FACE IDENTITY : Poppy Montgomery IDENTITE : Rose Connington GROUPE : London People RANG : marquise AGE : 48 ans ETAT CIVIL : mariée PROFESSION : rentière ETAT DE SANTE : correct LIENS : Tante de Steve Connington
La marquise avait finalement décidé à prendre rendez-vous. Cela faisait des semaines que le gala était terminé. Des semaines que la menace était présente. Des semaines que son neveu était enfermé dans un hôpital. Des années que son frère avait été pris par la secte. Rose Connington ne savait plus quoi faire et c’était cette extremité qui la menait là. La marquise avait collaboré avec la police, fait tout ce qu’elle avait pu… mais cela n’avait absolument rien donné. Rose Connington était en train d’utiliser ses dernières brides d’énergie. Peut-être fallait-il qu’elle se fasse une raison.
Le rendez-vous avait été pris deux semaines auparavant. Rose avait choisi de s’y rendre discrètement, bien que sa famille soit déjà le lot de nombre de remarques et de rumeurs. Lady Connington ne pouvait pas s’empêcher de vouloir sauver son frère, mais elle finirait par devoir l’abandonner. La secte allait finir par faire couler sa famille et exploser son couple. Son compagnon ne comprenait pas son comportement et son entêtement. Il fallait des résultats.
Rose Connington était habillée de manière discrète, mais le haut de gamme de la quittait pas. Elle était membre d’une famille de noble dans la richesse était connue. La lady était à l’heure, plus précisément avec 5 minutes d’avance. Elle se présenta au cabinet. Rose venait avec de l’espoir.
Deux de mes affaires récentes m’avaient permis de redorer encore plus mon nom et ma réputation dans le milieu même si rien de tout cela n’avait fuité dans les journaux et dans la presse en général : grâce à moi ce cher baron Crawley savait qu’il était cocu, avec ce cher petit journaliste qui me sert d’indic, et j’avais exhumé des informations tout à fait intéressantes grâce à Prem justement... Obtenir de tels tuyaux permettait à la fois de consolider le fait que je sois une des meilleures détectives privées de Londres, une femme qui plus est, et avait la douce satisfaction d’étoffer encore plus mon compte en banque.
Dans mon milieu, celui de la politique et des affaires, car l’un ne vas pas sans l’autre, il suffit d’un grand coup, un coup d’éclat comme on dit, d’une affaire pas forcément médiatique mais qui fait suffisamment de « bruit » dans notre domaine pour voir affluer les indécis que cette preuve d’efficacité à fini par convaincre. Et il suffit aussi d’un cas mal géré, d’une simple erreur de parcours visant les mauvaises personnes pour voir les rats fuir le navire, et qu’une réputation bâtie depuis des années s’effondre comme un château de cartes. C’est un monde ingrat, c’est une certitude, mais c’est celui dans lequel j’ai eu envie d’évoluer, surtout que c’est plus amusant de tirer les cartes que d’être un sous-fifre sur payé dans un bureau avec vue sur la Tamise, exploité du matin au soir.
Et là, la demande de la marquise Connington a eu le don d’attiser ma curiosité. Une vieille famille aristocratique britannique, des ancêtres remontant sûrement jusqu’à Guillaume le Conquérant - et même si c’était faux, c’était tellement facile de faire un peu dévier l’histoire moyennant finances- assez discrète en temps normal, même si ce nom revenait de temps en temps dans les tabloïds lorsqu’il s’agissait du frère. Les rumeurs voudraient qu’il se soit fait embrigader dans une secte, et qu’elle tenterait depuis bien longtemps de le sortir de là sans succès... Et à chacune de ces publications sentant le souffre et le fond de poubelle, il y avait toujours des procès pour diffamation, toujours perdus par la presse.
Pourquoi donc souhaitait-elle me voir? Est-ce que toute cette histoire de secte avait un fondement de vérité ou bien était-ce pour un tout autre motif? C’est ce que nous allons voir... J’avais bloqué un créneau d’une heure pour elle, n’étant pas sûre du temps qu’il lui faudrait pour m’exposer son problème et ce qu’elle attendait que je fasse, et à cinq minutes avant l’heure, deux coups légers sur ma porte me font lever la tête des photos d’une récente filature que je suis en train de retravailler numériquement.
Damia? Ton rendez-vous est là. Fais entrer je te prie. Merci Arun.
Il est une règle tacite chez moi, c’est qu’en dehors de mon bureau, aucun nom propre ne doit être prononcé à haute voix. On ne parle que par initiales, noms de codes ou par horaires, tout simplement, car on n’est jamais trop prudents. J’ai confiance en Arun, au fait que les liens de sa famille avec la mienne feraient en sorte qu’il serait un paria si jamais il en venait à me trahir, mais c’étaient des autres dont je me méfiais. Toutes les semaines le hacker de mon coeur venait inspecter la maison, vérifier qu’il n’y avait aucun micro, que rien n’aurait pu être installé à mon insu. Il n’y avait que dans mon bureau, insonorisé et équipé de brouilleurs que j’étais cent pour cent sûre que rien ne pourrait fuiter. Je referme les dossiers en cours, verrouille mon ordinateur avant de me lever lorsque la porte s’ouvre, et que je m’approche de la jeune femme s’avançant vers moi. Assez sobre pour passer inaperçue, mais d’un goût exquis, surtout pour celui qui savait reconnaître de la haute couture et des escarpins hors de prix.
Chère marquise Connington, je suis ravie de vous rencontrer. Prenez place ici je vous prie, et installez-vous.
