FACE IDENTITY : Shia Leboeuf IDENTITE : Jack Clark GROUPE : LP RANG : Chef équipe AGE :34 ans ETAT CIVIL : Concubinage PROFESSION : Ouvrier qualifié ETAT DE SANTE : Mal de dos chronique LIENS : Frère cadet de Rebecca Peterson, Oncle de Jane, Connaissance de Vincent
Rebecca Peterson fait partie des invités de l’émission de société hebdomadaire sur la chaîne grand public, dont la thématique centrale est la transition énergétique. Depuis son intervention lors du rassemblement pour le climat, diffusé sur les réseaux sociaux, elle a le vent en poupe. Son nom circule dans les canaux. La direction de la chaîne publique veut donc en savoir un peu plus. Pour que les téléspectateurs soient au rendez-vous le staff à élaboré une table hétéroclite. Elle fait face à un chargé de mission “économie”, un éminent membre du parti conservateur, le grand patron des lignes de chemin de fer… plus quelques polémiqueurs appréciés.
Le programme est en direct. C’est ce qui rend l’exercice encore plus intense. Pas moyen de faire de montage. D’autant que le service communication a développé une appli pour avoir les réactions des internautes en fond de scène. Becca sait que sa marge de manœuvre est limitée. L’écologie ne touche qu’un segment de la population. Quant à la lutte de classe, si chère à ses tripes, c’est à double tranchant… surtout avec les adversaires qu’elle a sous le nez.
Bien entendu, en tant que Travailliste revendiquée, on la prend à revers à propos de son camarade Lowground. Le leader de la chambre britannique a un bilan de parcours mitigé. En dix-huit mois d’exercice au pouvoir les résultats ne sont pas aussi bons qu’ils l’ont espéré. La précarité est encore là et les défaillances estivales détériorent la confiance des électeurs… en même temps que leur santé. En résumé, Rebecca se retrouve à faire un vrai exercice d’équilibre.
A mi programme le plateau est mise en veille pour un quart d’heure de publicité. Jack Clark quitte l’écran plat du regard. - « Eh bah c’est pas gagné… » Il quitte le fauteuil pour aller se servir un café noir et sans sucre. Pendant que la machine à dosette fait ce pour quoi, elle a été inventée, l’ouvrier se masse la nuque. Il a cinq ans d’écart avec Becca. Il la connaît par coeur, sa soeur. Pour l’instant ce qu’il voit c’est une fille qui se retient… Il lui a proposé de la préparer. Mais elle lui a préféré l’autre là. Un mec à Particule qui doit bien se faire cinq fois son salaire annuel. Minimum.
Dans un soupir fatigué, Jack revient se poser. Il boit une gorgée en cogitant. - « C’est toi qui lui a dit de retenir ses attaques ? D’puis t’à l’heure elle ne fait que se défendre. » Le téléphone du mécano vibre. Il a les notifications de l’émission, du Tweeter et le fil Whatsapp du Parti. - « Faut qu’elle revienne à la charge sur la taxe aux grands pétroliers. … » Le port de Londres et tous les autres font des dégâts importants. Les dockers sont sous payés ce qui se ressent durement depuis la mise en place du brexit.
- «Et puis quelle idée de commencer par parler du Smog. Rien de plus anxiogène. » Dans quelle mesure tout cela vient de Rebecca ? Est-ce que ce n’est pas cet intru qui lui a mis des idées à la con dans la tête ? Pourtant, même avec tout ça, Clark ne peut que constater la vérité. Rebecca crève l’écran. Ça ne devrait pas, mais ça le fait chier.
Justement, en parlant d’elle, la voilà qui entre dans la loge. Jack la regarda ouvrir le bouton de chemisier. Elle commence à faire les cent pas en se tordant les mains. La voir qui stress le rassure un peu.
Vincent avait pensé attendre Rebecca dans la limousine, une Aston Martin quelque peu rallongée, mais surtout à propulsion électrique. Vincent aimait la conduire, mais il ne le faisait plus du tout depuis les attentats de l’ambassade. Il préférait les compétences d’un pilote spécialement formé pour essayer d’échapper à une attaque. Ce véhicule le symbolisait beaucoup, un homme amoureux du temps où les voitures étaient conçues à la main, mais tourné vers l’avenir avec des propulsions électriques.
