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[CLOS] Nan mais vous avez pas bientôt fini de jouer avec vos couverts ? (ft Rebecca)
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Chacune des tables rondes étaient judicieusement dressées. Les six couverts de chacune n’occupaient que trois quarts des cercles pour permettre à tous les convives d’apprécier pleinement le spectacle sur la scène. Le comédien faisait rire aux éclats la salle, mais pas Vincent. C’était pourtant lui qui avait jeté son dévolu sur cet artiste, pour leur première sortie depuis “l’attentat”. La jambe droite de Vincent s’agitait et l’homme d’affaires si calme jouait avec le couteau en le tournant et le retournant sur lui-même.

L’homme à la gauche de Vincent lui lança un regard désapprobateur, Vincent l’agaçait au plus haut point en manipulant les couverts. L’Écossais, si calme dix minutes plus tôt, avait commencé à s'agiter quand le serveur était venu leur servir leurs apéritifs. Vincent semblait désormais plus observer la foule que le comédien. Il ne l’entendait plus, en fait. L’index de Vincent passait entre son cou et son col de chemise trop serré. Sa cravate n’était d’ailleurs plus très droite. Le même serveur ouvrit à nouveau la double porte-battante sur leur droite et Vincent sursauta littéralement. Professionnel, le serveur n'avait pourtant pas fait de bruit. Quoi qu'il en soit, la main de l'Écossais avait agrippé celle de Rebecca avec force, trop de force. La prise presque douloureuse.

Il se rendit compte de son geste. Lâcha la main. Et l’homme à leur gauche se fendit d’une remarque que l’Écossais n’entendit pas non plus. Il se leva. Son regard suppliait Rebecca d'en faire autant. Leur complicité rendait certains mots inutiles, mais en l'instant, aucun des deux amoureux ne s'attardait sur ce détail. Il décala sa chaise pour permettre à Rebecca de sortir de table et il reprit sa main aussitôt, sans force cette fois, pour quitter ce dîner spectacle avec précipitation. Vincent marchait rapidement vers la sortie. Facile pour lui en chaussure de villes… Dans le vestibule, vide à l'exception de la responsable du vestiaire, il attrapa son téléphone et le déverrouilla avec nervosité.

Il haletait à l’attention de Rebecca :

— Je suis désolé, je … Allo ? Charles ? … Oui, devant la porte, tout de suite.

Sa voix avait presque déraillé. Il s'écaircit la gorge avant de poursuivre. Vincent ne répétait jamais ses consignes, d’ailleurs la qualité de la prestation de son chauffeur, Charles, était irréprochable. Mais cette fois, il ajouta

— Dépêchez-vous ! Vraiment !

Il se tourna vers Rebecca et lui reprit la main, le regard empli de tristesse à l'idée de ruiner leur soirée.

— Je peux pas… J’étouffe…

Il n'étouffait pas, il paniquait ! Vincent se dirigeait déjà vers la sortie, sans son manteau, ni même celui de Rebecca, restés tous deux au vestiaire.
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26.04.22 22:09
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nan mais vous avez pas bientôt fini de jouer avec vos couverts ?
Vincent MacAskill


Le spectacle venait de débuter. Le public était au rendez-vous, détendu et rieur. L’atmosphère était bonne enfant. Tous les éléments réunis pour passer une belle soirée à deux. Une soirée de coupure, comme Rebecca les nomme sur son calendrier. Le monde de la comédie n’est pas le sien au premier abord. Cependant, amoureuse, et ouverte d’esprit, elle s’est laissée convaincre sans résistance. Mais, rien n’est si facile, quand on a le nez en plein dans un début de campagne, que l’ambiance au travail devient délétère, ou que l’on sent un malaise chez son compagnon.

Par deux fois, Becca posa délicatement sa main sur la cuisse de Vincent, pour freiner son agitation. Un geste à la fois apaisant et ferme qui n’a qu’un seul but, l’encourager à se décontracter. C’est bien pour cela qu’ils organisaient une soirée en ville. Pour changer d’air. Mais sitôt qu’elle retirait sa main, le mouvement reprenait. -" … Ça va aller ? " La suréactivité de l’Ecossais fut la réponse la plus limpide. Rebecca baissa son regard sur la main crispée sur la sienne. La force de la prise était impressionnante, et douloureuse. La trentenaire contenue un hoquet de surprise.

Voyant Vincent se lever brusquement, Rebecca le sonda du regard. L’émotion qu’il lui renvoya lui suffit pour réagir. Elle s’excusa auprès de sa voisine, avant de sortir de table. Sa main entoura celle de son amant la pressant avec affection. Et elle lui prit le pas. Elle pouvait ressentir toute l’angoisse qui le traversait à l’instant. La gestion du stress peut être trés compliquée, en particulier après un événement traumatique. Sachant, que la seule réponse à apporter à une crise de panique était de la patience, Becca se montra la plus calme possible.

D’une oreille, elle suivit l’échange avec Charles et de l’autre l’activité du couloir. Elle se souvient qu’elle avait leur numéro de vestiaire et posa les coupons sur le bar. L’employé et elle échangèrent un sourire. Puis, Peterson se retourna vers son partenaire. -" Je le vois Vincent. Ce n’est ri- " Il fuyait déjà. Rebecca croisa le regard de l’homme du vestiaire et lui fit signe de patienter. Elle accompagna Vincent à l’extérieur. Elle devina les phares de la voiture qui approchait.

Mais, le plus urgent était d’aider l’Ecossais à respirer. Rebecca se planta devant lui. Elle posa sa main sous son menton pour l’empêcher d’avoir le regard fuyant. Elle sollicita son regard et toute son attention. Ses deux mains vinrent prendre les siennes. -" Regarde-moi. " Becca souria un peu, cherchant à reconnecter cet homme à des sensations positives. Elle gonfla son ventre d’air, espérant que le mimétisme fonctionne autant que sa voix. -" Fais comme moi… " Le cerveau fonctionnait beaucoup moins bien sans oxygène. Ils devaient reprendre leur souffle.

