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A flux tendus! (pv Mark)
Gustav Brener

A flux tendus!

«Errare humanum est »

fin juin 2028

Le solstice d’été marque, chaque année, le début d’une nouvelle période. L'hôpital a une partie de la patientèle qui change. Un public plus jeune vient occuper les brancards. Les victimes d’excès en tout genre, des défis alcoolisés, des challenges idiots. Les sociologues observent même que depuis l’attaque de l’uni de King trois en plus tôt, les nouvelles cohortes d’étudiants sont plus délurées. Réponse directe à la brutalité qui a laissé sa plaie dans la prestigieuse bâtisse. Enfin, c’est ce que pensent les chercheurs.

Brener a une analyse moins professionnelle et assez différente. Tout ça est surtout lié à la circulation des produits illicites. Le marché noir déborde d’offres en substences nocives. Il y a un retour frappant de l'opium dans des quartiers que la police avait pourtant réussi à débarrasser de l’emprise des familles mafieuses. Mais, il parait que la vie est un éternel recommencement…

Le problème avec tout cela c’est le fric. Bien sûr, que c’est toujours l’argent. Sortir de l’Union Européenne leur aurait bien servi… en théorie. C’est sans compter sur l’implantation du réseau de criminels implanté là et trop content que l’île se soit séparée du carcan européen. Tout cela traverse l’esprit de Gustav de façon plus ou moins consciente, alors qu’il file un coup de main à Solange pour le réassort en seringues, fils, etc.

Ils font souvent ça en nuit, sur les coups de trois heures. Il y a souvent une accalmie par là. Encore un truc étrange dans la vie d’un hôpital. L’alarme détonne d’un coup comme pour contredire le tech. Ils sortent du local pour croiser Maria qui vient chercher du stock. C’est un accident de la route. Cascades, entrechocs, trois véhicules se sont percutés. Trois ambulances arrivent. Le premier bilan annonce deux hommes dans un état critique au moins.

Sans broncher, Gustav attrape un chariot et balance le matériel de base pour aller déposer dans la zone de dispersion. Les roulettes auraient besoin d’un petit dégraissage. Ca couine alors qu’il remonte le couloir. A l’angle, il manque de rentrer dans les jambes du médecin de garde. Baran sait bien gérer l’urgence. Ça devrait le faire. -” Je vous amène ça. Besoin d’une paire de bras ? ” Les gars lui ont appris le porté de corps vivant pour ne pas blesser la personne. Il faut dire que les patients de Gus ne protestent jamais eux.

Au bout, la première équipe arrive. Gustav échange un regard entendu avec Mark. Il gare le chariot hors du passage. Il remonte avec lui pour rejoindre les ambulanciers. Tout en marchant, il enfile une paire de gants. L’un des jeunes accidentés est descendu du véhicule. Il y a du sang sur son visage, au niveau de ses côtes et de sa jambe gauche. Aie. -” On l'emmène où “chef” ? ” Gustav salut l’ambulancier d’un coup de menton et prend le relais pour pousser le brancard. Pas de temps à perdre. La frontière entre la vie et la mort se joue parfois à deux minutes. Inutile qu’un gamin termine sur sa table froide cette nuit.

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Gustav Brener
Gustav Brener
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Markiyan Baran


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Je frotte d'une main fatiguée la nuque et range le énième dossier patient dans la boite prévue à cet effet. Je retiens difficilement un baillement. Ici, plus qu'ailleurs on a besoin de médecins compétents. Le problème, c'est qu'on a ni l'effectif, ni le financement suffisant pour recruter. Ca fait plusieurs années. Plusieurs années de galère. Assis à un bureau, dans la salle de repos, je me perds dans quelques souvenirs lointains. Pour rien au monde je ne partirais d'ici. Car j'aime cet endroit. Mais quelques fois, je me dis que c'est plus facile ailleurs. Et je me prends à rêver d'hôpitaux modernes, qui ne sont pas surchargés et où les docteurs soigneraient tous les malades. Utopique, je sais, mais c'est comme ça.

- Mark?

La première fois, je n'entends pas. Je n'écoute pas non plus. Je suis perdu dans d'autres songes à moitié éveillé. Je regarde ma montre. Bon sang, qu'il est tard. Encore une ou deux heures et je serais à plat. Ca fait déjà bien 8 heures que j'aurai dû rentrer chez moi. Mais personne est là pour prendre la suite, alors les services s'allongent et le temps s'arrête. Je baille, souffle, regarde la tasse à café à moitié vide et redresse la tête pour tenter de chercher la cafetière des yeux. Il doit bien y rester un peu de café, non? C'est là que l'infirmière m'appelle à nouveau. Je tourne le regard sur elle. Elle est concise et brève dans ses explications. Accidents. Blessés. Arrivée dans une dizaine de minutes.

- Merci Maria. Remplissez les chariots du double. On va avoir du travail.

Je sais même pas pourquoi je dis ça. Maria le sait. Maria sait faire. Maria est loin d'être une débutante. Je m'étire, pour réveiller les muscles, me secoue un peu dans tous les sens pour remettre tout le corps en mouvement et je me lève. Je vais aux nouvelles, pour me préparer, et pour vérifier que tout le monde est à son poste. Là, dans le couloir, me préparant mentalement (c'est machinal), je patiente en silence. D'ailleurs, je dois tellement être invisible et discret qu'un ambulancier manque de me renverser avec un brancard. Ah non, ce n'est pas un ambulancier. Il s'agit de l'employé de la morgue. Gus. Il a plein de matos avec lui. C'est pas son boulot, mais je ne crache jamais sur une main tendue et un peu d'aide.

- Merci. J'incline la tête, confirmant que sa paire de bras est la bienvenue et j'indique les salles prêtes à accueillir les blessés les plus graves. Mettez le brancard devant, au cas où on aurait besoin de tout ça et venez avec moi, on va avoir du travail. Un accident, ce n'est pas beau. Alors si on pouvait récupérer une infirmière, au lieu qu'elle pousse le brancard, ça sera toujours ça de gagner. Je sais que ce n'est pas le boulot de Gus, mais il est souvent là pour aider et je sais ses gestes compétents. Je ne sais pas comment il est au courant de l'accident et au final, ce n'est pas important. Je marche jusqu'à l'extérieur, prêt à réceptionner les ambulances qui arrivent déjà, sirènes tonitruantes. Celui-là, rouge 1. Maria, le deuxième, rouge 2. Les autres, bleu 1 et 2.

