Un dernier coup de cloche numérique sonne dans les hauts-parleurs. Le match est terminé. Fin de combat. La foule se lève, telle une volée d’étourneaux pour applaudir. Le même rugissement que dans le Colisée de la Rome Antique. Les gradins sont quasiment pleins. Un mélange des classes sociales, des origines, des générations qui s’exclame dans la joie. De même que les tournois de baseball de Baltimore, les championnats de foot de Bangalore.
Partout. Les sports fédèrent. Les lumières sont allumées. Les familles sortent des rangs. -“Leurs coups de jambes étaient meilleurs que ceux des hommes, n’avez-vous pas trouvé ?” Commente la dame penchée vers son marin. Elle caresse le haut de son dos, attentive. Puis, la comtesse se rassoit pour patienter. Que les gens impatients quittent les rangs. -“Le son était trop fort.” Remarque-t-elle en laissant son regard courir sur le ring vide. -“Mum. Zac aurait apprécié.” La vue est clairsemée.
Amélia remonte l’allée aux côtés de Zenon. Ils sont assortis. Ce qu’elle constate dans leur ascension. Amusée. Le staff leur adresse un sourire à la sortie. Il n’est pas très tard. Pour autant une petite faim éveille madame. Elle ralentit vers le vestiaire. -“Le plus simple est de lui donner rendez-vous au parking.” Elle tend le ticket et un sourire. Dans l'intervalle, elle donne le point de rencontre à Gabrielle. Sa main va pour saisir l’étui à cigarettes. Mais elle se réfrène. Pas tout de suite.
Ils sortent. Il fait doux. Aussi laisse-t-elle son manteau ouvert. Le foulard dénoué contre sa nuque. De nouveau, la main de la dame se pose dans le dos de son lord. Elle frotte une zone particulière. -“La voilà.” Son menton indique le nord-est. Caplan vient de passer la porte du parking. Amélia va à sa rencontre. Sourit. Un baiser sur chaque joue avec franchise et amitié. -“Très bon match.” Doucement, elle saisit le sac de la boxeuse pour l’en débarrasser. -“Prends la place de devant.” Après tout ça le corps doit être au confort maximum. Mme de Lascelle active la commande du coffre, range le bagage et grimpe à l’arrière.
-“Kyllian est sûre de ne pas vouloir venir ? ” L’Aston démarre, fluide et vive comme une panthère dans la nuit.
FACE IDENTITY : Kenneth Brannagh IDENTITE : Lord Oliver Hanovre GROUPE : Aristocrate RANG : Lord. Prince AGE : 61 ans ETAT CIVIL : Marié. 2 filles PROFESSION : Rentier, propriétaire terrien, mécène ETAT DESANTE : Il fait de l’hypertension, insomnies LIENS : Violet Hanovre Caleb Blackmore Zenon de Lascelle Hans Wittelsbach Prem Hadid
Dinner at 9:00 p.m.
Un clocher tonna 21h00 au moment où Oliver Von Hanover appuya à la sonnette de l’appartement. La porte s’ouvrit un peu plus tard sur l’entrée. Un parfum épicé chatouilla ses narines et lui rappela qu’il a faim. -“Bonsoir Amélia.” Il se défait de son chapeau pour saluer l'hôtesse du lieu. Naturellement la louve de Bellary souriait à ses manières et se décala lentement. Prêtresse qui consent à dévoiler son logis. Il lui confia immédiatement une bonne bouteille de Martini et passa le seuil.
Tout de suite, il quitte les habits et suspend dans la penderie de l’entrée. Oli venait régulièrement ici ces temps derniers. Il est devenu un familier du lieu. Il s’attarda dans l’entrée pour observer la dernière photographie mise sous cadre. Le jeune Philip dans les bras de son grand-père, près de son oncle Zac. Trop tôt pour voir les traits de la lignée chez le nourrisson. Mais Zac et Zenon se ressemblaient tant.
-“Bonsoir ! ” Oliver ralentissait son pas en s’apercevant qu’il y avait une autre femme ici. Une femme qui n’était pas la Charpentier. Il eut une petite hésitation en l’observant. -“Bonsoir ? ” N’était-ce pas un visage qu’il avait déjà croisé quelque part ? Il s’approcha poliment de l’inconnue. Sachant qu’il se trouvait chez les indiens, il renonça tacitement au baisemain protocolaire, et opta pour une poignée de main à l’américaine. -“... Oliver V… Hanovre. ” Un sourire vint tout de suite à ses lèvres, en bon diplomate.
Ses yeux s’attardèrent un instant sur la femme. L’impression de “déjà-vu” ne disparaissait pas. Son attention fût détourné par le bon vieux Ovide qui venait chercher une caresse. Puis, souriant, le rouquin contourna le Malinois pour aller saluer son vieux copain de classe. -“Bonsoir Zenon. ” Les aristocrates se voyaient plus régulièrement depuis le mariage de Violet. Cela faisait du bien au plus jeune. Il avait besoin du calme et de la tempérance de l’exilé. -“Comment était la boxe ? ” Il sent un mouvement sur son flanc droit et voit la comtesse d’Avon passer pour sortir des verres et des bouteilles. Elle pose une main dans le dos du cuisinier et murmure quelque-chose à son oreille avant de ressortir.
Oli observe le plan de travail avec curiosité. -“ Vous allez encore nous régaler.” Dans la salle à manger, la table est déjà mise, la lumière est tamisée et intime. Il y a un tout petit fond de musique jazz, si bas qu’on le devine, plus qu’on ne l’entend. Il y a des jouets et des magazines partout. Un désordre vivant qui témoigne d’un quotidien bien employé!
Amélia et Zenon de Lascelle & Oliver Hanovre & Gabrielle Caplan —
Son adversaire avait été coriace. Gabrielle savait qu'elles n'étaient pas totalement dans la même catégorie toutes les deux. Plus lourde qu'elle, l'adversaire envoyait des coups qu'elle ressentait dans tout son corps. Il fallait donc protéger au mieux, toutes les parties qui pouvaient être mise très vite à mal. Elle n'avait pas eu beaucoup d'occasion de pouvoir l'attaquer à son tour. Elle avait entendu Kylian lui donner des informations, des tactiques, mais les coups pleuvaient. C'était parfois ainsi. On ne pouvait pas gagner à tous les coups. Elle était presque contente d'entendre la cloche de fin... enfin... un peu sonnée, elle reprenait enfin son souffle. Et laissait à l'arbitre déclarer la vainqueuse de la soirée. Pas mauvaise perdante pour un sous, Caplan félicitait son adversaire, puis filait dans les vestiaires, pour accepter les soins de son ami et coach. Avec l'adrénaline, les douleurs n'étaient pas encore trop violentes, mais elle savait qu'elle allait bien dormir une bonne et longue journée pour s'en remettre. Pour le moment, elle était invitée chez les De Lascelle, il fallait donc qu'elle garde encore un peu d'énergie.
Ces derniers avaient donc assisté au combat. Zenon avait observé tout cela avec un œil avisé. Il avait vu la difficulté qu'avait eue l'amie de sa femme à se faire sa place sur le ring. Mais elle s'était quand même battue jusqu'au bout. Il avait du respect pour cela. Parfois, on tombait sur plus fort que soit, c'était ainsi. Et la bonne façon sportive était de l'accepter et de bosser encore plus, pour prendre sa revanche plus tard. Et le comte ne doutait pas que Gabrielle était de ceux-là.
- C'est parfois plus net, dans les coups, oui. Avec un petit sourire. Sa Dame n’arrêtera jamais de voir les bons et mauvais côtés de tout ce qui pouvait être un spectacle. Le son est toujours trop fort dans ces sports, je crois que c'est pour attiser un peu plus l'énervement et l'engouement collectif de la salle. Se frottant doucement la barbe. Oui, sans aucun doute, c'est tout à fait pour lui.
Zenon observait les gens qui quittaient peu à peu la salle. N'étant pas pressé de la quitter, puisqu'ils devaient encore attendre Gabrielle, qui avait été invitée à venir manger chez eux. Amélia tenait cette femme en grande estime et amitié, il pouvait comprendre. Il lui devait beaucoup aussi. Puisqu'elle avait été aux côtés de son épouse, pour l'aider pendant cette fameuse attaque. Il se levait tranquillement, offrant son bras à sa dame. Marchant lentement à ses côtés, la laissant prendre les devants.
Gabrielle saluait Kylian, lui promettant de l'appeler le lendemain et sac sur l'épaule, rejoignait le couple de Lascelle sur le parking, comme l'avait prévenue son amie. Elle avait un petit sourire et rendait la salutation.
- Merci, ça aurait sans doute été mieux de le gagner. Pas dégoutée, mais bon, elle trouvait dommage d'avoir des amis dans la salle et de perdre. - Ce sera une bonne excuse de revenir pour la revanche. Rajoutait le comte, tranquille, rassurant. Gabrielle s'en amusa. - C'est vrai, je vous enverrai les invitations.
Zenon ouvrait les portes à ces dames, gentleman toujours, les laissant discuter. Gabrielle s'installait à l'avant puisqu'elle y était invitée, même si elle n'aurait rien eu contre rester derrière.
- Oui, il te remercie pour l'invitation. Pas besoin d'en dire plus sur le pourquoi du refus. Kylian préférait garder une petite distance, au cas où. C'était important de ne pas mettre tout dans le même panier, même s'il appréciait Amélia, pour l'avoir rencontré.
