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One Night Like This [Row & Ava]
Invité
One Night Like This Rowan & Avelina
Il y a beaucoup de choses qu’on ignore des gens qu’on connaît très bien, Ava… se remémore encore une fois Avelina qui s’accroupit pour ouvrir sa valise.
Cette phrase avait claqué. Dure. Sèche. Chargée de déception. Le reproche muet qu’elle avait cru percevoir avait frappé au vif sa conscience. Elle farfouille dans des vêtements entassés pêle-mêle. En transition dans l’appartement de ses amis d’enfance, elle avait la flemme de déballer ses affaires… dont certaines, parsemées de-ci de-là, envahissent néanmoins la chambre de Rowan. Elle tire quelques pièces de tissu qu’elle étale sur le lit. Son doigt pointe tour à tour la sélection d'habits.

Eennie Meenie Miney Moe
Catch a tiger by the toe
If he hollers let him go
Eennie Meenie Miney Moe
!


Elle ramasse les vêtements, les fourre dans la valise qu’elle repousse sous le lit. L’esprit ailleurs, elle enfile la robe élue. Depuis la veille au soir où la phrase a été prononcée par Mona, elle la tourne en boucle dans la tête jusqu’à l’empêcher de dormir de la nuit. Sa meilleure amie aurait-elle deviné les sentiments pour Rowan qu’elle n’avait jamais osé lui confier ? Momo se sentait-elle trahie par cette cachotterie ?

Et la brunette de se frapper le front devant le miroir qui la reflète. Bon dieu, songe-t-elle, L’amour t’as rendue complètement idiote, ma pauvre. Elle s’était mise dans une situation impossible, qui aurait pu être simple, ou du moins différente, si seulement elle avait eu la bonne idée d’agir autrement. Mais voilà, elle n’est toujours pas préparée à se confier là tout de suite, et encore moins la veille. Aussi avait-elle salué la pique en s’enfonçant dans un étrange silence. De son côté, Mona avait semblé la foudroyer sur le cadre photo où trois adolescents posaient dans un paysage campagnard. En suivant le regard de son amie, un sourire avait momentanément fleuri sur ses lèvres avant qu’il ne s’éteigne vu l’ambiance électrique. Sur la photo, l’aîné Davenport se tenait entre les deux copines. Il avait les bras passés sur leurs épaules. Mais au moment de la capture, avec une rapidité qui l’avait surprise elle-même, elle avait tourné la tête pour coller un smack sur la joue de Rowan. La photo ne racontait pas l’étonnement général qui s’en était suivi. Ce jour-là, elle avait haussé les épaules, et très vite, cela avait été pris comme une taquinerie de sa part. Une bête blague d’ado était le souvenir qui s’est implanté chez les autres. Ava n'avait pas été peu fière d’elle à cette époque d’avoir décroché ce cliché qu’elle garde depuis sur sa table de chevet afin de le contempler jusqu’à plonger dans le sommeil… Or à présent, cette photo expose la preuve par image que ses cachotteries ne datent pas d’hier !

Sauf que parler maintenant, c’est risquer de se prendre de plein fouet toutes les années de silence. Elle sait combien elle a peu à y gagner, tant qu’elle ne se sent pas assurée d’un avenir de couple avec Rowan. C’est pourquoi, la nuit passée, finalement, elle avait bâillé bruyamment en s’enlisant sous le duvet. Les paupières mi-closes, elle avait marmonné qu’il était trop tard pour philosopher. Sitôt Mona avait compris le message. Le lit qui avait accueillies avec paresse leur discussion d’après minuit cahota, tandis que sa meilleure amie se déplaçait vers un bord. Dans un faible murmure qui tranchait avec ses précédentes paroles, elle lui avait souhaité la bonne nuit. Avec toutes les attentions pour ne pas la réveiller, Momo était sortie de la chambre en laissant la porte légèrement entrebâillée. En effet, la porte de la chambre ne se fermait pas à moindre d’un violent claquement. Elle avait entendu un grognement du salon, il semblait que le beau dormeur sur l’inconfortable canapé avait été ébloui par la lumière du téléphone de sa soeur. Malencontreusement ? Le doutait était permis, elle avait remarqué des signes d’une certaine tension entre le frère et la sœur…

– C’est quoi leur brouille, à ces deux-là ?, se pose-t-elle soudain la question à haute voix.

