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A la recherche de Vittoria [ft Damia]
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Sitôt assise dans le bus pour Camden, Vittoria sortit son téléphone et regarda le fil d’actualité. Son père faisait la une des Hashtags sur Twitter et le tribunal populaire le descendait en flèche. Elle parcourut tous les messages quand bien même chacun d’eux la faisait souffrir. Elle détestait son père pour avoir trompé sa mère. Elle pensait qu’il n’avait pas commis ce dont on l’accusait, mais, au fond d’elle, elle commençait à se demander si elle le connaissait vraiment. Après tout, avant le divorce, il travaillait tellement qu’ils ne se voyaient que peu. Et depuis le divorce, on ne pouvait pas dire qu’il avait cherché à la contacter. Elle souffrait néanmoins de cet acharnement.

— Victoria, c’est pas là que tu descends ?


Elle tourna la tête vers la rue et reconnut son arrêt. Elle se leva avec précipitation et descendit du bus en abandonnant sa colocataire. Elle n’avait pas eu le temps de lui dire au revoir ni de la remercier, alors, sur le quai, elle pivota sur elle-même pour la saluer de la main.

Elle repartit sans faire attention et percuta un homme pressé.

— Désolé, dit-elle dans un anglais plus que parfait.

Elle avait déjà tourné les talons pour porter son attention à l’entrée de l’université. Elle avait pu s’inscrire, car elle était brillante. Elle parlait couramment trois langues, le français et l’anglais comme ses parents, mais aussi le gaëlique écossais de son père. Elle apprenait encore le mandarin et l’espagnol et se satisfaisait de ne pas avoir choisi l’allemand. Le No-Deals rendait cette langue inutile, car elle aussi, elle avait choisi d’abandonner sa nationalité européenne. Sa nationalité française, plus précisément. Elle bailla, épuisée. Elle avait travaillé jusque tard dans la nuit à livrer des plats pour Asap. Comble de l’ironie, elle travaillait pour ce père qu’elle voulait éviter. Pour dissimuler son identité, elle utilisait le nom de jeune de fille de sa mère et pour son prénom, elle écrivait partout Victoria et personne ne remarquait la petite différence, ce petit “t” remplacé par un “c”. Vittoria s’engagea dans l’université.

*
* *

Vincent avait donné rendez-vous à Damia, la détective, dans le quartier de Camden. Il ne voulait pas mélanger sa vie privée et sa vie professionnelle. Il ne parlait ni de son divorce ni de sa fille au bureau. Il ne parlerait jamais de Jessica, encore moins de Rebecca. La trahison de son épouse, la façon dont ses amis lui avaient tourné le dos dès qu’il avait perdu sa fortune, ces évènements et bien d’autres avaient forgé une carapace le transformant au mieux en homme mystérieux, au pire en un travailleur acharné sans coeur, avide d’argent.

Il hâtait le pas craignant d’être en retard. Il vérifia sa montre connectée, mais il avait oublié de la recharger. Il prit son téléphone portable, l’alluma et percuta une jeune femme. Enfin, il était incapable de dire qui avait percuté l’autre. Elle s’excusa, il en fit de même sans lever les yeux de son téléphone, il ne lui restait que deux minutes pour trouver ce bar.

Il regarda au loin devant lui. Sa grande taille l’aidait, il surplombait les Anglais d’une bonne tête et remarqua ainsi la pancarte de l’ancien pub qu’il recherchait. Avec la prohibition, ce pub s’était transformé en un mix indescriptible entre le salon de thé, un espace de coworking.

Il s’assit à une table et brancha son téléphone qui criait lui aussi famine. Une serveuse, sans doute une étudiante qui ramait pour payer ses études lui demanda ce qu’il voulait boire.

— J’attends quelqu’un. Je vais prendre le journal en attendant.

Il n’avait jamais vu Damia, elle était peut-être déjà là. De toute façon, elle avait précisé qu’elle le reconnaîtrait. Quelques secondes plus tard, la jeune femme lui apportait le journal, avec un grand sourire. Il se promit de lui laisser un pourboire.

Le Times. Manquait plus que ce torchon ! En gros titre, on parlait des coupures d’électricité qui avaient paralysé le métro toute la journée de la veille. Au moins cela lui avait valu une entrevue avec le juge, Léandre Tyler.

Il tourna les pages et remarqua que le Times avait fait un article sur les accusations qu’on portait contre lui. Le Times demandaient pourquoi il n’avait pas encore fourni d’explications à la presse et le journaliste laissait sous-entendre une forme de culpabilité.

— Tant mieux ! dit Vincent amusé que le journal se venge après son interview.

Vincent avait clairement égratigné le Times à l’occasion de sa conférence de presse avec Mildred Bellova. Il allait le refaire qu’il savait maintenant qu’il avait toutes les preuves de son innocence et il organisait son come back. Il descendrait le Times en flèche. Ce journal multipliait les fake news, ou du moins les approximations et il adorait détester ce journal. Il allait adorer remettre les pendules à l’heure.

Il tourna les pages pour aller vers la section économique pour vérifier certains cours boursiers quand il remarqua une femme marchant droit vers lui.
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19.09.21 18:14
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Damia Kapoor