Rebecca entreprend de masser ses paumes, en faisant des petits mouvements circulaires à l’aide de son pouce. -" Respire Vincent. " Disant cela, elle hochait de la tête, positive et calme. Il n’y avait, pour le moment, rien de plus à faire. -" Ca va aller. " L’une des portes en verre s’ouvrit sur le gardien du vestiaire. Il avait les deux manteaux. -" … je vais récupérer les menteaux. … montes dans la voiture toi. " Elle lança un regard au chauffeur, lui demandant implicitement de veiller son employeur.

Ils remontèrent tous les trois en voiture. Peterson assise à la droite de MacAskill de nouveau. Ses doigts entrelacés avec les siens aussi. -" C’est rien Vincent. C’est normal. " Becca savait que ce genre de crise entraîne des sentiments négatifs. Il s’agissait de les couper à la racine. -" On va rentrer et se poser tranquillement. " Un sourire complice aux lèvres, l’Anglaise souffla. -"Un bol de glace, voilà ce qu’il nous faut. La glace ça apaise tout. " Peut-être aussi faire une thérapie temporaire pour travailler sur tout ceci. Ils pourraient en discuter dans l’intimité.


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26.04.22 23:34
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Le stress venait de plonger Vincent en apnée. Alors, de marcher, de marcher vite même, son cerveau s’asphyxiait en cherchant une issue de secours, alors qu’ils étaient dehors. Surgissant face à lui, Rebecca lui fit d’abord peur. Son cerveau embrumé ne la confondait pas avec une terroriste, mais il se rappelait qu’il devait la protéger. Non, il devait d’abord la retrouver. Elle s’était perdue dans la foule, la bousculade les avait séparés. Il devait la retrouver. Vite. Où est-elle ?

Au bord de l'apoplexie, le cerveau reptilien prit le dessus et ordonna une grande bouffée d’air ! Puis une autre ! Mimant le rythme respiratoire de Rebecca, son corps reprit un peu le dessus, il se laissa guider à la voiture s’installa, mais la main de Rebecca lui échappa, le temps d’aller chercher les manteaux.

— Où est-elle ? demandait sans cesse Vincent au chauffeur.

À peine absente une minute, Rebecca avait rapidement récupéré les manteaux, mais Vincent avait eu l’impression d’attendre une éternité. Il avait trouvé le temps de poser trois fois la question au chauffeur. Celui-ci, loin d’être idiot, avait cerné la panique chez son patron et avait répondu avec calme.

— Je ne la quitte pas du regard.
— Mais ce qu’on s’en fout des manteaux…

Le chauffeur n’était pas remonté, il veillait à ouvrir la porte à Rebecca pour qu’ils ne perdent pas une seconde. Et sitôt tous à bord, la voiture quitta les lieux avec élan, mais sans à-coups. Celui-ci n’avait même pas demander où se rendre. Il décida d’interpréter la réponse de Rebecca et de rentrer au domicile de son employeur.

À l’arrière Vincent reprenait son calme très lentement. Trop lentement à son goût.

— Ce couteau…

Oui, c’est bien ce couteau avec lequel il jouait qui avait déclenché la crise. Vincent n’était pas serein et ce fichu couteau avait créé l’étincelle fatidique. Il posa ses mains sur son visage et bascula un peu en avant. Prostré, cela n’allait rien arrangé. Il reprit les exercices de respiration de Rebecca.

Quelques secondes plus tard, un flot de paroles voulait jaillir de sa bouche, il avait besoin d’extérioriser ce qu’il avait caché. Ce qu’il c’était caché. Par protection sans doute.

— Tu te rends compte ? On s’est enfermé dans la bibliothèque. C’est là que j’ai vu que c’était pas ta main, mais celle de ce type là… J’ai rouvert pour aller te chercher, mais l’orange là, il a tiré dans la porte. On était en train de se barricader que deux otages en sont venus au main. Le mec a sorti un couteau…

Il parlait vite, il mimait un couteau qui devait faire trois fois la taille réelle de l’arme, mais c’est ainsi qu’il s’en souvenait.

— Ils allaient s’entretuer… Ça faisait pas dix secondes qu’on était là qu’ils allaient déjà s’entretuer…

Cela avait bouleversé Vincent. Lui, si habitué au travail d’équipe, avait imaginé naïvement prendre le lead et organiser leur défense en cernant les qualités de chacun. Il se recula et s’enfonça dans son siège soupirant, la simple expression de son impuissance à gérer la situation venait de le libérer d’un poids. Il reprit la main de Rebecca, à moins que ce ne soit elle qui l’ai prise Il réalisait qu’il avait gâché leur soirée. Son ex-femme l’aurait engueulé, auprès d’une autre il aurait présenté ses excuses. Avec Rebecca, il se contenta de la remercier avant de tenter une note d’humour :

— La glace dans mon congélateur doit y être depuis 7 ans !

Avec une discrétion toute professionnelle, le chauffeur changea d’avis et les ramena chez Madame. Néanmoins, Vincent restait à fleur de peau. Son pouls battait encore la chamade et sa respiration n’était pas encore apaisée.
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16.05.22 22:10
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nan mais vous avez pas bientôt fini de jouer avec vos couverts ?
Vincent MacAskill


Leurs récits de la fameuse nuit de l'attentat ne furent qu'épars. Il leur avait manqué d'énergie, le courage, pour tout raconter. Il a fallu aller voir la police et raconter dans le détail. Une rétrospective indispensable et bienfaitrice pour une partie. Peterson a pu mettre ses pensées un peu plus en ordre à ce moment. Cependant, la nuit, quand elle dort, son esprit est bien moins cartésien. La jeune femme s’éveille régulièrement, en nage.

-"Dans les situations de stress les gens ne réfléchissent pas de la même façon. " Un fait qui est prouvé par beaucoup d’études sociologiques. Ils en ont tous les deux connaisance. Mais savoir une chose ne veut pas dire l’accepter. Becca saisit le tiraillement de son partenaire. Seulement désolée qu’il doive vivre avec le poids de cette nouvelle réalité. -" Tu as fait ce que tu as pu Vincent. " S’il fallait le répéter, cent fois, elle le ferait.

