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Ars iluminare ft. Gustav
Holly Cross
Ars iluminare ft. Gustav
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Je me suis inscrite à un atelier de dessin sous un faux nom, mais j’adore ça. Le professeur nous fait essayer toutes sortes de techniques et de nouvelles méthodes. Par exemple, je n’avais jamais fais de «nus» au fusain, avant aujourd’hui. Heureusement, il n’y avait pas que moi qui était horriblement gênée par la situation, mais quand les modèles ont pris leur position, puisqu’ils semblent tous à l’aise, j’ai fini par le devenir aussi. Enfin, plus ou moins, car je me rend vite compte que je ne suis pas très douée, anatomiquement parlant. C’est ce qui arrive quand on ne fait que dessiner des visages et des personnages bibliques j’imagine! Malgré ça, je suis heureuse de pouvoir essayer!

Me pardonneras-tu tout de même, Seigneur, d’avoir menti à ma mère supérieure? Mes journées de sortie ne me sont autorisées que pour mes activités de charité à l’extérieur du monastère. Quand je n’en peux plus et que je dois sortir, je prétexte devoir donner de l’aide à quelconque organisation avec laquelle j’ai l’habitude de collaborer. J’apporte des vêtements dans un sac à dos, je me change quelque part, et me fais passer pour une civile.

Je me sens coupable, évidemment, de faire ça. J’aimerai pouvoir m’en empêcher, car chaque fois que je retourne au monastère, je fonds en larmes, parce que j’ai honte de vouloir partir d’ici. Quand je dois tout retirer pour remettre ma soutane, j’ai l’impression de me perdre dedans, de ne plus être moi. Faut-il s’oublier pour être dévouée à ta cause?

À la fin de l’atelier, il est encore tôt. Je ne m’attarde pas à l’intérieur, et je sors dans la rue commerciale où se trouve l’atelier. J’aurais bien voulu discuter avec les autres élèves, mais je ne veux pas créer de lien à l’extérieur. J’essaie de compliquer ma double vie le moins possible. Je m’efface alors dans la foule de passants, sac à l’épaule, et flâne dans la rue. Il fait encore beau, je ne veux pas rentrer tout de suite, alors je m’arrête devant les vitrines, m’attardant un peu devant une librairie. Le dernier livre de mon auteur préféré sortira bientôt : un roman d’horreur. L’autome semble plus propice aux histoires d’épouvantes et je m’en réjouie. C’est un autre de mes plaisirs coupables. En regardant l’heure, j’ai envie de passer les heures libres qu’il me reste devant un film terrifiant. Si je marche assez vite, il y en a peut-être à l’affiche au cinéma. Je relève le col de ma veste sur mes joues, en écartant mes cheveux blonds. Ça fait toujours un peu bizarre de ne pas les avoir sous le voile…


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Holly Cross
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18.11.23 23:21
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Gustav Brener

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«Errare humanum est »

novembre 2028

Quand la RH réalise le bilan, elle cherche à évacuer une partie du crédit d’heures. Moins cher de lâcher un jour de congé, que de donner les heures supplémentaires. Pourtant, personne ne crache sur un peu de beurre dans les épinards. La logique financière est assez éloignée du commun des mortels. Mais, un jour de repos, en pleine semaine, ça se prend sans discuter.

Gustav a décidé d’en profiter pour faire tout ce qui est en retard. Le brin de ménage dans l’appartement… Qui franchement en avait bien besoin. Les démarches administratives pour espérer avoir une primounette. Ensuite, il est allé déjeuner avec sa mère. Cela fait un moment qu’il lui avait promis de le faire. L’occasion s’est enfin présentée.

Ensuite, il l’a aidé à déplacer des tréteaux dans l’atelier. M. Brener père commence à avoir le dos en compote. Il vaut mieux lui épargner un max de faire ce genre d’effort. Alors, il râlera un peu, qu’on ait touché à ses affaires sans lui en parler. Mais, ensuite, il verra le confort qu’il y a gagné. Ils se sont embrassés et promis de se revoir vite.

