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Caleb descendait souvent en ville, il n'était pas du genre à se planquer dans son ranch, à attendre que les choses se fassent sans lui. C'était un homme de terrain et d'action, il aimait mener ses affaires lui-même et puis c'était aussi ce que l'on attendait d'un chef. Il était rarement seul par contre, un homme de sa bande était souvent avec lui. Car à deux, il était évidemment plus simple de se protéger. Le chef de bande n'avait pas que des amis dans la petite ville de Deadwood, certains avaient quelques griefs contre lui, les chasseurs de prime pouvaient aussi parfaitement faire leur apparition, à la recherche d'une tête qui leur vaudrait quelques dollars. Donc, mieux valait être prudent. Ce n'était pas en se montrant arrogant et sans peur, que l'on restait vivant longtemps. Une leçon qu'il avait apprise depuis bien longtemps déjà.

Si aujourd'hui, il montrait le bout de son nez en ville, c'était pour chercher quelques renseignements, de Lascelle avait eu des problèmes de vol de chevaux, autant dire qu'une autre équipe voulait faire sa loi dans les parages. Chose qui ne plaisait guère à cet homme, qui aimait avoir un territoire bien défini à lui et lui seul.

Des yeux et des oreilles, il en avait un peu partout. Il suffisait juste d'attendre un peu, pour avoir les bonnes informations, et donc puisqu'il fallait attendre, il se rendait donc au saloon, pour un petit verre. Son regard se posait un instant sur la devanture du saloon Williams, tout en abaissant le foulard qu'il avait sur le nez, avant de mettre pied à terre. Il flattait l'encolure de son cheval à la robe noire comme la nuit, avant de pousser les portes battantes du bâtiment. Il était connu ici aussi, les gens se méfiaient de ce qu'il pouvait être capable de faire, mais il ne souhaitait que se désaltérer. S'avançant jusqu'au comptoir, il posait un sous sur le bois verni, un fin sourire aux lèvres.

- Whisky.

Après tout, c'était la spécialité du lieu et c'était ce qu'il y avait de mieux à boire, pour étancher sa soif. Son regard balaya un instant l'assemblée, pour s'arrêter quelques instants sur la cadette de la famille.

- Paraît que t'as renvoyé paître le jeune Billy. Amusé du caractère assez sauvage de cette jeune femme en vérité. Qu'est-ce qui ne convenait pas?

Oui, il était curieux, mais ce n'était pas intéressé. Il se demandait si un jour elle trouverait chaussure à son pied. Il entendait souvent parler de cette demoiselle, entre certains de ses gars qui pouvaient s'y intéresser et les frères de la demoiselle qui en parlaient, il y avait de quoi faire.

La brute et la belle

Pour Addison, cette journée était comme toutes les autres. Servir les clients, leurs faire de beaux sourires et envoyer promener ceux qui avaient mauvais goûts… D’ailleurs, c’était ce qui s’était passé hier. Il valait mieux pour la demoiselle ne pas y penser pour le moment. Son père tenait le Saloon, derrière son comptoir et accueilli chaleureusement le client. Un whisky, comme la majorité des clients qui venaient ici.

À la seule mention de Billy, Addison savait qu’on parlait à elle. Elle se tourna vers le client, dont le verre de whisky était maintenant sur le comptoir, à l’endroit même où le sous se trouvait auparavant. Son père s’excusa un moment, laissant les reines à sa fille, le temps d’aller chercher quelque chose dans leurs réserves.

Billy, ce « pauvre » Billy. Billy qui avait foiré ses chances. Addison l’avait envoyé promener en quelques minutes. La scène avait été absolument horrible. Pour qui ? Les deux jeunes probablement. Addison avait trouvé le supplice interminable, tandis que Billy avait trouvé la réponse catégorique d’Addison pas du tout à son goût. Après tout, cela lui avait pris de longues minutes avant oser lui proposer de belles choses, un avenir ensemble, qu’il était amoureux d’elle depuis longtemps. Il avait bafouillé, il avait bégayé et comble de tout, il avait osé dire que si Addison le mariait, elle aurait un nom, un nouveau nom beaucoup plus respectable que « Williams ». À cette phrase, Addison avait vu rouge et n’avait pas pris plus de cinq minutes pour dire non à Billy. La demoiselle ne serait pas étonnée si quelqu’un lui avait dit qu’il était rentré chez lui non seulement la queue entre les jambes, mais aussi en pleurant comme un bébé.

