Léandre entendait le bruit de la pluie battante. Elle frappait et s’écraser contre les vitres du petit appartement londonien. Tyler écoutait la rue. Il y avait le bruit des voitures, de la marche, des éclats de voix. C’était un bruit de fonds rassurant. Cela démontrait qu’il y avait toujours de la vie en dehors, mais aussi une ligne d’horizon.
Si le juge avait préparé la venue de la médium avec un thé, il n’avait rien osé faire d’autre. Il y avait aussi la traditionnelle boite de sucrerie que laisser Victoria ici.Tyler ne connaissait pas encore grand-chose au monde du paranormal… puis c’était particulièrement désagréable pour lui de bouger le moindre mobilier.
L’appartement du juge était petit. Depuis qu’il était étudiant, Léandre n’avait pas changer de logement. D’abord par soucis d’économie, pour éponger ses dettes, puis par confort. Déménager demander une grande dépense d’énergie, chose que le juge n’avait clairement pas eu ces deniers temps. Il avait eu d’autre choses à gérer.
L’entrée de l’appartement donnait sur la pièce de vie. Il y avait une petite cuisine ouverte. Il y avait un canapé, une table basse ainsi qu’un mur avec des étagères. Sur celles-ci, il y avait de nombreux disques. Les boites avaient un liseré blanc avec un autocollant en braille. Il n’y avait que des groupes de rock, de hardrock, de métal… Florence, sa belle-mère, appelait ça la musique qui hurle, ne comprenant sincèrement pas comment Léandre pouvait se détendre en écoutant ça. Il y avait un casque audio de haute qualité rangé dans l’étagère.
On pouvait aussi y voir différentes choses, dont la plante qu’avait offert Jessica à Léandre. Un pc, mais aussi d’autres éléments informatiques et des livres qu’avaient laissé là Victoria. Cette dernière avait une option de télétravail et venait parfois bosser chez Tyler. Surtout lorsque Léandre était bloqué au fonds de son lit avec de la fièvre. Il était alors nécessaire que quelqu’un garde un œil sur lui.
De façon générale, l’appartement était propre, rangé et rien ne trainait. Tout objet avait sa place. Léandre ne supportait pas le désordre. La raison était surtout pratique : Tyler pouvait ainsi retrouver ses affaires sans avoir besoin d’une aide extérieur.
A l’arrivée de Lowri, Léandre lui ouvrit la porte et la salua « Bonsoir, merci d’être venu. » Tyler n’était pas certain de l’investissement que cela demandait pour la médium. Mais il était clair qu’il était en train de contracter une forte dette envers elle. Il trouverait le moyen de la remercier, même si cela ne donnait strictement rien. Un peu stressé, Léandre ne partagea pas l’angoisse qui montait en lui. La lumière n’était pas allumé, simplement car le juge n’en avait pas besoin. « Il y a du thé si tu le souhaite. » De quoi raviver les cœurs avant ce moment qui s’annonçait difficile. Tyler ne savait absolument pas dans quoi il s’était engagé… mais l’inconnu était intriguant.
Les sourcils froncés je fais un dernier tour de la boutique pour être sûre de ne rien oublier pour la séance de ce soir mais on dirait que j'ai tout : mes lettres, bien sûr, même si je sais bien qu'elles apparaîtront où que j'aille, mais aussi des bougies spéciales et de la sauge à brûler pour purifier l'espace et faciliter la communication avec l'au-delà. Ce n'est pas la première fois que je me lance là-dedans, et que je fais une consultation à domicile mais je ne saurais pas l'expliquer, j'ai un curieux pressentiment face à celle-là... Pourtant ça n'est pas un danger non, ni une menace mais plutôt une sorte d'appréhension, comme si quelque chose allait se passer sans que je puisse mettre le doigt dessus. Enfin bref, il faut que je file. Je secoue la tête pour chasser toutes ces idées et attrape mon sac avant de faire une dernière caresse à Pirate qui ronronne entre mes jambes. Je traverse le magasin et passe par la porte de service pour chercher ma moto, et en la voyant, je ressens encore une fois cette boule dans la gorge. Tyrgan. Depuis des semaines, un mois et demi maintenant je suis sans nouvelles de lui. Il m'avait pourtant promis qu'il m'appellerait chaque semaine, qu'il m'enverrait des lettres lors du long voyage qu'il a besoin de faire pour se retrouver, y voir plus clair dans sa vie, et je me sens douloureusement seule, comme oubliée et surtout, sans savoir. C'est ça le pire, cette indécision et ce silence... est-ce qu'il ne m'écrit pas parce qu'il ne le peut pas, blessé à l'autre bout du monde? Echoué sur une île déserte ? Ou simplement parce qu'il a compris que sa vie d'avant, moi y compris ne lui convenait plus? Ou alors c'est juste moi qui suis de trop et il n'a pas le courage de me le dire en face, alors il disparaît? Je n'en sais rien et j'ai l'impression que ça me tue à petit feu... J'effleure la carrosserie là où il m'était rentré dedans, le jour de notre rencontre et qui est réparée maintenant, avant de fourrer le sac dans le porte bagages en soupirant et monter en selle, pour filer dans les rues de Londres la nuit.
En vingt minutes je suis en bas de l'immeuble dont il m'a donné l'adresse et je me gare, rangeant mon casque, mettant l'antivol avant de reprendre mes affaires pour monter jusqu'à son étage, toujours cette impression étrange qui ne me quitte pas, un peu comme avant les orages, une sorte de nervosité qu'on ne peut pas vraiment s'expliquer. Je sonne puis attends, trempée, qu'il m'ouvre avant de monter jusqu'à son étage et toquer doucement à la porte de chez lui, un joli immeuble ancien et bien entretenu. La porte s'ouvre et je souris, par réflexe, bien qu'il ne puisse pas me voir.
Bonsoir Léandre! Comment vas-tu? Il pleut à torrents dehors ma parole!