Ensuite, direction la rue commerciale. Il y a une liste à acheter pour l’opération de janvier. Ils le font dans des boutiques variées et à des rythmes aléatoires. Jamais de carte bancaire pour faire le paiement, afin de limiter les traces. Gus a si bien pris l’habitude que maintenant il ne fait quasiment plus de transaction électronique. C’est juste un coup à prendre.

Il tient transporte ses courses dans un sac à dos. Ca permet d’éviter les sacs et ça met le contenu loin des regards aussi. Gustav passe la bretelle sur son épaule et quitte la boutique. Il fait pas trois mètres devant lui qu’il croise un visage. Il a quand même un petit temps d’hésitation. [color=#7F8C8D]-” Soeur Holly ? ”
Il se souvient de leur rencontre. Elle lui avait clairement fait comprendre les règles. Il en avait sourit. Mais autant ne pas froisser la jeune fille inutilement.

Avec les tissus en moins, elle a l'air encore plus jeune et plus frêle. -” Vous vous fondez dans le décor ? ” Ca doit quand même être plus simple pour faire des achats. Gustav est le premier à se faire discret. Il a des habits passe-partout. Il sait disparaître en un clin d'œil sans que les gens s’en rendent compte. C’est une sorte de liberté, dans ce monde, d’être un anonyme.

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Gustav Brener
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19.11.23 21:05
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Holly Cross
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Il fallait bien qu’un jour mes petits écarts aux règlements du monastère me rattrapent. J’aurais dû m’y attendre, et voir venir le coup, mais quand j’entendis une voix familière prononcer mon nom, ce fut comme si la froideur du vent d’automne pénétrait mon corps, mes os, jusqu’à la moelle. Je me retournai lentement, et aperçus monsieur Gustav Brenner, le technicien à la morgue, avec qui j’avais discuté au centre d'accueil. «Monsieur Brenner…», constatais-je d’une voix coite. Je lui avais un peu reproché d’être évasif sur la provenance des médicaments qu’il apportait au centre. Comment pourrait-il prendre ce que j’aurais à dire au sérieux?

Quant à son petit commentaire fit rougir mes joues de honte. «Eh bien je ne me fonds pas assez bien puisque vous m’avez vu!», répliquais-je violemment, humiliée de m’être faite prendre à mon propre jeu. Les mains serrée autour de la sangle de mon sac comme si ma vie en dépendait, je ne supportais pas que quelqu’un me vois tel que je suis réellement : une fraude absolue, indigne de ses responsabilités. Je sentais mon coeur cogner contre ma poitrine, et résonner dans mes tempes. Et dans le froid de la brise automnale, vaincue par la déception et l’angoisse, mon corps me trahit. Je me mis à sangloter, alors que je m’étais promis de ne jamais le faire devant quelqu’un, et de supporter avec force ma disgrâce, la perte de la vie à la cour, la perte de ma maison, la perte de mon avenir. Comment qui que ce soit pourrait prendre au sérieux ce que j’aurais à dire? J’étais tout le contraire de l’exemple que je devais donner.

Je cachais mon visage dans le creux de mes mains, et me détourne d’une voix chevrotante. «Excusez-moi». Je tire un mouchoir pour essuyer mon visage et mon nez. «Je ne voulais pas vous crier dessus, Gustav. Je ne m’attendais pas à vous voir là, et j’ai paniqué. Je ne suis pas censée être ici, encore moins vêtue de la sorte», dis-je en écartant les bras pour désigner mes vêtements qu’on ne pouvait pas qualifier de modestes.

Je me sentais toute petite, dans mes baskets en toile. «Vous n’allez pas me dénoncer, n’est-ce pas?» De la brève conversation que j’avais eu avec lui, il ne m’avait pas paru être un homme qui profitait de la vulnérabilité des autres. Au contraire, il m’avait fait bonne impression. Je me tournais finalement pour le regarder, les yeux rouges, en attendant sa réponse. «Je ne suis pas fière de ce que je fais».

Pourtant, je ne pouvais pas m’en empêcher. La vie au monastère m’insupporte. Les moments où je peux m’en libérer sont ceux que je chéris le plus… quand on ne me reconnait pas dans la rue. Après tous ces pêchés, comment osais-je faire la morale à qui que ce soit? Dépitée, je lui demandais, en espérant qu’il puisse comprendre ce que je voulais dire. «…Avez-vous eu l’impression de ne pas être à votre place? D’avoir la sensation d’être perdu dans votre propre vie?»

