Afternoon with a good friend

Six mois sans la présence de lady Hanovre, au manoir, avaient considérablement changé l’atmosphère de cette propriété. Ce dont tout le monde avait conscience et ce dont le personnel parlait de plus en plus dans les corridors. D’aucun compatissait pour le Prince Oliver laissé pour compte par sa dame et ses filles. Pour d’autres c’était son épouse qui était plainte pour être ainsi coupée de toute sa famille. Ils ignoraient encore que le véritable drame se tapissait dans les archives de la lignée.

Car, non, ce n’était pas uniquement une désertion des membres de la famille, c’était aussi une perte de capital. Celle qui avait motivé l'alliance avec la baronnie de Crawley. A présent, l’accord s’était retourné contre eux. Le jeune Baron de Crawley, furieux d’avoir subi une disgrâce, ne s’était guère privé de faire payer son ex beau-père. Ce qui n’avait fait qu’approfondir les pertes. Avec cela les difficultés économiques de la famille ne pouvaient décidément plus être dissimulées longtemps. La ruine des Hanovre, n’était plus une rumeur, mais un état de fait.

Comme tout homme dans la difficulté, Oliver avait vendu les terres de leurs familles, pour pouvoir répondre à ses créanciers. Homme de dignité et d’honneur, il n’en avait pas parlé à ses amis. Alexia était d’accord avec lui pour ne pas ébruiter l’affaire. Le comte de Leicester entendra sans doute les nouvelles de part sa haute fonction. La vérité finira par être connue. Mais, Oliver se refusait à annoncer cet ultime échec à son cercle.

Afin de gagner du temps, il avait également entreprit de mettre aux enchères une partie de sa collection privée. Il justifiait l’absence de ses trésors par un transfert dans une des demeures d’Hanovre. Il avait fait réduire son train de vie personnel. Ce qui n’était pas un réel effort car il s’était naturellement conforté dans une vie solitaire. Il envisageait peut-être de se retirer plus longtemps en campagne en bon hermitage.

-“ Zenon !” Sous un bon chapeau, l’Inventeur levait la main, pour faire signe au comte d’Avon. Il s’écarta du cercle des fermiers en leur laissant une consigne. Une autre façon de faire des économies était de s'alimenter des produits de sa terre. Ils ont agrandi la culture en s’inspirant des méthodes utilisées dans certains territoires africains.

Il tendit une main pour une bonne poignée, avant de passer à une petite embrassade fraternelle. -“Bienvenue, mon ami.” Le ciel était dégagé. Le vent était doux. C’était une bonne journée pour monter. Le Prince était vêtu comme un homme du peuple. Une barbe mangeait ses joues, ce qui cachait leur creux. Il faisait bonne figure en présence d’un ancien camarade de classes! -“Venez. Les chevaux nous attendent. ” Deux bambins courent non loin. Ils portaient les sacs d’épluchures pour nourrir le poulailler. Il y avait cinq familles qui vivaient ici. Tout le monde avait une tâche.

Un palefrenier, d’un âge avancé, était en train de terminer de sceller un équidé. -“Danke Max.” L’employé salua respectueusement lord de Lascelle et le maître avant de se retirer. Lui qui avait passé tant d'heures à enseigner son savoir à la douce Violet. -“Prenez Machiavel. Il est doux.” Le prince désignait la monture à la robe noire et à la belle encolure. Le haras des Hanovre était bien traité et reconnu pour ses bons coureurs au sein de l’aristocratie Anglaise. Ces bêtes valent un certain prix. Mais, comme sa fille, Alexia aimait ces chevaux.

Après un silence basé sur l’ajustement des sangles, l’homme fit le tour pour aller face à son ami. Quelques jours plus tôt, il était arrivé ici deux très belles photographies sous cadre, dans une boîte. Le style ne faisait pas de mystère sur l’artiste auteure. Il y avait la Princesse et sa fille en train de boire un thé. Une autre représentait Violet avec sa propre fille qui étaient en croupe. -“... Merci. Pour ces photos. ” Cette délicate attention ne pouvait rester sans réponse. Bourru, le noble se dépêcha de passer à la suite. -“Allons voir les prairies. Vous pourrez me dire vos nouvelles. ” Une fois, sur le dos de l'animal, ils partirent au pas. Le retour du printemps faisait beaucoup de bien à la terre. Il y avait de quoi écarter les soucis.

