A peine le message à Violet est envoyé, que je commence à préparer le voyage, regardant les trains pour m’y rendre, essayant de savoir ce qui me serait le plus intéressant, d’y aller en voiture, ou d’y aller en train...Après presque deux jours de recherches diverses et variées, à comparer mille et unes choses, à voir avec Violet quand ça serait le plus simple pour elle que je vienne, je finis par faire route vers le bureau de Peter dans notre appartement, et toque avant d’entrer sans vraiment attendre de réponse. Entrant à moitié dans le bureau, j’annonce, sans équivoque et sans hésitation.
“Je vais rendre visite à Violet en Ecosse, elle nous a envoyé une invitation. Sache que je pars d’ici trois jours, en voiture. Si tu veux être du voyage, soit tu es prêt le jour J, soit tu resteras tout seul dans cet appartement pendant une bonne semaine. Si ce n’est deux, il paraît que c’est passionnant l’Ecosse.”
Une fois mon message passé, j’attend de voir si j’ai déjà une réaction suite à cela, mais n’en n’ayant aucune à part un regard qui croise le mien, je quitte la pièce avec un soupir. Pour être tout à fait honnête, je n’ai pas grand espoir qu’il m’accompagne, mais la possibilité est là. Raison pour laquelle j’ai finalement opté pour la voiture plutôt que le train; si jamais il s’ajoute au voyage en dernière minute, ce sera plus simple de rajouter sa valise dans le coffre que de devoir acheter ou modifier un billet de train supplémentaire. J’ai profité du temps entre mon annonce et mon départ pour prévenir toutes les personnes impactées directement par la fermeture momentanée de la galerie. Cependant, comme je le disais, mes espoirs de le voir me suivre dans ce voyage sont minces…
Pour cause, depuis qu’on est revenu de l’enterrement de sa mère, depuis ce moment privilégié et devenu bien trop rare qu’on a pu partager, j’ai l’impression qu’il y a encore plus de distance entre nous. Comme si ce moment de vulnérabilité (je refuse de dire faiblesse, car pour quelqu’un comme Peter, il faut énormément de courage pour se confier ainsi, à qui que ce soit) l’avait terrorisé, ou qu’il avait épuisé son quota pour l’année et plus encore. Je ne sais pas, je ne sais plus. Ca en devient étouffant, de vivre dans cet endroit avec l’homme que j’aime plus que tout, envers et contre tout, et de pourtant être incapable de l’atteindre. Alors oui, peut-être que mettre un peu de distance physique entre nous ne serait pas une mauvaise idée.
Le jour du départ, Peter est déjà parti au travail quand je me suis levé. La déception qui me prend à la gorge menace de tout me faire annuler, mais je tiens la barre et finit de mettre les dernières petites choses dans la valise (dont un cadeau pour Violet, pour me faire pardonner mon manque de communication dernièrement), chargeant le tout dans la voiture et partant, un dernier message à Violet pour lui confirmer que je serais seul pour ce voyage. J’ai hésité à laisser un mot à Peter, pour lui dire où j’étais, qu’il ne s’étonne ou ne panique pas. Puis j’ai décidé contre. Je le lui ai dit, plusieurs fois, tentant de le convaincre sans en avoir l’air de venir avec moi. L’information lui est parvenue, s’il ne la retient pas ce n’est pas mon problème. Une part de moi, aussi, veut voir s’il s’inquièterait assez de mon absence (dans le cas où il ait oublié ma visite en Ecosse) pour m’appeler, pour essayer de savoir ce qu’il advient de moi...C’est puéril, presque cruel, mais c’est peut-être le signe que j'atteins ma limite…? Alors pourquoi la simple idée de ne plus vivre avec lui m’étreint la poitrine si fort que j’en ai du mal à respirer? Pourquoi l’idée de le perdre, d’une manière ou d’une autre, me provoque une terreur sans pareille?
Définitivement, cette virée Écossaise ne peut que me faire du bien. Un peu de temps loin de la cohue londonienne pour me ressourcer un peu. La route jusqu’à l’adresse indiquée par Violet est longue, m’obligeant à faire une nuit à mi-chemin, à moins de vouloir arriver au milieu de la nuit chez ma très chère Violet. Quand, enfin, j’arrive, je gare la voiture et entre dans la grande demeure, m’annonçant, et attendant sagement que Violet fasse son apparition.
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14.08.21 22:52
Violet Hanovre Hadid
Ft Christian Abberline
Fin juin 2026 Ecosse Résidence des Dunn.