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26.11.23 4:44
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Gustav Brener

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Ars iluminare

«Errare humanum est »

novembre 2028

Gustav n’eut guère l’occasion de taquiner plus loin la jeune noble. D’un seul coup le visage de soeur Holly se déforma sous ses yeux. Il vit des larmes se mettre à couler le long de ses jolies joues. Cela se passa en un battement de cil. De quoi lui rappeler un nouveau-né qui peut passer du rire aux larmes un battement de cœur. Brener demeura immobile et silencieux pour ne pas aggraver les choses. Il est le premier à dire que quand on perd le contrôle, le mieux c’est encore de se taire et d’attendre que ça passe.

Comme prévu, sœur Holly expliqua toute seule le pourquoi du comment. Gus fut tout de suite rassuré. Il n’était pas coupable. Si ce n’est de l’avoir prise en flagrant délit. -” C’est rien ma soeur. ” Tout à chacun pouvait avoir envie de contrevenir à une règle. Même la règle la plus simple. C’est dans la nature humaine. Surtout quand on est jeune et qu’on vit dans un couvent avec des règles pour tout.

-” Non. Je ne suis pas un collabo’. ” Le jour où on prendrait Brener à dénoncer quelqu’un n’est pas venu! Jamais, il ne ferait ce genre de choses. Chacun a son libre arbitre et sa liberté. Ce que les autres en font ne le regarde pas. Il jaugea Holly et finit par répondre. -” Bah. Tu devrais. ” La réclusion volontaire ne fait pas partie de ses modèles. Il ne croit pas au milieu carcéral, ou à l’enfermement. Personne n’a envie de devenir meilleur en étant coupé de ses semblables. C’est insensé. -” C’est sain d’avoir envie de liberté. ” Pas sain comme elle l’entend mais c’est bien meilleur pour la santé mentale.

Franchement, personne n’est préparé à répondre à une question métaphysique au milieu du monde. Brener ne perdait pas son temps avec ce genre d’échanges avec des inconnus. Ça ne servait à rien. Personne n’écoutait réellement la parole de l’autre. Il fait pourtant une exception. -” Je sais où est ma place et quel est mon rôle.” Il contempla ce visage confus. -” Parce que je ne laisse personne me dire ce que je dois faire. ” C’est ainsi qu’on se construit dans sa famille. On apprend à penser et à décider par soi-même. On apprend à vivre avec les conséquences de ses choix.

-” Viens. Je t'offre un vin chaud.” Sans attendre, Gus se mit en marche pour avancer vers les étales où il y avait de la vente de boisson chaude. Une bonne odeur d’épices montait du stand devant lequel il s’arrêta. Il adressa un sourire poli au moustachu derrière la table. -” Deux vins chauds s’il vous plaît.” Il sortit son portefeuille pour payer en pièces d’argent. Gustav n’a qu’une carte de retrait d’argent. Il ne fait jamais de virement bancaire. C’est une de ses résistances au système qui les écrase tous. Pendant la préparation il lorgna la religieuse. -” T’as faim ? ” Quand on est triste ou perdu le mieux c’est de réchauffer son corps avec un bon petit remontant !

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11.12.23 16:54
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Je remercia Gustav, qui promit de garder pour lui mon écart de conduite. Je crains davantage le courroux de ma matriarche que le vôtre, et pourtant, ça ne me retient pas. «Merci. Je suis désolée de vous mettre dans l’embarras», m’excusais-je, en ajustant la bandoulière de mon sac d’un geste nerveux. Je m’en voulais de devoir accorder ma confiance à un homme, mais ce n’est pas de sa faute, à ce pauvre Gustav, si je me suis mise à pleurer comme une madeleine devant lui.