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Oliver de Hanovre avait grandi dans la conscience et la responsabilité de leur héritage. Il était aristocrate et conservateur et il ne s’en cachait pas. Néanmoins, oui, depuis qu’il vieillissait, il était certain qu’il se rapprochait de ses semblables. Ils étaient tous mortels. Ce que leurs corps leur rappelait tous les jours que Dieu faisait. -“Peut-être est-ce à force de vous côtoyer! ” C’était un renvoi de bonne guerre. Zenon ignorait probablement quelle était son influence sur ses pairs. Pour autant ses choix de vie avaient réellement interpellé leur génération à l’époque. Lui n’était plus là pour le voir. Mais lui avait vu l’effraction. Philip de Lascelle avait porté sur lui la honte de sa lignée. Le vieux comte d’Avon avait été dans une certaine tourmente. Certainement, un peu comme celle dans laquelle était le Prince actuellement.

La présence des bêtes avait le don de calmer les tourments intérieurs. Secrètement, il espérait que son aînée ait le même réconfort. Oliver n’approuvait pas le choix de sa fille. Pour autant, il ne voulait pas son malheur. -“Mh nous aimons les oxymores dans cette maison. ” Ce qui était souvent prouvé par les élans poétiques du Prince près du grand piano à queue. Il y avait longtemps qu’il n’y avait pas eu un de ces après-midi au salon. -“Je me souviens de lui. ” Il était parti en Inde avec le reste. -“Ils font partie de nos vies. ” Les chiens se faisaient entendre au loin. C’était la vie!

Oliver s’était voulu aimable et amical. Le sourire sur son visage se figea un instant. Il aurait sans doute pu songer que son ami n’avait pas fait une commande à sa femme. Il avait du mal à voir Amélia comme une femme généreuse. Elle avait volé beaucoup de choses ici… -“J’enverrai une carte dans ce cas. ” Même rancunier, Oli faisait de son mieux pour être un gentleman. C’était le mieux à faire ici bas. -“Oui. Elles sont très bien. ” Pourquoi l’Américaine n’avait pas fait d’expositions ?

Ils s’éloignaient paisiblement du manoir. Les insectes sortaient tranquillement de l’hibernation eux aussi. Bientôt, les potagers seraient remplis. Ils allaient organiser une jolie fête pour fêter la Résurrection. Pâques était une tradition qui résistait à la modernité. C’était un certain réconfort. Alors, l’argent serait trouvé… Il fallait tout de même sauver leurs coutumes. Sinon, ils avaient déjà perdu!

C’était une question simple. -“Mh. Aussi bien qu’il est possible. ” Telle était la façon d’aborder la réalité. La ruine, la maladie, la disgrâce… leur famille était testée sur chaque aspect. Le Prince pouvait s’effondrer… Comme il l’avait fait chez son rival. Ou bien, il pouvait redresser la tête et faire bonne mine. A ce stade, Oliver savait qu’il avait très peu de chances de sauver son patrimoine anglais. Mais qu’était-ce devant la maladie d’Alexia ? -“ Cette année n’est pas plus paisible que les deux dernières. ” Heureusement, Iris allait bien et semblait heureuse avec Arthur. -“Je fais tout pour garder un esprit positif! Vous me connaissez Zenon. ” L’Allemand était heureux d’être un grand-père. Cela lui faisait du bien.

