Le manoir Avon se trouve dans la bourgade de Lechlade. Gloucestershire est un comté sympathique. Il a pour intérêt d’être assez loin de la capitale pour ne pas en subir les relents hyperactifs. Une fois qu’on a passé le fleuve, on se retrouve bel et bien, dans la campagne anglaise. Celle qui a fait couler l’encre de tous les romantiques britanniques et internationaux. Sanders ralentit la voiture quand le paysage se métamorphose. Le bitume abandonne le terrain aux terres pleines. Les bâtiments sont moins nombreux et les cottages sont entourés par les champs. Ce n’est pas Bellary; Mais ça y ressemble un peu. A la saison du printemps ce n’est pas désagréable car c’est la nature qui renaît. C’est même rassurant pour celui qui sait apprécier.
C’est une jolie balade à faire à deux. C’est pour cela que Zac a proposé à Damia de prendre la route pas trop tard dans la matinée. Ils ont pris la voiture de la brune désinvolte. Une bonne bagnole confortable, pour se la couler douce. Ils sont en week-end et c’est le bon moment pour prendre son temps. Une fois ou deux, y a eu des arrêts pour montrer des spots à la détective. Les endroits que Joy et son frère ont pris en repère quand ils sont arrivés en Angleterre. Ils ont changé depuis. Tout comme les jumeaux ont changé. Débarqués en adolescents belliqueux, ils sont maintenant des adultes parfaitement intégrés. Damia n’a pas moins réussi dans sa conquête de la Grande Ville.
Finalement, la propriété se dessine devant eux. Le fils, désigne de la main, la limite de la terre du comte. Il en connaît chaque recoin. Il les a parcouru en long, en large, en travers. Il a des souvenirs assez clairs de ses courses avec Ovide. Il se souvient aussi des hivers sombres et rigoureux qui le laissait enrhumé et grincheux. Comme, il peut s’en douter, la vieille Mélusine est devant la demeure. Elle est couchée au soleil pour regarder la maîtresse arroser ses fleurs décoratives. Ce n’est pas comme si un jardinier pouvait s’en charger…
En coupant le moteur, Junior observe la passagère: -” Parée ? ” Une petite lumière espiègle trahit l’état d’esprit du gars. Il s’attend aux sourires de ses vieux. Sa mère étant la moins subtile des deux! Tranquille, le loup s’extirpe de l’habitacle. Il en profite pour s’étirer ! -” Hellow ! ” Mélu tourne la tête vers son camarade de jeu du passé. Elle s’ébroue lentement. Zac remarque le mimétisme entre elle et la comtesse. Comment elles changent aussi. Sa mère a plus de cheveux blancs.
La soixantaine, bien plantée, un visage un rien autoritaire, Amélia a le regard souriant. Elle pose l’arrosoir et vient les accueillir. -” Bonjour les jeunes. ” Elle a conservé de ses racines, le tactile, les baisers, elle les attire pour une bise énergique. La robe de printemps qu’elle porte, a clairement des intonations indiennes, qui vont à l’encontre de la sobriété aristocratique. -”Zenon est en cuisine.” Leur dit-elle en scrutant la mine de son fils.
Un aboiement se fait entendre au loin. Ovide a entendu Zac, sans aucun doute. Amélia reprend son arrosoir au passage et les entraîne au jardin pour faire le tour par l’extérieur. -” Les filles passeront peut-être au café. ” Dit-elle, plus directement, à Miss Kapoor. C’est elle que Joe n’a pas vue depuis un baille. -”Comment était la route ?” Là encore c'est plus une curiosité féminine.
-”On déjeune dehors.” Ici c'est madame qui donne la marche à suivre. Alors, la dame lève le nez vers le ciel. Quelques nuages sont là mais il fait doux. Il faut en profiter ! -” On a apporté du vin. Je vais aller le filer à Dad’.” Leur dit l’ancien flic avec un sourire. Il fait un clin d'œil à sa copine et passe devant pour entrer dans la cuisine. Les filles vont tranquillement vers la table joliment dressée. Les fleurs viennent d’ici. Les verres à vin sont prêts à servir. Ici, rien n’a tellement changé. La maison est là et le verger fleurit encore.
La bouteille atterrit sur l’îlot central. Puis le motard se glisse, dans le dos de son père, pour lui claquer une bise. -” Salut p’ap. ” Son regard lorgne ce qui mijote. Les odeurs font déjà envie. Le comte est un bon cuisinier. Il a toujours su faire saliver sa meute. C’est chaque fois un plaisir de venir à la table des de Lascelle. -” Vas ? ” Lance-t-il en allant chiper un morceau de naan. Il se pose dans l’encadrement de la porte fenêtre, observe les ladies en papotant.
Je savais que la famille de Zac était riche, mais pas au point qu’ils vivent vraiment dans un manoir… En Inde ils avaient cette élégance discrète qui faisait sentir qu’ils avaient l’éducation et les moyens sans en faire l’étalage : une montre de luxe sans marque, que seul l’œil exercé savait reconnaître, des vêtements bien coupés, cette décontraction aristocratique qui transpirait d’eux et qui semblait dire « Pas besoin de montrer que nous sommes de la haute, nous sommes et puis c’est tout ». Mais là, me dire que j’allais les revoir dans leur fief originel, dans toute la splendeur de la campagne anglaise… Et accessoirement, presque quinze ans après.
Et curieusement, faire une filature, me faire passer pour quelqu’un d’autre pour obtenir des informations, tout ça me donne des bouffées d’adrénaline alors que là j’ai vraiment la trouille. Moi, Damia, détective privée qui ait été menacée à l’arme blanche, à l’arme à feu, qui ai passé une nuit en garde à vue, qui ai reçu des messages de mort… j’ai la trouille de revoir les parents de Zac. Et le fait de savoir que Zenon est un espion n’arrange rien.
Sur le chemin, dans ma Jaguar décapotable, je tente de donner le change et parler de tout est de rien. Pourtant au fur et à mesure qu’on approche je sens mon coeur battre plus vite et ma gorge se serrer un peu plus. Quelle idiote… Je pourrais me gifler mais au lieu de ça je tapote nerveusement sur le volant. Si ça n’avait pas été pour aller chez eux j’aurais arrêté la voiture dans un coin perdu et j’aurais profité du beau jeune homme assis sur le siège passager, mais j’ai vraiment peur que ça se voie, que ses parents sentent qu’il se trame un truc entre nous… À l’aide, j’ai l’impression de redevenir l’ado que j’étais à seize ou dix-sept ans.
On arrive bientôt en vue d’un immense mur d’enceinte qu’on longe, et on se retrouve face à un majestueux portail qui signale l’entrée de leur domaine. « Domaine ». Tellement aristocratique. On roule sur le chemin menant au chateau qui se dessine entre les arbres et que je découvre après un virage. Une immense bâtisse de brique rouge aux murs couverts de lierre. Je me gare dans un crissement de pneus et je décroche ma ceinture, me forçant à adopter un sourire détendu.
Ca devrait se passer… On peut toujours parler de la pluie, du beau temps et du curry de ma grand mère.
Je referme la portière et je distingue la silhouette de sa mère qui se tourne, et nous accorde un grand sourire, reposant son arrosoir pour venir à notre rencontre. Elle a à peine changé, et est toujours aussi belle et élégante, même ici chez elle, pour un déjeuner impromptu, en train d’arroser ses fleurs.
Je me détends un peu en voyant son sourire et je lui rends son étreinte.
Vous n’avez pas changé, c’est impressionnant… C’est quoi votre secret?
Un chien, puis deux, viennent galoper aux pieds de Zac alors qu’elle nous fait signe de la suivre vers la cuisine.
Les filles? Et la route s’est bien passée, on a ôté le toit pour profiter du soleil…
Zac rentre pendant qu’Amelia me fait faire le tour pour rejoindre la table déjà mise, petit mélange entre décontraction et argenterie. Je m’installe face à Amélia et jette un oeil tout autour de nous.
