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Lien Cristal (Tim)
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Lien cristalTim et Colin

- Cet établissement ne veut pas de descente de la police…

Colin laisse glisser son regard vers le jeune homme frêle qui accompagne Montale.

- Je ne vais pas dans un hôtel quand je sais que la police pourrait se fâcher.

Montale rit.

Montale est un nouveau visage de la Londres des ombres. Grand, athlétique, cheveux noirs et regard aiguisé. La petite trentaine et pourtant, dans ses rires et dans ses regards, déjà, perce la glace des hommes qui ont oublié qu’ils avaient une âme. La frénésie des hommes qui savent tuer sans frémir.
Montale est un homme dont on parle de plus en plus, notamment pour son business agressif et ses amants d’un soir disparus. Un homme que Colin ne voulait pas dans son hôtel.

- La plupart des chambres ont une salle de bain et un petit salon…
- Je veux le dernier étage, sous les toits. Une suite un peu à l’écart, à ce qu’on dit.

Il cille.

C’est vrai, le Black Lady a ce type de suite. Grande, insonorisée, pour les clients du temps jadis qui voulaient organiser des fêtes grandioses sans déranger le voisinage.

- La suite quatre-vingt-dix-neuf ?
- Celle-la même.
- Vous êtes bien renseigné…
- Il faut toujours un coup d’avance…
- Le prix est…
- C’est bon.

Colin lui tend la clef de vieux laiton.

- Voici.
- Merci. Vous pouvez nous rejoindre, si vous le voulez.

Colin frissonne. Espère que l’autre n’a pas vu son effroi.
Il a suivi une formation complète d’acteur. Son corps a des réflexes de jeu social particulièrement entrainés. Il suppose que l’autre n’a rien vu. Il l’espère vraiment.

- Non, merci. Je dois assurer la permanence.
- C’était une plaisanterie.

L’autre enroule son bras musclé autour des épaules frêles de son nouvel amant.

- D’accord. Amusez-vous bien.

Murmure-t-il d’une voix blanche.

Quelques secondes, lourdes, passent entre lui et les deux hommes qui prennent l’ascenseur. Le clac de fermeture du grillage de la cabine en bois marqueté clôt définitivement le dialogue. Le ronronnement du moteur mécanique prend la relève. Le Black Lady a conservé ses sons de jadis, et sous la lumière artificielle de la nuit, les sons prennent des atours de bruitage incongru.

Un miaulement le tire de ses pensées.

- Hey… que fais-tu là, toi ? Comment fais-tu pour entrer à chaque fois ?

Un chat noir, mince, presque maigre, se frotte à ses jambes.

Il se baisse, gratouille légèrement le petit félin derrière les oreilles. L’animal semble sourire sous les papouilles improvisées.

- Tu veux du jambon, de nouveau ?

Un miaulement de contentement lui répond.

- Tsss… une fois repu, tu ne voudras plus de mes caresses, ingrat.

Pourtant, comme à chaque fois, le propriétaire du Black Lady va nourrir le petit chat des rues.

***

Il se penche vers son futur amant d’une nuit. Il sourit, regard cajoleur et sourire doux. Il dépose un baiser léger comme une feuille de soie aux coins des lèvres de Sanders.
Sanders est un homme de son âge, blond, très mince et pourtant résistant. Un homme dense, qui travaille pour un producteur d’alcool concurrent mais qui est capable de séparer sexe et travail. Un homme avec qui il peut faire l’amour sans se soucier des répercussions sur ses relations professionnelles et prohibées.

Il se redresse pour parler au serveur qu’il a senti approcher.

- Vous avez choisi ?
- Je vais prendre comme mon ami.

Lance nonchalamment Sanders.
C’est un homme d’action, celui-là. Pas un homme de restaurant étoilé, même s’il invite régulièrement les hommes qui lui plaisent pour les appâter par l’estomac.

- Pour moi, ce sera les asperges aux tomates et aux concombres, et les aubergines à la truffe noire.

Sanders tourne ses yeux bleus vers le plafond.

- Pareillement pour vous, Monsieur ?

Insiste le serveur narquois.

- Oui. Ajoutez tout de même un steak pour moi.