-"Oh… on pourra remédier à ça. Je viendrai cuisiner chez toi! " Même s’ils passent maintenant le plus clair de temps libre à deux. Rebecca pose la main de l’Ecossais sur sa cuisse, la retourne et caresse sa paume. Comme elle le faisait pour apaiser Jane quand elle était anxieuse. -" Ce qui s’est passé a été horrible. " Il ne s’agit pas d'édulcorer ce drame national. -" Personne ne viendra nous faire du mal. " Ils avaient été, au mauvais endroit, au mauvais moment.

-"On peut tenter un cours de self-défense ensemble. " Un retour aux sources car Peterson avait dû en prendre plus jeune. Peu de temps après la séparation, elle avait été victime d’une agression en pleine rue, un soir. Un épisode qui l’avait marqué. Jusqu’à ce que le temps produise ses bienfaits. -"Cela ne me fera pas de mal! Et puis ça nous fera une activité commune. Je suis prête à me charger des recherches. Qu’est-ce que tu en dis ? " Labelle se tourne pour observer le profil de l’entrepreneur. D’un geste intime, elle va caresser ses cheveux.
Ils approchent alors de son quartier. Rebecca réfléchit vite à ce qu’elle a en stock. -"On se loue une bonne comédie ? " Ce ne sera pas un dîner spectacle, mais la comédie n’aura pas disparu de leur programme ainsi.

Quand la voiture ralentit, Rebecca recherche son trousseau. Elle descend de voiture et attend son amant pour monter. Une salutation au garde du corps un tour en ascenseur plus tard, ils arrivent sur le palier. L’appartement est silencieux. Le bordel naturel est là. Peterson se met rapidement à l’aise avant d’aller préparer ce qu’elle a promis. -"Je lance un thé ? "

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23.05.22 0:11
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Vincent avait porté son choix sur une comédie musicale. Si elle leur avait permis de s’évader, elle n’avait pas permis à Vincent d’échapper à ses démons, encore moins de les affronter. Le thé, les glaces, les bras de l’un et de l’autre avait apporté du réconfort, mais surtout beaucoup trop de silences. Ce n’est pas que Vincent refusait d’en parler. Il n’y parvenait pas. Tout juste en étaient-ils arrivés à la conclusion qu’il avait besoin d’une aide médicale.

Ainsi quelques jours plus tard, Vincent était revenu d’Écosse beaucoup plus tôt que prévu. Sa mère ayant fait une crise, il n’avait pas pu profiter d’elle. Il était donc rentré à Londres par le premier vol quand Rebecca lui demanda par SMS s’ils dinaient ensemble. Vincent était en taxi en direction de l’appartement de Rebecca. Il avait dû affronter la foule, non sans difficulté, et ressentait le besoin de voir Rebecca.

Trop de choses en suspens, trop de non-dits, trop de silences. Ils avaient chacun de leur côté témoigné auprès des forces de l’ordre de ce qu’il s’était passé à l’Ambassade. Concernant l’agression au couteau, les policiers ne le croyaient pas et ça les arrangeait bien que cela ce soit passer sur le territoire d’un autre pays. La police s’en lavait les mains et avait classé cette affaire dans l’affaire. Vincent paya le chauffeur de taxi et monta les escaliers vers l’appartement de Rebecca en envoyant son dernier message. Quelques secondes après son SMS, il toquait à la porte de l’appartement de Rebecca.

Quand elle ouvrit la porte, il se surprit à ne pas entrer avec précipitations pour refermer à quadruple tours derrière lui. Il se contenta de dire :

— Est-ce que ça te dit qu’on parte d’une toile blanche ? On se trouve un appartement tout blanc et on le dessine à notre image…

Vincent manquait parfois de tact, mais l'attaque l'ambassade lui a rappelé avec une grande cruauté combien la vie était courte. Maladroit, Vincent ne s’était même pas demandé si Rebecca était seule. Était-ce Jane qu’il entendait derrière dans le salon, ou bien le chat qui passait souvent par la fenêtre pour venir piquer des croquettes ?

Oui, Vincent manquait parfois de tact, mais il avait envie de vivre avec Rebecca et quand il l’a perdue dans l’ambassade, il a réalisé qu’il aurait donné tous ses biens, toutes ses entreprises pour la retrouver. Elle comptait plus que tout ce qu’il possédait. Et c’était beaucoup pour Vincent. Car si on lui retirait ses possessions, il ne restait rien de lui. Depuis des années, il n’avait ni ami, ni famille (sauf sa malheureuse mère sénile et sa fille qui ne voulait plus le voir), pas même une sex-friend dans son entourage, pas même des collègues avec lesquels il allait boire un verre.

Voilà pourquoi, il était aussi direct. Ce vol jusqu’en Écosse, coupé du monde lui avait permis comme à chaque fois de faire le point sur sa vie. Il n’était pas loin de la demande en mariage. Demander à Rebecca de vivre ensemble était même plus important qu’un mariage à ses yeux.

Vincent regardait Rebecca... se demandant comment elle allait réagir... Mais Rebecca lui avait déjà prouvé qu'on ne pouvait pas anticipé ses réactions. Cette femme était toujours pleine de surprises. C'est ce qu'il aimait chez elle.
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28.05.22 21:11
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Vincent MacAskill


Quelques jours plus tard…

Rebecca lançant un regard par-dessus son épaule. L’écran du téléphone est illuminé par la réception d’un nouveau message. Un troisième de Vincent. Il ne fit qu’augmenter la bonne humeur de la jeune femme. Il l’inspira sur le champ. Elle attrapa le torchon pour s’essuyer les mains. Le tissu humide atterrit sur la table. Les doigts de Becca s'activaient sur la surface tactile.

On sonnait à la porte. Peut-être que le chat des voisins s’était encore enfui. Par acquit de conscience, elle alla regarder par la fenêtre. Aucun signe du matou dans les parages. Elle commença à rédiger sa réponse, en allant à l’entrée.