L’endroit est magnifique… mais un peu loin de tout. L’agitation de l’Inde ne vous manque pas ici? Ca fait si longtemps, j’ai l’impression que c’était hier qu’on s’est vues pour la dernière fois…
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Damia Kapoor
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01.06.23 21:46
Zenon de Lascelle
Zac amenait donc une femme chez eux. Voilà longtemps qu'il n'avait plus présenté de personne du sexe féminin à ses parents. Bon, là, c'était un peu spécial, Damia n'était clairement pas une inconnue. Le vieux loup se souvenait encore de cette jeune fille, qui avait fait battre longtemps le cœur de son garçon. Le père s'était toujours demandé jusqu'où ces deux jeunes avaient été dans leur histoire... il avait été éloigné longtemps pendant cette période et Amélia n'avait pu que lui raconter des bribes... comme si les deux ados avaient manqués de profiter pleinement de leur histoire. Alors se retrouver tant de temps après... rendait curieux ce père de famille.
De plus, il avait eu l'occasion de retrouver Damia dans des circonstances quelque peu... spéciales. Si Zac n'en savait rien, Zenon en avait bien entendu parlé à son épouse. Il n'avait pu faire comme si de rien n'était. Il faudrait qu'il puisse en parler un peu au calme avec la détective, avant de voir comment amener le sujet à son fils, si cela se présentait. Bien que l'espion ne parle pas de ses missions... pour le coup... il ne pouvait garder le secret... Zac lui en voulait déjà suffisamment comme ça et risquait sans doute de mal le prendre de savoir que la femme sur laquelle il craquait, connaissait un tel secret.
Pour mettre tout le monde dans le meilleur des mood, le père de famille s'était mis aux fourneaux assez tôt. Si Madame décidait d'à peu près tout dans la maison, il avait le pouvoir décisionnel sur la cuisine. Ils s'accordaient parfaitement tous les deux. Comme toujours ils l'avaient fait d'ailleurs. Chacun était bon dans son domaine, alors autant lier les forces. Pas la peine de réfléchir très longtemps au repas. Zenon savait que son fils aurait voulu manger des plats de leur région d'adoption et que Damia ne serait sans doute pas contre retrouver quelques saveurs de ce coin de pays.
Les aboiements joyeux des chiens étaient la meilleure alerte pour annoncer l'arrivée des plus jeunes. Parfait, Zac était à l'heure et son père aussi. Le repas serait prêt dans les temps. Un linge posé sur son épaule, il terminait de s'essuyer les mains dessus, afin de reprendre la fin de la préparation du repas, mettant certains mets à cuire. Il entendait alors son fils dans son dos, un fin sourire en coin, alors qu'il le saluait.
- Bonjour fils. Comment a été la route?
Londres n'était pas à côté, il fallait toujours faire attention sur la route. Il se tournait alors pour lui rendre l'embrassade, tapotant ensuite son épaule. Content de le voir là.
- Vous avez bonne mine. Tranquille. Si c'était la belle indienne qui lui offrait ce sourire, il espérait que cela dure un peu plus longtemps que les aventures qu'il était capable d'avoir. Hochant de la tête. Oui, nous allons bien. Il répondait rarement différemment, ayant eu pour habitude, de ne que rarement se plaindre.
Il posait le linge de son épaule sur le plan de travail et passait près de son fils pour lui poser une main sur l'épaule, observant les deux femmes dehors.
- Mmm... c'est intéressant. De la revoir avec vous. D'un ton de confidence, avant de sortir pour aller saluer la jeune femme. Damia! C'est un plaisir de vous voir parmi nous! Dans un sourire tout à fait chaleureux et accueillant. Comment allez-vous? Martini pour tout le monde? Alors qu'il allait chercher des verres et la bouteille qui attendaient sagement un peu plus loin.
Finalement, ils sont arrivés sur le domaine anglais. Le temps passe assez vite quand Sanders est avec sa récente employeure. Une patronne qui a de la ressource et pas que. Il n’y a donc pas de raisons de s’inquiéter: -”Ca devrait se passer… On peut toujours parler de la pluie, du beau temps et du curry de ma grand-mère.” Décrété la charmante constructrice. Zac comprend ainsi que la situation est moins simple qu’il ne s’y attend. Avant que la brune de sorte de la décapotable, il la retient par le bras. -” … Hey. ” Un petit sourire en coin, il rétorque tranquillement. -” Tu leur plais déjà. T’as rien à prouver là.” Ils ne viennent pas ici pour demander un avis, encore moins une permission. Ils viennent là pour… refaire le lien.
Zac est en retrait. Il met cela à profit pour regarder Damia et sa mère se retrouver. Il ne peut pas passer à côté de leurs traits en commun. Elles ont une aura qui se ressemble. Il ne s’en était pas rendu compte, à ce point, avant de l’avoir sous les yeux. -”Vous n’avez pas changé, c’est impressionnant… C’est quoi votre secret? ” La flatterie n’a pas d’effet sur la dame des lieux. Les flagorneurs s’avèrent trop souvent être des tricheurs. Cependant, la jeune femme a l’air sincère. -”C’est gentil Damia. Mmm. La marche à pied ! ” Ce qui ne manque pas de faire rire le trentenaire. La comtesse est une hyperactive non diagnostiquée. Elle ne peut pas faire une journée sans une balade. Bien que la tendance commence à peine à se calmer depuis qu’elle a passé la main à la direction de l’entreprise.
-”Les filles? Et la route s’est bien passée, on a ôté le toit pour profiter du soleil…” Madame de Lascelle adresse un regard à son fils. -”Joy et Valentine. Joe avait bien envie de te revoir.” Joy et Damia n’ont pas développé de grande complicité à l’adolescence. Zac prenait sans doute un peu trop l’espace. A présent, c’est un peu différent. La relation entre les jumeaux a grandi en même temps qu’eux. -”Bonne idée! Autant profiter quand le beau temps est au rendez-vous… ” La météo anglaise n’est pas du goût de la maisonnée.
Il faudrait que le soleil reste un peu pour faire sortir les roses trémières. -”L’endroit est magnifique… mais un peu loin de tout. L’agitation de l’Inde ne vous manque pas ici? Ça fait si longtemps, j’ai l’impression que c’était hier qu’on s’est vues pour la dernière fois… ” Le couple ne s'attardait jamais ici avant. -”Nous en parlions avec Zenon tout à l’heure. On essayait de se souvenir de la dernière occasion. Je crois bien que c’était un de leur anniversaire, les seize ans ? ” Naturellement, la maîtresse de maison propose une boisson pour ouvrir l’apéro. Mais, elle ne fait pas plus, bien aise de se faire servir par les garçons. Si elle n’avait pas été une fervente défenseuse de l’égalité, ils auraient pu mettre en place un modèle matriarcal ! -”C’est un bel endroit, c’est vrai. Nous sommes en train de le rafraîchir un peu. Je profite de ne plus travailler. ” La retraite n’est qu’une deuxième activité pour le moment. Jusqu’à ce qu’ils rentrent chez eux.
Zac est confiant. Il profite donc de l’ombre du manoir. -”- Bonjour fils. Comment a été la route?” Pour une fois que la moto est restée dans le garage. -”Nickel!” Tout de même, c'est une route qui se fait par ce temps. Le motard l’a faite plus régulièrement depuis l’automne. Avec le recul, il sait que c’était la chose à faire. Il aurait pu retourner dans les conneries après ce licenciement abusif. Ne plus avoir de badge est une blessure profonde. Mais, c’est une blessure moins douloureuse aujourd’hui. -”Je vous piquerai du matos, faut resserrer un rétroviseur. ” Il a promis à Damia de regarder.
Les choses sont plus apaisées. Cela se ressent chez l’ancien flic. -”- Vous avez bonne mine.” -”Merci.” Depuis deux mois, il a rejoint un club de foot amateur. Ils font pas mal de match en extérieur. La saison commence plutôt bien pour eux. Il a aussi promis à sa mère de nager ensemble pour qu’elle apprennent à gérer un tubas. Zac la soupçonne d’avoir un plan derrière la tête. -”M’man vous exploite pas trop ? ” La taquinerie est de bonne guerre. Ils savent tous les deux à qui ils ont à faire. La comtesse est douée pour avoir ce qu’elle veut de tout le monde. Elle fait tourner son petit monde.