Colin n’écoute plus. Du bout du regard, il a vu Tim, un jeune homme qu’il avait croisé dans la rue et qui lui avait paru plus doux que les autres. Moins agressif que les autres, en tout cas. Il lui avait confié l’une ou l’autre commission, rien d‘important, mais bien payé, parce qu’il trouvait triste qu’une personnalité sucrée vive ainsi de nid en nid. Puis il avait cru l’entrapercevoir en présence d’hommes fort argentés lors de soirées comme celles-ci. Sans certitude. Mais cette fois, il n’a plus de doute, c’est bien Tim qu’il voit en compagnie d’un homme qu’il connait de vue. Un homme de l’illégal.
Il se sent mal à l’aise. Un goût amer entre la langue et le palais. Il ne sait pas pourquoi. Il détourne le regard. Chacun fait ce qu’il veut.

Il laisse Sanders lui caresser la main gauche.

- Tu n’aimes pas la truffe noire ?
- J’aime surtout la viande.
- Cette finesse…

Il ne termine pas sa phrase.

Près de la fenêtre la plus proche de l’entrée du restaurant, une silhouette de chat de gouttière se glisse contre les vitres.
Un des serveurs sort avec un bout de viande dans les mains.

- Pourquoi souris-tu ?

Les caresses de Sanders remontent de la main vers le pli du coude.

- Ce restaurant a aussi un chat qui vient quémander de la viande auprès d’un serveur…
- Les chats, ce sont de petits sociopathes opportunistes.

Sanders embrasse sans autre formalité. Colin répond au baiser. Sanders est peut-être une brute, mais il sait comment caresser Colin qui, sous le toucher présent et plein de Sanders, un peu rêche, ne peut que laisser ses nerfs se dissoudre dans l’envie.

- Et toi pas, sans doute ?
- Mais pas du tout.

***

Le chat noir est revenu. Ses caresses contre les jambes, presque brutales, sont sa marque de fabrique. Elles lui font penser aux caresses de Sanders. A moins que ce ne soit l’estomac du chat qui ressemble au sien. Il rit intérieurement.
Le propriétaire du Black Lady commence à se pencher pour le caresser.

Le carillon antique sonne. Quelqu’un vient de pousser la porte d’entrée en bois massif.

Il se redresse. Il n’a pas caressé le chat. La petite bête miaule légèrement de frustration lourde.

- Bonsoir…

Dit poliment Colin qui retient un soupire.

Il ne l’aime vraiment pas, ce nouveau londonien qui fait beaucoup trop parler de lui dans les milieux de la pègre et de la prostitution grise.

Il se tait.

Tim accompagne Montale.

Il cille.

Alors c’est jusque là que tu peux aller, Tim ?
Toi aussi, tu peux, jusque-là ?
Comme les autres ?

Il voit la silhouette frêle, sombre, de l'âme de la rue. Il voit sa facilité à entrer dans le rôle d’escort. Il se souvient de ces soirées où il l’a vu en compagnie d’autres hommes riches. Il se souvient des attitudes du Tim de la rue. Une personnalité souriante, charmante, velours et alcôve sans bruit.

Il comprend pourquoi il a ressenti ce malaise amer au restaurant quand il a eu la certitude que Tim était bien un escort. Un escort doué. Tellement doué… Au début, Il n’y a vu que du feu, dans le jeu de composition de Tim. Mais cette nuit, l’acteur comprend enfin le jeu d’acteur qui lui passait sous le nez.

- … Monsieur Montale.

Le chat noir miaule plus fort.

Dans le plâtre des murs, il a l’impression que la voix de Sanders résonne, comme une voix de fantôme railleur « ce sont de petits sociopathes opportunistes ».

Pour sauver ta peau, ton argent, tu me sacrifierais sans ciller
Tu ressembles un peu à Montale, Tim
Tu ressembles à un sociopathe

Il fait semblant de ne pas connaitre le jeune homme. Il ne veut pas se mêler des affaires de Montale. Ni de celles de Tim.
Cette nuit, l'autre arrive comme prostitué. Alors le propriétaire du Black Lady le traite comme un prostitué.

Dehors, le smog épais.
Dehors, les putes racolent.
Elles ne sont pas nées putes. On les traite quand même de putes.

Tu es un sociopathe
Je ne me sacrifierai pas pour toi
Je ne prendrai pas de risques pour toi

Montale pose un avant-bras et un coude sur le comptoir.

- Tu te souviens de moi, l’hôtelier ?
- Comment vous oublier, Monsieur Montale.