Il avait finalement rejoint le public des spectateurs, triés sur le volet. Encore plus dans le carré VIP, à l’abri des caméras. Durant tout l’exercice auquel se livrait Rebecca, il était resté impassible, sous le charme de sa compagne. L’exercice était périlleux, elle portait des stratégies politiques qu’il appréciait quand bien même elles mettaient des bâtons dans les roues de son entreprise.
Vincent observait les réseaux sociaux. Il n’avait pas de compte en son nom propre, mais deux comptes professionnels au nom de ses entreprises et un compte totalement anonyme qui ne publiait aucun message, aucun commentaire. Pas même un like, pas le moindre pouce bleu. Ce qu’il lisait lui plaisait. Rebecca crevait le plafond et ses opposants peinaient à l’attaquer. Les comptes féminins d’opposants l’attaquaient le plus vertement, car les comptes masculins craignaient qu’on les accusent de sexisme. Amusant !
— Eh bah, c’est pas gagné !
Vincent plissa les sourcils et tourna les yeux vers son voisin Jack Clark. Il s’était poliment salué, mais sans autre forme de commentaires. Cet homme au quotidien semble exprimé aussi facilement ses sentiments que sa soeur. Étonnant, Vincent avait une image plus flegmatique et plus retenue de cet homme politique. Vincent se lève et se dirige à son tour vers la machine à café. Quelque peu déçu par le choix de la cafetière, il renonce finalement à son plaisir pour ne pas absorber de l’aluminium. Et qu’on ne le prenne pas en photo en se servant ce genre de produit impactant plus que de raison l’écologie.
Jack lui adresse la parole, ou plutôt une pique sur la façon dont Rebecca se conduit. Vincent réprime tout sourire, car il refuse que celui-ci soit mal interprété. Ne manquerait plus que Jack pense que cela soit vrai.
— N’est pas encore né l’homme qui dictera les mots de Rebecca.
Dommage, Jack n’a pas encore compris la principale qualité de sa soeur. Elle n’attaque pas. Elle a des dossiers solides que seule la mauvaise foi peut attaquer et elle ne répond pas par l’attaque, mais avec des faits. En revanche, Vincent acquiesce quand il conseille qu’elle reprenne la parole sur la taxe aux grands pétroliers.
— … oui et aux grands charbonniers, précise-t-il.
Cela fera très mal à l’entreprise minière de Vincent, mais il approuve totalement le sujet. Son entreprise essaiera d’esquiver la taxe en s’engageant sur le triplement des éoliennes off-shore en Écosse. Jack semble plus stratégique, Rebecca plus sincère et c’est là toute la différence. Vincent l’accompagne jusqu’à la loge de Rebecca. Elle les rejoint après que la journaliste l’ai libérée.
Vincent ne dit pas un mot. Il attend de capter son regard pour lui adresser un simple clin d’oeil. Il n’aurait pas tenu les mêmes propos. Plusieurs fois, elle l’a impressionnée. Elle est brillante et surtout différente des autres “hommes” politiques. Contrairement aux grandes femmes politiques comme Angela Merkel ou Margaret Thatcher, Rebecca préserve son authenticité et ne se montre pas “sévère” pour “égaler” les hommes. Elle va tout déchirer. Vincent observe Jack. Anxieux ? Pour elle ? Pour lui ? La question fait son chemin. Sa réponse : les deux, mon capitaine !
Vincent les laisse tous les deux s’exprimer, orienter la stratégie. Jack ne l’influencera pas. Elle entendra ses conseils et choisira seule lesquels elle suivra. Vincent observe et soutiendra Rebecca si elle lui demande, mais il n’agira pas de son propre chef dans un lieu public, dans un lieu où les journalistes, même s’ils ne filment, ne manquent pas le moindre signe, la moindre influence pour s’en servir lors des incessants débats télévisés entre “experts” incompétents. Des experts qui ne savent que meubler les trop longues heures de débats mêlant incertitudes et contre-sens incessants.
Vincent saisit finalement son regard plus longuement et se contenta de dire ce qu’il en pensait :
— Je suis impressionné.
Il présenta l’écran de son smartphone qui présentait un camembert des gens convaincus par Rebecca.
— Et je ne suis pas le seul.