Zac tourne ses yeux sur le patriarche. -” Mmm... c'est intéressant. De la revoir avec vous.” Fait-il sourire son fils. Il n’y a que lui pour analyser le truc est dire “intéressant”. Mais la remarque touche. -”Oui… on verra. ” Dit le plus jeune pour que personne ne se fasse trop d’idées sur le sujet. Zac n’est pas du genre à se projeter sur le long terme. Il ne va pas le faire dans un domaine aussi compliqué que le relationnel. Autant laisser les choses se faire d’elles mêmes. D’autant qu’il peut faire confiance à sa partenaire pour exprimer ses désirs!
-”Damia! C'est un plaisir de vous voir parmi nous! Comment allez-vous? Martini pour tout le monde?” Zac croise le regard de sa mère. Il n’a pas besoin de plus pour saisir qu’il doit apporter le bol d’olives noires sur la table. Il répond à son père en sortant: -”Yep!” Il croise alors le regard de Damia et lui fait un clin d’oeil complice. Sanders la trouve bien jolie. Il est sûr de ne pas être le seul. Sur ordre de sa mère, il saisit le bro pour servir aussi un verre d’eau glacée.
Les chiens viennent s’étendre à l’ombre de la table. Un coq chante à l’ouest. Le bourdon des insectes parachève la petite symphonie. Oui, la petite famille est bien installée ici. Il n’y a guère à se plaindre. Du coin de l'œil, Zac aperçoit la sacoche de l’appareil photo de sa mère. Sans surprise! -”Merci chéri.” Une fois tout le monde servi, ils font un premier toast. Sanders pose discrètement une main sur le genou de sa colocataire: -”T’as des clopes ?” Trop heureux du parfum de sa peau, il avait retardé le lever jusqu’au dernier moment. -”Damia raconte-nous ? L’agence marche ? ” Zac intercepte un regard de sa mère vers son père. Ces deux-là ont un langage non-verbal assez hallucinant. Il n’en dit rien mais les observe. Amélia ne dit rien de plus. -”Ouvrons le parasol.” Avec les années Mélusine est plus sensible au soleil et elle n’est pas la seule!
Etrange voyage que je me retrouve à faire, plein de nostalgie, que ce soit à cause de mon passager et de ma destination. Si deux semaines plus tôt on m'avait dit que je finirais par coucher avec celui qui a hanté tellement de mes nuits d'adolescente, j'aurais ri, comme si on m'avait parlé d'un acteur connu ou d'un chanteur d'un groupe que j'adorais... dire à quel point c'était inaccessible et impensable... même pendant les quelques semaines où on est "sortis" ensemble, encore au pays... Mais c'était délicieux, avec un petit goût de revanche pour couronner le tout. Et revoir les parents de Zac, nos anciens voisins... le choc aurait été encore plus violent si je n'avais pas croisé Zenon dans notre houleuse mission à Paris, mais les revoir comme ça, comme à l'époque sauf que je suis maintenant une femme adulte... ça fait bizarre. Très très bizarre. Une partie de moi s'attend à ce qu'on me tapote le crâne et qu'on m'appelle ''ma petite Damia" et l'autre est curieuse de voir comment on va me traiter en tant qu'adulte. Surtout que je viens avec Zac.
Tout ça se bouscule, de plus en plus fort comme une nuée d'abeilles en colère à mesure qu'on s'approche de leur demeure anglaise que je ne connais pas, avant de finalement y arriver et nous garer. Il me faut quelques secondes pour détailler le manoir qui trône au milieu d'une pelouse verte manucurée, entourée de massifs qu'on dirait peints tellement ils sont parfaits. Mais Zac a l'air de comprendre que je ne suis pas forcément dans mon élément, ou que j'appréhende un peu et il me glisse quelques mots à l'oreille, ce qui me fait sourire et me détend un peu. Mais oui, ça n'est rien... Qu'est-ce qui pourrait bien se passer de toute façon ? Rien. A part qu'ils n'appellent ma mère et mes grands parents pour se plaindre de moi, mais ça n'a pas trop l'air d'être leur genre. Bref, on s'avance et première rencontre : elle. La mère de Zac, toujours aussi belle, toujours aussi élégante mais version décontractée, qui donne l'impression de ne pas avoir fait d'effort pour l'être. J'ai enfilé trois babioles et ça a donné ça ma chère. Son sourire est sincère, elle rit à ma remarque et ça va tout de suite mieux, alors que je la suis, puis je tombe sur Zénon. Maintenant que je sais ce que je sais, je suis beaucoup plus détendue, même si, paradoxalement, je sais qu'il pourrait me tuer de dix façons différentes s'il décidait de le faire.
C'est un plaisir de venir vous voir ici... et Martini ça sera parfait.
Un verre m'aidera à me détendre et à faire comme si tout ça était normal. Mais la conversation s'enchaîne sans trop de soucis. J'étouffe même un rire en voyant le clin d'oeil de Zac. La vache mais ce type est un vrai gamin! Et c'est mignon en plus. On s'installe tous dehors, la vaisselle est emmenée, les verres se remplissent, tout le monde s'assied. Trinquer avec eux est presque normal au final, et si on ne peut pas dire que je me sens à ma place, on va dire que je ne me sens pas totalement comme une intruse, ce qui n'est pas mal. Je sursaute en sentant la main de Zac, tournant la tête vers lui.
"Oui, dans mon sac, qui est resté dans la voiture... Sers-toi je t'en prie"
Je tourne la tête, le suivant du regard alors qu'il file vers ma Jaguar, avant de sourire à la question de la mère de Zac. Je me retiens de rire, parce que la question a l'air tellement innocente sur le coup. Puis je lance un coup d'oeil à Zenon qui lui en sait plus qu'elle, merci notre expédition parisienne.
Oui, ça marche plutôt bien... ça m'a pris des années pour que mon travail soit reconnu et que des gens me fassent confiance, mais le bouche à oreille a fini par payer. La preuve, j'ai assez de travail pour avoir pu proposer à Zac de venir travailler avec moi. J'en suis très heureuse, c'est chouette de bosser avec lui après toutes ces années... Et vous? Comment vous vous occupez? Zenon, la retraite n'est pas trop dure à combler?
On trinque, on ouvre le parasol, les chiens s'installent près de nous, tout est calme. Et étrangement, je me sens à ma place.
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16.08.23 16:05
Zenon de Lascelle
Son fils avait quand même l'air plus apaisé qu'il y a quelques mois en arrière. C'était agréable à voir. Est-ce qu'ils devaient cet apaisement à Damia, entre autre? Il se posait sérieusement la question. Mais cette femme avait toujours fait rêver son garçon. Maintenant qu'ils étaient tous les deux adultes, un peu plus responsable et connaisseurs de la vie de couple, il y avait peut-être quelque chose à développer. A voir sur le long terme. Zenon ne s'avançait pas, mais il n'était clairement pas contre. Damia était une femme qui ne pourrait faire que du bien, en tout, à Zac.
- Parfait. Hochant de la tête. Vous savez où sont les outils, tant qu'ils reviennent à leur place.
Les enfants étaient ici chez eux. Quand ils venaient, ils avaient accès à tout. Même aux voitures, bon ok, certaines voitures du paternel. Autant profiter d'être chez eux, non? Il avait un petit sourire amusé à la question posée, alors qu'il terminait de vérifier de surveiller une cuisson.
- Vous savez bien que j'ai toujours plaisir à travailler pour elle. D'un ton tout aussi taquin.
Jamais il ne s'était plein de sa belle, parce que même avec son caractère parfois bien trop trempé, il s'en accommodait. Et puis, Amélia n'était pas si demandeuse que cela, il était normal qu'elle attende de lui certaines choses. Il n'avait pas à se plaindre de cela. Il était même plutôt heureux de pouvoir profiter de la présence de sa Dame, sans le risque de devoir partir pendant de longs mois... même si une menace planait encore sur la famille, c'était encore gérable.
