Le salon de thé était un endroit très agréable. Grétel avait choisi cet endroit pour plusieurs raisons, le salon était proche de scotland yard et offrait suffisamment de discrétion pour parler tranquillement. Madame Hammer se sentait angoissé. Ce qu’elle allait demander lui était difficile.

Parfois, elle réfléchissait à ce qu’aurait pu être sa vie si elle avait fait d’autre choix. On ne pouvait pas revenir dans le passé et c’était bien dommage. S’il était impossible de revenir en arrière, il était encore temps de réparer ce qui pouvait l’être. Gretel avait eu trois enfants, une de ses filles était décédée et quant aux deux autres, elle n’avait plus de contact avec eux. Alexie avait quitté le pays et n’avait plus donné aucune trace de vie. C’était une idée douloureuse. Où qu’elle soit, Gretel espérait que sa fille soit heureuse. Quand à Edward, ce dernier avait déménagé et elle avait aussi perdu contact avec lui. Cela faisait maintenant six ans. Grétel avait essayé de le retrouver, en passant par l’université et l’hôpital public, mais elle n’avait pas eu de réponse. Edward avait refusé toute communication.

Madame Hammer s’en voulait. Elle n’avait pas été un bon parent, pas suffisamment pour protéger ses enfants de la violence du monde… de la violence même de son foyer. Quand elle avait rencontré Jasper, Gretel avait été incroyablement heureuse. Elle avait envoyé valsé sa famille, son héritage, tout ce qu’elle avait été pour cet homme. C’était bien trop tard qu’elle s’était rendu compte de la violence de ce dernier… Et il avait fallu changer de pays et même quitter le continent européen pour le fuit. Gretel avait rêvé d’un conte de fée et sa vie s’était transformé en cauchemar. La violence qu’elle avait subie n’était pas toujours visible, surtout qu’elle avait été tout d’abord psychologique. La commerciale s’était crue folle, que toute cette violence venait d’elle. Pendant un temps, elle s’était même éloignée de ses enfants, de peur de les rendre malade eux aussi. Jasper avait été le meilleur des compagnons, mais aussi le pire homme qui puisse exister. En société, il était parfait. En privé, il était horrible. Le jour où Gretel avait décidé de fuir avec ses enfants, tout s’était déroulé très vite. Elle avait tout de suite su qu’elle n’y avait plus de marche arrière possible, qu’elle ne pouvait que fuir. Elle avait connu la véritable peur. C’était une question de survie. Arrivé aux Royaume Uni, exilé, loin de cet homme, Gretel avait recommencé à vivre. Elle avait du mieux possible pour ses enfants… mais… ça n’avait pas été suffisant. La commerciale n’avait pas vu son ex-mari depuis une dizaine d’année. La terrible blessure qu’avait subie Edward avait au moins permis d’éloigner Jasper du Royaume-Unis.

Gretel était habillée de manière sobre, entièrement de noire. Il n’y avait plus que ça dans sa garde-robe. Elégante, la commerciale prenait désormais soin d’elle-même et cela se ressentait. Malgré son passé, Gretel avait remonté la pente et allait plutôt bien. La tasse de thé déjà dans ses mains, elle laissa ses doigts tapoter contre la faïence. La commerciale était arrivée en avance. Elle voulait arriver à se détendre afin de garder un discours clair. Souvent, Gretel avait été vu et seulement vu comme une femme battu. Une victime. Rien que ça. Oui, elle avait eu une période de vie difficile, mais elle était surtout une survivante et une combattante. Alors, jamais Gretel ne laisserait les larmes apparaître au fonds de ses yeux.

Hans Wittelsbach était un ami d’enfance. Ils s’étaient longtemps perdu de vue, surtout lorsque Gretel s’était retrouvé emmêlé dans ses difficultés personnelles. La commerciale avait pris connaissance de la nomination de Hans par la presse. Elle avait fini par oser lui demander de l’aide. Opportuniste ? Oui, mais Gretel estimait que la vie lui devait bien ça.