Le trio avait prit le temps de discuter sur le trajet, qui n'était pas très long jusqu'à l'appartement. Puis Gabrielle avait prit la place dans un fauteuil, juste pour être assise et simplement profiter d'être un peu tranquille, dans un endroit safe. Zenon était retourné en cuisine, pour terminer le repas qui était préparé, il restait quelques choses à faire en direct. La sonnette annonçait un nouvel arrivant, Gab' avait été mise au courant que cela pouvait arriver, elle finissait donc par se lever, pour l'accueillir et fût quelque peu surprise de découvrir que c'était celui qui l'avait tant troublé, il y a quelques semaines de cela. Elle tenta de rester le plus impassible possible, mais quelque part, au fond de ses tripes, elle sentait le trouble revenir, encore.
Elle lui prenait la main, pour la serrer, avec vivacité.
- Oui, je me souviens de votre nom. Gabrielle Caplan. Il avait l'air de se dire qu'ils s'étaient déjà croisé. Au théâtre, ce fût très rapide. Pas besoin d'en rajouter plus.
Au moins, le chien venait faire une bonne diversion pour ne pas trop s'enfoncer dans une discussion étrange. Elle jeta alors un regard à Amélia. Etait-ce une sorte de piège? Elle avait vu son état non?
Zenon quant à lui, offrait une accolade à son ami, qui le rejoignait dans la cuisine.
- Oliver. Très bien, un beau match. Gabrielle s'est battue jusqu'au bout. Un beau spectacle. Et votre soirée?
C'était bien qu'Hanovre prenait le temps de venir le voir. Que leur lien se refaisait sérieusement, petit à petit. Finalement les discussions portaient leurs fruits, petit à petit. Le mariage de Violet et Prem avait peut-être aussi un peu plus ouvert les yeux à ce père de famille. Il y avait des choses plus importantes que les ragots du milieu. La famille devait passer avant tout.
- J'espère que vous aimerez, c'est une spécialité du pays!
On ne le dira jamais assez, mais Zenon était un homme qui aimait faire à manger, pour ceux qu'il appréciait. Il écoutait attentivement les paroles de sa belle, tout en hochant doucement de la tête, avant de revenir sur leur invité.
- Vous prenez un apéritif avec nous, j'espère. Avec un sourire.
Le comte d’Avon a raison. Quoique les hommes aiment à se penser au-dessus des bêtes, ils se traitent entre eux comme tels. Comme des animaux aiment la fureur, le sang et le bruit. Cela réanime probablement le cerveau reptilien. Plussions sur lesquelles personne n’avait le moindre contrôle. Amélia se sait écoeurée par la violence humaine. Elle n’a jamais quitté son esprit pacifique. -” “Nous sommes des animaux dans des beaux habits”” Cité la dame du lac. Une lecture dont elle n’a plus la trame exacte. C’était peut-être une pièce. Sûrement un poème. -” Je l’évoquerai au déjeuner.”Proposa donc la mère-louve. La relation entre le fils et sa mère est complexe. Ils ont du mal. Pourtant, Amé ne peut se résoudre à cela. Depuis un an, elle cherche une façon de resserrer leur lien. -”Peut-être Valentine aussi. J’ai appris qu’elle avait fait du kick-boxing avec un instructeur Japonais pendant sa formation. ” Une discipline dans ce sport de combat qui n’est pas forcément connue en Angleterre.
-”C'est vrai, je vous enverrai les invitations.” Voilà qui fait plaisir. -”Avant ça, un peu de repos.” L’Irlandais reparti de son côté. La comtesse le voit comme un homme tranquille et solitaire. Il a des traits de ressemblance avec son époux. Cela participe à le lui rendre sympathique. -”Un ami de Zenon sera avec nous ce soir.” Amé posa une main sur l’épaule de la passagère. -”Il est en pleine séparation il a besoin de voir du monde.” Maintenant les Hanovre ne cachent plus leur situation. Alexia ne venait, pour ainsi dire, plus à Londres.
Qu’en a son ancien compagnon de vie, il donne le change. La noblesse ne montre pas ses faiblesses. Il y a tout le temps un masque en place. Celui du diplomate est très raffiné. Car le déni peut rendre très convainquant. -”Au théâtre, ce fût très rapide. ” La mémoire revint à l’Allemand. Il adoucit son sourire car il se rappela de la confusion de “Gabrielle” ce soir-là. -“Gabrielle. Enchanté de vous revoir. On dirait que l’on va finalement faire connaissance.” Zenon et Amélia ont-ils provoqué ces retrouvailles à dessein ?
La dame se rapprocha tout de suite. -“Ca s’est décidé au dernier moment.” La question d’annuler était venue à l’esprit. Disons qu’elle n’avait pas voulu laisser la priorité à un autre. Hanovre n’allait pas très bien. Son refus d’un support médical avait des conséquences. Un épisode très sombre au matin. Arthur Blakemore en avait interpellé le comte d’Avon. -“Rien n’a été calculé. J’ai hésité à annuler. Est-ce que tu aurais préféré ?” Rien n’était gravé dans le marbre. En plein centre de la capitale, à cette heure, un restaurant pouvait se trouver. Un mot. Elles seraient parties.
Venir ici faisait du bien au Consort. Il occupait son esprit avec ses inventions. Diversion limitée. Il s’était péniblement préparé. -”Oliver. Très bien, un beau match. Gabrielle s'est battue jusqu'au bout. Un beau spectacle. Et votre soirée?” Le père de Violet sourit. -“ Elle commence!” Dire en peu de mots. Chacun sait ici le pouvoir qu’une femme peut avoir sur la vie d’un homme. Hanovre n’y pouvait rien. Les vœux à l’Eglise avaient du sens pour lui.
-”Vous prenez un apéritif avec nous, j'espère.” Oliver sourit. Il était mal en point. Mais, il ne voulait pas désespérer. Il voulait s’en sortir. Il avait envie de voir Léonor et Dalia grandir. La nouvelle génération importait. -“ Si vous m’offrez le gîte pour la nuit ?” Ici, il y avait des gens biens, des alliés. Il parcourt la cuisine en longueur. -“J’ai lu un article de Joy. Quel dommage qu’elle soit allée dans cette presse de gauchistes.” Bien sûr notre homme détestait le papier qui l’avait traîné dans la boue. -“Le Times lui donnerait bien plus d’opportunités.” Étonnant que Caleb ne l’ait pas dit à sa filleule. Ils connaissent le rédacteur en chef.
Au salon, la dame sert un premier verre à leur invitée. -“Qu’as-tu prévu pour ta période de repos ?” Quel est le programme d’une professionnelle ? Fera-t-elle comme Zenon à un retour de Mission ? Les recommandations sont poussées avec un temps de repos, une alimentation, des soins. Ce qui est bien normal. -“ Le manoir … et sa piscine sont à ta disposition. Il n’y a personne en ce moment. Ce sera très calme.” Il n’y a qu’un coup de fil à passer au gardien. Le portail sera ouvert. Parfois, une retraite à la campagne fait le plus grand bien.
Amélia et Zenon de Lascelle & Oliver Hanovre & Gabrielle Caplan —
Ce n'était pas Zenon qui allait contredire son épouse sur ce qu'elle venait de dire. Il était même assez d'accord avec elle. Il en avait vu des horreurs, pour savoir qu'en effet, l'humain était le plus souvent, la pire des bêtes. Les combats de boxe et autre, réveillait aussi ces bas instincts. Il suffisait de voir la ferveur du public. En tous les cas, d'une partie du public. Et finalement, à ce moment, qu'importe le sexe des combattants sur le ring, les gens voulaient voir du sang. C'était les Gladiateurs des temps modernes. Certaines choses n'avaient pas changées, même en quelques siècles. Il hochait de la tête concernant la proposition au fils. La relation n'était pas toujours facile, Zenon ne voulait pas s'en mêler, déjà que lui avait aussi des problèmes avec Zac. Autant dire que chaque parent devait travailler la relation avec ce fils parfois bien difficile, mais qui n'était pas un mauvais au fond. C'était les choix de vie qui malheureusement, le conduisait sur des chemins plutôt noirs.
- Vraiment? Cette femme a un parcours de vie surprenant. Je comprends que Joy soit sous le charme. Taquin.
Il avait une vraie appréciation de Valentine. Un vrai respect, et ce n'était pas seulement parce qu'ils étaient les deux militaires. C'était plutôt le fait qu'elle avait réussi à faire que sa fille soit prête à se poser, à faire une famille, à accepter d'être heureuse. Il estimait lui être plutôt redevable.
L'homme laissait ensuite les deux femmes échanger, concentré sur la conduite. Rix, quant à elle, était plutôt contente d'être dans une voiture confortable, à se faire quelque peu choyer, sans que ce soit Eliott. Pas qu'il le dérangeait, bien au contraire, mais avec ce couple, elle avait le droit d'être un peu moins sur ses gardes, car elle n'était pas en constante surveillance. Personne n'avait à se méfier d'elle. Ce qui n'était clairement pas le cas, quand Eliott était avec elle. En plus du fait qu'elle lui tendait un piège, bien entendu.
- Oh oui, le repos est nécessaire. Avec un sourire amusé. Bien, pas de problème. En plus, si l'on aide une âme en peine, c'est parfait. J'espère que je ne vais pas le faire fuir. Taquine. - Ne vous inquiétez pas Gabrielle, s'il avait dû fuir, il l'aurait fait en rencontrant Amélia.