-"C’est toi! " La surprise est agréable. Elle porta son corps dans la direction de Vincent. Mais elle dû ralentir pour l’écouter l’interpeller. Ce fut une entrée en fanfare avec un côté théâtral.

La toute première réaction de Rebecca fut de rire. Un rire de confusion et de joie. Elle n’avait pas eu le temps de terminer sa réponse écrite. Le téléphone était encore dans le creux de sa main. Ceci dit, la réponse était toute trouvée. -"Justement… J’étais sur le point de t’écrire sur le sujet. " D’abord, elle lui prit la main pour l’attirer dans l’appartement. L’immeuble n’avait pas besoin de connaître la suite de leur épisode.

Elle se débarrassa du téléphone pour attraper les mains de l’Ecossais. -"Jane a envie de faire une collocation avec deux camarades. " Comme quoi, la vie est parfois bien faite. -"On a visité l’appartement samedi matin. " Les choses allaient vite. Surtout parce que le père de Camille avait une super occasion. Ils n’allaient pas laisser passer une aubaine, étant donné le prix des loyers. C’était un petit meublé, un peu ancien, en bon état, avec une station de bus pas loin. -"On les aide à déménager ce week-end. " Ce qui serait rapide. Les filles n’ont pas beaucoup d’affaires sur Londres pour le moment. Jane avait surtout… ses habits.

La vie leur envoyait un signe. Peterson était optimiste. L’année allait de surprise en surprise. Elle prenait un tournant ! -"Alors, si je ris, c’est parce que je voulais te faire la même proposition. " Elle s’avança pour lui voler un baiser ravi. -"... j’ai même commencé à regarder les locations hier soir… " Voilà qui donnait le degré de son désir de partage. Elle l’attira, au plus près, contre elle. Il lui avait manqué ces jours-ci. Alors, Becca profita de retrouver sa présence.

Juste avant que le détecteur de fumée lui rappelle que les lentilles étaient encore sur le feu. -"Zut. Les lentilles. " Elle se dépêcha d’aller baisser le feu et sauver les victuailles. Elle ouvrit la fenêtre pour chasser la fumée de la pièce. Une fois le silence revenu, Becca revient près de son amoureux.

-"... Je croyais que tu rentrais dans trois jours ? … Comment allait ta mère ? " Ils ont des emplois du temps compliqués à suivre. Mais, c’était justement pour ça que Peterson faisait son maximum pour ne pas oublier les infos importantes. Une mère c’était important. Il n’y en avait qu’une.



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29.05.22 11:44
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Rebecca ensoleillait la vie de Vincent à chacune de ses réactions. Son rire lui fit le plus grand bien et sa joie de vivre aussi.

— Si tu veux de l'aide, je peux venir pour le déménagement.

Bien sûr, Vincent avait les moyens de payer une société de déménagement, mais, déjà, Jane adorait ses fringues et détesterait qu’un inconnu y touche, aussi professionnel fût-il. Ensuite, Rebecca y voyait sans doute-là un moment de complicité avec sa fille. Il comprendrait d’ailleurs qu’elle refuse pour le faire uniquement à deux. Quoi qu’il en soit, Rebecca n’avait pas répondu à sa question, Vincent était tenu en haleine, mais chaque phrase dévoilait un peu plus l’évidence de la réponse. Elle aussi voulait qu’ils aient leur “chez eux”.

Il ne s’attendait pas à ce qu’elle lui en fasse la proposition. Agréablement surpris, il la laissa poursuivre sans l’interrompre et observa avec attention les annonces qui avaient attirées son attention.

Vincent fut désolé pour les lentilles, mais à moitié seulement. Il détestait cela, comme un gamin qui n’en avait jamais goûté. Il en profita pour observer les photos des appartements et les critères de recherches de Rebecca. Quelque chose n’allait pas. Plusieurs en fait, mais une seule avait de l’importance. Il comptait bien lui en parler dès le retour de la sapeur pompier. En attendant, il demanda à travers l’appartement si elle ne préférait pas commander un plat à se faire livrer.

Il n’avait pas encore la force de sortir manger en ville. Plus tard. Pas maintenant. Et pas question de gâcher ce moment avec une autre crise d’angoisse. Il allait lui parler des appartements, mais la question le prit au dépourvu. Il haussa les épaules comme désolé de la fatalité qui frappait sa mère.

— Non, elle a fait une crise avant-hier soir. Elle a été effrayée par un oiseau qui a heurté la vitre. Et chaque fois que le stress la gagne, la maladie reprend le dessus. Selon la médecin, elle n’aura pas de moments de lucidité avant plusieurs jours, alors je suis rentré.

Cette maladie faisait des ravages et personne ne savait vraiment la soigner. Il devra parler avec Rebecca de sa fin de vie (à lui), mais un autre jour… Il marqua un temps d’arrêt, car il venait de se projeter 40 ans dans le futur avec Rebecca. Cela lui fit un choc, un choc agréable, de ces chocs qui vous prouvent que vous voulez définitivement vivre avec votre compagne.

Il inspira et regarda l’écran.

— J’aimerai deux chambres de plus. Pour nos filles… Qu’elles sachent qu’à n’importe quel moment, elles peuvent rentrer. Pour une nuit, une semaine, un an ou deux.

Ce n’était pas les moyens qui manquaient, c’était un autre point qui gênait Vincent, il voyait bien qu’elle se limitait à son budget, mais ce point était de l’ordre du détail. Vincent n’avait plus envie et encore moins besoin d’étaler son argent. Toutefois, il prépara une phrase volontairement surprenante. L’une des photos présentait un immeuble. Au rez-de-chaussée, il y avait une boutique de réparation de smartphone. Il pointa du doigt la photo de l’immeuble.

— Tu n’as pas pensé à acheter un immeuble en entier ? Comme cela au rez-de-chaussée tu as ton local de campagne, au premier ton équipe, et au-dessus notre appartement, en duplex ou triplex.