-“Et vous l’ami ? Le mal du pays ne vous ronge pas de trop ? ” Ils étaient tous surpris que les indiens soient encore à Londres. Ils en parlaient entre eux. Cela ne leur ressemblait pas. Lexie pensait qu’ils voulaient attendre l’accouchement de leur fille. Oliver n’en était pas certain. Il connaissait l’amour de Zenon pour sa terre et sa tranquillité. Il y avait probablement un sujet plus important pour les retenir ici. Mais allait-il en parler ? Ils étaient tous les deux accoutumés à maintenir le cap. -“Vous savez que nous sommes là. Si vous aviez besoin d’une aide. ” Certes, le Prince était bon prince avec les élus de son cercle. -“Alexia et moi nous demandons… si tout va bien ? ” De même, la question du fils rebelle ne lui paraissait pas suffisante. Zac aurait été bien mieux au soleil de Bellary pour s’éloigner de la tentation.

Ils entraient dans un sentier. Sur le flanc ouest un petit bois faisait son apparition. La faune se devinait parmi les fourrés. Ici tout était paisible. Heureusement, qu’ils avaient cela pour réchauffer leurs coeurs.

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Il y avait du bon à se détacher du cercle aristocratique pour un temps. Le prince d’Hanovre était, en partie, épargné par la méchanceté des leurs. Il comprenait un peu mieux pourquoi leur ami s’était éloigné. Pour l’heure, il y avait trop de soucis dans la tête d’Oliver pour qu’il soit en paix. Quand il ne pensait pas à l’argent manquant, il pensait à sa femme loin et dans les bras d’un autre homme.

-“Si ce n’est remonter le temps ? ” Sachant tout ce qu’il se passait aujourd’hui, l’allemand aurait changé certains de ses choix. Pour commencer, il aurait écarté Hans de la vie d’Alexia, dès le départ. Il n’aurait pas laissé cette malfaisante graine pousser. Mais, il ne pouvait s’en confier à Zenon… lui qui avait tout abandonné pour suivre une femme.

-“Mh. Bien sûr, oui. Nous ne pouvons nous dérober à tous nos devoirs. ” Le Prince était, en effet, trop bien placé pour le savoir. Il avait dédié sa vie aux devoirs. Cela avait demandé des sacrifices. Maria avait été l’un des plus grands d’entre eux. Zenon n’avait pas rencontré ce genre de problème, lui qui s’était libéré de tout. -“Il est vrai que la situation est assez compliquée. ” Cela avait été en escalade. En fait, peu après le mariage de Violet, tout s’était délité.

Bien sûr, ils étaient au courant concernant Zac. Il ressemblait trop à sa mère. -“Espérons que votre fils… retrouve les pieds sur terre. ” Depuis le départ de Violet Oliver jugeait moins les enfants rebelles. Que cette génération était bornée… -“Oui c’est vrai. Vous allez être grand-père. Bien. Félicitations. ” Les jumeaux faisaient la paire. Deux femmes se marient. L’aristocratie se gaussait de tout ceci. L’Allemand ne participait pas. Il soutenait son ami par un silence hermétique aux quolibets. -“Ainsi vous renouez avec vos racines. Cela doit vous faire du bien ? ” Avon restait un noble quoique les gens disent, quoique l’Américaine pense!

La preuve en était. Zenon était réintégré. Il pouvait suivre à nouveau les aléas internes. -“Mh. ” Tout aurait dû être résolu. Le plan avait été bien ficelé. Violet aurait tenu un an de plus… -“C’est chevaleresque de votre part.” Jusqu’ici les Hanovre n'avaient pas encore fait appel aux banques et aux financiers. Ils avaient de l’honneur. Malheureusement, ils ne pouvaient pas faire état des difficultés à Caleb. Ils étaient liés par le mariage à présent. -“Mais, je ne pense pas qu’il soit avisé de mêler l’argent à l’amitié. ” Cela ne faisait pas bon ménage.