Ce qui ne manqua pas de faire rire la boxeuse. Elle avait bien compris le caractère de la louve et comment elle voyait la noblesse. Pas de doute que l'ami de Zenon, serait sans aucun doute de ce monde. Elle serait curieuse de le voir d'ailleurs. Juste pour faire la différence avec le comte au volant, qui lui était très sympathique.
Même si les rires furent moindre, quand elle découvrit qui était l'ami avec qui ils allaient manger ce soir. Elle ne souhaitait pas être troublée à nouveau, même si cette fois-ci, elle semblait plus calme. Sans doute que le combat aidait à ce qu'elle réagisse avec moins de force. Parce que la fatigue générale était quand même présente.
- Nous verrons, oui. Gardant son petit sourire, le suivant du regard alors qu'il rejoignait la cuisine, pour ensuite voir qu'Amélia semblait gênée. Elle secoua doucement la tête. Non, non, ce n'est rien, on va faire avec. Reprenant un sourire amical, pour ne pas la mettre plus mal à l'aise. Que les choses n'aient pas été calculées, la rassurait. Elle ne souhaitait pas qu'on décide de sa vie amoureuse à sa place. On va voir si je supporte aussi bien que toi, les nobles. Tu me fais un petit résumé ? Autant avoir son point de vue, ensuite, elle poserait les questions à l'intéressé.
Intéressé que Zenon accueillait donc dans son lieu de travail pour la soirée. Il avait un sourire amusé pour son ami. C'était triste de le voir dans cet état. Il avait envie de l'aider au mieux. Il savait que ce n'était pas simple. A sa place, il serait sans doute pire. Il trouvait bien qu'Alexia et Hans puissent vivre ce qu'ils avaient besoin depuis leur début, mais ils auraient dû peut-être le faire depuis plus rapidement ou Alexia aurait dû en parler avec Oliver. Peut-être avait-elle essayé et que le Prince n'avait pas écouté... ce qui était fort probable aussi. Toute cette histoire était bien dommage.
- Vraiment? Et bien, heureusement que cela se passe chez nous. Avec un petit sourire taquin. Bien sûr, vous savez qu'une chambre est là pour vous. Parce qu'il valait mieux la porte soit ouverte pour son ami. Il ne voulait pas qu'il retente de faire une bêtise. Mine de rien, le comte gardait un oeil sur Oliver. Il était important qu'il se sente soutenu et écouté. Comment vont Iris, Arthur et la petite? Le faire parler de la petite-fille, lui permettait peut-être de se garder ancré dans cette réalité. Tout n'était pas noir.
Zenon sortait un plat du four, avec un léger rire à la remarque d'Hanovre, bien sûr qu'il avait du mal avec certains journaux. Il fallait dire que ces derniers, n'avaient pas non plus été tendres avec lui.
- Oh, ils correspondent beaucoup plus à ses idées. Et puis, elle peut ainsi écrire ce qu'elle veut. Je lui transmettrai votre compliment. Posant le tout dans des plats. Venez, allons prendre l'apéro.
Gabrielle s'était installée dans un bon fauteuil et acceptait le verre qu'on lui tendait.
- Dormir! Je pense que je vais m'écrouler pour deux jours, ce ne sera pas un mal. Ensuite bien me reposer, manger, soigner les blessures et retourner à l'entraînement. Avec un petit sourire. Oh! Merci beaucoup... j'avoue que c'est tentant mais qu'est-ce que je ferai seule dans une si grande maison? Voyant les hommes venir au salon. Qu'est-ce que vous faites dans des espaces aussi grands, quand vous êtes seuls? Avec un sourire amusé. - Je me morfonds de ne pas avoir mon épouse à mes côtés. Toujours taquin, tout en prenant un verre qu'il tendait alors à son ami.
La reconnaissance de Zenon est aussi celle de son épouse. Cette officier a transformé la vie de leur fille. La leur aussi par conséquent. Quel soulagement de savoir son enfant aimée et entourée. -”... pourvue que cela marche avec Damia.” Partage-t-elle avec le confident de sa vie. Il va de soi que penser à un enfant amène le second dans le fil de la pensée.
Les tracas parentaux sont mis de côté pour la suite de leur soirée. Amé est ravie d’avoir Gabrielle avec eux. Elle estime cette femme. Une sorte de “soeur” de substitution. Des deux qu’elle a laissé de l’autre côté de l’Atlantique. Naturellement l’humour anglais fait rire ces dames. Amélia secoue doucement la tête. -”Il semble que je sois le dragon de ces chevaliers.” Souffle-t-elle plaisanteure. -”... mais ainsi nous n’avons pas eu de baratineur.” Vivre en Inde a aidé aussi. Leurs relations auraient été autres avec une vie sur la capitale. -”S’il t’embête dis-le-moi surtout.” Rappelle la dame du lac. Telle l’eau qu’elle garde, elle peut être calme apaisante et furieuse et protectrice.
Une fois à l’appartement, un point est donc éclairci. La comtesse tient à une transparence. Elle-même ne supporte pas qu’on la mène en bateau. Caplan est une amie. Son bien être compte. Vraiment. -”On va voir si je supporte aussi bien que toi, les nobles. Tu me fais un petit résumé ?” La proposition permet de baliser la rencontre. Une bonne idée. -”Un résumé d’Oliver von Kessel. Mh. Oui.” Amé oblique vers son époux une seconde. Elle réfléchit et pèse ses mots. -”Il vient de l’aristocratie allemande, une vieille famille. Zenon et lui ont fait une partie de leurs classes ensemble. Il a un jeune frère Gregor. Il a été fiancé et marié jeune pour réunir des terres. ” Autant ne pas dévier du récit le plus neutre. -”Il est diplomate en fin de carrière. Il a deux filles. L’aînée est la filleule de Zenon. ” Violet et Iris sont de la génération des jumeaux. -”Comme tu le sais, le mariage a pris fin. Les circonstances sont un peu compliquées son ex est malade.”
Pendant que les hommes papotent tout autant. -” Bien sûr, vous savez qu'une chambre est là pour vous.” Il y a la place. Ici comme au manoir les proches ont une place. Les de Lascelle apprécient de recevoir. Leur migration anglaise a entraîné cette nouvelle sociabilité. -”Merci Zenon.” Jusqu’à l’aube, ils seraient en paix. Oli ne penserait plus à ses échecs. Rien de fâcheux. -” Comment vont Iris, Arthur et la petite?” Sage diversion. L’Allemand est approuvé en lui-même. Le jeune couple Blakemore va bien. Ils s’aiment dans toutes les règles. Sans scandale. Sans folie. -”Ils vont bien. Dieu en soit loué.” Leonor grandissait. Vite. Maintenant elle aurait Philip pour futur ami. La vie reprenait un sens logique.
Enfin, les rebellions sont de formes diverses. Comme un emploi inconvenant pour une héritière. Mais l’Allemand ne s’en mêle pas. -”- Oh, ils correspondent beaucoup plus à ses idées. Et puis, elle peut ainsi écrire ce qu'elle veut. Je lui transmettrai votre compliment.” Du coin de l'œil, le diplomate observa les dames. Puis, il remarqua la mise en place, et aida son ami. -”Au moins est-elle près de vous. ” Depuis quand le clan de Lascelle n’a-t-il pas été réuni ainsi ? La période de la mort de lady Catherine ? -”Venez, allons prendre l'apéro.” Docile, l’invité quitta les parfums des épices. -”Je vous rapporterai une bonne cuvée allemande.” La bière est une richesse nationale. Il y a de bons produits à importer ici.
Ils prennent en court: -”Oh! Merci beaucoup... j'avoue que c'est tentant mais qu'est-ce que je ferai seule dans une si grande maison?” La propriété de Lechald est loin d’être grande à l’échelle des comtés. Amélia l’avait découvert en épousant un futur comte. Les de Lascelles ne sont ni les plus anciens ni les plus riches. -”Fais abstraction de la taille. Tu n’as qu’à utiliser les espaces dont tu as besoin. ” Une fois qu’on connaît les lieux ce n’est pas compliqué. -”Tu n’as rien à perdre à essayer en tous cas. Dis-toi que ça nous rend service, que quelqu’un soit présent pour faire vivre cette vieille pierre.” Le pragmatisme fonctionne avec Caplan. D’expérience…
Amé se tourne aussi vers les hommes. -”Qu'est-ce que vous faites dans des espaces aussi grands, quand vous êtes seuls? ” Oliver passa sur le côté pour se poser dans un fauteuil. Il écouta. Pour sa part, ces immenses couloirs le rendait un peu fou. Alexia était une présence constante. C’était lui l’absent avant. -”Je me morfonds de ne pas avoir mon épouse à mes côtés.” L’épouse en question ria doucement. Elle caressa son homme du regard et alla chercher sa main. En écho un rire d’Hanovre aussi. -”Vous les auriez vus à trente ans...” Morfond n’était pas encore assez fort. -”Cela doit vous faire bizarre d’avoir inversé la tendance ?” Le captain De Lascelle avait eu une belle carrière, très souvent loin de son foyer. Amé sonda son aimé en silence. Dans un langage sans voix. -” Je lui revient tous les soirs avant minuit. ” Promets-t-elle avec humour.
