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Les vilipendés ft. Vincent
Prem Hadid
Les vilipendés ft. Vincent
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Après que son rendez-vous avec l’inspecteur Lemoine prit fin, Prem se rendit immédiatement au prochain, non sans passer par son établissement préféré, au coeur du centre-ville, où tous les gens pressés pouvaient manger rapidement, justement, entre deux rendez-vous. On pouvait croire que le nom « Chez Kostopoulos » en était un de restaurant de souvlakis. Il y avait de cela, mais pas que. Le deli, toujours aussi remplis que d’habitude d’hommes en costard et de femmes en tailleur, offrait également des plats végétariens, et c’était bien pour cela que Prem l’aimait autant. D’autant plus que tout était frais fait du jour.

Ses falafels dévorés, Prem se rendit dans les bureaux d’ASAP. N’ayant jamais rencontré le propriété auparavant, Prem avait fait son devoir de journaliste en faisant de recherche sur l’homme en question : Vincent MacAskill.

Ce dernier avait un parcours intéressant, mais pas autant que ce que les journaux avaient publié sur lui, à l’époque de son divorce. Le Times tout particulièrement. Heureusement, ce genre d’archives étaient publiques. Son ex-femme l’avait accusé d’adultère, et avait réussit à rafler une bonne partie de l’argent de MacAskill. Il s’était toutefois refait dans la vente de charbon, puis de service de transport. Assez hétéroclite, comme type. Quant au caractère de l’homme, Prem préférait attendre avant d’en juger.

MacAskill se retrouvait à nouveau dans le scandale. Ou plutôt, dans l'ambiguïté. Les quelques sources que le journaliste avait dans sa poche n’avait pas trouvé la moindre trace de l’accusatrice virtuelle de l’entrepreneur Écossais. Elle s’était comme volatilisé, ou encore, elle était très bien gardée. Autre fait intéressant : aucune autre victime ne s’était dévoilée. Avec le temps, et ses années d’expériences en journalisme, Prem savait qu’un agresseur ne se contente jamais d’une seule cible. Quand l’une d’elle osait parler de son traumatisme publiquement, d’autres victimes se mettaient également à parler. Toutefois, il n’y avait rien eu pour MacAskill. Pas encore en tout cas.

Bref, toute cette histoire avait de quoi intriguer. Arrivé dans l’immeuble à bureaux, Prem prit l’ascenseur jusqu’au cinquième étage, où se trouvaient les bureaux d’ASAP. Ce fut une réceptionniste qui l'accueillit, et il patienta dans la salle d’attente, où il eut juste assez de temps pour envoyer un message à Violet. Depuis l’incident du Times, être loin d’elle l'insécurisait. Les Hanovre avaient été horribles avec elle, et Prem n’arrivait toujours pas à croire qu’ils avaient bien tenté de les séparer. Ça, s’était sans parlé dans tout ce qu’elle avait vécu avec le baron Crawley, et dont Prem ne connaissait même pas toute l’étendue.

Lorsque MacAskill apparut finalement, Prem se leva pour lui tendre la main. « Bonjour monsieur MacAskill. Enchanté. Merci d’avoir accepté cette entrevue », lui dit-il, affichant un sourire de circonstance. Poli, sans plus. Il n’était pas là pour s’en faire un ami, mais simplement pour lui poser des questions. La dernière fois, le New Herald n’avait rien pu tirer de lui. Prem se demandait ce qui avait changé depuis.

Le suivant jusque dans son bureau, Prem s’assit devant lui, et déposa son sac à ses pieds pour en sortir son carnet de notes, qu’il ouvrit, et posa sur ses genoux. « Vos bureaux sont très bien situés » remarqua-t-il, nonchalant « J’imagine que vos entreprises sont florissantes. Vous êtes installés ici depuis longtemps? »

Prem commençait toujours ces entrevues de façon informelle, surtout pour mettre le sujet à l’aise, plus que par intérêt. Il était souvent plus facile d’attaquer un sujet détendu, avec des questions difficiles.


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Prem Hadid
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25.09.21 3:58
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Vincent détailla Prem Hadid rapidement tout en lui tendant une poignée de main ferme, mais certainement pas brutale encore moins douloureuse. Il ne savait comment introduire la conversation pour le remercier, mais il ne s’inquiétait pas de cela, un journaliste savait toujours mener la discussion. Vincent avait besoin d’une meilleure couverture médiatique, Vincent avait besoin que Violet aille mieux. Bref, Vincent avait besoin de Prem. Le journaliste commença par le remercier de cet entretien accordé.