Le service des urgences est bien préparer pour les urgences. Il y a des couleurs partout, mais c'est plus simple pour se repérer. Les salles rouges sont les salles prioritaires, celles où on a le plus de boulot. Les salles bleues sont pour les soins modérés. Les salles vertes sont pour les patients qui doivent passer la nuit ou qui ne nécessitent pas de traitement particulier. Les gants enfilés avant l'arrivée de l'ambulance, je me dirige, d'un bon pas, suivant le brancard dans la salle de soin où un grand 1 encadre les portes grandes ouvertes. Bien, alors. C'est parti. J'enclenche le mode "médecin ON", c'est fini la fatigue, l'ennui, la lourdeur des membres, je suis médecin et je veux sauver les vies qui me sont confiées.

- Monsieur? Monsieur? Ouvrez les yeux? J'appuie sur son torse pour le faire réagir, mais il ne fait que grogner sans répondre, ni ouvrir les yeux. J'attrape la main, sans la serrer. Monsieur, serrez ma main. C'est à peine si je sens quelque chose comme un spasme dans ses doigts. Glasgow à 6. On arrive dans la salle et on se prépare à le transférer d'un lit à l'autre. J'attends que tout le monde soit prêt, y compris le technicien de la Morgue qui je sais connais ces gestes. A trois. Un, deux... trois. Une fois sur le lit, je reprends mon diagnostic et balance les ordre, aux infirmières qui se mettent à tourbillonner autour du patient. Je veux NFS, IONO, et les gaz. Je me tourne vers Gus. Voyez s'ils ont besoin de vous à côté, si ce n'est pas le cas, revenez-là.

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Markiyan Baran
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27.06.23 19:31
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Gustav Brener

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«Errare humanum est »

fin juin 2028

Un hôpital de la taille de celui de Saint Thomas a énormément de services, de salariés, de patients à traiter. C’est une grosse machine, une ruche, dans laquelle il n’est pas simple de s’orienter. Gustav a mis plusieurs semaines avant de saisir l’agencement du lieu. Jamais la visite groupée n’aurait suffit pour se familiariser avec les espaces. C’est par lui-même qu’il a fait des explorations. Maintenant, il sait que la salle pour les blessés les plus graves c’est la rouge.

-” Okay. ” Gustav est un homme de peu de mots en temps normal. Ce qui se vérifie d’autant plus dans le boulot. Il ne perd pas d’énergie à discuter quand l’action est cohérente. Il déplace le brancard alors que la mélodie des sirènes commence à les alerter.

-”Bea tu prends bleue un. Helen rouge deux. On y va.” Sur un signe de tête, le petit escadron masqué se met en ordre pour faire le déploiement dans les salles désignées. Il y a dans leurs gestes la force de la pratique. Maria en tête de file. Brener accompagne le brancard un, toujours en restant vigilant à ne pas encombrer le flux de circulation des vrais soignants.

Il se glisse du côté vide. Ses mains approchent et se disposent pour préparer un porté. -”Prêt. ” Par sécurité, Gus appui d’un regard et attend le décompte du meneur. Cela se passe bien. Tout de suite le tech se dégage en arrière pour que les filles aient la place. Les mains en l'air, il serpente pour avancer sans gêner la danse. Mark donne l’ordre suivant et d’un hochement de tête Gustav acquiesce et s’exécute. -”Voyez s'ils ont besoin de vous à côté, si ce n'est pas le cas, revenez-là.

Tout en marchant, il fait un changement de gants. La frénésie collective résonne dans le long couloir. Gustav passe le seuil de la B2. Il n’interrompt personne, il approche, vient en soutien pour finir à découper les habits du blessé. Il faut dire qu’il en découpe du tissu. C’est son rayon. Le mouvement est fluide. Les lambeaux finissent dans un sac qu’il embarque avec lui pour dégager le sol. Le tour continu avec la succession de tâches minimales qui libèrent les mains des filles.

La technicité ne manque pas. Brener le sait. Ses potes l’encouragent à tenter un concours pour entrer par un autre poste et remonter à la surface. Ce n’est pas insensé. Seulement, cela ne l’intéresse pas vraiment de s’occuper des vivants à plein temps. Finalement, il reprend une boucle et approche de la première salle. -” Je suis là. ” Tout de suite, il rejoint Maria pour l'aider à déplacer le Monitor. Bien sûr, elle est capable de le faire. Mais à 47 ans ses lombaires sont cassées alors que ceux de Gustav sont encore en pleine forme.

-” La B2 vous demande. ” Oui, c’est ça le flux tendu… une capacité à dédoubler même à deux heures du matin passé. C’est ça que certains ne comprennent pas là haut dans les bureaux climatisés et préservés de toute la misère de l’humanité. Brener se dit souvent qu’il faudrait obliger tout élu politique à venir faire une journée de service parmi eux. Y a pas plus éloquent qu’un homme dont la vie dépend de l’énergie d’un médecin sur sollicité.

Maria Mark Gustav
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04.07.23 23:09
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Markiyan Baran


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Je ne dirais jamais que "j'aime" les Urgences, on me prendrait pour un fou. Ou un de ces anges de la Mort qui quelques fois touche les collègues. Non, non, j'aime les Urgences, parce qu'il y a de l'action, parce que nous servons à quelque chose, parce que nous sauvons des vies. Les chir., eux, reçoivent les patients, les soignent et sont contents. Les Urgentistes récupèrent les patients dans des conditions déplorables et nous faisons notre possible pour les remettre d'applomb, avec ce que l'on a. Pas souvent les bonnes méthodes, mais on y arrive. On sauve littéralement des vies. Alors là, si on peut sauver tout le monde, je serais content. Je ne suis plus fatigué. Surtout pas quand je travaille vraiment. Si je dois m'asseoir à une chaise pour remplir mes papiers, là oui, je vais tomber de sommeil. Mais pas quand j'attends une ambulance. Pas quand je suis en train de sauver la vie de quelqu'un. Et ce quelqu'un, il est sur la table. Maintenant.

Alors je demande toute la batterie de tests possibles. Je veux connaitre tout de sa vie avant qu'il ne se fasse percuter de plein fouet par une autre voiture. Parce que tout ce qu'on me dira, sera bon à prendre, à comprendre comment il en est arrivé là et comment le remettre sur pied. Bref, penché sur mon premier accidenté, je laisse les infirmières lui nettoyer le visage à la recherche d'une blessure quelconque. Le bras est mal positionné. L'os est à nu, brisé, ça va être moche à réparer. Je lui injecte un analgésique puissant, parce que la douleur doit être atroce. La jambe? Ca va, ce n'est pas l'artère. Un scan, il faudrait, mais pour l'instant, il faut endiguer le flot de sang qui coule. C'est plus ou moins à ce moment que Gustav revient, me prévenant qu'à côté, ils ont besoin de moi. Je termine ce que je dois faire et laisse les infirmières faire ce qu'elles, doivent faire. J'ai confiance en elles. Pour l'instant, elles n'ont pas besoin de moi.