Elle n’avait pas la majorité absolue. Loin de là ! Mais les opinions favorables étaient deux fois supérieures aux opinions défavorables. Les internautes ne se prononçant pas étaient largement majoritaires : rien n’était donc joué, mais elle était sur la bonne voie. Ce que venait de dire Vincent avait bien plus de sens et de portée que ne pouvait le percevoir Jack. Même si Vincent était convaincu qu'aucun homme ne pourrait dicter à Rebecca ses mots, il s'était permis un commentaire. Oh bien sûr, ils échangeaient politiquement tous les deux et Rebecca entendaient l'avis de son compagnon, mais il ne dictait rien. Toutefois, il s'était permis un conseil. Un seul, ce qui rendait le poids de son conseil plus important : "Reste authentique et toi-même. C'est toi qui peut gagner. Pas une icône de toi." Donc, comme déjà dit, les mots de Vincent et le graphique qu'il présentait avaient plus de sens que Jack le pensait. Au-delà de l'admiration sincère de Vincent, il saluait son comportement. Elle n'attaquait pas frontalement, car ce n'était pas dans sa nature. Elle restait elle-même.
Pendant que Rebecca répond aux questions du Times dans la pièce adjacente, son frère termine son café. Il réfléchit à la deuxième partie de l’émission, au sac de questions que les animateurs gardent en cachette. Leur chance est que Becca soit réactive. Ils auront du mal à la prendre de court. Mais, leur talon d’Achille est que Rebecca ne tolère pas la moindre petite compromission. Une dure de chez dure comme disent les dinosaures du Parti. Mais, la noblesse d’âme n’a jamais donné la victoire. Ils doivent en parler.
Ce qui n’est pas évident à dire et à faire entendre, quand on a grandi avec la personne concernée. - « Tu penses qu’elle a des chances de gagner ? » On sent bien que cette question est rhétorique. Clark enchaîne à brûle pourpoint. « Les sondages disent qu’elle a une chance sur trois. Moi je pense qu’elle peut. … Si elle se montre plus ouverte à la discussion. Toi, parles-lui. » Cet Ecossais est acoquiné avec la noblesse. Il votre certainement de l’autre côté. Il pourra faire entendre raison à cette bourrique. Sinon ce n’est pas que sa propre carrière qu’elle va planter.
La pause est de courte durée. Ils ne peuvent pas couper longtemps sous peine de perdre de l’audience. Ce débat est aussi un excellent outil pour mesurer la température citoyenne. Rebecca sait tout ça. En reprenant ses fiches, elle se sent fébrile. -« La représentante de la société civile veut ma peau… » Il est indéniable que les intervenantes se montrent plus dures avec elle.
- « Esquive. Amène le sujet que tu maîtrises. Parles des taxes sur les transporteurs. » Jack s’avance, frondeur, ils donnent la sensation d’être dans une bagarre. Alors qu’il s’agit uniquement d’un mode de fonctionnement familial. Jade y adhère moins parce que sa mère a limité les interactions féroces.
Trop impliquée et perfectionniste, Rebecca ne peut pas prendre de recul sur sa prestation. Elle s’auto-analyse et voit ses failles avant tout. C’est ainsi que l’on progresse. -« Tu l’es ? Oui ? Mon intervention sur le protoxyde d’azote a fait un plat. Ils n’ont pas rebondi sur les recommandations de l’OMS. » Le dernier épisode de grosse pollution n’a pas autant occupé le débat qu’elle ne l’avait envisagé. Peterson n’arrive pas à aborder le sujet de la santé publique, de l’accès au soin, pourtant la pierre angulaire d’un système économique viable. -« lls veulent qu’on parle sécurité. » Un sujet qui a toute sa place dans la pensée collective en particulier avec la recrudescence des trafics autour du port londonien. Mais c’est un sujet qui éveille avant tout la peur et les raisonnements extrémistes.
Par l’écran d’information on distingue le plateau et les grosses têtes médiatiques restées là pour échanger. - « Parle de sécurité énergétique. Voilà. La violence on la garde pour plus tard. Ce soir, il faut que les gens éteignent la TV en voyant les solutions. C’est ce que tu as dit. » Rebecca l’écoute, mais son esprit revient sur les informations de son partenaire de vie.