— Comme vous allez vous en rendre compte, c’est moi qui vais devoir vous remercier Monsieur Hadid. Prince Hadid, devrais-je dire.

Vincent ponctua sa phrase d’un clin et d’un signe de tête pour inviter le journaliste à le suivre. C’est à cet instant seulement qu’il lui libéra la main de sa poignée.

Il avait joué sur les titres pour préciser qu’il savait pour sa liaison avec Violet Crawley. Il ne cherchait pas à le déstabiliser, bien au contraire. Pour le prouver, il répondit avec la plus grande franchise à Prem.

— En réalité, j’aurai préféré des locaux à côté de Westminster, mais, malheureusement, oui, les affaires sont florissantes.

Pour expliquer ce qui n’était pas un contresens, Vincent désigna la rue, on ne voyait pas la tamise à cause du smog.

— J’aimerai qu’on brûle moins de charbon, mais ce n’est pas la filiale Asap qui va alimenter la ville en électricité ni les conservateurs. Quant aux travaillistes, j’ai hâte qu’ils se mettent au travail.

Vincent se dirigea vers le mini-bar et proposa un verre à Prem tout en se servant un Perrier. Vincent leva ensuite l’index pour apporter des précisions avant que l’entretien ne commence. Il ne voulait pas prendre Prem en traître.

— Quant au titre, je vous taquinais, je voulais que vous sachiez que je n'ignorait rien de votre relation avec Lady Crawley. Je l’estime beaucoup, elle est brillante. Je l’ai vue, peu de temps avant que les tabloïds ne se penchent sur votre relation. C’était aux obsèques d’un ami, mais elle avait retrouvé son regard pétillant. Je sais maintenant que c’est grâce à vous. Alors, j’espère que vous serez heureux.

Vincent ne connaissait pas Prem, mais si Violet l’avait choisi, c’est qu’il en avait dans la caboche. Alors, il ne précisa pas qu’il ne demandait pas à Prem de tenir compte de cela. Au contraire, il se doutait que ce journaliste resterait professionnel. Et c’est ce que tous les deux voulaient.

— Ceci étant dit, je dois être honnête avec vous, je cherchais, la semaine dernière encore, une couverture médiatique.

Voilà pourquoi il avait accepté une interview, ce qu’il ne faisait jamais, mais cette soudaine médiatisation le fit rire, rire jaune. Il ne s’attendait pas à ce genre de polémique. Pas du tout.
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08.10.21 21:07
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Prem Hadid
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« Monsieur Hadid… s’il vous plaît » insista Prem, embarrassé. Sa relation avec Violet n’était plus un secret, merci au Times qui l’avait dévoilé pour eux. Il n’y était pas encore tout à fait habitué. Chose certaine : il ne serait jamais prince et souhaitait de ne jamais le devenir. Quoi qu’il en soit, cette flèche, cette boutade, cette taquinerie de MacAskill laissa le journaliste perplexe. Disait-il cela pour paraître sympathique?

L’homme d’affaire désigna l’air vicié qui enveloppait la ville d’une épaisse couverture grise, voilant le soleil comme les nuages et les oiseaux. La vue aurait pourtant dû être belle, mais d’ici, elle était finalement plutôt triste. Malgré l’apparente bonne volonté de MacAskill à mettre en place un projet d’énergie vert, il contribuait au problème. N’y a-t-il pas une expression typiquement chrétienne pour illustrer cela? L’enfer est pavé de bonnes intentions. Jusqu’à présent, MacAskill semblait beaucoup parlé, promouvoir et échanger avec le gouvernement, sans que ni l’un ni l’autre n’aient posé d’actions réelles.