Je referme la porte derrière moi et le suis alors qu'il revient vers le salon, m'étonnant du fait d'être plongée dans le noir avant de comprendre, tout bêtement, et prends l'initiative de glisser ma main sur l'interrupteur pour éclairer une pièce chaleureuse et méticuleusement rangée - pas comme chez moi. Il me faut une seconde avant de réaliser ce qui me semble étrange ici : le manque de décoration. Il n'y a pas de jolies lampes, de tableaux, de posters, ou tous ces petits riens auxquels on est attaché mais qui n'ont aucune valeur : bibelots, cadres photos ou autres. Et c'est logique, pour lui, simplement c'est différent de ce que j'ai l'habitude de voir et je dépose mon sac près du canapé.
Oui avec plaisir, vu le temps dehors ça me fera un bien fou! Par contre est-ce qu'il y aurait un endroit où je pourrais me changer? Vu le temps j'ai mis ma combinaison de moto mais autant ça protège de la pluie, autant ça n'est pas très agréable pour se prélasser sur un canapé. J'ai une tenue de rechange dans mon sac, c'est juste le temps de la passer...
Je hoche la tête, bêtement, quand il me répond avant de le remercier, et en quelques minutes je reviens habillée d'un pantalon ample et d'un gilet confortable, m'asseyant sur son canapé et accueillant la tasse de thé qu'il me tend avec plaisir.
Merci! Ca va beaucoup mieux! Alors tu... tu n'es pas trop nerveux? Encore une fois je ne peux rien te promettre et je ne veux pas que tu aies de faux espoirs, mais on peut déjà regarder si tu as un esprit qui te suis en ce moment, pour expliquer cette présence que tu sens. D'accord ? Si tu te sens prêt, on commence quand tu veux...
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Lun 29 Nov - 11:20
Léandre Tyler
Léandre répondit simplement « ça va. » Il eut un sourire par rapport à la pluie. La pluie était une bonne chose bien que désagréable. C’était quelque chose de reposant. Tyler aimait ce bruit régulier et ronronnant. « Bien sûre, tu peux aller dans la salle de bain. » Il expliqua « C’est à quatre pas, puis sur ta droite. » Elle n’aurait pas de mal à trouver. Le juge n’était pas inquiet, l’appartement n’était pas grand. Intérieurement, Léandre nota que la médium faisait de la moto. Elle prenait aussi les risques inhérent à cette activité au sérieux puisqu’elle avait une combinaison prévu pour.
Le temps que son invité se change, Léandre prépara deux tasses de thé. Une fois Lowri installée, il lui tendit le précieux breuvage. C’était agréable et n’était pas négliger au vu des températures. Quand à sa nervosité, Tyler avait appris à avoir les nerfs solides. Il expliqua « ça devrait aller. » Il avait été confronté à temps de choses dans sa vie que ce n’était pas un fantôme qui allait l’effrayer. Léandre avait aussi appris à dominer ses craintes et se contraindre à franchir l’obstacle. Il fallait se faire violence pour avancer dans la vie. « Je sais Lowri, je sais… » Peut-être qu’il n’y aurait aucune explication liée au surnaturelle. Peut-être que c’était juste lui avait une forme de dépression spécifique. Léandre avait eut le temps d’y réfléchir. Il était fatigué par tout ça, il voulait jute que ça s’arrête… Tyler savait qu’il tombait régulièrement dans le mal être mais il voulait s’en sortir définitivement. « Je veux essayer. » Pour au moins enlever cette possibilité. Qu’importe le moyen, ce qui comptait était le résultat.
Il eut un instant de silence. Léandre n’avait pas du tout envie d’y aller, il s’en rendait bien compte. Il prit une respiration puis affirma « Je suis prêt. » Tyler avait ramené la plaque métallique de son père entre ses doigts. Il ne savait plus si c’était la bonne chose à faire. Léandre était dans le brouillard et avait perdu sa boussole. Il savait juste qu’il fallait maintenir le cap, que même s’il finissait par arriver en enfer il faudrait continuer d’avancer. Le magistrat demanda tout de même « Que faut-il que je fasse ? » Il n’en savait rien.
C'est toujours un peu étrange d'arriver chez quelqu'un pour la première fois. La plupart du temps l'intérieur de la personne chez qui je vais "colle" avec ce que je m'imagine d'elle : un intérieur sobre et épuré tendance design pour un banquier propre sur lui, un intérieur un peu boho tendance hippie chic pour une de mes clientes autrice de livres pour enfants et autres, comme le reflet de ce qu'ils sont dans un endroit. Et dans un sens je suis un peu pareille, mon appartement, avec ses fleurs, ses plantes, ses cristaux et ses bougies reflète bien la médium que je suis, et mon job. Pourtant pour d'autres c'est un petit choc dans le bon sens, comme si en poussant cette porte, j'accédais "en vrai" à une partie d'eux qu'ils ne montraient pas à l'extérieur... comme ce courtier d'assurances tiré à quatre épingles, pur produit de la City dont l'appartement était l'antre d'un fan de jeu de rôle avec figurines et cosplay, ou cette professeure de droit international à la fac de moins de quarante ans, et donc l'intérieur donnait l'impression d'être figé à l'époque victorienne, avec quasiment tous les objets d'époque, à part une télé, un ordinateur et de l'électroménager. Une belle surprise qui m'amuse, mais qui me dit aussi que cette dernière catégorie a plus tendance à ne pas pouvoir se laisser aller dans leur vie de tous les jours, à cacher une partie de ce qu'ils sont, pour des questions de crédibilité, ou par peur d'être jugés... Et là je dois avouer que je ne suis pas surprise, un intérieur assez stantard, d'une propreté immaculée avec quelques touches de "lui". Plus élégant que ce à quoi je m'étais attendue pour l'appartement de quelqu'un qui ne peut pas voir...
