Les journées ne se ressemblaient que rarement quand on s'appelait Jean-Baptiste Lemoine. Même s'il l'avait voulu, en ce moment, c'était loin d'être possible. Entre le fait de s'occuper des deux nanas sur son bateau, de trouver un moyen de sortir Maxyme du bordel dans lequel elle se trouvait et faire son taff de flic quand il était en heure de boulot... autant dire qu'il n'avait guère le temps de se poser des questions. Mais cette situation pouvait le mettre à cran. Si quand il se trouvait en présence d'Eden ou Louisa, il était plutôt cool et tranquille, c'était vraiment moins le cas quand il se trouvait au boulot.
Les gens pouvaient avoir cette mauvaise habitude de lui tomber sur les nerfs. Faut dire qu'il ne côtoyait pas le gratin poli et agréable de Londres, mais plutôt ses bas-fonds et les rats qui adoraient y trainer. Bref, de quoi permettre, aussi, à notre flic de sortir un peu la tension qui l'habitait. La Strike avait été sur un coup depuis plusieurs semaines, une enquête qui prenait du temps, de l'argent et bientôt, le coup de filet allait enfin se faire. Mais voilà que le chef venait lui poser sur la table que finalement, il ne serait pas à la tête de l'action et qu'un autre inspecteur prendrait le job.... ce qui ne manqua pas de lui faire voir rouge. Si face au supérieur, il contenait quelque peu sa colère, pas de doute que celui qui lui avait piqué son affaire, risquait de perdre quelques dents au passage.
Sorti du bureau du commissaire, Lemoine se dirigeait sans attendre vers le bureau du collègue le plus emmerdeur qu'il avait... après les bœufs-carottes, c'était les pourris de ce genre qui lui prenait le plus la tête. Surtout quand on se mettait au travers de son chemin, faisant voler la porte en l'ouvrant, il vint se poster devant le bureau de Colton, plantant son regard noir dans le sien, alors qu'il posait ses mains sur le bois, pour avoir l'air plus menaçant encore. La question était simple....
- Tu te fous de ma gueule, Colton?! T'as pas autre chose à foutre que venir piquer mes enquêtes? Le ton était contenu, mais plutôt peu amical.
Ces deux flics pouvaient avoir tendance à se tirer la bourre, à vouloir démontrer qu'ils étaient aussi bons que leurs réputations le disait. Tous deux, flirtaient avec cette ligne jaune et JB se demandait... si ce mec ne protégeait pas ses intérêts, pour le coup.
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Le sketch habituel du répondeur téléphonique était lassant, à un tel point que les soupires suivirent instinctivement le rythme. Une promotion pour la ligne et un rabais sur un nouveau mobile m'attendais dès le deuxième bip ; un faux numéro ; ainsi que ma chère et tendre ex-femme, prenant un malin plaisir à rappeler l'échéance de la pension alimentaire. Ce n'était plus des soupirs que j'avais à laisser sortir, mais une lassitude sans nom. À son habitude, elle ne prit pas la peine de prévenir comment se portait Jasper, s'il y avait de bonnes notes, s'il allait bien, si tout simplement son père ne lui manquait pas un minimum. Non, tout ce qui intéressait cette fausse blonde n'était autre que l'argent. La journée en elle-même était déjà bien exécrable, cette dernière ne fit qu'embraser davantage la mèche. À croire qu'elle le savait parfaitement. Une, puis deux souffleries sur la tasse de café en me débarrassant du portable, je maudissais le karma. Il aurait été possible de profiter d'un jour de repos, traînant sur le canapé à ne rien faire certainement en très bonne compagnie, ce qui aurait été amplement mérité avec les dernières semaines enchaînés. Une pizza pour accompagner l'image. Malheureusement, voilà que l'on me réquisitionnait au bon matin et que l'avis n'était pas au rendez-vous.
Un petit monticule de dossier s'était accumulé sur le coin de la table. Fraichement trié et ordonné, attendant la satisfaction d'être classifié. Sous mon nez était ouvert la nouvelle enquête qu'il fallait reprendre en chemin. Un sacré bordel à vrai dire, il fallait reconstituer toute une équipe pour lancer une opération. Tanner pouvait être un bon choix, il lançait des blagues inutiles, cependant, sur le terrain il était de ceux sur qui on pouvait compter.
Le café portait à mes lèvres, je n'eus guère le temps de prendre une gorgée que la porte s'ouvrit à la voler. Lemoine et les premiers signes d'une calvitie entra furibonde dans la pièce. Arrêté dans mon élan, j'haussai un sourcil en le fixant à mon tour.