Le conseil de Vincent flotta dans l’oreille de Rebecca. On aurait dit un vieil adage. La parole d’un sage venu se poser sur son épaule. Probablement, l’un de ces conseils que Peterson donnait chaque jour à ses camarades syndicaux. La sincérité était la clef de voûte pour tout le reste. Une fois cela intégré, une petite tension à la base de sa nuque diminue significativement. -« … J’ai hâte que ce soit fini. » Pas de démonstration d’affection dans une antre du grand Média. Becca sourit. Elle détendit ses trapèzes. -« Il faut vraiment qu’on parle éoliennes toi et moi. » Est sa remarque avant de retourner à la maquilleuse. Une fois prête, elle entra sur le plateau.
Les quarante-cinq minutes suivantes furent encore plus costaudes. Les journaleux ont leur ligne de conduite. Plus que de l’information, ils cherchent à noyer le poisson et à faire du buzz. Parce que c’est ça qui reste dans la tête des gens. Toujours est-il que la toile expose une lucidité... rafraichissante.
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13.09.22 9:55
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Chacun prononce des conseils à sa façon, chacun les comprend d’une autre. Vincent avait les yeux sur son portable, balayant du doigt un Tweet cinglant contre un opposant. Il releva les yeux vers Jack à sa remarque, son conseil. Elle le peut, si elle change. Était-ce une façon polie de dire que sans changer, elle perdrait. Après cette interprétation personnelle, Vincent accueillit la remarque de Jack d’un sourire. Amusé, Vincent l’était. Pour Clark, les enjeux dépassent ceux de sa sœur, et c’est bien là toute la différence entre les deux politiciens. Rebecca se bat pour ses convictions, pas pour le parti, encore moins pour elle. Elle se fait donc des ennemis et va récolter des brimades. Brimades qui n’auront pas d’impact si elle perd. Brimades qui seront contre-productives si elle gagne.
— Jack, Charles n’a jamais compris que sa plus grande qualité était Diana.
La sécurité est revenue sur le tapis plusieurs fois et Vincent a pu admirer les qualités de Rebecca pour ne pas se laisser manipuler. La responsable de la société civile s’est alors effondrée, emmêlée les pinceaux. Elle connaissait moins bien le sujet que Rebecca. Rebecca n’avait même pas à se présenter en victime, ce qui aurait été une faute. Elle avait commencé par le smog et elle finit par évoquer l’indépendance énergétique et fiabilité du réseau. Elle toucha juste. Les réseaux sociaux s’enflammaient. Comment appeler la police quand l’électricité est tombée ? Un éclair de lucidité sur la toile. Les téléphones portables avaient des batteries, pas les antennes relais. Et les gangsters étaient loin d’être stupides. Les coupures de courant étaient si fréquentes, qu’il suffisait d’attendre pour agir. Finalement le piège de la sécurité desservit l’extrême droite autant que l’étrange représentante de la société civile.
— Si Rebecca l’emporte sur le débat de la sécurité, les conservateurs ont dû souci à se faire, non ?
La remarque ne s’adressait pas à Jack, mais à la maquilleuse. Elle mit deux ou trois bonnes secondes à comprendre que Vincent s’adressait à elle.
— Euh… Moi ? Euh oui… Ce n’est pas idiot ce qu’elle dit. — A quoi sert la police, si on n’a pas d’électricité pour l’appeler ? ajouta Vincent en regardant Jack cette fois. Vous avez bien quelques experts en communication pour lancer un Hashtag là-dessus.
Oui Vincent et Rebecca devaient parler d’éoliennes. Jack n’allait pas apprécier, car le débat allait servir les futures constructions de Vincent. Ce n’est pas ce qu’espérait Vincent, car leur relation allait leur jouer des tours. Qui se sert de l’autre ? pourrait titre des tabloïds. Était-ce pour cela qu’elle avait commencé par le smog ? Le smog venait des centrales à charbon alimentées par les mines de Vincent.
Vincent et Rebecca vont devoir parler des mines de charbon. Vincent sourit de nouveau. Il avait sa ligne éditoriale, son prétexte pour agir, la COP33, le smog, toutes les routes convergeaient. Vincent allait saborder ses mines et l’écologiste convaincu en était heureux, d’autant plus que l’entrepreneur le ferait en grande intelligence. Vincent passait la seconde et envoyait un SMS à son attachée. La prochaine réunion syndicale allait surprendre bien du monde. Il se serait bien fendu d’un tweet #MortAuCharbon, façon @ElonMusk, mais Vincent n’était pas ce genre de manager, il pensait à ses mineurs lui.