Sa façon de me donner des conseils est surprenante. Je ne sais pas s’il pense vraiment ce qu’il dit, ou s’il essaie simplement de me remonter le moral. Dans tous les cas, je ne pouvais pas être d’accord avec lui. «Mais non, je ne devrais surtout pas!», répondis-je en secouant la tête. «Personne ne peut être fier de cacher des choses à son entourage. Encore moins de mener une double vie. J’ai agi comme une couarde, vous n’avez pas besoin de me ménager». Je devais au moins assumer cela, n’est-ce pas? J’avais peur, au fond. La liberté, quant à elle, me faisait peur autant qu’elle m’attirait. Je n’avais le courage de me faire passer pour une civile que parce que je n’en étais pas vraiment une, au fond. Même dans ses vêtements indécents, j’avais l’assurance que le couvent serait toujours là, et que je ne serais jamais perdue. Comme un oiseau en migration, je revenais toujours au bercail. Sans lui, je n’étais plus rien, me disais-je.

«Je ne sais pas ce que je cherche. Je sais seulement que l’acédie est un péché, et je ne sais pas comment y remédier. Les prières, les laudes, les vêpres, les complies… j’y assiste, j’y assiste sans rien entendre», confessais-je à mon prêtre de fortune, tandis que je le suivais jusqu’au stand de vin. La petite place était décorée pour Noël, avec des lumières, des sapins et des cloches. «Parfois je songe à m’enfuir… À devenir une ermite en solitaire quelque part, mais je ne suis pas faite pour vivre sans la compagnie des autres».

Gustav, en revanche, était tout mon contraire, il semblait. Ironiquement, il était comme beaucoup de gens autour de moi. Les autres soeurs, les prêtres, mon père, mes soeurs, mes frères… Tous et toutes sont si sûres de leur place dans le monde que je ne peux m’empêcher de les envier. Gustav aussi. «Eh bien, je ne sais pas comment vous faites. Avez-vous toujours été aussi sûr de vous?» Cette certitude, est-ce quelque chose qui se développe, ou est-ce quelque chose d'inné? Suis-je condamné à ne jamais savoir?

J’allais refuser la proposition de Gustav de manger quelque chose quand je réfléchis à l’intention derrière sa question. Je combattis ma rigidité et ma méfiance naturelles, car jusqu’à présent, Gustav n’avait été que bienveillant à mon égard. Il voulait seulement être gentil. J’hochais finalement la tête. «Oui, merci. Je vais prendre la même chose que vous». Peu m’importais de manger, en réalité. Je n’avais jamais eu un gros appétit. Tandis qu’il commandait, j’enfilais une écharpe de laine, que j’enroulais autour de mon cou. «Vous habitez dans le quartier?», lui demandais-je, en remontant mon écharpe jusqu’à mes oreilles. J’étais curieuse de savoir si je devais m’attendre à le recroiser, ou si j’avais seulement manqué de chance, ce jour-là.


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12.12.23 23:53
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Gustav Brener

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«Errare humanum est »
novembre 2028

Brener apprécie l’honnêteté et c’est pour cela qu’il s’adoucit. -”Ça peut arriver à tout le monde.” Chacun peut avoir un moment de faiblesse. Le principal c’est de ne pas se laisser couler quand cela arrive. Une fois que l’orage est passé, ou les larmes, on se redresse.

Bien sûr, les préceptes de la chrétienté n’étaient pas respectés. Cette jeune femme avait enfreint toutes les règles c’était un fait. Gus n’allait pas tergiverser sur ce point. -”Il n’y a rien de lâche.” Dissimuler n’est pas obligatoirement mauvais. Parfois on cache des choses pour protéger son entourage. Parfois c’est se protéger soi. La vie est complexe et on ne peut pas tout évaluer en fonction de la morale ou bien des règles. -”Vous devez connaître le monde pour pouvoir mieux l’aider.” La réclusion, même volontaire, ne peut pas être permanente.

Voilà donc où était le problème. La petite avait une crise de fois. Même les gens qui n’entrent pas dans les ordres passent par des moments de découragement. -”Ah.” Ca n’était pas simple pour quelqu’un qui a décidé d’en faire une vocation. Ce serait comme si Brener finissait par ne plus croire en sa propre cause… N’était-ce pas le cas, parfois ? Lui aussi se posait ce genre de questions. Il sourit. -”Certaines personnes sont faites pour la solitude.” Cela voulait dire avoir un mental solide et une propension au silence et à l’introspection. -”Mais je ne suis pas sûr que ce soit une solution dans votre cas.” Il ajouta pour ne pas qu’elle se décourage trop. -Il y a plus d’une manière de servir Dieu.”