Il adresse un sourire doux et compassé à Montale. Un sourire composé. Un sourire d’acteur.

Au milieu des loups, il agit comme un loup.
Au milieu des sociopathes, il agit comme un sociopathe.

Le chat a faim. Il se frotte davantage aux jambes de Colin. Qui baisse le regard vers lui.
Il voit la douceur du chat. Il se souvient l’avoir caressé, malgré l’ingratitude du félin. Il se souvient avoir fait l’amour avec Sanders, l’avoir embrassé, avec tendresse, malgré le détachement émotionnel évident de cette brute. Il se souvient être venu en aide à des prostituées inconnues, parce qu’elles avaient réussi à le toucher.

C’est faux. Au milieu de sociopathes, il n’agit pas comme un sociopathe.

Il relève le regard vers Montale.

- Alors ?

La voix de Montale a monté en agressivité. L’homme ne doit pas aimer attendre.

- La suite quatre-vingt-dix-neuf, je suppose ?
- C’est ça.

Colin se retourne, croise le regard de l'escort.

Pour sauver ta peau, ton argent, tu me sacrifierais sans ciller

Mais au fond de lui, il n’en est pas certain.
Il ne sait pas, non plus, pourquoi Tim agit de cette façon. S’il est né ainsi ou s’il a été poussé à agir ainsi. Au fond de lui, il ne sait rien de Tim.

Pourtant, il s’est toujours senti en danger face à des personnalités comme celle du garçon des rues. Il a toujours refusé de toucher le jeune homme ou de se laisser toucher par lui. Si l’autre a un jour tenté de poser sa main sur la sienne, il l’a retirée aussitôt. Il est tactile, mais avec ce jeune homme, il a toujours été physiquement distant.

J’ai espéré ta douceur, ta candeur
J’ai vu tes sourires, une lumière
J’ai aimé ce que j’ai vu

Pourquoi cette méfiance, depuis le début ?

Des hommes prêts à sacrifier d'autres hommes, à Londres, il y en a des milliers. Des malfrats, des criminels, des sociopathes en puissance, il en côtoie tous les jours, toutes les nuits, dans ce quartier gris et glauque de la capitale.

Pourtant, il tient rarement ses distances physiques avec eux. Il n’est pas prudent avec eux.

Il est prudent avec des hommes comme Tim.

Pourtant, les autres sont cent fois plus dangereux que le jeune homme. Physiquement, matériellement, organisationnellement, plus dangereux que des hommes comme Tim.

Pourquoi cette méfiance ?

Il prend la clef de la suite quatre-vingt-dix-neuf et la dépose devant Montale.

Un téléphone sonne.
Le bruit de la clef sur le comptoir.
Montale sort son téléphone portable, regarde l’écran, fronce les sourcils.
Montale regarde autour de lui, voit le corridor qui mène au restaurant, s’engouffre dans le corridor pour répondre à l’appelant.

Colin se retrouve en compagnie de l’escort et du chat noir.
Le chat ronronne en se frottant contre les jambes qui ne bougent pas.

Il dépose son regard sur le visage de Tim. Il revoit la douceur de l’homme des rues. Il ré-entend sa voix quand il acceptait de prendre des missions. Sa volonté de travailler. Il le jurerait, l’autre serait capable de prendre des risques pour une mission. Comme Montale ?

Tu prends de tels risques
Toi, qui as l’air si velours
Et si intouchable

Tu n’es pas intouchable

Il réalise soudain les similitudes entre le jeune homme et lui. Une douceur apparente. Un câlinant apparent. Cette façon de survoler le concret que seules ressentent les âmes qui souffrent quand elles espèrent quelque chose du concret.

Et il comprend enfin pourquoi il se méfie des personnes comme lui. Ce sont des gens qui lui ressemblent, mais plus fragiles. Sans l’hôtel, sans les amis de son oncle, sans la mort de son oncle, le propriétaire du Black Lady serait aussi fragile qu’eux.

Et cette idée, Colin ne la supporte pas.

Tu me ressembles un peu
Je te ressemble un peu
Malheureusement

S’il laisse Montale passer ses humeurs sur un jeune homme qu’il connait et qu’il a apprécié, simplement parce qu’il ne supporte pas une idée… Est-il aussi sociopathe que Montale qui a l'excuse douteuse d'avoir des pulsions animales, ou l’est-il davantage ?