-“Alexia a décidé de rester à Hanovre… Peut-être est-il temps d’envisager de céder cette terre anglaise. ” C’était le choix le plus sage. Oliver rentrerait à Hanovre. Ils pourraient vendre ce manoir ici. Il y aurait de quoi éponger une grosse partie des créances… Ce serait une très lourde perte. Mais, Iris porterait le titre et avec l’appui de Leicester…

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De par sa fonction de diplomate, le Prince d’Hanovre avait rencontré des personnes dans le monde. Il avait vu, entendu, des points de vue variés. Il avait aussi découvert ce qui était similaire. Ce que les peuples du monde entier partageaient. La drogue était un mal qui rongeait toute la civilisation. Quel que soit le pays concerné. Opiacé, excitant, étaient sur les marchés et la population consommait. -“Les enfants sont une source de tracas… et de joie. ” Pour exemple, la cadet chaussait fort bien le rôle d’héritière alors que la grande était devenue une source d’angoisses. Oliver ne l'accepte pas. Violet sage et raisonnable lui manquait. -“Joy va bien ? ” Ils ne parlaient pas de l’homosexualité de cette femme. C’était un sujet intime et terriblement gênant.

-“Mh. L’Inde. ” Les Hanovre ont été une fois ou deux sur le continent pour voir le comte d’Avon et sa famille. C’était un long voyage, un périple, qui n’avait rien à voir avec leur retour en Allemagne ou même leur voyage en Asie centrale. L’Inde était autre. -“Est-ce parce qu’elle conserve cet aspect sauvage ? ” Cette partie du monde était encore en cours de développement. Il y avait moins de confort, moins de culture, moins de richesses. Mais sans doute que vivre comme un asset séduisait leur ami. Il était devenu étrange après sa rencontre avec Amélia. -“Je peux comprendre l’envie d’avoir un peu plus de chaleur. ” Il devenait un rien frileux et il était un peu incommodé par la fraîcheur londonienne.

Un sourire entendu habillait le visage du roux. -“Vous l’aurez finalement convertie. ” Madame de Lascelle avait beau ne pas aimer leur façon de vivre, elle s’y était pliée. Le flegme anglais venait à bout de nombre d’esprits belliqueux. Zenon avait dû avoir une sacrée patience.

Ce n’était pas si étonnant que cela de voir cette même patience se présenter devant les difficultés de l’Allemand. Oliver n’aurait su dire s’il était rassuré ou gêné par la compassion de ce vieil ami. Il y avait ici un aveu de faiblesse qui le mettait très mal à l’aise. -“MMM. ” Pour autant Zenon était un homme bon. Il était discret. Une aide de sa part serait certainement moins voyante qu’un autre crédit financier auprès de la banque. -“Il faut que j’en discute avec Alexia… ” Au moins considérait-il la possibilité. Maintenant, la Princesse allait-elle écouter ?

Le couple n’allait pas bien. Ils traversaient des tempêtes qui les laissaient épuisés et fragiles. Certains en profitaient allègrement pour les faire chavirer. -“... J’en suis sûre. ” Ce qui lui fit penser à la conversation qu’il avait eu avec son rival le plus ancien. La rencontre ne s’était pas bien terminée. Hanovre s’était emporté… Lui qui avait été un homme patient et compréhensif, devenait irascible et violent, quand cela touchait à sa famille. Alexia était sa famille. Quoique puisse en dire un ancien sportif toxicomane ! -“ Ils s’installent ensemble. ” Hanovre cacha ses poings fermés dans la crinière de l’équidé. Il était évident que Zenon était du côté de deux amants amoureux étant donné son parcours personnel. -“... au moins, elle ne veut pas du divorce. ” Bien maigre consolation, pour un homme qui n’avait pas du tout envie, de voir sa femme avec un autre.

Ce sujet le rendait amer et triste. Oli n’avait pas envie de faire face à ce changement. Malheureusement, il n’avait pas le choix. Alex avait fait son choix. S’il la contredit, il la perdrait pour de bon. -“Mmm. ” Le Prince devait donc se faire une raison… -“Au moins n’avez vous pas ce problème avec votre Amélia! ” Il lui trouvait beaucoup de défaut, mais l’Américaine s’était montrée fidèle et n’avait pas fait preuve de cette inconstance féminine.