A la recherche de Vittoria
Vincent & Damia

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Simplement vêtue d'un kimono japonais, je suis plantée dans ce que j'appelle mon "vestiaire", une petite pièce confortable située au rez-de-chaussée de mon hôtel particulier, dans la partie consacrée à ma petite entreprise... Lorsque j'ai pris possession de cet hôtel particulier dans Belgravia après ''l'accident" de chasse ayant coûté la vie à mon père, j'ai lancé une vaste rénovation, en transformant cette immense mais sinistre bâtisse remplie d'antiquités tape-à-l'oeil et de peintures à l'huile ternies exposées davantage pour leur prix que par goût des anciens propriétaires en quelque chose de moderne et lumineux, rempli de meubles de créateurs et d'oeuvres d'art contemporaines, gardant quand même quelques touches anciennes. Boiseries et vitraux sont restés mais les tapis d'un autre temps, les canapés inconfortables recouverts de jaquard à fleurs et les abat-jours à pompons ont été revendus... J'ai aussi fait aménager un ''espace de travail composé d'un salon qui accueille le bureau de mon cher assistant, ainsi que mon bureau personnel et cette petite pièce... Autant à l'étage j'ai un dressing abritant mon insolente collection de vêtements et de chaussures, autant ici ce sont mes habits de ''travail", pour mes filatures et autres rôles que je dois parfois jouer pendant mes affaires. On y trouve, soigneusement rangées sur des portants des choses aussi variées qu'un uniforme de police, un tenue d'infirmière, celle d'un coursier à vélo ou d'autres plus suggestives pour les métiers peu recommandables... Je peux passer pour la femme mariée de bonne famille au tailleur Chanel un peu trop strict à l'étudiante d'un claquement de doigts, il suffit de demander et j'avoue que ça m'amuse follement. Depuis toute petite j'ai grandi dans une religion où les dieux se costumaient et c'était normal d'en faire autant, développant un goût qui ne m'a jamais quitté, et qui m'est curieusement utile aujourd'hui... Pour ce soir je dois me faire discrète alors quoi de mieux que de ressortir Gloria, la secrétaire d'une cinquantaine d'années qui rentre d'une longue journée de travail chez Mark's & Spencer et qui n'a qu'une hâte, se faire un plat de corned beef et de Marmite en regardant Downton Abbey pour la troisième fois. Je m'assieds devant ma table de maquillage et me prépare, creuse mes joues, dessine de légères rides, enroule mes longs cheveux noirs sous une perruque bouclée, et pose sur mon nez une vieille paire de lunettes ringardes par-dessus du mascara bleu. Le summum de l'élégance. Je passe ensuite une robe en tweed terne, le genre fond du bac à soldes que personne ne remarque, un manteau informe, un sac à mains ayant connu des jours meilleurs dans lequel je glisse mon magnéto, un petit micro, un appareil photo et une batterie de secours avant de filer.

Mon objectif ce soir est de prouver que l'assistant d'un avocat très connu est un traitre qui transmet des informations confidentielles sur les affaires en cours à la concurrence, moyennant finances, évidemment, et une promesse d'embauche à une place plus élevée dans le cabinet rival. Le problème c'est que mon client n'est pas encore arrivé à le coincer, malgré un logiciel d'espionnage sur l'ordinateur du suspect... je pense qu'il fait fuiter ses documents à l'ancienne, mais la réponse est comment? Et surtout, il m'en faut la preuve... Moyennant un gros pot de vin à la secrétaire de l'avocat rival, cette dernière m'a transmis le lieu d'un certain rendez vous ce soir dans un restaurant de Camden sans préciser le nom. Sûrement mon oiseau... mais je dois le prendre sur le fait.

Venant avant lui je m'installe à l'arrêt de bus en face du restaurant et sors de mon sac un magazine pour femmes que je fais semblant de lire alors que je scrute les alentours. Qui se méfie d'une ménagère attendant le bus? Personne. Au bout de dix minutes il apparaît, comme le nez au milieu de la figure, son costume sur mesure fait sur Saville Row tranchant avec le mélange de touristes et d'étudiants se pressant habituellement dans le coin. Je me lève et m'approche, le bousculant alors qu'il était sur le point d'entrer, laissant mon sac tomber exprès sur le sol.
Vous pouvez pas faire attention vieille pie?
Oh monsieur je suis désolée, vraiment. C'est qu'avec tout ce monde, parfois...
Je m'en fiche de vos excuses. Vous avez de la chance que mon costume n'ait rien sinon je vous collerai un procès aux fesses.
Tant mieux alors, je suis navrée je...


Je me penche pour ramasser mon sac, le voyant passer à côté de moi sans un regard et je me relève en souriant. Parfait, maintenant il a le micro dans sa poche... les choses sérieuses vont commencer. Je rentre quelques instants plus tard et demande à me faire installer juste assez loin pour le surveiller, mais pas trop près pour qu'il ne se méfie pas. J'installe la caméra miniature, dérivée de celles utilisées pendant les opérations des organes internes, dans le repli de la serviette en tissu, une lentille grande comme un petit pois mais qui offre des images d'une qualité surprenante...et je laisse tourner, attendant que son interlocuteur arrive. Et en observant les alentours j'étouffe un juron : Maskill, que je devais voir dans une demi heure, est déjà là. Ou alors j'ai fait une erreur en notant l'heure de notre rendez-vous quand je lui ai demandé de me retrouver ici, pour faire d'une pierre deux coups? Il va falloir faire vite.

Heureusement la chance est avec moi, et je vois le client du traître entrer et s'installer face à lui. J'aime quand on va droit au but, sans autres formes de procès... Je lance l'enregistrement du micro comme de la caméra et j'écoute tout grâce à ma petite oreillette. La discussion est sans équivoque, il passe à son rendez-vous un journal soigneusement roulé et dit à haute voix que ce qu'il cherche est à l'intérieur, et que de tels documents mériteront sa promotion. C'est Noël avant l'heure! Une fois que j'en ai assez, au bout de cinq minutes à peine, l'avocat rival se lève et part, emmenant le journal avec lui. J'arrête les enregistrements, range le tout dans mon sac et me lève, me dirigeant vers Maskill. En passant, je récupère mon mouchard en faisant mine de m'appuyer sur sa chaise pour m'aider à passer, et m'assieds en face de mon autre rendez-vous.

Souriant, j'ôte mes lunettes, les affreuses boucles d'oreilles clinquantes pendues à mes lobes, et enlève ma perruque, laissant mes cheveux cascader sur mes épaules.

Bonsoir monsieur Maskill. Je m'excuse de ce léger retard mais comme vous pouvez le remarquer, j'ai eu une mission qui m'a pris un peu plus de temps que prévu... Veuillez excuser la tenue, par la même occasion, je ne me montre pas si... "débraillée" avec mes clients, surtout quand c'est un premier rendez-vous. Alors dites-moi, si vous m'en disiez plus sur votre affaire?

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Damia Kapoor
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20.09.21 19:33
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À son arrivée, il referma son journal et se redressa légèrement.

— Bonjour Mademoiselle, Kapoor, C’est MacAskill, Vincent MacAskill.