Addison réprima un soupir de lassitude. Blakemore, le client qui venait de se poser dans le Saloon plutôt calme, venait de lui parler de Billy. La demoiselle n’était pas étonnée qu’il sache déjà l’information, cependant, cela l’agaçait de devoir parler une énième fois de cette… mésaventure.

- Tout. Coincé, maladroit, il a réussi à bafouiller des mots désagréables sur ma famille, comme quoi, ma famille n’a pas une « si bonne réputation que ça ».

La demoiselle a soudainement envie de frapper la table de son poing, mais elle se retient. Elle serre plutôt le tissu de sa longue jupe, mais au rouge de ses joues et son regard menaçant, Blakemore pouvait bien se douter que la jeune demoiselle n’était pas de très bonne humeur lorsqu’on lui parlait de ce « pauvre » Billy. D’ailleurs, Addison se demandait si elle prenait le temps d’en parler à ses frères et son père. Il va de soi que s’ils l’apprenaient, ils seraient loin d’être heureux. Il serait fort possible que le jeune Billy ait quelques ecchymoses dans les prochains jours s’ils en entendaient parler.

Bien entendu, sa famille n’était pas la plus charmante, la plus respectable de la ville. Mais ils tenaient un Saloon solide, ils étaient confortables financièrement. Ils n’avaient pas à s’inquiéter de quoi que ce soit… Sauf peut-être trouver un bon mari pour Addison.

Et comme pour ajouter un coup de couteau dans la plaie de ce pauvre Billy, Addison, ajouta, cinglante :

- Et en plus, il n’est même pas beau.

Billy était loin d’être un charmant garçon, du moins au goût d’Addison. Quel dommage pour lui. Préférant de loin changer de sujet de conversation, avant de briser un verre ou une bouteille, Addison reprit son sourire charmant et d’une voix plus douce que précédemment :

- Quel bon vent vous amène ici ? Cela fait un moment qu’on ne vous avait pas vu, M’sieur Blakemore.

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Caleb attrapait le verre, remerciant le patron de son service rapide et efficace. Oh, il remarqua vite que sa question dérangeait un peu la demoiselle. Soit elle en avait déjà assez de cette histoire, soit la culpabilité la rongeait. Il penchait plus pour la première solution. Vu le regard qu'elle lui lançait. Il y avait de quoi continuer à trouver tout cela amusant. Il prenait une gorgée de son verre, tout en comprenant quel était réellement le problème avec ce gamin. Critiquer ainsi la famille, n'était clairement pas la meilleure des choses à dire, quand on s'intéressait à quelqu'un.

- Ah oui, voilà un bel idiot.

Blakemore voyait bien que tout ceci l'avait réellement mise en colère. Ce tempérament de feu était intéressant. Bon certes, absolument pas pour être avec, il plaignait déjà le mec qui finirait par l'avoir comme femme, pas de doute de qui mènerait la barque. Pas son style. Par contre, l'avoir sous son aile, pour les aider dans leurs larcins, ce serait intéressant. Quoiqu'un peu jeune sans doute encore, pour cela. Sans compter que les hommes qui l'entouraient, ne la laisseraient sans doute pas partir sur ce genre de voie. Enfin, ce n'était qu'une pensée fugace, avant qu'il ne reprenne une gorgée.

- Est-ce vraiment important? D'un ton taquin. Honnêtement, il s'amusait à la taquiner, plus qu'autre chose, avant de sourire, tranquille, remontant légèrement son chapeau d'un mouvement de pouce, tout en regardant autour de lui, avant de revenir sur la jeune femme. Je me renseigne un peu. Tu n'aurai pas vu des gens bizarres dans le coin? Des étrangers? Des gens de passage. Avec des airs louches, ou non d'ailleurs.

