Si Maître Keenan, sur ses talons perchés, parvient à supplanter tous ses adversaires, c’est avant tout parce qu’elle ne laisse aucune marge de manœuvre. De part son esprit retors, fourbe, elle peut prévoir la majorité des ripostes. Les tactiques les plus surprenantes finissent par être connues. Comme une joueuse d'échecs, elle anticipe. C’est une des raisons qui fait qu’elle n’a pas rappelé le libérateur de Cabjolsky tout de suite.

L’autre raison, qui ne se place pas sur le plan professionnel, n’en a pas moins de poids dans son raisonnement. Dans le jeu de la séduction, il faut apprécier des temps de repos. La langueur fait partie intégrante de la recette. Une femme qui quitte le champs de réflexion d’une homme, ne prend que plus de place à son retour. La rousse en sait quelque-chose, car cette alchimie elle la manie sur le bout des doigts.

Elle a donc pris le temps de chercher toutes les informations sur ce Gutierrez. Pendant qu’elle épluche les infos à disposition du Réseau, son assistante se charge de l’internet et des réseaux. Le profil correspond bonant malant à ce que Jess a remarqué lors de leur présentation. Il reste possible de faire franchir la ligne au Texan! Un défi qui émoustille l’instinct prédateur de sa compatriote.

Pour leur second rendez-vous, la belle sélection un lieu public, un lieu légal. Elle jette son dévolu sur un night-club de Greenwich. Un établissement tenu par une famille de cubain qui a émigré en Angleterre après la deuxième guerre mondiale. Le fils Sony a repris la gestion un an après le Brexit. Il a eu le nez de remplacer le rhum et d’intensifier la musique. Chaque année son concours de danse en couple attire des personnes de toute la ville et du comté !

Pour vraiment profiter de cette ambiance enflammée, mieux vaut ne pas arriver trop tôt. Alors, comme premier défi Jessica donne l’horaire de 22h00 avec tenue de circonstance pour la danse. Elle entre par la grande porte avec un bon quart d’heure de “retard”. Elle n’a pas le teint mat de ses rivales, ni leur hanches, mais elle a leur assurance et leur souplesse. Dans une robe rouge, ses cheveux vifs libres, ses lèvres rouges, elle ne peut pas passer inaperçue.

Aguicheuse, elle observe les cavaliers qui lui tournent autour. Ils jouent une parade sur la musique chaleureuse. Tout le monde s’amuse déjà. L’avocate s’arrête pourtant. Elle fait volte-face pour pointer sa proie de l’index. _ « Toi. Viens danser. » Marchant à reculons vers la piste de danse, elle sourit à Javier. Dès qu’ils approchent des danseurs, Jessica entre dans le rythme. Bien sûr, elle a pris des leçons. Mais surtout, surtout, elle aime séduire et qu’y a-t-il de mieux pour ça, qu’une danse ?

Jessica:

On l'avait prévenu : Me Keenan était intraitable. Une brute qui usait de ses charmes pour arriver à ses fins. Ce que ses collègues avaient de préciser c'est qu'il s'agissait d'une femme. D'une de celles qui n'avaient pas froid aux yeux. Une tigresse qui était prête à accepter seulement ce qui lui convenait, et pas moins. Et Javier avait sembler lui convenir. Lui et ses arguments ; aussi bien physiques que tactiques.

Cabjolsky s'était donc retrouvé dans la gueule du loup avec un choix assez simple : accepter l'offre des forces de l'ordre ou affronter ses anciens amis devenus ennemis. Le choix avait été vite fait. Et celui-ci n'avait pas été celui que Gutierrez aurait souhaité. Pour autant, la négociation avec la rouquine n'avait pas été en vain. En effet, il avait gagné le respect de ses collègues à lui faire lâcher l'un de ses clients importants. Et la cerise sur le gâteau se trouvait désormais dans son téléphone sous la forme d'un SMS ; SMS qui contenait une invitation au Heights club pour quelques heures plus tard.

Ces dernières défilèrent bien trop rapidement, remplies entre autre par une course poursuite à pieds et le plaquage qui la termina. Javier n’avait plus tout à fait l’âge pour ce genre de conneries et, surtout, le temps de ramener cet idiot de fuyard, il était pratiquement déjà l’heure de se mettre en route. Il n’aurait pas le temps de rentrer chez lui se changer. Les douches du NSY devraient faire l'affaire. Il ne pouvait décemment pas se présenter à un rendez-vous galant, bien qu'il n'aurait pas été si surpris d'apprendre que Keenan apprécie. La demoiselle donnait l'impression d'aimer le sauvage.