Le père n'allait clairement pas pousser son fils dans une voie ou une autre. Il devait faire ses propres choix, mais s'il voulait en parler, s'il chercher une autre réflexion, un avis, il serait toujours là pour le lui donner. Tant qu'il était demandé. Bien sûr. Pour le moment, c'était à Damia d'être accueillie par le comte. Même s'ils s'étaient croisés à Paris, Zenon n'en ferait pas illusion. Il cloisonnait toujours, travail au MI6 et vie de famille, même si tout le monde ici, était au courant de qui il était.
De Lascelle préparait donc les verres de Martini, glaçons, zeste de citron, bien rempli, parce que pourquoi s'en empêcher? Au pire, les plus jeunes pouvaient dormir chez eux. Ils avaient suffisamment de place dans le manoir, pour qu'ils trouvent chambre à leur goût. Pas dit que Zac veuille montrer sa chambre d'ado à Damia, quoique.... le père trouverait presque cela amusant. Il posait les verres devant chacun, une fois fait et s'installait tranquillement à table, après avoir aidé son fils à placer le parasol. Cela allait plus vite à deux et ainsi, son dos était un peu préservé.
Il écoutait tranquillement la conversation entre les dames, un petit sourire pour la sienne.
- Nous vous remercions de l'avoir pris avec vous, j'ai l'impression que cela lui fait réellement du bien. Avant que Zac ne revienne à table. Mmmm... non, nous sommes occupés comme si nous travaillons encore. Surtout avec la naissance de Philip. Être grand-parent, c'est un travail à temps pleins. Surtout que nous estimons qu'il est important de les aider dans cette période assez fatiguante pour de nouveaux parents. Tranquille, heureux d'être grand-père. Et puis, vous savez, quand on est ici, sur l'île, il y a beaucoup de gens qui souhaitent me voir... et Amélia est très occupée par toutes les expositions, les films, les spectacles à voir. Taquin. Amélia était hyperactive, c'était ainsi. C'est une vie à 100 à l'heure, même à la retraite. Mais profitez de votre vie active. Tout en levant son verre. Santé, à votre venue chez nous, Damia.
Sa main allait doucement caresser la tête de Mélusine couchée à ses pieds.
Les garçons ont le temps d’échanger un peu. -”Vous savez où sont les outils, tant qu'ils reviennent à leur place.” C’est le deal de la maisonnée. Lechald fonctionne sous les mêmes règles que Bellary au fond. Depuis qu’un taré à voulu décimer leur famille, Zac tente de passer ici régulièrement. Même s’il sait que ses parents sont autonomes. Cette peur semble lui avoir fait comprendre un point important. Ses parents ne sont pas éternels… -”Je connais un gars qui fait de très bons prix sur les pièces de luxe. Ça vaut le coup d’aller jeter un œil. Faudrait qu’on y aille. ” Lui confia-t-il tranquillement. Jug est un bon dans le milieu. Sans compter que Sanders a promis de lui renflouer la clientèle aisée. Là aussi, c’est un deal.
L’air de ne pas y toucher, le frère et la soeur suivent ce qui se passe ici. Ils se rencardent. Ils communiquent. -”Vous savez bien que j'ai toujours plaisir à travailler pour elle.” Réponse digne du comte d’Avon. Zac se marre doucement dans sa barbe. En même temps, tout ça est prévisible. Le père de famille ne sait rien refusé à sa femme. A une époque, son fils en était même agacé. -”Mh! Mh! ” S’amuse-t-il de leur dynamique.
Toute l’attention est portée sur l’expatriée. Il faut une mise à jour. Sanders tend l’oreille curieux de l’entendre présenter sa vie à des vieux: -”Oui, ça marche plutôt bien... ça m'a pris des années pour que mon travail soit reconnu et que des gens me fassent confiance, mais le bouche à oreille a fini par payer. La preuve, j'ai assez de travail pour avoir pu proposer à Zac de venir travailler avec moi. J'en suis très heureuse, c'est chouette de bosser avec lui après toutes ces années... Et vous? Comment vous vous occupez? Zenon, la retraite n'est pas trop dure à combler?” Il y en a pour qui ça l’est.
-”La concurrence est rude ?” interroge la mère de Zac avec intérêt. Elle apprécie de voir les femmes gagner du terrain sur les pré-carrés masculins. En Inde et ici en Angleterre, Amélia a milité pour les femmes. Fort caractère qui a éduqué les jumeaux avec beaucoup (beaucoup trop ?) de principes. Qu’en a retendu le fils ? Respecter les femmes. Les aimer. Ou plutôt les adorer ! -”As-tu ressenti une pression du genre ? Je suppose que les femmes ont la vie dure dans le milieu.” Les lois ne garantissent pas l’évolution des mentalités. L’Occident est sensiblement plus avancé… et encore. -”M’man… ” Il se râcle la gorge. -”Ca fait pas dix minutes qu’on est là… ” Se plaint-il en douceur, mais tout de même se plaint-il.
-”Et ?” Lance la comtesse le plus naturellement du monde. Elle pousse une coupelle vers Damia pour qu'elle puisse se servir en toasts maison. Ils furent à trois un instant. Une occasion idéale pour partager un ressenti. -” Nous vous remercions de l'avoir pris avec vous, j'ai l'impression que cela lui fait réellement du bien.”
Sanders réapparu pour entendre sa matriarche de mère -”...contents qu’il soit un bon coéquipier. ” Amélia pose un regard scrutateur sur son fils. Il braque ses yeux sur elle. L’air de dire. -”Comme si vous ne saviez pas “ça”... Pfff. ” On ne peut pas reprocher à Junior sa loyauté. Mais sa capacité à travailler en équipe n’est pas constante.
-”Hahaha. … pas trop de risque. Avec tout ce que sa femme lui fait faire sur commande. ” La petite pique a un petit effet. Il peut voir le visage de sa mère se refermer un peu. Mais c’est juste une façon de lui signaler qu’elle en fait trop. Elle en demande trop. A tout le monde!
La voix de Zenon vient effacer la taquinerie. -”Mmmm... non, nous sommes occupés comme si nous travaillons encore. Surtout avec la naissance de Philip. Être grand-parent, c'est un travail à temps pleins. Surtout que nous estimons qu'il est important de les aider dans cette période assez fatigante pour de nouveaux parents.” L’espion a toujours eu l’âme d’un diplomate. C’est sans doute pour le mieux dans cette meute.
-”Mh. Tu vois. Pas le temps de s’ennuyer entre des travaux et des couches. Ils sont revenus au bon moment.” Lance Zac pour faire écho à l'actualité. Il est un oncle fier !
-Et puis, vous savez, quand on est ici, sur l'île, il y a beaucoup de gens qui souhaitent me voir... et Amélia est très occupée par toutes les expositions, les films, les spectacles à voir.” Les jumeaux ne peuvent pas le louper. Le groupe famille de Whatsapp déborde de propositions pour des sorties culturelles. C’en est presque fatigant à lire parfois. Zac suit tout ce flux en dilettante. Il préfère la boxe à un musée. -”Londres n’est pas avare en offres. … Bien que ce soit bien moins varié depuis le Brexit. ” Une pondération importante pour cette femme si attachée à la justesse et à la précision des choses. La dame sourit à sa consoeur. -”Damia, on devrait échanger nos numéros. Je te ferai parvenir les infos. ” Aimable proposition. Zac sait que c’est une façon, aussi, de se rapprocher de sa copine.
-”C'est une vie à 100 à l'heure, même à la retraite. Mais profitez de votre vie active.” Un bon conseil, de ce vieux marin au dos cassé par le travail tien. De Lascelle a sans doute un peu trop suivit ce conseil lui-même. C'est sans doute pour ça que les jumeaux sont aussi dynamiques. -”Je suis pas pressé d’y être. ” S’esclaffe l’ancien flic avec une bonne dose d’humour. A leur âge, on ne pense pas déjà à la cessation d’activité. Ils ont du temps devant eux. Le travail de détective est encore neuf. Il y a de quoi stimuler l’esprit de ce loup. Il compte bien s’éclater dans ce métier encore un moment.