Les saloons étaient les meilleurs endroits pour se renseigner. Puisque c'était un endroit de passage, tout le monde s'arrêtait pour boire un verre, passer un bon moment, trouver une chambre. Tout dépendait des services qu'offraient les bâtiments, mais en tous les cas, difficile de ne pas s'y arrêter, même quand on était de passage. Donc, autant demander à la demoiselle si elle n'avait pas vu quelque chose.

- Ou peut-être que tu as entendu des gens parler de gens. Bref... quelque chose qui sortirait de l'ordinaire quoi.

La brute et la belle
Addison pouvait quand même sentir que M’sieur Blakemore trouvait sa situation amoureuse bien amusante. Pour sa part, elle voyait encore rouge, rouge de colère, bien entendu. Addison souhaitait passer à autre chose, rien de moins.

Blakemore se voulait être énigmatique et Addison ne put s’empêcher de lever les yeux vers le plafond, retenant un soupir agacé. Elle avait dit tout cela, uniquement par politesse, sans plus. Chose certaine, c’était qu’elle s’en remettrait. Il fallait seulement se dire qu’il s’amusait avec elle, sauf que bien souvent, Addison prenait mouche contre ceux qui s’amusaient d’elle et c’était alors un peu difficile pour la demoiselle de se calmer.

Ainsi donc, il cherchait quelques renseignements, sur des personnes qui étaient bizarres ou tout simplement des étrangers. Ça, des étrangers, ça arrivait somme toute assez fréquemment, il est assez difficile pour elle de faire une liste complète de tous les étrangers du coin.

Addison posa ses coudes contre le beau comptoir, cherchant dans sa tête tous les ragots ou informations pertinentes qu’elle pourrait donner à Blakemore. Si elle était dure de caractère par moment, elle restait somme toute assez intelligente pour donner l’information à ce cher M’sieur. Il était bon client, elle n’avait pas raison de se faire du souci. Sur un ton pensif, Addison lui dit :

- Je vois, laissez-moi y réfléchir un instant. Il y a quand même beaucoup de personnes qui sont de passages, parfois ça devient difficile de tenir le compte.

Qu’est-ce qui est sorti de l’ordinaire dernièrement ? Difficile à dire, toutes les journées étaient si similaires et différentes à la fois. Par contre, elle tenait très certainement quelque chose. Puis, soudainement, elle eut une illumination. Une conversation avec Mary, une jolie demoiselle qui offrait quelques services qui étaient assez intéressant pour les hommes. Son amie connaissait encore plus tout le monde qu’Addison. Elle lui avait parlé d’un client quelque peu « particulier », après tout, il était nouveau en ville et la première chose qu’il avait cherché, c’était des services d’une fille comme Mary. Addison n’attendit pas trop pour donner l’info à Blakemore, maintenant que tout lui revenait en tête.

- On m’a dit qu’il y avait des étrangers qui sont débarqués dernièrement. Sauf qu’ils ne se sont pas passés encore ici. C’est Mary qui m’en a parlé, parce qu’il y en a un qui lui a demandé de ses services… Et des infos où est la meilleure place pour coucher.

Pour commencer, ces informations étaient très bien selon la demoiselle. Satisfaite d’elle-même, elle essuya une petite saleté à l’aide d’un linge qui se trouvait non loin. Après, si Blakemore voulait d’autres informations, peut-être qu’Addison pourrait lui déballer son sac.

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Oui, les histoires d'amour avaient toujours quelque chose de comique. Il suffisait de voir les états dans lesquels se mettaient les gens, pour ce qu'il estimait être des broutilles. Il n'y avait bien que dans les livres que cette relation humaine marchait réellement. Tout le monde la fantasmait, personne n'arrivait vraiment à l'atteindre. Il n'avait eu l'occasion de réellement côtoyer un couple heureux, il fallait être honnête, c'était la peur d'être seul qui poussait l'Homme à se trouver une moitié. Être célibataire offrait pleins de possibilités.

