Cher Peter, je m’étais engagée à t’écrire bien plus tôt. Je te fais une fois de plus défaut. J’ai la sensation que les jours passent de plus en plus vite. C’est particulièrement le cas depuis l’ouverture du centre. Les journées passent aussi vite qu’un éclair. Je suis contente d’être restée sur le pronostic le plus faible et d’avoir conservé une écurie modeste car cela occupe d’ors et déjà toute la journée. Je fais tout ce qui est possible pour que nous instaurons des rites. C’est apaisant pour les chevaux et pour les humains également.

Nous avons planifié le second semestre avec un peu d’optimisme. Je sais que fermer l’école en mai, pendant la première année, n’est pas un bon calcul financier. Mais, je suis entrée en contact avec une autre association. Nous sommes en train de voir s’ils ne voudraient pas occuper les lieux pendant que Prem et moi serons en Allemagne. Ce serait une belle alternative. Ce qui me fait d’ailleurs réfléchir à la manière de répéter l’expérience à l’avenir. Nous verrons bien.

Certains jours, j’essaie de garder Dalia avec moi à l’écurie. Quand ce sont des journées avec peu d’inscriptions au cours, comme c’est le cas aujourd’hui. Nous nous occupons des chevaux ensemble. Cela nous fait du bien. Je vois qu’elle a un bon contact avec les chevaux. Cela me fait très plaisir, je ne vais pas me le cacher.

Grâce au système de sécurité, nous sommes alertés quand quelqu’un entre sur le terrain. C’est un système astucieux. Surtout qu’il n’y a pas forcément d’inscription des visiteurs. -”Dalia… Viens ?” J’attendrais qu’elle soit bien plus grande avant de la laisser seule avec les chevaux. D’ailleurs, elle ne proteste presque jamais. Doucement, je l’installe dans mon dos et la ceinture avec l’écharpe. Elle se love et se détend contre mon dos. Un petit baiser sur son front et nous allons à la rencontre du visiteur.

-”Bonjour.” Lui lance-je en approchant. Il n’était pas inscrit. Je me suis approché tranquillement. -”Bienvenue.” Nous avions fait faire des badges où il était inscrit notre fonction et notre nom. -”Je m’appelle Violet Hanovre. C’est moi qui m’occupe du lieu.” La petite fleur dans mon dos pencha la tête pour observer l’inconnu. -”Et voici Dalia.” Dalia agita la main pour dire bonjour, nos cours de langue des signes étaient restés dans sa mémoire. Pour le moment, elle mélangeait l’anglais et l’allemand et boudait le panjabi.

Je l’écouta se présenter et l'attendait pour l’escorter vers l’école. Bien sûr, Lili en profitait pour l’observer à la dérobée. Ici le printemps est arrivé. La nature était verdoyante. Les bosquets de fleurs poussaient en autonomie. Prem avait trouvé un bel endroit pour nous. La maison était de l’autre côté. J’attirais l’homme vers l’écurie. -”Nous avons différents types de cours. Dites-moi ce que vous êtes venu chercher ? ” J’avais encore du mal à élaborer une brochure cloisonnée. Parce que le contact entre les hommes et les bêtes ne pouvait pas réellement être réglementé.

Le soleil éclairait joliment le manège. Les chevaux étaient sortis pour prendre le bon air. Ils n’avaient pas de mord. J'espérais, qu’ici tout le monde arrive à cohabiter en harmonie. Il y avait une table ronde en bois avec quelques chaises. J’attrapais le biberon de Dalia, pour le lui tendre, dans mon dos. -”Voulez-vous une citronnade ?” Demandais-je à notre futur client.