Dès mon arrivée chez les Dunn, je leur ai confirmé que quelques proches seraient peut-être amenés à me rendre visite pendant mon séjour. Christian avait été le tout premier à me confirmer sa venue. Il arrivait même avant toi. Je trouvais que c’était une bonne chose. D’abord parce que nous ne nous étions pas vues depuis un moment. Ensuite, parce que nous avions beaucoup de choses à nous dire. Enfin, parce que sa présence me permettrait de tromper l’attente avant le début du stage et surtout ta venue. Je lui parlerai de toi, peut-être, si les circonstances me le permettraient. J’étais encore, un peu perdue, par ce tout dernier changement. Dire qu’il y en avait eu beaucoup depuis le printemps, était un euphémisme...
Nous avions convenu d’un horaire tous les deux. Je savais que Christian prenait finalement sa voiture, plutôt qu'un train. Il m’avait assuré qu’il allait se débrouiller pour arriver jusqu’à la pension. Alan Dunn n'avait donc plus à aller le chercher à la gare routière, comme il l’avait fait pour moi quelques jours plus tôt. J'étais contente de ne pas avoir à lui demande un service. Je me demandais s’il n’y avait pas entre nous, encore un peu de cette hiérarchie imposée par mon sang. J’allais faire de mon mieux pour l'annihiler. Ici, en terre écossaise, je voulais être Violet. Simplement Violet. Comme je pouvais l’être avec toi.
Je me postais prête, une fois que les phares de la voiture perçaient le début de soirée crépusculaire. Je les attendaient tous les deux à l’intérieur de la demeure. Ce qui me donna l’occasion de vérifier une dernière fois si tout était en place pour l'accueillir. Le service à thé et les scones, mon cadeau de bienvenue, les prospectus sur les activités des environs. Oui, tout était là. Leurs pas se font finalement entendre dans le hall. Je viens à leur rencontre. J’avais fait attention à ma tenue. Bien entendu, je le faisais toujours. Mais cette fois, je devais, en plus de l'élégance, être discrète. Ma robe était noire et à la coupe évasée, de sorte que mon petit ventre ne se voyait pas. Ma grossesse était un secret que je ne pouvais pas partager, même avec lui, avant quelques assurances amicales.
-“ Christian! ” Je lui prenais délicatement les mains, les serrant avec affection. Je basculais ensuite en avant pour aller poser un baiser sur chacune de ses joues. Mes sens étaient plus sensibles. J'ai perçu instantanément les fragrances de son voyage jusqu’à moi. -“ Comme je suis contente de te voir! ” Christian était seul. Peter ne se joindrait donc pas à nous. Je m’en étais doutée. J’étais déçue, chaque fois que nous manquons une opportunité. Mais, j'éprouvais aussi une certaine joie à ce que Christian, lui soit là. -“ Depuis, le temps que nous planifions ce séjour. ” Lui dis-je avant de lui rendre toute sa liberté. Je lançais un regard vers ses bagages. -“ Je sais que cela a été long. Peut-être veux-tu te délasser ? J’ai moi-même préparé ta chambre. ” Une nouveauté, ce n’était pas du tout ce que l’on m’avait enseigné. Mais, je devais bien apprendre ce genre de choses à présent.
Je lui souriais toujours. Nos dernières lettres, ainsi que ma conversation avec Lowri et Tyrgan avaient définitivement bouleversé mes repères. Ils avaient fait tomber une partie de mon univers. La vérité n’avait rien de facile à entendre. Ces dernières semaines j’avais eu nos soucis en tête. Tout le reste était passé en second plan. Mais, maintenant Christian était là, avec moi. Il était présent. J’avais tant de questions à lui poser. -“ Je t’ai choisi la jolie chambre qui est près des cuisines. Tu sera totalement autonome.” Il était très important, à mes yeux, qu’un invité se sente libre de son temps et de son espace. J’y veillerais, quel que soit le lieu de réception. M. Dunn passait alors dans notre dos. Il était silencieux et efficace, comme toujours. Le sac du galériste déjà en main pour le transporter dans la chambre en question. -“ … Nous avons tant de choses à nous dire. ” Dans une impulsion, je lui prenais le bras pour l’attirer vers la porte ouverte de la bibliothèque. L’odeur du thé au citron flottait dans l’air. J’avançais vers le canapé brodé pour l’y inviter. Juste une minute, le temps que je puisse lui dire: -“ D’abord, puis-je te demander une petite faveur ? ” Je préférais que nous posions les bases de ce séjour à l’instant. Afin qu’aucune ombre ne puisse se dresser entre nous. Cela me paraissait capital pour préserver notre si jolie amitié. -“ J’aimerai que ce séjour se passe sous le sceau de la sincérité. Je sais que cela est un peu cavalier de ma part de le dire ainsi. Ne m’en veut pas. J’ai besoin de sentir que nous pouvons nous parler de tout. C’est le cas, n’est-ce pas ? Je le sens. ”
Alors, certes, je ne suis peut-être pas un aussi grand baroudeur que ma mère a pu l’être (sur ce coup je tiens plus de mon père), mais je me débrouille très bien à partir du moment où j’ai un peu repéré sur une carte les directions que je dois prendre. Certains me diront: “pourquoi n’utilises-tu pas un GPS?” pour la simple et bonne raison que la dernière fois que j’ai voulu en utiliser un, ce dernier m’a un moment proposé de tourner à droite….droit dans un mur. Evidemment j’ai vu que l’objet high-tech (...ou pas) avait déliré et je n’ai même pas tenté le virage. Depuis, je ne fais aucunement confiance à un GPS pour trouver mon chemin quelque part que je ne connais pas. J’use de bonnes vieilles cartes, je prépare un peu à l’avance mon chemin, je suis des panneaux et, si jamais je devais me perdre en chemin, il y a toujours un petit café, ou une supérette où je peux demander mon chemin. C’est donc ainsi, à l’ancienne, que je suis arrivé à la résidence des Dunn.