- Qu'est-ce qu'on a?

C'est Leslie dans la B2, une autre infirmière qualifiée qui m'explique. Mais pas de médecin. Faut dire que même si je ne suis pas le seul urgentiste de l'hôpital, quelque fois, j'ai bien l'impression que je suis le seul. Il n'y a qu'un futur médecin, un externe. Enfin, il est médecin, mais il lui manque encore quelques galons à sa blouse. Je lui dis quoi faire, comment le faire, mais je ne peux pas rester. La R2 m'appelle. Alors à nouveau je change de salle, à nouveau je change de gant et à nouveau je demande ce qu'il y a. Pourquoi ça part en cacahuète comme ça. Je vois, il y a eu un gros trauma ici. Pas vraiment physique, je veux dire, il n'y a pas de sang visible, mais surement un truc interne. Le patient ne répond plus non plus. Son Glasgow ne dit rien qui vaille et les infirmières ne savent pas comment le réveiller. Ok, alors que je prends ses constantes, tente de découvrir pourquoi il est comme ça, voilà qu'il part en convulsion. C'est pas bon.

- Gustav, Maria! Ils ne mettent pas quelques secondes pour débouler. - Maria! Le chariot de réa'. Gustav, tenez les jambes. Faut l’empêcher de convulser. Je lui tiens les épaules, appuyant de toutes mes forces pour tenter de le tenir tranquille. Avec ce qu'il est en train de me faire, son coeur ne tiendra pas. Je préfère prévenir que guérir. D'ailleurs, quelques secondes plus tard, les convulsions s'estompent et le bruit horrible du moniteur cardiaque émet un biiiiiiip continu. Gustav, massage cardiaque. Je sais que c'est pas son boulot. Mais j'ai besoin des infirmières ailleurs. Et je l'ai sous la main, alors tant qu'à faire, autant qu'il me serve. J'indique l'endroit. Là. Des coups rapides. Un, deux, trois, quatre... Un, deux, trois quatre. Tant pis s'il casse une côte, je préfère ça que de ne pas avoir de pouls du tout. Maria, il en est où le chariot? Charge à 210.

- Il charge. Je la vois avec les pales, que je lui prends et attends. 210, prêt.

- Gustav, attention. Je place les pales. On dégage. Les infirmières se poussent toutes. Le corps se tord un peu, mais sur le moniteur, il n'y a pas de changement. Gustav, recommencez. Charge à 230. Il faut attendre encore un peu pour que l’électricité ne revienne charger les pales. Et je recommence le même processus. Cette fois-ci, le coeur repart. Le moniteur affiche des jolis bip-bip qui chantent à mes oreilles. Alors que l'on continue dans les analyses, dans les recherches, je devine bien qu'il y a quelque chose de pas net. De pas normal. Une hémorragie interne, c'est évident, mais où? Gustav, allez me chercher une écho portable. Si besoin volez-en une. Où je ne sais pas trop. En pédiatrie peut-être, ils en ont toujours... Bref, je suis rappeler à côté. Tant qu'on ne sait pas où est la source, je ne peux rien pour lui.

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05.07.23 17:58
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Gustav Brener

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fin juin 2028

Brener compris tout de suite qu’il n’allait pas descendre à la morgue dans l’immédiat. Ici la situation devenait de plus en plus compliquée. En mec raisonnable, il dégage les voies de circulation, faisant ce qu’il peut pour que les filles limitent leurs déplacements. Quand il entend de nouveau son nom, il entre dans la salle. Il croise le regard grave de Maria, puis celui de Mark.

Vont-ils appeler du renfort ? -”Maria! Le chariot de réa'. Gustav, tenez les jambes. Faut l’empêcher de convulser.” Les mains se referment en étau sur les mollets du patient. Pour maintenir un homme, il ne faut pas hésiter. Il faut y aller franco. Gus n’est pas dépourvu de muscles. Il obéit sans broncher. C’est pour le bien qu’il faut parfois faire un peu de mal.

Heureusement que Mark est un bon médecin. Les gros accidents de ce genre sont hyper compliqués à prendre en charge, encore plus de nuit. -”Gustav, massage cardiaque. Là. Des coups rapides. Un, deux, trois, quatre... Un, deux, trois quatre.” L'Hôpital forme les personnels pour le brevet de premier secours. Un peu de bon sens dans l’administration, pour une fois. Gustav a obtenu le “diplôme” deux mois plus tôt. Mais, il juge inutile de le signaler sur l’instant. Son regard suit la démonstration. Puis, il transvase avec le médecin pour prendre la suite. -”Un. Deux. Trois. Quatre. ” Il se penche. -”Un. Deux. Trois. Quatre. ” Les muscles sont chauds. Ils intégrent le mouvement. Brener n’économise pas son énergie.

-”Maria, il en est où le chariot? Charge à 210.” Ces machines sont rapides. Mais, dans ce genre de circonstance, les secondes sont une éternité renouvelée. C’est une prison temporelle qui n’a pas d’équivalence. Même pas dans l’attente d’une délivrance vitale. Alors, mieux vaut avoir des nerfs solides. -”- Il charge. 210, prêt.

-”- Gustav, attention. On dégage.” Le technicien et l'infirmière lèvent leurs mains en simultané. Ils reculent d’un pas pour dégager de l’espace. Le patient n’a pas l’air beaucoup mieux. Ça a l’air mal barré.

Gustav, recommencez. Charge à 230. Sans piper mot, il revient devant le patient et plaque ses mains sur sa poitrine. Il peut sentir des gouttes de sueur couler le long de son dos. Son sang bat à fond dans ses tempes. C’est l’adrénaline qui grimpe! De quoi le doper naturellement et lui faire maintenir la cadence. -” Allez. Nous lâche pas. ” Un être humain est un être humain! Une vie a de la valeur quelque soit. Gustav ne fait pas de distinction. A ses yeux, chacun à sa place dans ce monde. Chaque personne a le droit de vivre. Sans doute, parce qu’il en a conscience, Gustav préfère prendre soin des morts.