« Ravi de te voir, moi aussi. »
La politesse n'était pas vraiment un point fort. Mais pouvais-je lui en vouloir, alors qu'il y avait une maigre part de vérité dans ses mots ? À quelque détail près évidemment, je reprenais les rênes de son enquête qu'il semblait pourtant si bien commencer. Quelques heures bien mâchés.
« Je n'ai rien demandé Lemoine , lui ai-je répondu en déposant ma tasse, c'est le Boss qui m'a mis ça sur la table ce matin. »
Et il y avait une part de vérité dans ses mots-là. Peut-être que le patron fut poussé depuis plusieurs jours par une petite voix à son oreille, néanmoins de là à m'en attribuer tout le mérite... ? Il pouvait bien m'observer avec ses yeux aussi sombres, le mal était déjà fait. Et là où je pensais ma journée merdique, elle me paraissait soudainement plus radieuse. Si bien que je me laissais aller contre le siège, à deux doigts de sourires.
« C'est un gros coup quand même. Je comprends, ça fait mal. Mais tu sais ce qu'on dit "la roue tourne" »
Parce qu'après tout, c'est lui qu'avait commencé et, à ce petit jeu-là, on pouvait être deux.
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19.09.21 19:53
Jean-Baptiste Lemoine
Are you f*cki*g kidding me?! Cet air satisfaisant qu'avait Colton sur le visage, pouvait mettre JB dans une colère noire. Autant dire qu'il se retenait de ne pas lui foutre son poing dans la tronche et de casser cette gueule, qui l'était déjà pas mal par les affres de sa vie. Enfin, le rendre encore un peu plus méconnaissable, serait un bon moyen de sortir tout ce qu'il déclenchait en lui. Mais bon, ils étaient au boulot, le chef de la Strike savait qu'il ne pouvait se permettre de sortir de ses gonds comme ça. Il était surveillé, ses faits et gestes étaient étudiés et certains attendaient le faux pas. Même s'attaquer à un collègue. Ce n'était pas le moment d'être, en plus, mis sur le banc. Pourtant, ça ne l'empêchait pas de vouloir mettre les choses au clair.
Il haussait un sourcil aux paroles de son interlocuteur. Non mais il se foutait vraiment de lui. Il n'y était pour rien? Vraiment? Comme si le français allait croire ces bobards. C'était vraiment croire qu'il était la plus grande pive de Londres. Son regard, toujours assez sombre, démontrait bien qu'il n'en croyait pas un mot. Qu'il savait que l'autre était en train de lui monter un bateau, pour le faire chier, bien entendu.
- Arrête de me prendre pour un con... grogna-t-il, ne goûtant pas un seul instant à la blague.
Ses poings se serrèrent d'un coup. Non sérieux, jouer ainsi avec ses nerfs, il avait envie de sauter par-dessus le bureau, pour lui défoncer la gueule. C'était vraiment très, trop tentant. Oui, le chef de la Strike pouvait parfaitement avoir le sang chaud. Ce n'était pas pour rien, qu'il pouvait être craint de certains criminels, qui avaient vu ses poings très, trop, proche des nez, des joues, des mâchoires... bien sûr, ce n'était jamais officiel. Mais c'était arrivé.
- Je sais que c'est toi qui à tout fait pour récupérer le dossier. Entends-moi bien, tu vas m'avoir sur le dos, jusqu'à la fin, j'vais pas te laisser foutre en l'air notre taff.
Qu'est-ce qu'il pouvait bien avoir de pire que de se faire faucher une affaire? Pas grand-chose, aux yeux du vieux loup.
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Est-ce que j'avais une tendance rancunière ? Très certainement. Est-ce que j'avais envie de l'emmerder ? Littéralement. Il fallait quelqu'un pour passer les aléas de la journée et ce dernier devenait la cible idéale. Aussi, parce qu'étonnamment je ne prenai un malin plaisir à l'envoyer paître de façon générale. Mais ce détail-là semblait réciproque depuis des lustres. Nous n'étions pas du genre à réellement nous entendre comme cul et chemise. Se "tolérer" paraissait déjà inatteignable. L'expression "comme chien et chat" convenait parfaitement.
Le voir autant en rogne avait quelque chose de... jouissif. Pour une fois que ce n'était pas moi qui avais envie de l'incendier, il fallait bien profiter un minimum du moment. Et puis, sur quelle preuve se basait-il pour assener autant de reproche ?