La demeure est impressionnante, mais je ne suis pas si étonné, connaissant ma chère Violet. Me garant là où se trouvait d’autres voitures, je sors mon bagage du coffre, un pincement au coeur en ne voyant que mon bagage et pas celui qui aurait pu appartenir à Peter. En entrant, je vois Violet arriver, et un immense sourire étire mes lèvres, illuminant mon visage alors que je pose mon sac et m’approche pour la rejoindre.
“Violet, charmante Violet! Le plaisir est partagé, j’ai l’impression que ça fait des siècles depuis ta dernière visite à la galerie.”
Je lui rend ses embrassades, heureux de la revoir. C’est vrai que ça faisait bien trop longtemps qu’on ne s’était pas vu. Je hoche la tête, confirmant silencieusement qu’en effet, depuis le temps, il était temps qu’on arrive à mettre en place ce voyage. J’ajoute cependant, une mine désolée sur le visage (et un peu ternie par ailleurs, j’espérai qu’elle ne le remarquerait pas).
“Je suis désolé que Peter n’ait pas pu venir. Mais tu sais comment il est quand il est en plein dans une affaire, il travaille, travaille, travaille, et advienne que pourra!” finis-je dans une touche d’humour supposée alléger la mauvaise nouvelle. Un petit rire passe mes lèvres à sa proposition “Eh bien, quel honneur! Suis-je un tel invité de marque?” je la taquine, mais reprend, plus sincère “C’est adorable de ta part. Ca me touche beaucoup.” qu’une personne de son rang ait pris le temps de faire un lit pour moi me semble encore un peu irréel, pourtant je suis le premier à lui dire qu’elle est humaine avant d’être noble...mais les us et coutumes ont la vie dure comme on dit. Finalement, je reprends, à la notion de me délasser “Ca va. J’ai fait une halte sur la route, mais je ne dirais pas non à une douche. En plus une chambre près des cuisines...J’espère que les vivres sont gardés sous clés, sinon je ne promets pas de rester sagement dans mon lit la nuit. Il peut m’arriver de me faire des petits casse-croûte durant la nuit...” finis-je avec un sourire malicieux qui s’adoucit rapidement.
A partir de là, je m’attendais à ce qu’elle me montre justement ma chambre pour que je puisse m’installer tranquillement, mais visiblement, le programme était autre. Déjà, en me tournant pour prendre mon sac, je remarque que ce dernier a disparu, probablement quelqu’un qui l’a déjà monté dans ma chambre. Je hausse une épaule mentale à ce fait, et mon attention est de toute façon de nouveau happée par Violet quand elle me saisit le bras pour m’attirer vers une pièce, d’où une douce et subtile odeur de thé au citron émane et je ne vais pas mentir, une bonne tasse de thé serait divine à l’heure actuelle. M’asseyant sur le canapé quand mon hôtesse m’y invite (j’ai tout de même des manières), à sa question, je me tourne pleinement vers elle, jambes croisées, un bras appuyé sur le dossier du canapé, mon entière attention pour elle.
“Bien sûr Violet, je t’écoute.”