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Ils étaient devenus vieux. Leur génération était en train de disparaître lentement. Iris et Violet, Joy et peut-être Zac, mettaient sur Terre la suite de l’humanité. Ce monde perdurait au-delà de leur petite personne. Au fond, cela avait un effet apaisant. -“Ils feront probablement mieux que nous. ” Eux-même n’avaient-ils pas fait mieux que leurs parents ? La génération de Josef et de Philip avait eu son lot de réussite et son lot de défaites. Tout comme eux en avaient eu.

Oui Oliver Hanovre était apte à entendre l’argument de son ami. Il n’aurait pas été contre se couper de la vie mondaine à une époque lui aussi. Il se serait volontiers retiré dans la campagne allemande avec ses trois merveilles de femmes. Cependant, cela n’avait pas été envisageable. Alexia avait un rôle. Les enfants voulaient avoir accès à Londres. -“Oui. J’en ai fait la proposition… peu de temps après la naissance d’Iris. Je pensais que cela pouvait nous faire du bien. Mais, les filles n’ont pas voulu. ” Peut-être aurait-il dû insister! Qui sait si Alex n’aurait pas changé d’avis. -“Mh. Donc c’est autre chose ? La nourriture ? ” Pour d’autres hommes l’Allemand aurait suggéré “les femmes”. Zenon n’avait jamais observé une autre femme que la sienne devant lui.

-“Un certain meilleur voulez-vous dire ?” La dame d’Avon était restée réfractaire à pas mal de leurs traditions. Ils étaient tous et toutes au fait, qu’elle était présente, surtout pour se montrer avec leur ami. Enfin, à leur âge, cela n’avait plus autant d’importance. Il était simplement malheureux que les jumeaux… prennent le pas de leur mère et non pas de leur père! Quel malheur.
Enfin, cela n’avait pas fait disparaître les plus belles qualités de l’Anglais. Il était loyal et généreux avec ses proches. -“Nous en sommes touchés Zenon.” Oui, le Prince parlait en leurs deux noms. Il connaissait son épouse par cœur. Lexie aimait beaucoup leur ami commun.

-“Vous n’êtes pas le seul.” Ce n’était pas, parce qu’il n’était pas ce “grand amour de vingt ans” qu’il ne savait pas aimer et choyer cette femme, après tout. L’on pouvait aimer plusieurs fois dans une vie. Enfin, le marin n’était probablement pas de cet avis non plus… -“... Faire entendre raison à Alexia ? ” Mais c’était par pure rhétorique. Il n’y croyait pas lui-même. Leur dernière conversation avait été claire. Oliver devait bien reconnaître qu’il n’avait aucune chance. -“Je vous envie.” Bien que cela n’était pas un secret. Il avait cela en lui depuis un bout de temps. Quand, Alexia lui avait refusé leur troisième enfant, Oliver avait compris qu’il serait le second, toute sa vie.

Le cheval fit un léger écart. Il pouvait ressentir les émotions de son cavalier. Lui qui avait encore les mots de son épouse dans son esprit. Des mots qui le hantaient depuis lors. -“Que nous avons rempli nos devoirs. Les filles sont autonomes et n’ont plus besoin de nous. Donc elle prenait la décision de penser à elle… et que le temps allait bientôt lui manquer bien sûr. ” Quel homme noble pouvait réellement reprocher à une dame de rechercher le bonheur dans ses derniers instants de lucidité ?

Hanovre voulait ardemment être un homme bon. Il aspirait à être chevaleresque. Néanmoins, il était consumé par le dépit et la haine. Il était malheureux de savoir qu’il n’avait jamais suffit. Mais ces 35 ans de vie commune n’étaient pas rien ! -“Soyons lucides. Je n’ai sans doute eu aucune chance.” Comment rivaliser avec un fantasme après tout ? Qui pouvait faire cela ? Oliver avait pourtant essayé. Il avait fait ce qu’il avait pu avec ses défauts. En voyant le résultat il se trouvait idiot. -“ … Je l’aime. ” C’était une simple vérité. Il avait aimé Maria oui. Mais, quand les Hanovre s’étaient mariés eh bien l’Allemand avait appris à aimer son épouse. N'était-ce pas normal ? N'était-ce pas ce qu'on avait attendu de lui ?