Quoiqu'il en soit, après une douche bien chaude, du moins autant que le permettaient des douches communes, il passa les vêtements de rechange qu'il gardait toujours dans son bureau dans le cas où. Cas où qui se présentait aujourd'hui. Il s'agissait d'une simple chemise blanche et d'un pantalon de ville noir. Sobre mais élégant. Il délaissa la veste, trop travail, et troqua la cravate pour quelques boutons ouverts. Passant la main dans ses cheveux, il se mit en route pour Greenwich.

Il n'avait jamais mis les pieds dans ce night-club mais il remarqua vite deux choses. Tout d'abord, il s'agissait d'une boîte de nuit cubaine, ce qui plut à la part mexicaine de l'agent. C'était une ambiance familière dont il maîtrisait les pas et les déhanchés. Et plutôt bien. La deuxième chose qui lui sauta aux yeux fut moins plaisante. C'était un bar légal, ce qui sous entendait qu'il n'y aurait pas d'alcool. Certes, il aurait été étrange qu'une avocate, dont la loi était le métier, l'invite dans un illégal et c'était sans doute mieux sans alcool quand on fricotait avec l'ennemi mais il ne put s'empêcher de ronchonner en commandant un VIRGIN old fashioned. Décidément il ne comprenait pas les anglais sur ce point. La prohibition ne fonctionnait jamais, c'était juste chiant pour tout le monde.

Accoudé au bar, il ne lui fut pas difficile de repérer l’entrée de la belle. Entre son teint de porcelaine, ses cheveux de feu, seule le rouge de sa robe pouvait trouver un point commun avec ses concurrentes. Et elle avait beau représenter l'ennemi, Javier n'était pas le seul à avoir des arguments. Et elle n'avait pas peur ni de les montrer, ni d'en user. Ni de son autorité d'ailleurs. À peine arrivée qu'elle l'entrainait déjà sur la piste de danse. Et il ne se fit pas prier. Abandonnant son verre, il l’attrapa par la taille, réduisant la distance qui les séparait à presque rien.

▬ Vous ici ? la salua-t-il avant de la faire tourner sur elle-même sur le rythme de salsa qui embrasait le Heights.

Pando

Les couples de danseurs se déhanchent sur un rythme endiablé. Les corps brûlants esquissent des mouvements vifs. On est loin de la grisaille londonienne ici. Jessica ne démérite pas, au milieu d’eux. La salsa fait partie des danses qu’elle apprécie. Elle a un bon sens de la danse, une bonne coordination, le plaisir de jouer aussi.

_ « M. DEA. » Souffle-t-elle en caressant sa mâchoire, dans un geste séducteur. Javier est beau. Sexy. L’envie de lui reste dans un coin de son esprit gourmand. Keenan se détache ensuite de son charmant cavalier, pour tourner sur elle-même, ses mains frappant la cadence. Elle agite les pans de sa jupe, pousse un son guttural pour rejoindre les sons de la musique. Son visage rayonne de malice et de plaisir. D’un petit coup de menton, elle défie Gutierrez, rit. Ils sont là pour passer un bon moment.

Maintenant que Jessica a toute son attention, elle attrape un danseur à côté d’elle et danse avec lui. La cavalière de ce dernier a une expression de colère vive. Elle va pour les séparer bien sûr. Mais c’est un autre homme qui lui propose de remplacer. La rouquine entrevoit tout ça d’un œil amusé. Elle lance un regard aguicheur, à son invité, juste avant de faire une pirouette avec l’inconnu. Il fait de plus en plus chaud sur cette piste. Oui la chaleur monte dans le sang et c’est agréable.

L’inconnu a une bonne technique aussi. Ils y vont franchement, enchaînant les figures et les collés. Le cardio est sollicité. La dopamine pulsée à plein régime. La belle adresse un clin d'œil, taquine avec sa proie. Elle dévoile le haut de sa cuisse, tout en jouant avec ses cheveux roux. Il est clair qu’elle a eu un professeur de danse particulier! Yeux dans les yeux avec Javier, elle se colle à dos contre son cavalier. Un sourire charmeur embellit son visage pour lui envoyer un message clair. Il lui plaît.

Mais un joli texan est-il prêt à jouer avec le feu ? Voilà ce que Jess a envie de savoir ce soir. On la fait de nouveau tourner sur elle-même. Elle entame ensuite une figure dans un sourire. Elle passe à un autre danseur. Sa main palpe l’épaule musclée avec un signe approbateur. Est-ce une façon de flatter un inconnu ou bien de stimuler l’instinct américain ? Toujours est-il qu’elle lui lance un nouveau regard, comme pour lui demander ce qu’il attend.