Il rectifiait son nom en insistant sur les syllabes qu’elle avait oubliées. En toute franchise, Damia Kapoor ne donnait pas une bonne image d’elle-même. La brillante démonstration de sa façon de mener son enquête avait échappé à Vincent, absorbé qu’il était dans son journal. Vincent faisait preuve d'une certaine mauvaise foi, car il n'avait laissé son nom que sur un messagerie de répondeur. Ces systèmes ne sont pas réputés pour leur qualité sonore. Vincent appréciait la ponctualité et n’aimait pas faire face à une collègue, un partenaire, un associé qui ne semblait pas prêt. Intransigeant avec lui-même, Vincent avait ce fichu défaut d’exiger cette même intransigeance dans les gens qu’il côtoyait. Pour le travail du moins. C’est pour cela qu’il appréciait autant cotoyer des femmes telles que Jessica ou Rebecca. Et sans Damia quand il découvrirait son professionnalisme.

— Deux affaires, en fait, précisa-t-il ensuite. La première, la plus importante, la seule qui compte vraiment concerne ma fille Vittoria MacAskill. Il y a quatre ans, j’ai perdu mon divorce. Je n’aurai pas pu obtenir la garde de ma fille, de toute façon. Elle avait 16 ans à l’époque, elle était en âge de choisir et avec l’adultère…

Vincent détailla rapidement les circonstances du divorce et le départ de son ex-femme avec sa fille pour Paris. À aucun moment, il n’eut le moindre mot pour se défendre ou nier cette culpabilité. Certes, il n’avait jamais trompé sa femme, mais il n’avait pas pu prouver le complot qu’elle avait orchestré avec son assistante, à l’époque. Alors, il avait accepté cette situation et, quelque part au fond de lu, il en avait même accepté la culpabilité aussi fictive fût-elle.

— Ma fille étant majeure, les notions de droit de garde et de droit de visite n’existent plus. Mon ex-femme ne répond pas au téléphone, elle refuse de me passer ma fille. Je paie toujours l’abonnement téléphonique de ma fille, mais c’est un contrat anglais. J’ai demandé la facture détaillée, aucune communication entrante comme sortante. Elle n’est inscrite dans aucune faculté parisienne. J’en suis même venu à appeler les hôpitaux de Paris et j’ai même demandé son extrait de naissance afin de savoir si elle était toujours en vie ou non...

Les faits exposés, la mission n’avait pas besoin d’être explicitée. Il fallait retrouver la fille de Vincent ! Tout en parlant, il avait sorti un dossier avec les factures détaillées de téléphone, l'adresse de son ex-épouse et quelques contacts qui avait connus Vittoria.

— Je voudrais reprendre contact avec elle. Je n’ai pas été un père exemplaire. C’est une grossière erreur de ma part.

Après ce laïus, Vincent se tût pour écouter Damia. Si l’affaire l’intéressait, il lui parlerait sa doute de Lord Crawley voire même d’une troisième affaire qui le préoccupait aussi.
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06.10.21 12:38
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Damia Kapoor

A la recherche de Vittoria
Vincent & Damia

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Pendant une seconde, j'étais sûre que la malchance jouait contre moi, avant de finalement me rendre compte que les choses ne s'emboitaient peut-être pas si mal. Après tout, maintenant que j'avais repris le micro et que dans mon sac à main se trouvaient toutes les preuves nécessaires pour faire tomber la taupe, débarquer devant lui costumée et me révéler pourrait jouer en ma faveur et même l'impressionner, en lui faisant une démonstration flagrante de mes capacités de camouflage. Et dire que j'ai pris plus de temps pour me préparer que pour effectuer ma mission, c'est dire... Enfin, après m'être décidée, et pour éviter le fait que mon nouveau client perde patience ou s'insurge déjà de mon retard je marche droit vers lui et m'assieds sur la chaise lui faisant face, me dévoilant dans un mouvement théâtral et totalement maîtrisé. On est douée ou on ne l'est pas non? Alors autant le lui montrer ici et maintenant, histoire de ne pas lui faire regretter de m'avoir contactée. On m'a toujours dit que la première impression était la plus importante.

Les clips d'oreille un peu voyants, les lunettes de vue et la perruque disparaissent dans mon sac qui contient ma tenue de rechange ainsi que des chaussures moins horribles que celles bon marché et démodées que j'ai aux pieds alors que je guette son visage. Pourtant, là où je m'attendais à voir de la surprise, de l'amusement ou une pointe d'admiration, le voilà qui me répond comme si tout ce qui venait de se passer était normal. Eh bien monsieur Maskill, vous voyez souvent des femmes changer radicalement d'apparence sous vos yeux? Enfin si c'était le cas je commencerais à me poser des questions... L'homme a l'air de n'être pas né de la dernière pluie, ou être anglais jusqu'à la moindre fibre de son ADN et afficher un flegme à toute épreuve même s'il voyait un dinosaure passer devant lui dans la rue ou s'il se mettait à pleuvoir des comètes. Fort bien, vous voulez jouer à ça, jouons le professionnalisme.

Enchantée monsieur MacAskill. Une fois que vous m'en aurez dit un peu plus, j'irai passer une tenue qui me correspond un peu plus...

Posant mon menton dans ma main, mon coude reposant sur la nappe bien repassée de la table, je commence à l'écouter, lui montrant qu'il a mon attention pleine et entière. Je sais à quel point c'est important, dans un premier temps, de montrer à son client qu'il est le centre de mon univers le temps que nous allons passer ensemble, et que je ne m'occupe que de lui et rien que de lui. Et comme je ne le connais pas, je ne sors pas encore mon calepin qui m'accompagne toujours et dans lequel je prends toutes mes notes importantes. Notes qui chaque soir sont ôtées du carnet et tapées sur mon ordinateur personnel, un des pc les plus sécurisés de tout le Royaume Uni grâce à mon cher as de l'informatique, histoire de ne jamais avoir trop de données compromettantes sur moi en même temps. Et voilà donc la vie de ce cher Vincent étalée devant moi alors même que je n'ai pas eu le temps de me commander un verre. On balaie rapidement les passages non importants pour nous concentrer sur un adultère, un divorce et une fille qu'il ne voit plus. Bon, au moins il admet clairement ses torts et ne tente pas de se donner le bon rôle, ce que je déteste. J'aime les gens honnêtes. Et puis je dois avouer que j'ai toujours de la sympathie pour les parents qui se montrent sincèrement soucieux du bien être de leurs enfants, sans doute à cause de mon père qui a tourné les talons sans un regard en arrière quand son contrat s'est achevé en Inde et qui n'a plus jamais donné signe de vie. J'ose l'interrompre pour la première fois après qu'il m'ait révélé être allé jusqu'à contacter l'administration française pour savoir si sa fille était toujours en vie.