Je lui désigne les deux canapés moelleux se faisant face dans un coin de mon bureau, près de la baie vitrée donnant sur le jardin pendant que j’attrape mon carnet relié de cuir et mon Mont Blanc, venant m’asseoir face à elle.
Et si vous m’exposiez le but de votre appel je vous prie...
FACE IDENTITY : Poppy Montgomery IDENTITE : Rose Connington GROUPE : London People RANG : marquise AGE : 48 ans ETAT CIVIL : mariée PROFESSION : rentière ETAT DE SANTE : correct LIENS : Tante de Steve Connington
La marquise posa son regard sur son interlocutrice. Lady Connington avait le regard vif, rapide et analytique, mais assez bref pour ne pas paraître insultant. Elle salua l’enquêtrice et se posa doucement dans le canapé moelleux. Rose paraissait plutôt détendu, bien qu’une certaine angoisse lui rongeât l’estomac. Venir ici était une extrémité qu’elle aurait souhaité éviter, mais elle ne voyait pas d’autre solution. La marquise était désespérée.
Lady Connington expliqua calmement « La renommée de votre cabinet de détective n’est plus à faire. ». Bien qu’il pût s’effondrer à tout moment. Rose faisait partie de ces vieilles familles qui avaient vu des empires naitre et disparaître. C’était le problème des entreprises comme celle de Damia et de tous ceux qui n’étaient pas de la noblesse, leur présence n’était qu’un passage futile. Personne ne se souviendrait d’eux dans la grande Histoire. Il y avait là une différence de classe qui ne pourrait jamais être comblée.
Rose eut un sourire poli. Elle expliqua « Tout comme votre compétence à conserver les secrets de vos clients. » Autrement dit, la lady ferait tout en son pouvoir pour détruire ce cabinet. Rose n’était pas une personne qui cherchait le combat, mais elle savait se défendre. La lady faisait parti du monde de la noblesse, il fallait savoir se défendre dans de tels jeux de pouvoirs.
Les choses étant dites, la marquise pouvait enfin expliquer l’objet de sa présence. Mademoiselle Kapoor s’était probablement renseignée et connaissait déjà les problématiques de la secte. Lady Connington fut donc direct « Les rumeurs quant à la présence de mon frère dans la secte Eokeus sont vrais. ». Elle marqua un temps, laissant la possibilité à l’enquêtrice de rassembler toutes les informations qu’elle possédait déjà. Rose haïssait ce groupe.
Calme, la marquise continua son explication « L’œil qui a été trouvé au gala était un investissement qui m’était destiné. » De quoi essayer de faire taire. Rose n’avait pas encore décidé de cesser de se battre, mais il était nécessaire que ses alliées aient connaissance des dangers qu’ils courraient. La lady n’était plus certaine des limites de ses opposants. Steve avait probablement déjà tué un homme, à partir de là, jusqu’à quoi étaient-ils capable ?
« L’enquête des forces de l’ordre n’a pas été concluante pour l’instant. » Les recours légaux n’arrivaient pas à faire face, il était difficile d’arriver à démanteler ce groupe. Ils passaient toujours entre les mailles du filet.
Forte des éléments déjà donnés, Rose arriva à sa conclusion « Ma demande est simple : que vous trouviez des éléments nécessaires à faire tomber ce groupe. » Si la problématique était facile à comprendre, c’était un autre monde de réussir à faire tomber Eokeus. Ils étaient dangereux. Il serait nécessaire de faire de nombreux efforts avant de réussir.
Elle a l'élégance discrète des personnes qui sont nées dans le luxe et le raffinement, à qui on a toujours dit que le ''bling bling" et le tape-à-l'oeil était l'apanage des nouveaux riches et des prolétaires, et que la vraie élégance savait se faire subtile, sans marque apparente, parce qu'ils estimaient ne pas avoir besoin d'être des publicités ambulantes. Et puis dans ce milieu, un simple regard, un plissé, un tombé renseignaient assez sur la maison, le tailleur ou le couturier d'où venait ce qui était porté, sans un logo, sans un sigle... Et j'admire sa sobriété si "chic" alors qu'elle entre dans mon bureau, introduite par mon cher Arun, qui s'éclipse sans un bruit alors que je fais signe à ma visiteuse de prendre place. Je m'équipe pour prendre des notes, avant de sourire, hochant modestement la tête à son compliment sur ma petite affaire. Elle n'était pas obligée, mais elle est assez intelligente pour comprendre qu'un peu de flatterie en guide s'amuse-bouche aura le don de me mettre dans des dispositions encore meilleures, avant de laisser échapper un léger rire quand elle achève sa phrase sur ma discrétion.
C'est très aimable à vous... ça m'a demandé beaucoup de travail pour gagner la confiance de mes clients et acquérir une réputation de professionnelle sérieuse, et en arriver à ce stade est en effet une grande, très grande fierté... Que vaudrait un détective qui vend ses informations à tout un chacun? On ne lui ferait confiance qu'une fois, avant d'aller voir quelqu'un pour éviter que ses petits secrets soient révélés sur la place publique...
Est-ce que je suis à cent pour cent honnête? Pas vraiment, car il m'est arrivé de donner des infos confidentielles en échange d'autres, pour rendre ou obtenir des services etc mais à chaque fois, je savais très bien avec qui je concluais cet arrangement, et les répercussions que cela pourrait avoir. Mon cher Caleb en est la preuve vivante, mais notre monde fonctionne comme ça, un échange de bons procédés, des informations qu'on troque, qu'on monnaye, qui circulent dans l'ombre pour créer ou ôter des pressions, alors que le principal concerné dort tranquillement sur ses deux oreilles... Un jeu que seuls ceux autour de la table connaissent, et dont les autres n'ont même jamais entendu parler. Je croise son regard lorsqu'elle mentionne la secte et commence à griffonner quelques mots dans mon carnet, après avoir simplement mis la date, l'heure et les initiales. Jamais de nom directement, au cas où...