Et entrer ici me rappelle aussi que je ne le connais que très peu, quand j'y réfléchis, et qu'il y a plein de choses que je ne sais pas sur lui... Enfin, je vais avoir l'occasion de le découvrir, mais pour ça il va falloir que je me sèche plutôt que de tremper son sol et grelotter. Je me glisse dans sa salle de bains, impeccable, et alors que je me change, suspendant ma combinaison de moto dans sa baignoire pour qu'elle sèche, je me demande comment il fait pour savoir que c'est sale justement? A-t-il une femme de ménage? Bonne question... mais je ne la poserai pas ce soir. Et alors que j'enfile un tshirt à manches longues je frissonne, comme si quelqu'un m'observait. Pendant un instant je me demande si c'est Léandre avant de me gifler mentalement. Idiote. C'est quelqu'un d'autre... peut-être l'esprit dont il parle? Qui sait... Je me dépêche de passer un pantalon avant de le rejoindre, beaucoup mieux maintenant que je suis au sec et propre. Je le rejoins, m'assieds en face de lui sur le canapé et attrape la tasse qu'il me tend. A l'odeur je reconnais un des thés que je lui ai offerts, ce qui me fait sourire avant d'en boire une gorgée. La chaleur me gagne doucement et je garde la tasse entre mes doigts, tout en lui expliquant comment on va procéder, et surtout, lui répétant que ça n'est pas une science exacte et que je ne peux rien promettre. Une fois que tout est clair je porte la main à côté de moi et j'y sens mon sac de lettres bien que je ne les y ai pas mises. Je remercie silencieusement ce petit coup de pouce et les dépose sur la table, avant d'attraper le sac à dos avec lequel je suis venue et commence à en sortir plusieurs objets, dont une bougie que j'allume, ainsi qu'un bâton de fumigation que je fais courir au dessus de la table.
Je prépare le terrain... un peu comme si je branchais les câbles pour pouvoir connecter un ordi à internet, si tu vois ce que je veux dire. Et ensuite je vais commencer à poser des questions et voir... si quelqu'un me répond.
Pendant quelques secondes je murmure doucement en faisant circuler la fumée avant de reposer le bâton à moitié consumé dans le bol que j'ai ramené, le laissant brûler doucement, puis effleure la main de Léandre.
Est-ce que je peux prendre les plaques?
Je les garde dans une main avant de poser la première question à voix haute.
Est-ce qu'il y a un esprit avec nous ce soir?
Je plonge ensuite les doigts dans le sac de velours, sentant les carrés de plastique sous mes doigts avant de les retirer, et dévoiler la réponse attendue. Trois lettres bien connues qui forment un simple mot.
Les lettres disent oui. Il y a un esprit avec nous. Esprit, êtes vous le père de Léandre?
Je remets les lettres dans le sac, le secoue et tire à nouveau trois lettre, sauf qu'avant d'avoir le temps de les regarder, un courant d'air froid parcourt la pièce et renverse le bol avec le bâton qui finissait de brûler, ce qui me fait sursauter.
On n'est pas tout seuls et je crois que c'est bien ton père...
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Lun 6 Déc - 12:02
Léandre Tyler
Léandre était attentif, silencieux et très calme. Il se forçait à ne pas réfléchir, à ne pas se poser de question vis-à-vis de la situation. Il entendit la voyante fouillé son sac et manipuler des choses. Il demanda « Qu’est-ce que tu fais ? » Sans ses yeux, il était difficile de comprendre qu’elle venait d’allumer une bougie, encore moins qu’elle avait utiliser un bâton de fumigation. Ne comprenant pas se ce qu’il se passait exactement, Léandre ne bougea pas du tout.
A la question de la voyante, Tyler eut une première réponse interne : Non. Jamais. C’était les siennes et c’était bien trop précieux pour être perdu. Il eut un pincement de cœur, une hésitation. Léandre ramena doucement sa main sur la table, les plaques coincés dans sa paume. Il bougeait lentement, de peur de taper dans quelque chose dont il n’avait pas conscience de la présence. Tyler savait que la demande n’était pas futile, alors il ouvrit difficilement la main pour lui laisser la possibilité de les saisir. « Fais attention… » C’était un objet extrêmement précieux. Ces simples morceaux de métal étaient le réceptacle de beaucoup d’émotions.
Léandre était attentif. Il entendit la voyante chercher dans son sac les lettres. La réponse le laissa silencieux. Il n’était pas certain de comprendre. Si une partie de lui éprouvait un vif soulagement, une autre était dans l’incompréhension la plus totale.
Tyler sentit le courant d’air froid. La chair de poule s’était faite sur ses bras. Le juge se sentait crispé au possible. Les mots de Lowri étaient incompréhensible. Léandre resta un instant silencieux, n’ayant strictement aucune idée de comment il fallait qu’il agisse. « Bien. » Profondément calme, Tyler expliqua à voix haute « Si je comprends bien, cela fait longtemps que tu es là. » Avec lui. Léandre était partagé par la croyance et un pragmatisme à toute épreuve. Il n’arrivait pas à concevoir que cela soit vraiment son père qui était là sous forme d’esprit. Son cœur refusait d’y croire. Le juge n’essaya pas de rationaliser. « L’Accident est arrivé il y a maintenant 10, Lorca a été attrapé, condamné et est même mort aujourd’hui. » Léandre posa doucement à mains sur la table basse. La situation était tellement absurde. « Il faut partir maintenant… » Bien qu’il n’ait pas terminé sa phrase, la porcelaine commença à se briser d’elle-même et les deux tasses se fendirent. Si Léandre ne pouvait pas le voir, il entendit clairement la manifestation « Que se passe-t-il ? » La température de la pièce s’était considérablement abaissée. La luminosité s’était aussi faîte vacillante. Un frisson de peur lui parcouru l’échigne. Cet esprit ne pouvait pas être son père.