Je comprends votre inquiétude en effet... dans un premier temps, c'est une question idiote je sais mais avez vous tenté de prendre de ses nouvelles via les réseaux sociaux? Ou au moins savoir comment elle allait et où elle était au travers de ce qu'elle postait? Même si ça n'est pas une certitude qu'elle reprendra le contact par ce biais, au moins cela vous permettra de savoir ce qu'elle fait, ce qu'elle devient, et de vous tenir un peu informé par procuration si je peux dire...

Il sort de son sac un dossier qu'il dépose devant moi et je le feuillette rapidement. Ce qui est contenu est une bonne base de travail mais je ne veux pas non plus le bercer d'illusions et de promesses.

Cela me sera utile, mais au vu de cette histoire et de ce que vous me dites, à aucun moment je ne peux promettre que votre fille reprendra contact avec vous. C'est une jeune adulte qui a sa vie et qui est libre de ses choix, dont celui de vous reparler ou non. Ce que je peux vous promettre est déjà de me renseigner sur elle, de vous dire où elle vit, ce qu'elle fait, quelle est la vie qu'elle mène et quelles sont ses habitudes. Je peux même aller lui parler et essayer d'intercéder en votre faveur, mais à aucun moment je ne l'obligerai à quoi que ce soit. Ou alors je peux vous la ramener dans votre salon, mais c'est d'un autre type de contrat dont nous devons parler, et d'autres tarifs... Dans une semaine j'aurai déjà des éléments à vous communiquer. Qu'en dites-vous?

Etant donné qu'il n'a pas eu la courtoisie de me proposer à boire autant que je m'en occupe moi-même et je fais signe au serveur lorsqu'il passe à proximité, lui commandant un cocktail sans alcool -foutue prohibition- avant de me tourner à nouveau vers mon client.

Et vous aviez parlé de deux affaires... je vous écoute, si vous souhaitez en parler bien sûr...

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02.11.21 12:29
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Vincent l’écouta et la regarda se transformer quelque peu. Elle semblait finalement professionnelle. Il inspira, donna ses explications, exprima ses besoins et remarqua qu’il avait toute l’attention de son interlocutrice. Le dossier remis, elle lui fit part des possibilités. Il commenta les premières recherches qu’il avait faite sur Internet. Rien d’illégal, la création de comptes anonymes sur les réseaux sociaux, des affiliations avec son ex-femme pour chercher sa fille dans les contacts de son ex. Tout cela n’avait rien donné.

Néanmoins, Vincent remarqua qu’elle pouvait lui apporter quelqu’un sur un plateau d’argent et cela ne lui échappa à aucun moment. Il y avait toujours le bien et le mal qui se battait en lui. D’un côté l’homme brillant, modèle et qui ne déviait pas de la route de la justice et de l’autre, cette voix qui lui expliquait combien il serait plus loin déjà dans la vie s’il se laissait aller à quelques digression avec les lois d’un empire qu’il ne respectait plus depuis longtemps.

— Je prends bonne note de vos capacités. Pour le moment, je voudrais déjà savoir si elle est en vie. Ensuite, si elle va bien, où et comment elle vit, mais je ne souhaite pas que vous intercédiez en ma faveur. Il s’agit de ma fille et j’agirai moi-même. Si elle ne souhaite plus me revoir, elle ne me reverra plus.

Il lui confirma ensuite qu’il aimait son approche.

— Très bien, ne prenez pas contact avec elle directement et dites-moi ce que vous avez appris la semaine prochaine. C’est parfait.
— Et vous aviez parlé de deux affaires... je vous écoute, si vous souhaitez en parler bien sûr…
— Oh oui…

Un sourire trahit les sentiments de Vincent, il appréciait la perspicacité et l’attention de son interlocutrice.

— Il s’agit du baron Crawley. Il possède une fortune personnelle et des entreprises d’armement. Je me suis procuré ses livres de comptes.

Rien d’anormal, son entreprise est obligée de les publier, seuls quelques échanges sont secrets sur la quantité d’armes acheté par le royaume et touti quanti.

— Cette entreprise ne peut pas subsister normalement. Elle aurait dû faire faillite plusieurs fois. Le baron l’a bien renflouée plusieurs fois, en essayant d’être discret pour ne pas éveiller les inquiétudes des autres actionnaires.

Le baron avait fait cette erreur de laisser son entreprise cotée en bourse. Il ne lui était pas difficile d’en garder les rênes, car il gardait bien sûr la majorité des actions. Néanmoins, chaque fois qu’une recapitalisation était lancée, il devait lui aussi reverser de l’argent de sa poche. Pour garder cette fichue majorité. Et Vincent, comme son expert-comptable avait flairé quelque chose de louche.

— Mais il y a certaines choses qui clochent. Je voudrais que vous enquétiez aussi là-dessus, mais seulement après les recherches sur ma fille. C’est elle la priorité. Cherchez d’où viennent ses financements. Je sais à quel point sa fortune personnelle est étendue, mais son entreprise brasse trop d’argent pour qu’il puisse le faire indéfiniment. Je voudrais que vous me communiquiez aussi tout ce qui pourrait le discréditer. Maîtresse, amant, etc.