Cependant, à mesure que les mots quittent les si jolies lèvres de Violet, mon expression change. Un sourcil se hausse, intrigué, un autre se fronce un peu, légèrement soucieux de la direction que va prendre cette conversation avec ce qu’elle me demande. D’autant plus que j’ai la tenace impression qu’il y a comme un message caché que je devrais connaître, mais qui ne m’a pas été transmis dans ses paroles et ça me perturbe un peu. Pourtant, bien loin de moi l’idée de lui refuser cette sincérité qu’elle semble rechercher. Alors après avoir écouter ses paroles, mon visage reprend un air bien plus ouvert, plus sincère aussi, et je pose une main sur une des siennes.
“Je t’en fais la promesse Violet, nous pouvons parler de tout entre nous. Surtout ici, loin de toute la cohue londonienne. De toute façon, j’ai toujours été un livre ouvert!” finis-je avec enthousiasme.
Si seulement j’avais la moindre idée qu’elle était à présent au courant pour Peter et moi, d’à quel point mes derniers mots sont faux à ses yeux à présent. En toute honnêteté, cacher ma relation avec Peter n’est même plus au stade du mensonge à mes proches...C’est devenu une évidence, je n’y réfléchis même plus en termes de mensonges ou non, c’est...juste ainsi.
Violet, puisses-tu me pardonner de t’avoir ainsi fourvoyée.
CODAGE PAR AMATIS
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27.08.21 22:50
Violet Hanovre Hadid
Ft Christian Abberline
J’évitais subtilement que notre embrassade ne soit trop ferme. Je ne voulais pas que mon cher invite se doute de ma situation, avant que je ne la lui explique. Je tenais à ce que ce soit fait avec un minimum de délicatesse. -“Advienne que pourra. Il fera sensation comme à son habitude. ” Soufflais-je avec une pointe d’humour. Ce n’était guère de la moquerie. J’aimais beaucoup trop notre avocat chéri pour m’en moquer. Et puis même, je n’aimais pas me moquer. ça n’avait rien d’intelligent selon moi. -“Il nous manquera!” Dis-je avec ferveur en observant la réaction de Christian. Maintenant que des vérités m’avaient été dites, je voyais tout de façon très très différentes. A commencer par mon lui, mon invité, de marque. -“Tu l’es Christian. J’espère que tu sais que tu l’es. ” Mon altercation avec Lowri et Tyrgan m’avaient appris que je ne savais peut être pas si bien que cela montrer mon amitié et mon affection aux autres. Ils en venaient à se cacher de moi. J’en avais été blessée, vraiment. Maintenant, je devais évoluer dans mon comportement. Je voulais surtout que cela ne se reproduise plus de ma vie. -“Moi aussi, je suis touchée. Que tu sois là!”
Je lui souriais. Il avait une énergie positive. Ce qui faisait que confirmer ma volonté intérieure. Je voulais vraiment que notre relation survive à la vérité. Mais, je n'avais pas de pouvoir là-dessus. Enfin, j'allais faire tout mon possible! -“Les cuisines sont ouvertes. ” L’informais-je avec la même malice. Les Dunn les avaient toujours laissées accessibles. Nous cuisinons beaucoup tous les deux. Cela nous permettait d’être autonomes de A à Z. Sans avoir à les solliciter. C’était bien plus confortable. -“Il m’arrive aussi d’avoir des fringales. Jour et nuit. … On se croisera peut-être dans la réserve, haha! ” J’appréciais vraiment sa légèreté. C’était une qualité qui était rare chez les hommes de mon entourage. Ils étaient tous diablement sérieux et graves. J’en avais un peu souffert lorsque j’étais une jeune fille. Je ne comprenais pas que la vie soit si sérieuse. Malheureusement, à présent, c’est moi qui me retrouvait dans cette position et qui devait réapprendre à vivre. Mais quelle ironie!
Je sentais que des bonnes ondes circulaient entre nous. Voilà pourquoi je me sentais assez sûre pour aborder la base. Je ne l’aurais sans doute pas fait aussi aisément avec d’autres et sans doute pas avec notre cher Peter. Son aura et mon désir de lui plaire pouvaient me retenir. Ce qui était terriblement dommage. Enfin! -“... ” Je sentis tout de suite que mon visage se figeait de lui-même. Je conservais mon sourire. Parce que l’on m’avait appris à faire bonne figure, bonne mesure. A être une parfaite Princesse devant tout à chacun. Quand bien même j’avais une opinion autre. -“ Sur certaines choses oui. C’est vrai. Tu as toujours été sincère dans nos débats artistiques. ” Lentement, je détachais mes mains des siennes. J’inclinais lentement le chef devant lui. Le souvenir de la réaction de Lowri dans la même situation, m’aida à mieux choisir mes mots. J'ai pris une profonde inspiration. Je n’appréciais pas de faire cela. Mais, pour la survie de cette douce amitié, il le fallait. -“Christian… Je sais que Peter et toi êtes… que vous vous aimez. Je suis au courant. ” Je plongeais lentement mes yeux dans les siens. Je n’étais pas très à mon aise quand j’imaginais deux hommes ensemble. Mais ça n’avait rien à voir avec eux. J’étais de toute façon consciente que mon éducation autour de la sexualité avait de cruelles carences.