Qu'elle réfléchisse seulement, si cela permettait d'avoir des informations intéressantes. Il fallait trier, après tout. Le saloon était l'endroit de passage par excellence, elle devait en voir passer des têtes. Et puis, avec cette ruée vers l'or, cela ramenait encore plus de têtes que d'habitude.

- Oui, réfléchis, bien.

Il terminait son whisky, cherchant le patron du regard, en souhaitant un nouveau. Il montrait alors le verre à la demoiselle, elle comprendrait sans doute la demande, même perdue dans ses pensées. Un verre n'était pas suffisant, surtout vu la grosseur de ce dernier. Il y avait juste de quoi se rincer le gosier. Lui avait encore un peu trop de poussière de son trajet jusqu'à la ville. Peut-être profiterait-il aussi, de prendre un bon bain chaud, en bonne compagnie. Chez les chinois, il pouvait tout avoir, c'était un bon moyen de se détendre.

Addison semblait trouver finalement les informations qu'il attendait. Parfait. Caleb l'écoutait avec attention. Mary avait donc plus d'informations encore, parfait, il irait donc voir la demoiselle ensuite, même si celle qu'il avait en face de lui, lui donnait déjà quelques indications fort intéressantes. Donc des mecs cherchaient le meilleur endroit où se poser. Il serait intéressant de savoir ce qu'on leur avait dit. Avec un peu de chance, ils pouvaient être encore sur place.

- Mmm... et tu sais ce qu'on leur a répondu. L'endroit où ils crèchent?

Qu'elle ne soit pas avare de détail, elle pourrait bien être récompensée. Bon certes, elle n'avait sans doute pas besoin d'argent, vu que son père était le propriétaire de l'établissement, mais un pourboire était toujours le bienvenue, n'est-ce pas?

La brute et la belle

Monsieur Blakemore présenta son verre à la demoiselle qui prit alors son rôle de serveuse. Doucement, elle lui sourit, puis versa une nouvelle rassade de whisky dans le verre de son hôte. En même temps, elle rassemblait toutes les informations dans sa tête qui concernait ces personnes que Blakemore semblait chercher… Du moins, il avait beaucoup trop d’intérêt pour eux, ce qui avait presque quelque chose de curieux, mais non pas inhabituel. Une fois le tout rassembler dans sa tête, Addison offrit des indices supplémentaires.

- Bien sûr que oui. Ils crèchent au Bulldog, à l’étage. Ils sont six ou sept. Il me semble qu’elle m’a dit qu’ils seraient là pour quelques jours, mais elle n’avait pas l’air de savoir combien de temps, lorsque je lui ai parlé.

Le Bulldog était une auberge assez simple pour dépanner les voyageurs en visite. L’auberge la moins chère du coin. Parfaite pour une petite bande comme celle que Blakemore cherchait. D’ailleurs, pourquoi les cherchait-il ?

- Pourquoi les cherchez-vous ?, demanda Addsion, au moment où son père revenait.

Le père d’Addison poussa un petit grognement de mécontentement lorsqu’il entendit la question de sa fille. Il se disait bien qu’elle devait se mêler de ses affaires et non celles des autres. D’ailleurs le père Williams annonça à sa fille qu’il devait sortir un moment. C’était somme tout assez fréquent. Le père Williams avait assez confiance en sa fille et il savait qu’il n’y aurait pas de problème pour qu’elle gère pendant un moment. De toute façon, il s’était bien assuré qu’elle sache se défendre avant de lui laisser la boutique. Ou peut-être qu’il en avait juste marre d’entendre sa fille donner toutes ces infos à Blakemore.

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Qu'elle prenne seulement son temps pour lui répondre. Blakemore n'était pas encore pressé. Il était important de ramasser des informations. Alors s'il venait de tomber sur une source intéressante, autant ne pas lui imposer un stress, qui lui ferait oublier des détails importants. Elle comprenait le besoin qu'il avait d'un nouveau verre de whisky et le servait. Il la payait de suite, comme lors de son arrivée et la remerciait d'un sourire, restant silencieux pour ne pas lui faire perdre le fil de ses pensées et reprenait donc une bonne rasade de whisky. Il ne fût d'ailleurs pas déçu de ce qu'il apprenait. Voilà qui était plus que concret, un nom d'auberge. Parfait. Plus qu'à y envoyer quelques gars pour secouer les gens et peut-être trouver les gus qu'ils cherchaient. Il serait bien parti directement, mais ce n'était pas très poli, surtout qu'Addison s'était montrée peu avare en information.