Il avait désormais compris que Damia Kapoor avait bien le sens des priorités et qu’elle saurait respecter ses demandes.
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04.12.21 16:56
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Damia Kapoor

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Vincent & Damia

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Quand je rencontre un client pour la première fois, il y a toujours ce petit effet de surprise, et de me demander quelle est l'affaire dont il va me parler. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point l'éventail de ce qu'on peut attendre de moi est varié, c'est sincèrement surprenant : il y a les classiques histoires d'adultère, ou de l'espionnage industriel, parfois des filatures pour faire coincer d'autres personnes, comme un rival ou quelque chose de ce genre là. J'ai aussi été engagée pour pirater des documents personnels, entrer dans des ordinateurs, espionner des conversations en ligne. J'ai aussi parfois dû jouer l'appât, que ce soit en ligne, me faisant passer pour une gamine de treize ans histoire de faire tomber un pédophile, enquêter sur la validité d'un chien touchant un héritage et que sais-je encore... J'aime cette routine, cet inattendu, bien que cela m'oblige souvent à plonger à pieds joints dans ce que l'humanité a de plus sombre et glauque... Et ne pas se laisser entraîner, même si on y nage tous les jours.

Et voilà donc mon peut-être nouveau client qui souhaite avant tout renouer le contact avec sa fille perdue. C'est vrai que c'est assez courant, les histoires de parents qui, lors d'une séparation, essaient de monter l'enfant contre l'autre parent, profitant du fait qu'il soit jeune et influençable... C'est terriblement triste et injuste : un gamin n'est pas un trophée, ou quelque chose dont on doit obtenir la garde pour prouver au monde qu'on vaut mieux que son ex... Je méprise totalement les gens qui font ça et j'avoue que l'entendre me parler de sa situation, sans jouer la carte des larmes, de la culpabilité ou de tout rejeter la faute sur son ex compagne joue en sa faveur. De plus, ce qu'il demande est clairement de l'ordre du faisable et respectueux de sa fille. Il semble lui laisser le choix, attendant de moi de surtout faciliter les retrouvailles, mais le reste dépendrait de lui. Bien. Dans mes cordes. Je lui expose clairement ma façon de procéder et ce qu'il peut attendre de moi avant de le laisser répondre.

Parfait. Vous aurez des nouvelles de ma part dans quelques jours, le temps que je me mette sur le coup et retrouve sa trace.

Pourtant nous venons de parler d'une affaire, alors qu'il en a mentionné deux, et je lance donc les hostilités pour en apprendre davantage pour la deuxième. Qu'est-ce que cela peut bien être? Ma curiosité est piquée au vif et c'est avec un réel intérêt que, pendue à ses lèvres, j'attends qu'il me livre la suite de notre entretien. Et j'ai du mal à cacher ma surprise quand le nom du Baron Crawley est prononcé. C'est un de mes clients, et il va falloir que je fasse attention à ce qu'il n'y ait aucun conflit d'intérêt... Car si Maskill semble être un homme d'affaires aisé, le baron fait partie de l'aristocratie britannique et a beaucoup plus de pouvoir et de connections que lui... Il va falloir peser le pour et le contre pour voir envers qui ira mon allégeance (et par là je veux dire mon portefeuille et mes talents) s'il y a besoin de choisir. Une seconde plane après qu'il ait parlé, pour que je sois bien sûre de ce qu'il attend de moi, avant de répondre.

Bien... dans un premier temps je dois vous prévenir : je travaille aussi pour le baron Crawley, et ce depuis plusieurs années. Pourtant en affaires, je suis neutre. Ce que vous me demandez ne va pas à l'encontre de mes principes, mais je vais mettre quelqu'un d'autre sur le coup. Ainsi, s'il y a une combine frauduleuse dans la gestion de ses affaires, mon nom ne sera pas associé à tout ça. Je peux organiser un plan d'actions et vous le soumettre dans quelques jours, le temps que je passe quelques coups de fil. Si ça vous convient, je lancerai la procédure mais mon nom ne devra jamais être cité, je serai très claire là-dessus. Je ne suis pas la baby sitter de mes clients, et je ne leur dois pas une loyauté sans bornes, à part quelques rares exceptions. Si le baron a mal géré ses comptes, que ça arrive par moi ou quelqu'un d'autre, ça m'est égal, mais je ne pourrai pas travailler pour lui afin d'étouffer le scandale. Et à l'avenir, si on retravaille ensemble, la réciproque sera vraie aussi. Je préfère être claire là-dessus. Je ne peux pas me permettre de défendre aveuglement mes clients, de une parce que je ne suis pas avocate, et de deux, parce que dans le monde dans lequel on évolue, tout le monde finit par se tirer dans les pattes à un moment ou à un autre. Et dans ce cas je ne veux être que dans un seul camp : le mien. Sommes nous d'accord monsieur Macaskill?

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26.12.21 19:25
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Savoir qu’elle travaillait aussi pour le baron ne surprenait pas vraiment MacAskill. Damia Kapoor lui avait été recommandée par des personnalités renommées. Qu’elle en fasse l’aveu était honorable et surprenant. Vincent l'écoutait religieusement tout du long de son exposé.

Ses méthodes lui convenaient, mais il aurait préféré que ce soit elle qui s’en charge en personne. Ça l’ennuyait, car il recherchait la meilleure. Il pesa le pour ou le contre. Il n'avait guère le choix de toute façon, car elle semblait du genre : c’est à prendre ou à laisser. Et puis, de toute façon, cela lui assurait que la priorité serait donnée à la recherche de sa fille.

— Bien. De toute façon, si la police venait à me le demander, officiellement, je ne vous ai embauché que pour retrouver ma fille. Et le fait que je vous paye le double du prix habituel, c’est sans doute parce que je suis un piètre homme d’affaires.


Le bruit d’un verre renversé attira l’attention de Vincent. Une cliente en avait visiblement marre que son petit ami reluque les fesses d’une des serveuses. La scène de ménage passé, Vincent reporta son attention sur la détective.

— Cela me convient, mais j’ai une demande expresse : en aucun cas, vous ne déléguez la recherche de ma fille. Je le redis, des deux affaires, c’est celle-ci qui a la priorité.


La porte du restaurant failli sortir de ses gonds après le départ de la cliente énervée par son (ex-)compagnon.

— Parlons de vos tarifs, s'il-vous-plaît.
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29.12.21 15:57
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Damia Kapoor

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Je suis bonne, très bonne même dans ce que je fais. Après des années à évoluer dans ce milieu, à louvoyer entre show biz et finance, aristocratie et politique j’ai réussi à gagner assez d’expérience pour savoir précisément ce que je veux et ce que je vaux. J’ai établi des contacts, fait de mauvais choix parfois, mais maintenant je connais tous les rouages de cet univers de l’ombre dans lequel j’évolue, les codes et les règles, tacites et sous entendus la plupart du temps, et s’il y a bien quelque chose que j’ai retenu de tout cela, c’est que je ne peux faire confiance à personne, et que je ne dois placer ma loyauté dans aucun être humain à part moi.