-“Et… je comprends. ” Lui soufflais-je d’une voix un peu tendue par ma pudeur. -“ Je comprend que tu ne m’es pas fait confiance. ” Pour lui aussi, cela m’avait fait un sacré coup au coeur. Je m’étais imaginé une amitié plus forte qu’elle ne l’était. Cependant, nous étions ici, parce que je voulais croire qu’elle pouvait encore le devenir. Cela dépendait en fait de nous deux. Je prenais donc sur moi-même pour ne pas faire peser ma tristesse. Ce n’était pas utile. -“J’aimerai pouvoir la mériter, dans l’avenir. Si tu crois que c’est possible ? J’aimerai beaucoup. ”
“On lui manquera encore plus tu verras!” dis-je avec un clin d’oeil vers mon amie.
Pourtant, la malice affectueuse que je montre n’atteint pas mes yeux. Non pas qu’elle ne soit pas sincère, mais c’est souvent ainsi, quand je pense à Peter ces derniers temps. Un peu comme si une nostalgie qui n’a pas lieu d’être s’était installée en moi. Malgré l’assurance que mon amant a pu me donner, au retour de l’enterrement de sa mère, à propos de son amour pour moi...C’est toujours un peu difficile d’associer ce genre d’affirmation quand le reste du temps je dois batailler pour la moindre démonstration d’affection. Alors que des fois il entre dans mon monde, le temps d’une étreinte passionnée et j’ai l’impression de retourner à l’époque d’Oxford. A cette époque où tout semblait si neuf, où tout avait un goût d’aventure, d’interdit sans vraiment l’être, où réussir à sortir Peter de ses livres pour quelques instants volés était suffisant…
Revenant à Violet, ses mots me touchent au coeur. Un sourire doux et empli de gratitude sur le visage, je hoche simplement la tête, lui assurant que oui, je sais. Même si ce n’est que récemment que j’en ai pris conscience. Sa remarque sur une possible rencontre nocturne entre nous me tire un petit rire, juste à imaginer la scène. Malgré tout, c’est pour ce genre de petits moments que je vis. Ceux qu’on ne voit pas venir, ceux qu’on n’imagine pas, même avec l’imagination la plus fertile.
Nous prenons finalement place dans un petit salon avec du thé et des scones, chose que j’apprécie après les heures de voyage derrière moi. Pourtant, je sens bien que le ton de la discussion change, l’ambiance aussi; elle se fait plus pesante et cela m’inquiète. La dernière fois que j’ai ressenti un tel changement, c’est quand on est venu m’annoncer la mort de mes parents dans ce maudit accident de voiture. Vous comprendrez donc que je ne sois pas des plus à l’aise quand je ressens ce même changement en cet instant. Ce voyage devait être de belles retrouvailles entre nous, il ne devrait pas être entaché de je ne sais quelle mauvaise nouvelle. Pourtant, tout tend vers quelque chose de terrible, j’en ai l’impression. J’ai presque envie de récupérer les mains de la jeune femme dans les miennes, comme si cela pouvait m’offrir un semblant de retour à une ambiance plus sympathique.
Puis je me fige à ses prochaines paroles. Ce n’est pas...quelque chose à laquelle je m’attendais. Pendant un instant, mon cerveau est en mode panique, avant de, finalement, se calmer. C’est Violet. Jamais Violet ne ferait de mal à Peter, jamais elle ne serait capable de nous faire du mal, ce n’est pas dans sa nature. Du moins c’est ce que je pense, et j’ose espérer que je ne me trompe pas. Un soupir s’échappe de ma poitrine, un qui laisse entendre un soulagement certain. Un poids qui se lève de mes épaules. C’est si rare les gens qui sont au courant...A dire vrai, à part Lowri (et maintenant Violet), personne n’est au courant. Officiellement du moins, car je ne doute pas que Keenan est au courant, quand bien même elle n’ait aucune preuve. Doucement, simplement curieux, je demande.
“Depuis combien de temps le sais-tu?”