Arrivé dans son bureau, Vincent proposa un verre à Prem, et le journaliste accepta un Perrier. L’homme d’affaires prétendit ensuite connaître Violet, qu’il avait de l’estime pour elle. Prem se souvenait effectivement qu’elle avait dû se rendre à un enterrement cet été, pendant qu’ils étaient encore en Écosse. Puisque MacAskill était lui-même Écossais, il était peu probablement qu’il mente. Tout de même, Prem se méfiait de lui. Il n’aurait pas été le premier sujet d’interview à tenter de l’amadouer au cours de sa carrière. Prudent, Prem répondit : « Je vous remercie. Je lui transmettrai vos voeux ». Dans un coin de sa tête, Prem se nota de demander à Violet, lorsqu’il rentrerait, son opinion sur MacAskill.

Prem s’installa devant le bureau de l’homme d’affaires et sortit son carnet de notes dont il ne se séparait jamais. « Il semble que ce soit davantage la couverture médiatique qui vous cherche plutôt que l’inverse », souligna Prem, la voix pleine de sous-entendus, conscient que cela sonnait le glas aux courtoisies. Comme d’habitude, le journaliste se renseignait le plus possible sur ses sujets d’interview. Pour Vincent, cela avait été relativement facile. Les archives recelaient d’articles de journaux étalant sa vie privée au grand public, particulièrement son divorce, mais également sur son retour en affaires, et ses réalisations pré-Brexit.

MacAskill était visiblement quelqu’un de brillant, et Prem n’était pas le genre de journaliste qui ne conduit des entrevues que pour détruire son sujet. Les questions qu’il poserait seraient sans doute désagréables, mais il estimait qu’elles étaient légitimes « Vous êtes prêt? » demanda-t-il pour signaler qu’il s’apprêtait à prendre des notes. Son crayon à la main, il commença « Une ex-employée vous a accusé d’inconduites sexuelles envers elle durant son emploi chez vous. La femme en question n’a pas été retrouvée et l’accusation semble être en voie d’être abandonnée. Avez-vous un commentaire à faire à ce sujet? »

Prem n’avait aucune attente quant à la réponse que pourrait, ou non, donner MacAskill. Après tout, sa question était délicate, tout comme celle qui suivait. « Pendant vos procédures de divorce avec votre ex-femme, l’une de vos employés de maison avait allégué des accusations similaires à votre endroit, et à nouveau, les accusations n’aboutirent à rien de concret. Comment expliquez-vous que cette situation vous arrive deux fois? » Deux accusations, même fausses, cela faisait beaucoup, mais surtout, cela était étrange. MacAskill payait-il ses victimes pour qu’elles se taisent?

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Prem Hadid
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22.10.21 18:32
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On ne pouvait faire de réponse plus informelle. Elle effaça même le sourire. Vincent observa l’interlocuteur, il venait de passer de l’homme qui rendait son amie heureuse à un simple journaliste. Parfois, Vincent ne manquait pas de susceptibilité. Il s’assied dans son siège et se prépara aux questions qu’il soupçonnait directe et guère constructive. Et il ne s’était pas trompé. Déçu, Vincent pinça l’arrête de son nez son pouce et son index, trahissant le réflexe d’un homme qui souffrait depuis peu de presbytie et que les lunettes dérangeaient, quand bien même il les portait peu.

« Eh bien allons-y pour un second interrogatoire, » pensa-t-il.

Alors, qu’il avait espéré commencer sur des sujets graves et finir sur ce genre de banalité, il s’adapta, mais le plaisir de discuter s’était soudain volatilisé.

— Posez-moi une autre question, je répondrais à toutes vos questions d’un bloc comme cela.

Ça en langage MacAskill, ça voulait dire qu’on était passé sur un ton professionnel et glacial. C’était la troisième fois qu’il tenait ce discours. Vincent n’explosait pas, car Violet l’aimait et que cet homme devait avoir un bon fond.

Alors, après la police, puis son avocat, le voilà qui redonnait sa version des faits à un journaliste. Personne ne le croirait malgré les preuves qu’il allait avancer, car les Anglais aimaient détester. Il lui fallait un jugement. Vincent écouta la seconde question qui remuait les merdes d’un passé qu’il espérait enterré. Il décida de durcir le ton, volontairement en énumérant les erreurs.

— Alors, ce n’est pas une ex-employée. Elle fait toujours partie de la société. Je ne l’ai pas licenciée, je n’ai pas l’intention de le faire et le service RH n’a pas reçu de lettre de démission.