C’est pour ça que je joue d’emblée la carte de l’honnêteté, qualité qui m’est aussi reconnue, lorsque MacAskill m’expose ce qu’il attend de moi. Dans mon métier je suis forcément obligée de travailler avec plusieurs clients, déjà parce que même si certains sont assez riches pour me payer à plein temps, je ne voudrai jamais être une simple employée redevable, et que les gens susceptibles d’embaucher un détective privé, surtout un détective de ma trempe ne sont pas légion… Et j’ai pris mon parti de ne favoriser aucun comme de n’en mépriser aucun non plus… La seule limite que je donne à mes services est si c’est un crime de sang - et encore, dans certains cas je peux encore comprendre- mais tout ce qui touche au viol, à la pédophilie, aux violences conjugales ou à la maltraitante en général. Là je ne vais pas lever le petit doigt pour sortir mon client de la merde, parce que c’est suffisamment grave pour que, s’il est allé juste que là, il en paie le prix.

A ma grande surprise, mon futur client prend la chose plutôt bien. Ils sont nombreux à s’énerver, rugir, ordonner et faire des scandales quand ils n’ont pas ce qu’ils veulent, tels des enfants gâtés à qui on aurait confisqué la sucette… lui a l’élégance de garder son calme et de comprendre. Un bon point. J’éclate de rire à la fin de sa conclusion, et hausse une épaule en glissant une mèche de cheveux derrière mon épaule.

Allons… si les résultats sont deux fois meilleurs que ceux de la concurrence, est-ce vraiment de l’argent perdu ou un mauvais investissement?

Une dispute éclate à une table non loin et je l’observe quelques secondes, trop habituée à ce genre de scène pour y prêter vraiment attention, reposant mon regard sur l’homme d’affaires. Et je hoche la tête quand il me rappelle mes objectifs.

Rassurez-vous, tout ça est très clair, et je vous promets que je vais me mettre personnellement à sa recherche. Je vais me mettre au travail dès demain et vous aurez des informations bientôt.

Je sursaute quand une des deux personnes impliquées dans la dispute claque violemment la porte et un silence de mort règne dans le restaurant pendant de lentes secondes avant que le brouhaha habituel ne reprenne. J’ai un léger rire en entendant sa dernière question, et tout en répondant j’attrape mon sac dans lequel je glisse mes quelques effets posés devant moi sur la table.

Monsieur MacAskill, je pense que nous pouvons nous passer de la discussion de vendeur de tapis. Si vous avez fait appel à mes services, c’est que vous savez déjà que vous avez les moyens de vous les offrir, et vous savez également que je ne facture que le nécessaire. Laissez-moi carte blanche et je vous enverrai mes honoraires une fois votre fille retrouvée, ou tout du moins quand j’aurais remonté sa trace. Je reviens vers vous très vite, avec de bonnes nouvelles j’espère. En attendant, je vous souhaite une bonne soirée!

Manteau sur l’épaule, sac au creux du coude je me relève après avoir repris une gorgée de mon verre et file sans un regard en arrière. Je retrouve ma bien aimée Jaguar qui file dans un ronronnement de félin domestique et hors de prix dans les rues animées de Londres jusqu’à mon hôtel particulier.

Quelques semaines plus tard

Assise sur un banc en face des bureaux de l’homme d’affaires, gobelet de café dans une main, journal ouvert sur mes genoux et lunettes de soleil de couturier sur le nez j’observe l’agitation de la rue, plus précisément la porte d’entrée de l’immeuble. Midi dix, il sort. Il a un déjeuner d’affaires, sa secrétaire me l’a dit. D’ailleurs le déjeuner d’affaires, c’est avec moi mais il ne le sait pas d’accord. Ainsi il n’aura même pas besoin de mentir quant à son emploi du temps ou justifier un faux rendez-vous. Ne jamais laisser de traces quand on peut faire autrement… Je le suis donc jusqu’au restaurant où il est censé attendre son futur client, à deux pas, et une fois qu’il s’est installé, je pousse la porte à mon tour, cette fois dans ma tenue habituelle qui tient en une robe de haute couture sur le dos, escarpins hors de prix aux pieds et longs cheveux lâchés, loin de ma tenue de vieille secrétaire démodée que j’ai portée l’autre fois. Je vois qu’il est surpris lorsque je viens m’asseoir en face de lui, sourire aux lèvres.

Ne vous en faites pas je ne prends la place de personne, c’est moi votre rendez-vous. Alors, êtes vous curieux de savoir ce que j’ai trouvé?

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Damia Kapoor
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10.03.22 21:11
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Vincent regarde sa montre. Il n’est pas en retard, mais pas en avance non plus. Alors, il presse le pas pour ce déjeuner d’affaires. La simple idée de son interlocuteur lui coupe l’appétit. Pas grave, cela fera du bien à sa ligne. Avec l’âge, il prend du poids et veut se ressaisir pour séduire toujours un peu plus Rebecca. En arrivant dans le restaurant, il remarque qu’il a légèrement transpiré de cette marche rythmée. Alors, il se rend aux toilettes pour se rafraîchir un peu le visage.

Chose étonnante à Londres, quand on s'essuie le visage, une suie immonde vient recouvrir le tissus de la serviette de toilette. Pourtant cette pollution ne choque personne, surtout en ce moment avec la hausse des prix. Comme il s’y attendait, le cours du charbon augmente un peu avec les menaces de grève, car les centrales à charbon augmentent leur stock en prévision. Cela ne fait pourtant pas réagir la population, seul l’approvisionnement, la fin des coupures d’électricité semble compter. La suie sur les vêtements, la crasse de Londres, les maladies qui en découlent semblent être invisibles aux yeux des Londoniens. Après chaque week-end en Écosse, ce sentiment étrange mêlant dégoût et dédain l’envahit.