Lorsqu’elle le vit entrer, Gretel lui fit un signe de la main. Hans avait gardait sa stature, probablement toujours aussi sportif. Cela la fit sourire. Elle avait la sensation de l’avoir connu dans une autre vie. « Bonjours Hans. » Le thé semblait avoir pris le gout de la nostalgie, lorsque la vie avait été plus simple. « Je suis heureuse que tu es accepté mon invitation. » Elle lui fit un vrai sourire. De revoir cet ami lui faisait beaucoup plus plaisir qu’elle ne l’avait imaginé. Gretel n’avait absolument rien conservé de son enfance, pas même de liens avec ses propres parents, alors une telle amitié lui paraissait incroyablement précieuse. Elle demanda « Comme vas-tu ? ».

Gretel se sentait heureuse et en confiance. Hans était le meilleur ami qu’elle avait pu avoir, puis de le voir ainsi, si souriant, le rendrait particulièrement heureuse. « Tu es magnifique comme ça. » . La tenue lui allait bien. Puis la commerciale savait très bien qu’il n’y avait pas de doute à avoir vis-à-vis de Hans et de ses responsabilités. Il réussissait tout dans le domaine professionnel. Elle trinqua avec lui, amusée par cette réaction. En sa présence, l’esprit de Gretel était plus tranquille, plus apaisée. C’était agréable d’avoir une épaule sur laquelle se reposer. La commerciale avait longtemps refusé cette main tendue, mais désormais elle n’hésiterait plus à la saisir.

« Je suis certaine que tu vas réussir. » Hans était de ceux qui arrivait à repousser leurs propres limites. Il avait été un sportif de haut niveau, son mental était inébranlable. A la question de son ami, Gretel eu envie de répondre de la même manière que tout le monde. Elle allait bien, toujours bien. Mais la réalité n’était pas la même. Hans savait déjà ce qu’il fallait qu’il sache et s’était reposant de ne pas avoir à réexpliquer. « Ça va. » Elle savait que cette réponse était bien laconique, alors, elle prit le temps de développer. « Tout se passe bien au travail, j’ai réussi à décrocher des contrats intéressants… Il faudra que je te raconte. » Il y avait eu moulte péripéties, le genre de choses très énervantes sur le moment mais très drôle par la suite. A y repenser, cela la faisait sourire. Mais ce n’était pas le moment pour ça.

Pendant un bref instant, la commerciale eu besoin de trouver du courage. Hans était une personne de confiance. Elle savait qu’elle pouvait se confier à lui, c’était réellement quelqu’un de bien. « Je suis aussi venue pour te demander un service… ». Elle s’excusa « Il n’y a qu’à toi à que je peux le demander. ». Gretel releva les yeux et expliqua « Je veux que tu sentes libre de refuser. Autrement, je trouverai un moyen pour me débrouiller. [/color]» Il y aurait bien quelqu’un quelque part qui pourrait jouer le rôle d’intermédiaire.

« J’ai continué de voir ma psy… et je pense, enfin, j’aimerai essayer de reprendre contact avec mon fils. » Les choses étaient dites. Gretel se rendit compte qu’elle s’était à remise à tapoter avec ses doigts sur la tasse de thé. Elle s’arrêta, se forçant à rester la plus droite et la plus digne possible. Elle ne voulait surtout pas de pitié. « Edward a déménagé, changé de numéro de téléphone… Il a aussi donné des consignes à l’Université pour que je ne puisse pas le contacter. » De dire ça tout haut lui faisait particulièrement mal au cœur. Avait-elle été une si mauvaise mère ? Gretel savait qu’elle n’avait pas été parfaite, mais au point de se faire totalement enlever de la vie de son fils ? La considérait-elle comme morte ? Il y avait-il quelque chose à sauver ? « Je sais… que je n’ai pas été la meilleure des mères, mais j’ai fait ce que j’ai pu. ». Il était légitime que son fils soit en colère contre elle. « J’ai mes tords… mais j’aimerai pouvoir essayer d’arranger les choses. » Gretel avait été extrêmement dure avec Edward, elle le savait très bien. Elle avait réagi sous le coup de la pire douleur qu’il soit possible de ressentir.

