. Pas envie de jouer.

L’alcool, sans doute, pense-t-il.

Il se souvient des marivaudages qu’il a déjà menés.

Des pépites de malice apparaissent dans ses yeux. Il s’approche de nouveau.

Il pose un index sur l’épaule la plus proche. Il étend la main. Il frôle. Son toucher, léger comme du papier de soie.

- J’avais l’intention de te réquisitionner ce soir pour ça.

Sous les doigts, il y a la peau de Mishall. Une peau qu’il n’a jamais touchée. Qu’il a toujours refusé de toucher.
Sous les doigts, il y a la chaleur de Mishall. Une flamme douce, qu’il a toujours évitée.

L’envie de jouer disparait. De nouveau.
Sa main se retire.

Il se trouve trop sérieux. Il voudrait se dérider. Se divertir à draguer, comme avec les autres.

Pourquoi toi ?
Toi, ancien soldat
Toi, combattant du feu
Un si bon citoyen si propre sur lui…

Ca lui prend la tête. Et Colin est un enfant joueur. Il ne peut pas longtemps rester penché d’un côté ou de l’autre, sous peine de sombrer.

Il approche son visage.
Ses lèvres closes. Ses yeux embués par l’alcool. Ses paupières à moitié fermées par la contraction de ses muscles. La dissension intérieure, qu’il fait taire.

Pourquoi toi ?

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18.03.21 5:50
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NORTH DISTRICT :: ENFIELD
Le pompier avait senti qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas dès l’instant où il avait su que Colin était venu le voir avec de l’alcool. C’était la première fois que ça arrivait. Alors, sans hésitation, il avait invité son ami à rentrer et avait accepté de boire avec lui, à condition de Colin passe la nuit ici. Il n’était pas question de laisser quelqu’un alcoolisé rentrer chez seul en pleine nuit.

Dans le canapé, les deux hommes trinquèrent et le pompier essaya d’en savoir plus. Au début, Colin ne disait rien, buvant simplement avant de finalement poser son verre sur la jambe de Mishall. Les mots qui franchirent les lèvres surprirent un peu Mishall qui hocha simplement la tête. Colin était son ami, il était là pour lui si ce dernier avait besoin de parler.

_ Je suis là, un ami ça sert à ça. Fit-il doucement.

Il eut un léger sourire amusé en voyant les rougeurs sur les joues de Colin lorsque ce dernier observa son torse. C’était la première fois que le pompier se rendait compte qu’il semblait faire de l’effet à son ami qu’il connaissait maintenant depuis plus de deux ans.

_ T’as pas besoin de raison pour venir me voir. Ça me touche que tu sentes à l’aise avec moi, même quand tu n’es pas bien. Dit-il simplement.

La suite assombrit un peu le visage de Mishall. Il commençait à comprendre pourquoi le jeune homme n’était pas bien. Se sentir coupable de la mort de quelqu’un était un poids très loin d’être facile à porter. Chose que Mishall connaissait bien. Il le vivait au quotidien et avait appris à vivre avec. Néanmoins, il n’avait pas oublié les personnes qui étaient mortes parce qu’il avait pressé la détente. C’était peut-être les ordres et c’était pour sauver le plus grand nombre, mais ça ne changeait rien au fait que c’était lui, Mishall qui avait ôté la vie.

_ Il y a beaucoup de trafic d’alcool un peu partout en ville. Ce n’est pas parce que tu lui as déniché une bouteille une fois que tu en es responsable.

Il ne savait pas trop si ces mots auraient un impact et pourraient aider Colin à aller mieux. Idéalement, il faudrait changer les idées de son ami, mais le pompier ne savait pas trop comment faire, même s’il devait avouer que l’alcool était un début. Ce n’était pas une solution durable, mais pour une soirée, dans un endroit sûr, Mishall pouvait l’accepter.

_ Tu fais jamais comme tout le monde. Ajouta le pompier en réponse.

L’expression sur le visage de Colin changea. Ce n’était plus cette tristesse, cette mélancolie que le pompier avait vue en ouvrant la porte à son ami. C’était un sourire un peu étrange qui suivit d’un rapprochement. Les visages se retrouvèrent à quelques centimètres de l’autre. Dans le regard brillant de Colin, Mishall essayait de comprendre ce qu’il se passait, mais son ami semblait lui cacher quelque chose. C’était une sensation étrange et le pompier ne savait pas trop comment agir. Puis, la distance revint.

_ Je comprends ça. Comme je te l’ai dit, tu passes la nuit ici. Tu ne seras pas seul. Tu peux te détendre.

Un sourire bienveillant était dessiné sur le visage du pompier. Il ne comprenait pas tout ce qu’il se passait avec Colin, mais ça ne remettait pas en cause son amitié. Mishall allait l’aider, quoi qu’il arrivait. Si pour ça, il devait faire une nuit blanche à écouter simplement Colin, ce n’était pas grave. Si ça pouvait aider le plus jeune, alors ça valait le coup.

Le verre fini, Colin posa son doigt sur l’épaule de Mishall et commença à caresser la peau du pompier. C’était la première fois que son ami avait ce geste. Le plus vieux ne savait pas trop comment réagir, mais il avait la confirmation d’une certaine attirance. Le pompier ne savait que faire. Alors, Colin approcha son visage du sien, il le prit dans ses bras. Car, il n’y avait pas que ça, le plus jeune semblait dépressif, presque sur le point de faire une bêtise s’il n’était pas passé chez le pompier.

_ Ça va aller. Promets-moi que tu ne feras rien d’irréfléchi.

Puis, il prit par les épaules Colin et planta son regard dans le sien.

_ Il ne faut pas culpabiliser. Il y a des personnes qui tiennent à toi, moi par exemple. Je veux que tu restes avec moi et si pour ça, je dois te garder chez moi pendant plusieurs jours, je le ferai. Je suis pompier, c’est mon travail de sauver des vies.

L’inquiétude était sincère sur le visage de Mishall. Il espérait qu’il se trompait, que tout ceci n’était pas un appel à l’aide pour empêcher Colin de mettre fin à ses jours.

_ Tu peux tout me dire. Promis, je ne te jugerai pas. Je veux simplement t’aider.
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07.04.21 18:40
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