Ce n’est pas que Vincent avait la folie des grandeurs, mais Vincent voulait aider Rebecca, tant personnellement, que professionnellement. Vincent avait la profonde conviction que les femmes étaient bien plus méritantes que les hommes. À poste égal, elles avaient travaillé dix fois plus que les hommes pour y parvenir, à ce fameux poste “égal”. Il aimait Rebecca et voulait l’aider, mais l’homme d’affaires avait envie d’aider la politicienne.
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31.05.22 18:11
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Vincent MacAskill


-" C’est gentil. Une paire de bras ne serait pas de trop. " Entre les mannequins et la bibliothèque, il y avait pas mal de choses à transporter. Jane allait devoir faire du tri. Elle ne faisait que reculer. Pourtant, il faudrait bien que les choses soient faites en temps et en heure. -" Proposes-lui ? " Vincent n’était pas un petit copain de passage. Il partageait des projets avec Rebecca. Il avait une place à trouver. Cela pouvait commencer avec un déménagement.

Becca constata l’état des lentilles. Il y avait peut-être moyen de les récupérer. Mais, elle verrait plus tard. En attendant, une commande chez le mexicain ferait bien l’affaire. Ce qui était plus problématique était l’état de santé de la mère de MacAskill. La médecine moderne n’avait pas encore les clefs dans le domaine de la dégénérescence de la mémoire. -" Quand y retournes-tu ? " Elle perçoit un changement dans le corps de Vincent. Avec ce qu’il venait de traverser, rien n’était à négliger. -" Ça va ? " Heureusement, lui était capable de dire ses besoins.

-" Deux, oui. C’est plus sûr. " A ce moment, la comptable s’en voulu de ne pas y avoir pensé d’elle-même. Elle avait naturellement imaginé que leurs filles ne seraient pas amenées à cohabiter. C’était maladroit.

Rebecca approcha pour regarder la photographie. Ses yeux s'écarquillent naturellement. Ce que proposait l’Ecossais était tout simplement hors d’atteinte de son système de pensée. Peterson pensait selon sa classe sociale. Louer était à sa portée. Mais acheter était une autre paire de manches. -" Dans l’idée… ce serait génial. " La réalité était bien plus simple. Même si le parti participait à un achat, aucune banque ne ferait un prêt à l’Anglaise. Elle peinait déjà à respecter les délais pour les charges dès qu’il y avait un imprévu. Ce n’était pas raisonnable. Pas tant qu’elle finançait les études de sa fille. -" Mais y a aucune chance que je trouve quelque-chose d’accessible. " C’était ainsi chacun avait sa condition.

Une fois la tablette en main, la jeune femme modifia les critères. Trois chambres, plus d’espace, au-dessus d’un local commercial vide. Naturellement, les prix montaient en flèche. Londres était cher. Le Brexit n’avait rien arrangé. Peterson s’asseya, tandis qu’elle faisait des calculs mentaux. Ils feraient moitié-moitié. Il y avait ses petites économies. -" Combien tu pourrais mettre ? " La belle se mit en tailleur. La tête imprégnée par une stratégie qu’elle n’avait jamais envisagée. Vincent avait le chic pour agrandir le cadre. -" Ca me paraît ambitieux. " Becca commença à grignoter ses ongles, alors qu’elle découvrait les locaux en location dans la zone extérieure. En s’éloignant de la ville peut-être qu’il avait une possibilité. Il restait qu’investir un capital pour la campagne ne la mettait pas totalement à l’aise. C’était sérieux. La marge d’erreur serait encore plus mince. Rebecca balança la tablette et plaqua ses cheveux sur son crâne. -" Je ne sais pas… " Elle chercha le regard de son amant. Maintenant c’était elle qui avait la frousse.



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05.06.22 18:35
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Vincent recula un peu dans le fauteuil et la laissa agrandir le cadre, changer les critères de recherche, y compris quand elle s’éloignait du centre ville. Une erreur selon lui. Non, pas une erreur, mais un écart dicté par la prudence. Il la surprit en lui envoyant une tape sur les doigts alors qu’elle se rongeait les ongles. Il rit légèrement et observa l’écran.

Il se leva et alla vers la fenêtre. Il n’aimait pas cette ville. Elle l’oppressait depuis l’attaque et la main qu’il posa sur le mur venait le soutenir. Non pas physiquement, mais psychologiquement. Il avait toujours peur de s’exposer en public. Il luttait difficilement. Il devait consulter. Mais avant cela, il devait mettre un drap sur son ego et il n’était pas encore prêt.

— Tout, dit-il.

Une réponse à une question posée bien plus tôt.

— L’immobilier est en hausse et cela ne va pas s’arrêter de si tôt. Je peux tout investir. Si tu te plantes, ça ne sera pas un problème financier. Je revendrai le local et rentrerai dans mes frais. Si tu réussis, en revanche, il faudra le garder et on te demandera qui a financé ton appartement et ton local de campagne. Même si on l’achète en commun, l’opposition va t’accuser de subventions assez indélicates.

Il se retourna pour regarder Rebecca, mais il fut incapable de rester dos à la fenêtre. Il s’en écarta comme si un intrus pouvait entrer par là et leur sauter dessus.

— Je ne sais pas comment te dire cela, mais l’argent n’est un problème que pour toi. Je ne veux pas dire que tu en manques. Je veux dire que mon argent est légal et que c’est le mien, pas celui de la société. Je peux te proposer des moyens légaux, mais toi, tu as des frais. Ton argent doit financer la campagne, le mien ne peut pas. Je peux te simplifier la vie. Tu vends tout. Tu investis tout. Je paie l’appartement, les locaux, même les frais de “notre famille”.

Il mit des guillemets et prit ensuite les mains de Rebecca pour la regarder dans les yeux, car ce “notre famille” n’était pas anodin.

