Tout ce qui tangue.
Sanders ressort du food-store, en saluant la gérante d’un signe de tête.
Il lève le pif vers le ciel. Maintenant que le thermomètre remonte, l'air de Londre est de plus en plus chargé de particules fines. Malgré les grandes invectives écologiques, le premier ministre ne lance pas le plan Grand Air. Pourtant pas faute d’avoir des soutiens dans les deux camps. Il faut croire que les intérêts sont ailleurs.
Les courses sont mises dans le coffre de la moto. Zac lance un coup d'œil de chaque côté du parking. Même sans son badge, il est ce mec en alerte, qui a des frissons sur la nuque, chaque fois qu’il a un pressentiment. Mais, personne, ni à droite, ni à gauche, c’est peut-être le vent.
Alors, il monte en selle et démarre la moto pour se rendre à la Petite Venise.
Pendant un stop, il croise ce bus avec un gigantesque encart publicitaire. Bien sûr, il y a une nouvelle production du Golden en avant. La pièce dont parlait sa mère au déjeuner de la vieille. Ils se sont retrouvés pour Pâques. Un truc qui n'était pas arrivé depuis un bail. Noël oui, la meute tente de se regrouper, mais Pâques ? Pour ce que la religion prend comme place dans cette famille. Au mieux, un sujet d’art de la grande galerie nationale. Au pire, un sujet de géopolitique qui fait monter les voix.
La religion est une bonne excuse.
Toujours est-il que Zac a trouvé ses parents un peu trop calmes. Ils lui ont donné l’impression d’être à moitié là. Tout ça alors que Joy expose son superbe ventre et parle de la chambre d’enfant. Valentine et elle ont l’air de vivre leur meilleure vie. La joie de la jumelle est une bonne lumière dans le tableau général.
Parce qu’autrement la situation n’est pas glorieuse. Depuis que la Strike est dissoute, les petites frappes ont repris du terrain dans certains quartiers. Ils ne se sentent plus! Quand ça tourne à ça c’est que l’ambiance est à l’insurrection populaire. Même si les Anar’ se cachent depuis des mois, l'esprit de leur groupe est loin d’être endormi. Junior le sent. Les gens ont envie de changement. Ils ne veulent plus des mafias, de la corruption, de la pollution. Les anglais veulent la paix!
Sanders est surtout en attente de nouvelles de la part de la meuf de JB. Cette fille qui traîne des pattes pour entrer en instance. Alors que sans ça, le Français risque de passer encore des mois au bagne. A chaque visite faite en prison, Zac sent son propre sentiment de révolte, s’enraciner en lui. Il n’est pas normal que Lemoine soit dans cette situation. L’Allemand pourrait déjà le faire libérer!
Hans ne fait rien. Quedal. Il prend des vacances… Il fout la merde dans la police. Mais sinon rien pour réparer ses erreurs.
La moto est mise en sécurité. Puis Junior termine à pied. Une fois sur le quai, il détend ses épaules. Félin, il grimpe pour aller retrouver Mojo et Louisa.
-“
Hellow!” Lance-t-il à la blondinette. Il approche, dépose le sac de courses pour avoir les mains libres. Il a pris de quoi improviser un repas. Il a bien compris que ce n'est pas le genre de la locataire d’anticiper. Pas grave, c’est lui le plus vieux. Pour une fois, Zac peut donner l’exemple.
Il fait tomber son cuir. Il porte un t-shirt basic blanc de très bonne qualité. Ce genre de détails qui trahit qu’au fond, il est un faux modeste et que oui, ses parents ont du fric. Il pourrait même ne pas travailler et gérer le patrimoine de la famille… si seulement cela l’avait intéressé un jour. -“
Nickel.” Marmonne le mec en tirant une chaise pour se poser. Il le fait dans un grondement sourd.
Une main sur sa barbe, une gorgée de coca, puis Sanders se cale contre le dossier de la chaise. Il est encore clean. Ce qui relève assez d’un miracle pour le coup. Il n’est plus à la criminelle, mais il bosse et cela lui fait du bien. Son regard sonde alors la pupille de Lemoine. -“
Alors ? Tu veux me parler de ce qui te fait chier ?” Ouvre le flic en coinçant une roulée au coin de ses lèvres. Autant qu’ils se soutiennent… les sales gosses de Lemoine.