Voilà pour un premier point et non des moindres. Hier, encore, après avoir vu la vidéo, la directrice RH avait demandé ce qu’elle devait faire et Vincent a refusé qu’elle soit licenciée. S’il la renvoyait, elle ne trouverait plus de boulot, aucun homme n’oserait l’embaucher. Il passa au second point.

— Je ne crois pas que cette jeune femme ait disparu, puisqu’elle a déposé plainte. Elle a livré sa version des faits, sous serment. La police est venue m’arrêter, j’ai alors été interrogé et j’ai demandé à mon avocat de passer par mon bureau pour fournir les preuves de mon innocence.

Vincent fouilla dans sa poche et en sortit une clé USB qu’il posa sur la table basse qui les séparait. Sa main claqua le bois avec trop de fermeté au goût de l’entrepreneur.

— La police l’a alors interrogée une seconde fois. Le procureur a voulu clore l’affaire sans suite et m’a libéré. Mon avocat s’y est opposé. Je souhaite un jugement pour obtenir un acquittement en bon et du forme et sûrement pas un non-lieu.


Maintenant le voilà à ressasser le passé. Il s’éclaircit la gorge pour tenter de cacher la colère qui grondait en lui, car il ne s'attendait sûrement pas à devoir parler d'une affaire aussi privée que son divorce.

— Alors, non, mon ancienne collaboratrice n’a pas porté plainte contre moi pour harcèlement. Elle a témoigné sous serment avoir été ma maîtresse pendant six mois, après que ma femme a demandé le divorce. Je l‘ai renvoyée parce qu’elle a témoigné devant ma fille. Et c’est ce procès là que j’ai perdu devant les prud’hommes. C’est le tribunal qui gère les problèmes entre employeurs et employés en France, car elle était sous contrat français. J'ai été condamné pour l'avoir licenciée abusivement.

Vincent s’enfonça dans son siège, car il était crispé et cherchait à se détendre.

— Alors, pour répondre à votre question : non, c'est faux, ce n’est pas la seconde fois qu’il y a une telle accusation “à mon endroit”.

Il avait prononcé les trois derniers mots en imitant l’accent de Prem Hadid. Ou du moins, en abandonnant son accent écossais.

— Vous trouverez sur cette clé USB, les copies des dépositions. Mais aussi la déposition celles de mes deux secrétaires qui ont été elles aussi interrogées. Entre autres choses.

Il but une gorgée pour laisser les trois derniers mots passer.

— Tout le monde se moquait de savoir si Isabelle avait été ma maîtresse ou non au moment du divorce. Enfin c’est mon sentiment. En tout cas, moi, je ne m’en foutais pas, car j’ai perdu le contact avec ma fille à cause de cela.

Vincent exagérait, car il avait surtout perdu sa fille à cause de ce qu'il avait fait. Ou plutôt de ce qu'il n'avait pas fait. Il n’avait pas fait l’effort de la revoir et il l’appelait tout juste pour ses anniversaires et Noël.

— Le procès du divorce m’a donc appris que je devais à tout moment être capable de prouver mon innocence. C’est pourquoi tout ce qui se passe dans ce bureau et à mon appartement est filmé. Vous trouverez les vidéos de notre entretien de ce vendredi là. Je vous laisserai juger de nos mots respectifs. Vous trouverez aussi la vidéo de mon appartement du samedi où elle déclare être passée chez moi me remettre un dossier et où je l’ai interrogée. La vidéo est ennuyante car il ne s’y passe rien. Vous trouverez la vidéo du hall d’entrée où elle dépose le dossier au vigile qui lui refuse l’accès à mon appartement. J’étais en Écosse ce jour-là. Vous trouverez mes billets d’avion, la facture de mon séjour.

Vincent avait envie de conclure, de balancer un : c’est bon, ça vous va ou bien je suis toujours coupable ? En fait, Vincent savait pourquoi il était en colère. Il se foutait complètement de ce que les gens pensaient de lui. Y compris Violet et Prem. Si elle le croyait coupable, elle couperait sans doute les ponts. Vincent en serait peiné, mais la Terre continuerait de tourner. Alors, oui, il se foutait de l'avis de tout le monde !

Tout le monde ? Non ! Il y avait trois personnes dont l’opinion comptait pour lui. En premier lieu, sa fille, Vittoria ! Mais depuis peu il y avait aussi Rebecca et bien sûr, sa fille, Jane.