Dès les premiers jours de la cohabitation à trois, elle avait senti qu’ils ne se comportent plus l’un avec l’autre avec la complicité fraternelle qu’ils montraient autrefois. Ce n’est pas flagrant, et Mona botte toujours en touche quand Ava demande s’il y a un souci, mais son radar interne flaire une embrouille…

– On n’est plus des gamins qui prennent leur bain ensemble, s’explique-t-elle la distance qui survient dans les relations en grandissant. Non pas que ça ne soit jamais arrivé qu’elle se lave dans la même baignoire que la fratrie Davenport. En revanche, ils leur étaient arrivés enfant de dormir ensemble en certaines circonstances comme des soirées pyjamas d'anniversaire ou des vacances.

Elle s’aplatit au sol pour tirer un fer à lisser de sous le lit. Si on ne l’a pas encore compris, le rangement pour Ava se cantonne à enfouir son désordre là où on ne le voit plus d’un coup d’œil distrait.

– Mona sait… un peu ?

Son fer à lisser pince une fine mèche et glisse lentement sur sa chevelure mi longue. Elle continue la ritournelle jusqu’à terminer sur une épaisse dernière mèche de cheveux à « pas du tout » ! Le soulagement est total, qu’importe sa supercherie. Elle débride un peu sa chevelure qui donne la touche finale de volume à son look bohème chic.

Ce soir, Mona et elle sortent ! Il y a un restaurant-bar qui lance un assortiment de sodas fruités où elle va rejoindre sa copine. L’invitation avait été acceptée dans la journée lorsqu’elles s’étaient appelées. Et franchement, Momo ne donnait pas l’impression de lui tendre un guet-apens. Cette dernière ne sait rien, c’est sûr ! Pour autant, ne tendons pas trop le diable, il lui faut audacieusement avancer avec Rowan afin de pouvoir se libérer tout bientôt de cet aveu. Attrapant son sac à main, elle en retire son téléphone et pianote un sms.

sms envoyé à Rowan a écrit:
Salut, je ne dors pas à la maison ce soir. Ton lit est tout à toi, profite de rentrer tôt Wink

Elle a hésité à préciser qu’elle travaillerait toute la nuit au journal, mais en semant insidieusement qu'elle dort ailleurs, elle espère le faire gamberger sur sa disponibilité qui ne sera pas toujours pleine et entière… Rêve toujours ! Row y verra certainement que la chance de pouvoir roupiller dans le confort de son lit. Et pour être assurée qu’il n’opte quand même pas pour le canapé, muni d’un tournevis, elle achève le sabotage qu’elle avait entamé il y a une semaine. Une heure durant, elle avait sauté dessus comme une malade pour dézinguer le canapé, et pourtant Rowan n’avait pas paru déranger par l’inconfort de l’assise tout mollasse.

– Voilà, canapé kaput !

Les vis soutiendront le meuble debout juste le temps que quelqu’un se pose dessus et ensuite badaboum boum !


******* Vers 19h *******

Mona s’est levée pour commander leurs boissons au bar. Avelina la suit vaguement du regard. Elle repense qu’il y a quelques jours, Momo lui avait appris qu’elle fréquentait un homme et paraissait toute folle de son mystérieux amoureux. Elle ne pouvait pourtant pas lui en dire plus pour l’instant ni lui montrer de photo. Avelina soupçonnait une relation extraconjugale et n’a pas trop posé de question, croyant que l’excitation d’une telle aventure passerait rapidement à Mona.

– Un gros lourd ? questionne-t-elle son amie qui se rassied en face d’elle.

Elle a aperçu un échange qui semblait un peu houleux entre Mona et un client au bar. D’ailleurs le type les fixe. À ses pieds, il a un bagage incongru, car avec un imprimé plutôt féminin qui ressemble à un sac de voyage qu’elle avait vu dans l’armoire de Mona. Cette dernière ne répond pas vraiment, bafouille quelque chose sur un Irlandais qui lui demandait conseil pour une boisson et elle lève sa bouteille pour faire mine de trinquer. S’emparant de sa boisson à la framboise, Ava l’imite. Elle boit une gorgée, avec la sensation désagréable d’un regard pesant sur elle… qu’elle finit par oublier dans les bavardages et le repas.