Mes yeux sont doux et calmes, à dire vrai ça me fait plaisir qu’elle le sache. Ca m’ennuyait de devoir lui mentir, quand bien même ça en devienne une seconde nature...D’ailleurs, le fait qu’elle pense que je ne lui faisais pas assez confiance pour lui en parler me fait écarquiller les yeux d’incrédulité. Je me redresse et me fait tout à fait sérieux.
“Violet...Ca n’a rien à voir.” je prend délicatement ses mains, en caressant le dos de mes pouces “J’ai besoin que tu ouvres bien grand tes oreilles et que tu m’écoutes avec la plus grande attention, chère Violet.” quand je vois dans son regard son attention entière sur moi, je reprends “Ce n’est pas que je n’ai pas confiance en toi Violet. Peter et moi...Ca remonte à si longtemps, avant même que je ne te rencontre, de l'époque où nous étions encore à Oxford si tu veux bien me croire...On s’est toujours caché. Principalement une volonté de Peter, je dois bien le reconnaître, mais j’ai suivi et après autant d’années à cacher ce que nous étions l’un pour l’autre…” un nouveau soupir, désolé celui-ci “C’est devenu comme une seconde nature. Ce que cela pourrait provoquer chez nos proches s’ils apprenaient la vérité ne m’effleure même plus l’esprit depuis bien des années. Ce n’est pas...Ca n’a rien à voir avec toi en particulier. Personne n’est au courant. A part Lowri, évidemment, pour le bien de leur ancien arrangement, mais sans cela, je doute que Peter aurait pris la peine d’en parler à qui que ce soit. Même sa mère n’était pas au courant, alors qu’elle m’a reçu en même temps que Peter un bon nombre de fois.” je dépose finalement un petit baisemain sur la main droite de Violet “Alors oui, Violet, je t’ai caché cette vérité, mais jamais, au grand jamais, ce n’était parce que je n’avais pas confiance en toi. Tu entends?”
Je veux qu’elle comprenne vraiment que ce n’est pas sa faute si je ne lui ai rien dit.
CODAGE PAR AMATIS
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05.09.21 0:24
Violet Hanovre Hadid
Ft Christian Abberline
-“Depuis quelques mois... ” Lui répondis-je sincèrement. Je n’avais pas de raison de lui dissimuler la chronologie des événements. C’était Tyrgan qui avait divulgué le grand secret. Il l’avait fait en toute conscience. Je savais qu’il l’avait fait avec des intentions louables. Entretemps, j’avais pu en parler avec sa fiancée. La vraie. Lowri et moi nous étions expliquées en sa présence. Cela avait assaini notre relation. A l’inverse, je n’étais pas encore parvenue à en discuter avec Peter. Celui qui m’avait fait le plus de peine. -“Les événements se sont un peu précipités de mon côté. ” C’était peu de le dire. Mars était arrivé avec son lot de surprises! Je venais d’arriver ici. Je m’installais pour la durée de l’été. J’espérais que cela allait aussi me permettre de remettre un peu d’ordre et de calme dans ma propre vie.
Je regardais la façon dont Christian me tenait les mains. J’en souriais. C’était un homme tendre et doux. Mon cœur avait eu un petit élan pour lui, précisément pour cela. -“D’accord, oui, je t’écoutes. ” J’ouvrais un peu plus mes yeux d’étonnement. Une relation si longument cachée aux yeux du monde! Mais comment avaient-ils fait ? Quand je pense que je peinais à le faire depuis novembre. A peine quelques mois. J’avais parfois la sensation de ne jamais pourvoir tenir. Prem et moi nous étions quittés depuis quelques jours seulement. Il me manquait comme le soleil au ciel.
Je penchais mes yeux sur son baisemain, prenant encore la mesure de ce qu’il venait de me dire. Toutes ces années à vivre dans l’ombre. -“ C’est… terrible. Christian ! S’aimer en secret tout ce temps ! Sans pouvoir partager cela. ” Je le croyais sur la question de la confiance maintenant. Je voyais bien que le souci ne venait pas de là. Leur situation faisait en fait un drôle d’écho à la mienne. Je vivais dans le secret. J’avais cru pouvoir le faire longtemps. -“Cela ne te rend-t-il pas malheureux ? ” Lui demandais-je sincèrement. Moi, je souffrais tant de ne pouvoir être avec Prem. -“ Mais comment fais-tu ? Pour supporter ? ” J’étais interloquée.
Je savais que la situation avec Prem ne pouvait être que temporaire. J’étais enceinte de lui. Donc tôt ou tard notre relation sera connue. J’en avais peur et en même temps j’avais hâte. Je voulais vivre avec l’homme qui faisait battre mon cœur. -“ Pour ne pas être avec lui, vivre avec lui ? Partager les bonheurs et les tristesses ? ” Je ne pouvais concevoir ma vie sans l’oreille et les conseils de Prem. Dès qu’il n’était pas là, une partie de moi était perdue. J’étais moins moi-même. N’était-ce pas la même chose pour tous les amants interdits ?