« Je viens te le dire, on me l'a mis sur le bureau ce matin. »
Pourquoi le dire encore, pourquoi m'embêter à répéter cette phrase qu'il semblait ne pas écouter ? Il était dur de la feuille, vieux, cela devait entrer par une oreille et ressortir de l'autre. Quoique, à vrai dire, ça ne devait même pas passer la barrière de cire qui pourrissait à l'intérieur.
« Tu m'excuseras, mais je trouve ta réaction légèrement disproportionnée, quand on sait que c'est toi qui as récupéré l'enquête du "Jongleur", alors qu'on bossait dessus depuis cinq mois. J'appellerais ça un, juste retour des choses, tu ne crois pas ? »
Œil pour œil, dent pour dent n'est-ce pas ? Ce n'était qu'amplement mérité. Et puis, il pouvait bien se plaindre, mais je le voyais déjà venir à tenter une vengeance digne de ce nom. En revanche, je ne pouvais nier que cela faisait chier qu'il reste dans mes pattes. Il n'y a rien de pire qu'un collègue collant pour vous faire perdre patience. Surtout que je me passais de ses avis, commentaires et autres. À moins qu'il n'ait quelques choses d'important et d'intéressant à m'apprendre.
Un soupir échappé, j'attrapai ma tasse de café, m'octroyant la gorgée qu'il me fut péniblement refusé en le toisant. Je pouvais bien reconnaitre une chose à son sujet, c'est que malgré son âge, il avait de l'énergie à revendre. J'espérai au moins en avoir autant à plus cinquante ans passés.
« Si tu veux rester, dis-moi au moins quelque chose que je ne sais pas. Un fait utile qui aiderait tout le monde à avancer. Si ce n'est que pour sentir ton vieux souffle à mes oreilles, je ne te montre pas où est la porte. »
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07.10.21 18:44
Jean-Baptiste Lemoine
Are you f*cki*g kidding me?! Le petit sourire qui marquait les traits de Colton ne faisait que chauffer un peu plus le sang du vieux flic. Pourtant, JB n'allait pas lui sauter à la gorge ici, non, il savait se tenir. A peu près, en tous les cas. Il haussa légèrement un sourcil, bien sûr qu'ils se répétaient, tous les deux, mais il fallait bien que l'autre comprenne qu'il savait que ce n'était pas un hasard, si le dossier tombait entre ces mains à lui et pas un autre du Yard. Bien sûr, il ne pouvait pas à l'encontre des décisions du chef, mais il s'imposait, se moquant bien de savoir si cela pouvait plaire, ou non, à son collègue.
Alors ça, c'était facile de lui balancer une contre-attaque aussi simple. Genre, parce qu'il avait récupéré une affaire qui lui revenait, voilà que Colton estimait que c'était un juste retour des choses. Jean-Baptiste l'observait, en se demandant s'il devait rire ou lui balancer une saloperie dans la gueule, encore une fois, mais s'il le faisait, il risquait de le faire se braquer tellement, qu'il serait encore plus difficile de le coller, pour s'assurer que tout se passerait bien.
- Ah voilà, très mature comme réaction....
Lemoine ne pouvait pas s'en empêcher, il avait du mal à mettre le poing dans sa poche et ne pas se montrer cynique, à minima. Bien sûr, l'autre profitait de sa petite vengeance, si facile et mesquine. Comme si leur boulot était un jeu. Ils n'étaient pas dans une cour de récrée, mais bien sur un terrain dangereux ou les adversaires pouvaient, réellement, les envoyer six pieds sous terre.
- Ça te faire rire en plus? Son regard restait noir. Il haussa légèrement un sourcil. Dis-toi que les contacts, c'est moi qui les ai, et que personne ne te parlera, si je ne suis pas là. Voilà que c'était lui qui avait un petit sourire en coin, il y avait toujours des jokers dans ses manches, bien sûr. Maintenant, si tu as besoin d'avancer, tu sais où me trouver...
Bien sûr qu'ils jouaient aux coqs tous les deux... ce n'était pas nouveau, ça continuerai sans doute jusqu'à la fin. Sur ces paroles, notre homme embrayait le pas, pour quitter le bureau de Bénédict, si ce dernier était intelligent, il ne se lancerait pas dans ce bordel, sans l'avoir de son bord... assurément.