******* Vers 23h *******

Ava n’a pas la patience d’attendre sur l’ascenseur et prend les escaliers pour monter les étages. Elle est tout sourire. Son plan de rapprochement est génial ! Devant la porte de l’appartement qu’elle partage avec les Davenport, elle insère tout précautionneusement la clé dans la serrure. En douceur, elle pousse la porte. Seule la lumière du couloir éclaire l’entrée du logement plongé dans le noir. La jeune femme se déchausse et ôte sa veste. Elle prend ensuite toutes ses affaires dans ses bras. Elle a prétexté à Mona un appel du travail qui lui demandait de rajouter un article de dernière minute pour la parution du lendemain. Lorsque son amie va rentrer, ce qui ne serait tardé normalement, Mona ne doit pas voir qu’elle est déjà à la maison en vérité. Sans trop bruit, elle clôt la porte. À pas de loup et à tâtons, elle chemine de mémoire jusqu’à la porte de la chambre qu’elle utilise. Elle souffle, elle est presque au but et sans encombre pour l’instant. À nouveau, elle mobilise toute la délicatesse du monde pour appuyer sur la poignée… Miracle, elle ne fait toujours pas plus de bruit qu’un bruissement de vent ! Elle entre, repousse la porte puis dépose par terre ses affaires et ainsi maintenir la porte la moins entrouverte qu’il est possible. Son cœur tambourine tellement fort qu’il est invraisemblable que les murs n’en tremblent pas. En s’asseyant sur le rebord du côté libre, elle mise sur le stade du sommeil profond chez Rowan et se glisse pour s’allonger… Victoire ! Elle y est. Elle respire doucement pendant quelques secondes. Puis elle amorce un mouvement pour se mettre sur le flanc. Il fait trop sombre pour qu’elle le voie dormir, mais l’imaginer si proche, à côté d’elle… Elle va passer la meilleure nuit de sa vie ! Elle baisse ses paupières, appelant le sommeil du juste…


******* Vers minuit *******

Dans le silence de la chambre à peine troublé par le bercement des respirations, la sonnerie du téléphone d’Ava résonne subitement avec une force fracassante.
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24.04.21 18:17
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Avelina Cook a écrit:
One Night Like This Avelina & Rowan
Quelle journée ! Le scooter de Rowan pétarade dans les rues de Lewisham, faisant écho au tintamarre qui secoue encore l’intérieur de son crâne. Alors qu’il s’arrête au cinquième feu rouge (contre un seul vert) du trajet qui le ramène chez lui, le chauffeur a l’impression qu’un bloc de gelée aux framboises s’est substitué à son cerveau.
Depuis le petit matin, le ballet des camions n’a cessé de gronder au dépôt principal de Fresh Delivery. Dix tonnes de marchandises chargées et expédiées en autant d’heures ! Un véritable exploit logistique. Même Popol semblait rudement impressionné, avec l’approbation de sa tête bovine qui semblait dire « c’est bien, mon gars ».
Que fut la maigre récompense du responsable des livraisons pour ses prodigieux efforts ? Un pot de sorbet au citron tombé d’une palette (avec un peu d’aide pour forcer le destin). Tel un preux chevalier anti-gaspillage, Rowan s’est précipité au secours du succulent dessert avant de lui offrir une digne retraite dans le coffre de son deux-roues.

Heureusement, cette rude journée s’est finie tôt. Le fabuleux soleil londonien, caché quelque part derrière le smog lui-même couvert d’épais nuages gris, n’est pas encore couché quand il accède au sous-sol de l’immeuble. Direction le garage à vélo, où Rowan gare le scooter de traviole de sorte à occuper trois places. Mieux vaut passer pour un piètre motocycliste que d’être gêné pour repartir le lendemain !
Alourdi de son pot de sorbet, le courageux locataire gravit deux volées de marche jusqu’au premier étage. Encore un an de ce régime d’ascensions et de descentes intenses, et Rowan pourra envisager une carrière d’alpiniste dans les Highlands !

— Monaaa ? crie-t-il à peine entré dans le modeste appartement.

Pas de réponse. Soit Mona lui fait (encore) la gueule, soit il goûtera (enfin) une soirée de liberté !

Rowan tire le téléphone de sa poche, vérifie ses messages. Un sourire étire ses lèvres en relisant le dernier texto reçu. Jamais un message d’Ava ne l’avait autant réjoui.

— Yeeees ! scande-t-il en accomplissant une cabriole de triomphe.