— Je veux dire que je peux payer les frais de scolarité de Jane. Et l’accepter peut être une décision très difficile pour toi. Difficile pour l’ego mais aussi parce que je te contrains à abandonner une part de ton indépendance. C’est pour cela que tu dois y réfléchir. Avec Jane. Avec David peut-être aussi. La balle est dans ton camp et quelque soit ta décision, je serai d’accord. Mais je ne tiens pas à ce que tu décides sans connaître mon avis… Je crois que tu apporteras beaucoup au pays, mais pour cela tu vas devoir t’y consacrer à 150% et, moi, j’ai envie que tu le fasses. Je serai là le soir quand tu rentreras et ça ne me dérangera pas de t’aider pour les détails du quotidien.

Homme au foyer ? Pas vraiment, mais Vincent savait ce qu’il voulait. Ce n’était pas une entreprise florissante ni des éoliennes fructifiantes en Écosse encore moins des usines de charbon. Il voulait que Rebecca réalise ses rêves et soit heureuse et accomplie.
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26.06.22 23:08
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Vincent MacAskill


-" Qu’est-ce- " Le rire de MacAskill désamorce tout de suite l’émotion de sa sa compagne. Cela fait des années que plus personne ne se préoccupe des pédicules de Rebecca. Elle en a perdu l’habitude. Elle secoua doucement la tête en signe de reddition. Cela lui faisait du bien de ne pas être toute seule.

Elle observa le dos de Vincent. Elle ne put s'empêcher de voir la tension dans ses épaules. Le mal être qui l’habitait silencieusement depuis des jours. Mais, forcer l’Irlandais à ouvrir les yeux n'améliore rien. Rebecca se focalisa sur ses paroles. Paroles qui la rendirent dubitative dans un premier temps. Il n’était pas question que ses adversaires puissent jouer sur le terrain financier.

Instinctivement, elle voulut objecter. Mais, là encore Vincent éclaire son propos. Il avait déjà un plan en tête. C’était clair. Elle le regardait tout planifier. Ses yeux s’agrandirent au fur et à mesure, qu’elle comprit l’ampleur de ce paris. Ses mains compressent les siennes alors qu’elle essayait de ne pas paniquer. Peterson se retrouvait dans une situation inédite. Jamais, elle n’avait eu les conditions réunies. Jamais, elle n’avait concrètement envisagé ce qui se passerait si elles les avaient un jour. C’était absolument terrifiant et excitant.

Mais tout de même terrififant.

Vincent croyait réellement en ses capacités. Il y croyait plus que son propre frère. Plus que David. -"Je heu… " Pour une fois, Becca manqua de mots. Trop accoutumée aux obstacles pour assimiler tout ce positif. Son visage n’était que confusion, peur, envie, et amour. Elle se sentait intimidée par le possible. Un sourire reconnaissant fini par se frayer un chemin. -" Je ne sais pas quoi te dire… " Le sourire se fit plus franc. Car si c’était vrai, Rebecca avait une chance. Une vraie chance de mener la bataille.

-"Oui ? " Elle inspira par le ventre. -" Oui, je vais en parler à Jane et heu… s’ils sont d’accord… " Les pensées faisaient leur chemin. Elles prenaient lentement vie. Elles prenaient de la consistance. Rebecca se mit à rire. -" … Tu te rends compte de ce que ça veut dire… Vincent ! " Ses yeux s'embrasent d’une lumière combative. Il y avait eu, des échecs, beaucoup d’échecs, dans le parcours de Peterson. Cela faisait des années qu’elle attendait son heure. Une partie d’elle avait peut-être lentement fini par accepter. Mais, plus maintenant. Avec une vraie sécurité financière, rien ne pourrait l’empêcher de batailler.

Exaltée par ces perspectives, elle enlace son amant. Elle planta ses yeux dans les siens. -"... merci. " C’était une preuve de respect et de confiance qu’elle n’aurait jamais espéré avant. Cet homme était une bénédiction sur son chemin. Bien sûr, il faudrait convaincre David et la petite. Cependant, Becca a le sentiment d’avoir déjà gagné quelque-chose.

-" “Notre famille” ? … J’aime cette idée. " Doucement, Rebecca attira Vincent contre elle. Elle le serra dans ses bras. Elle déposa un baiser sur son épaule. Ses mains frottent ce dos hypertendu. -" Pour être à 150 pour 100, je vais avoir besoin de te sentir bien. Autrement, je vais m’inquiéter pour toi… " Elle embrasse une autre fois son épaule et d’instinct le retient contre elle. -" J’ai besoin qu’on soit heureux ensemble Vincent. " Ni elle, ni lui, ne sont des imbéciles. Peterson ne pensait pas avoir besoin de répéter sa demande. Qu’il aille voir un professionnel. Vittoria aussi aurait besoin d’un papa bien dans sa peau. Dés qu’ils l’auraient retrouvé.


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02.07.22 18:34
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Vincent nota dans un coin de sa tête qu’il avait réussi, au moins une fois dans sa vie, à laisser Rebecca à court de mots. Un exploit face à sa répartie et son intelligence. Il n’en était pas peu fier et saurait le lui ressortir un jour, au cours d’une de leur joute verbale. Cela l’amusait. Le quotidien reprit le dessus, il s’écarta de la fenêtre de peur de prendre une balle. Il frissonna quand il comprit son propre geste. Il avait vraiment besoin de voir cette psychiatre.

Il soupira pour chasser cette pensée et revenir dans l’instant de la discussion juste quand il devait reprendre Rebecca, car il ne pouvait pas laisser passer ce qu’elle venait de dire.

— Rebecca…

Souvent, quand on commence une phrase par le prénom complet de l’autre, ce n’est pas bon signe. Un peu comme le "faut qu'on parle". Seulement Vincent n’avait jamais abrégé le prénom de sa compagne. Que ce soit avant ou après leur première nuit ensemble. Il détestait cela. Rebecca était un beau prénom et il n’aimait guère les surnoms Becca, Becky, ça l’agaçait même. Il ne disait rien quand quelqu’un la nommait ainsi, parce que Rebecca était assez grande pour se défendre seule, mais il n’aimait pas. Et puis, il fallait l’avouer, le fait que David la nomme ainsi, il ne pouvait et ne voulait s’autoriser de faire la même chose. De la jalousie, peut-être un peu. De la galanterie et du respect, sans aucun doute. Une volonté de se démarquer de David, une évidence.