Léandre voulu dire quelque chose mais ramena plus tôt sa main devant son visage. Le liquide chaud ne trompait pas. Il saignait du nez. Ce n’était vraiment pas bon signe. La dernière fois qu’une telle situation était arrivée, Léandre s’était retrouvé à l’hôpital. Effrayé, Tyler prit un ton plus bas, lent et se força et être calme. « Je saigne du nez. ». Cette fois, il n’eut pas de réaction. Confiant envers Lowri, le juge n’osa rien faire d’autre. Comment pouvaient-ils combattre une telle situation ? Comment agir ?
Alors que je suis plongée dans la préparation du rituel, réfléchissant déjà à tout ce que je vais devoir faire et mettre en place, je sursaute légèrement en entendant sa voix s'élever dans la tranquillité du salon et je pose mon regard sur lui, me mordant la lèvre. Bécasse, c'est sûr que ça doit lui paraître bizarre d'entendre le bruit que je fais sans comprendre ce qui se passe. Secouant la tête tout en me maudissant intérieurement je souris.
Oh je... Excuse moi. Je suis en train de sortir ce qu'il faut. Il y aura des bougies pour éclairer la route et donner un point d'ancrage à l'esprit, et je vais faire brûler un bâton de fumigation. En gros ce sont une touffe de plantes séchées que je vais allumer, et la fumée produite a des vertus purifiantes qui essaiera de repousser les mauvais esprits... Un peu comme quand tu cherches la bonne chaîne à la radio jusqu'à tomber sur la fréquence où tu n'entends pas de parasites... La fumée sert, en quelque sorte, à virer ces parasites et à rendre la communication plus claire. J'imagine que pour toi ça doit sembler bizarre mais même dans le monde de la sorcellerie, il y a des règles et des usages... mais ça peut ne pas sembler logique aux yeux des moldus...
Je souris, essayant au maximum de le mettre à l'aise et dédramatiser la situation. Je n'ose même pas imaginer ce que ça doit être pour quelqu'un qui, comme lui, n'y connaît rien, n'a pas baigné dedans, et surtout, découvre cet univers à cause de la peur et d'une menace... On a fait mieux comme initiation... Et une fois que tout est prêt je me lance, murmurant doucement les formules que j'ai répétées tellement de fois, apprises par ma grand mère comme des comptines, qu'elle me faisait réciter lors de mes séjours chez elle, en nous promenant sur la plage ou encore pendant que l'on cuisinait. Des mots qui coulent naturellement entre mes lèvres comme l'eau claire depuis une source. Je prends ensuite ses plaques et hoche la tête en entendant sa requête avant de me rappeler, et serre doucement sa main de la mienne.
Promis, je sais à quel point elles comptent pour toi. Mais comme c'est un objet auquel tu tiens et qui lui appartenait, ça sera le lien idéal pour établir une connexion. Je ne vais pas les abimer.
J'attrape ensuite mes lettres et commence à m'adresser à l'esprit. J'espère sincèrement qu'il trouvera une réponse ce soir, et qu'il arrivera peut-être à dire à son père les choses qu'il n'a pas pu avant sa mort, dissiper les malentendus et apaiser les coeurs... sauf qu'un violent coup de vent me fait redresser les cheveux sur la nuque et je regarde nerveusement autour de moi, avant de poser à nouveau mon regard sur Léandre qui est mille fois plus calme que moi. C'est presque impressionnant, lui qui n'a jamais côtoyé les esprits et qui reste presque de marbre, en apparence tout du moins, face à cette présence qui n'a pas l'air disposée. Je le laisse parler, commençant à évoquer des choses, avant que les deux tasses sur la table ne se brisent, me faisant sursauter. Je n'aime pas ça... c'est un esprit en colère qui n'a pas l'air prêt à parler, comme celui du château de Tyrgan. Je me tends, me préparant à achever la séance si besoin, lorsque je vois de la buée se former devant mon visage. La température a chuté en quelques instants à peine, et je sursaute à nouveau quand le courant d'air souffle les bougies, ne laissant qu'une petite lampe allumée à l'autre bout de la pièce.
Mon coeur se met à battre plus fort alors que mon regard se promène sur toute la pièce, guettant le prochain signe, ou la prochaine attaque, quand d'un coup la voix de Léandre me surprend, surtout quand il m'annonce d'un ton toujours calme qu'il saigne du nez. Merde.
Je... ok je m'en occupe. Ca va bien se passer.
J'attrape une serviette posée sur le plateau de thé et me lève pour m'accroupir face à lui, posant d'abord ma main sur son genou.
Je suis en face de toi. Je vais éponger ton visage, ne bouge pas... Si je te fais mal surtout dis-le moi d'accord?
Délicatement je tends la main jusqu'à son nez et pose le papier contre sa peau pour arrêter le sang venant de son nez, et absorber celui qui était déjà au-dessus de sa lèvre.
Je ne pourrais pas dire si c'est ton père, mais c'est un esprit en colère, qui doit avoir des choses à régler pour trouver la paix... Si les choses tournent mal je saurai l'arrêter ne t'en fais pas. Est-ce que...tu veux en rester là, ou tu te sens en état de continuer?
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Mer 8 Déc - 22:21
Léandre Tyler
Léandre était en train de prendre sur lui pour ne pas perdre son sang-froid. Saigner du nez était un très mauvais signe. Il serra le poing et se força à mieux respirer. Il ne fallait surtout pas céder à la panique. Dans cet état, accepter que Lowri soit dans son espace vital n’était pas évident. Sur la défensive, Léandre posa sa main sur celle de la jeune femme. Il avait besoin de savoir ce qu’il passait. Tyler sentait bien qu’il y avait des choses qui lui échappaient, il l’entendait.