Gustav, allez me chercher une écho portable. Si besoin, volez-en une. -”Ok! ” Maria arrive sur la droite pour faire un relais. Brener ne perd pas une seconde. Il sort de la salle d’un pas vif, sans pour autant courir. Ce serait le meilleur moyen d’entrer en collision… et de faire des dégâts. Grâce aux visites avec Solange, il sait à quoi ressemble. Il cherche la desserte en PVC dans les pièces environnantes.

Au bout de trois tentatives, Gustav doit changer son fusil d’épaule. Il change de zone, passe les doubles-portes. -”Une Echo P ! ” Une femme arrive d’une salle. A sa mine, elle est prête à le rabrouer. Sa posture se métamorphose quand elle croise les yeux du tech. -”-”Par ici. ”” Ils marchent rapidement vers une salle d’examen. La soignante fait rouler le chariot. -”-” Porter! Appelle l'ascenseur. ”” L'infirmier est déjà sur le coup. Le voyant se met en rouge.

-”Laisse tomber.” Souvent, on se rend compte que l’action vaut mieux qu’une réaction. Brener chope le matos dans ses bras. Comprenant son intention, la pédiatre pose la batterie dans le creux de sa main. C’est parti pour un sprint. Gus se concentre sur son souffle et descend aux urgences.

Une fois dans le couloir : -”Echo! Mark ! ” Il entre dans la pièce, en sueur. Voyant le matos Maria vient aider à réinstaller, à la va vite, sur la surface plane la plus proche. Ils vérifient les câbles ensemble. La machine s’éclaire et fait des sons. Gustav vient prendre le relais pour le massage cardiaque. Ça devient plus dur certes, mais leur détermination ne faiblit pas. Ils savent que ce serait la mort du patient autrement.

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Markiyan Baran


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L'humain est une machine qui en temps normal est bien huilé. Un système central qui contrôle le tout, un générateur qui donne de l'énergie et tout plein de trucs à côté pour plein d'autres utilisations. Mais c'est ces deux choses-là qu'il faut préserver. Le cerveau et le coeur. Le reste, c'est secondaire. Alors quand un ne fonctionne plus, il faut le relancer. Et dans le cas présent, on va utiliser de l'huile de coude. Il faut faire repartir le coeur. Avant qu'on puisse mettre en marche une machine, il faut que quelqu'un envoie les pulsations à la victime. Qu'importe si c'est une infirmière ou un employé de la Morgue. Ce qui compte c'est que ça fasse réagir le coeur. Pourtant là, il n'y a rien. Alors la machine devrait lui envoyer une décharge d'électricité puissante pour le faire réagir.

Mais quelque chose cloche et j'envoie Gustav chercher un autre appareil qui me dira ce qui ne va pas à l'intérieur. Le coeur était reparti, mais quelques secondes plus tard, voilà qu'il flanche de nouveau. Alors c'est Maria qui a pris le relais. Voilà qu'on m'appelle à côté et encore une fois, je change de patient, au milieu des infirmières qui tournent professionnellement autour de la victime. Celui-là s'est réveillé, il grimace, crie qu'il a mal, panique à la vue du sang, il en faut bien quelques instants avant que je puisse donner des ordres aux infirmières. Lui, ça devrait aller, sauf si retournement de situation. Les autres infirmières qui s'occupaient des autres victimes me font part qu'elles gèrent les patients, ça devrait être bon de ce côté aussi. Bien, al...

-Echo! Mark !

Je retourne dans la B2, pour voir ce qu'il en est. Des gants stériles. J'attrape une sonde, Maria est prête à verser le gel. Je laisse mes doigts courir un peu sur le corps de l'homme pour vérifier que je ne sens rien, ou plutôt pour chercher ce que je devrais sentir. Mes années de médecine me permettent d'occulter absolument toute la cohue qui s'affaire autour de moi, je cherche à travers les gants une chaleur qui devrait être ou qui ne devrait pas, un tressautement d'un pouls ou non... Mais malgré toute cette expérience, je ne trouve pas ce que je veux. B*rdel, je peste dans ma tête dans toutes les langues que je connais pour tenter de trouver le bon diagnostic, pour que je puisse mettre le doigt sur... Ah, là! Je n'hésite pas une seconde.

- Maria, le torse. Gustav, arrêtez. L'infirmière vers le produit sans attendre. L'écho dévoile alors, à l'instant où je place la sonde tout un monde de gris, de blanc et de noir. Je fais voyager la sonde rapidement, je cherche l... Là! Oh merde, c'est pas beau. Gustav, vous pouvez reprendre. On va tenter autre chose. Maria, 3mg d'adrénaline en IV. Si avec ça le coeur ne repart pas... L'infirmière ne tarde pas de revenir avec la seringue et injecte en intraveineuse le liquide incolore. Je regarde l'écran de contrôle du rythme cardiaque... Je laisse Gustav continuer. Si et seulement si il y a un bip que je lui demanderais d'arrêter.

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Gustav Brener

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fin juin 2028

La machine renvoie une cartographie du corps du patient. Un contraste de noir et de blanc que seul un oeil formé peut décripter. Brener n’a rien à voir avec tout cela. Quand il étudie un corps, il est en contact avec lui. Il le touche, le manipule et va fouiller entre les tissus. S' il était en bas, il pourrait utiliser ses instruments, repousser le squelette pour trouver la fuite. Ce n’est pas plus bête que ça: un tuyau est percé, il y a une fuite. Une vilaine fuite à réparer. Lorsqu’on n’y pense, vraiment, un corps n’est qu’une machine.

Cette pensée l’envahit entièrement alors qu’il perçoit une voix.-Gustav, vous pouvez reprendre. On va tenter autre chose. Maria, 3mg d'adrénaline en IV. C’est le la secousse de son épaule contre celle de Maria qui extirpe Gus de son état métaphysique. Il reprend pied dans le présent. Il sent de nouveau la tension dans ses bras, la fatigue de ses mollets.

Il pose ses deux mains à plat sur la cage thoracique de cet homme dont il ignore jusqu’au nom. Il a le corps chaud. Il respire encore. Gustav s’accroche à cela. Ce filet de vie qu’il ressent. Il est connecté. L’adrénaline a un effet rapide à cette dose. L’inconnu a de nouveau un pouls! Gus crit -”Il respire!” Lui-même en est étonné. Maria le pousse pour intervenir. Gustav observe la scène alors que sa poitrine s’emplit d’une joie profonde. Un homme va vivre ce soir.