-”Au moins Zenon tu n’as jamais eu à craindre qu’elle aille voir ailleur, hahaha.” Un mal qu’on ne souhaite à personne. Quel poison insidieux que la crainte. Le soupçon qui va de l’esprit au cœur, jusqu’à grignoter le sang froid. Oli vida son verre d’une traite. Etre d’accord pour laisser l’autre aimer ne rend pas le breuvage moins amer. Amélia observait cet homme défait. Elle se revit, plus jeune, habitée par l’attente, les questions. D’un mouvement, elle s’écarte de cette voie. -”Je te montrerai notre superbe salle de projection Gab. Tu verras que tu ne voudras plus partir!” Il faut dire que la passion de la comtesse a investie tous leurs nids. Sauf le Paradis ou aucune occupation n’est nécéssaire.
Amélia et Zenon de Lascelle & Oliver Hanovre & Gabrielle Caplan —
Peut-être que les enfants allaient enfin se poser l'un et l'autre. Joy serait peut-être un exemple à suivre pour son jumeau avec un peu de chance. C'était ce qu'ils avaient tous à espérer. Un Zac un peu posé, plus tranquille, ne pouvait qu'apporter plus de stabilité à l'ensemble de la meute et surtout de leurs esprits. A voir. Pour le moment, c'était la boxeuse qui avait droit à leurs attentions. Après tout, elle était leur invitée. Ainsi que le Prince, qui avait donc droit à un petit résumé de la part de la comtesse. Gabrielle l'écoutait avec attention. Elle comprenait donc que cet homme n'était peut-être pas dans la meilleure partie de sa vie. Une femme malade et un divorce qui était sans doute mal vu dans ce monde.
- Mmm.... il a l'air de ne pas être si ennuyant que cela. Taquine. Et puis, si c'était un ami de Zenon, elle ferait un effort. C'est surtout toi qu'il ne doit pas embêter, enfin j'imagine que comme l'a fait remarquer Zenon, tu as su te faire respecter.
Connaissant quelque peu le caractère d'Amélia, Gabrielle ne doutait pas une seule seconde qu'elle n'avait jamais dû avoir sa langue dans sa poche et s'était imposée dans ce monde, qui ne semblait pas avoir voulu l'accepter réellement. Elle se disait que les choses n'avaient pas toujours dû être simples pour ce couple. Elles n'en parlaient que peu, parce que Gabrielle ne se montrait pas trop incisive dans ses questions, ne voulant pas embêter avec cela. Estimant aussi que ça ne la regardait pas. Et puis, se permettre des questions de cet acabit, ouvrait la porte à ce qu'on lui pose les mêmes et elle ne souhaitait pas entrer dans les détails d'une vie intime qui était fausse, pour ce qui était de son infiltration ou de parler de ce qui faisait vraiment mal et qu'elle essayait de cacher le plus profondément possible.
La présence de cet Allemand, allait rendre le tout, peut-être un peu plus compliqué. Au moins, n'avait-elle plus la surprise de la vision d'un homme revenu d'entre les morts.
- C'est bien normal Oliver. L'observant. Tant mieux oui. Je suis content de savoir qu'ils vont biens. Que leur mariage se porte bien. Ce n'était pas donné, vu qu'il avait été arrangé. Mais Arthur était un jeune homme subtil, intelligent. Et Iris aussi, ce qui leur avait sans doute permis de voir leurs avantages. Et puis, ce n'était pas comme s'ils s'étaient rencontrés le jour de leur mariage. Ces deux jeunes issus du même monde, amènerait peut-être un peu de renouveau. Le comte l'espérait. Oui, cela nous rassure un peu, qu'elle s'installe ainsi.
Qu'elle reste en Angleterre ou vienne avec eux en Inde, lui importait peu. Le plus important, était que cette petite famille soie en sécurité. Que Joy ne ressente plus le besoin de se retrouver dans des pays en guerre, lui convenait parfaitement. C'était un souci en moins à se faire. Même si aujourd'hui, c'était le petit Philip qui avait droit à toutes les attentions et les inquiétudes des adultes. Le comte espérait que son petit-fils, ait droit à une vie la plus en paix possible.
- C'est une idée. La bière manque un peu ici. Taquin, tout en rejoignant ces dames au salon.
- Mmm... je n'ai pas l'habitude d'avoir autant de place. Mais enfin... je vais y réfléchir. Peut-être que Kylian serait intéressé à venir avec moi. On pourrait s'entraîner tranquille, au bord de la piscine. Amusée. Elle n'aimait pas être seule dans de si grands espaces. Trop propice à laisser son esprit errer là où il ne devait pas. Je vais lui en parler, je te dirai.
La réponse de Zenon ne manqua pas de la faire rire. Cet homme avait un sacré humour. Anglais. Tout ce qu'il y avait de plus anglais même. Pince-sans-rire, sans en avoir l'air. Avec ce sérieux si noble. Elle pouvait comprendre pourquoi Amélia avait craqué. La remarque d'Oliver ne manqua pas de la faire sourire, elle pouvait parfaitement imaginer. Elle ne les côtoyait que depuis peu, mais leur lien, ce qui les tenait l'un à l'autre, était tout à fait perceptible. Elle avait connu cela, il y a très longtemps.
- Voyons Oliver, vous allez encore nous faire passer pour ce que nous ne sommes pas. Bien sûr, c'était encore de l'humour.
De Lascelle se souvenait parfaitement de comment ils étaient plus jeunes, intenables, amoureux, passionnés. Dès qu'ils en avaient l'occasion, ils disparaissaient au nez et à la barbe des autres. Pour le plaisir d'être à deux. C'était comme ça. S'ils étaient peut-être un peu assagi à leurs âges, cette passion, n'avait pour autant pas disparue.
- Bizarre, non pas tant que ça. C'est même plutôt agréable. Avec un sourire pour sa belle, dont il embrassait galamment le dos de la main. Une vraie Cendrillon. Jetant un regard à son ami, comprenant bien son sous-entendu. Devait-il entrer là-dedans? Mmm... tout comme elle n'a jamais eu à le craindre de moi. Après tout, il était souvent loin du foyer, il aurait pu aussi manquer à ses devoirs, mais il n'y avait jamais eu qu'Amélia. Encore, et toujours.
- Mmm... je ne sais pas si une salle de cinéma est réellement un moyen de me faire rester quelque part. Je n'ai pas cette culture de la culture. Amusée. Et vous, Oliver? Que faites-vous de votre temps libre? Il fallait bien le faire parler un peu, cet Allemand.
La vie des de Lascelle s’était faite loin de l’Angleterre à raison. Leur histoire n’était pas un conte de fée. Rien d’un roman de gare. Ils avaient été forcés de faire front. Pour affronter une société étriquée. -”...j'imagine que comme l'a fait remarquer Zenon, tu as su te faire respecter.” A l’aune de la soixantaine, la Comtesse pouvait sourire face à ce type de constat. Car, il était vrai qu'elle avait conquis une forme de respect. Pas un total respect non. Mais une sorte d’accord tacite. Assez fort pour qu’il y ait cohabitation. -“Mh. Oui. A force de batailles.” Une guerre de position, une guerre froide, qui avait fait des blessés. A vingt ans, passionnée, amoureuse, elle n’était pas armée pour faire face à ces gens. Elle avait appris. Fait des erreurs. Malmené Zenon, parfois… Car, malgré tout, le conflit de loyauté avait été réel. -“Mais pour être juste l’éloignement a fait beaucoup.” Amélia savait qu’ici, elle aurait fini par perdre.
Ce monde particulier vivait avec ses propres règles. Ce n’était pas pour rien que la caste était encore là. L’une des plus anciennes monarchies du monde. Iris y avait maintenant sa place. Elle serait une étoile. Son nom serait écrit dans les livres d’histoire. Alexia et Oliver étaient parvenus à cela. Ils avaient accompli leur devoir. Ce qui n’était pas encore fait pour Avon. -”Oui, cela nous rassure un peu, qu'elle s'installe ainsi.” Le diplomate ne pouvait pas ignorer la vérité. Les décisions de Zenon pouvaient être remises en question. Maintenant que la situation avait… évolué. -“Comptez-vous priver votre petit-fils de son héritage ? ” Le petit avait droit à son patrimoine. Violet avait fait ses choix. Le Prince trouvait tout ceci sentimental.
Ceci dit, n’étaient-ils pas sentimentaux ces “indiens” ? Portés sur l’amour de leur meute et les quelques élus de leur cercle. -” Je vais lui en parler, je te dirai.” L'entraîneur de Gabrielle était sympathique. Il avait l’air sérieux. Les de Lascelle faisaient confiance à ce duo. -“Très bien. Fais donc ça. ” De toute façon, la boxeuse serait toujours mieux là-bas qu’à proximité d’Odin. Implicitement, Amélia cherchait à protéger cette femme de ce monde souterrain.
Pour qui avait passé sa vie à porter le costume, la jalousie pouvait s’éveiller. Involontairement. -”Voyons Oliver, vous allez encore nous faire passer pour ce que nous ne sommes pas.” Oliver exagéra son expression. Un rien clownesque pour provoquer le rire. Il aimait la comédie et le rire depuis toujours. Quand ses filles étaient jeunes, il leur faisait souvent des scènes. Aviné, il retrouve aisément ses excès. -“Nous étions tous choqués… Certains pariaient. ” Hanovre leva son verre pour la “dame du lac”. -“Mais vous avez eu vos arguments pour le retenir… loin de tout le monde! Hahaha. ” Amé conserva son sourire. Les piques endurcissent la peau de n’importe qu’elle femme. Répliquer était facile.