Et...que pensez-vous de ces rumeurs?
Elle continue ensuit et je me fige, surprise par cette nouvelle information. J'avais entendu ça par la police, mais je croyais davantage à une rumeur qu'à un vrai incident... L'effet dramatique était rapidement retombé, submergé par d'autres histoires, d'autres scandales... Je continue de noter, penchant légèrement la tête.
Et... en quoi pensez-vous que cet oeil était pour vous directement? Etait-il accompagné d'un mot? D'une note, d'un avertissement quelconque? Et... etait-ce un oeil humain?
J'ai connu des farces douteuses, et de bien mauvais goût alors entendre qu'on a envoyé un oeil de boeuf, de cheval ou encore de chèvre à quelqu'un ne me surprendrai pas plus que ça. Si c'est un oeil humain par contre, l'affaire prendrait une tournure tout à fait différente. Et elle conclut par une demande qui a le mérite d'être claire, même si elle me semble tellement vague. Heureusement Arun arrive, discret comme une ombre, s'approche de nous et dépose avec délicatesse un plateau chargé de tout le nécessaire pour un ''afternoon tea" réussi. Je le remercie d'un petit signe de tête avant de me pencher vers la théière fumante, et la saisir avant de remplir deux tasses en porcelaine de Chine bleue à motif de dragons.
Je vois, c'est une sacrée mission que vous me confiez. Est-ce que je pourrais savoir ce qui vous pousse à vouloir la démanteler? La détruire? Que leur reprochez vous?
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Une telle détective serait méprisante. Mais la marquise conserva son visage de marbre. Mademoiselle Kapoor n’avait aucune raison de vendre ces informations, enfin de les faire diffuser. La noble avait simplement souhaité la prévenir. Rose était une femme qui préférait dire les chose, elle était franche, sans doute trop dans son propre monde. Mais cela faisait parti de sa personnalité et c’était aussi ce que ses proches appréciaient chez elle. La marquise avait des doutes quand à l’intégrité de la détective privé : la vie n’était faite que de compromis. Néanmoins, elle aurait beaucoup trop à perdre pour essayer de jouer avec la marquise. Il y avait des jeux qu’il ne fallait pas tenter.
La lady haussa un sourcil. Elle répondit, un peu surprise « Que pour une rare fois, ces rumeurs sont vrais. » Ce qui ne l’empêchait pas de continuer de nier en public. Mais alors que la présence de la secte se faisait de plus en plus présente, devait-elle arrêter cette stratégie et être totalement franche ? Le nom de sa famille risquait d’être encore plus calomnié. Cela nécessité qu’elle fasse le point avec son conjoint. Une telle décision pourrait avoir des répercutions terribles.
Rose Connington savait très bien qu’elle devait se montrer patiente, tout le monde ne connaissait pas ce groupe comme elle pouvait le connaitre. Elle répondit « L’œil en lui-même était un avertissement. Il m’était destiné, je n’en ai aucun doute. Après tout, il m’a bien été servi. » Un bien mauvais souvenir. Qu’elle était désolée pour Violet… C’était tellement dommage pour sa réception. « C’était un œil de bœuf. ». Il était heureux que cela ne soit pas un œil humain. Bien qu’il ne fallait pas sous estimer ce groupe. « La secte d’Eokeus a comme chef, un homme qui s’appelle Philipe Delph. Un horrible individu, arrogant, cruel et mysorine. Il signe tous ses document avec le dessin d’un œil. » A partir de là, tout faisait sens. Rose ajouta tout de même « Cela fait des années que je cherche à arrêter ce groupe, Philipe Delph est un ennemi personnel. » Un homme qu’elle aurait voulu défier en duel pour le tuer si cela lui avait été possible. « Mais ne vous méprenez pas sur leur dangerosité. Ils sont capable de tout. » De tuer ? Probablement. Steve avait bien été soupçonné d’un meurtre.
A la venue de l’assistant, Rose se tue. Elle avait l’habitude des petites mains. La marquise avait aussi consciente de leur manie d’écouter. Habitude qui devenait de plus en plus flagrante avec le temps et qu’elle supportait de moins en moins. Tranquille, Rose prit doucement la tasse que lui proposait la détective. C’était tout un art de parler de sujet dramatique tout en buvant tranquillement une tasse de thé. Cette habitude était rassurante pour la marquise. Même si elle maitrisait son humeur, elle était tout de même noble, elle éprouvait tout de même de forts sentiments en étant ici. La lady avait franchi le mur du dernier pas. Maintenant, elle ne pourrait plus faire marche arrière.