À la réception du SMS, au milieu du brouhaha étourdissant des chariots et des camions, Rowan s’était dit : « Pouah ! Dormir dans le lit d’une fille, ça se fait pas ! » Car après plusieurs semaines à squatter sa couche confortable, sans qu’il eût son mot à dire (comment résister à deux femmes résolument liguées contre lui ?), l’odeur d’Ava doit imprégner les draps. Son parfum, les flagrances de son shampoing embaument sans aucun doute les oreillers moelleux. Un récent article de journal mentionnait justement l’influence des odeurs sur la chimie du cerveau. Nul besoin de faire Oxford pour en déduire que sommeiller dans le lit d’une fille, c’est la certitude de faire d’embarrassants rêves érotiques !
Autre argument essentiel : depuis son ascension fulgurante dans la mafia italienne, Rowan a appris qu’un chef doit se faire respecter. Autrement dit : le responsable des livraisons de Fresh Delivery doit se faire respecter. Et pour se faire respecter, il ne faut pas sentir la fille. (Surtout quand on ne possède pas la carrure d’un Popol Bettini pour en imposer.)
Puis Rowan s’est massé la nuque endolorie par une longue succession de nuits sur le canapé. Pour une raison qu’il ignore, les courbatures se sont subitement aggravées depuis la semaine dernière. Après quelques secondes d’âpre réflexion, Rowan s’est fait à l’idée de communier avec son doux couchage et toutes les odeurs féminines qu’il abrite. D’autant que celles-ci n’ont rien de désagréable : Ava utilise le même shampoing senteur agrumes que lui (on en boirait presque), et le même tube de gel douche pour enfants (qui ne pique pas les yeux). Incroyable que leurs goûts coïncident à ce point !
À présent, Rowan est farouchement déterminé à saisir l’opportunité qui s’offre à lui. Ce soir, il dormira dans SON lit ! Pour sûr, Popol approuverait. Il lui assènerait même une tape monumentale dans le dos pour lui témoigner son respect. Comme à un fils prodige après son premier racket.

Torse bombé à la manière d’un conquérant, Rowan emprunte le chemin de la cuisine. Une exquise réserve de nourriture lui tend les bras, plus ou moins dissimulée entre des articles sans intérêt.

— Quand la chouette n’est pas là…

Cette nuit, Avelina Cook ira assouvir ses fringales nocturnes ailleurs ! Rowan collecte une poignée de cookies fait maison… puis une deuxième, histoire de bien montrer qui dirige au sein de leur colocation. Il remplit un grand bol de sorbet au citron, range le pot à moitié vide au frigo, puis dépose le tout sur la table basse du salon.
Fébrile, il saisit la télécommande et allume la télé. Naviguant dans le menu du service de VOD, il achète sans hésitation le dernier Fast & Furious puis lance le film pour une soirée virile. Après des semaines à supporter les ennuyeuses sitcoms de Mona et Ava, rien ne vaut une orgie de grosses cylindrées !

La séquence démarre sur un fourgon blindé pourchassé par deux voitures de police.

— Dix contre un que je fais mieux avec un camion de Fresh Delivery, pérore Rowan en ramassant son bol de sorbet liquéfié.

Il prélève un cookie dans l’assiette creuse, le trempe dans la mixture jaunâtre, puis se laisse tomber dans le canapé…

— Meeeerde !

Le canapé s’ébranle dans un terrible fracas (le fourgon du film s’est embouti dans la vitrine d’un magasin ; le canapé s’est simplement disloqué en faisant un « plouc » suivi d’un « crac »). Rowan bascule en arrière, le contenu du bol se répandant sur son pull, son cou, le grand tapis… un choc à l’arrière du crâne le sonne. Ses jambes gigotent en l’air avec l’espoir insensé de revenir en arrière.

— Nooonnn !

Rowan en pleurerait presque. Sa belle soirée de calme et de tranquillité, gâchée à cause d’un fichu canapé Ikea d’avant-Brexit ! Qualité suédoise, mon œil !

J’aurais dû le voir venir.

D’ailleurs, Rowan l’a vu venir. Depuis le mois dernier, il commence à économiser pour un magnifique canapé-lit repéré dans un magasin d’ameublement de Fulham. La moitié des économies s’est perdue dans les tickets de loterie, mais il a d’ores et déjà récupéré 6% de sa mise ! Le reste viendra. Et surtout, un jour prochain, un énorme jackpot le libèrera enfin de toute contrainte financière.

En attendant, le livreur nettoie bon gré mal gré les effusions sucrées, fourre le linge souillé dans la machine, descend le canapé hors d’usage et lui fait ses adieux devant la benne crasseuse estampillée « POUR DÉCHETTERIE ».

— Brûle en enfer, divan de pacotille !

Le temps de se préparer une nouvelle tournée de sorbet-au-citron-dans-un-bol et cookies-dans-une-assiette-creuse, le générique de fin de Fast & Furious 12 s’affiche à l’écran lorsque Rowan pose enfin ses fesses sur une chaise.

— Nooonnn !