Elle demanda « Hans, j’aimerai que tu m’aide à le retrouver. ». Gretel savait très bien que cela sortait du cadre légal, mais c’était une demande qui ne faisait de mal à personne. « Je voudrai juste avoir une conversation avec lui. » Pour essayer de réparer quelques failles du passé.

Gretel avait pris l’habitude de toujours faire particulièrement attention à mettre les formes dans ses demandes. Elle avait été beaucoup trop longtemps dépendante des autres… et elle avait gardé cette habitude auprès de tous. Hans n’était pas comme ça. Il agissait pour faire ce qui était juste. C’était bien le seul. Madame Hammer l’avait constaté.

Devant le ton rassurant de son ami, Gretel se détendit un peu. Elle n’avait pas été la meilleure mère. Elle avait fait ce qu’elle avait pu et souvent, ses enfants le lui avaient reproché. Gretel en portait le poids. Elle avait mis des années à apprendre à relever la tête et a réussir à retrouver un certain bien être. La commerciale espérait qu’elle puisse reprendre contact avec ses enfants. Déjà, avec Edward. La lady espérait secrètement qu’il avait gardé un contact avec Alexie. Peut-être que tout pourrait réellement s’arranger. Elle soupira. Heureusement que Hans était là. Madame Hammer se sentait moins seule.

« Merci. » Parce qu’elle savait bien qu’il n’y avait pas de parole en l’air. Il allait réellement l’aider. Wittelsbach était un homme de valeur. Gretel était déjà soulagée. Cela se ressentait. Une certaine pression venait de partir de ses épaules. A la question de son ami, Madame Hammer eu une réaction d’indignation « Non ! ». Cette idée lui faisait horreur. Elle se reprit, tempérant tout de suite ses propos. « Contre moi, j’espère que non… pas à ma connaissance en tout cas. ». Puis, comme à chaque fois que Gretel évoquait son ex-mari, elle se crispa « Contre son père, oui… ». De toute manière, Hans savait très bien qu’elle avait elle-aussi demandé une telle ordonnance. Le fait que Jasper soit interdit sur le territoire anglais était une bénédiction. Le brexit avait été une aide merveilleuse à ce niveau.

Un peu sonnée, elle expliqua « Il voulait devenir médecin, médecin urgentiste. ». Gretel aurait voulu en savoir plus, s’il avait bien réussi les concours nécessaires. Mais bien que cela soit son fils, elle ne le savait pas. Elle assura « Il était bien parti pour réussir à atteindre son objectif. » Et en cela, Gretel en était fière. Malgré tout ce qui avait pu arriver, son fils avait réussi à garder le cap. La lady commenta «Ca pourrait fonctionner. ». C’était tout ce qu’elle pouvait espérer. Peut-être que son fils s’était montré particulièrement vigilant. Dans ce cas, elle ne pourrait pas lui en vouloir. Madame Hammer avait appris à tout faire pour se rendre totalement inaccessible et invisible pour Jasper… et elle savait à chaque fois que ce n’était que temporaire. Cet homme trouvait toujours un moyen de revenir à elle. Il se nourrissait du conflit et trouvait toujours un moyen de continuer à la contacter. Si Gretel n’était pas quelqu’un de violent, c’était la seule personne dont elle souhaitait vraiment la mort.

Gretel était calme. Elle se sentait rassurée en la présence de Hans. Puis son ami avait accepté de l’aider, c’était un immense soulagement. Le commentaire du capitaine de police raviva un peu plus sa fierté maternelle. Elle espérait de tout son cœur que Edward avait bien réussi ses concours et qu’il était devenu le médecin qu’il voulait être. Elle espérait tellement… Madame Hammer répondit avec un sourire sincère. Pourtant, à la question de son ami, Gretel se crispa de nouveau. Elle n’en pouvait rien, s’en était devenu physique. « Pour ne pas être comme son père… ». De se différencier au maximum de lui. A la période difficile de l’adolescence, Gretel avait bien vu que Edward avait tout fait pour se démarquer de Jasper. S’il y avait un homme qui pouvait détruire, son fils était de ceux qui voulait réparer les vivants. Consciente qu’elle avait eu des mots dures, Gretel reprit un temps plus léger. « Et c’est aussi un vrai gentil. » Il y avait bien eu des moments difficiles, mais son Edward avait toujours cherché à faire le bien autour de lui.