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Oui, oui, chercher la petite bête c'est mal. Mais que voulez-vous on ne se refait pas. Mon ex-femme dirait que ma place sera en enfer pour avoir été aussi insolant. Et plus le temps passe, plus j'en viens à me dire qu'elle n'a peut-être pas si tort que ça. Est-ce que ça me dérange réellement ? Pas tant que ça. J'admets chercher la petite graine, mais c'est plus fort que moi. Lemoine à cette tête du vieux qu'on a envie d'emmerder toute la journée. Un peu trop papa-poule à mon goût et j'ai deux pères à supporter, ce qui est déjà bien assez lourd ainsi pour en avoir un troisième à me coltiner au boulot. Je soupire finalement en levant les yeux au ciel.
« Évidemment, tu as des contacts... »
Pourquoi cela ne m'étonne même pas ? Ou que très peu ? D'un autre côté je ne peux nier que cela me fait chier, parce que s'il dit vrai, je me retrouve baisé comme un âne. Et Dieu sait que ça fait mal. Je sais pertinent que je pourrais me débrouiller tout seul. Que les recherches prendraient probablement plus de temps, mais j'arriverai à tirer les vers du nez. Le problème, c'est justement le temps. La pression parce que ça n'avance pas. Et si j'ai eu ce boulot c'était justement pour que cela avance plus vite. Je soupire une fois encore.
« Nom d'un chien Lemoine, tu vas me donner plus de cheveux blancs que mon ex-femme ! »
Et cette sorcière savait y faire. Bon Dieu quelle connerie que ça aussi.
« Vas-y reste. »
Je lâche cela avec résilience. Presque certain que cette idée sera aussi stupide que grossière. Néanmoins, il faut que ça bosse, que ça avance. Se tourner les pouces et s'envoyer des piques n'y changeront pas grand-chose. J'ai presque du mal à croire que de nous deux, c'est moi qui prends subitement la décision la plus raisonnable qui soit. La fièvre, c'est ça, je dois commencer à couver quelque chose.
« Ok, je te propose un marché. Tu m'aides et on fait 50/50 sur la réussite. Tu n'auras pas totalement perdu ton enquête et le boss sera content. Je te laisserai même prendre la parole à l'interview . Dis-je en quittant mon siège pour tendre une main avant qu'il ne quitte le bureau. Deal ? »
Et cet effort me coute énormément. Je ne dis pas que Lemoine est un mauvais flic, loin de là. Mais on ne pourra pas nier que nous avons des caractères bien trop différents pour que ça n'explose pas. En fin de compte, le risque n'est pas tant pour l'enquête, mais pour notre santé mentale à tous les deux.
« Et tu me devras une bière, pour te supporter. »
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07.01.22 2:07
Jean-Baptiste Lemoine
Are you f*cki*g kidding me?! Bien sûr qu'il avait des contacts, bien sûr qu'il allait lui mettre des bâtons dans les roues, bien sûr... il fallait être stupide pour penser que Lemoine lâcherait une affaire aussi importante à ses yeux. Qu'importe le temps qu'elle prenait, mais il la menait. Les chefs avaient parfois trop les yeux sur les chiffres, sans comprendre la réalité du terrain. C'était idiot, parce que ce n'était pas en leur mettant la pression, en les montants les uns contre les autres, que les enquêtes iraient plus vite, bien au contraire. Maintenant, c'était dans le camp de Colton de montrer qu'il n'était pas aussi con que l'étaient ceux qui leur donnaient souvent des ordres.
- Dis-toi que ça me ferait presque plaisir. Avec un léger sourire en coin, avant qu'il ne baisse les armes. Parfait. C'est sans doute la phrase la plus intelligente que j'ai entendue depuis une bonne heure. Bon ok, il ne fallait pas trop qu'il pousse, mais il était content de voir que l'autre prenait la bonne décision. S'ils étaient prêts à travailler "main dans la main", peut-être que les choses iraient plus vite.
- Je ne ferai pas de rétention d'informations, promis.
Ce n'était pas tant que Lemoine souhaitait avoir les lauriers d'une enquête réussie, mais quand elle était à lui, elle était à lui. Il observa un instant son "collègue", la main qu'il lui tendait et la prenait alors, pour la serrer.
- Deal. Je te laisserai le plaisir de l'interview. Avec un petit sourire en coin. Il n'aimait pas les journalistes, autant qu'un autre se les coltine. Ouais, si tu ne me tapes pas trop sur les nerfs, je t'en paierai une... Lâchant la main, pour prendre la sortie du bureau. Je te transmets tout ce qui a été "oublié" dans le dossier, ok?
Bien sûr que c'était un serpent, il avait toujours sû garder ses arrières, ce qu'il faisait avec tout. Maintenant, il était important de mettre l'enquête en priorité et le reste serait mis de côté. Enfin, il faudra voir combien de temps ils arriveraient à bosser en équipe, tous les deux.
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