Il ferma les yeux un instant, puis prit une respiration. Il récupéra la serviette et remercia Lowri « ça va aller, je vais me débrouiller. » Il était assez grand pour le faire tout seul. Il affirma « Il faut continuer. » Léandre sentait que tout n’était pas faux. S’il commençait à lâcher prise, il n’arriverait plus à revenir. Puis, maintenant que cet esprit s’était nettement manifesté, Léandre ne voulait pas qu’il reste attaché à lui. Tyler voulait retrouver son indépendance et vivre véritablement avec lui-même. Cet esprit était parasite qui le vampirisé. C’était aussi extrêmement gênant et malsain comme situation. Si c’était bien l’esprit de son père, alors Archi devait être particulièrement déçu de son fils.
Léandre demanda « Est-il possible de continuer d’échanger avec l’esprit via les lettres ? » Il expliqua « J’aimerai lui poser des questions pour essayer de comprendre les raisons de sa colère. » Tyler se bougea pour essayer d’être mieux installé. Le stress le faisait transpirer, l’angoisse était contenue et l’effet de panique aussi. Léandre avait surtout envie de se rouler en boule quelques part… mis il n’y avait pas d’autre choix que d’affronter la situation. La fuite était impossible. Tyler avait de plus en plus froid. Il avait aussi la sensation d’avoir un corps bien plus lourd. Ce n’était pas bon signe.
Crispé au possible, Léandre continua « Reprenons depuis le début… Esprit, es-tu bien Archi Tyler ? » La réponse fut de nouveau la même. Oui, c’était bien lui… Léandre en avait mal au cœur. Son père n’avait peut être pas était un être parfait, mais ça n’avait rien à voir avec un esprit en colère. Le magistrat repoussa cette idée. Il demanda « Est-ce que t’as présence est dû à une vengeance ? » Léandre était persuadé que c’était le cas. Il s’était assurée que justice soit faîte, et pour ce qui est dont les preuves ne seraient pas suffisantes pour la machine judiciaire, alors agirait par vengeance. Tyler éprouvait une profonde colère, une volonté de faire du mal à ceux qui l’avaient détruit. Il avait trop souffert pour qu’ils s’en tirent sans problème. Ils le croyaient le faible, ils croyaient incapable de se défendre… mais un jour, Léandre finirait par les retrouver et les faire trembler de peur.
La réponse négative rendit Tyler confus. Il ne savait pas ce qui aurait pu être dans ce cas. Il demanda « Est-ce en rapport avec moi ? » La réponse fut encore une fois positive. Léandre resta longuement silencieux… Après un instant, il demanda tout de même « Est-ce par rapport à quelque chose que j’ai fait ? » La réponse négative le laissa perplexe. Il demanda conseil à la voyante. « Je n’ai pas d’idée… Je ne sais pas ce que ça aurait pu être. » Cela le concernait, mais ce n’était pas quelque chose qu’il avait fait… Léandre ne savait vraiment où l’esprit voulait en venir.
La réaction est pour le moins rapide, et surtout violente. J'ai à peine commencé qu'un vent fort commence déjà à souffler, que les lumières clignotent et que la température a chuté dans la pièce. Je n'aurais pas pensé avoir un résultat aussi vite, et je ne sais vraiment pas si c'est une bonne chose... Plus vive est la réponse du fantôme, et plus il est en colère. J'espère simplement que tout ça ne va pas nous mettre en danger et qu'on arrivera à régler ce qui préoccupe tellement cet esprit vengeur. Pourtant, pour couronner le tout, voilà que Léandre saigne violemment du nez, et je m'interrompt le temps de l'aider et éponger légèrement son visage, lui expliquant où je suis et ce que je m'apprête à faire. J'imagine que ça doit être vraiment étrange de sentir les choses arriver sans les voir venir, et j'essaie de me mettre à sa place pour que les choses se passent au mieux. Ce premier problème réglé, il lâche ma main, me disant que je devais continuer le rituel, et qu'on devait régler tout ça. Je hoche la tête, puis prends appui sur son genou pour me redresser et revenir devant la table basse, face à mes lettres, reprenant les plaques militaires de son père dans une main.
Oui bien sûr on va pouvoir continuer à lui parler. Je vais faire l'intermédiaire, et m'occuper de traduire ses réponses. Si tu veux y aller, je te suis... pose les questions que tu veux.
Je referme les yeux, vidant mes poumons avant de prendre une profonde inspiration, sentant l'odeur de la sauge qui finit de brûler dans le bol de métal à côté de moi emplir mes poumons et m'aider à me détendre un peu, malgré mon coeur qui bat toujours la chamade. La première information concerne l'identité de l'esprit, et je murmure un "Très bien" avant de piocher les lettres que je dépose sur le tissu sombre devant moi. Trois lettres.
C'est bien lui. C'est bien ton père Léandre.
La lumière vacille à nouveau alors que le juge pose sa nouvelle question, et je réprime un frisson avant de glisser à nouveau les lettres dans le sac et le secouer. Je n'aime pas ça. Pas du tout. Après un regard à Léandre je plonge à nouveau ma main et sors de nouvelles lettres. Différentes.
Ce n'est pas à propos d'une vengeance... C'est autre chose.
Je sens beaucoup de colère, mais aussi de la tristesse, comme ces moments où on a envie de pleurer sans vraiment de raison, avec la gorge serrée et le coeur qui bat plus vite... c'est exactement ce que je ressens à cet instant, sentant bien que ce que je ressens n'est pas lié à moi, mais à lui. Les émotions de l'esprit infusent en moi comme une éponge. Des questions me brûlent les lèvres mais ce n'est pas à moi de les poser, je suis ici pour faire le lien, l'intermédiaire, et pas pour mener la danse. Les deux premières questions sont un échec, n'obtenant qu'un "non" qui ne nous éclaire pas vraiment. L'air est toujours aussi froid et une porte claque, et j'ose prendre le relais.
Je peux... je peux poser une question?
Une fois que j'ai l'aval de Léandre je prends une profonde respiration, préparant ma main à plonger.
Si ce n'est pas une vengeance, pourquoi êtes vous en colère? Que cherchez vous ici?