Brener recule encore et se retrouve sur le seuil de la B2. Il recule encore et recule jusqu’à ce qu’il sente la chaise cogner contre ses mollets. C’est à ce moment-là que Gus se rend compte que ses jambes tremblaient. Qu’il sent l’effet de la gravité dans ses pieds. En même temps, la dopamine qui circule dans ses veines lui donne la sensation d’être ivre. -” Wooo. ”

-” Hey quelqu’un pour la R1. ” Gustav relève les yeux de ses mains en or. Il croise le regard du grand Sean. Son cerveau met trois secondes à lire la vision du grand barbu. Il capte alors la tension dans ses yeux. Quand il entre, il voit une jeune femme assise sur le lit, une jambe transpercée par un morceau de métal. La femme hurle ses grands dieux. -” Punaise… ” L’ambulancier gronde pour attirer son attention : -” Tiens là par les épaules.” Sur quoi le coéquipier de Sean approche avec … une scie.

-” On est dans un remake de Massacre à la tronçonneuse ou quoi ? ” Gustav approche, il se glisse dans le dos de la jeune femme. Elle ne doit pas avoir loin de la trentaine. Elle a des cheveux blonds vénitiens… c’est assez rare. Pourquoi ce détail traverse t-il l’esprit du technicien ? Maintenant. Une espèce d’angoisse monte au son du moteur de l’engin. -” On devrait attendre l’avis du Doc… non ? ”

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Là, je ne peux rien faire d'autre que d'attendre l'effet de l'adrénaline. Ca ne va pas prendre beaucoup de temps, quelques secondes tout au plus. Si Gustav agit sur le coeur en pompant "manuellement" le sang du patient et le remettre dans les veines, j'espère que l'adrénaline va se propager et... BINGO, y'a des bip-bips qui sonnent sur la machine! Parfait! Je reviens là où j'ai trouvé la fuite. Maria sait ce qu'il faut faire déjà, elle place les patchs d'entrainement sur le bonhomme. Rapidement les bip-bips s'enchainent, vite, rapidement, beaucoup trop rapidement. Elle a déjà compris et lève les yeux sur moi, attendant les ordres.

- Masque à oxygène avec régulateur... branche le sur le plus lent. Je parle avec un calme olympien, alors que mes gestes sont rapides. Je ne dois pas m'affoler dans les ordres à donner, dans l'attitude à avoir, mais je dois travailler vite. Alors que mes yeux et mes mains s'occupent de trouver la faille et d'empécher le sang de se propager dans le corps du malheureux, mes oreilles, elles, écoutent le coeur du bonhomme. Et l'adrénaline a accéléré le coeur à un tel point qu'il palpite beaucoup trop. On va calmer votre coeur, monsieur et vous irez beaucoup mieux... Gustav, pou... J'ai tourné la tête vers l'employé de la morgue qui nous donne un coup de main, mais lui-même semble ne pas aller bien. Mes mains sont prises et ç'a n'a l'air que d'être un malaise vagal. Gus, est-ce que ça va?

Je me concentre sur ma tache. Il faut absolument stopper cette fuite. Un coup de scalpel sur la peau, à nouveau un coup d'écho que Maria tient et je navigue entre les sensations entre les doigts et ce que je vois sur l'écran. Je ne peux pas faire de miracle aussi. Je dis à une infirmière de préparer le bloc, parce qu'avec ce patient, ils auront du boulot. Si on arrive à le garder stable jusqu'aux étages de chirurgie... On ne sait jamais. En tout cas le coeur ralentit, la respiration est correcte, la saturation aussi et je parviens à arrêter le saignement temporairement. C'est pas de l'art qu'on fait aux Urgences, on joue plutôt à la Mac Gyver. Après tout, ce n'est pas nous qui avons des doigts de fées...

- Mark, tu devrais aller voir...

Jusqu'à présent, je regardais le brancard partir vers l'ascenseur, non loin de là. Lui, il pourra s'en sortir je pense. Il y a un long travail de chirurgie, mais bon, il a de bonnes chances de s'en tirer. Au commentaire de Maria, je tourne mon attention sur la R1, dans la direction que pointe Maria. Je vois un ambulancier qui lève une scie. UNE SCIE? En deux enjambées, je traverse l'espace qui me sépare de la scène et en profite pour virer mes gants maculés de sang. Evidemment, il n'y a que deux ambulanciers. Pas une blouse blanche à l'horizon. Je crois que l'externe est parti vomir dans les toilettes tout à l'heure et les infirmières sont occupées ailleurs. Y'a même Gustav qui, dans sa position, semblait prendre part à cette scène digne d'Halloween.

- Woooooh, tout doux les gars. Qu'est-ce qu'il se passe? La pauvre femme! Nan, mais vous n'êtes pas bien! Qui vous a dit de faire ça? Posez ça tout de suite! Gus, je sais que vous aimez travailler au sous-sol, mais c'est pas une raison pour prendre des patients encore vivants et vous donner du travail en plus! En tout cas, je ne vais pas les laisser lui couper la jambe ou le bout de métal! Hors de question!

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Gustav Brener

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«Errare humanum est »

fin juin 2028

La cohue ambiante fait comme une sorte de matelas sonore. Gustav est entouré par le bruit. Les sons l’agresse moins parce qu’ils sont atténués par une sorte de filtre. Quelle étrange expérience que celle-ci. Il se souvient, l’avoir déjà vécu, il y a un moment, après avoir fait de l’escalade avec- … -”Gus, est-ce que ça va?” La voix du docteur attire son attention et le tire de son esprit. C’est une bonne chose. Alors Brener secoue sa tête pour se remettre les circuits en place. Même si ce n’est pas très efficace.

-” … je ” Il plaque sa main sur son coeur. Les battements sont trop forts et trop rapides. Il n’a pas fait grand chose pourtant. A moins que ce ne soit pas les muscles qui ont soufferts. A moins que la vue d’un homme en pleine souffrance soit quelque-chose d'insupportable pour lui. Voilà qui donne une raison de plus de tout faire pour sauver le pauvre gars. Heureusement que le docteur a été réactif. Gustav liquide une bouteille d’eau plate. L’hydratation est importante pour le corps humain et surtout en pleine action. -” Ça va. C’est okay. Je suis là.” C’est vrai que le cerveau fonctionne de nouveau.