Jamais ils n’avaient montré une faiblesse. Comment était-ce possible ? Oli s’était demandé. Il se le demandait encore. -”Mmm... tout comme elle n'a jamais eu à le craindre de moi. ” Une réplique qui pouvait être prévisible pour qui côtoient les de Lascelle. Le Prince savait que c’était vrai. Il était heureux pour son ami, certes. Il l’enviait aussi. Plus que jamais sans doute. Lui qui était maintenant un mari divorcé, un père trahit, un noble ruiné. Il voyait dans le bonheur des autres une provocation. L’humour au bord des lèvres… Il fût figé par les yeux d’Amélia.
Par chance une diversion arrêta la petite escalade du Prince. Blessé, mais point belliqueux au point d’insister. Il conserve son amertume en lui. Son attention se posa sur la sportive. Il se fit de nouveau la réflexion qu’il aimait la couleur de ses yeux. -”Et vous, Oliver? Que faites-vous de votre temps libre?” Il éloigna une élucubration philosophique. -“Eh bien… j’ai surtout deux activités. J'enrichis une collection. Ou bien je suis dans mon atelier pour travailler sur mes inventions. ” Cela l’avait pris de bonheur. Jeune. Son frère avait été son assistant pendant une période. Finalement Gregor est devenu un gérant de terres. Il s’en sortait bien mieux que lui. -“Je les expose chaque année!” Les salons d’inventions ne manquaient pas en Europe.
Mélusine vient se coller contre la cuisse du comte. Son menton sur sa cuisse pour réclamer une bonne caresse. -“Vous avez transmis cette passion à Iris, d’ailleurs.” En ce moment la nouvelle héritière avait probablement d’autres priorités. Amélia se leva pour aller récupérer les amuses-bouches et en proposer à chacun et chacune. Seulement là Ovide leva une oreille. -“Il est vrai qu’on transmet beaucoup à nos enfants. Hahaha. ” Le désir d’un amour impossible à Violet par exemple… -“Avez-vous des enfants Gabrielle ? ” Aujourd’hui une femme pouvait avoir une carrière et des enfants. Alexia avait bien réussi. Madame de Lascelle ne s’en était pas privé.
Amélia et Zenon de Lascelle & Oliver Hanovre & Gabrielle Caplan —
Gabrielle ne doutait clairement pas de la combativité d’Amélia et que par la même, elle ne s'était pas laissé faire et s'était battue pour son couple. C'était presque digne d'un roman leur histoire. Vu la belle gueule de Zenon, Gabrielle pouvait comprendre la comtesse, mais elle savait aussi, que c'était bien plus que cela. Elle les avait vu interagir ensemble, il y avait quelque chose qu'elle avait potentiellement vécu avec Simon, il y a bien longtemps.
- Ah oui, ça aide souvent, de mettre autant de distance. Et elle savait bien de quoi elle parlait, elle aussi avait mis les voiles, pour qu'une partie des gens qu'elle ne pouvait pas supporter, ne puisse plus pourrir sa vie.
Zenon tentait de ne pas trop paraître agacé ou autre, lorsqu'on parlait de sa décision de faire hériter de son titre à sa filleule. Il comprenait que cela pouvait déranger, il savait aussi que la venue de Philip changeait la donne pour beaucoup de choses. Mais pour cela, il devait en parler avec sa fille. Mais pour le moment, c'était plutôt compliqué. Il n'oubliait pas les paroles de ses enfants concernant cet héritage. Si Oliver trouvait que sa fille aînée n'était pas facile, il n'avait pas eu les jumeaux et leur presque haine de ce monde dont il venait. Donc... il garda son petit sourire.
- Ce n'est pas à moi de prendre cette décision, Oliver.
Il n'avait clairement pas son mot à dire. Si Joy n'en voulait pas pour son fils, elle n'en voulait pas. Il ne pourrait pas aller à l'encontre de cette décision. Et puis, est-ce qu'il pouvait, maintenant, enlever cette idée à Violet? Il était dans une situation un peu compliquée, on n'allait pas se mentir. Mais le comte n'était pas du genre à trop s'inquiéter pour cela. Les choses se feront comme elles devaient être faites.
Tout comme Gabrielle, qui appréciait d'avoir Amélia qui s'inquiétait pour elle. Qu'elle puisse aller dans leur maison, c'était plutôt touchant. L'autre noble semblait quelque peu.... moins ouvert que les de Lascelle. Sans doute beaucoup plus plongé dans le monde aristocratique. Zenon avait lui, un peu de mal, à ce que l'on dise, encore aujourd'hui, que c'était Amélia qui l'avait retenu loin. C'était sa décision, de rester en Inde, parce qu'il savait que c'était la meilleure chose, pour ne pas risquer qu'elle ne se fasse trop attaquer et qu'on leur foute la paix.
- Ou alors l'Inde a su me plaire, sans qu'Amélia n'ait besoin de dire quoi que ce soit.
Comme toujours, cet homme défendrait sa belle américaine. Parce qu'elle ne méritait pas de se faire traiter ainsi. Il n'avait pas eu peur de se mettre les gens à dos, il continuerait, jusqu'à la mort.
La comtesse ne se laissait pas non plus fort, heureusement pour tout le monde, la boxeuse se faisait entendre, pour changer de sujet, afin que les choses s'apaisent, surtout que notre hôte ne souhaitait pas que tout tourne au vinaigre. Ce n'était clairement pas le but de notre protagoniste avec cette soirée. Bien au contraire, il fallait que tous se sentent à l'aise et apaisé. Un inventeur donc... Gab' avait un petit sourire amusée.
- Oh. Qu'est-ce qui vous inspire des inventions? Qu'il soit collectionneur n'était pas très surprenant, après tout, quand on avait de l'argent, on pouvait bien se le permettre. Où les exposez-vous? Ce n'était pas du tout un monde qu'elle connaissait, donc la curiosité n'était pas que de la bonne éducation de sa part.
Zenon caressait tranquillement la tête de son chien, tout en remerciant sa dame pour ce qu'elle lui tendait, tout en observant l'échange entre leurs invités. Rix secouait tranquillement de la tête, tout en prenant une bonne gorgée de son verre.
- Non, aucun, et tant mieux! Elle n'allait pas parlé de ses problèmes physiques pour en avoir, mais elle n'avait pas pensé en avoir un jour, de toutes les façons. Vu mon travail, ma vie en général, c'est mieux que je ne n'en aille pas. Et puis, vu où va le monde... nous sommes déjà trop.
Oui, aujourd’hui, personne ne connaissait la vie de Zenon ou d’Amélia avant qu’ils s’exilent en Inde. Ils avaient tous les deux une profonde loyauté envers leur famille. Ils avaient le respect de l’ordre établi. Il avait suivi l’école militaire. Elle avait excellé en commerce. Alors que leur rêve était plus simple. Un soigneur animalier et une dramaturge. -“Oui!” Amé lance un regard en direction des vieux nobles. -“C’est peu probable que j’aurai tenu à la vie de coure.” Son mari non plus.
Zenon et Oliver venaient du même monde. Néanmoins, ils avaient moins de choses en commun. Le comte de Lascelle, même s’il avait accepté son titre, n’en faisait pas la gloire. -”Ce n'est pas à moi de prendre cette décision, Oliver.” Le Prince ne le comprenait pas toujours. Il se retenu de commenter l’influence d’Amélia. Inutile de tendre le sujet, plus qu’il ne l’était. -“A qui d’autre Zenon ?” Oliver était moins sensible aux états d’âmes. Rationnel jusqu’à la racine de ses cheveux. Il avait agit uniquement dans le but de stabiliser l’influence de la maison Hanovre. -“Ne me fait pas croire que tu n’as pas envie que ce titre revienne à ton sang. ”
-”Ou alors l'Inde a su me plaire, sans qu'Amélia n'ait besoin de dire quoi que ce soit.” Amélia adressa un sourire à son époux. Ils n’ont jamais toléré les mensonges. La duperie. Le stratagème de pouvoir. Sanders aurait aimé de Lascelle sans titre, sans héritage, sans rien. Elle aurait été pauvre mais satisfaite d’avoir l’homme qu’elle aimait à ses côtés. Plutôt qu’un mariage de convenance avec Georges. -“C’est que comme les enfants, vous croyez à la sorcellerie!” Une boutade. Mais au fond pour certains c’était plus entendable que de fuir le pouvoir et la richesse.
Fort heureusement, un noble ne se résume pas tout le temps à un courtisan de la cour. Nombre d’entre eux se serve de leur nom pour une cause. -”Oh. Qu'est-ce qui vous inspire des inventions? ” Quel bon détournement d’intérêt. Oliver d’Hanovre oublia la taquinerie de leur hôtesse. Il se rapproche de la sportive. -“Les mécaniques de la nature. Principalement. J’aime l’observer et tenter de la reproduire.” La famille Von Kessel avait de bons placements. Le Prince en avait dépensé une grosse part dans ses inventions démesurées. Alexia a tenté de le raisonner pendant des années. Mais impossible d’éteindre une obsession créatrice. -“Un peu partout en Europe. Dans les salons d’exposition. Il y en aura un en février. J’y présenterai ma dernière invention. Vous n’avez qu’à venir! ” Le Lord était connu dans le milieu. Non pas pour ses réussites. Mais pour son obstination. Sans doute était une sorte de quête personnelle.