Un simple hochement de tête de ma part à sa réponse. Quelques mois, déjà...Il faut dire que l’on a pas eu vraiment l’occasion de se voir ces derniers mois, alors il n’a pas été bien difficile pour elle de le garder pour elle jusqu’à maintenant. Cependant, je suis rassuré qu’elle veuille comprendre le pourquoi du comment, plutôt que d’être éternellement vexée et pire, blessée par ces secrets qui ne devraient pas être entre amis comme nous le sommes. Je sais la tendresse que possède Peter pour Violet, celle que je partage aussi, celle que Violet ressent pour Peter, et celle qu’elle ressent pour moi. J’aurais plus que compris qu’elle nous en veuille pour ces cachotteries alors qu’elle n’hésite pas à nous parler. Du moins, dans ce que sa pudeur toute aristocratique lui permet, et j’ose espérer qu’elle nous en dit plus qu’elle n’en dit à ses amis de la haute société, eux qui ont des préjugés si bien ancrés...mais je m’égare.
Je finis par lui expliquer la situation, agissant activement pour la rassurer sur la confiance que je lui porte. Jamais il n’a été question de mettre en doute cette confiance entre nous et j’espère que mes mots seront assez clairs pour qu’elle le comprenne. Mes yeux sont fixés sur elle, son visage, ses réactions. Ce que je vais dire, personne à part Lowri n’est au courant, et encore, Lowri ne l’a pas appris par moi, elle a mis les pièces du puzzle bout à bout entre ce qu’a bien pu lui raconter Peter et moi. Ce n’est pas la même chose que de tout déballer (ou presque) à Violet comme je compte le faire. Maintenant qu’elle sait, maintenant qu’elle est prête à écouter, j’ai envie de tout lui dire (enfin...presque tout, on se comprend), de pouvoir vider un peu mon sac. Ca peut paraître égoïste mais tant pis, parfois dans la vie il faut savoir être un peu égoïste pour continuer à avancer sain d’esprit.
Voir ses yeux s’écarquiller de surprise à la découverte qu’en réalité nous sommes ensemble depuis bien plus longtemps qu’on ne le pense, et surtout, que l’on a gardé le tout secret aussi longtemps me tire un petit sourire, à la fois amusé et triste. Une fois que j’ai fini, je lui laisse la parole, relâchant pourtant ses mains quand elle me demande si je suis malheureux, mes yeux quittant les siens, incapable de la soumettre à cette douleur qui a pris résidence en mon être. Ca aussi, c’est une question épineuse. Aux yeux du monde, je ne suis pas malheureux, je suis misérable. Pourtant, la réalité est bien plus complexe que cela. Rien n’est tout blanc ou tout noir dans cette relation entre Peter et moi. Tout serait si simple si c’était le cas...Finalement, je pousse un lourd soupir.
“Ce n'est pas aussi simple, Violet.” je m’enfonce un peu plus dans le canapé, le regard un peu perdu dans le vide face à moi “Je vis avec lui, même si aux yeux du monde nous ne sommes que des colocataires. Mais Peter est...différent. Il l’a toujours été, le sera toujours. C’est aussi ce qui m’a attiré chez lui en premier lieu.” un petit rire triste quitte mes lèvres à cette notion “Il n’exprime pas son affection comme toi ou moi pouvons le faire. Je le sais, je l’ai toujours su. J’aurais pu partir il y a des années, si je l’avais voulu, mais la vérité c’est…” un nouveau soupir “Je ne saurais pas vraiment l’expliquer en vérité. C’est comme si...mon âme était intrinsèquement liée à la sienne, pour le meilleur...ou pour le pire. Tu me demandes comment je fais pour supporter cette situation? Je suis un indécrottable optimiste. Je sais qu’il est capable d’affection, de me le montrer, et je suis toujours en attente de ces moments que je chéri tant. Ceux où il se laisse aller à être...simplement humain.” un rire nerveux m’échappe “Je dois donner l’impression d’avoir perdu l’esprit. J’ai probablement passé trop de temps auprès de Peter...En tout cas, tout ça pour dire que oui, c’est difficile, et oui, j’aimerai que l’on puisse s’aimer sans avoir à se cacher; mais en même temps, j’ai si peur de le perdre Violet.” mes mains tremblent légèrement à la pensée qu’il puisse un jour ne plus partager ma vie “J’ai déjà l’impression de le perdre un peu plus chaque jour que Dieu fait, surtout depui-”
Je m’interromps soudain. Quelque chose me pousse à ne pas parler de la demande en mariage ratée que j’ai faite il y a des années de cela. Pourtant, j’ai bien réussi à en parler à Lowri. Pourquoi en parler à Violet m’était-il si difficile? Je pince les lèvres, ravalant mes mots et finissant par me passer une main dans les cheveux, tentant de reprendre contenance en m’éclaircissant la gorge au passage.
