Une journée banale qui se terminait. Et une soirée morose qui s’annonçait. La météo annonçait déjà la couleur : entre gris ennui, monotone et seul, et noir pensées. Il fallait qu’elle aille se détendre quelque part. Ce qu’elle avait la prohibition en horreur… Avant, lorsqu’elle pensait à aller se détendre quelque part, l’alcool était forcément de la partie. Maintenant ce n’était pas impossible, mais c’était bien plus complexe. Heureusement, avoir ses entrées avec des criminels de haut vol avait ses avantages, elle connaissait ce genre d’endroits et on l’y laissait entrer. En l’occurrence, il y avait bien un hôtel où un client l’avait emmenée récemment, dans l’East Side. Ça ne payait pas de mine, mais ce qui était intéressant était qu’ils faisaient eux-mêmes leur alcool, et ils avaient un bon Gin. Ça pourrait être l’occasion d’en prendre pour chez elle.
Son choix ayant été fait, après un court passage par chez elle pour poser son attaché-case, elle se mit en route avec son sac à main. Elle y avait un couteau de chasse, le coin était un peu mal famé. Après tout, cet hôtel n’était pas un de ceux du réseau, rien n’interdisait d’y aller armée et le quartier l’incitait. Elle y fut vite et reconnut la façade d’un immeuble qui avait été à la mode, et grandiose, et qu’aujourd’hui le smog avait noirci, et qui manquait de l’entretien qu’on aurait dû y faire. Elle avait l’impression d’entrer dans un de ces nuages gris-noir qui tapissait le ciel de leur atmosphère lourde.
A l’intérieur en revanche l’ambiance était plus chaleureuse. Ce n’était plus un palace assurément, mais on sentait une ambiance d’affaire familiale, cette impression de maison et de gestion en père de famille. Elle avait hâte pouvoir noyer cette ambiance désagréable dans de l’alcool et ses vapeurs pour rendre son environnement proche plus vivant. Elle se dirigea vers la réception.
— Bonsoir, comme la dernière fois s’il vous plait.
Après les formalités d’usage et l’étiquette, l’homme l’emmena dans une partie séparée du restaurant où l’alcool était servi. Elle avait su comment y accéder lors de sa dernière visite. On l’installa, et un autre homme qu’elle n’avait encore jamais vu vint vite la voir pour la servir. Ça tombait bien, elle avait soif.