La faim se fait sentir. Ils font se régaler ici. C’est sûr! -”Santé, à votre venue chez nous, Damia.” -”Ouais. C’est cool que tu sois là! ” Rétorque Zac avec toute sa bonne humeur. Il a un grand sourire en levant son martini. Il ne va pas partager son, intime satisfaction, de partager le lit de sa patronne. Mais, peut-être qu'on peut lire entre les lignes. Voilà que tous les indiens natifs se retrouvent en terre anglaise. Amusant! Sanders attrape un truc à grignoter, faisant un autre clin d'œil à sa belle. Jusqu’ici l’introduction est réussie.
Ils se regardent les uns les autres. Il y a des souvenirs qui remontent à loin. Depuis qu’il vit chez Damia, Zac a plus de mémoire de leur passé commun. Il y a des images qui reviennent. Maintenant, ils en ont d’autres au compteur. Ils sont d’un autre genre… plus personnalisés. Intimes. Leur silence est calme. Il n’y a pas de souci. -”Comment va ta mère Damia ? Et tes grands-parents ?” Zac se tourne spontanément vers sa voisine pour écouter les nouvelles. Comment s’entendaient leurs parents plus jeunes ? Ils n’en ont pas parlé. Lui n’en a aucune idée. Sans doute que son père fascinait et sa mère choquait. Un truc dans ce style dans la bonne société indienne.
C’est tellement étrange, d’être à la fois bien, au milieu d’eux, comme si très peu de temps avait changé, et qu’en même temps ils soient si contents que j’aie pris Zac ‘’sous mon aile’’ ou tout du moins que je lui aie filé un job. Ils ont l’air si enthousiastes, si rassurés, avec des sourires presque irréels alors qu’ils me servent à boire. Pendant une seconde j’hésite à leur rappeler en quoi consiste mon boulot… est-ce qu’ils sont au courant de ce que je fais ? De ce qu’on fait ? Rester en planque ? Fouiller des poubelles ? Hacker des ordinateurs ? Placer des micros ? J’ai l’impression qu’ils pensent que je bosse dans une librairie ou un café, ou encore une association qui viendrait en aide aux cockers sans pattes en leur fournissant de petits chariots à roulettes. Je suis détective privé, à mi-chemin entre son ancien job et l’illégalité, à cheval entre les deux, et en fonction des moments, vacillant plus d’un côté ou de l’autre…
Et curieusement, ça a l’air de leur être égal. Pourquoi ? Parce qu’il a un toit, un job, un salaire, et qu’il bosse pour quelqu’un qui, j’espère, il n’a pas envie de décevoir ? Que c’est une condition suffisante pour qu’il ne merde pas à nouveau et qu’il ne recommence pas ses conneries ? C’est peut-être ça qui les rassure finalement… pas le job en lui-même, mais être aux côtés de quelqu’un qu’il ne voudrait ni blesser ni fâcher…
La discussion dévie sur mon boulot d’ailleurs et j’en parle un peu, juste assez pour les rassurer en leur prouvant que j’ai de quoi le payer et l’occuper, mais sans rentrer dans les détails. Je hausse une épaule quand elle parle de la concurrence, savourant une gorgée d’alcool glacé avant de répondre, me détendant à l’idée de parler de mon domaine d’expertise.
Au début oui… et petit à petit j’ai réussi à me faire un nom dans des affaires concernant les hautes sphères si on peut dire… Je ne fais pas les chiens écrasés, les vols de nain de jardin ou les adultères de monsieur et madame tout le monde. Mais oui, une femme, jeune, arrivant d’Inde et voulant se lancer là-dedans ça a fait rire, et jaser aussi. Pourtant ça a été un atout… on soupçonne moins les femmes, on s’en méfie moins. Et souvent on ne pense pas que je sois aussi… déterminée qu’un homme. Ca les surprend en ma faveur. J’ai aussi des femmes que ça rassure qu’une autre femme s’occupe de leur affaire…
Je ris en me tournant vers Zac qui reprend sa mère à l’ordre.
Ne t’en fais pas, j’aime bien parler de mon boulot…
J’en profite pour piocher des toasts et les savoure. Décidément tout est délicieux ici. Je fais passer ça avec une gorgée de Martini avant de reprendre.
Oui on bosse bien. Son passé de flic aide beaucoup… il a des réflexes qui prendraient des années à être appris à un débutant, et il a encore beaucoup de contacts dans plein de milieu. Un autre bon point !
On embraye sur la retraite et je suis contente de savoir qu’ils sont débordés dans le bon sens du terme. Même si je me fige une seconde lorsqu’elle me propose de m’ajouter à leur groupe Whatsapp familial. Bordel c’est… c’est étrangement un peu trop sérieux pour moi. Ou alors on m’ajouterait comme on ajoute un ami très souvent à la maison au point qu’il en fait presque partie des meubles ? Je me force à sourire et lui dicte mon numéro.
Très bonne idée… Je me dis toujours qu’il faudrait que je profite un peu plus de ce que Londres a à offrir !
On trinque et je respire un peu mieux. On attaque la famille ensuite et je me sens plus à l’aise.
Oh tout le monde va bien ! Il y a juste mon grand-père qui dit que son partenaire de Pallānkuli préféré…Vous ne comptez pas revenir bientôt ? Il rend ma grand-mère dingue parce qu’elle déteste ce jeu et il la harcèle pour qu’elle joue avec lui…
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Damia Kapoor
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15.09.23 12:06
Zenon de Lascelle
Zenon appréciait que son fils s'inquiète un peu pour eux. Veuille faire un peu plus attention à eux. L'attaque qu'ils avaient vécue, avait clairement remis quelques idées en place. Pourtant, il estimait qu'il ne fallait pas s'inquiéter trop. Ne pas s'empêcher de vivre pour autant. Il faisait le nécessaire, pour mettre un terme à tout cela. Mais si cela permettait de se recoller les morceaux, créer un nouveau lien, ou réparer l'ancien, il était pour. Après tout, il avait souvent été blessé par les réactions de son fils, alors qu'il avait tenté de faire de son mieux, bien que ça n'avait pas toujours été perçu ainsi. Parce que tout parent faisait des erreurs.
- Pourquoi pas, s'il est digne de confiance.
Il connaissait quand même un peu le cercle de Zac. Même s'il avait une grande confiance en ses camarades de la Strike Team, il fallait bien avouer qu'il pouvait se méfier d'une partie du reste de son réseau. Il n'y avait pas que des gens biens, en qui l'on pouvait avoir confiance. Même si son fils pouvait travailler avec eux, le comte ne souhaitait pas plus que cela, se retrouver à faire affaire avec des gens qui étaient plus dans l'illicite que dans le légal.
Par contre, le père de famille ne prêtait plus attention à ce que les gens pouvaient penser de sa relation avec sa compagne. Même ses enfants trouvaient qu'il abusait à être autant un soutien sans faille pour Amélia. Lui estimait que c'était la base de leur relation. Car ils ne voyaient tous sans doute pas, tout ce qu'Amélia faisait pour lui. Ils ne savaient pas, le secret qu'elle devait tenir, pour eux deux. Ce qu'elle avait enduré, sans lui. Qu'elle s'était occupée de leur maison, de leur foyer, leur famille, alors qu'il n'était pas là, pendant des semaines. Elle ne l'avait jamais quitté, n'avait jamais demandé qu'il change de vie, elle l'avait accepté autant que lui pour elle. Bref... il n'avait pas à se justifier.
Les deux hommes rejoignaient ces dames, pour que tout le monde s'installent tranquillement autour de la table, afin que la discussion continue. Le comte observait Damia, appréciant de la voir aux côtés de son fils. Peut-être que cette femme, lui permettrait de retrouver une stabilité. Ce qui serait un plus. Il était normal que son épouse s'inquiète de savoir comment cette femme s'en sortait dans ce milieu macho. Pourquoi Zac s'en offusquait? Damia avait auprès d'Amélia, une alliée. Autant en profiter, non? Il prenait une gorgée de son verre. La jeune femme répondait, d'une façon lucide, il n'en doutait pas, elle savait faire.