La patiente en difficulté ressemble un peu à une assistante de magicien, mais en version film d’horreur. Dommage que ce ne soit pas un de ces tours. Ça aurait mieux valu pour elle. Gus est rassuré que Mark débarque avec lui avant de faire une intervention. Les gars ont l’habitude de réagir sur le vif. Ils sont sur des terrains différents. Il arrive que “couper dans le vif” soit le moindre mal pour sauver une vie.

-”- Woooooh, tout doux les gars. Qu'est-ce qu'il se passe? Nan, mais vous n'êtes pas bien! Qui vous a dit de faire ça? Posez ça tout de suite! Gus, je sais que vous aimez travailler au sous-sol, mais c'est pas une raison pour prendre des patients encore vivants et vous donner du travail en plus!” Tous les trois se sont reculés. La tronçonneuse est éteinte. L’inconnue a l’air soulagée et elle n’est pas la seule à voir le visage des filles… Brener intercepte un regard réprobateur. Certes, c’était sans doute un peu précipité. Il adresse un sourire à l’inconnue. -” Nan mais ne vous en faites pas. J’ai bien assez de boulot comme ça.” Pas sûr que cet humour noir ne plaise. Il n’en ajoute pas.

-” Désolé chef… ” Les gémissements de douleur de la patiente font peine à entendre. Gus ne s’y fait pas à ça. Les patients dont il s’occupe ne se plaignent jamais. Ils sont stoïques. Tout ce qu’ils peuvent dire passe par leur corps désincarnés. Ça raconte pas mal de choses… en moins… bruyant. -” … Qu’est-ce que je peux faire ? ” Comment aider ? Si ça prochaine idée est une connerie ça ne sert à rien. Autant ne pas prendre trop d'initiatives…

Les ambulanciers se tournent également vers le médecin de garde. Ils sont trois paires de mains à dispatcher. Le service est sans dessus dessous. C’est une pression importante pour un seul homme. Surtout à une heure aussi avancée de la nuit. Gus se sent un élan de solidarité avec Mark. Une fois que cette garde sera derrière eux, il prendra le temps de lui offrir un vrai café et un bon bretzel. Un truc qui tient au corps et qui fait du bien au cœur.

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Gustav Brener
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Markiyan Baran


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Bon, il semble aller plutôt bien. Juste un petit coup de tension. Faut dire, ce n'est pas un boulot facile, de travailler aux Urgences. Il a choisi un boulot plus paisible, à la Morgue, même s'il n'est pas facile. S'occuper des corps, ça j'avoue que moi je n'y arriverais pas. Je préfère le monde des vivants. Il faut bien de tout pour faire un monde. Et surtout qu'il n'avait pas à être ici, c'est volontairement qu'il s'est proposé et faut reconnaitre tout son courage. Peu aurait osé. Alors quand l'afflut d'adrénaline a atteint son pic, il a fait un petit malaise. Mais il semble reprendre du poil de la bête. Bien, je ne peux pas me permettre d'avoir un autre patient sur les bras. Je m'occupe donc du blessé et oublie un peu ce qui se passe autour.

Quand finalement le patient monte aux étages pour être pris en charge par les chirurgiens, je me permets de souffler un peu. J'ai envie de me poser 5 minutes. L'adrénaline pulse dans mes veines, mais je la maitrise mieux que Gustav. Je sens que cela se calme. Pourtant, Maria m'interpelle et mon attention se tourne vers les ambulanciers qui veulent se la jouer Frankeinstein ou quelque chose du genre. A nouveau l'adrénaline inonde tout mon être et je me précipite dans la salle pour invectiver les hommes qui s'apprêtaient à découper la jambe de la femme. Et en prime, un Gustav au milieu de ce cirque!

Désolé ou pas, ce sont des regards noirs que je lance aux trois hommes. Nan, mais ils sont pas bien! La douleur aurait pu la tuer, les oscillations auraient pu la tuer, une septicémie aurait pu la tuer. Et si par le plus grand des hasards elle ne serait pas morte, elle perdait définitivement l'usage de sa jambe! Ils sont complètement timbrés! Heureusement ils posent la tronçonneuse. Et je peux me permettre de respirer. Ma colère disparait à l'instant où l'instrument n'entre plus dans mon champs de vision. Ils attendent et j'aurai ajouté un "bêtement" en prime, un ordre. Bon sang, ils ne connaissent pas leur boulot? Il n'y a que Gus qui a l'intelligence de prendre la parole.

- Appelle la Chir'. Dis-leur qu'on a un autre patient et que celle-ci n'est pas prioritaire. Ensuite tu vas me chercher Maria pour les constantes. Ma voix est on-ne-peut-plus calme. Quant à vous messieurs, si je vous revois jouer aux docteurs encore une fois dans mon hôpital, vous serez radiés immédiatement. Maintenant, vous retournez à vos véhicules et je ne veux vous revoir qu'avec les patients que vous m'apporterez.

Je les regarde partir un court instant avant de venir en aide à la femme. Elle ne s'est pas loupé. Je lui adresse un sourire compatissant, la douleur doit être incroyable. Maria ne tarde pas à arriver et je lui donne quelques ordres pour un antidouleur du feu de Dieu pour la patiente qui souffre le martyr. La femme est consciente et je lui pose quelques questions, sur comment elle a fait ça, est-ce qu'elle est à jour avec ses vaccins contre le tétanos, si elle a des allergies quelconques. Une fois les antidouleurs dans son organisme, je la sens qui se détend. Je n'ai pas touché à la barre de métal et n'y toucherais pas. On a des chirurgiens, il faut bien qu'ils bossent un peu, non?

- Gus? Si vous pouviez monter Madame en Chirurgie, ils se chargeront de retirer correctement la barre de métal.

Je préfère y envoyer Gus, j'ai besoin de toutes les infirmières présentes pour le reste des patients. C'est un boulot ingrat, au final, mais bon, quelques fois, il n'y a pas d'autres choix.

[HRP : tu peux la faire redescendre pour n'importe quelle raison XD]

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Gustav Brener

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«Errare humanum est »


fin juin 2028

Les sons pouvaient s’apparenter à des couleurs pendant une surcharge. Brener avait alors l’impression de naviguer avec des textures. Une expérience magnifique mais aussi flippante. Le cerveau faisait tout de même de drôles de trucs. -”- Appelle la Chir'. Dis-leur qu'on a un autre patient et que celle-ci n'est pas prioritaire. Ensuite tu vas me chercher Maria pour les constantes.” Le gars va être débordé. Une chance qu’ils se rapprochent du service de jour. Y a plus de monde en journée. Mais c’est triste de devoir compter sur ça.