Frais et disponible, il revient à sa table et s’installe. Face à lui une femme s’installe et le rassure immédiatement. Qui est-elle ? Qu’est-ce que cette histoire ? Il met quatre longues secondes avant de reconnaître Damia Kapoor !

— Eh bien ! Quelle métamorphose !

Il se demande avec amusement qu’elle est la vraie Damia. Lequel des deux personnages il a rencontrés est le plus proche de la véritable Damia Kapoor ? Si tant est que ce soit son vrai nom.

— Oh oui ! des nouvelles de ma fille ?

Et pour le coup, il a totalement oublié cet arriéré de conservateur qu’est Lord Crawley.
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23.03.22 20:58
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Damia Kapoor

A la recherche de Vittoria
Vincent & Damia

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Quand on a un métier comme le mien on est constamment en train de marcher sur une corde raide : il faut s'avoir s'entourer de gens de confiance alors que dans mon monde, je ne dois faire confiance à personne. C'est pour ça que les rares personnes avec qui je travaille et à qui je confie des missions d'ampleur dont des gens sur qui j'ai du pouvoir ou un moyen de pression. Mon secrétaire, Ahrun, est un ami de ma famille, et si jamais ses proches en Inde apprenaient qu'il m'avait trahi, qu'il avait rompu un accord passé entre nous et s'était couvert de honte en se retournant contre la femme qui lui avait donné du travail, il ne pourrait jamais plus rentrer. C'est le cas aussi de mon informaticien préféré, qui est maintenant devenu un ami, génie des réseaux informatiques, homme au doigts d'or à qui peu de codes résistent, et qui a aussi accompli assez de méfaits sur la toile pour atterrir directement en prison si les bonnes données arrivaient aux bonnes personnes. Est-ce que c'est horrible? Oui. Mais ce sont les affaires et je traite avec des gens horribles.

Enfin, mon allié, une fois lancé sur la piste, est petit à petit remonté dans la vie de Victoria, et j'ai passé de longues heures à éplucher des conversations par SMS ou par mail à ses amis, devant parfois utiliser un traducteur quand elle communiquait en italien ou en français, mais petit à petit les pièces du puzzle se sont mises en place. C'est drôle tout ce qu'on peut obtenir simplement en fouillant dans le portable ou l'historique de navigation de quelqu'un : l'état de ses comptes en banques (pas fameux), ses notes à l'université (bonnes) ses historiques d'achat (nourriture italienne et hamburgers) et l'état de ses relations avec sa famille (mauvaises, a coupé les ponts avec sa mère). J'ai l'impression de la suivre via les photos qu'elle poste, les vidéos qu'elle regarde, comme si j'étais assise dans un coin de son salon ou que je marchais derrière elle dans la rue. Une impression très étrange mais à laquelle on s'habitude pourtant, comme tout en fait. Petit à petit je remplis un dossier avec tout ce que j'ai réuni et quand j'estime en avoir assez, je provoque un faux rendez-vous avec l'industriel qui par chance, mord sans se poser de questions et m'attend sagement au restaurant.

Je ris lorsque je vois qu'il comprend enfin ce qui se passe et qui je suis, et sors de mon sac à main hors de prix une chemise cartonnée que je dépose devant lui.

Le gros est ici... votre fille est à Londres et fréquente bien l'université, même si elle a coupé les ponts avec sa mère semble-t-il. Elle utilise un pseudonyme sur les réseaux sociaux, qui n'est ni votre nom ni celui de votre ex-femme, mais elle mène la vie banale d'une étudiante fauchée qui a parfois du mal à joindre les deux bouts. Elle réussit bien à ses examens et est sérieuse même si elle se réserve des moments pour faire la fête et profiter de sa jeunesse. Pour être honnête, j'ai épluché sa vie informatique pour arriver à ce bilan, mais ce que j'ai découvert restera entre vous et moi, bien évidemment. J'ai toutes ses archives d'emails, de messages privés et d'échanges de textos sur une clé USB si vous en voulez plus, mais ce que j'ai là peut déjà suffire à vous donner une idée. Et sur la première page vous trouverez son adresse, son mail et son numéro de téléphone... J'espère que c'est ce type d'informations que vous souhaitiez ou vous voulez que je creuse plus loin?

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Damia Kapoor
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Les tracas du quotidien de Vincent s’étaient effacés à l’annonce de la nouvelle.

— Londres ?

Il leva les mains comme pour s’excuser d’avoir ainsi interrompu Damia et il la laissa poursuivre. Des flots de questions l’envahissaient et résister à la tentation de poser d’autres questions devint difficile. Néanmoins, Damia parlait rapidement et posément. Il buvait sa synthèse.

— Fauchée…

Cela le désolait et lui faisait plaisir. Désolé qu’elle soit fauchée, désolé qu’elle n’ait plus le soutien de sa mère, satisfait qu’elle ait trop d’orgueil pour demandé de l’aide et satisfait qu’elle ait eu l’intelligence de ne pas abandonner ses études. Un sourire se dessina sur ses lèvres.

— C’est bien plus que ce que j’espérais.

Il ouvrit la première page du dossier et mémorisa l’adresse et le numéro de téléphone comme si quelqu’un pouvait lui voler. Il glissa la main à l’intérieur de sa veste, pour en sortir son téléphone. Il ne voulait pas appeler Vittoria aussitôt. Il allait réfléchir à la façon de reprendre contact, avec le plus de douceur possible. En revanche, il mourrait d’envie de de prévenir Rebecca.

Il changea d’avis et éteint l’écran de son smartphone.

— Merci beaucoup.

Il avait complètement oublié Lord Crawley et pour le moment personne ne le lui rappelerait.

— Si vous connaissez quelqu’un aussi doué que vous qui pourrait m’apprendre en quelques heures à être un bon père, je serai bien preneur.

Il réalisa la stupidité de sa remarque après avoir parlé. Cela ne lui ressemblait pas. Oh, il n’avait pas honte de poser cette question. Il se trouvait stupide, car il avait la réponse. Rebecca était l’exemple à suivre. Un divorce, une fille indépendante et avec une belle personnalité. Pourtant, elle avait réussi. Il allait l’appeler et lui en parler dès ce soir.

Malheureusement, sa soirée allait se terminer sur une série de coups de feu à l’ambassade et bouleverserait totalement ses plans ainsi que sa psyché.