Pendant que Montale discute au téléphone, il se penche vers celui dont il a apprécié la douceur et la fausse lumière.

- Tu sais ce qu’il fait à ses amants d’un soir ? Ils hurlent tous.

J'aime les chats, leur soyeux, leur velours
J'aime ta douceur, ton câlinant, ta soie
C'est presqu'un caprice de ma part
C'est presqu'une hérésie
Mais c'est ainsi

Il pose ses mains sur le comptoir. Il tourne la tête vers un autre corridor, plus petit.

- Si tu veux fuir, la porte du fond, là-bas, mène aux buanderies. Dans les buanderies, il y a une sortie cachée vers l’arrière.

Sauve-toi
Sauve-moi

Le chat miaule.

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19.02.21 1:59
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“Il n'y a guère de secrets divulgués que ceux que l'on divulgue soi-même.”

-- Mary Sarah Newton


Et il miaule parce qu’il y a un autre chat ici et qu’il hésite encore entre rester avec son petit humain domestique qui le caresse et lui donne à manger ou venir se frotter à un chat plus grand qui vient de rentrer sur son territoire. Il marche, il montre ô combien il est beau et finalement il saute sur le comptoir pour venir chercher des câlins auprès de toi. Il penche sa tête aussi tu penches la tienne aussi, vos deux cranes frappant l’un contre l’autre et il se met à ronronner plus fort, grimpant sur tes épaules en poussant des petits « mrouuu » auquel tu réponds doucement, toi le chat de gouttière, celui qui vit dans la rue depuis des années dans différents nids. Partout où tu dors en est un après tout, n’est ce pas comme ça que fonctionnent les chats ? Sauf que tu as véritablement le tien depuis quelques temps et tu y es particulièrement bien. Ton nid, ton raccoon, ta petite vie privée qui est loin de celle que tu vis depuis longtemps et qui te fait venir ici.

Montale n’est pas ta cible, il en était une pour pouvoir s’approcher d’un poisson bien plus gros et d’une certaine façon tu as obtenu ce pour quoi on t’avait envoyé. Tu as pris le contact qui t’intéressait, tu as pu te faire remarquer de la personne qui te permettrait de rentrer dans les petits papiers d’un clan qui vous intéresse pour savoir exactement comment pouvoir les détruire de l’intérieur si une opportunité s’offre à vous. Tu aurais aimé que Montale t’oublie mais c’est sans compter sur ses kinks et tu as appris à être charmant, c’est même toute ta formation aussi tu n’as pu jouer à demi le jeu et tu te retrouves dans cette situation étrange, cherchant le moment où tu pourras disparaitre sans être obligé de passer une soirée de plus à ses cotés. Tu portes déjà des marques sur ton corps de votre dernière entrevue, tu connais sa réputation et tu lui as bien trop tapé dans l’œil pour que cela soit autrement.

« Je sais » Tu arrêtes de ronronner avec le chat, offrant un regard doux mais taquin à Colin, identique à celui du félin en tournant légèrement la tête. Vous n’avez pas forcément eu l’occasion de beaucoup discuter tous les deux mais vous vous connaissez, tu as fait des petites livraisons pour lui, il a toujours été réglo et tu sais que Montale peut vraiment être un con. Est ce qu’il est assez protégé pour subir la colère d’un homme comme lui ? « Es tu vraiment assez fort pour l’affronter ? » Et par fort il sait que tu n’entends pas force physique mais protection et contact. Toi tu sais qui appeler pour t’en débarrasser mais il te faudra un petit temps avant qu’il débarque. Remarque ça te laisse le temps de disparaitre dans la buanderie. « On fait un deal. Je prends ton offre mais je préviens une personne que j’ai besoin d’aide. Si tu sens que tu vas y perdre, tu lui dis où je me trouve. » C’est facile et c’est honnête. Et tu as dit tout cela sur le ton d’une conversation banale, comme si tu n’étais pas inquiet une seconde de te balader avec un tueur comme lui mais c’est vrai, tu en connais bien d’autre. « Allez mon beau, vas rejoindre ton petit humain. » Tu t’approches de Collins pour que le chat grimpe sur ses épaules, murmurant à son oreille « Merci ». T’y déposes un baiser aussi, plutôt doux avant d’attendre que Montale fasse un pas de plus dans son couloir pour disparaitre rapidement, comme un chat qui se cache mais observe quand même, mettant un message à un mercenaire que tu connais bien et qui se fera un plaisir de gagner l’argent sur le contrat du fou qui t’accompagne.