Encore à l’orée de la piste de danse, la rouquine vint caresser la mâchoire de l’agent, le saluant, avant de s’enfoncer parmi les danseurs. Avec ses gestes précis, aguicheurs et maitrisés, il ne se faisait pas un mystère sur le choix du lieu. Elle savait ce qu’elle faisait. A tous les niveaux. Elle badinait avec lui, le défiant du regard. Et bientôt entraina d’autres âmes innocentes dans son jeu.

Un homme d’abord, puis un autre, l’aguichant toujours du regard, alors qu’il restait planté sur ses positions. Javier était un homme connu pour son impulsivité mais, à cet instant, il préférait profiter du spectacle qu’on lui offrait. Les mains sur les hanches, détendu, il ne la lâchait pas des yeux. Il observait la façon dont son corps réagissait à ses partenaires. A la musique. A l’électricité sur la piste de danse. Il mémorisait ses courbes et la façon qu’elle avait de le chercher alors même qu’elle dansait avec un autre. Ces gestes de flatteries qui étaient là pour le provoquer.

Et à ce jeu du chat et de la souris, le Texan aussi savait jouer. Il allait lui montrer.

Tendant la main à l’une des demoiselles qui, comme lui, fixait la piste de danse, il l’invita à danser. L’inconnue ne se fit pas prier et il l’attira sur la piste de danse sans plus attendre. Et si Keenan avait prouvé ses talents de danseuse, il n’était pas en reste. C’était presque dans ses gènes. Il enchaina donc les déhanchés et les pirouettes avant de pencher sa partenaire pour avoir accès à l’entièreté de son corps. Les yeux plantés dans ceux de la rouquine, il vint profiter de cette ouverture y déposer une caresse, de son cou au bas de sa cuisse. Le message était clair de son côté également. L’avocate le laissait pas indifférent et voilà ce qu’elle ratait.

Redressant la belle, il la finit de nouveau tourner pour venir se caler dans son dos. Il ondulait avec elle, le visage enfouit dans le creux de sa nuque mais provoquant toujours l’avocate de son regard. Et quand la musique changea, il lança un clin d’œil à sa partenaire improvisée avant de la laisser dans les bras d’un autre pour retrouver ceux de la rouquine qui l’avait très clairement allumé.

▬ Pas mal, pour une gringa. commenta-t-il proche de son oreille avant de reculer son visage qui affichait ce sourire en coin qui en avait fait chavirer plus d’un.e.

L’air suivant était un morceau de bachata aussi rapprocha-t-il encore un peu plus leur corps ; sa cuisse venant prendre place entre les siennes, une main dans le creux de ses omoplates, l’autre replaçant une mèche de ses cheveux de feu.

Il n'y allait pas par quatre chemin et une chose était sure, ils allaient s’amuser ce soir.

Pando

Ni l’avocate, ni ses partenaires de danse, ne manquèrent le manège de M. DEA. L’Américaine n’est pas souvent en présence de personnes de même nature qu’elle. Comme lors de leur rencontre au cabinet, Gutierrez se fait grand séducteur! Jess a des sourires amusés, des regards qui s’égarent sur la sueur du danseur, le pouls de sa cavalière. Ce petit jeu lui plaît car il prépare la dégustation post-dancing.

_ « Gracias.» Répondit Keenan au Texan, alors qu’il dégage son visage. Elle joue sur son accent autant que sur sa façon de le croquer du regard. Les notes de la bachata lui tirent un petit sourire. Voilà qui va être intéressant! Cette danse latino est trés directe. Il a fallu pas mal d’entraînement pour avoir un bon mouvement de bassin. Ce qui s’est d’ailleurs avéré profitable pour ses autres activités nocturnes. « Essai de me suivre.» Lui susurre la tigresse dans cet esprit de divertissement. Le pas à trois démarre rapidement.

Jessica profite d’avoir un homme qui sait danser pour s’amuser. La qualité d’une danse tient tout de même beaucoup à cela. Yeux dans les yeux, elle avance, recule, tourne. Le tout en savourant tout ce que ce pas de danse amène de promiscuité. Ils n’auraient pas eu d’habits que cela aurait été pareil. Les yeux de la rousse luisent d’une espièglerie de plus en plus exacerbée. Il ne faudrait pas grand chose pour que le jeu prenne encore un niveau.

Son bassin caresse celui du texan à chaque rapprochement. Ses mains agrippent épaule et cuir chevelu. C’est une danse énergique, physique, la dopamine monte progressivement. Un phénomène qui active aussi la libido chez l’avocate. Sur la dernière note, dans une position très suggestive, Jess a quelques secondes de flottement. Elle repose son pied sur le sol et s’écarte lentement.

_ « … offres-moi un verre…» Quand bien même son regard dit plutôt: “je vais danser sur ton corps luisant de bel étalon”. Une boisson fraîche pour calmer la soif et l’autre soif. Keenan commence sa volte-face vers le bar. Un mouvement ondulant et gracile, comme s’ils sont toujours dans la danse. C’est ce qui est amusant!