Mes mains extirpent les lettres qui remises dans l'ordre forment le mot "Vérité" que je raconte à Léandre. Je continue ensuite, sentant qu'on commence à avoir une piste. Mon coeur bat vite et sans pouvoir l'expliquer je sens que ce moment est important.
C'est donc une vérité sur Léandre. Qu'est-ce qu'elle concerne?
Et là ce sont les lettres formant "Origines" qui s'étalent devant moi. Mes mains tremblent et j'ai le souffle rapide alors que je lui raconte, puis termine, la voix mal assurée par l'émotion.
Léandre je... ça a l'air sérieux. Vraiment sérieux. Tu veux que je continue? Ou tu veux qu'on s'arrête là ? Tu n'as qu'un mot à dire...
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Dim 26 Déc - 20:22
Léandre Tyler
Léandre n’avait pas imaginé que ce moment serait aussi terrifiant. Tyler faisait face, mais s’il arrivait à ne pas paniquer la peur lui serrait les tripes. Au vu de l’état de Lowri, tout ça, ce n’était pas faux. Le magistrat était particulièrement crispé. Il avait dû mal à réfléchir, puis il continuait aussi de saigner du nez. Il ne fallait pas mettre ce fantôme plus en colère qu’il ne l’était déjà, autrement, c’était le juge qui risquait d’en faire les frais.
A la demande de la voyante, Léandre répondit positivement. Le magistrat était perdu, n’ayant strictement aucune idée de comment la situation allait évoluer. Tyler voulait juste que tout cela cesse. Si ce fantôme s’était attaché à lui pendant une dizaine d’années, cela avait forcément eu des conséquences. Tyler était gelé.
Lowri prit la parole, posant des questions et tirant des lettres. Elle avait l’air perturbé, particulièrement inquiète. Tyler en venait presque à douter… mais il fallait que cette situation s’arrête. De toute manière, Léandre n’imaginait pas une information qui pourrait le plus le déstabilisé qu’il ne l’était déjà. « Il faut continuer. » Tyler prit une respiration, passa une main sur son visage. Il avait la sensation que sa vie risquait de changer de tout au tout. C’était le genre de moment qui pouvait tout casser, comme s’il fallait qu’il vienne à parier tout ce qu’il venait de faire jusqu’à maintenant. Tyler connaissait la peur, la véritable peur. « J’ai besoin de savoir. » C’était nécessaire, vitale à cette vie d’adulte qu’il s’était construite.
De quelle vérité le fantôme voulait-il parler ? Qu’avait-il fait pour que cela entraine une telle situation.
C’est une séance clairement intense qui commence et j’ai rarement connu d’esprit aussi énervé, à part celui que nous avons affronté dans le château de Tyrgan, et la raison pour laquelle il m’avait fait venir dans son domaine écossais. Une ambiance de plomb, avec la lourdeur d’un orage à venir règne dans la pièce, et alors que l’esprit se manifeste, et nous fait clairement comprendre qu’il n’est pas ravi d’être là, Léandre se met à saigner du nez. J’interromps mon dialogue avec l’esprit pour venir l’aider avec son saignement, avant de reprendre.
Je comprends vite que c’est bien l’esprit de son père qui est là, et passablement énervé. Maintenant reste à savoir pourquoi… si c’est son père, pourquoi est-il tellement en colère? Surtout qu’à ce que Léandre m’en a dit, les deux s’entendaient bien donc… Pourquoi? Pourquoi tant de colère et de haine?
Je retourne donc devant la table basse, bercée par les vapeurs de sauge et d’encens qui m’engourdissent un peu, me font légèrement tourner la tête et qui en même temps ont le don d’apaiser l’esprit qui lui veut du mal. Je repose de nouvelles questions, les plaques militaires dans une main, l’autre piochant régulièrement dans mon fameux sac. Petit à petit les motivations de l’esprit deviennent plus claires, et j’apprends enfin pourquoi il est là : il veut dire la vérité. Il veut que les choses enterrées soient exhumées, et ramenées à la lumière du jour. Bien… si c’est ce qu’il veut, je suis là pour ça.
Pourtant je sais que ce que les esprits ont à dire peuvent totalement changer une vie, bouleverser tout ce qu’on pensait exister, tout ce qu’on croyait… réel, juste, ou qu’on prenait pour acquis alors je préfère demander, lui laisser une chance de tout arrêter, de faire marche arrière avant de lui annoncer des choses qui risqueraient de renverser son monde, ou de le changer à tout jamais.
Nouvelle question, et cette fois, après un dernier regard à Léandre, je pioche la réponse.
En quoi avez vous à faire avec les origines de Léandre? « Pas père ».
Quelques lettres qui font courir un frisson glacé sur mon échine, la peur de chaque enfant je crois, d’apprendre que ses parents, ou un de ses parents n’est pas le vrai.
Vous voulez dire que vous n’êtes pas le père de Léandre? Non.
Je lui jette un nouveau regard avant de poser une nouvelle question, faisant lien avec la première.
Profession : Medium, tient une boutique ésotérique
Etat Civil : En couple avec le beau Tyrgan <3
Dim 13 Fév - 19:44
Léandre Tyler
Léandre resta silencieux. C’était n’importe quoi. Pourtant, tout ce qu’il venait de vivre était obligé de lui refaire considérer ce qu’était le « n’importe quoi ». Tyler était sous le choc. Après un court silence, il répondit « ce n’est pas possible… » Mais ses paroles furent coupées par un bruit de coup sur la table. Léandre sursauta et se leva. Il explique, le flux de parole accéléré par la panique « Très bien, très bien, je le crois. » Ne sachant pas ce qu’attentait l’esprit, il ajouta « Je vais mener une enquête et faire des recherches : je le promets. » Tyler avait mal au crane. C’était insensé, complétement insensé. Léandre reprit une grande respiration, tenta de se calme malgré tout. Le saignement de son nez s’était arrêté. Il demanda finalement « Est-ce qu’il est parti ? » Il n’y avait que le silence. Plus aucune manifestation audible.