“Désolé. Je ne voulais pas plomber l’ambiance de cette façon. Quel invité je fais, vraiment!”
Je tente même un trait d’humour qui a de forte chance de tomber à plat vu mon état d’esprit à l’heure actuelle.
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09.09.21 21:53
Violet Hanovre Hadid
Ft Christian Abberline
S’il y avait une chose que m'enseignait l’amour c’était que en effet, tout était complexe et simple parfois. Je le voyais chaque jour dans ma relation avec Prem. Comment certaines choses s’avéraient compliquées. Puis, il suffisait d’un geste, d’un mot, d’un sourire, pour que tout devienne simple. Je comprenais très bien ce que Christian tentait de m’expliquer.
Connaissant Peter, comme je le connais, je ne réduisais pas le fait qu’il était un homme compliqué et inaccessible. Il l’était, même en amitié, je pouvais sentir, parfois comme il était difficile de le toucher. Je m’imaginais que cela ne devait pas être facile. De notre côté l’affection et la tendresse étaient présents à chaque instant. C’était aussi ce qui m’avait attiré dans cette relation. La douceur de Prem était merveilleuse. Elle réparait mes blessures. Elle nourissait mon âme. -“Non, Christian, tu n’as pas perdu l’esprit. Je te comprends… ” Lui assurais-je en souriant. Bien entendu, cela n’avait rien à voir avec Edward. Il s’en doutait. Nous verrions plus tard. Il était important qu’il aille jusqu’au bout. -“ Je crois que même quand tout va bien on a peur de perdre l’autre. ” Prem arriverait bientôt ici. Nous allions enfin avoir du temps à deux. Du vrai temps à deux. Cela me remplissait de joie. Mais, il n’y avait pas un jour où je n’eu pas peur de le perdre pour de bon.
-“... depuis les “fiançailles” ? ” Tentais-je de le seconder dans la fin de sa phrase. J’imaginais que ce n’était pas facile de le dire. Prem aurait pu en convenir. J’étais encore mariée avec Edward officiellement. Je venais de vivre avec lui pendant plusieurs semaines. Ce n’était jamais facile pour nous. Christian n’avait pas envie de poursuivre. Je ne forçais rien. Je lui rendis un doux sourire qu’il se rassure. -“ Un invité merveilleux de sincérité. … Tu es parfait! ” Lui disais-je en l’observant. Je me penchais pour prendre l’assiette à biscuits et lui en proposer. -“ Tiens. Ils sont au citron. Je les ai faits pour nous. ” Je profitais d’avoir la paix pour m’y remettre un peu. Cela me faisait plaisir de cuisiner et surtout cela me faisait penser à Prem.
J’échangeais un regard tranquille avec lui. Je me sentais beaucoup mieux maintenant que je connaissais la situation. -“ Votre secret est en sécurité ici. Tu peux dormir tranquille. ” Lui annonçais-je pour qu’il comprenne que tout allait bien. Un autre jour, il deviendrait le gardien de mon secret. Je savourais quelques gorgés de thé en sa compagnie. Le silence ne me dérangeais pas spécialement. Notre discussion me faisait râvasser.
-“ Cette fois, je vais te laisser aller te détendre. Moi je m’occupe de finir la préparation de notre petit repas de ce soir.” Doucement je reposais la tasse. Je l’accompagnais pour lui faire faire un tour de visite. Je finissais par sa chambre à coucher. J’avais mis un bouquet de fleurs fraîches pour lui et un livre que je lui offrais sur le lit. -“ Prends ton temps. Je serais dans la cuisine. ” Lentement je repartais pour lui laisser son espace de tranquillité. Avoir parlé de Peter me faisait penser à lui. J’allais lui écrire dans les prochains jours pour prendre des nouvelles. En attendant, je cherchais mon téléphone pour appeler mon chéri et donner les nouveautés du jour. Cela me faisait du bien d’avoir de la compagnie ici!
J’installais tranquillement la table, je faisais souvent des poses pour écouter la radio en me massant le ventre. Les stations écossaises m’amusaient beaucoup plus que sur Londres!