Juste à ce moment la note chaude d’une trompette vibre dans la salle. C’est un morceau qu’elle connaît. Elle l’a dansé des dizaines de fois pendant les cours. Il y avait un pas de danse complexe qui lui a donné du fil à retorde. _ « Attend. J’ai changé d’avis. On danse d’abord celle-ci. … Y a pas que je veux tester. Recule beau gosse. » Une fois bien face à face, la belle pose ses mains. Elle accroche le regard de Javier et danse.

D’abord, un peu trop concentrée sur la technique, elle profite moins de la musique. Juste le temps de se familiariser. Le déclic arrive et avec un vrai sourire de fierté. Ses mains se font beaucoup plus joueuses sur son joli corps d’Appollon latino. Pourquoi se priver quand on a une belle sucrerie juste sous son nez ? une fois, les lèvres de la rouquine s’attardent à un centimètre de celle de son cavalier. Elle recule et fait une pirouette. Il fait chaud!

Javier était dans son élément. Ce genre de danses étaient ancrées dans son corps. Héritage dont il était fier. Aussi quand la belle lui susurra d’essayer de le suivre, il ne put empêcher le sourire qui naissait sur ses lèvres, ni d’ailleurs ses sourcils de se hausser face au défi. C’était plutôt à elle qu’il fallait dire ça. Surtout qu’avec son honneur ainsi mis en jeu, l’hispanique ne fit pas dans la retenu. Et puis, à quoi cela aurait-il servi ? Il était clairement en face d’une femme qui savait ce qu’elle voulait. Et à cet instant, c’était lui.

Il avec elle sur le rythme de la musique, toujours plus proches. La danse appelait un certain collé-serré mais les deux ne se faisaient clairement pas prier. Ils jouent chacun avec l’autre, le défi et l’envie se mêlant à l’ambiance du club. Et si les toucher de la rouquine grimpaient, ceux du texan prenaient l’autre route. La main qui s’était jusque-là retrouvé dans le creux de ses omoplates faisait doucement son chemin le long de sa colonne vers celui des reins ; presque possessivement.

Les yeux dans les yeux, il pouvait difficilement cacher l’effet qu’elle pouvait lui faire. Ses pupilles dilatés en étaient des témoins qu’il ne pouvait pas dissimuler. Au fil des déhanchés, ce regard fut tout ce qu’il pouvait voir. Le monde autour d’eux avait presque disparu, occultés par ce moment qu’ils partageaient.

Et quand l’air arriva à son terme la position dans laquelle ils se trouvèrent ne laissait pas beaucoup à l’imagination. Sa cuisse contre sa hanche et sa main la soutenant. Sans doute un peu trop en hauteur pour paraitre innocente. Leurs lèvres étaient si proches qu’ils respiraient chacun l’air de l’autre, légèrement haletants. Cependant, à ce jeu du chat et de la sourie, Javi avait appris que l’attente était parfois une très puissante alliée.

La laissant redescendre, il regretta presque immédiatement son absence contre son corps. Il savait qu’elle marquait des points mais clairement, c’était un jeu où personne n’était jamais réellement le perdant, alors il s’en fichait. Au lieu de cela, il suivait ses directives, passant son bras autour de son épaule pour l’accompagner jusqu’au bar. C’était un mouvement involontaire, signal clair aux autres hommes – et femmes d’ailleurs – que pour cette soirée, elle était à lui.

Ce qu’il n’avait pas prévu c’est qu’elle lui échappe en faisant demi-tour. Décidemment cette femme allait lui faire tourner la tête. Heureusement pour lui, il était devenu maitre dans cet art également. Il n’eut donc aucun mal à retrouver son corps contre le sien pour ce morceau qu’elle souhaitait maitriser. Ce petit air bien trop concentré qu’affichait les traits de la belle avait quelque chose de charmant, presque attachant aux yeux de l’américain. Il n’y avait pas que des mauvais côtés à cette avocate véreuse.

Lorsqu’elle se détendit un peu dans ses bras, il lui lança un sourire. Elle était clairement fière d’elle et Javier devait reconnaitre la technique. Autant de danse que de séduction. Alors que leurs lèvres s’étaient de nouveaux frôlées, elle avait brisé l’instant d’une pirouette.

L’accompagnant de ses mains, il la récupéra avec son dos face à lui, exactement où il la voulait. Pressant son corps au sien, ses mouvements de danse restaient fluides, expérimentés. Il la guidait, son visage maintenant enfouit contre son cou, ses lèvres dansant contre sa peau. S’il n’y avait jamais eu un doute sur ses intentions, il ne pouvait désormais plus exister. Ils auraient été seuls que cela n’aurait rien changé. Ou peut-être que si. Ils auraient clairement été moins habillé. Après tout, la température n’avait de cesse de grimper.