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03.03.21 22:21
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« Es tu vraiment assez fort pour l’affronter ? »

La force… A lui qui survole le monde de son regard noir et éthéré… Colin a envie de ricaner mais il déteste le cynisme, le crissement des pensées et les aigreurs de l’âme. Il refuse de se moquer, des autres et de lui-même, trop longtemps, trop intensément.

- On verra…

Il lève les yeux au ciel. Il n’en sait rien. Il ne veut pas savoir. Pas voir. Pas tout de suite. Les problèmes se montrent toujours trop tôt, les imaginer ne fait qu’allonger le déplaisir à les contempler.

« On fait un deal […] »

Les mots tombent dans ses oreilles, roulent contre ses tympans, percolent dans son esprit. Les mots ne rencontrent pas tout de suite les clefs de son raisonnement pulsatile, qui bat au rythme de son cœur et de ses impressions. Il a la logique au diapason de ses ventricules, non de la logique humaine.

- Soit.

Murmure-t-il, à moitié convaincu.

Tim se penche vers lui, le chat ronronne vers lui. Toute la douceur présente dans l’accueil de l’hôtel se dirige vers lui.
Il prend le chat sur son épaule, il caresse la boule de poils chaude et soyeuse.

Tim s’en va.
Colin caresse le chat.
Quelques secondes tombent.
Il comprend vaguement le deal, préfère ne pas y penser, observe la silhouette grise de Montale, au loin.
Montale revient vers lui.

- Où est l’autre ?

La voix du méditerranéen est un déclencheur de déplaisir chez Colin qui fait un pas en arrière.

- Mh. Il est parti.

Le chat bondit de l’épaule et fuit dans le corridor. Il soupire.

***

Cinq jours plus tard.

Londres a sa grisaille, son sale et son froid habituels. L’hiver ne la pare pas de ses atours les plus humains.

Colin pousse la porte entrouverte du Black Lady. Son ami Kane, qui aurait dû être encore présent au moment de "passer la main" a dû partir en urgence, afin de s'occuper de son fils adoptif qui vient de se blesser.

Ses nerfs lancent aléatoirement et régulièrement, des petites décharges électriques de douleur, des allusions acérées et sans pitié de ce qui s'est passé il y a cinq jours.

Il a une fossette encore légèrement rouge mais son corps a retrouvé sa hauteur et sa souplesse. Il porte un long manteau de laine noire, comme une redingote d’un temps jadis qu’un couturier habile aurait reprisée pour la faire moins cintrée et plus longue, plus contemporaine et moins dramatique, il porte une écharpe blanc immaculé et des chaussures d’hiver légères. Il semble marcher sur la neige et les sols sans réellement les toucher.

Son regard tombe sur Tim.

- Bonjour Tim.

Des trois hommes qui gèrent la production d’alcool du Black Lady, il n’est pas celui qui connait le plus les récifs, les requins et les courants de ce monde plein de remous qu’est le milieu de la prohibition.
Et Londres est plus retorse, erratique et plurielle que son pays de Galle. Elle produit des personnalités biscornues, des faux-semblants, des vices et des qualités, qu’il ne comprend pas aussi instinctivement que ses deux amis plus âgés et plus expérimentés.
Tim fait partie des hommes qu’il ne comprend pas vraiment.

- Ceci est une visite imprévue. Tant mieux, je voulais savoir…

Il fut surpris de voir Tim en présence de cet homme, de le voir proposer un deal qu’il n’est pas certain de vouloir croire, et de parler de force. Ou de ressources. Il ne sait plus. L’exactitude des termes lui échappe souvent, comme un oiseau sauvage, et il n’essaie pas vraiment de rattraper l’exactitude des mots. La précision de la connaissance des autres l’importe plus, pour lui qui fut déçu par son propre père.

Il avait fini par comprendre la froideur étrange derrière la douceur de Tim. Le pragmatisme sordide qui pouvait animer les décisions de ce jeune homme. Il comprit moins le deal. Il comprend encore moins les ressources, réelles ou fictives, de cette personnalité qui lui parait de plus en plus mouvante.