— Je me suis mal exprimé. Tu n’as pas à leur demander s’ils sont d’accord ou non. Jane est une femme bientôt indépendante. Tu as tout entrepris pour qu’elle ait sa chance et elle a su la saisir. Tu dois seulement leur en parler, réfléchir aux impacts que cela aura sur vos vies communes, mais pas plus. C’est ta décision, uniquement la tienne. Avec ou sans leur aval. Tu as le droit de faire ce que tu veux aujourd’hui. Et m’est avis que cela ferait de la peine à Jane si tu te privais.

Il n’évoqua pas David, car il se doutait qu’elle agirait qu'il soit d’accord ou non. Comme un remerciement, elle le serra contre lui et ressentit la tension en Vincent. Il soupira pour tenter de se détendre. En vain. En fait, cette pression l'oppressant malgré toute la bienveillance et l’amour dans ce geste, Vincent s’écarta. Il avait entendu ce bruit dans le couloir. C’était un voisin qui descendait promener son chien. Alors, Vincent devait vérifier une quatrième fois que tous les verrous étaient correctement fermés. Il s’écarta dans un geste empli de souffrance mentale et vérifia les verrous, une quatrième fois. Il n’avait pas pu résister à cette pulsion.

Il s’écarta de la porte et s’accroupit, sur la pointe des pieds, talons sur les fesses.

— J’ai pris un rendez-vous. Ma secrétaire a d’ailleurs fixé plusieurs créneaux. Je tenais ta main…

Quel rapport entre ces phrases ? Les images du jour avaient refait surface. De toutes les horreurs de ce jour-là, trois l’avaient traumatisé. Ce n’étaient pas ces innocents qui tombaient autour d’eux durant leur fuite. C’était cette main de cet inconnu. Il n’avait pas compris quand il avait lâché la main de Rebecca puis saisit celle d’un autre individu dans la précipitation. La seconde c’était…

— … quand j’ai compris que ce n’était plus ta main que je tenais, on s’était déjà enfermé dans la bibliothèque. J’ai rouvert la porte en criant ton nom… Je pensais que tu étais enfermée dehors, enfin derrière la porte. Un type avec un masque orange a braqué son arme vers moi. J’ai claqué la porte sur lui. Deux balles l’ont traversée… Une à droite, une à gauche…

Vincent désignait ses oreilles, car il se souvenait surtout du bruit du bois qui avait éclaté en stéréo. D’abord à droite puis à gauche.

— Et moi, tout ce que j’ai pu faire… C’est sortir une blague… J’ai juste dit : C’était pas Rebecca !

Vincent ne comprenait pas ce qui lui avait pris. Mécanisme d’autodéfense ? En tout cas, il avait désormais la hantise des portes mal refermées. Sans doute parce qu’ils ont essayé de lutter pour maintenir la porte fermée. Mais ce n’est pas ce qui l’a le plus traumatisé. C’était cet homme, cet otage qui avait tenté d’en poignardé un autre. Vincent finit par lui raconter cet évènement, comment un homme d'affaire, un diplomate peut-être, avait déraillé et poignardé un autre otage. Il n’était pas traumatisé par cet homme dangereux. Vincent aurait pu se défendre, il faisait trois fois son gabarit.

— En fait, ce qui m’a surpris, c’est de voir à quelle vitesse un esprit peu dérailler face au danger…

Il était traumatisé par ce déraillage ! Il n’était jamais venu à l’esprit de Vincent que cet homme pouvait être barge depuis la naissance. Il ne lui était pas venu à l’esprit que ce comportement était naturel chez ce dangereux criminel décérébré. Pour Vincent, cet homme avait sombré dans la folie avant les évènements, alors qu’en réalité, cet homme n’avait jamais été sain d’esprit.
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08.08.22 11:01
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nan mais vous avez pas bientôt fini de jouer avec vos couverts ?
Vincent MacAskill


Envisager et penser ses actions sans mettre sa famille au premier plan est totalement nouveau. Quoique Becca soit d’accord avec le raisonnement de son amant, raisonnement qu’elle aurait conseillé à n’importe qui d’autre, elle se retrouve devant sa propre faiblesse. Oui être femme, indépendante, autonomme, se battre pour l’égalité entre les êtres humains, cela ne veut pas forcément dire se considérer à l’exacte égalité avec ses proches. Qu’est-ce que veut dire ce paradoxe sur Rebecca et sur sa façon de concevoir sa vie et la valeur de celle-ci ? -" Je vais… y réfléchir. " Ce qu’elle dit elle le fait.

Cependant, il y a plus urgent à faire dans l’instant. Aider lord MacAskill qui est enfermé dans une angoisse existentielle. Rebecca approche lentement pour ne pas l’effrayer. Elle plie les genoux pour s’installer à sa droite, assise pas très loin. Elle se met dans la posture de celle qui réceptionne la parole. Tout comme elle réceptionne la souffrance de ses collègues au travail. Mais aussi, et surtout, comme elle accueille la peine de celui que l’on aime. -" C’est bien. " Car, il faut qu’ils aient les moyens de se défendre contre les traumatismes. -" Et je suis contente que tu le fasses. Ça me rassure. Je sens que tu ne vas pas bien. … Je ne sais pas comment t’aider. Alors, aidons-nous de ceux qui savent. "

Les fragments de la soirée remontent. -" Oui… je t’ai perdu dans l’escalier. " En tous les cas c’est ce que Rebecca a fait cette déduction logique. Elle a elle aussi cherché à refaire le fil des événements. Avec la psychologue, elles ont commencé à combler certains vides, des trous dans la mémoire. -" Cela m’a fait trés peur aussi. " Qu’ils se le disent clairement. Le traumatisme est partagé sur de nombreux points.