▬ Toujours envie de ce verre ? souffla-t-il dans son oreille alors qu’il remontait doucement sa mâchoire de son nez.

Pando

Jessica sourit, espiègle et ravie. Ses hanches dansent lentement pour sentir la chaleur du beau Gutierrez. Le procédé de séduction fonctionne visiblement à la perfection… et sur elle aussi. Enfiévré par la danse, par ces lèvres nargueuses, elle a maintenant envie d’explorer une tout autre danse.

_ « Pas que d’un verre. » Lentement, elle prend la main du danseur, pour la guider, tranquillement jusqu’à son ventre. La chaleur de la paume nourrit un peu plus l’imagination de l’Américaine. Car, à vrai dire, la souplesse de ce cavalier lui promet mont et merveilles.

Doucement, l’avocate relève les yeux et vient chercher la bouche de son partenaire. Sa main libre allant à l’arrière de son crâne. Elle prend un premier baiser. Il est lent mais aussi inquisiteur. Keenan recherche la nouveauté, la texture des lèvres, leur goût, le jeu de la langue. Une fois terminé, elle approche sa bouche de la carotide. Souffle sur le grain de peau humide de sueur.

_ « Et après… tu me fais danser sans musique. » Une demande… ou une affirmation ? Avec une femme comme Jessica Keenan c’est facile d’hésiter. Elle continue le collé-serré encore un peu, pour le plaisir. Quand la chanson change, elle attrape la main de Javier et cette fois l'emmène bien vers le bar. Corps contre corps, elle, n’hésite pas à le coller. Une fois devant le bar, elle interpelle le barman d’un sifflement.

Sa main lâche doucement celle de M. DEA. Elle passe dans le dos de ce dernier, lente, sensuelle, effleurant le haut du fessier. _ « Un cuba-libre. » Le “Virgin” est inclus dans la commande ici. Jess trouve cela bien moins bon sans le rhum. Mais, elle a appris à faire avec moins depuis qu’elle est sur la capitale. Sans doute, un jour, retourna-t-elle à Cuba pour avoir les vraies saveurs. Une fois la commande passée la rousse se tourne vers son partenaire, sourire en coin. Elle vient poser une main sur son torse et finalement lui défait le bouton de chemise le plus haut. Elle caresse le carré de peau mise à nu. Pourquoi s’empêcher de faire ce qu’ils ont envie ?

Il faut maintenant se trouver une table libre. Le verre en main, en hauteur, Jess ondule pour circuler entre les tables. Elle échange des regards, des sourires, avec les inconnu.es. Tout le monde est beau ici. La belle ne sait pas dire “non” au beau. Enfin, une petite table pour deux. Jess se glisse sur l’une des chaises. La paille vient à sa bouche, alors qu’elle provoque Javier du regard. Bientôt c’est lui qui sera à la place de bout de carton. C’est une promesse.

Le pied suspendu dans le vide bouge tranquillement. Il cogne parfois la jambe du brin. Tous les artifices sont aux services de la croqueuse d’hommes.

Si Javier était un séducteur expérimenté, Keenan n’était clairement pas en reste. Elle maitrisait aussi bien la parole que le reste. Alors qu’elle faisait glisser sa main contre son ventre, il en profita pour récupérer son visage de celle restée libre. Et comme au diapason, c’est cet instant qu’elle choisir pour se retourner et l’embrasser.

Aucun des deux n’eut vraiment besoin de demander l’accès à l’autre bien longtemps, trop heureux de pouvoir découvrir l’autre toujours plus intimement. Et toujours avec cette promesse d’une suite toute aussi alléchante. Pour autant, si ce premier était brulant, cela ne les empêcha pas de profiter avec une lenteur qui lui semblait contradictoire.

L’air, autour d’eux lui sembla comme électrifier, et ce n’était pas son souffle chaud contre son cou qui allait l’aider à refaire descendre la tension. Ni, d’ailleurs, sa petite remarque. Il ne va clairement pas se faire prier, qu’il s’agisse d’une simple invitation ou d’une affirmation. Leur petit jeu lui a laissé un petit gout de reviens-y.

▬ Bien, madame. réplique-t-il, joueur.

Il n’était homme à se laisser faire facilement, mais ce genre d’ordre là, il était prêt à les suivre sans trop rechigner. Sans rechigner du tout, même. Pourquoi faire quand lui aussi en profitait ? D’ailleurs, en parlant de profiter, le plaisir ne s’arrêta pas avec la chanson.