Rose eut un petit temps de silence. C’est vrai, pourquoi voulait-elle absolument détruire cette secte ? Ne valait-il pas mieux qu’elle laisse tout de côté ? Qu’elle oublie ? La lady savait bien que c’était désormais impossible, bien qu’elle l’eût fait pendant un temps. Elle posa sa tasse puis chercha les mots. La marquise ne savait pas par où commencer, alors elle décida de démarrer par le début. « Mon frère ainé a été entrainé dans cette secte il y a des années. ». Elle marqua un temps. Le dire à voix haute faisait toujours aussi mal. Cette décision n’avait pas seulement marquer la vie de son frère, mais aussi la sienne. Rose avait hérité trop jeune de responsabilité qu’elle n’aurait pas dû avoir. Mais il était désormais impossible de revenir en arrière. « A ma connaissance, il s’est marié et a eu plusieurs enfants. » Combien ? Et étaient-ils tous arrivés à l’âge adulte ? Rose n’en n’était pas certaine. Ce qu’il se passait à Eokeus était obscure. Elle expliqua « Il y a quelques mois, son fils, mon neveu Steve Connington s’est présenté et m’a demandé de l’aide. ». Elle s’en souvenait très bien, de la surprise qu’elle avait ressenti. « Je pensais qu’il était là pour échappé à ce groupe, mais son objectif était tout autre… ». Elle détourna les yeux, puis pris doucement sa tasse de thé. Il sentait bon. « Steve a été accusé de meurtre, mais la procédure n’est pas allé plus loin. » Rose en avait encore mal au ventre. « Jessica Keenan est l’avocate qui l’a défendu. Je ne suis pas intervenu, c’est Eokeus qui l’a envoyé. ». Combien de personne avaient-ils à leur botte ? A quel point s’étalait leur influence ? Rose avait du mal à le savoir et cela l’inquiétait.
Elle continua son explication « Par la suite, Steve s’est montré encore plus distant qu’il ne l’était déjà et a finit par… Je ne sais pas comment vous dire. » La marquise manquait de mot. « Cet enfant avait déjà un caractère singulier, austère, difficile. Mais il s’est encore plus renfermé, il était bien plus difficile de communiquer avec lui. ». Du haut de ses 48 ans, Rose n’avait jamais vraiment accroché à toutes ces séries et livres fantastique, mais pour une fois ses maigres connaissances en ce domaine lui furent utile. « On aurait pu le comparer à un zombie. ». Morne, terne, ne communicant plus et n’étant plus vraiment humain. Rose éprouvait une certaine compassion envers ce jeune homme, mais n’éprouvait aucun amour ou attachement. C’était une réalité terrible. Au moins les choses étaient plus simples de cette manière. « A ce jour, Steve est enfermé dans l’aile de l’hôpital psychiatrique de Londres. Je me suis arrangée par que je sois son tuteur légal. Il ne peut quitter ces lieux sans mon accord. ». Rose avait bien avancées ses pions.
La lady expliqua d’autant plus ses motivations. « Au de là de ma famille, il y aussi de nombreuses autres personnes qui sont impactés par ce groupe. Il est très difficile, voir impossible de savoir ce qu’il se passe dans ce village. » C’était en dehors de toute réalité. « Je n’ai eu que peu d’information, mais les adeptes doivent respecter des lois qui n’ont pas de sens. Il y a des dérives et surtout énormément de souffrance. » Elle termina par ce qui était le plus important. « Il faut que cela cesse. »
Je suis impressionnée par sa maîtrise d'elle-même, car tout au long de notre entretien, ou tout du moins jusqu'à présent, elle est restée imperturbable. Avec le temps j'ai pris l'habitude de "lire" les gens, et on peut apprendre beaucoup plus de choses que ce que l'on croit en faisant attention à quelques détails : posture, mouvements de mains ou d'yeux, gestes dénotant une certaine nervosité, tapotement de pieds, qui peuvent également aller vers la tenue, les couleurs ou encore les accessoires. Je ne prétends pas avoir les compétences de déduction de ce bon vieux Sherlock Holmes qui en est presque un voyant extra-lucide mais cela me permet de me faire rapidement une opinion sur la personne que j'ai en face de moi. Et elle est un livre fermé, comme beaucoup de personnages médiatiques ou importants qui ont du très tôt préserver leur vie privée pour ne pas donner matière aux ragots et aux articles à scandale... La marquise est de ceux-là, et je ne joue pas trop agressivement car je n'ai aucune idée de la main qu'elle a, et de ce qu'elle attend de moi. Donc je la cuisine avec prudence, la laissant d'abord parler avant de décider quoi et comment faire... Et je reconnais la stratégie de me demander d'abord ce que je sais, avant de répondre et rebondir dessus...
Ainsi votre frère est dans cette secte. Et si vous êtes ici, je suppose que cette... "affiliation" n'est pas à votre goût et que vous souhaiteriez que j'agisse, n'est-ce pas?
Pourtant un détail absolument dégoûtant mais intéressant pour la suite de nos affaires est dévoilé, dans la mention d'un oeil qu'elle aurait reçu. Et je l'écoute m'en dire plus alors que je m'occupe de remplir deux tasses, faisant glisser la tasse recouverte de dragons face à elle avant de déposer la mienne sur sa soucoupe, y glisser une rondelle de citron, et m'installer plus profondément dans le canapé. C'est un peu rassurant d'apprendre que ce n'était "qu'un" oeil de boeuf, car ça veut dire qu'ils ne sont pas allés en piocher un sur un cadavre, mais également que cette affaire est encore dans ma juridiction. Si ça avait été un oeil humain, j'aurais dû laisser faire la police sous peine de poursuites et c'est quelque chose dont je me passe volontiers donc... Je souffle sur la tasse fumante avant d'en boire une gorgée et la reposer en un tintement discret.
Et quand est-ce que c'est oeil vous a été livré, si on peut dire? Dans des circonstances particulières? A une date qui pourrait avoir une importance?