- Belle mémoire, tu devrais tenter ta chance ailleurs que dans ce saloon. J'suis certains que tu pourrais avoir un bel avenir. Ça t'a jamais traversé l'esprit?

Sans que pour autant elle ne rejoigne une bande, mais pourquoi ne pas tenter autre chose. Même en étant une femme. Bon, certes, c'était plus compliqué mais... quelqu'un de débrouillard était toujours capable de faire ce qu'il voulait vraiment. Le patron du saloon sortait alors prendre l'air, tirant un petit haussement de sourcil au bandit. Est-ce qu'il dérangeait? Ce serait bien la première fois qu'il verrait un tel désaccord dans le langage du tenancier. Enfin... s'il était mal luné, ce n'était pas non plus son problème.

La jeune femme se montrait à son tour curieuse, sûr que ses questions n'étaient pas anodines et pouvaient attirer la curiosité du chaland. Heureusement pour Addi, l'affaire n'était pas secrète et personne ne cherchait à cacher ce qu'ils faisaient tous. Si les voleurs entendaient que toute la ville pouvait leur tomber sur le dos, c'était un coup de pression à utiliser.

- Parce qu'il y a eu un vol de chevaux chez de Lascelle et qu'on cherche les coupables. Et tes gars-là, ils pourraient bien avoir le profil de bandits de grand chemin. Autant s'assurer qu'ils ne feront pas de problèmes à d'autres bonnes gens de la région. Avec un petit sourire en coin.

Il n'y avait pas que le shérif qui menait sa loi dans le coin. Les habitants aussi, savaient parfaitement y faire. C'était une justice expéditive souvent, mais qui régler nombre de problème. La loi avait bien du mal à totalement s'imposer dans ce coin encore parfois sauvage de l'Ouest.

- Si c'est eux les coupables, pas de doute que de Lascelle remerciera ceux qui ont contribué à attraper les voleurs, de la bonne manière. Tu auras ta part. Petit clin d'œil.

Caleb n'était pas aussi rat qu'on pouvait le croire. Il savait comment faire pour rester dans les bonnes grâces des habitants de cette ville, malgré la réputation qu'il pouvait avoir. Après tout, les bons comptes faisaient toujours les bons amis.

La brute et la belle La présence de Monsieur Blakemore avait quelque chose d’agréable dans cet instant. Il lui suggéra presque de se trouver un autre emploi. Il alla même lui demander si elle y avait déjà pensé. Bien sûr qu’elle y avait déjà pensé. Sauf que sa famille avait quelque chose d’important et tout particulièrement son père qui lui en voudrait probablement si elle partait sur les grands chemins comme ses frères l’avaient fait. D’ailleurs, pensant à eux, Addison eut un léger pincement au cœur, cela faisait tout de même plutôt longtemps qu’elle ne les avait pas vus. Elle espérait qu’ils allaient tous bien.

- Des fois j’y rêve… Mais je ne crois pas que mon père serait d’accord pour me laisser partir comme mes frères. En tout cas, je ne pense pas que ce soit le moment, mais peut-être un jour, qui sait.

Addison a le visage qui s’adoucit le temps d’un moment. Un moment où les rêveries sont permises, où elle s’imagine faire n’importe quel autre travail que celui de traîner dans ce Saloon. Pourtant, Addison sait bien qu’elle apprécie tout ce temps à travailler avec son père, mais d’autres moments, elle se dit que sa vie serait beaucoup plus palpitante si elle laissait tous ces hommes qui lui courraient après pour mener une vie, sa propre vie. Mais peut-être que tout cela était un peu trop demandé. Peut-être qu’un jour elle rencontrerait un homme qui allait lui faire vivre de nouvelles aventures, beaucoup plus palpitantes que celles qu’elle vivait déjà.