-”Quant à vous messieurs, si je vous revois jouer aux docteurs encore une fois dans mon hôpital, vous serez radiés immédiatement. Maintenant, vous retournez à vos véhicules et je ne veux vous revoir qu'avec les patients que vous m'apporterez.” Les gars échangent un regard. Sur qu’ils n’aimaient pas se faire sermonner comme des mômes. Mais, ici le rapport d’autorité compte.

Ils bossent ensemble depuis plusieurs années. Ils se connaissent assez bien. C’est un tandem qui roule parce que leurs tempéraments se complètent. Sean pose sa main sur la poitrine de son coéquipier. Un geste préventif qui éveille un peu les sens de Brener. Ce ne serait pas la première fois que des mecs se castagnent devant lui. Mais ce n’est pas un ring ici. Un semblant de jugeote fait que tout le monde repart à son poste de suite.

Par précaution, Gustav vérifie la ligne professionnelle. Il y a une convention avec un établissement privé du coin. Il n’est pas rare que la petite clinique en haut du quartier appelle pour demander une place chez eux. Leur morgue est un peu petite. -”Gus? Si vous pouviez monter Madame en Chirurgie, ils se chargeront de retirer correctement la barre de métal.

-”Je fais ça. ” Lentement, il vient lever la barre protectrice du côté où la jambe n’a rien. Ce sera tout de même plus confortable pour se tenir. Il fait sortir le brancard en marche arrière, alors que Maria libère la voie de circulation vers l'ascenseur central. Ils roulent doucement. Pour une fois, la cage arrive tout de suite, merveilleux.

Pendant ce temps, les blessés légers peuvent être pris en charge. Là c’est plus simple. Pas besoin d’avoir le même diplôme que Mark pour soigner les plaies. L’accident de voiture a été géré. La police viendra certainement en milieu de matinée pour interroger les civils concernés. Quand la mémoire est encore fraîche. Gustav ne sera plus là et c’est tant mieux. Il n’aime pas spécialement les uniformes.

Les portes automatiques des urgences s’ouvrent. Un homme d’un bon mètre 90 porte une femme. Il avance en s’adressant à la cantonade d’une voix puissante : -”¡¡Ayúdenos!! ¡El bebé está llegando ! ” Ce n’est pas de l’anglais. Mais en baissant les yeux sur la femme tout le monde peut comprendre ce qui se passe. Elle respire vite et fort, le visage couvert de sueur. Deux hommes débarquent dans le dos du couple supposé. Ils étaient en train de dormir tous et dans l’urgence ils sont venus en pyjama. -” ¡El bebé está llegando ! Alguien! ” Une infirmière lui indique un lit vide dans le couloir.

Au moment où les portes de l'ascenseur s'écartent, Gustav tombe nez à nez avec les deux gaillards à moustache. Ce service ne va donc jamais se terminer… Il y a la loi de Murphy en pleine action ce soir.

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Bon voilà. La tempète est passée. Les infirmières et externe m'appellent de ça de là pour vérifier les constantes et les dosages à administrer pour les blessés plus légers. Ma propre tension artérielle descend. J'aime ce genre de moment. On travaille, on a quelque chose à faire, mais ce n'est pas non plus la guerre. Je peux même laisser mon esprit espérer un café dans quelques minutes. J'ai besoin soit de dormir, soit d'un truc qui me tiendra éveillé le temps qu'on finisse ce fichu service. Les patients sont admis lentement, mais surement, dans des chambres où leur blessures légères seront soignées rapidement. Les infirmières sont dûment compétentes, je ne m'en fais pas sur ça. C'est les externes qui m'inquiètent. Cette année, ça ne vole pas très haut. On a eu des bonnes fournées, mais là, c'est pas génial. Je baille une fois de plus. Une petite claque sur chaque joue et je me reconcentre sur mon travail, je...

- ¡¡Ayúdenos!! ¡El bebé está llegando ! Je tourne la tête brusquement vers la source du bruit. Un homme, que dis-je, un homme... Un gorille porte une femme dans ses bras. -” ¡El bebé está llegando ! Alguien! ” Ok, j'ai reconnu de l'espagnol. Mais j'ai pas compris ce qu'il a dit. Je prends note de la situation, je vois rapidement que la femme est enceinte et que surement, elle a perdu les eaux. Une infirmière qui parle visiblement espagnol, mieux que le mien, traduit rapidement. Ok, c'est bien ça. L'infirmière montre un brancard dans le couloir et je m'approche rapidement, attrapant au vol, une paire de gants. Un infirmier indique une chambre libre et on tire le brancard jusqu'à ladite chambre. Déjà les infirmières entourent la future maman, repoussant ou tentant de repousser l'homme un peu, pour qu'elles puissent travailler.

- Qui est de permanence en Néonat'? Qu'il descende ici, au plus vite. On a besoin d'un moniteur tout de suite!

Le personnel bourdonne de nouveau autour de moi, alors que je cherche à mesurer la dilatation du col. Je ne suis pas un expert. Ce n'est pas ce que j'ai fait le plus dans ma carrière d'urgentiste. Les accouchements, je peux les compter sur les doigts de la main. On a des médecins très qualifiés ici, je peux juste être là pour aider, à ce niveau. Je connais bien sur les premiers gestes, mais s'il y a complication, il nous faut un réanimateur de néonat immédiatement et une sage-femme.

- Est-ce que Vivian est toujours là?

Vivian est une infirmière qui a commencé dans le service de néonatalité, elle est arrivée aux Urgences il n'y a pas si longtemps, je l'ai vu il y a quelques heures, peut-être qu'elle est toujours là. Avec la cohue de l'accident, je n'ai pas fait attention si elle était toujours en service... Tout ce temps, je n'ai pas fait attention à Gustav qui devait conduire la jeune femme avec la barre de fer dans la jambe en chirurgie. Je ne sais pas ce qu'il fait et où il est. Il ne devrait pas tarder à revenir. Ah, il voulait un peu d'action, je pense qu'il a été servi. Un sourire passe rapidement sur mon visage alors que je pense à l'employé de la Morgue et puis je me reconcentre sur la femme et ses contractions. Les machines bipent et je ne peux qu'aider la femme dans son travail.

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11.09.23 20:24
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fin juin 2028

Brener a eu l’impression que le flux se calmait. Pendant dix minutes ça a donné ce sentiment. Mais d’un coup, ça repart. Comme si quelqu’un avait remis un jeton dans la machine. Heureusement pas de membre en danger pour cette fois. Un heureux événement en préparation. Le seul accouchement auquel Gus ait jamais assisté est celui de leur chienne Taste. Et encore il n’avait pas tout vu!