Vincent ne ponctua pas son monologue de réponses et laissait le silence s'installer. Il avait fini avec les preuves posées sur la table. Puisque devant le tribunal médiatique, on était présumé coupable, il était bien obligé de les fournir. La question que se posait maintenant Vincent était : comment le journaliste allait-il réagir ?

L’interview n’avait absolument pas commencé comme il s’y attendait, pas du tout. Surtout après ce qu’il avait dit devant les journalistes à propos des propos de la famille de Hanovre.
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26.10.21 21:39
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Prem Hadid
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MacAskill suintait d’agacement. Les questions ne lui plaisaient évidemment pas, Prem s’y attendait. Tout de même, l’homme d’affaires y répondit avec amplement de détails et de concision. Même pas besoin d’insister! Le journaliste le laissa parler sans l’interrompre tout en notant ses paroles dans son carnet. Les accusations, selon lui, étaient infondées, et c’est avec des preuves à l’appui qu’il l’affirmait, expliquant que son divorce lui avait appris à être prudent. Mis à part l’accent puéril qu’il avait emprunté pour l’imiter ou se moquer, et que le journaliste ne releva pas même si ça le faisait sourire, Prem le trouvait également de bonne foi, malgré tout, en acceptant de lui présenter toutes les preuves. Il y avait toujours une possibilité qu’elles soient fausses. Quelqu’un d’habile pouvait truquer les enregistrements de caméras, après tout, mais là, Prem savait que ce serait lui qui serait de mauvaise foi. De toute manière, il n’était pas là pour déterminer ou non de la culpabilité de l’homme d’affaires.

« Merci », répondit simplement Prem. Après avoir terminé d’écrire sa dernière ligne, il s’arrêta, puis coinça son crayon derrière son oreille. Il mit un instant l’interview sur pause pour éclairer les choses « Monsieur MacAskill. Je comprends que ces questions vous aient été désagréables, mais je ne peux pas croire que vous ne vous attendiez pas à ce que je les pose. Ça a tout de même fait les manchettes récemment, et vous n’aviez accordé aucune interview depuis. Je n’aurais pas fait mon travail si je l’avais ignoré, vous comprenez? », lui expliqua le journaliste. « Je ne cherche pas à vous coincer, encore moins à vous juger ». Contrairement au Times, pensa-t-il tout bas. Peu importe à quoi MacAskill s’attendait de leur rencontre, il ne la dirigeait pas.

Cela lui semblait tout de même improbable que l’homme d’affaires ne se soit pas attendu à ce qu’il aborde le sujet. « Je sais que votre divorce n’est plus un sujet d’actualité, mais il a été si médiatisé qu’il vous suivra partout. Même chose que ce que le Times a dit sur moi et Violet. Même en gagnant un recours en diffamation contre eux, les écrits restent toujours ». C’était d’ailleurs une chose dont il se réjouissait auparavant. Maintenant, cela lui causerait du tort peut-être toute sa vie. La preuve : MacAskill, des années après son divorce houleux, s’en faisait toujours parler.

« Dans mon cas, je l’abordais parce qu’en supposant que votre ancienne collaboratrice et maintenant cette employée mentent toutes les deux, je n’arrive pas à voir ce qu’elles en tireraient l’une et l’autre. L’une a même perdu son emploi… Ça me semble un très gros risque pour… vous humilier? », dit-il en haussant les épaules. Voilà où se trouvait le noeud du problème. Pourquoi ces deux femmes risquaient de perdre leur emploi, leur crédibilité, et risquaient même la prison en mentant?

Peut-être qu’en ayant le numéro de cette ancienne collaboratrice, il en saurait davantage. Quant à l’autre, sa motivation avait peut-être simplement été l’argent, qu’en savait-il? Il s’agissait d’une entrevue, et pas d’une enquête, ou d’un reportage sur le cas de MacAskill. Prem reprit son crayon pour poursuivre l’entrevue sur une autre note « Considérant que le gouvernement est ralenti, en partie à cause de sa minorité, avez-vous mis votre projet d’énergie verte sur la glace, ou songez-vous à une alternative pour la financer? Il s’agit bien de construction d’éoliennes qui seraient installées en Écosse, c’est cela? » En effet, ce projet ne faisait pas assez parler de lui. Ce genre de projet afin d’éliminer, ou du moins de réduire le smog n’était pas nouveau, mais MacAskill était probablement le premier qui en parlait sérieusement. « Avez-vous l’intention de fermer vos mines de charbon, si le projet fonctionne? »