-”Vu mon travail, ma vie en général, c'est mieux que je ne n'en aille pas. Et puis, vu où va le monde... nous sommes déjà trop.” Argument qui était venu dans la bouche de Zac. Joy aussi pendant un temps. Les de Lascelle auraient accepté. Amélia était pourtant heureuse d’avoir un petit-fils. Elle n’aurait pas fait une vie sans élever les enfants de Zenon. -“Les politique de natalité n’ont jamais marché.” Oli avait voyagé en Asie. La Chine n’avait pas eu de réelle politique de l’enfant unique. Les naissances étaient contrôlées en ville. Mais, hors du regard des politiques, les familles avaient procréé. -“Je crois plus que la régulation viendra par la nature.” Depuis le Paléolithique, ils savaient que les extinctions surviennent.
Tranquillement, la dame du Lac invita chacun à rejoindre la table. -“Il n’y a pas de placement ici.” Oliver haussa un sourcil amusé. Le verre en main, il prit la chaise à droite de Gabrielle. Pour une fois qu’il y avait quelqu’un de nouveau ici. -“J’ai souvent voyagé en Asie. Surtout au Japon. Là-bas la boxe est très présente. Beaucoup de monde l’ignore. Mais c’est là-bas qu’il y a le plus de boxeurs professionnels.” Pendant les missions diplomatiques le Prince avait assisté à des matchs. Il avait pris des cours. Serrer la main de quelques champions mondial. -“Ryuya Yamanaka est impressionnant.”
Amélia servit l’eau et le premier vin. Silencieuse. Zac avait eu une fixette sur le K1 à la vingtaine. Elle en savait plus sur le kick-boxing qu’elle ne l’aurait cru possible. Sa main, alla trouver les doigts du cuisinier. Les caresser. -“Gabrielle a accepté de me redonner quelques cours.” La retraite ne sonnerait pas l’affaiblissement. Philipp aurait une grand-mère tonique!
Amélia et Zenon de Lascelle & Oliver Hanovre & Gabrielle Caplan —
Gabrielle ne pouvait réellement imaginer ce qu'était une vie de noble. Elle les voyait se rouler dans l'or, un peu comme Picsou dans son coffre-fort. Il semblait, depuis qu'elle côtoyait les de Lascelle, que ce n'était pas aussi simple. Surtout pour ce couple qui sortait des sentiers battus. C'était intriguant. Elle croyait totalement cette femme, quand cette dernière disait qu'elle n'aurait pas survécu à une telle vie.
- Vu comme tu es active, je pense bien que des parties et des petits fours, mettraient rapidement à mal ta patience. D'un ton amusé.
Zenon observait son invité du coin de l'oeil, il savait que peu de monde pouvait comprendre ses choix. Il allait à l'encontre de tout. Parce qu'il avait toujours refusé de faire comme son propre père. A quoi bon imposer des choix, qui ne pouvaient qu'apporter le malheur des siens. Même si cela pouvait lui faire de la peine. Est-ce qu'Oliver ne comprenait vraiment pas à qui revenait le choix de la décision? Il observa un instant son ami.
- Joy. C'est à elle que ce choix revient. Marquant un temps. Je n'ai jamais dit que je ne l'espérais pas, mais parfois.... on ne peut avoir ce que l'on veut.
Voilà bien un discours qu'il avait souvent tenu face à ses enfants, son fils surtout. Oliver le voyait bien, avec ce qu'il traversait en ce moment, qu'il ne pouvait clairement pas toujours faire ce qu'il souhaitait. Même avec tout le pouvoir et tout l'argent du monde. Et puis, le comte n'était peut-être pas autant attaché à ce que voulait dire son titre que pour les autres. Même si bien sûr, Philip méritait cet héritage, si sa mère le décidait ainsi. Quant à sa femme, il n'avait jamais réellement besoin de la défendre, elle le faisait parfaitement toute seule, preuve en était. Ils continuaient, tous les deux, à se serrer les coudes, comme ils le faisaient depuis toujours.
C'était bien, qu'une autre femme, soit de la partie, la boxeuse faisait changer la conversation, Oliver se retrouvait intéressé, Zenon le voyait bien, il n'en disait rien. Gabrielle quant à elle, écoutait les paroles du noble, avec un petit sourire amusé. Elle l'imaginait comme un scientifique fou, qui tentait de faire des expériences dans son garage. Pas de doute qu'il avait les moyens de le faire.
- Une sorte de Frankenstein alors? Avec un petit air malin. Ce n'était pas parce qu'elle n'était pas très friande de livres, films ou autre, qu'elle n'avait pas un peu de culture malgré tout. Voilà qu'elle se retrouvait invitée. Tout dépend où je serai à cette période. Ce sera ici, à Londres?
Peut-être serait-elle curieuse de voir de quoi était capable cet homme. Si son imagination et ses inventions pouvaient valoir le coup. Elle était plutôt d'accord avec lui, sur ce qui concernait les enfants. Mais ne jugeait pour autant pas tous ceux qui en souhaitait, en avait, tant que ces derniers s'en occupait correctement. Ce qui malheureusement, n'était pas le cas. Beaucoup d'enfants souffraient. Elle en avait fait les frais, elle-même. Se levant alors avec son verre, elle suivit l'invitation à passer à table.
- Pas de protocole, je me sens rassurée.
Elle taquinait tout ce beau monde, bien entendu. Elle laissait le Prince prendre place à ses côtés. Tranquille. L'écoutant lui parler de ses voyages. Il venait sur la boxe, voilà qui était curieux. Ils étaient plus nombreux à s'y intéresser qu'elle ne le croyait pas. Elle haussa légèrement un sourcil, elle n'aurait pas parié sur cet homme, sur ces connaissances.
- Vous boxez aussi, vous aussi? Prenant le verre de vin. Il l'est en effet. D'une rapidité et d'une efficacité assez impressionnante. Je ne suis pas à son niveau.
Zenon caressait doucement les doigts de sa dame, laissant parler leurs invités, avant de regarder Amélia.
- Oh vraiment? - Je fais bien attention à elle, Zenon. - Je n'en doute pas, c'est elle qui ne fait pas attention à elle. Lui embrassant doucement le dos de la main.
L’alliage de ces quatre personnalités donnait une couleur originale au dîner. De celle qu’on ne voit guère dans les petits salons des manoirs victoriens. Pour le mieux. Les de Lascelle avaient pris le parti des Indésirables. Ils faisaient leur les critiques. La morale aristocratique ne trouvait pas de place à leur table. Simplement.
-”Joy. C'est à elle que ce choix revient.” Marquant un temps. “ Je n'ai jamais dit que je ne l'espérais pas, mais parfois.... on ne peut avoir ce que l'on veut.” Philosopha le comte d’Avon. Placide et tranquille comme un sage grec. Son interlocuteur eut un silence. Contrit par le réel. Rappeler à sa propre histoire. Il n’avait eu ni la femme de sa vie. Ni la fille qu’il avait espérée. Encore moins un fils. -“... rien n’empêche d’essayer. ” Et essayer encore, et encore.
Autant parler des sciences. Terrain moins miné. Sujet ô combien passionnant. Pour lord d’Hanovre, c’était la clef du progrès. -”Une sorte de Frankenstein alors?” Parfois, sans doute Oli avait un air fou. Il ria avec entrain. -“Oui! Même si je me réclame davantage de De Vinci! Cependant, vous avez saisi l’idée, madame. J’aime la création. ”
-”Tout dépend où je serai à cette période. Ce sera ici, à Londres?” Londres était une ville phare en Europe. Malheureusement, sa lumière s’était affaiblie, avec la coupure de l’Union. Ils s’étaient écartés du continent. -“Je pensais à Berlin. Mais, j’irai regarder le calendrier de l’année prochaine. ” Promesse faite sera promesse tenue. Un Prince devait être fiable. D’autant qu’il avait envie qu’elle vienne.
-”Pas de protocole, je me sens rassurée.” Amélia échangea un sourire malicieux. -“Tu connais notre amour de l’improvisation.” Certains membres de la meute aspirent même à un peu de chaos.
-”- Vous boxez aussi, vous aussi? ” Oliver avait une bonne soixantaine maintenant. Il n’avait plus un corps athlétique. -“Plus maintenant! Mon dos est un peu capricieux.” Instinctivement, la comtesse tendit un bras pour caresser le dos de son mari. Les maux de dos étaient connus dans ce foyer. Zenon payait le prix de ses “aventures”. Le métier qu’il faisait comportait des risques. -”Il l'est en effet. D'une rapidité et d'une efficacité assez impressionnante. Je ne suis pas à son niveau.” Oli eut un sourire compatissant. -“Très peu le sont! Mais, on m’a fait bonne presse concernant vos coup de pieds. Je viendrais voir ça de mes yeux.”
L’échange entre Gabrielle et Zenon donne à sourire. -“Je fais bien plus attention!” S’amusant Amé en lançant un regard à son amoureux. Les vingt étaient loin. Derrière eux. Le fait d’être une mère. Avoir les enfants sous sa seule garde. La vie l’avait forcée à s’assagir. La priorité était la famille. Toute perspective de croisade s’était effacée dans le regard de ses bébés. -“Vous pourrez “évaluer” les résultats.” Leur refuge, était un sanctuaire du repos et de la préparation. La jeune comtesse y avait appris les fondamentaux sous l’égide de son époux. Ils avaient bien fait.