Il ressent un malaise quand il ne comprend pas les gens. Un malaise comme un papillon vert qui bat des ailes, lentement, devant lui, et qui lui caresse le visage, du bout de ses écailles minuscules et douces. Quelque chose de vert et de miroitant, qui reste sur la joue frôlée et qu’il doit effacer du bout de ses doigts pâles.
Un malaise n’implique pas le rejet.
Un malaise implique l'action.
C’est pour cette raison que Colin veut comprendre Tim, aujourd'hui.

- … comment en es-tu arrivé à côtoyer un homme comme Montale ?

Son monde intérieur est à lui. Un monde de ressentis et de perceptions qui lui sont si propres et si singulières, qu’il n’est pas certain de pouvoir les partager un jour avec une autre personne que sa mère.

De ce monde intérieur, peu de choses peuvent s’échapper. Le filtre des regards des autres, la polarisation du monde extérieur, ont appris à Colin à suivre une certaine cohérence apprise, une certaine logique de faits dont il se moque mais qu’il respecte afin de ne pas paraître tout à fait étranger aux logiques des autres.

Pour suivre cette logique externe, il a demandé le où du comment.

- Je suppose que les commissions dont je t’ai chargé ne sont pas tes principales sources de revenu…

Il n’y a ni moquerie ni procès dans la voix de Colin.
Colin n’aime pas être jugé, il n’aime pas être déçu, et contre ses propres jugements des autres et ses déceptions, il oppose son attrait des autres. L’intérêt s’oppose à la présomption, l’ouverture s’oppose à l’amertume.

Il est dans cet état funambule, qui préfère voir le jeu de l’équilibre, malgré le danger de la chute, qui préfère ressentir l’adrénaline de l’imprévisible, malgré l’inconstance des jours de Londres.

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02.04.21 23:59
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“Il n'y a guère de secrets divulgués que ceux que l'on divulgue soi-même.”

-- Mary Sarah Newton


T’es pas un connard mais tu ne vas pas rester par plaisir non plus, surtout que t’as autre chose à faire de ta vie. T’es resté un peu pour voir s’il ne venait pas te chercher ou bien s’il n’envoyait pas Montale, lui ayant expliqué que tu voulais pas qu’il se mette dans une merde noire pour toi, mais ne voyant rien venir tu as fini par bouger quand un sms t’a filé une nouvelle mission. Ce n’est pas comme si tu avais le choix, t’as un boulot à faire et tu as été formé à toujours répondre à toute demande. Tu finis donc par te casser, non sans avoir envoyé un petit message à Apophis histoire que lui dire où trouver Montale, tu es presque sur qu’il a un contrat sur le front alors autant faire d’une pierre deux coups.

Plusieurs jours après tu es en mode coursier à vélo, ton job officiel, et tu profites d’une pause pour revenir au Black Lady comme on t’a demandé d’y jeter un œil pour voir si le Montale était toujours dans le coin ou pas, n’ayant pas été trouvé le jour où tu y étais ou bien n’étant pas accessible. Tu évites de poser des questions aux tueurs, moins t’en sais mieux tu te portes. T’es donc de nouveau à l’hôtel quand Colin débarque à son tour. « Salut Colin. » Egal à toi-même tu es souriant et charmant, le mec qui fait sa petite vie sans se prendre la tête, celui auquel on ne fait pas vraiment attention puisqu’il ressemble à tout jeune se baladant dans cette bonne vieille ville de Londres.

Tu reportes toute ton attention sur lui comme il semble avoir envie de te parler, rangeant ton téléphone et glissant tes mains dans les poches derrière de ton jean, décontracté. « Il a des contacts qui m’intéressent. » Tu ne précises pas plus. Cet homme a énormément de contacts donc ça ne vend rien de répondre cela et en même temps tu réponds à la question histoire d’entretenir une relation correcte avec le jeune homme. Depuis le temps tu as appris à faire ainsi pour être tranquille. « Il faut bien manger Colin. Plus je rends de service, plus j’ai de quoi vivre correctement. » Ce qui n’est pas vrai mais ça il n’a pas besoin de le savoir. Tu hausses les épaules comme si c’était une fatalité normale tout en restant assez souriant. « Tu l’as revu d’ailleurs ? » Autant l’éviter s’il est dans le coin et au passage avoir les informations que tu cherches. « T’as besoin d’un service ? » Puisque tu es là, autant en profiter.


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17.04.21 22:01
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