Vincent ne lui a pas encore raconté son expérience avec autant de détails. Aussi, la syndicaliste ne parle pas. Elle ne l'interrompt pas dans le processus. Qu’il puisse dire tout ce qu’il a lui dire. Elle se sentit soulagée qu’il communique sur un sujet aussi essentiel. Le plus important, était de pouvoir explorer sa mémoire et réparer les blessures.

-"... " Becca accueille la parole aussi bien que cela lui est possible. -" C’est l’histoire du cerveau reptilien. " Un des cours de biologie qui avait marqué Peterson. Toutes les pensées humaines, la conscience, tout ça ne sert plus à rien, quand la survie est en jeu dans la balance. Tout le monde revient vers des comportements primordiaux. Parce que l’important est de vivre. -" La peur nous rend irrationnel. Y a rien qu’on peut faire contre ça. On est tous à la même enseigne quand ça arrive. " Vincent doit entendre que ce n’est pas lui qui est en cause dans cette situation.

Les mains de Rebecca vont prendre les siennes. Il peut sentir maintenant que leurs mains sont liées. Rien ne peut les séparer ici et maintenant. Parce qu’ils sont en sécurité. -"L’humour c’est une bonne arme contre la panique. " Le mieux à faire c’est d’analyser qui l’on est avec le maximum de bienveillance. La flagellation ne mène que vers des comportements négatifs. -" Tu as fait ce que tu as pu dans une situation inédite. Et d’ailleurs, tu as mieux réagi que beaucoup de monde. " Même à l’échelle de leur groupe, minuscule, Becca a pu constater des différences notables de réactions, de comportements. Certains ont été dangereux pour tout le monde. Mais l’Ecossais a essayé d’aider.

-"Ce qu’on pourrait faire, tu sais ce que c’est ? Tester un cours de méditation. Tous les deux. Ça nous fera du bien pour respirer. En plus ça peut nous apprendre à gérer le stress. Ce serait bien. Qu’en penses-tu ? " Cela fait un moment qu’elle y pense. Elle a commencé à se renseigner. Il y a un cours qui n’est pas très loin de l’appartement. Il suffit qu’ils libèrent leur jeudi soir. C’est faisable et ils le feront, se dit-elle. -" C’est normal que ça nous hante comme cela. Mais, je sais que l’on va s’en sortir. Parce qu’on est fort. En plus, ensemble, on est encore plus fort. " Lui dit-il malicieuse. Pour détendre l'atmosphère, Rebecca tente un clin d'œil.

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17.08.22 17:44
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Rarement les opinions de Becca et Vincent divergeaient. Quand cela arrivait, ils en discutaient, chacun arguant dans un sens ou l’autre, mais leur désaccord n’avait jamais concerné des sujets graves. Progressistes l’un comme l’autre, leurs opinions politiques convergeaient. Rebecca et Vincent se soutenaient dès qu’il s’agissait de leurs familles, quant à la religion, l’un comme l’autre respectaient toutes les opinions, même si Vincent était ouvertement athé. Donc, ils abordaient sur la même ligne les trois sujets les plus sensibles. Chacun comprenait les quelques désaccords restants après leurs échanges. En revanche, sur l’attentat, Vincent était perdu et n’avait pas trouvé le courage d’en parler. Aujourd’hui, il regrettait même d’en avoir parlé. La peur des souvenirs le dérangeait moins que la peur de perdre pied. Encore une fois. Il avait tellement cherché d’explications au geste de ce fou qu’il avait déjà analysé et balayé les arguments que Rebecca venait de trouver et pourrait trouver.

— Non, Rebecca ! Non…


Un hoquet s’échappa de sa gorge, trahissant combien il lui était difficile de retenir des larmes. Il reprit son souffle calmement comme son avocate le lui avait appris lors de son divorce et des accusations mensongères qu’elle prononçait à la barre. Mais à l’instant, c’était le visage de Rebecca sur le parking puis dans la voiture après la réception annulée qui lui revenait. L’avocate avait été professorale. Rebecca avait été compatissante et présente.

— Le cerveau reptilien, la crise d’angoisse, l’illusion de faire face à un ennemi, je… non… Non, je te le dis… Rien n’explique le geste de cet homme. Plus j’y pense et plus je réalise que c’est lui qui me fait peur, Rebecca. J’ai peur qu’il entre.

Il regardait ses mains dans celles de Rebecca.

— Je ne sais pas si la méditation nous aidera.

Il ne s’y opposait pas, mais il en faudrait plus pour le convaincre de l’efficacité d’un tel traitement. Pour Vincent, le problème ne venait pas de lui. Il ne venait peut-être pas des terroristes non plus. Il venait de la folie de ce psychopathe. Il réalisa que c’était son expression qu’il revivait avant de se réveiller en sursaut et non l’agresseur derrière son bandana orange. Cela changeait tout et les phobies de Vincent allaient croître.

— Oui, ensemble…


Son clin d'œil l’amusa et ils allaient rapidement suivre des cours de méditation. Oh, Vincent aura du mal à rester sérieux au début, mais il essaiera. Sincèrement. En attendant, pour l’heure, il devait rester honnête.

— Cet homme me fait peur.

C’était difficile pour lui d’avouer ses peurs. Il se sentait faible en l’instant et non fort comme il l’est habituellement. Faible en son for intérieur. Que se passerait-il si cet homme croisait sa route ? Est-ce que Vincent se jetterait sur lui ? Est-ce qu’il fuirait en abandonnant Rebecca ?

— On va essayer nos deux méthodes, ensemble.

Il se releva sans lâcher ses mains et lui adressa en retour un clin d'œil. Elle avait évoqué sa solution : trouver la paix intérieure et savoir surmonter ses craintes, se renforcer soi-même par le calme et la sérénité. Vincent en avait une autre, différente. Ou plutôt complémentaire.

— Je voudrais qu’on l’identifie et qu’on le mette hors d’état de nuire.

Il réalisa la bêtise qu’il venait de sortir…

— Je veux dire : à le faire enfermer !

Et ce serait difficile, vu que son crime avait été commis sur le sol serbe.
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05.09.22 21:44
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