Le générique sonnait la fin de l’émission, l’atmosphère se détendit sauf du côté de la représentante de la société civile, visiblement énervée. Jack, sans doute en colère de recevoir une consigne de Vincent, prit les devants et se dirigea vers Rebecca.
VINCENT— Jack, Charles n’a jamais compris que sa plus grande qualité était Diana. L’histoire de Charles et Diana a marqué plusieurs générations de citoyens britanniques. C’était un traumatisme collectif que la mort de cette Princesse. Quoi qu’on devait être plus insensible quand on prône la fait du règne divin.
JACK - «Haha. Tu compares Becca à une … princesse morte. » Peu de dire que l’une des icônes de la royauté n’est pas le meilleur compliment pour une figure montante des Travaillistes. Question de regard sur la société britannique. Ceci dit, ces simples remarques nourrissent les suspicions de l’ouvrier (qualifié). Que fait sa sœur avec ce patron à particule ?
VINCENT — Si Rebecca l’emporte sur le débat de la sécurité, les conservateurs ont dû souci à se faire, non ? Jack reste mutique, avec un air plus contrit que fier. Il est coincé dans un conflit intérieur assez sévère. La fraternité est un peu émoussée. Quoique Clark soit étonné par la répartie serrée de sa sœur. Il ne l’a pas vue progresser. Mais, visiblement la vie de comptable lui a permis d’améliorer ses capacités oratoires. Elle a les airs d’une politicienne.
ANN— Euh… Moi ? Euh oui… Ce n’est pas idiot ce qu’elle dit. L’employée de la chaîne était discrète et efficace. Pour ne pas dire qu’elle faisait partie de celles qui deviennent invisibles.
VINCENT— A quoi sert la police, si on n’a pas d’électricité pour l’appeler ? ajouta Vincent en regardant Jack cette fois. Vous avez bien quelques experts en communication pour lancer un Hashtag là-dessus. Une idée qui résonne dans ce microcosme du média. D’ailleurs ça commence déjà à fourmiller d’idées et de concepts pour alimenter cette nouvelle popularité.
JACK - «Ils sont dessus, ouais. » La cellule communication et réseaux sociaux a énormément augmenté. Probablement, est-ce aussi ce qui a participé à la réussite de la campagne générale et indirectement à leur victoire. Les militants sont formés dès le début. D’ailleurs, la nièce de Jack fait partie du groupe jeune, sous un alias dont sa mère n’a pas connaissance. Jane n’a pas envie qu’elle le sache. David Peterson chapote tout cela de loin. Il a toujours cru au potentiel de son ex-femme. D’ailleurs, il avait hésité à venir ce soir. Cela aurait fait les pieds à l’exploitant écossais.
Quelques applaudissements accompagnent l’arrivée de Rebecca dans la loge. Loin des projecteurs, le masque disparaît peu à peu de son visage. Les veines saillantes, le tic nerveux de ses mains ressortent sous la lumière des leds. Jack l’intercepte pour avoir le premier mot de retour. Rebecca se fige et plante son regard dans le sien. La confiance qu’elle lui transmet est en décalage avec le Off. Mais c’est le sort de toutes les passions familiales. JACK - « Pas mal. Un peu trop en défense. Mais pas mal. » Un silence recueille la critique fraternelle. Rebecca attrape sa gourde pour liquider la fin de son thé vert. -BECCA « On était d’accord. Pas d’agression envers la société civile… Non ? » Elle se tourne vers le reste du groupe pour connaître leurs sentiments.
Quelqu’un toc et d’un coup un rouquin à lunettes bondit dans la loge. Le sourire jusqu’aux oreilles, il lève son smartphone en l’air. CHARLY- « Tweeter est en feu. Le Hashtag prend. » Un membre du bureau national vient de faire parvenir ses félicitations à “la jeune et prometteuse candidate Rebecca Peterson”. Le compte instagram montre un bon suivit. Tiktok commente. La petite équipe accueille la victoire avec entrain. Avec cela la dynamique reprend. Ils vont pouvoir s’en servir pour les grands débats d’orientation budgétaire de la fin d’année. Londres écolo c’est parti !
CHARLY- « Super, y a un coup au local. Rebecca ? On y va ensemble ? » Dans un coin Jack est en ligne. En fait, il discute avec son ex-bof. David a tout suivi de son canapé. Toute la famille a suivi la performance.