Déposant la tasse sur la table je viens attraper mon carnet et mon stylo avant de commencer à prendre quelques notes sur ce qui a été dit. Les joies du bon vieux carnet papier, qu'on ne peut pirater, qu'on ne peut dupliquer... La seule trace est ici, dans mon coffre fort, ou avec moi en permanence... Même si j'apprécie la technologie, je ne lui fais pas une confiance aveugle et je préfère jouer la carte de la sécurité. Je commence donc à noircir une nouvelle page mettant en titre la date d'aujourd'hui et simplement les initiales de ma visiteuse, hochant de temps en temps la tête pour lui montrer que je l'écoute toujours. Je relève la tête, la plume prête à écrire.
Qu'est-ce qui fait que vous considériez ce monsieur Delph comme un ennemi? Est-ce que c'est réciproque?
Elle m'en dit davantage et je tente au maximum de cacher ma surprise en apprenant la situation de la famille. On en est là... je n'ose imaginer d'avoir des frères et soeurs qui sont devenus à ce point des étrangers et ensuite vient une histoire de meurtre d'un neveu caché... Eh bien eh bien... nous voilà en passe de tomber dans la tragédie shakespearienne! Ca promet! Et plus elle m'en parle plus le fameux neveu semble être curieux, particulier... un être froid et étrange qu'elle va même jusqu'à qualifier de "zombie" selon ses propres termes. Neveu qui est maintenant interné et dont elle est devenue tutrice légale... Intéressant, mais cela soulève également des questions, beaucoup de questions... Reprenant la parole, je me lance afin de compléter ce dossier épineux.
Je vois... une affaire qui est loin d'être facile et banale... Mais malgré toutes ces précisions j'ai encore d'autres questions, si ça ne vous dérange pas... - qui est la personne que votre neveu a tuée ? - est-ce que votre frère est intervenu? Comment a-t-il été déchu de ses droits parentaux si Steve est encore mineur? - Avez-vous une idée de ce qui a rendu votre neveu dans cet état? - Que vous a-t-il appris sur la secte et ce qui s'y passe? - Qu'est-ce qui vous fait penser que la situation là bas est si terrible au point de venir me voir? Je sais que ça fait beaucoup mais je suis quelqu'un d'extérieur qui a besoin d'avoir le maximum d'informations pour établir ma marche à suivre... D'ailleurs, si c'est possible de me faire parvenir l'évaluation psychologique de votre neveu, cela m'aiderait... Oh et... m'autoriseriez vous à aller le voir? Avoir un témoignage direct de quelqu'un qui a été élevé dans cette secte pourrait être d'une importance capitale...
FACE IDENTITY : Poppy Montgomery IDENTITE : Rose Connington GROUPE : London People RANG : marquise AGE : 48 ans ETAT CIVIL : mariée PROFESSION : rentière ETAT DE SANTE : correct LIENS : Tante de Steve Connington
« Exactement. » Qui était capable de sa réjouir de la déchéance de sa famille ? Son frère était tombé dans un groupe de dangereux individus. La marquise nuança tout de même « Mais je ne suis plus certaine que mon frère puisse être sauvé. » Elle soupira. Cette conversation commençait sérieusement à lui donner mal à la tête. « Steve non plus d’ailleurs. ». Rose ne cherchait plus à sauver ce qui pouvait l’être, c’était plus le sursaut d’une bête blessée et la volonté de vaincre qui la faisait avancer.
Rose expliqua simplement « J’ai reçu cet œil lors d’un gala de charité, organisé par Violet Crawlet. Lors d’un dinée, cela m’a été servi. » Quel affreux souvenir ! La marquise en été toujours extrêmement désolée pour Violet. « Evidemment, cela a provoqué un scandale. La police est intervenu, mais aucune trace de la personne qui aurait pu faire ça. ». Elle précisa tout de même « IL y a un article assez conséquent dans le New Herald à ce propos. » De quoi donner des informations à la détective privée. Consciencieuse, Rose répondit tout de même « Je ne pense pas que l’heure ait eu de l’importance. L’important était le lieu. Un message simple pour dire qu’ils avaient accès à tout et je ne serai en sécurité nulle part. » Rose bu une gorgée de thé « Cela ne m’a pas atteint. » Enfin presque pas. Pour le moment, la marquise s’était finalement tenu tranquille. Elle avançait ses pions et savait que le plus difficile était à venir. Le fait d’avoir été attaqué si personnellement avait blessée l’égo de la rousse. Ils allaient jouer, il allait perdre.
La lady expliqua aussitôt « Oui. Et j’imagine que cet homme ne me tient pas dans son cœur, et c’est une bonne chose. ». Rose n’avait rencontré que de rares fois cet individu, assez de fois pour se rendre compte qu’il n’y avait que peu de personne pouvant être aussi mauvaise. Elle précisa tout de même « Cet homme est malfaisant. ». Dans le sens le plus pure du terme. Il ne créait que le malheur autour de lui.
Pendant un bref instant le masque de la marquise se fissura « Il n’a tué personne. ». Enfin, pouvait-elle en être certaine ? Rose savait très bien les probabilités étaient bien que Steve ait tué ce jeune homme. La noble retrouva rapidement sa constance « C’est une accusation qui a été abandonné. La police n’a pas jugé bon de le poursuivre. » Une des raisons était que son neveu avait été défendu par Jessica Keenan, une avocate payée par la secte. Ce n’était tout de même pas bon signe. Rose avait posé sa tasse. Cette conversation était désagréable, mais nécessaire. La marquise expliqua « Il s’agit d’un jeune homme appelé Jin Brown. La police a finit par conclure à un suicide. Il aurait sauté du toit d’un immeuble. » Elle soupira légèrement, puis reprit. « Steve aurait été la dernière personne à l’avoir vu en vie… Et il a été retrouvé coincé en haut du dit immeuble après la chute de Jin. » Que c’était-il passé exactement ? Seul Steve pouvait le savoir… chose qui rendait la situation encore plus difficile. Comment savoir le rouquin avait menti ? Il ne pouvait pas être considéré comme fiable. « D’après les informations que j’ai pu avoir, Jin a grandi à Eokeus et en était donc un des membres. » Avait-il tenté de fuir ? Quels étaient ses liens avec Steve ? Il était difficile de le savoir.