C'était la solitude qui l'attendait. Le plus sage était de s'y préparer...

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Le Prince, au fond, comprenait bien pourquoi Zenon s'était enfui. Il avait agit en son propre intérêt. Ils n’auraient pas eu la même vie en restant près de la cour et de ses intrigues. Ils s’étaient préservés. C’était égocentrique mais c’était sensé. Pourtant, il se demandait parfois, comment la situation aurait évolué, s’ils étaient restés en Angleterre. Comment Amélia aurait évolué parmi eux ? Si cela n’aurait pas permis de conserver le comte dans la bonne ligne…

-“Avec un tel tempérament… elle aurait probablement pu aider ces dames à faire avancer les choses… ici.” Alexia et Mallory n’étaient pas là pour le confirmer. Sans doute ne l'aurait-elles pas fait. Amélia s’était accaparé l’un des bons partis de leur génération. Ceci dit, le Prince n’était pas sûre qu’elle ait été la pire dans ce cas. Hans avait fait du mal et il en faisait davantage maintenant.

-“Mh.” Jeune, Hanovre serait mort plutôt que de demander de l’aide à propos de sa vie personnelle. Mais, ils avaient vieilli. Lui se sentait moins impétueux et moins courageux. Il voulait simplement la paix dans son ménage. Oliver voulait retrouver sa femme.

Mais, à présent qu’ils avaient passé des vacances ensemble elle et Hans. Maintenant que les filles étaient autonomes… L’Allemand savait que son épouse n’avait pas l’intention de sauver leur mariage. Elle voulait être avec un autre homme. -“Oh oui, elle m’aime. ” Lexie n’avait pas triché. Ce n’était pas ce que l’on pouvait lui reprocher. Elle avait composé avec les règles. Ils l’avaient fait ensemble. -“Mais, elle n’a jamais fait de secret sur le fait que nous étions là pour assurer la stabilité de la lignée. ” Or, les mauvais investissements qu’il avait fait, mettent leur patrimoine sur la sellette. La Princesse d’Hanovre lui tenait grief. -“Il n’y a rien qui la retient à moi. ” Ce n’était pas tant de la fatalité que du bon sens. Oliver était trop lucide pour se bercer d’illusions. Il n’avait plus l’âge pour ça.

-“Tout ce que j’espère c’est que Hans saura prendre soin d’elle.” La maladie dont souffrait la belle Princesse n’était pas la plus simple à gérer. Le sportif en avait-il seulement conscience ? Saurait-il cohabiter avec ce mal ? Il avait tout intérêt à bien faire les choses, car son rival ne laisserait rien passer. Si on l’évinçait ce devait être pour une vraie raison.

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L’adversité avait de quoi faire évoluer un regard sur une situation. Le Prince d’Hanovre ne pouvait pas faire l’économie de la vérité. Ils avaient peut-être été trop rapides dans leur jugement. Les de Lascelle avaient eu le procès d’intention classique. Pour autant, leur ménage semblait être le plus solide de tous. -“Je peux comprendre votre envie de la préserver. ” S’il avait pu réparer certaines de ses actions, sans doute se serait-il montré moins dur avec l’Américaine dans leur jeunesse. Mais, il était trop tard pour avoir des remords.

Ils avaient tous fait ce qui leur avait paru le mieux. Maintenant vient le temps de voir les résultats. Oliver pensait surtout à la prochaine génération. Il y avait maintenant deux petites filles auxquelles penser. Quel était le monde qu’il voulait leur léguer. -“Merci… de ne pas en profiter. ” Cela aurait été de bonne guerre. Le roux se passa une main sur le visage. Il n’allait pas se remettre à pleurer tout de même.