Becca enfile un pull pour contrer la vague de froid. Quand la pression redescend il fait froid. Un petit mal de crâne se devine à l'horizon crânien. -BECCA « Heu je ne sais pas. » Les autres commencent à plier bagages. Ils doivent rendre les lieux en ordre. Peterson passe un foulard autour de sa nuque. Elle s’avance vers son compagnon et effleure sa main quand elle a envie de reposer son front contre son épaule. -« Heureusement qu’ils n’ont pas parlé des ventes d’oxygène. » Forcément, la trentenaire a le cerveau qui turbine en continue. Elle pense à la prochaine bataille.
-« Je suis trop claquée pour faire la fête… On rentre ?» En fait Rebecca ne se ménage pas assez. Les semaines sont denses. - «e dois encore terminer mon intervention pour demain midi. » Doucement, elle commence à craquer et à se rapprocher pour sentir la chaleur humaine de MacAskill, le tout sous le regard, toujours super méfiant du frangin.
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19.11.22 2:06
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Jack avait contre-attaqué en jouant la carte de la comparaison entre Diana et Rebecca. Amusant comme réponse, Vincent aurait pu lui rétorquer qu’il le comparait lui au roi Charles III, mais cela aurait été insultant envers l’intelligence du syndicaliste. Il avait bien compris le propos de Vincent et bien répondu. Match nul, balle au centre.
A l’issue de l’interview, Vincent essayait de ne pas décrocher, ce n’est pas le meilleur connaisseur des réseaux sociaux. Il possède quelques comptes sur son téléphone, des comptes qui ne publient, ne likent, ne commentent jamais le moindre message. Ce sont des comptes auxquels ses équipes se chargent des abonnements pour lui indiquer qui suivre, qui ne pas suivre. La communication de l’entreprise est gérée par son équipe de com’. Vincent reçoit aussi des notifications sur son téléphone pour approuver ou rejeter certaines publications réputées sensibles.
Viens alors la question la plus difficile pour Vincent. Aller ou non au local. Et c’est Rebecca qui lui pose la question. Et elle lui fait bien comprendre qu’elle souhaite rentrer. Et qu’elle est fatiguée. Et qu’elle doit encore préparer un discours. Vincent absorbe régulièrement des charges de travail énorme. Il a les reins solides, la santé pour faire face et surtout la volonté de changer les choses. La volonté. Rebecca n’en manque pas. Voilà pourquoi il donne une réponse plus professionnelle que personnelle.
— L’homme d’affaires te rappellerait combien il est important de remercier les troupes et de booster leur moral. Tu n’es plus leur balise, mais le commandant du navire de leurs convictions. Égoïstement, je préférerais te garder auprès de moi.
Vincent ne mentait jamais, il pouvait éviter de répondre à certaines questions, mais il ne le faisait pas avec Rebecca. Il exposait les faits et lui faisait confiance pour prendre la meilleure décision. Une relation à l’opposé de son travail, où il prenait toutes les décisions, les bonnes comme les mauvaises. Il savait que même fatiguée, Rebecca avait les épaules de relever tous ces défis qui se présentaient à elle. Ce soir, il jouerait le rôle du rabat-joie pour qu’elle quitte rapidement le local, il l’aiderait avec le discours, il l’aiderait à se coucher pas trop tard. Une aide, des conseils, mais il ne décidera rien pour elle.
Et demain, au lieu du brunch prévu, il prendrait des muffins à emporter et aurait aimé lui faire la surprise de lui présenter les immeubles qu’il a trouvés. Pour qu’elle décide avec lui. Mais là aussi, ce serait du travail. Car Rebecca et lui devront réfléchir finement au financement le projet retenu. Il ne faudrait pas laisser la moindre faille. Sinon ces adversaires joueront la carte de la corruption passive, voire active. Les sexistes pourraient même prétendre que c’était lui le marionnettiste. Vincent savait que malgré toutes leurs précautions une faille serait trouvée. Quand mille personnes cherchent à en critiquer deux, elles trouvent toujours un truc… ou l’invente. Alors, Vincent avait préparé une contre-offensive si puissante qu’elle monopoliserait l’antenne plusieurs jours. Il était temps d’en parler à Rebecca, même s’il préférait le romantisme de la surprise.
Après avoir quitté le studio, Ils s’étaient donc installés dans le taxi qui pouvait les conduire au local ou bien chez Rebecca. Tout le monde sait où va la voiture, n’est-ce pas ? D’autant que Jack était assis en face d’eux dans le cab’. Vincent reprit la parole quitte à mettre Jack en porte-à-faux, lui révélant des décisions qui mettraient très mal à l’aise le syndicaliste.