Gretel prit le temps elle aussi de consommer sa boisson. Les sujets étaient durs, mais en la présence de son ami, tout était bien plus simple… Il était bien un des seuls à ne pas la juger durement. « Oui… par le passé, il y a eu une bagarre… et Eddy a fini au poste. » Même si c’était un vrai gentil, Edward avait faits de grosses conneries. Gretel se souvenait très bien de cette journée. C’était à cette date là qu’ils avaient découverts qu’Alexie avait été maltraité pas son compagnon du moment. Le sang d’Edward n’avait fait qu’un tour et ça s’était terminé en bagarre. Les forces de l’ordre était intervenu et avaient eux-mêmes reçu quelques coups. Les choses s’étaient tout de même bien finis, même si Gretel avait eu particulièrement peur de ses enfants… Il y avait eu cette question si terrible qui était de savoir si la situation allait se répéter. Madame Hammer ne voulait pas que ses enfants vivent le même chaos qu’elle. Ils ne le méritaient pas.

Son cœur de mère se serra « Je comprends… mais dans ce cas, s’il le faut, il vaudrait mieux que ça soit une amende. » Elle sera ensuite en mesure de la payer. Edward n’avait pas à subir de préjudice. A la question de Hans, le visage de Gretel se figea un instant. Un voile de larmes la traversa avant de disparaître sous un air plus neutre. Madame Hammer avait besoin de retrouver ses enfants. Au moins, de savoir s’ils allaient bien. « … Que je suis fière de lui… Et que je sais que tout a été très difficile, que j’ai fait beaucoup d’erreurs… Mais qu’il me laisse une chance… Juste une chance. ». Gretel soupira avant de reprendre. Elle était désespérée et terriblement marquée par cette situation. « J’aimerai pouvoir boire un café avec lui. » Et après qu’il prenne la décision de ne plus jamais être en contact avec elle. Edward était un adulte, il savait ce qu’il avait à faire… Mais Gretel ne voulait pas qu’ils restent sur leur dernier échange. Elle avait été horrible avec lui.

Gretel eut un sourire. Un sourire triste, mais un vrai sourire. Elle posa sa main sur celle de son ami. La lady avait du mal avec le contact de manière général, mais là, c’était rassurant et apaisant. Oui, son fils devait faire du bon travail. Madame Hammer en était convaincue. Puis, elle espérait surtout que son fils et sa fille soient heureux. C’était le plus important. Qu’importe leur choix, leur mode de vie, c’était tout ce qu’elle leur souhaitait.

Gretel conserva la main de son ami et la ramena devant elle. « Hans arrête de culpabiliser. Tu n’es pas responsable de mes choix de vie. ». Non, jamais la lady n’avait pu penser ça. Elle ajouta « Tu avais la tienne à mener, tes compétitions. » Elle eut un sourire de fierté « Que tu as réussi brillement ! » Elle était face à un ancien champion olympique. Wittelbach avait réussi là où beaucoup d’autres avait échoué.

Son regard se posa sur sa boisson. Gretel avait besoin de réfléchir, mais surtout émotionnellement, cela remuait beaucoup de choses. « Je pense que personne n’aurait pu réussir à me raisonner à ce moment-là… j’étais prête à tout. » Elle arriva à la conclusion logique « Le résultat aurait été pire que tout, nous nous serions surement brouillés et jamais, je n’aurai osé te demander de l’aide par la suite… » Déjà que Gretel avait beaucoup de temps à l’accepter. Elle n’avait pas envie d’imaginer une réalité encore plus difficile.