-”- Qui est de permanence en Néonat'? Qu'il descende ici, au plus vite. On a besoin d'un moniteur tout de suite!” Il regarde autour de lui. Il chope le combiné mural qui est dans le couloir. Merde. Il ne connaît pas le numéro interne pour le service. Le tableau est en bas. Plus qu’à passer par le standard pour être réorienté. -”- Est-ce que Vivian est toujours là?

Suite à un échange succinct le collègue en service accourt. -” Weaver arrive !” Viven vient de rejoindre la chambre de la future maman. Gustav observe de loin les hommes qui l’ont transporté. Ils ont l’air de garder la chambre comme des videurs. Mais des videurs un peu inquiétants quand même. Leur attitude n’a rien de très rassurant. Au point où le tech se demande s’il ne doit pas appeler le service de sécurité ?

Maintenant, tous les hôpitaux de la ville en ont. Ce ne sont pas des agents municipaux. Ce sont des boîtes privées avec une éthique tout à fait personnelle. Le staff a protesté quand ça s’est mis en place, évidemment. Mais le directeur et le comité ont le dernier mot ici. Encore un truc qui le met en rogne. A quoi bon se couper des circuits internationaux s’ils font comme eux au final ? -”[color:ceca=#DF013Al] ¡Sáquenlo de allí! ” Les cris de la femme se font entendre. Mais que peut-on faire dans ces cas-là ? Brener garde un œil sur les types. Il voit le médecin arriver en courant pour rejoindre Mark.

Les minutes suivantes sont suspendues entre les vas et vient et les cris de la femme. Gus se retrouve à attendre la délivrance de cette inconnue comme les autres. Il fait les cent pas. Incapable de retourner en bas, avant de savoir ce qu’il en est. -” Alors ?! ” Avançant vers l’Urgentiste qui sort de la pièce. Ça prend du temps. Gustav marche à hauteur du médecin. -” Quelle nuit… ” Il avance un pas devant et pousse les portes coupes feu sur leur passage. Ils se rapprochent de la salle de pause.

Brener avance directement vers la kitchenette pour voir s’il y a une cafetière en route. Ici la conso de caféine dépasse largement la capacité d’un distributeur. Le mieux ça reste quand même le café du bistrot en haut dans le quartier. -” J’ai fini. Toi aussi ? ” Il se frotte la nuque pour essayer de soulager la tension. Tout ça l’a bien contracté ! Ca lui apprendra à vouloir aider en haut. -” Je connais une bonne adresse pour des pancakes.” Ils font aussi des bonnes omelettes selon les goûts. En tous cas, un bon petit repas pour décompresser, ils l’ont largement mérité ce matin!

-” Je vais récupérer mes affaires. On se retrouve sur le parking dans dix minutes ? ” Lui propose-t-il en lui tendant un meug moitié plein de café noir.

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Ce qui m'intéresse, ce n'est pas les types moustachus, ils peuvent être des sosies des Villages People ou des types de la Pègre, c'est pas mon problème, tout ce que je veux, c'est aider la femme qui accouche. Alors on fait totalement abstraction des hommes aux alentours. J'ai besoin que la jeune femme respire, j'ai besoin des infirmières autour de moi et j'ai besoin d'une sage-femme ou d'un médecin néonat! Les minutes s'égrainent quand finalement, on m'indique que Weaver arrivait. Bien bien bien, j'ai besoin de toute l'aide possible. Je laisse ma place parce que Vivian est beaucoup plus qualifié que moi en terme d'accouchement. Je peux le faire en théorie, mais je préfère les infirmiers ou les médecins qui sont bien plus qualifiés. Le bébé est gros et le bassin de la jeune femme étroit. La délivrance est difficile.

Ce n'est qu'après de longues minutes, intensément longue que ce ne sont plus les cris de la future mère qu'on entend, mais bien celui du nouveau bébé. Parfait, la pression portée par les épaules disparait comme par magie et c'est un large sourire qui traverse mon visage alors que je vérifie que bébé est en pleine santé. Je laisse les infirmières l'emmailloter juste après et hop, paquet cadeau à la maman. Je vire les gants et les bazarde dans la poubelle. Raaaah, elle finit quand cette garde. Je remplis immédiatement la plaquette pendant que l'obstétricien termine ce qu'il doit faire et vérifier. Voilà, on peut la monter en néonat, les urgences, c'est pas pour un petit bout de chou comme ça. Je sors de la pièce où le ramdam a interpellé plus d'un curieux. C'est Gustav qui m'acoste en premier.

- Un beau bébé. La mère se repose. Ils vont monter dès que la néonat sera prête. Ils sont déjà pris en charge. Mes pieds me guident instinctivement vers la salle de repos. J'ai vraiment, vraiment besoin d'un café, d'un truc à manger ou je sais pas quoi. Ouai, comme tu dis... J'suis certain que c'est pas aussi mouvementé en bas. Je dis ça avec un sourire. Les seules urgences que lui doit traiter, c'est les coupures d'électricité des frigos, surement? Je ne peux retenir un baillement. Mon corps a horriblement besoin de dormir, mais ma tête bourdonne encore. Quand Gustav me demande si j'ai fini, je regarde ma montre. Bah, techniquement, ça fait 9h que j'ai terminé...

Et puis, comme une horloge bien huilée, George passe la porte. MIRACLE! C'est MA délivrance. Je vais pouvoir rentrer aussi, mais voilà que Gus annonce qu'il connait une bonne adresse. Comment y résister. Dans dix minutes? Ouaiiiii! J'attrape la tasse. Dix minutes, juste assez pour me déconnecter de l'hôpital, parfait. On se retrouve là-bas. J'avale le café, j'en ai besoin pour rester conscient je crois. Puis je vais jusqu'à mon bureau au 4ème. Je vire la blouse, le stétoscope et je récupère mes affaires. Ouai, un bon pancake et un bon café, je ne demande rien d'autre. Et après avoir dormi je ne sais pas combien d'heure, j'irai me défouler au golf. Ouai, ça c'est cool. J'ai déjà hâte. C'est donc 11min28'plus tard (une urgence qui a bloqué l'ascenseur) que j'arrive sur le parking, baillant une dernière fois.

- Je suis affamé, je pourrais manger un boeuf entier. Mais on va se contenter de pancake... J'te préviens, j'y vais jusqu'à l'indigestion.

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