Il lui glissa un petit post-it écrit par la main d’une femme. Il contenait une adresse.
— Demain, plutôt que d’aller au brunch, rejoins-moi cette adresse, j’y serai avec des cochonneries à grignoter. J’ai trouvé deux petits immeubles. A voir si cela te plaira, Rebecca….
Il inspira profondément, il avait dû renoncer à sa surprise.
— Tes adversaires vont bientôt t’attaquer sur notre relation Rebecca et quelque soit ton choix. Le local du rez-de-chaussée, le premier étage pour ton équipe de campagne et notre appartement au-dessus, le financement sera un sujet important pour eux. Ils parleront de corruption… Active, passive… On sera prudent, légaux, moraux aussi, mais ils vont bien trouver ou inventer un détail. C’est pourquoi, tu devras retourner le problème et leur prouver que c’est toi qui m’influence … A toi de voir…
Jack fit des yeux ronds sans perdre une miette du discours. Vincent reprit la parole pour que Jack ne le coupe pas.
— Je vais verser une prime à mes mineurs. Une prime de non compétitivité. Moins ils extraient de charbon, plus ils ont de primes. Certains diront que je me ruine, mais il y aura une contre-partie. Ils devront accepter de suivre des formations pour des postes de maintenance sur des éoliennes.
Il fixa Jack dans les yeux.
— Et comme autour de mes mines, il n’y a aucun projet d’éoliennes, vu que quelques maires ne veulent pas “détruire le paysage”, cela sous-entend qu’ils vont devoir déménager. J’avais eu cette idée, mais économiquement, ça va être difficile.
Il reporta son regard sur Rebecca.
— Je voulais la refuser, mais Jane et toi m’avez ouvert les yeux. C’est l’annonce que tu pourrais faire pour contre-attaquer. Tout est vrai après tout. Cela aura plus de poids si tu l’annonces. Et il n’y a aucun mensonge, là-dedans.
Vincent pourra même faire fuiter les analyses économiques et les difficultés inhérentes. Mais, cela il ne le dira pas devant Jack.
FACE IDENTITY : Hannah Ware IDENTITE : Rebecca (Clark Peterson) GROUPE : Ouvriers RANG : Divorcée, une fille. En couple. AGE : 36 ans ETAT CIVIL : Union libre à trois, voir quatre PROFESSION : Comptable Mandat Syndical. Membre du parti Travailliste ETAT DESANTE :Un manque de sommeil LIENS : Vincent MacAllister compagnon
Meilleurs ennemis ?
-”VINCENT: L’homme d’affaires te rappellerait combien il est important de remercier les troupes et de booster leur moral. Tu n’es plus leur balise, mais le commandant du navire de leurs convictions. Égoïstement, je préférerais te garder auprès de moi. ” Rebecca esquissa un sourire d’une infinie discrétion. Le temps d’un battement de cil qu’aucun objectif ne peut capturer. Bien dans ce cas la trentenaire n’avait qu’à puiser dans sa réserve d’énergie. Une heure maximum pour partager l’esprit d’équipe. - « Tu peux appeler un taxi ? Je reviens. » Quand elle passa à proximité de son frère, Peterson n'eut qu'à échanger un regard. Jack n’avait pas intérêt à nourrir l’animosité contre Vincent. Cela se terminerait mal famille ou pas famille.
Au moins le trajet fut calme. Il n’y a pas de flashs, de projecteurs, de staff qui suit chaque mouvement que l’on fait. Rebecca aurait préféré que Jack soit ailleurs. Pour avoir un moment seule à seul avec son partenaire. Mais cela attendrait visiblement. Doucement, elle prit le post-it et en prit connaissance. Sa mémoire photographique fait le travail. Bien sûr, elle voyait le quartier dans lequel se situe cette rue.
-”VINCENT: C’est pourquoi, tu devras retourner le problème et leur prouver que c’est toi qui m’influence … A toi de voir…” Le concept d’influence fit tout de suite tiquer la syndicaliste. Voilà le genre de mot qui est dangereux dans un contexte comme le leur. Néanmoins, l’homme d'affaires aborde un sujet important. Comment traiter leur relation dans les médias.