- Zac... la pique du fils était sans doute malvenu, après tout, il le faisait avec plaisir et ne s'en plaignait pas. Surtout que nos deux retraités, avaient de toutes les façons, un agenda de ministre, comme le faisait comprendre notre espion.
Oui c'était plaisant d'être grands-parents. Zenon n'allait pas le nier. Il avait un petit sourire amusé à la proposition de sa compagne. Damia sembla être prise par surprise, mais finalement, elle acceptait la proposition.
- Vous ne savez pas dans quoi vous allez tomber... taquinait alors le comte.
Les nouvelles de l'Inde ne manquaient pas de l'amuser, les gens changeaient peu, encore plus à leurs âges. Il marqua un petit temps, jeta un regard à sa femme.
- Je ne peux pas encore donner de date. Je pense que quand Philip sera moins demandeur d'énergie, nous prendrons le chemin de retour. C'était ce qu'ils s'étaient dit, tous les deux et si bien sûr, la menace qui pesait sur leur tête était définitivement enterrée. Et vous? Avez-vous le temps de vous rendre là-bas de temps en temps?
Les trois loups indiens écoutent -religieusement- Damia. Ce qu’elle leur rapporte sur les aprioris et les postérieurs n’est pas mis en doute. La jumelle de Zac a été une reporter en zone de conflit. Elle aussi raconte aisément comment son sexe, son genre, lui a permit d’obtenir des renseignements. Jouer avec les armes que l’on a en arrivant sur la Terre. Tirer en sa faveur les failles d’un système.
Damia rayonne vraiment. Zac se dit qu’ils ont eu une chance de se retrouver. Vraiment. -Ne t’en fais pas, j’aime bien parler de mon boulot… Il échangea un regard avec sa compagne. Il voulut lui répondre. Mais sa voix n’eut pas le temps de sortir. -“- Zac...” Deux contre un. Le partenaire de la jeune femme lève les paumes en signe d’abandon. Un sourire aux lèvres en voyant l’harmonie de la table. Si tout le monde est content alors lui aussi. -”Dirais-tu que les crimes ont augmenté ? Du terrain ? De ton analyse ? ” Continue Amélia bien lancée sur le sujet. BIen entendu la dame est curieuse. Elle constate un changement sur Londres. Cela l’interpelle.
Ca ne les empêchera pas de papoter comme si Zac n’était pas là. Ces femmes! -Oui on bosse bien. Son passé de flic aide beaucoup… il a des réflexes qui prendraient des années à être appris à un débutant, et il a encore beaucoup de contacts dans plein de milieu. Un autre bon point ! Le regard de l’ex-flic brille un peu. Il a plaisir à garder un pied dans son premier univers. Car, même s’il y a beaucoup de plaisir à bosser avec Damia, ça reste une reconversion. -”Ce n’est pas le réseau qui manque.” La comtesse se penche et demande tout de même: -”Pas des voyous tout de même ?” Le fiston ne doit pas reprendre un mauvais chemin. Maintenant qu’il va mieux…
Visiblement la comtesse d’Avon a envie de créer un lien continu avec la détective. Les garçons connaissent cette appétence à relier les femmes entre elles. Même si ici c’est particulier. -Très bonne idée… Je me dis toujours qu’il faudrait que je profite un peu plus de ce que Londres a à offrir ! Zac croisa le regard de sa mère ravie. -”- Vous ne savez pas dans quoi vous allez tomber...” Amélia eut un regard en coin pour sa moitié. La malice passe entre eux. Ils se connaissent par cœur. -”Ne les écoutes pas. Tu vas adorer!” Joy n’est pas là. Mais elle corroborera.
Tout de même, si on aime la culture anglaise, dans ce manoir, on adore l’Inde. Ce n’est pas un secret. D’ailleurs, les jumeaux ont la double nationalité. Ils sont indiens. Ils sont aussi des Anglais. -Oh tout le monde va bien ! Il y a juste mon grand-père qui dit que son partenaire de Pallānkuli préféré…Vous ne comptez pas revenir bientôt ? Il rend ma grand-mère dingue parce qu’elle déteste ce jeu et il la harcèle pour qu’elle joue avec lui… Aisé d’imaginer ces nocta génère ce chamailler autour du jeu.
L’histoire des Kapoor n’est pas simple non plus. Zac doute que ses parents aient eu vent de tout l’historique. Mais ce n’est pas plus mal… -”On a fait des tournois de ce truc! ” Il est vrai qu’il y a eu des périodes intensives autour de ce jeu. Amé semble se souvenir de quelques après-midi bien tendues. Quand la mousson écrase la terre… ils n’avaient que ces occupations internes. -”Il doit encore y en avoir un ici ? ” Pourquoi pas une partie après leur déjeuner ?
Les chiens bougent pour passer sous la table. Ils prennent de la place! -”Et vous? Avez-vous le temps de vous rendre là-bas de temps en temps?” Les deux autres de Lascelle se tournent d’un même mouvement vers l'intéressée. Zac, quant à lui, a une partie de la réponse. Il aimerait énormément retourner au pays. Il aimerait bien que Damia vienne avec lui. C’est là-bas qu’ils se sont connus.
Zac repose son verre avec enthousiasme. -”Puisqu’on parle de ça. J’aimerai bien qu’on envisage. ” Parce que c’est sympathique d’accueillir la filleule… mais bon la famille! Il est trop tôt pour embarquer le petit neveu. Mais une virée dans les montagnes indiennes pourrait être tellement chouette. -”Un bon petit voyage dans le nord. P’pa ? ” Les années passent. Les vieux prennent de l’âge. Il faut en profiter tant que c’est encore possible. -”En tous cas Damia tu les embrasse pour nous. … Nous les contacterons une fois rentrés.” Aujourd’hui Amé est bien plus attentive aux anciens qu’elle ne l’était à trente ans.
-”Qui prendra un verre de vin avec le plat ?” Il y en a pour tous les goûts. Les de Lascelles sont des hôtes pleins d’attentions.
Je n’ai jamais fait ça, et je ne pensais pas que ça serait « mon truc » à savoir la présentation aux parents. Présentée. Je n’aurais même pas besoin d’être présentée, ils me connaissent depuis aussi longtemps que je m’en souvienne. Mais est-ce qu’ils se doutent de quelque chose? Est-ce qu’ils savent qu’il se passe quelque chose entre nous? Que les deux gamins qu’ils ont vu grandir sous leurs fenêtres font des choses très sales un peu partout dans mon hôtel particulier et ailleurs? C’est très con, je suis une femme adulte et j’ai l’impression d’être une lycéenne. Je suis riche, respectable et respectée, je n’ai peur de rien ni de personne à part… eux. Un peu.
Heureusement, petit à petit la discussion suit son cours, me ramenant en terrain conquis et rappelant des souvenirs sympathique qui me rassurent. L’alcool aide aussi. On parle aussi de mon boulot et je leur en parle sans honte, fière de ce que je fais et de comment j’y suis arrivée.
Honnêtement je ne suis pas de ce côté-là de la barrière… Je ne m’occupe pas des meurtres ou autres donc je suis loin des statistiques… Une chose est sûre, la police est bien occupée.
On parle aussi de notre collaboration et j’essaie d’être factuelle, pour ne pas du tout laisser échapper le moindre indice de ce qui se passerait entre nous.
Je me force à garder le même sourire alors qu’ils nous proposent de venir à Londres et qu’on passe du temps tous ensemble. Une partie de moi hurle « danger » et « piège » et « traquenard » alors que l’autre me susurre que ça pourrait être sympa de simplement passer du temps avec des amis de longue date.
Heureusement on repart sur L’Inde, et ma famille restée là-bas. Zenon parle de mon grand père avec nostalgie, et je sais que lorsqu’ils retourneront il le retrouvera avec plaisir.