S’ils avaient quitté la piste de danse, ils pouvaient toujours sentir leur chaleur respective, ainsi collés l’un à l’autre devant le bar. Gutierrez avait de nouveau passé sa main autour de son épaule et senti bientôt sa main dans son dos. Puis légèrement plus bas lorsqu’il commanda à son tour. Toujours un old fashioned. Toujours virgin. Ce qui devait d’ailleurs être la seule chose à l’être.

A la pression sur le haut de son fessier, l’agent lança un regard en coin à la belle, un sourire s’étirant toujours plus sur son visage ; plus proche de celui du prédateur que de la proie. Elle n’était pas la seule à pouvoir jouer de leur proximité. D’autant que la rouquine attirait déjà d’autres regards et l’américain n’avait pas réellement envie de partager ce soir-là. Jamais la première fois.

Et, puisqu’un bras nonchalamment posé sur l’épaule de la belle ne semblait pas suffire à faire fuir les autres prétendant.e.sm il décida de montrer d’avantage sa propriété, pour le soir donné. Alors qu’elle commençait à le déboutonner, il se pencha au-dessus d’elle pour venir embrasser sa clavicule, d’abord.

Son regard se pose sur l’homme qui semblait avoir des vues sur Keenan, lui adressant indubitablement une menace. Qu’il ose seulement s’approcher quand l’agent marquait clairement son territoire. Cela fait, il descendit lentement le long de sa peau. Elle était chaude et douce. Et bientôt il atteint le haut de sa poitrine. Ce ne fut que lorsque leurs boissons furent servies qu’il coupa court à son petit jeu.

Une fois leur verre récupéré, ils se déplacèrent vers une table. Et ce n’était pas la soudaine distance entre eux qui allait mettre fin à leur petit jeu. A vrai dire, Javier n’était pas idiot. Il s’avait totalement que les coups que sa jambe infligeait à la sienne a intervalles réguliers n’était pas un accident ; même si elle affichait un air des plus innocent. Il n’était pas né de la dernière pluie. Il commençait également à se demander plutôt sérieusement s’ils allaient réussir à sortir de ce lieu en ayant été sages. Il aurait pu dire chaste, mais il n’était pas délirant à ce point.

Dans tous les cas, si elle le provoquait, il avait lui aussi des cartes en manches.

S’approchant, il prit l’air de celui qui ne pouvait plus avoir résisté à son défi. Il plaça sa main le long de sa jambe, remontant en même temps qu’il se rapprochait d’elle. Il approcha doucement ses lèvres des siennes avant de bifurquer au dernier moment pour venir capture la paille plutôt que sa bouche.

Après avoir volé une gorgée du cocktail, il lui adressa un levé de sourcil tout aussi provocateur, un sourire malicieux sur le visage. Lui aussi lui faisait la promesse que bientôt elle serait à la place du bout de carton.

D’ailleurs, il ne la fit pas prier bien plus longtemps, accrochant finalement ses lèvres, avec le gout du rhum sur les siennes. C’était une façon de boire qui plairait sans doute bien plus à l’avocate en face de lui. Il en avait l’intuition.

Pando

Madame… Oui, Madame peut devenir vraiment sexy selon les circonstances. “Madame Keenan” procure plus de satisfaction que Maître Keenan. Jessica aime davantage être une maîtresse.

Pas du tout soumise à la morale bourgeoise, elle apprécie néanmoins ce que cela incite chez les amant.es. Tout ce qu’ils mettent en place pour pouvoir jouir de l’interdit. Elle n’a qu’à se pencher pour récolter le plaisir. DEA n’a pas d’alliance et cela, elle l’a vue tout de suite. Peut-être une petite-amie pour le quotidien. Les hommes ne savent pas s’occuper de même. Ils cherchent la boniche aux idées coquines pour combler toutes leurs carences.

Jess a conscience de tout ça. Elle sait qu’ils dominent et soumettent trop souvent son sexe. Mais, elle aime aussi la façon dont un mec montre les dents aux autres prédateurs. Elle aime sentir que l’autre la veut en exclusivité absolue et peut se l’offrir. C’est dans ces moments qu’elle se sent mise en valeur. Qu’elle en a tout simplement. Ses doigts caressent le torse de Javier pendant qu’il fait sa petite exploration mamère. C’est agréable de sentir son désir chez l’autre. La belle se mord la langue pour ne pas soupirer trop vite.

Un sourire au coin des lèvres, Jessica regarda l’homme revenir dans sa proximité. Sa main descendit vers la sienne pour la caresser lentement. La chaleur qui se dégage de leurs paumes est presque la même que sa température corporelle maintenant. Jess le suivit des yeux seconde après seconde, se promettant d’aller caresser sa langue. Elle ne put que rire de sa dérobade finale. Bien joué Mister DEA dirent alors ses yeux.