- «On aura le contrôle de la narration. » Dit-elle tant pour l’un que pour l’autre homme dans la voiture. - «Mais l’influence… ? Je ne suis pas sûre. » La ligne la plus conservatrice de l’adversaire trouverait de quoi en redire. Ils pourront appuyer sur l’image de la femme manipulatrice et vénale et avant peu Becca sera une sorcière des temps modernes. Il n’y avait pas que ça. L’amour entrait en jeu. Rebecca n’avait pas envie de descendre Vincent pour gagner.
Cependant, elle est cartésienne. Elle réfléchit pourtant à cette stratégie. Il faut qu’elle analyse le pour et le contre. Mais, ils n’ont pas terminé. La suite est une véritable bombe. Si bien que la dame a un mouvement de recul. - «Mais Vincent c’est le plus gros de ton marché.» Comment rebondir après la fermeture des mines ?
-”VINCENT: Et comme autour de mes mines, il n’y a aucun projet d’éoliennes, vu que quelques maires ne veulent pas “détruire le paysage”, cela sous-entend qu’ils vont devoir déménager. J’avais eu cette idée, mais économiquement, ça va être difficile.” Si aucun d’eux n’est à l’aise financièrement comment aller au bout de la campagne ? Le parti à clairement dit qu’il n’y aurait pas de rallonge.
JACK - « Ouais. Mais ça pourrait lancer le plan de modernisation du territoire. » Clark entrevoit rapidement les possibilités. En plus, avec l’info en exclusivité, cela leur donne un avantage supplémentaire. Ils peuvent orienter les prochains rendez-vous et battre le fer à chaud. Ce sera comme de lancer la bataille juste après le discours du général. - « Non. Attendez… une minute. » Murmure Becca alors qu’elle suit le même raisonnement que son frère et que son amant. - «[color:e8bf=#cb 4335]Laissez-moi réfléchir. » Cela pouvait attirer les sympathisants hésitants dans leur camp. L’Irlande voulait diversifier ses ressources énergétiques depuis plus de dix ans. Un nouvel accord à l’intérieur de l’Assemblée. Peut-être de quoi solidifier la place de
-”VINCENT: Je voulais la refuser, mais Jane et toi m’avez ouvert les yeux. C’est l’annonce que tu pourrais faire pour contre-attaquer. Tout est vrai après tout. Cela aura plus de poids si tu l’annonces. Et il n’y a aucun mensonge, là-dedans. ” Là, l'Anglaise fut touchée au cœur. Une décision aussi radicale parce qu’elles l’ont convaincu. - «Es-tu sûr de toi ?» Une fois qu’ils auront lancé la nouvelle, un retour en arrière serait impossible.
Le taxi s’arrêta dans la rue face au local. Jack paya la course. Sa sœur retenue volontairement l’Ecossais par la manche pour qu’ils restent en arrière. - « Une minute.» Elle a déployé le parapluie. Ils sont à l’abri. Le brouhaha du local s’entend devant. Rebecca se poste devant Vincent. Annoncer la nouvelle devant Jack était malin. Becca ne pourra pas refuser étant donné l’impact. - « Vincent. Je me fiche qu’on ait des bons revenus. Et que tu rejoigne la cause… c’est génial. Vraiment.» Ne pas avoir beaucoup de sous ne lui fait pas peur. Elle a géré pendant vingt ans sans l’aide de personne. - «Promet que ça ne deviendra pas un sujet de reproches pour nous.»
Ils rejoignent alors le local de campagne. L’ambiance est plus que bonne. Les gens sont heureux du résultat de l’émission. Comme convenu, Peterson se fait "commandante" d’escadron. Elle félicite et stimule leur troupe. Ils ne doivent pas se reposer sur une victoire. JACK - « Bien joué Vince. A ce rythme, dans pas long tu sera un rouge.» Taquine l’ouvrier avec une frappe dans le dos.
Au moment où ils commencent à entamer les chants révolutionnaires, dans la boutique, Rebecca est hors de vue. Elle réapparaît un peu plus tard avec David Peterson sur ses traces. L’homme a vu sa jeunesse gâtée par le labeur. Il a probablement avalé une bière de trop. Comme souvent quand il est saoul, il parle trop. Becca s’écarte vivement et traverse pour sortir. JACK - « Tu devrais y aller. » Pendant ce temps, Jack va s’occuper du père de sa nièce.