Ignorant son avenir, Vincent gardait le sourire et proposa à Damia de déjeuner “vraiment” avec lui. Peut-être aborderait-elle le sujet de Edward Crawley, sinon, après un silence sans doute que cela lui reviendra à l’esprit et qu’il entamera la discussion. Quelque part, il voulait faire tomber en disgrâce ce conservateur pour le mal qu’il avait fait à une amie.
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10.05.22 18:31
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Vincent & Damia

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J'avoue que je ne suis pas peu fière à la fois de ma façon d'apparaître ainsi devant lui alors qu'il ne s'y attend pas, et de comment j'ai récupéré toutes les informations sur sa fille aussi vite. Alors oui, ce n'est pas pour me jeter des fleurs mais les clients fonctionnent aussi selon leurs impressions et leur donner un peu de spectacle, un peu de surprise ne fait qu'enfoncer le clou et confirmer que je suis une bonne, très bonne détective même. Et une partie de moi se dit aussi que j'ai raté ma vocation et que j'aurais du faire comédienne... ou magicienne. J'aurais peut-être réussi à percer, qui sait ? Enfin, je m'amuse de mon petit tour en apparaissant ainsi devant ce cher monsieur MacAskill, et lui annonce fièrement le fruit de mes recherches. Et mon sourire s'agrandit quand je vois la surprise se lire de plus en plus sur son visage, comme si chacune le surprenait davantage que la précédente. Que croyais tu mon cher? Il faut bien que je justifie mes honoraires, et je ne suis pas la meilleure détective de Londres, voire de Grande Bretagne pour rien !

Après avoir fini mon petit discours, comme le prestidigitateur qui range son lapin je me rassieds en arrière et bois une gorgée d'eau qu'un serveur a posé devant nous quelques minutes auparavant. On dirait qu'il lui faut quelques secondes, quelques longues secondes pour tout digérer, et j'imagine qu'après plusieurs années sans nouvelles de sa fille, apprendre autant de choses d'un coup peut être brutal, ou au moins intense... Mais il a l'air de le prendre plutôt bien, hésitant même une seconde, son portable en main avant de le ranger. J'ai un léger rire en entendant sa demande tout en secouant la tête.

Vraiment monsieur MacAskill, je suis la personne la moins bien placée pour vous donner des conseils là-dessus. Mon père est parti quand j'étais jeune, je n'ai donc pas vraiment de compétences pour vous aider à renouer... Cependant, si vous le souhaitez, je peux vous trouver un coach familial ou un thérapeute... Tant qu'il s'agit de chercher quelque chose, c'est dans mes cordes!

A ma grande surprise, mon client m'invite à partager le déjeuner, si déjà nous sommes là, et je dois dire que cette proposition me plait. C'est charmant même, surtout que la compagnie de l'homme d'affaires ne semble pas trop désagréable, pour le peu que j'en ai aperçu. J'accepte et après avoir choisi une salade et une San Pellegrino je me rappelle de l'autre affaire qu'il m'a demandée.

Au fait, quant à monsieur C, j'ai aussi commencé des fouilles mais j'en suis au tout début de mon enquête... J'ai réussi à obtenir les chiffres de sa boite et ses bilans sont actuellement entre les mains d'un comptable de confiance qui est en train de les éplucher soigneusement. S'il y a la moindre irrégularité, il le verra. A moins que ses comptes n'aient été truqués avant d'être dévoilés, ce qui sera une autre paire de manches ...

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25.05.22 17:37
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Le sourire de Vincent s’effaçait petit à petit. Plus on parlait de Crawley, plus son coeur se serrait. Vincent détestait Crawley moins pour ce qu’il avait fait que pour ce que lui, Vincent, serait devenu sans son divorce. Vincent projetait son moi-profond dans le reflet de Crawley. Vincent n’était ni misogyne ni sexiste comme cet homme, mais il serait devenu aussi cruel que lui en affaire s’il n’avait pas divorcé. Quelque part, Crawley rappelait à Vincent combien il aurait été faible s’il était resté avec son épouse.

Elle le façonnait trop, son influence n’avait pas semblé avoir de limites et Vincent vivait mal cela. Il ne se le pardonnerait pas et projetait ses erreurs sur cet adversaire. Quoiqu’il en soit, il détestait ce bourgeois en mal de noblesse. Violet avait été un pion pour Crawley, comme Vincent avait été un pion pour son ex-femme. La vengeance, la haine, le désir de justice motivait les actes de Vincent.

— Vous ne trouverez rien dans ces comptes publics des sociétés principales. S’il a des opérations frauduleuses, elles auront lieu sur les sociétés écrans qu’il possède. Vous pourrez en trouver la trace grâce aux Panama Papers.

Il avait déjà des éléments sur ce point. Il ne doutait plus de la compétence de Doria, mais il voulait lui éviter de refaire le travail qu’il avait déjà fait lui à ses heures perdues dans les avions.

— Ce soir, je déposerai dans la poubelle du parking un dossier avec les éléments que j’ai déjà trouvés. J’espère qu’ils vous serviront. Mais essayez aussi de chercher du côté de ses déviances sexuelles. J’ai eu plusieurs échos selon lesquelles il aurait une attirance sexuelle pour des asiatiques mineures. Il m’en faudrait la preuve. Je n'attaquerai pas sans preuves en béton.

Vincent ignorait si cette rumeur était fondée ou non. Il n’en avait pas parlé lors de leur précédent entretien, car personne ne corroborait cette rumeur. Personne à l’époque, mais c’était la seconde fois que des ennemis de Crawley lui rapportaient de tels propos. Des “témoins” qui ne se connaissaient a priori pas et qui n’avaient donc pas de raisons d’avoir fomenté de tels ragots. Vincent était très prudent avec les ragots pour en avoir souffert. Et par deux fois ! Il n’exploitera cette faille que si cela venait à être confirmé avec des preuves irréfutables. La balle était à nouveau dans le camp de la détective.

Ils finirent leur discussion, comme leur déjeuner. Le serveur eut l’élégance de ne même pas parler de l’addition. Vincent réglera cela plus tard. Via son compte bancaire personnel, comme toujours.
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30.05.22 18:11
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