Léandre se laissa tomber dans son siège. Ses jambes se faisaient faibles. Tyler se rendit compte que ses mains tremblaient. « c’est tellement… » Il n’osa dire le impossible. L’esprit aurait il pu revenir ? « Incompréhensible. Pourquoi ? Pourquoi tout ça ? » Léandre se sentait profondément bouleversé. Les émotions le traversaient avec violence. Putain. Tout ça. Tout ça pour ça. Il posa ses mains sur son visage. Il aurait voulu disparaitre, que la médium se fasse absente. Les émotions étaient trop fortes pour être canalisées. Rien n’était acquis dans la vie, même ses origines, même son père. Archi n’était pas son père… mais qui était-il ? Quelle était la vérité ? Que fallait-il croire ? Et dans tout ça, sa mère biologique ? Léandre avait toujours une très grande rancœur envers elle. La journaliste l’avais mis au monde pour l’abandonner ensuite. Elle ne s’était jamais préoccupé de lui, même lorsque son monde s’était effondré, même quand Archi était décédé… Léandre sentit les émotions lui écraser la gorge. C’était trop dure.
Léandre n’arrivait pas à reprendre sa posture classique, trop occupé à gérer ce flot de sentiment. Il n’en voulait pas. Tout ça, il l’avait hérité mais jamais voulu. Tyler essayait juste d’être heureux. Complétement perdu, agar, mais aussi en colère, Léandre fit de rapides hypothèses. Si tout était bien vrai, alors il venait d’un trafic d’être humain. C’était insupportable. Ses yeux se mirent à pleurer. Des larmes de douleur et de rancœur muette. Il n’était peut-être même pas anglais. Quelle était son histoire ? Pourquoi ? Que s’était donc passé ? Et qu’avait fait Archi ? Est-ce que cet homme était réellement quelqu’un de bien ?
Quand à l’esprit, Léandre ne doutait plus de son identité. Son père aurait été du genre à frapper sur la table de cette manière. C’était ce qu’il faisait lorsqu’il était à bout de nerf. Le magistrat se força à respirer plus lentement, à se calmer. Les émotions étaient toujours là, mais il se fit violence pour les renvoyer en lui-même. Il arriverait à les gérer plus tard. Cela ne regardait pas Lowri. Léandre ne voulait pas plus s’épancher devant elle. Le magistrat préférait être seul pour vomir ses sentiments… C’était plus simple à gérer. Au moins, il n’y aurait pas de témoin pour constater l’état pitoyable où il pouvait se retrouver.
Léandre essuya ses larmes, se redressa, et captura ses propres mains. C’était le meilleur moyen pour maitriser son tremblement. Tyler restait un magistrat. Un homme de pouvoir. Il ne voulait pas être considéré autrement. Il n’était pas faible. Il n’était pas l’aveugle de service, ni la petite chose qu’il faut savoir protéger. Certes, le juge venait de prendre un uppercut, mais il tiendrait bon. C’était ce qu'il avait toujours fait. « Je ne veux pas de pitié Lowri. » Les mots étaient dits. Peut-être était-ce trop brusque, mais Tyler avait du mal à arrondir les angles sur le moment.
Léandre posa de nouveau une main sur son visage, soupira, puis reprit sa position initiale. « Merci pour ton intervention. » Il assura « Cela va aller, je vais encaisser… C’était juste difficile sur le moment. » Menteur ! Mais Tyler préférait être de mauvaise foi. Son monde intérieur venait de s’effondrer. Pragmatique, il demanda « Combien est-ce que je te dois ? » Et ajouta « Est-ce que c’est réellement terminé ? Est-ce qu’il y a d’autre choses que je devrai faire ? A part les recherches… » Ces mots lui arrachèrent de nouveau un soupire. C’était vraiment trop difficile par moment.
Ce qui est en train de se passer, mener une séance qui n'est pas pour moi mais avec les révélations qu'elle comporte, revient un peu à être juste derrière une voiture qui vient de faire un accident, ou de contempler un crash d'avion à la télé. On est fasciné, bouleversé et happé par la catastrophe qui se passe sous nos yeux et contre laquelle on ne peut rien faire. Rien du tout. Là j'essaie de comprendre ce qui se passe, de trouver les causes de la colère de l'esprit qui a décidé de s'en prendre à Léandre, démêler le pourquoi du comment, un peu comme Thésée enroulant soigneusement le fil d'Ariane pour trouver la sortie... Et j'ai ce sentiment terrible, d'être l'instrument par lequel toute sa vie se retrouve chamboulée. D'être au volant d'une voiture dont j'aurais perdu le contrôle et qui fonce tout droit sur un mur alors que je ne peux rien y faire. Rien du tout. Pourtant c'est lui qui m'a demandé, c'est lui qui est venu vers moi pour que je l'aide mais je ne peux jamais prévoir comment les choses vont se dérouler. En l'occurance, mal.
La séance est longue, éprouvante, pas en terme de gestes à accomplir qui seraient particulièrement difficiles mais par rapport à tout ce qui est révélé, à tout ce qu'il apprend, et dont je suis complice, en quelque sorte. Je n'ose même pas imaginer si j'avais été à sa place. Si comme lui j'avais appris des choses qui remettaient tout mon monde en question, qui faisaient basculer tout mon univers. Pourtant au gré des questions et des réponses, des lettres qui tirage après tirage se retrouvent dans ma paume, apportent de nouveaux indices, donnent de nouveaux détails les révélations se précisent, le brouillard se dissipe, au moins un peu. Puis un coup sur la table nous fait sursauter, renversant le bol de fumigation que je ramasse à la hâte, avant de tendre l'oreille. Une seconde plus tard c'est comme si un étau que je n'avais pas remarqué et qui enserrait ma cage thoracique s'était libéré et que je pouvais respirer correctement pour la première fois depuis longtemps. L'atmosphère de la pièce change, devient plus légère, plus... normale. Il me faut quelques secondes pour prendre conscience que tout est terminé, ne sortant de ma torpeur qu'en entendant la voix de Léandre s'élever dans le calme serein retrouvé.