Il avait envisagé de partir. Oui. Mais la santé d’Alexia le préoccupait beaucoup. Hanovre ne se sentait pas libre de s’éloigner d’elle. -“Je ne sais pas… ” Maintenant Iris avait sa famille. Les Blakemore étaient là pour elle. Violet… Pour Violet tout était compliqué. La jeune femme allait se remarier bientôt. Oliver n’avait pas été invité pour le moment. -“Quand y allez-vous ? ” Peut-être qu’un repère temporel lui permettrait de se décider.

Doucement, il tira la longe pour qu’il aille plus vers l’est. Il y avait un cours d’eau un peu plus haut. Les chevaux pourraient s’abreuver. -“ Mm il y a longtemps que je ne me suis pas senti aussi désoeuvré à vrai dire. ” Il avait un fil de pensée un peu enmélé. La suggestion du marin faisait son petit chemin. Peut-être qu’un tour du monde était une bonne solution oui. Il n’avait pas beaucoup bougé ces dernières années. -“L’Inde et après l’Asie… ” Martin y était quelque part de mémoire.

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C’était dans les difficultés de la vie que l’on découvrait qui étaient les amis. Même à son âge le Prince d’Hanovre en faisait encore l’expérience. Il y a avait des personnes qui se révélaient devant l’adversité. Il avait quelques déconvenues, depuis l’affaire Hadid dans les médias. Cela n’avait pas été facile. Mais, la situation était encore moins facile à ce jour.

Chez eux, la plainte n’avait pas de place et l’aide psychologique non plus. Ils vivaient avec une haute estime d’eux-même. Hérités, non pas que des traditions, mais d’une façon d’être homme. Oli se tenait à cela. Il avait tout ce qu’il fallait comme il le fallait. Mais, il n’y avait pas de récompense.

-”Vous savez que vous pouvez tout me dire, je suis là aussi, pour vous écouter et vous soutenir.”

-“Que vous dire Zenon ? ” Si ce n’était ce sentiment puissant d’avoir échoué. -“J’ai épousé une femme qui en aime un autre. ” Quand bien même leurs efforts. -“Nous nous sommes enfermés l’un l’autre. Aujourd’hui, elle me quitte. ” Le Prince ne pouvait pas fermer les yeux sur le réel. Alexia était partie.

-“La fille que j’ai élevé… a tellement changé que je ne la reconnais plus… ” Violet avait été une adorable enfant. Elle était douce, obéissante, attentionnée… Elle aurait été une Princesse parfaite. -“Elle vit avec un homme …. dont la culture, la croyance, les idéaux sont à l’opposé de nous… ” Dire qu’il voulait épouser Violet. Il n’était un prolétaire gauchiste sans aucun avenir. Violet valait bien mieux.

Mais ce n’était pas tout. -“Mes investissements dans les compagnies des Crawley sont en train de nous couler. ” Oliver avait été charmé par Edward. Ce jeune homme ressemblait un peu au fils qu’il n’avait pas eu… Grand bien lui avait pris de faire confiance à ce gredin!

Ainsi, il allait à la soixantaine, en ayant perdu tout ce qui importait. -“Je n’ai plus ni femme, ni fille… ni patrimoine. ” La petite Léonor n’aurait presque rien venant de leur branche. Mis bout à bout, tout cela décourageait n’importe quel gentleman. Dans ce cas là, que devait faire un homme de leur stature ? Ou placer son honneur ? Oliver, dans le creux de la nuit, avait déjà envisagé d’agir de manière définitive.

Dans les effluves de l'absinthe la Mort apparaissait comme une bonne porte de sortie. Il pourrait emporter avec lui leurs fautes, leur déshonneur et même leurs créanciers ! -“Peut-être. Oui. Je verrais. ” Cela pouvait se faire sous la forme d’un accident. Bien orchestré… sans doute que personne n’irait se plaindre. Oliver n’avait qu’à partir en navigation et… Il secoua doucement la tête. Il avait été mauvais dans ses calculs, mais, il n’avait jamais voulu nuire à personne… Jamais. -“Voulez-vous pousser jusqu’aux ruines ? ” Derrière le bois, il y avait les décombres d’un ancien château de maître. Oli y passait du temps seul. Avec un bon ami ce serait plus doux.