Oh j’y suis retournée une fois ou deux, mais eux viennent plus souvent.
Y retourner me rappelle trop de souvenirs : ma condition de transfuge, de paria, de trop blanche ou trop bronzée alors qu’ici ,on ne se préoccupe que des emmerdes que je peux apporter et des secrets que je peux déterrer. Mais c’est vrai qu’y retourner tous ensemble rendrait ma famille ravie, avec un petit goût de « bon vieux temps » sur la langue.
Pourquoi pas oui, on pourrait synchroniser notre venue. Que tous les anglais arrivent en même temps pourrait être sympa et ils adoreraient…
Je trinque avec Zac une fois qu’on m’a servi un verre de vin et après en avoir bu une gorgée je m’excuse un instant pour aller aux toilettes. Une fois là-bas, à l’abri des regards je sors mon portable et lui envoie un message aussi épicé que le curry de ma tante.
« Une fois qu’on sera partis je compte bien m’arrêter dans un coin tranquille et faire redescendre la pression avec toi. Aucune négociation possible ».
Je lui envoie, me lave les mains et reviens à table comme si de rien n’était.
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14.12.23 20:10
Zenon de Lascelle
Bien sûr qu'Amélia était curieuse, encore plus quand elle pouvait parler à une femme qui avait sa propre affaire, dans un monde d'homme. Elle se sentait sans doute plus proche, puisque c'était aussi ce qu'elle faisait. Etre cheffe d'entreprise, n'était pas une mince affaire. Le comte écoutait silencieusement l'échange entre les deux femmes. Il appréciait d'écouter les gens discuter, il n'était pas connu pour être celui qui parlait le plus dans le couple. Pas parce qu'il n'était pas intéressé par les conversations, mais juste parce qu'il estimait ne pas avoir des choses intéressantes à dire de son côté. C'était son épouse qui était celle qui parlait pour eux. Il l'avait toujours trouvé plus brillante que lui pour cela.
Tout le monde était bien occupé. C'était un fait. Comme si tous les criminels se donnaient le mot en même temps pour faire leurs coups. Il y avait des périodes plus chargées que d'autres. Il avait un petit sourire à la remarque sur les voyous. Pas trop de doute sur le fait que la Strike et donc son fils, avait les contacts. Parfois, c'était avec eux qu'il fallait faire affaire, pour avoir les informations nécessaires. L'espion pouvait comprendre la nécessité, même si ce n'était pas toujours apprécié.
Il haussa très légèrement les sourcils à la proposition de son fils. C'est vrai qu'ils en avaient parlés, souvent. C'était une idée qu'il fallait prendre à la volée, surtout quand son fils proposait ce genre de chose spontanément. C'était rare, il fallait donc sauter sur l'occasion. Zenon voulait recoller les morceaux, alors autant en profiter.
- C'est une idée oui. Une fois rentré, je vais voir comment organiser cela. Avec un petit sourire. Puis à Damia. Pourquoi pas, oui. Ce sera une petite surprise. Vous pourrez dormir à la maison ensuite, si vous préférez ne pas rester trop longtemps chez vos proches. Ou profiter de Zac, mais ça, il se gardait bien de le dire, il le pensait juste.
Même si bon, notre couple avait plus l'habitude de vivre en Inde, qu'en Angleterre. C'était une situation spéciale, qui n'allait pas non plus durer plus de temps que nécessaire. Autant Amélia que Zenon, commençait à avoir un peu le mal du pays. Il fallait rentrer un jour. L'homme attrapait le vin, pour servir les vins et les autres. Il posait une main sur le dossier de la chaise de sa compagne, tranquille, observant les plus jeunes. Se demandant à quel point Damia pourrait avoir une bonne influence sur ce garçon rebelle.
Le repas continua sur cette lancée, plutôt agréable et sympathique. Les parents De Lascelle, ne souhaitaient surtout pas mettre la pression à la jeune femme, ce n'était vraiment pas le but de ce repas. Bien au contraire, surtout qu'ils la connaissaient depuis longtemps et il n'y avait aucune obligation. Ils ne voyaient pas non plus le mariage directement. Les choses devaient se faire naturellement, à voir où tout ceci allait les mener.
- Café tout le monde? Il y a un dessert aussi, j'espère qu'il vous reste de la place. Taquin, tout en se levant, débarrassant la table, sifflotant.
Les chiens suivaient alors le maître à la cuisine, c'était à leur tour de pouvoir manger un morceau.
Ces deux familles ont un lien profond avec le continent indien. C’est vrai. Pour autant ce lien est différent. Zac sait, pour en avoir parlé avec sa partenaire, que les choses ne sont pas si simples pour elle. Devaient-ils s’épargner ? Se dérober ne fait pas vraiment partie de leur caractère. Il aime ça chez Damia. -”Oh j’y suis retournée une fois ou deux, mais eux viennent plus souvent. ” Leur confirme-t-elle. -”On peut aussi en profiter comme ça dans un premier temps. ” Vraiment Sanders avait envie de bien faire.
Il y aurait des temps futurs. Sanders ne pensait pas que leur relation allait se terminer tout de suite. Ils s’en sortaient bien. Ils étaient bien ensemble. Lui avait envie d’avancer. A leur rythme. -”Pourquoi pas oui, on pourrait synchroniser notre venue. Que tous les anglais arrivent en même temps pourrait être sympa et ils adoreraient… ” L’ex flic eut un sourire. -”C'est une idée oui. Une fois rentré, je vais voir comment organiser cela.” Puisque tout le monde était d’accord!
Amélia a un regard pour son époux. -”Comme au bon vieux temps.” Murmure-elle dans un panjabi avec bien des nuances. Un appel à des souvenirs communs. Personne n’ignore ici que le couple a vécu un tas d’aventures avant de bâtir leur foyer à Bellary. -”Pourquoi pas, oui. Ce sera une petite surprise. Vous pourrez dormir à la maison ensuite, si vous préférez ne pas rester trop longtemps chez vos proches.” La démarche était sympathique. Le fils eut un sourire reconnaissant envers son père. Leur ouverture d’esprit était agréable. -”Ca pourrait nous faire des vacances ensemble.” Dit-il à voix basse à sa compagne.
Le repas se déroula sans anicroche. Cela faisait un bout de temps que Zac n’avait pas vu ça. Sans doute était-ce parce que tout le monde faisait attention à leur invitée. Il y avait juste un point à prévenir. Juste pour éviter de la tension inutile pour Damia. Alors, Zac attendit que sa collaboratrice soit dans le couloir. Il se pencha vers ses parents. Son regard alla plus directement sur sa mère. -” … soit moins intrusive mom’.” Lança-t-il à la comtesse. Il n’avait pas envie que Damia se sente submergée. La remarque fit mouche. La dame se referma sensiblement. -”... bien.” Point de contre argumentation. Pas de soupir féminin non plus. Zac comprit qu’il l’avait blessée.
Il vit l’écran de son smartphone s’allumer. Il l’attrapa tout de suite pour le déverrouiller. Une habitude de son ancien job. Il lut ce qui donna crédit à son observation. Une mission peut tomber à tout moment. Là ce fut une mission d’un genre appréciable. *« Une fois qu’on sera partis je compte bien m’arrêter dans un coin tranquille et faire redescendre la pression avec toi. Aucune négociation possible ». * Il conserva un faciès tranquille, sans cacher une lueur charmée, dans son regard gris.
Madame de Lascelle résista à son envie de sortir une cigarette. Elle voulait arrêter de le faire par impulsion. Ce n’était pas une bonne chose. Elle adressa un sourire, plus réservé, à la revenante. Sur le conseil de Zac elle n’ouvrit pas d’autre sujet “personnel”.