Oui... j'ai l'impression qu'il a dit ce qu'il avait à te dire... Et que... maintenant que la vérité a été rétablie, sa mission était terminée...
Je l'observe tanguer et se laisser retomber dans son fauteuil, alors que murmure une prière silencieuse aux esprits avant de m'asseoir sur l'accoudoir du fauteuil et prendre doucement sa main, la serrant avec délicatesse.
Je n'ose même pas imaginer la violence de tout ce que tu viens d'apprendre. Tout ce que tu croyais vrai ne l'est plus. Mais... au moins maintenant il n'y a plus de mensonges... il reste juste des questions, beaucoup de questions j'imagine...
Je contemple son visage fermé et pâle, sa fatigue et ses sourcils froncés alors qu'il se réfugie dans des mondes que je ne vois pas, pris dans ses pensées. Et sa main s'échappe de la mienne pour se poser sur son visage, de longues secondes. Je me sens terriblement inutile, n'osant pas proposer plus de peur d'être envahissante, n'osant pas partir de peur de le laisser tomber, de l'abandonner dans un moment si difficile. Puis bientôt un léger choc tiède sur le dos de ma main, et je remarque que ce sont des larmes. Bordel. Normal de réagir comme ça mais... quoi faire? Comment l'aider? J'hésite, laisse passer quelques secondes avant de poser ma main sur son genou.
Je... suis sincèrement désolée Léandre. Vraiment. Si je peux faire quoi que ce soit pour t'aider... tu veux rester seul? Tu veux qu'on sorte boire un coup histoire que tu ne tournes pas en rond ici? Tu...
Il me coupe en disant qu'il ne voulait pas de ma pitié et je fronce les sourcils. Ce n'est pas de la pitié mais de la compassion. Soutenir quelqu'un dans une mauvaise passe ne veut pas dire qu'on le regarde de haut en pensant qu'il vaut mieux que ce soit lui qui traverse ses merdes que soi... et j'ai vraiment et sincèrement envie de l'aider, parce qu'à sa place, j'aimerais que quelqu'un soit là, pas forcément pour parler, mais juste avoir une présence rassurante et amie près de moi, savoir que tout n'est pas parti en couille... Je secoue doucement la tête en écoutant la suite, un sourire triste aux lèvres même s'il ne me voit pas.
N'essaie pas d'encaisser trop vite ou d'enterrer ça. Ton monde a été foutu sans dessus dessous et c'est normal que tu te laisses le temps de digérer ça. D'être triste. D'être en colère. C'est comme ça que tu vas pouvoir te remettre... en t'accordant le droit d'être triste, d'aller mal, mais que jour après jour, tu refasses ta vie avec ces nouvelles informations...
J'ai un léger rire quand il me demande combien il me doit et je me relève, commençant à ranger le matériel que j'avais emmené avec moi.
Tu plaisantes? Tu ne me dois rien du tout, ou si tu insistes, invite moi au restau à l'occasion et ça sera parfait... Et pour la suite, c'est à toi de décider de ce que tu veux faire avec les informations que tu as en main. Si tu as besoin d'autres précisions je pourrai faire une nouvelle séance, ou simplement utiliser mes contacts dans la police pour t'aider à remonter la trace de tes vrais parents.
Une fois tout rangé dans mon sac je reviens près de lui et m'accroupis près du fauteuil.
Maintenant c'est comme tu veux Léandre, si tu veux que je reste, je reste sans soucis et on peut regarder un film, bavarder, sortir ou quoi que ce soit. Si tu veux que je dorme ici pour que tu ne sois pas seul n'hésite pas non plus... ça ne me dérange pas et j'ai pris des affaires de rechange, au cas où. Mais si tu veux rester seul pour digérer tout ça, tu n'as qu'un mot à dire et je file. C'est toi qui vois, d'accord?
Profession : Medium, tient une boutique ésotérique
Etat Civil : En couple avec le beau Tyrgan <3
Mar 8 Mar - 21:17
Léandre Tyler
Léandre sentait bien que Lowri voulait faire au mieux. Mais il n’avait pas besoin d’aide, du moins pas de cette façon et pas maintenant. Tyler resta silencieux, écoutant ce que la jeune femme lui disait. C’était important. Tout était logique et cohérent. C’était ce qu’il fallait faire. Mais Léandre avait besoin de temps pour lui. C’était assez compliqué vis-à-vis de lui-même, il n’y avait pas besoin de la présence de quelqu’un d’autre. « Merci Lowri… » Il affirma tout de même « Je t’inviterai au restaurant. » Pour lui rendre la pareil par rapport à ce qu’elle venait de faire. L’équivalence n’était pas possible, mais au moins, Léandre aurait fait ce qu’il pouvait.
La voyante lui avait proposé de partir et c’était une bonne chose qu’elle l’ait proposé d’elle-même. C’était plus simple à gérer de cette manière. Léandre savait qu’il pouvait lui demande de le faire sans la vexer. « Je te remercie pour tout ce que tu as fait. ». La médium lui avait rendu un immense service. Cela faisait mal, mais c’était un mal nécessaire. C’était une étape nécessaire pour arriver à être heureux un jour.
Léandre expliqua, tout de même un peu gêné « J’ai besoin de rester seul pour digérer tout ça… » Pour pleurer surtout… Pour se laisser aller à encaisser cette nouvelle sans jugement. La tristesse était un sentiment nécessaire. Tyler se sentait épuisé émotionnellement. Il ne savait pas trop où il en était émotionnellement. Il avait besoin de se poser. Il fallait qu’il soigne et protège son cœur. C’était important, autrement le froid prendrait de nouveau place sur ses os. Léandre ne voulait plus jamais se réveiller à cause d’un puissant sentiment tristesse. Il aspirait à une autre vie.