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Prem Hadid
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30.10.21 17:36
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— Sous prétexte que j’ai divorcé, cela me rend plus suspect qu’un autre ? Ce n’est pas que vous me posiez la question qui m’agace. Je divorce en raison d’un adultère avec une femme consentante, cela fait la une des journaux pendant un mois. Je cherche à limiter la pollution au sein de Londres, la première question que vous me posez concerne une accusation sans preuve. C’est l’ordre des questions qui m’agace.

Il écouta les explications de Prem’ et ne put s'empêcher d’y réagir.

— Je pense que vous devriez laver l’honneur de Violet et le vôtre. J’ai fait l’erreur de ne pas réagir plus que cela pour mon divorce et de me moquer du qu’en dira-t-on. J’étais convaincu que de me défendre me rendrait encore plus suspect. Et puis, ce n’était qu’un adultère. Seulement c’est aujourd’hui que cela me rend encore plus suspect. Alors que ce n’était qu’un adultère.

Vincent maniait les répétitions pour accentuer le comique de situation.

— Dites-moi, Prem, est-ce que toutes celles et ceux qui auraient trompé leur conjoint sont des agresseurs sexuels en puissance ?

Quand Prem chercha le mobile, Vincent rit.

— Le mobile ? Mais voyons, l’argent. Gardez cette phrase pour vous, car je ne peux pas encore le prouver, mais j’ai la conviction que mon épouse à payer mon assistante pour qu’elle m’accuse.

Vincent prenait soin de peser ses mots, il ne prétendait pas qu’elle avait payé son assistante, il exprimait uniquement ce qu’il pensait, comme pour se protéger d’un procès en diffamation.

— Ma femme a dû trouver un moyen pour la payer sans laisser de trace. Je devrais peut-être enquêter sur le train de vie de mon assistante, aujourd’hui. Bref, je pense qu’elles ont gagné un joli pactole avec cette arnaque, l’une comme l’autre. Mais pour en revenir à l’actualité et à mon employée, quand vous écouterez cette vidéo, vous découvrirez que je lui refuse une promotion. C’est une assez bonne exécutante en communication, mais elle n’est pas assez brillante pour avoir des idées et donner dans la stratégie.

Vincent soupira et essaya de faire un effort pour se détendre et se calmer.

— Je n’ai pas licencié mon autre employée et je ne le ferais pas. Après cette histoire, à un moment ou un autre, son nom va fuiter et aucune entreprise ne voudra l’embaucher. Mais je crois que vous marquez un point, c’était un gros risque pour elle. Elle n’est pas stupide. C’est pourquoi, je pense qu’il y a quelqu’un qui manœuvre derrière. Quelqu’un qui a dû lui assurer son avenir. Le seul engagement que j’ai pris qui pourrait gêner un politique, c’est l’électricité en Écosse.

Il tritura l’angle du canapé.

— Prem ? Est-ce que je suis parano ?
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12.11.21 15:22
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Prem Hadid
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Prem haussa les épaules. Décidément, il fallait un rien à MacAskill pour l’agacer. « Parfois je pose les questions les plus dérangeantes en premier, et parfois pas. Cela dépend du sujet », répondit-il simplement. Puis Prem esquissa un sourire « Je comprends mieux maintenant pourquoi vous ne faites pas de politique ». Ce qui était peut-être dommage d’ailleurs. MacAskill possédait de bonnes idées qui bénéficieraient sans nul doute la population de Londres, mais de tout le Royaume. Il répondait toutefois assez mal aux questions. Ou plutôt, il semblait être le genre d’hommes porté et emporté par ses émotions. Prem comprit pourquoi la Presse adorait parler de ce type.

D’un certain côté, c’était une qualité dont beaucoup de politiciens manquaient, et que peu maîtrisaient bien. Les gens savent tout de suite lorsque quelqu’un agit, sourit et s’exprime de façon intéressée, à moins que la personne en question soit très éloquente. Ravir les foules grâce à la parole était bel et bien un don. Répondre aux questions des journalistes en était également un, que MacAskill ne possédait pas tout à fait. Il avait été prudent en installant une caméra dans son bureau, en sauvegardant les enregistrements. Il avait pris mille et une précautions pour qu’un nouveau scandale ne lui éclate pas au visage pour une seconde fois. Pourtant, il avait négligé de s’améliorer côté relation publique.