La marquise expliqua « Non, mon frère n’est pas intervenu. Cela fait des années qu’il n’a pas fait un pas en dehors d’Eokeus et ne doit même pas savoir utiliser un téléphone… » Quel idiot. Rose avait elle-même un enfant, un fils qu’elle aimait plus que tout. Il lui aurait été physiquement impossible de laisser son enfant dans une telle situation. « Je me suis déplacée, j’aidais déjà mon neveu financièrement. En l’absence de ses parents, j’ai pu prendre la place de tuteur légal ». Un billet et les bonnes relations que la marquise avait l’univers juridique aidait beaucoup. Tout n’était qu’une question de relation. « Steve a 19 ans, mais il a été jugé comme incapable de se gérer lui-même. ». Chose qui ferait scandale si c’était amené à se faire savoir.
A la question de la détective, la marquise eut un moment de silence. Elle avait besoin de réfléchir. « Je n’ai que des hypothèses. » Steve n’était pas un communiquant. « Mon neveu s’est présenté en expliquant qu’il voulait faire des études sur Londres, mais cela s’est révélé complétement faux… il était là pour une autre raison. Je pensais que c’était pour ce pauvre jeune homme, Jin Brown, mais Steve est resté après. » Elle prit du nouveau un temps, puis expliqua finalement « J’imagine qu’il cherchait quelqu’un d’autre… peut-être une personne en particulier, une jeune femme dont je ne connais pas le nom. Sa petite amie j’imagine. » La marquise n’avait que très peu d’information à ce sujet.
« Je n’ai que peu d’informations que la réalité de la secte au quotidien. Mais je peux vous affirmer une chose : c’est un monde hostile et particulièrement misogyne. » La marquise expliqua plus concrètement « Les registres de l’état civile révèle qu’il y a un taux de mortalité beaucoup trop élevé. » Chose qui était facile à vérifier. « Mais de manière plus concrète, j’ai pu l’observer sur mon neveu. Son bras gauche est tordu, on m’a expliqué que c’était probablement dû à une fracture qui n’avait pas été soignée. » Cette fois la Rousse fut beaucoup plus longue. Elle n’était pas certaine de vouloir tout dire, mais maintenant qu’elle était elle ne pouvait plus reculer. « Je crains qu’il n’y ait des sévices physiques, voir plus d’autre plus importants sur les femmes. » A partir du moment où le pire était accepté, il n’y avait plus aucune limite. « Steve avait de nombreuses marques sur le corps, même s’il a voulu les dissimuler, il est clair qu’il y a une maltraitance organisationnelle dans ce groupe. » Qu’elle était la réalité. La marquise n’était pas certaine de réellement vouloir le savoir. « Les enjeux dépassent ma famille. Trop de personnes souffrent. » Et ce gourou devait être arrêté quoi qu’il en coute.
Rose termina par dire « Je vous transmettrai l’ensemble des documents que j’ai en ma possession. ». Elle assura « Je m’assurai que vous aurez toutes les autorisations pour rencontrer Steve. » La marquise expliqua tout de même. « La police cherche aussi à l’intéroger sur la secte. Peut-être que quelque chose finira par se débloquer, mais j’en doute. » Le système juridique anglais n’était pas armé pour gérer ces groupes.
Ce qui est intéressant dans le fait d'être détective, et détective de haut vol comme moi, est qu'on ne sait jamais vraiment sur qui ou quoi on va tomber... Le seul point commun est que ce sont rarement des choses joyeuses et positives, mais si on met ça de côté, il y a tout un éventail d'inconnu et de surprises... là c'est pour une filature classique histoire de prouver un adultère, ici c'est une affaire de vol de brevet et de propriété intellectuelle, deux jours plus tard ça va être une personnalité politique victime de chantage et que sais-je... Le vrai monde est une galerie de monstres et d'horreurs bien variée, la seule chose qui change est l'impact que ça puisse avoir sur les autres... Que ce soit une arnaque à l'assurance ou un détournement de fond, ma foi ça n'est que de l'argent, et personne ne va mourir directement de ça... par contre il y a d'autres affaires plus sordides, comme des agressions, des menaces, des morts à couvrir et que sais-je... et aujourd'hui c'est même une secte, ce qui constitue une petite distraction surprenante. Ca change si on peut dire!
Et c'est donc dans le confort feutré de mon bureau que je reçois donc la marquise, qui lève le voile sur un de ces secrets de famille dont on a honte et qu'on protège à tout prix car on aurait beaucoup, beaucoup à perdre s'il venait à s'ébruiter. Et cela explique aussi le fait qu'elle soit aussi mal à l'aise à l'idée d'en parler et de s'expliquer... Montrer ses failles, ses faiblesses, admettre que quelqu'un dont on est proche, ou soi-même s'est égaré est loin d'être facile et ça demande du courage. En plus elle n'a pas l'air de jouer la carte des larmes ou de la victime : elle est franche, directe, sans tomber dans le pathos et je la respecte pour ça.