-”Café tout le monde? Il y a un dessert aussi, j'espère qu'il vous reste de la place.” Demanda le cuisinier du manoir. -” Oui. Merci p’pa.” D’ailleurs, il avait averti sa compagne que ce serait un déjeuner copieux. Ils s’étaient préservés en ce sens. Histoire de faire honneur au menu. -” Parfait. Merci Zenon. ” Il s’était plié en quatre. Elle le savait. Amélia se servit de la distraction. Elle aida à dégager la table d’une partie de la vaisselle. Une très bonne manière de se faire sa propre diversion d’esprit. Maintenant, elle ne savait pas ce qu’elle pouvait ou non dire.
Pendant que Zenon dressa le dessert, sa femme prépara le café. Silencieuse et attentive. Ce fut le tour de leur fils de profiter de leur absence pour venir embrasser le cou de Damia. -” Je connais le spot idéal … ” L’idée faisait son petit chemin dans sa tête. Maintenant qu’ils avaient fait le plus compliqué, il était impatient de reprendre la route…
Ils furent attablés pour le dernier acte du repas. Le café et le dessert firent leur effet. La comtesse souriait et respectait la volonté de leur fils. Elle resta sur des platitudes. -”Ca a été agréable de se retrouver. ” Elle jugea plus simple de ne pas proposer un tour à l’écurie ou dans le manoir. Cela ne ferait que lui donner envie d’échanger plus en profondeur avec la détective. -” C’est vrai oui. Merci à vous pour l’accueil.” Rebondit Sanders, cherchant peut-être un peu à se rattraper.
Plus le temps passe, plus la discussion se déroule et moins je suis tendue. Finalement ce n’est qu’un repas agréable avec de vieux amis de la famille. Les propos qu’on échange ne hurlent pas « Copains du mec qui vit sous mon toit » mais plutôt des retrouvailles ravivant de vieux souvenirs agréables, d’une époque avec moins de soucis. J’oublie presque que Zac et moi on «sort » ensemble.
Bon un petit coup de panique me gagne lorsqu’ils envisagent déjà qu’on débarque tous en Inde ensemble, comme une belle et grande famille sortie d’une série télé ou d’un film. Un peu de panique, mine de rien. Avoir peur qu’ils découvrent ce que je fais vraiment. Qui je suis vraiment. Que je suis une arriviste aux dents longues, que je suis impitoyable, que je ne recule devant pas grand chose pour arriver à mes fins, et la légalité est une notion bien flexible pour moi.
C’est con mais après avoir grandi à leurs côtés, je pense qu’ils seraient parmi les rares personnes dont le jugement ou la déception pourraient m’affecter… Enfin, à ma surprise le plat principal est déjà fini et Zenon se lève pour chercher la suite, les chiens sur ses talons. J’en profite pour m’éclipser et envoie un texto un peu tendancieux à Zac alors que je ne suis qu’à quelques mètres de lui, sous le regard de ses parents.
Je reviens, l’air de rien, sans un regard au beau mec assis à côté de moi et je hoche la tête.
Un thé si vous avez, et un part de dessert avec plaisir… Je suis sûre que ce sera délicieux, comme toujours.
On se retrouve seuls tous les deux et je sursaute en sentant les lèvres dans mon cou, manquant de renverser mon verre.
Fais gaffe! C’est encore trop tôt pour le dire à tes parents… sois discret d’accord?
Je me détends un peu et souris sans me forcer quand tout le monde revient à table, et qu’une assiette de douceurs atterrit devant moi. Tout le monde reprend comme si de rien n’était et je me prête au jeu. Je n'arrive pas à réaliser qu'ils ont vieilli, qu'ils ne sont plus exactement comme ils l'étaient à l'époque où je me faufilais chez eux en escaladant le lierre poussant contre le mur, pour ne pas me risquer dehors. Leurs visages, pendant longtemps, étaient restés figés, gravés dans le marbre, et les voir comme ça me rappelle un peu qu'ils sont humains, eux aussi. Qu'ils vieillissent. Qu'ils ont des défauts, des faiblesses, et des secrets. Surtout des secrets pour Zenon. Est-ce qu'on va en reparler un jour? Peut-être. Aucune idée. On verra bien.
Oui, très agréable. Ça m’a fait un peu bizarre au début après toutes ces années mais j’ai beaucoup apprécie. Et j’apprécie encore. J’hésite une seconde avant de lancer.
Oh et si vous passez par Londres je connais de très bons restaurants. Il suffit de demander.
J’échange un léger coup d’œil avec Zac pour savoir quelle allait être la suite de la journée : est-ce qu’on allait encore rester un peu ici ou est-ce qu’on va prendre la route bientôt?
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17.01.24 19:53
Zenon de Lascelle
A voir comment les choses évolueraient. Zenon remarquait, en tous les cas, que le couple, car oui c'était bien ce qu'ils étaient tous les deux, personne n'était dupe autour de cette table, semblait être assez au diapason. Son fils était plus calme, plus lumineux. Rien que pour cela, il en était extrêmement reconnaissant envers Damia. Il suivrait, de loin, l'évolution de cette histoire. Et ensuite, ils prendraient des décisions pour ce voyage en Inde, typiquement.
Bien sûr, Zac ne pouvait s'empêcher de demander à sa mère de restreindre sa curiosité. Zenon lui jetait un petit regard, pour qu'il arrête de s'inquiéter, Amélia savait faire les choses correctement. Elle avait du respect pour cette femme et voulait en savoir plus, c'était bien normal. Ils avaient perdu un peu le contact, mais ils l'avaient vu grandir et puis, leur fils ne pouvait pas empêcher ses parents d'être curieux, envers une femme qui le faisait garder les pieds sur terre.
Il posait doucement une main sur le dossier de la chaise de son épouse, pour lui caresser le dos du pouce. Pas besoin d'en dire plus, lui était là pour la soutenir, mais il ne voulait pas mettre plus d'huile sur le feu. Il ne fallait pas que Zac se sente, comme souvent, agresser par l'union de ses parents. Avec le temps, l'expérience, le père avait appris à faire attention. Son fils était parfois sensible, vexable, très facilement.
Le père de famille notait la demande de leur invitée. Un thé. Elle était plus anglaise que lui parfois. Il avait un petit sourire en hochant de la tête et allait donc en cuisine, suivit de son épouse. Il lui frottait un peu plus sérieusement le dos, tandis qu'elle faisait le café, lui mettait l'eau à chauffer pour le thé.
- Je ne pense pas qu'il le disait pour vous blesser, Amé. Je crois qu'il protège, un peu maladroitement, cette relation. Laissons-lui le temps d'être réellement en confiance.
C'était de simples conseils, pour que son épouse ne reste pas trop fâchée ou blessée, même si elle voulait bien faire. Avec Zac, tout était plus... délicat.
Il ramenait les desserts. Restant toujours dans l'idée du repas indien. Il voyait que les invités en profitaient et c'était bien ce qui était le plus important. Il buvait tranquillement son thé, puisque quelqu'un en prenait aussi, il en profitait, tout en terminant par allumer sa pipe, une habitude qu'il avait prise, depuis longtemps. Une aide à la digestion. Il avait un petit sourire tranquille.
- Merci Damia, nous n'hésiterons pas à vous contacter. Et c'était sûr et certains, que le comte et la comtesse, feraient le nécessaire. C'est un plaisir de vous avoir avec nous, tous les deux. Vous êtes toujours les bienvenus. Il regarda un instant l'heure à son montre. J'imagine que vous ne souhaitez pas trop traîner, pour éviter les bouchons? Après tout, rentrer à Londres n'était pas de tout repos.
Surtout que vu que le fils avait demandé à sa mère de calmer sur les questions, mieux valait ne pas trop retenir les plus jeunes. Pas de doute que madame de Lascelle, communiquerait avec la détective, sans que son fils n'en soit témoin. Elle obtenait toujours ce qu'elle voulait.
Pour un repas de retrouvaille, les choses ne s'étaient pas si mal passée, finalement, une fois qu'ils se disaient au revoir, Zenon venait embrasser sa dame sur la joue, alors qu'ils se retrouvaient seuls.
- Il est sur une bonne pente, je suis rassuré. J'ai toute confiance en Damia.
Au final, c'était bien tout ce qui comptait aux yeux du père.