Oliver observait attentivement le vieux couple. Il était partagé entre l’amitié et l’envie à leur égard. Sachant pourtant que cela n’était pas du tout chrétien. Il n’y pouvait rien. Il bascula son regard sur la femme à son côté. Sourit. Son allure de sportive lui plaisait. -“Mmm. Ne ferait-on pas un petit 121 ? Avec un petit Brandy ? Zenon ! ? Si vous faites équipe avec elle, la partie ne durera pas dix minutes.Faisons équipe contre ces dames. ” Proposa ainsi l’Allemand pour poursuivre leur petite soirée. Un jeu de cartes de combinaison, du ludique, pour mieux percer à jour la belle inconnue. -“ Vous aimez jouer Gabrielle, j’espère ? La vie est bien trop sérieuse pour ne pas s’amuser un peu!” Amé cacha un sourire en se levant pour aller chercher le tableau de comptage et le paquets de cartes.
Amélia et Zenon de Lascelle & Oliver Hanovre & Gabrielle Caplan —
Bien sûr que rien ne l'empêchait d'essayer, pourtant, Zenon ne voulait pas mettre de pression à sa fille. Il estimait que ce n'était pas la priorité du moment. Si le sujet devait être abordé, un jour dans une conversation, il le ferait. Mais pour le moment, il fallait mettre ce sujet plutôt de côté. Lui ne voulait pas non plus se rendre malade à cause de cela. Ce qui devait arriver, arrivera, d'une façon ou d'une autre, son titre serait hérité et c'était bien tout ce qui comptait, n'est-ce pas? Il hocha donc simplement de la tête, sans pour autant en dire plus. Le sujet était épuisé, pour le moment.
Oliver ne prenait pas mal d'être comparé à Frankenstein, bon parfait. Parce que ce n'était pas le personnage de fiction connu pour être le meilleur. Après tout, sa créature était un monstre et il l'était lui-même, vu ce qu'il s'était permis de faire. Elle avait un petit sourire, alors qu'il parlait de De Vinci, bien sûr, c'était plus glamour. Mais elle comprenait l'idée.
- Je vois.
Ce qui pouvait titiller la curiosité de découvrir les inventions de cet homme, s'il faisait les choses lui-même et avait des idées un peu folle. Ce qui ne collait presque pas à l'image d'un prince. Comme quoi, l'habit ne faisait pas tout à fait le moine. Surprenant. Finalement, ce monde cachait quelques surprises. Berlin, voilà une ville qui faisait rêver, qui rappelait quelques souvenirs heureux, son sourire était plus tranquille, elle se frottait légèrement le menton.
- Oh, pour Berlin, je suis toujours prête à me déplacer. D'un ton taquin, tout en parlant en Allemand. Et oui, c'était une langue qu'elle maîtrisait, puisque c'était celle qu'ils avaient utilisée le plus souvent, quand ils échangeaient avec Simon. Vous connaissez bien la ville?
Installés à table, le quatuor continuait donc sa petite conversation. Même si la boxeuse sentait la fatigue se faire sentir petit à petit, elle appréciait d'être en bonne compagnie. Elle avait un petit air complice avec Amélia quand cette dernière lui faisait savoir qu'elle aimait bousculer les codes. Gabrielle et Oliver, continuaient donc à faire connaissance. Elle hochait de la tête.
- Ah oui, le dos. Un mal du siècle, parait-il. Vous devriez continuer à faire du sport, ça aide à maintenir un peu la douleur à son minimal. Il ne fallait pas non plus en abuser, mais garder la musculature, aidait à faire baisser les douleurs.
Elle mangeait avec plaisir le repas que Zenon leur avait fait. Cet homme était un excellent cuisinier. Il aurait beaucoup à échanger avec Eliott. Qui était le meilleur dans ce domaine, depuis qu'elle avait goûté à sa cuisine, elle ne pouvait nier qu'il était un chef de talent. La boxeuse n'était pas la plus touchée par les compliments, mais elle offrait un nouveau sourire à l'homme.
- Vous serez le bienvenu, je vous mettrai un billet de côté.
Se faire une bonne pub, n'était pas négligeable. Il fallait bien gagner sa vie. Amélia devenait le sujet de conversation, parfait, Gabrielle appréciait de ne pas être au centre de l'attention. Elle avait un petit sourire amusée, en la voyant échanger avec son homme, qui hochait de la tête, tout en embrassant la main de sa dame.
- Je n'y manquerai pas, Amélia.
Le repas se passait bien, Zenon était plutôt content. Oliver semblait apprécier cette invitée surprise. Il remarquait sa façon de la regarder. Il y avait un intérêt. Peut-être que cela lui permettait d'oublier un peu ses malheurs et découvrir que comme son ami le lui avait dit, ce n'était pas parce qu'Alexia ne voulait plus être avec lui, que sa vie se terminait et qu'il ne pourrait plus jamais goûter au plaisir d'être avec une femme. Gabrielle n'était pourtant pas disponible, mais cela permettait d'ouvrir un peu les perspectives et le comte trouvait cela très bien.
- Pourquoi pas, Oliver. Il avait un petit rire. Quoi? Vous trouvez que nous communiquons trop bien avec Amélia? Taquin, tout en se levant pour attraper les assiettes vides et les amener à la cuisine, revenant avec des verres, la boisson et les desserts. Posant le tout sur la table.
Gabrielle avait envie d'en rire, voilà longtemps qu'elle n'avait pas joué aux cartes.
- Vous risquez de manger la poussière, messieurs. Tout aussi taquine que Zenon finalement. Elle hochait de la tête, tout en poussant ce qui prenait de la place sur la table, que les époux puissent y déposer ce qu'ils avaient dans les mains. Vous savez, la boxe peut être vue comme un jeu, donc en partant de ce principe, oui, j'aime jouer. Avec un petit sourire, faisant signe à Zenon de ne pas trop lui remplir son verre et qu'un café lui conviendra bien. Elle risque sinon de s'endormir très rapidement. Cela me rappellera les moments de calme, lorsque nous étions en faction au Moyen-Orient.
Elle pouvait parfaitement parler de son passé de militaire, cela faisait partie de son histoire, autant réelle qu'inventée. C'était important de mélangé les deux, pour avoir l'air encore plus sérieuse.
-”Oh, pour Berlin, je suis toujours prête à me déplacer.” Le visage du Prince d’Hanovre s’éclaira d’un seul coup. Zenon lui avait dit que cette femme était une sportive Américaine. Il n’était assurément pas préparé à entendre sa langue natale ce soir. -“C’est une très bonne nouvelle!” Cette femme gagnait en charme de minute en minute. Il y a longtemps qu’Oliver n’avait pas été dérouté de cette manière. Ce n’était pas désagréable.
-”Vous connaissez bien la ville?” L’Allemagne était la terre des Von Kessel depuis plusieurs siècles. Oli avait été bercé par l’amour de sa patrie et l’honneur de leur histoire. Il adorait Berlin. Cette ville était… unique au monde! -“Oui! Vous aussi ? Il faudra me prévenir quand vous vous y rendrez. Je vous montrerez des coins uniques. ” Amé arqua un sourcil. Depuis le temps qu’elle connaissait ce lord, elle ne le connaissait pas si incitatif. Était-ce le fait de l’alcool ? Ou bien était-ce le charme de Gabie ?
Au moins tout cela permet de changer les sujets de conversation. Ils n’avaient pas à parler de l’aristocratie anglaise. Ils n’étaient pas forcés de parler du Norvégien. -”Ah oui, le dos. Un mal du siècle, paraît-il. Vous devriez continuer à faire du sport, ça aide à maintenir un peu la douleur à son minimal.” Amélia eu une oeillade pour sa moitié. Le marin souffrait de son dos depuis longtemps. -“Ou bien avoir une très bonne masseuse.” La main de la comtesse alla caresser celle de Zenon. Ses doigts cherchent les siens. Doigts qui passaient des heures à cajoler les vertèbres de l’espion.
D’ailleurs, espion, comme sportive avaient intérêt à être en forme. Hanovre fut satisfait de se savoir invité. Sa profession l’avait accoutumé à être traité avec des égards. Il avait un certain goût pour le respect et le confort. Sans doute trop aux yeux de lady de Lascelle. Pour elle, les nobles ne savaient pas grand-chose de la vraie vie. -“Si jamais tu entends parler que Zac fait des matchs clandestins préviens-nous, tu veux bien ?” La cure de désintoxication l’avait calmé. Il avait juré d’arrêter. Mais la tentation demeurait à vie.
Amé regroupa les couverts pour simplifier le débarrassage à son mari. -” Quoi? Vous trouvez que nous communiquons trop bien avec Amélia?” Le Prince marmonna une petite plaisanterie. Ce sur quoi la jeune retraitée glissa: -“Pourtant, nous ne trichons jamais. J’aime beaucoup trop la victoire franche. ” Les desserts avaient l’air gourmands. Zenon s'était décarcassé pour leur faire plaisir. Amé lui adressa un petit sourire tendre. -”Vous risquez de manger la poussière, messieurs.” Gabrielle avait raison. Sa partenaire était une joueuse naturelle. Un trait qui se voyait rarement. En public, il était vulgaire de le montrer. Ici, ils étaient libres et sans masques.
-”Vous savez, la boxe peut être vue comme un jeu, donc en partant de ce principe, oui, j'aime jouer.” Oli semblait d’accord. L’analogie lui plaisait. Il souria de nouveau à la sportive. Cela faisait du bien de voir une femme en dehors de son cercle relationnel habituel. Cela était rare. Sans doute trop rare. Il allait y remédier se dit-il. -“J’ai toujours trouvé que le jeu nous en apprend beaucoup sur quelqu’un. Pas vous ?” L’avis de Miss Caplan serait intéressant.