Votre séance est terminée. Appuyez sur la touche 3 de votre télécommande pour visionner le programme à nouveau. Profitez du tarif réduit dans les prochaines 24h : 8£

— Bande de voleurs !

Rowan presse rageusement le bouton d’arrêt du téléviseur.
Son chagrin s’amenuise à chaque bouchée de cookie trempé dans le sorbet au merveilleux goût citronné. L’excès de sucre des biscuits s’équilibre harmonieusement avec la sobriété de la glace à l’eau. Les cookies d’Ava fondent littéralement dans la bouche. Un vrai délice ! Il faut reconnaître à ce ventre sur pattes d’incroyables qualités de cuisinière.
Son dîner gourmand achevé, Rowan se sent à nouveau d’humeur guillerette. Il trouve le courage de vider le sèche-linge, puis repasse jusqu’aux vêtements des filles en écoutant une radio pour enfants.

Tant pis pour la virilité d’un Dom Toretto !

C’est en sifflotant Eeny, meeny, miny, moe qu’il range les affaires du trio dans leurs armoires respectives. Mille agréables souvenirs d’enfance lui reviennent à l’esprit. La vie n’était pas si désagréable, à l’époque…

Bizarre, l’armoire de Momo est bien vide aujourd’hui…

Un moment d’effroi saisit Rowan. La vision dépouillée lui est tristement familière.
Puis il secoue la tête, forçant un sourire.

— Impossible, Mona va beaucoup mieux depuis qu’Ava vit avec nous.

Depuis leur arrivée à Londres, il y a déjà sept ans, Mona n’a jamais été aussi heureuse que le jour où Avelina lui a annoncé sa venue. Sauf peut-être le jour de son arrivée, en la serrant longuement dans ses bras sur le quai de la gare.

Moi aussi, j’ai ressenti une joie immense ce jour-là…

Toujours est-il que Mona semble libérée de ses vices, même si elle continue à gambader Dieu sait où pour faire Dieu sait quoi.
Bref, aucune chance qu’elle parte une nouvelle fois à l’improviste. Pas sans dire au revoir à sa meilleure amie !

À moi, par contre…

Le souvenir (vague et alcoolisé) des aveux fatidiques assombrit le cœur et l’esprit de Rowan tandis qu’il trouve refuge dans son lit. Il avait raison : l’odeur d’Ava est présente, douce et accueillante. Il éteint la lampe de chevet, trouve rapidement un sommeil paisible.


Vers minuit.

Après un rêve étrange où une chouette chapardeuse voletait dans la cuisine en picorant les cookies d’Ava, Rowan roule à bord de son camion au moteur surpuissant. Londres et son paysage urbain, noirci par le smog, rétrécissent dans le rétroviseur jusqu’à devenir un point minuscule et disparaître. Un panorama bucolique s’étend devant lui sous un ciel azur. Le natif de Sparkwell reconnaît les plaines verdâtres de son enfance, séparées par des haies grouillantes de vie. Il est maintenant à pied ; ses pas le mènent au grand chêne où quelqu’un avait gravé son nom, à l’intérieur d’un cœur aux contours biscornus. Rowan n’a jamais su qui était l’auteur de cette touchante inscription. Il soupçonne la fille du pasteur – une de ses plus grandes déceptions amoureuses.
Aujourd’hui, peu importe ! C’est un personnage fabuleux de son enfance qui roupille sous l’arbre imposant. Son abdomen monstrueux se soulève à intervalle régulier.
Rowan escalade la créature colossale, étend les bras et se blottit contre le ventre moelleux. Les ronflements puissants de Totoro le bercent…

— Hein ? Quoi ?

À moitié réveillé, Rowan se sépare de la douce créature qu’il étreignait de ses bras. Il dormait si bien ! Sa joue engourdie quitte avec regret la niche confortable qu’offrait la source de chaleur. Une forme indistincte se dresse dans la pénombre. Longiligne. Terrifiante. La sonnerie – familière ? – d’un téléphone claque contre les murs, affecte les nerfs de Rowan d’un saisissant choc électrique.

Il crie.
Rowan crie assez fort pour réveiller tout l’immeuble.

Est-il mort pendant son sommeil ? Cent questions assaillent son esprit paniqué : quelle était la date de péremption du sorbet au citron ? Ava aurait-elle confondu le paquet de mort-aux-rats avec la poudre de noisettes ?
Non ! Un mort ne se pose pas de question, et il ne crie pas. Un mort est mort, point.
Ne reste alors qu’une possibilité : c’est un fantôme qui occupe l’autre moitié de son lit. Probablement celui de Mona !
Pour en avoir le cœur net, Rowan se tourne vers la lampe de chevet et presse l’interrupteur de ses doigts tremblants.