Ma première surprise vient du fait qu'elle annonce clairement que les membres de sa famille ne pourront ni ne veulent être sauvés. Intéressant... mais qu'attend-elle de moi alors? Elle développe la suite de l'affaire, mentionnant un oeil qui lui a été livré et je retiens de justesse une expression de dégoût en apprenant cet horrible détail, m'efforçant d'être encore et toujours professionnelle. Je passe en revue ceux qui auraient pu être à l'origine de cette mise en scène particulièrement de mauvais goût, et à partir de ce qu'elle m'avoue, je lance toute une série de questions afin de jeter la lumière dans les zones d'ombres qui subsistent, et me donner toutes les informations nécessaires afin que je puisse appréhender la situation au mieux. Ca ne doit pas être aisée d'être bombardée ainsi mais parfois il n'y a pas le choix...
La liste de mes notes, s'agrandissant de précisions sur le gala de charité des Crowley - décidément, elle est au centre de beaucoup de choses- et je me rappelle vaguement que quelque chose m'était revenu aux oreilles de cette fameuse soirée, mais sans que ce soit crucial et quand elle mentionne le Herald la lumière se fait. Je me demande même si c'est mon cher Prem qui en était l'auteur... Et à me raconter tout ça je ne peux qu'admirer son calme olympien et son flegme d'apparence... une vraie lady anglaise. J'entoure le nom de l'homme qu'elle m'a donné, me notant de faire de plus amples recherches sur lui, avant que la suite ne me surprenne encore plus. Un suicide qui dissimulerait un meurtre? Une dispute qui aurait dégénéré? Un jeune homme instable accusé à tort? Décidément cette affaire se montrait beaucoup plus intéressante que ce à quoi je m'attendais, et je suis presque impatiente de me plonger dans mes recherches ... même si je sais très bien que je m'aventure sur un terrain glissant.
Les deux jeunes hommes auraient donc grandi ensemble? Et cet immeuble était à Londres, loin de la secte j'imagine? Que faisaient-ils si loin de leur "résidence"?
En plus le coupable a l'air d'avoir des problèmes mentaux si on a jugé bon de le placer sous la tutelle de sa tante... la suite ne fait que densifier encore un noeud déjà bien étroit et complexe.
Une petite amie? Tout d'abord, quels étaient les liens entre Steve et Jin? Se connaissaient-ils avant l'accident? Et votre neveu vous a-t-il parlé d'une petite amie ou d'une fille envers qui il aurait des sentiments? Où l'aurait-il rencontrée? Pourquoi revenir à Londres et quitter la secte si d'après ce que vous me dites ils sont endoctrinés au point d'y être totalement heureux en autarcie?
Et la dernière étape est de me parler de cette fameuse secte et je pâlis en entendant le détail de ce qui s'y passe, ou tout du moins un fragment de ce qui doit vraiment s'y passer. J'ai toujours détesté les gens qui pensent que pour une raison ou pour une autre ils peuvent imposer leur volonté, ou toute forme de maltraitance organisée... Entre requins évoluant dans un monde dangereux, les crasses, les coups de poignard dans le dos font partie du quotidien mais un système fait pour endoctriner les plus faibles, surtout les femmes, a le don de m'insupporter, et me motive d'autant plus à m'occuper de cette affaire.
Je vois... des sortes d'extrémistes religieux comme on en trouve aussi aux Etats Unis... C'est glaçant... et vous avez bien fait de venir... Malgré ce qu'on dit de moi j'ai une morale et savoir qu'ils réservent de tels traitements à des enfants, qu'ils maltraitent les femmes... Je ne peux pas laisser ça impuni... Je vais creuser, et quand je creuse, je trouve... ça peut prendre du temps par contre, car je ne peux pas venir toquer à leur porte. C'est le meilleur moyen de leur faire prendre peur et qu'ils déménagent ailleurs, au risque de les perdre.
Merci pour les documents, ça me sera très utile... Et si comme vous dites des gens puissants sont impliqués, la police va avoir des consignes pour regarder de l'autre côté, enterrer des preuves et autres... il y aura de nombreuses pressions. Par chance, je résiste très bien sous la pression...C'est même là que j'excelle... comme le fait qu'il faille une pression énorme pour que le carbone se transforme en diamant, si vous voyez l'idée. Il me tarde d'aller mettre mon nez là dedans...
FACE IDENTITY : Poppy Montgomery IDENTITE : Rose Connington GROUPE : London People RANG : marquise AGE : 48 ans ETAT CIVIL : mariée PROFESSION : rentière ETAT DE SANTE : correct LIENS : Tante de Steve Connington
La lady répondit posément à l’enquêtrice « J’imagine que oui. Je n’ai jamais réussi à avoir de conversation franche avec Steve à ce sujet. » Comme beaucoup d’autre sujet en réalité. « Officiellement, Steve était revenu pour démarrer une vie classique et faire des études… Mais la réalité était forcément toute autre et je n’ai que des hypothèses à ce propos. » Mal à l’aise, Rose se courba légèrement, elle expliqua « Je voudrai que vous trouviez la vérité à ce sujet. » Parce que les idées qu’elle avait eu était trop terrible pour expliquer.
Devant le nombre se questions, Rose ne pu s’empêcher de souffler. Cet entretien n’avait rien d’agréable. « Je ne sais pas… Je n’ai pas assez d’information pour vous répondre. » La marquise replaça ses cheveux pourtant coiffés de manière impeccable. « C’est bien pour cette raison que je vais appel à vous. » Pour que la vérité éclate, même si celle-ci n’avait rien d’élégant.