Absorbé par leur conversation, par son travail, Prem ne s’attendit pas à ce que l’homme d’affaires mentionne Violet de nouveau. Prem tressaillit, prit par surprise. Il oubliait que cette personnalité publique connaissait Violet. Vincent lui prodigua un conseil, tout simple : se battre. Prem baissa les yeux, ne sachant que dire. Bien sûr, il était inquiet que sa réputation soit ternie. Il avait sacrifié plus que la plupart des autres journalistes pour avoir sa place. Il ne pouvait pas tout perdre maintenant, mais il y avait un accro que les gens comme MacAskill ne considéraient pas. « Je n’ai pas l’argent pour attaquer le Times, encore moins pour l’ex-mari de Violet. Je n’ose même pas imaginer attaquer ses parents. Elle m’en voudrait trop, malgré tout ce qu’ils ont dit à mon sujet, et à son sujet. Ils sont ses parents ».

Prem avait déjà eu à couper son propre père de sa vie, quand celui-ci n’avait pu accepter son apostasie. Violet n’arriverait pas à faire la même chose, même après ce qu’ils lui ont fait, et même après avoir tenté de les séparer. « Savez-vous qu’ils ont voulu l’envoyer en Allemagne? Si leur chauffeur n’avait pas été fidèle à Violet, je ne sais pas où elle serait aujourd’hui », dit-il d’une voix enrouée. Prem inspira lentement pour enterrer sa rage, et se frotta le visage d’une main, comme pour chasser les images d’une vie sans Violet, et sans sa fille. Jamais les Hanovre ne l’auraient laissé les retrouver toutes les deux. « Excusez-moi ».

Il était clair que les Hanovre se vengeraient de la trahison de leur fille, mais quand… cela était impossible à dire.

Prem reprit son stylo au moment où MacAskill théorisa au sujet de son ex-femme, et avançait que tout partait d’elle. Qu’elle aurait payé son assistante afin de l’arnaquer. Prem nota ceci dans son carnet, sans savoir que penser de cette hypothèse. « Vous pensez que votre femme a payé votre assistante pour être avantagée pendant vos procédures de divorce? » récapitula Prem pour être certain de bien suivre l’homme d’affaires. Ce genre d’accusation ne pouvait pas être fait à la légère. Tout de même, celle-ci était certainement possible. Ça s’était déjà vu. D’ailleurs, Prem aurait pu parier que le Baron Crawley se préparait à faire de même, pour son divorce avec Violet. En fait, il mentait déjà, en accusant celle-ci d’avoir des mœurs légères et d’avoir séduit certains domestiques avant sa rencontre avec Prem. Le journaliste ne leur accordait aucun crédit, bien entendu, mais cela restait extrêmement dommageable pour l’image de Violet.

« Je ne crois pas que vous soyez parano. Si vous dites vrai, et vous semblez quelqu’un d’honnête, off the record bien sûr, c’est forcément que quelqu’un cherche à vous nuire. Personnellement, je ne pense pas que votre employé aurait pu se lancer dans cette campagne de salissage sans garantie ou incitatif. Comme vous dites, sans preuve, personne ne l’engagera. Comme votre assistante, elle mettait tout de même en jeu son gagne-pain », dit-il en grattant sa barbe, comme à chaque fois qu’il se perdait dans ses propres réflexions. « Vous avez fait ce qu’il fallait pour vous innocenter, mais avez-vous l’intention de chercher qui est derrière tout cela, s’il y a bel et bien quelqu’un? » Cela risquait de prendre beaucoup de temps, de ressources et d’énergie, surtout quand on risquait de frapper un mur. Que, finalement, personne ne complotait contre Vincent, et qu’il se faisait des idées. Inversement, cela pourrait certainement être très payant. « Je vous conseille d’engager un détective privé de confiance, ou un journaliste indépendant pour s’occuper d’enquêter. Après tout, il n’y a que vous qui a ce projet d’énergie renouvelable. Ça serait dommage de le mettre sur la glace pour cela ».

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