Nouveau cri.

— Ava ?!

Les traits comateux de sa compagne de lit dessinent une expression inquiétante. Ses yeux rougis de sommeil ont l’aspect de la mort et des larmes.
Rowan déglutit, yeux scotchés sur l’apparition spectrale qui ressemble trait pour trait à Avelina Cook. Il avance avec témérité une main agitée de spasmes irrépressibles. Son amie est-elle tangible ? Va-t-il passer au travers et ressentir un froid d’outremonde, comme dans les films d’horreur ?
Sa paume atterrit fébrilement sur une poitrine chaude – heureusement couverte – qui palpite sous ses doigts.

— Ahhh !

La main de Rowan se retire en un éclair, comme au contact brûlant d’une poêle à frire. Jamais il n’a touché Ava Cookie de manière aussi intime !

— Ava ? Qu’est-ce que tu fais dans mon… ton… le lit ?

La voix chevrote encore. Une dernière sonnerie retentit avant de basculer sur la messagerie vocale.

— Et qui diable t’appelle au milieu de la nuit ?!
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29.04.21 17:39
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One Night Like This Rowan & Avelina Gourmande du bien-être que lui procure le sommeil, Avelina ne tarde pas à s’en régaler. Et tandis qu’elle tombe de fatigue, elle sait qu’elle dormira en sécurité auprès de son désir ardent, à l’abri de toute inquiétude jusqu’à l’aube nouvelle…

– Mmmmmmh… se délecte la dormeuse dans la chaleur qui l’enveloppe comme la plus câline des couvertures.

Dans un demi-sommeil, elle se pelotonne davantage contre la source de chaleur, attirée par l’accord frais, dynamique et réconfortant d’agrume. Et cette odeur familière éveille sa mémoire sur l’identité de l’être… si chaud. Si proche. Si intime. Si tentant. Si...

– Rrroow-huuh… ?

Subitement jetée au portail du royaume de Morphée par la sonnerie du téléphone, elle se dresse d’un saut de carpe. La sonnerie, accompagnée d’un cri de terreur, martèle contre la vitre de son sommeil à coups de marteau. Elle bâille, glisse ses doigts dans les cheveux, déboussolée par tout ce boucan d’un coup d’un seul.

– Orreeeuh… gémit-elle dans un râle traînant, lorsque son compagnon de lit crût bonne l’intrusion d’une lumière éblouissante dans la chambre.

Elle tournicote lentement sa tête encore lourde de somnolence. Comment peut-on basculer d’un câlin qui a émoussé ses appétits à une torture digne des pires crampes d’estomac ? Enfonçant le clou, Rowan clame sa stupeur que cela soit elle qu’il pressait comme un citron une minute plus tôt. Bougre de nul, qui veux-tu que ça soit ??? lui aurait-elle grommelé, si cela n’est à son tour d’être stupéfaite. La main de Row pelote audacieusement sa poitrine avant de sitôt se carapater, ne la laissant aucun temps de réaction… ni d’appréciation !

– À ton avis ? souffle-t-elle, la tête levée à quelques centimètres en dessous du menton de Rowan.

Ayant récupéré tout son esprit pendant qu’il balbutiait, il ne la prendra plus de court ! Aussi s’est-elle projetée en avant vers lui. Le télescopage de leur bouche n’a été évité que parce que dans son élan plein de vivacité, ses mains en atterrissant sur le matelas s’y sont plantées trop profondément... Flûte ! Mais si son désir inconscient était de lui sauter dessus, son intention avouée était seulement de se rapprocher… Pas si près, certes, mais pourquoi pas ? Elle ne fait aucunement mine de restaurer plus de distance entre eux.

– J’y dormais, forcément, grande flèche.

Sous ces mots badins se dissimule une autre déclaration, d’amour celle-là, que quelques secondes d’une lecture plus attentive du sourire et du regard qu’elle ne destine qu’à lui – en cet instant, et à tant d’autres autrefois – permettraient à Rowan de déceler un espoir de réciprocité…

– ROW !

Et dans un geste de frustration, ses mains s’abattent contre son torse et le repoussent sans ménagement. Dans un moment pareil, il ne bouillonne que sur des questions sans intérêt !

– Ça, je ne sais pas te dire, et quelle importance qu’on sache qui m’appelle ? Mes parents, tes parents, mon travail, le père Noël ou Dominic Toretto !