A la question légitime de son ami, la lady expliqua doucement « J’étais en deuxième année d’école de commerce… Jasper et moi nous sommes rencontrés dans une soirée étudiante. » C’était un début d’histoire si classique. « Je suis tombée amoureuse comme dans une comédie romantique. A cette époque, c’était vraiment un homme parfait. » Jasper avait été le meilleur des hommes à cette période. Ils avaient passés des moments merveilleux. Très vite, Gretel s’était rendu compte qu’elle voulait l’avoir constamment dans sa vie. « Il me comprenait tellement bien… Puis il était loyal, gentil, toujours en train de faire attention à moi… J’ai été si naïve. » L’âge avait sans doute aidée. Puis la lady avait toujours rêvé d’amour véritable plutôt que des mariages arrangés et autre joyeuseté. « La situation a commencé à mal tourner quand je me suis rendu compte que j’étais enceinte. » Elle assura « Je ne voulais pas d’enfant, enfin pas à ce moment-là…. Je voulais continuer mes études. » A cette époque, Gretel avait eu de l’ambition. La vie avait fait le reste. « Même j’étais sous contraceptif, je suis tombée enceinte. » Maintenant qu’elle connaissait le caractère particulièrement manipulateur de son ex-mari, elle se demandait si cela avait été réellement un accident. Il était trop tard pour vérifier. « Quand mes parents l’ont appris, je me suis retrouvée face à un ultimatum. Cela d’avorter et de quitter Jasper, ou partir. » Gretel n’avait pas été une bonne mère, mais ses propres parents n’avaient pas été à la hauteur de leur tâche. « J’aime dire aujourd’hui que j’ai choisi ma fille. » Même si ses relations avec Alexie avaient été très dure par moment, Gretel l’aimait profondément.

Oui. Ils n’auraient pas dû, mais ils l’avaient fait. Gretel eu un sourire triste. Pour eux, il avait été évident qu’elle ferai le choix qu’elle avait toujours fait : celui de la raison. La lady avait été une adolescente sage et disciplinée. Elle n’avait pas fait tant de bêtises et surtout, elle s’était toujours pliée aux désirs de sa famille. Mais Gretel avait fait choix d’impulsion, de bêtise pure et d’amour. Elle était parti car rester lui avait été vu comme impossible. Jamais elle n’aurait pu abandonner cet enfant en devenir… Son bébé avait été vu comme un miracle, comme un signe du destin.

Ce choix fait, la lady n’avait plus aucune d’aide de sa famille. Pourtant, ils auraient pu tout changer. Jamais Gretel n’aurait eu une vie aussi difficile si ses parents l’avaient soutenu. Tout aurait été différent. Mais il n’y avait plus de place aux « si » désormais.

« Je ne sais pas si c’était du courage… » Ou de la folie pure. Maintenant, au vu de ce tout ce qu’il s’était produit, Gretel n’était pas certaine qu’elle ferait le même choix. Il y avait des questions à ne pas se poser et heureusement pour elle-même, il était impossible de remonter dans le temps. « La situation était différente. » Si la lady n’avait pas été enceinte, les choix auraient pu ne pas être les mêmes… Mais encore, une fois, les « si » ne permettaient pas d’avancer. Gretel avait de la compassion pour son ami, étouffer une histoire d’amour de la sorte pouvait être terrible… Et faire énormément souffrir. « J’en suis désolée pour toi Hans… » Le monde de la noblesse était horriblement strict et fermé. Gretel se souvenait très bien avoir découvert qu’après être majeure qu’il existait d’autre orientation sexuelle que l’hétérosexualité. Sujet qui lui était encore difficile. La lady avait bien rationalisé les choses, mais c’était encore difficile pour elle. C’était idiot. C’était un sujet sur lequel la lady finirait par se questionner vis-à-vis d’elle-même, mais pas tout de suite. Il y avait plus urgent à traiter.