La dame du lac se chargea de la distribution. Le poignet souple, léger, avec un mouvement délicat. -”Cela me rappellera les moments de calme, lorsque nous étions en faction au Moyen-Orient.” Oliver était le moins connaisseur du monde militaire. Il avait fait le minimum. L’écho était plus fort pour chacun des de Lascelle. Amélia en avait peu parlé avec son amie. Jamais de son frère cadet. Jack était un fantôme douloureux dans son histoire. -“Je me souviens de mon frère qui parlait de ces périodes d’attentes.” Les jumeaux aussi l’évoquaient dans leurs professions respectives. -“Combien de temps as-tu servi ?”
La partie était lancée. Juste après un rapide rappel des règles du jeu. Qu’ils soient bien tous d’accord. Oliver s’amusait assez. Il n’avait pas fait cela depuis un bout de temps. L’ambiance était calme. Amé buvait tranquillement le café. Un pied déchaussé se perdait, instinctivement, contre le mollet du marin. -“Ah. 121. Merci Gab! Hahaha.” Le rire d’Amélia réveilla les malinois.
Amélia et Zenon de Lascelle & Oliver Hanovre & Gabrielle Caplan —
Zenon avait un léger sourire amusé, il voyait bien que Gabrielle plaisait à Oliver. Pour autant, sachant avec qui cette femme était en couple, mieux valait que son ami ne se fasse pas trop d'idée. Pour autant, cela avait l'air de lui faire du bien et si cela pouvait permettre à ce dernier de sortir un peu de sa morosité, il n'était pas contre, pour le moment. Personne ne faisait de mal à personne.
Gabrielle quant à elle, appréciait d'échanger avec ce prince. C'était amusant, de voir à quoi ressembler ces gens de la Haute, dans le privé. Ils étaient comme tous les autres. Mais il était plus agréable qu'elle ne l'aurait cru. Elle l'avait surpris, elle le voyait bien. Ne jamais se fier aux apparences. C'était aussi comme cela, que notre flic infiltrée pouvait surprendre ses adversaires. On ne comprenait pas toujours de quoi elle pouvait être capable et tant mieux.
- Oui un peu. C'est une ville que je trouve assez agréable. Ouverte. Les Allemands sont plus accueillants qu'on pourrait le croire aux premiers abords. Elle avait de beaux souvenirs dans ce pays. Elle n'y avait plus remis les pieds depuis bien longtemps. Je n'y manquerai pas. Je demanderai à Amélia de faire le messager. Taquine.
Le dos, le comte d'Avon pouvait en parler oui. Lui qui connaissait des douleurs depuis quelques années maintenant. Il offrait un petit sourire à son épouse, montant sa main à ses lèvres, pour lui déposer un baiser léger sur les doigts. Elle faisait des miracles avec lui, avec ses doigts de fée.
- C'est vrai que les massages, sont un bon moyen de soulager les douleurs. Vous devriez essayer Oliver. - J'ai quelques numéros.
Après tout, pour une sportive, il était important de savoir prendre soin de son corps. Surtout avec un sport comme le sien. Et ce n'était pas Kylian qui était professionnel là-dedans. Un bon moyen de se détendre et de prendre du temps pour soi. Elle observa un instant la comtesse, avant d'hocher de la tête. Oui, si Zac faisait des siennes, les parents seraient mis au courant. Mais voilà longtemps qu'elle n'avait pas vu le jeune loup sur les rings. Il se faisait discret ou avait bien d'autres choses à faire. Pourtant, ce sport, une fois qu'on y avait goûté... enfin mieux valait juste venir faire des sparing que des combats illégaux.
Zenon ne pouvait qu'approuver les dires d'Amélia. Cette femme avait une tête qui faisait qu'elle refusait de prendre les chemins faciles, il fallait que les choses soient faites, dans les règles.
- C'est une façon d'étudier les gens oui. Il y a pleins de façon de le faire. Avec un petit sourire pour l'allemand, tout en prenant les cartes qu'elle recevait. Une vraie croupière Amé! Amusée. Elle ne parlait plus vraiment de son passé de militaire. Quelques années, quand j'étais jeune. C'était un moyen de pouvoir voyager, sans trop débourser. - Mmm, je n'avais pas vu l'armée comme ça. - Chacun ses motivations, n'est-ce pas? - Tout à fait.
Après tout, Zenon n'avait guère eu le choix. Il avait été mis à l'école militaire, parce qu'il devait le devenir, parce que son père l'avait choisi. Voilà tout.
Le jeu se faisait dans la joie et la bonne humeur. Gab' découvrait une partenaire de carte idéale en Amélia. Elles se comprenaient bien. Ce n'était sans doute pas un hasard, de s'être rencontrées lors d'une attaque terroriste. Elle avait un rire, alors qu'elles gagnaient la partie.
- Bravo mesadmes! Une revanche?
La boxeuse s'étirait un peu.
- Mmm... je pense que je vais vous laisser, je sens la fatigue du combat arriver.
Elle avait tenu plus longtemps qu'elle n'aurait dû, mais il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin. Le repos était primordial.
- Bien sûr, la chambre est prête. - Merci beaucoup. Se levant. Je vous retrouve au café demain matin. Avec un sourire, tout en saluant tout un chacun, Amélia plus que les autres, avant d'aller s'étaler dans un lit confortable.
- Un cigare, Oliver? Amélia, je pense que oui. Se levant, pour aller chercher la boîte.
Si la sportive avait terminée la soirée, ce n'était sans doute pas le cas du trio. N'est-ce pas?
La comtesse a l’ouïe fine. Aiguisée par la vie. La sonorité de son prénom l’attire. Son regard se darde sur sa compatriote. En un clin d'œil elle saisit. Sourit. Si c’est un désir partagé, nul souci, pour un jeu d’intermédiaire. Mais attention, on n’approche pas une protégée de cette louve sans conscience. Ami de Zenon ou pas, le Prince devra surveiller son matricule.
Entre espoir naissant et prudence, Oliver souria. Il se sentait pleinement dans la soirée. Bien plus ancré qu’il ne l’aurait cru possible. Sans doute avait-il eu le bon réflexe de venir ici. -” J'ai quelques numéros.” Un carnet d’adresses différents dès leurs. A n’en pas douter ! -“Je les accepte ! Voulez-vous une feuille ?” Les objets numériques ne l'attiraient pas. Il aimait le papier. Le bon vieux et beau stylo-plume.
-” Une vraie croupière Amé!” Un rire venait répondre d’abord. -“J’ai tenu un club pendant la fac. On était assidu !” Les jumeaux ont pris d’elle. Le plaisir du jeu et du pari. A l’adolescence, Zac avait même un peu trop aimé ça. Sur le coup sa mère n’avait pas vue de danger. Mais sans doute aurait-elle dû. Cela les aurait un peu épargné.
C’était intéressant de parler avec des personnes ne venant pas de son monde. Amélia et Oliver avaient -au moins- ce point en commun. Ils aimaient découvrir de leurs alter ego humain. Dans une autre vie. Un autre temps. Ils auraient pu être des vrais alliés. -“La boxe vous fait-elle voyager ?”
Hommes beaux joueurs. Gentlemans. Tels qu’on les attend. Les sourires flottent. C’est agréable. -”Bravo mesdames! Une revanche?” Pourquoi pas. La nuit était encore jeune. Les plus vieux n’avaient pas de contrainte pour le lendemain. Hanovre repousse sa chaise pour se lever lui aussi. Polis. Quand une dame sort de table, l'homme se lève. Les codes étaient dans son corps. -“Une belle nuit à vous Gabrielle. Ce fût ravissant de faire votre connaissance ce soir.” La formule fut bien amenée. Maintenant personne n’était dupe. -“Dors bien. Si tu as besoin de quoique ce soit tu toques.” Rappela donc l’hôtesse attentive. Elle porta ensuite son regard sur leur autre invité. Le voyant suivre Gabie des yeux. -“Mh.”
Une porte se referma plus loin. Ils étaient donc trois. -”Un cigare, Oliver? Amélia, je pense que oui.” L’Allemand tripatouilla ses cartes. L’esprit habité par de drôles de pensées. Il était déstabilisé. Confus. Jusqu’alors, jamais, il n’avait regardé une autre femme que son épouse. Oui Alexia et lui étaient toujours mariés. -“Mh ? Comment ?” Il vit la boîte. Une lumière se fit dans son regard. -“Oui. Merci Zenon.” Généralement, il y avait de bons cigares chez les de Lascelle. Importés du continent américain. Parfois reçus en présents anonymes. Directement du Maryland.
Nonchalante, Amé rangea le paquet de cartes. Ils n’avaient plus besoin d’une activité tampon. Le comte ne tenait pas spécialement aux jeux de hasard. Ils préparaient le tabac. Initiés. Les volutes créeraient un voile dans la pièce. -“C’était un très bon dîner, mon Amour.” Souriant à son complice nocturne. Ils avaient bien fait d’oser les mélanges. Oliver, calé en fond de chaise, contemplait ce couple hors-norme. Songeur. Le sourire de la boxeuse lui revenant comme une songerie. -“Une femme… intéressante.” Amélia eu un rire. Sachant ce que cela voulait dire dans la langue aristocratique. -“Nous recommencerons. ” Suggéra-t-elle avec clairvoyance.