Ils y arrivèrent au bouche à bouche. Keenan apprécie les saveurs à leur juste valeur. Pendant qu’une main coquin alla cette fois plus bas, au vendre. Les doigts dessinent la ligne invisible du désir jusque dans la région du bas-ventre. Elle s’arrêta en même temps que leur jeu buccale se suspendit dans l’air chaud. Voilà qui met en appétit. Quand elle a faim, une tigresse trouve de quoi se nourrir. Ce n’est pas son genre de faire la diète!

La musique encourage au chuchotis. Parfait pour entretenir une liaison sensuelle. _ « T’habites loin ? » Lui souffle-t-elle avant de retrousser ses lèvres. C'est toujours mieux d'aller chez l'autre. Elle préserver son antre et comme ça elle peut fouiller celle de l'autre. Parfait.

Une question piège à la Jessy. Son assistante lui a sorti le dossier de Gutierrez. Il faut donner une adresse postale pour toutes les démarches administratives n’est-ce pas ? Alors, mensonge ou vérité pour le joli Texan ? Doucement, elle repose sa main sur la sienne et l’invite à remonter vers les monts Keenan. Elle sort absolument tout le temps avec de la lingerie fine. Ces tissus délicats qui terminent régulièrement à la poubelle. Une perte peu contestable quand elle ressent l’envie d’autrui allumer ses reins d’or.

Poser des mots sur ses envies peut être excitant. _ « Parce que là… Je commence à avoir faim…» Confirme-t-elle avec malice. Son index fait sauter le dernier bouton de sa chemise pour trouver un accès à sa peau et au duvet brun. A son tour, elle revient vers son visage, charmant. Elle s’amuse à retarder l’inévitable et dérive le long de la gorge. Après un baiser, c’est le bout de sa langue rose qui caresse la courbe veineuse. La carotide est vitale. Dans ce genre de jeu elle permet aussi de montrer toute la souplesse d’une langue. Dieu sait comme l’avocate est souple.

Assis l’un contre l’autre dans ce coin reculé du club, chacun apprenait à connaitre davantage l’autre. Par-là, il fallait comprendre qu’ils s’exploraient mutuellement, physiquement. La personne, ici, ne venait qu’en second plan. Et personne n’y voyait rien à redire. Après tout, n’étaient-ils pas ennemis ?

C’était réellement une question que l’on pouvait se poser à les voir ainsi batifoler.

Leurs lèvres pressées les unes contre les autres, la main de la belle descendit progressivement le long du torse de Javier alors que la sienne suivait le chemin inverse. Toujours plus haut sur sa cuisse. Toujours plus proches l’un de l’autres. Jusqu’à ce que la respiration devienne un besoin inévitable.

Inhalant l’air l’un de l’autre, la rouquine vint chuchoter à son oreille. Quoi donc ? Il n’en était pas certain lui-même. A vrai dire, elle s’était décidé pour son oreille gauche. Manque de chance, c’était également son oreille sourde. Rarement avait-il autant regretté ne pas porter sa prothèse auditive mais mon dieu qu’est-ce qu’il détestait cet appareil !

Plutôt que d’avouer sa faiblesse, bien trop fier pour le reconnaitre, il préféra choisir une autre alternative. Il préférait avoir l’air idiot en essayant que de révéler le pot aux roses.

▬ Hm ? Répète un peu pour voir ? Je ne suis pas sûr d’avoir bien entendu. fit-il en tendant subtilement son autre oreille.

Il disait vrai, mais son ton avait tout du jeu ou de l’espièglerie plutôt de l’honnêteté. Et c’était ça tout le secret : présenter la vérité sous des traits de mensonges. Il ne restait plus qu’à savoir si l’avocate tomberait dans son piège.

Il ne fut pas totalement certain de la réussite de son plan mais au moins Keenan répéta sa question, avec un geste vers la ceinture du cowboy pour illustrer son propos. Croyait-elle qu’il lui avait demander de répéter parce qu’il n’avait pas compris son sous-entendu ? Si c’était cela, elle allait découvrir bien vite que Javier ratait rarement ce genre d’allusion.

D’ailleurs, si elle avait ajouté comme raison d’une telle question le fait qu’elle avait faim, elle n’était clairement pas la seule. Javier aussi sentait rapidement les effets de la belle sur son propre corps. Il commençait à se sentir légèrement coincé dans ses vêtements. Le dernier bouton de sa chemise avait beau venir de sauter, révélant au passage son alliance autour de son cou, ce n’était pas là que se situait son problème principal.

▬ Malheureusement, j’habite à l’autre bout de la ville. Toi ? demanda-t-il à son tour, reprenant son souffle alors qu’elle s’amusait avec sa gorge.