Gretel profita d’avoir sa main dans la sienne pour lui dire doucement « Tu sais Hans… il n’est peut-être pas trop tard. » En disant ça, la lady senti son cœur se tordre. « La vie a fait que… mais il y a encore beaucoup de choses à faire. » Il n’était jamais trop tard pour être heureux. A dire ça, Gretel se rendit compte que son cœur avait commencé à légèrement s’emballer. Hans pourrait peut-être heureux avec cette femme, vivre finalement cette histoire d’amour étouffée. Elle ne pouvait que l’encourager dans cette voie… Mais Gretel sentait bien que ce n’était pas ce qu’elle voulait, elle. C’était idiot. C’était aussi un sentiment prématuré. Madame Hammer ne savait pas si c’était par jalousie pure ou s’il y avait quelque chose en dessous… Enfin, si, au fonds, Gretel le savait pertinemment. Plusieurs choses jouées, celle de prendre le risque de perdre un précieux ami, puis aussi la peur de laisser de nouveau son cœur vulnérable. La lady n’avait jamais eu quelqu’un d’autre que Jasper dans sa vie. Longtemps, elle avait pensé que plus personne n’arriverait à la faire chavirer, mais il fallait croire que son cœur avait fini par se remettre.

Les questions de Hans tombaient bien, de cette manière, Gretel pouvait se concentrer sur quelque chose d’autre. « Oui et non. » Elle s’en amusa. « La simplicité de cette vie m’a manqué… Je veux dire que la noblesse a l’art de se créer des problèmes pour peu de chose. » Elle eut un sourire « Je me suis rendu compte à quel point il fallait relativiser. » Des problèmes de riche. « C’était plus léger, plus simple. » Moins compliqué. Gretel avait eu une vie difficile. « Après être partie avec Jasper, je n’ai pas eu l’occasion de beaucoup danser… Et c’est vrai, ça me manque. » Il avait fallu devenir très vite adulte avec bien plus de responsabilité qu’elle ne l’aurait voulu. Être mère avait été très compliqué. « Depuis peu, je participe à un cours de danse. » Elle n’osa pas dire que c’était dans un centre social. Si Wittelsbach devait se rendre dans ce genre d’endroit, c’était bien pour le travail. Ils ne faisaient plus partie du même monde. Chuter de classe sociale avait été terriblement difficile… Elle proposa tout de même « Il nous manque des cavaliers… Il faut croire que les hommes osent moins danser. Si tu veux passer un jour, tu seras bien accueilli. » Et puis, je t’attendrai. Gretel ne prononça pas ces quelques mots. Elle ne savait pas encore ce qu’elle voulait faire, si ce n’est qu’elle savait vouloir garder Hans dans sa vie, quelque soit le rôle qu’il pourrait avoir.

Ne pas trop mal s’en sortit n’empêchait pas d’avoir des regrets, autant de blessures qui pouvaient se transformer en blessure profonde et mauvaises. Gretel était attentive à son ami, écoutant ses propos sans jugement. Hans se projetait dans le futur, celui d’être à la retraite et de finalement rentrer en Allemagne. Parfois, Gretel y pensait. Son pays lui manquait, mais jamais elle n’y était plus la bienvenue. Jamais la lady y remettrait les pieds. Cela rapprocherait beaucoup trop de Jasper. Au moins, en Angleterre, l’homme avait une interdiction de se rendre sur le territoire. Le brexit avait été une excellente chose sur ce point.  

Gretel expliqua « Je t’enverrai tout par SMS.  » Cela lui faisait un peu peur… Dans le sens où Hans verrait bien que c’était un autre monde que celui de la noblesse. Wittelsbach était un homme qui savait dire ce qu’il pensait. Mais cela n’empêchait pas Gretel de ressentir une certaine honte. La chute sociale était encore difficile à encaisser par moment. Pourtant ce sentiment était fortement adouci par les conditions de son ami.  

Le service appelait le commandant. Il termina rapidement son thé avant de l’embrasser sur la joue et filer à l’ambassade. Gretel lui fit un sourire et répondit tranquillement «  A bientôt Hans. Et merci.  » Madame Hammer le regarda partir en silence, puis elle prit son temps pour terminer sa boisson. Elle avait de grands espoirs pour retrouver son fils. Hans arriverait à la retrouver, il n’y avait plus à espérer que Edward accepte de reprendre contact avec elle. Quand au reste, la lady était bien pensive.  
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