Elle rejoint un bord de lit, puis se rend vers la porte. Elle se penche pour attraper son sac et mettre sous silence ce satané trouble-fête afin que ce dernier ne réveille pas Mona la prochaine fois, si les hurlements de son idiot de frère ne l’ont pas déjà fait. En activant l’écran, son doigt déroule la notification de l’appel manqué, non pas que cela l’intéresse vraiment…

– Ho-oh.. c’était Momo… !

L’appareil à la main, elle se retourne vers l’autre occupant de la chambre.

– Rowan, panique-t-elle dans un chuchotement proche du à haute voix. Elle nous a grillés, je crois !!

Bon c’est surtout elle qui est cramée ! Ça ne peut pas être pire comme façon d’apprendre à Mona que sa meilleure copine a passé sous silence qu’elle en pince pour son frère depuis toujours. Sur la pointe des pieds – comme si ça change quelque chose à la situation – Ava sautille jusqu'à Rowan pour le prendre comme bouclier. Elle le pousse dans le dos, et dans un chuchotement plus discret, mais tout aussi empressé qu'avant :

– Va voir si elle est derrière la porte. Mais dépêche-toi ! Et tu ne m'as pas vue ! Je vais me cacher, où ça-où ça-où ça.. ah sous le lit !

Elle s’aplatit par terre, et décidée à se faufiler la tête la première et manger la poussière, elle ne prête pas attention au bas de sa robe qui se retrousse au fur et à mesure qu'elle s'enfonce dans l'insondable obscurité.
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02.05.21 16:25
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One Night Like This Avelina & Rowan
Après la surprise, après la panique, c’est une autre émotion vive qui frappe la cage thoracique de Rowan. La même émotion qui le saisit chaque fois que son regard s’attarde à la dérobée sur Ava, mais démultipliée par leur proximité soudaine.

Elle est devenue vraiment jolie, notre Cookie.

En particulier ses grands yeux brillants qui le toisent avec intensité. Qui l’hypnotisent et le pétrifient. Combien de filles ont déjà regardé Row-le-rameur-de-galère de cette façon ? Pas la fille du pasteur, en tout cas. Rowan se sent comme une meringue au citron sur l’étal d’une pâtisserie devant laquelle salive une cliente affamée. (Il l’imagine si bien que ses glandes salivaires entrent en surproduction.)

— Eh !

La brusque poussée d’Ava le fait basculer en arrière, manquant le faire choir hors du lit… Sa fierté masculine le retient, ou plutôt l’évocation virile de son héros musculeux Dominic Toretto !
Alors qu’il s’apprête à prendre le taureau par les cornes comme le ferait Dom, Ava quitte le lit telle une bourrasque afin de consulter son téléphone.

Et voilà le travail ! se gargarise Rowan, gonflant le torse sous son tee-shirt de nuit motif fleurs champêtres (marguerites, coquelicots, violettes mal dessinées qui ressemblent plutôt à des myosotis). Même pas besoin d’employer les grands moyens ! Des grands moyens dont il ignore les modalités, mais peu importe.

— C’était Momo ? répète-t-il, aidant l’information à infiltrer les zones encore ensommeillées de son cerveau.

La matière grise de Rowan se met à assembler les pièces d’un puzzle étrange : le canapé détruit, le bol-gâché-de-sorbet-au-citron puis le second bol-transcendé-par-les-excellents-cookies, Totoro-le-doux-matelas et Avelina-dans-son-lit, Mona qui appelle sa meilleure amie en pleine nuit…

— Comment ça, elle nous a grillés ?

Les pièces du puzzle se dispersent dans un chaos total. L’air paniqué d’Ava fait accélérer le rythme cardiaque de Rowan. Même s’il ne comprend rien à ce qu’elle raconte, ça a l’air très grave ! Assez grave pour qu’il descende du lit et expose son caleçon imprimé de petits moutons sautillants.

Bonne poire, il cède aux injonctions d’Ava et porte une main sur la poignée métallique de la porte.
Qui dit stress, dit excès d’électricité statique (une loi qui se vérifie uniquement chez Row).
Qui dit excès d’électricité statique, dit coup de jus (le genre nettement moins agréable qu’une orange pressée).
Qui dit coup de jus, dit neurones qui se connectent (enfin) par la magie de la fée électricité (une certaine Mary Shelley aurait même donné vie à une créature par ce procédé).
Rowan comprend tout avec la lucidité d’un Moïse sur le mont Sinaï. Pourquoi le cappuccino est meilleur avec des copeaux de chocolat (et comment éviter qu’ils coulent au fond de la tasse). Comment s’y prend Dom Toretto pour lancer une voiture d’un immeuble à un autre sans se gourer d’étage. Rowan calcule le mouvement des étoiles, perce les secrets de l’astrologie et évalue avec précision la quantité de bulles par litre de bière.
Il pivote sur lui-même, dressant la main encore brûlante du choc électrostatique.