Il ne mentait pas. Haringey était littéralement à l’opposé d’où ils se trouvaient actuellement. Si le trafic n’était pas trop important, cela voulait tout de même dire au moins quarante minutes de voiture. Clairement, le brun n’était pas en état de conduire, surtout si elle continuait de jouer avec lui ainsi. Il restait toujours les options taxis ou des plus proches.

Les plus proches consistaient en les toilettes du club, mais on faisait mieux en matière de confort et d’hygiène. Il y avait toujours sa voiture mais il doutait qu’une une qui les mettraient en avant pour exhibitionnisme soit une bonne idée. Surtout que rien ne lui garantissait que cette option n’avait pas été ce qu’attendait la belle pour récupérer des clichés compromettants. Restait donc l’hôtel, si un trajet aussi long n’était pas quelque chose de faisable pour eux.

Personnellement, l’agent en doutait franchement.

D’ailleurs, il ne tarda pas à la faire venir sur ses genoux, le temps de décider. Il avait besoin de l’avoir plus proche, tout contre lui. Il avait besoin de la sentir là, plus accessible. Il n’irait pas plus loin en public, mais une chose était sure : lui aussi avait faim. Et aucun des deux n’avaient l’air de vouloir s’affamer.

Pando

Les recherches de son assistante n’ont pas révélé que Javier est un homme marié. Jessica l’aurait su. Elle fait donc la déduction logique qui s'ensuit. Cet homme a un amour regrettable. Dans pas longtemps il lui donnera des détails sur l’affaire de cœur. La tigresse se doit d’être prudente. Les amoureux déçus ne sont pas fiables en général. Pour un peu de divertissement, nul besoin de mettre la barre trop haut, d’ailleurs elle préfère en bas. C’est le cas pour le partenaire comme pour le lieu d’ailleurs. L’important est de garder cette bonne dynamique.

Rares sont les personnes à avoir vu de leurs yeux l’appartement de cette avocate. Jessica compartimente ses relations. Cela rend la gestion plus facile pour elle. Son antre est un lieu de repli. Un endroit luxueux, spacieux, et totalement désincarné. _ « Moi, je peux nous payer une chambre. Juste en face. » Un de ces hôtels attrapent touristes dont Londres a la faveur. Keenan a une carte dans toutes les grandes chaînes anglaises. C’est bien plus pratique et parfois plus sécure que d’embarquer un mec à son domicile. _ « Je peux réserver trois heures. Et on avise. »

Pour l’instant, peloter le Texan est une très bonne option. Jess use de son avantage pour défaire les boutons suivants de la chemise. Elle veut en voir plus. Le duvet de poils attise ses sens. Tout n’est pas basé sur la rationalité dans une rencontre. Il y a d’anciens instincts qui indiquent des réactions. Par exemple, le plaisir de découvrir un duvet sur le torse d’un homme. Satisfaite, la rouquine se penche pour un baiser un peu plus conquérant.

Bien sûr, avec un client, elle profitera du laissé aller pour le sonder. A la mode de Mata Hari qui savait si bien endormir la méfiance de sa proie. Enfin tant qu’elle ne termine pas comme elle. _ « Qu’est-ce que t’en dit… Raaaaa vi. » Murmure l'Américaine, amusée de revenir à une langue plus latine. Dans les années de mannequinat elle a côtoyé pas mal de brésiliens et brésiliennes. C’est avec eux qu’elle a eu les meilleurs cours de langue. Rieuse, elle se penche pour prendre le verre et boire sous le nez de son partenaire.

La musique les entoure, Keenan reconnaît des notes un peu plus chaudes. Il y a de la percussion et quelques cuivres. Les danseurs et danseuses se regroupent sur la piste pour une danse collective. Ils forment un essaim synchronisé et magnifique. On pourrait se croire dans une reproduction de comédie musicale ! Ce n’est pas si surprenant dans l’une des capitales les plus productrices de shows musicaux du continent. _ « Je crois que c’est le bon moment pour s’éclipser. » Jess lui caresse le menton, charmeuse comme un personnage de Looney Tunes! _ « Viens… » D’un joli pas de danse, Jessica quitte les genoux de l’enquêteur.

Elle le tient. Une fois qu’elle l’aura bien fatigué, une petite fouille en règle pour approfondir les recherches. S’il veut vraiment s’en prendre à la clientèle du Réseau, Keenan peut jouer un bon coup, voir gagner sur les deux tableaux. Tranquille, elle lui prend la main, l’enlace de ses phalanges. Sa silhouette ondule pour passer entre les groupes. Un nuage de fumée ocre dissimule leurs visages et c’est sans doute mieux pour cacher la malice de ses yeux ambrés.