La réaction de Mademoiselle Kapoor rassura grandement la marquise. La rousse était trop souvent isolé dans ses combats. Elle avait parfois l’impression que c’était elle qui ne s’énervait pour rien. La lady eut un sourire franc « Je suis heureuse que vous preniez cette affaire au sérieux. » Elle ajouta « J’ai bien compris que tout cela prendra du temps, mais ce n’est plus un problème. Cette affaire traine depuis 20 ans. » Quelques mois de plus ne changerait plus rien à cette blessure profonde. La question financière n’était pas non plus un problème. Rose était engagée dans ce combat à mort et donnerait toutes les ressources qui lui seront possibles. Curieuse, la lady demanda « Comment pensez-vous procéder ? » Quelles étaient la suite des démarches à suivre pour cet entretien ?
Eh bien eh bien... Il n'aura suffi que de quelques minutes pour me retrouver au coeur d'un assemblage bien complexe d'intrigues, mêlant une secte, l'argent, le pouvoir, l'aristocratie et un meurtre. Rien que ça. Ca promet, mais mine de rien j'aime quand certaines de mes affaires soient des défis, et pas une longue suite de filatures, d'écoutes de conversations téléphoniques et de lectures d'emails. Bien sûr c'est mon quotidien et la majeure partie de ce que je fais, mais avoir des affaires plus complexes et plus prenantes change du quotidien, et aussi glauque cela semble-t-il être, je suis plus que curieuse de m'y plonger.
C'est donc pour essayer d'y voir plus clair que je remplis les pages de mon cahier de notes de mon écriture déliée mêlant codes et abréviations pour aller plus vite, et aussi pour que je sois une des seules à comprendre ce que j'écris. La force de l'habitude... Et plus elle me parle, plus elle m'explique, plus son histoire soulève d'autres questions, d'autres interrogations comme une sorte de poupées russes de l'horreur et de l'étrange. Surtout que ça a l'air de courir depuis de nombreuses années, ces mystères, ces mensonges... et il est temps que quelqu'un vienne faire un peu de ménage. Une fois qu'elle sera partie il va falloir que je m'installe à mon bureau et que je crée un panneau pour tout ça, avec du bon vieux papier, des post-il, du bristol pour avoir un point de vue global sur cette histoire. Je sais que mon hacker d'amour enrage toujours en me voyant toujours fonctionner en mode "vieille école" et qu'il m'a déjà proposé dix fois de me concevoir des logiciels sur mesure pour faire tout ça mais je n'y arrive pas. J'ai besoin de papier et de crayon, j'ai besoin de pouvoir reculer de quelques pas du mur et passer de longues minutes assise avec ma tasse de thé en train de contempler l'ensemble des informations sur une affaire complexe pour en voir les liens, comprendre le réseau, les influences et autres... et je sens que le rendez-vous touche à sa fin, la jeune femme m'ayant donné assez d'informations pour pouvoir commencer ma chasse.
Ah oui? Il est du genre réservé ? Timide? Ou c'est parce qu'à cause de ces années loin de tout vous n'avez pas vraiment pu nouer contact?
Je remets le capuchon sur mon stylo et referme mon carnet, le déposant sur la table basse entre nous avant de lui sourire.
En effet, je me doute que je vais aller remuer des choses fort peu agréables et ça risque de sentir mauvais. Par contre si tout ça est trop gros, il faut que je sache si je peux prendre le risque de tout dévoiler, au risque que le scandale risque de vous entacher, ou si garder le secret est plus important que tout... Je ne sais pas ce que je trouverai, je ne sais pas dans quelle mesure ça pourra vous impacter ainsi que d'autres, et il faut que je sache jusqu'où je peux aller, avant d'avoir franchi la limite. Et pour commencer, je pense aller rendre une petite visite à votre neveu. J'aurais besoin d'une autorisation écrite de votre part étant donné que vous êtes sa tutrice légale... Et avant ça, je vais faire jouer mes contacts pour savoir ce qu'ils savent et ce qui se dit. En fonction de ça, nous aviserons...
FACE IDENTITY : Poppy Montgomery IDENTITE : Rose Connington GROUPE : London People RANG : marquise AGE : 48 ans ETAT CIVIL : mariée PROFESSION : rentière ETAT DE SANTE : correct LIENS : Tante de Steve Connington
« Steve est une personne de renfermé… et nos liens ne permettent pas de discuter sereinement. » Elle soupira « Enfin, de son côté. » La marquise avait fait au mieux. Elle avait elle-même un enfant et ne se pensait pas si mauvaise dans ce domaine. Mais il n’y avait pas eu de communication possible avec Steve.
La marquise resta un instant silencieuse. Que voulait-elle vraiment ? Elle expliqua « J’aimerai au tant que possible pouvoir préserver l’image de ma famille. » Du moins, ce qu’il en restait… « Mais je souhaite vraiment que toute lumière soit faîte sur cette affaire. » La lady savait que la posture à prendre pour Damia était difficile. « Avant de révéler des éléments à la presse, il faudra que cela passe par moi. » Chose évidente, mais il était nécessaire de préciser. « Mais le secret n’est effectivement pas le plus important. Cette secte doit tomber. » Il le fallait. Rose en rêvait la nuit. Il fallait que cela cesse ou au moins que cela ne soit plus son fardeau.
La lady demanda du papier et rédigea directement le papier nécessaire à l’enquêtrice. Il tendit le document à Damia. « Cela devrait suffire. » Rose commenta tout de même « N’hésitez pas à me contacter autrement. Je ferai le nécessaire. » La marquise était déterminée.
Lady Connington se leva. Elle expliqua « Je compte beaucoup sur vous Mademoiselle Kapoor. » La police était en échec, peut-être qu’une privée arriverait à faire bouger les choses. Rose se para de nouveau de son sourire poli. « J’attends de vos nouvelles. »