— Tu veux dire que…

La voix imprégnée de sagesse biblique s’éteint comme la lumière d’une ampoule grillée. Rowan déglutit.
La robe d’Ava ne couvre plus rien de ses longues jambes dépassant de sous le lit. À force de gesticulations, la partie supérieure du corps disparait sous le refuge inopiné. Deux secondes de plus, et la robe remontera suffisamment pour dévoiler…
Les oreilles rougies de Rowan crachent des jets de vapeur. Son crâne est devenu une véritable bouilloire !
Il se jette à genoux, entre les jambes d’Ava, dans le parfait alignement de… Oh, seigneur… Des dessous avec de la dentelle ? Avelina a sorti le grand jeu ! Une nouvelle révélation éclaire son esprit atterré : Ava avait un rencard pour la nuit… avec un homme ?

— Attends ! Sors de là, tête de pomme !

Puisant son courage dans un élan de jalousie, Rowan agrippe le bas de la robe de part et d’autre de la taille féminine. Il tire énergiquement afin de rétablir sa décence.

Scraaatch !

— Oh, zut.

Le buste de l’homme à genoux reprend une position verticale. D’un regard benêt, il fixe la grande bande de tissu prisonnière de ses mains.

— Je suis vraiment désolé pour ta jolie robe. Elle…

Dring dring !

Rowan blêmit, se remet sur ses jambes comme un diable monté sur ressort.

— C’est sûrement elle. C’est Mona !

Logique : si Momo se trouvait déjà dans l’appartement, le raffut l’aurait attirée depuis longtemps. Elle a toujours été la plus vive et la plus énergique, avec des rythmes de sommeil et capacités de réveil à faire pâlir des commandos SAS chevronnés.

Mu par une énergie insoupçonnée, il baisse les bras et tire les chevilles d’Ava. Cookie glisse comme un biscuit sec lancé sur une patinoire.
Pas la robe.

Seigneur…

Plus jamais Rowan ne regardera son amie d’enfance comme autrefois.
Et si Mona la voyait à plat ventre, robe remontée jusqu’aux omoplates, avec son frère en caleçon-moutons-sautillants au-dessus d’elle… ils courent à la catastrophe.

— Débrouille-toi pour être présentable, je vais la retenir ! supplie-t-il.

Rowan se précipite au-devant de la porte. Qu’il ouvre d’un coup sec avant de tordre le cou en direction d’Ava.

Tu vois, je te l’avais bien dit : pas de Momo ! semble dire son regard triomphant. Sa bouche murmure une requête bien moins glorieuse :

— Fais vite, s’il te plaît.

Retenir Mona sur le pas de la porte équivaut plus ou moins à contenir un tsunami à l’aide d’un petit seau de plage (les fameuses forteresses de sable qu’une vaguelette suffit à aplatir).

L’homme de la maison court jusqu’à la porte d’entrée, prend une grande respiration et ouvre.

— Monsieur Dave Porc ? J’ai entendu crier et…

Rowan lève les yeux vers le visage porcin du colosse en forme de barrique. Des doigts boudinés portent un reste de choux à la crème à ses lèvres énormes, barbouillées de crème.

— Monsieur Hickman ! C’est tellement gentil à vous de vous inquiéter. Je suis terriblement désolé…

Rowan porte une main dramatique à son cœur. Son visage n’est que pénitence et contrition.

— On a eu une terrible frayeur en faisant le ménage. Les dessous d’A… euh… les dessous de lit, vous voyez de quoi je parle.

La mâchoire gargantuesque cesse tout mouvement de mastication. Les paupières lourdes du voisin de palier clignent, puis fixent le morceau de robe déchirée pendu à la main de Rowan. Lequel affiche une rougeur excessive jusqu’aux lobes des oreilles, haletant comme s’il vient de courir un 50 mètres (pour monsieur Hickman dont les 150kg fréquentent rarement la position debout, une course de 50 mètres représente une sacrée trotte).

Rowan détourne les yeux vers le tissu incriminant. Le teint de son visage passe du cramoisi à l’écarlate.

Oh, zut.
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06.05.21 17:37
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