Ses rêves s’évanouirent soudainement, alors que la demoiselle emmagasinait l’information concernant ces bandits. Un vol de chevaux chez les Lascelle ? Addison en avait entendu parler. Ses fines oreilles étaient pas mal au courant de tout ce qui pouvait bien se passer en ville. En tout cas, si c’était eux les coupables, ils avaient tout simplement fait les idiots. La demoiselle écouta attentivement les nouvelles de l’homme et fut bien enchanter d’entendre que Monsieur Blakemore serait prêt à lui donner une part de la récompense.

Chose certaine, Addison espérait secrètement que ce soit véritablement eux qui avaient volé les chevaux des Lascelle. Elle ne disait pas non à un pourboire supplémentaire et probablement beaucoup plus onéreux que tout ceux qu’elle pouvait recevoir durant la semaine. D’ailleurs, il fut bien difficile pour la serveuse de cacher son enthousiasme.

- Voilà ce qui est intéressant ! En tout cas, s’ils passent par ici, soyez assuré que je trouverais un moyen pour les retenir…. Ou vous contacter. Enfin, si vous le souhaitez, bien entendu.

Enfin, si Monsieur Blakemore était intéressé. Addison était certaine que Mary pourrait en convaincre quelques-uns de passer par ici prochainement. Et il pourrait y avoir un peu d’accord dans le Saloon. L’idée était amusante aux yeux d’Addison, mais elle voulait tout de même voir ce que le monsieur avait en tête avant de prendre les devants de la suite de ces opérations.

Après tout, plus elle aidait, plus elle pourrait avoir une cagnotte intéressante… Non ?

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Caleb estimait que personne ne devait être coincé quelque part. Si cette jeune femme avait des envies d'aventures, mais qu'elle le fasse. Son père ne pouvait pas la bloquer éternellement dans son saloon. Il pouvait bien le croire, mais il n'y arriverait que peu. Avec un fin sourire, l'homme écoutait donc Addison, qui faisait entendre cette envie de pouvoir aller voir ailleurs. Il fallait juste qu'elle continue de le vouloir et un jour, elle pourrait le faire. Il hochait légèrement de la tête, tout en se frottant son menton barbu.

- Un jour, oui. Ne pas désespéré.

Il n'était pas non plus là pour la rendre rebelle face à ce qu'on attendait d'elle. Mais... il n'était pas contre le fait de voir des jeunes prendre leurs propres décisions, à se montrer prêt à remettre en cause ce pour quoi on les élève. Après tout, il était normal de la part d'un hors-la-loi de mettre un peu de discord dans toutes les bonnes familles.

Dès que de l'argent entrait en compte, tout le monde semblait toujours beaucoup plus intéressé. Finalement, le monde ne tournait qu'autour de la cupidité. Ce n'était pas Caleb qui allait critiquer ce point. Mais si c'était son point sensible, il savait ne pas être le seul à l'avoir. Tous ceux qui étaient autour de lui, avait le même. Il fallait juste savoir quand secouer la bourse sous le nez de la bonne personne. Comme il le savait, parler d'une récompense sonnante et trébuchante donnait une motivation en plus. La jeune femme ne faisait pas exception. Ce qui ne manqua pas de le faire sourire.

- Je compte sur toi, pour faire les deux.

Terminant son verre, posant encore un sous et un pourboire. Se levant alors. Il n'était pas là pour trainer, il devait continuer à mener son enquête et trouver des coupables. Ce n'était pas en sirotant son verre que les choses se feraient. Et il pourrait devoir des comptes à de Lascelle, ce qu'il ne souhaitait pas non plus.

- A bientôt, Addison. Toujours son petit sourire en coin, tenant alors le bord de son chapeau de deux doigts, pour la saluer plus convenablement, avant de quitter le saloon, remonter en scelle et continuer son chemin. Il passerait sans doute voir Mary, pour prendre les informations en plus qu'elle pourrait avoir, avant d'aller faire un tour à cette auberge, pour trouver quelques indices et pourquoi pas... des gens.