C’était une bonne question. A vrai dire, dans le foyer des Brener, il y avait un socle solide de certitudes. Gustav avait appris à distinguer le bien du mal. Il avait appris les mécaniques du pouvoir et comment cohabiter avec tout ça. -”Plus ou moins, oui.”

Il crut presque que la sœur allait se défiler. Il avait vu le doute dans le fond de ses yeux. Mais, elle le surprit en acceptant. Ce qui était un petit pas. Gustav appela donc un serveur pour passer leur commande avec un bon chocolat chaud et un cookie. Quand plus rien ne va le premier truc à faire et de retrouver un regain de vie et d’envie. Rien de tel que la bouffe pour ça.

-”J’habite vers l’hôpital.” C’était plus simple d’être à côté du travail, surtout avec la couverture horaire. Pour le reste, le tech n’avait pas de voiture. Il se déplaçait avec les transports en commun. Londres avait encore de bons services de ce côté. -C’est un petit appart. Mais je n’ai pas besoin de plus. Je suis bien là-bas.” Il aurait pu lui retourner la question. Mais, il connaissait déjà la réponse. Cela allait relancer le sujet et ce n’était pas la peine.

Gus remercia le gars qui déposa les boissons sous leur nez. Il paya tout de suite le tout pour qu’ils soient tranquilles. Il adressa ensuite un sourire encourageant à la nonne. -”Votre atelier peintures, ça avance ?” Ils en avaient parlé y a quelque temps. Brener en avait parlé à son père comme il s’y était engagé. L’artiste avait pris contact avec la paroisse. Mais, son fils n’en savait pas plus sur le sujet.


Gustav Brener
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21.01.24 14:05
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Je trouvais Gustav bien généreux avec moi. Il serait sans doute le seul qui ne me trouverait pas lâche. Je me cachais après tout. Qu’il y a-t-il de plus lâche que ça? Je fuyais mes responsabilités parce qu’elles ne me plaisaient pas. Parce que je trouvais la vie au couvent trop dure, alors que j’aurais dû être résiliente. «C’est généreux de votre part de me donner des excuses pour ce que je fais, mais je connais déjà le monde», lui assurais-je avec une conviction naïve. «Ce sont les expériences qui me manquent. La liberté aussi». Je suis passé d’un environnement privilégié à un autre, mais au moins, chez mes parents, je pouvais m’exprimer.

Cependant, je ne veux pas retourner chez eux. Pas plus que je souhaite retourner au couvent. Finalement, je ne sais pas ce que je veux, alors que toute ma vie, j’avais été certaine de mon avenir. Ne pas savoir était terrifiant. Par quoi devais-je commencer? «Je n’ai jamais été seule, c’est vrai», admis-je à contrecoeur. «Le temps passé avec les gens me rend heureuse. Particulièrement ce que je fais pour l’accueil. Les sans-abris sont parmi les plus vulnérables, et personne ne s’y attardent. Personne ne les voit. Même que certains pensent qu’ils méritent ce qui leur arrive, ce que je trouvais profondément triste. Mes ateliers d’art ne sont peut-être pas grand-chose, mais je pense que c’est thérapeutique pour ces gens. Ils peuvent l’être pour tout le monde en fait, même quand on ne sait pas dessiner. La santé mentale est d’autant plus importante aujourd’hui, surtout avec ce qui se passe dans cette ville. Les attentats des Anarchistes par exemple. Ça affecte beaucoup de gens», pensais-je à voix haute. Les croyants et croyantes me confessent leur peur face à ce groupe dangereux. Qui sait qui attaqueront-ils ensuite?

«Et vous, comment servez-vous Dieu?». Je levais les yeux vers lui, curieuse de sa réponse. De moins en moins de gens pratiquent leur religion, mais beaucoup œuvrent encore pour la charité. Chrétienne ou non.

Gustav commanda pour nous chocolat chauds et cookies, et m’expliqua qu’il vivait plutôt du côté de l’hôpital. Avec son travail, c’était tout à fait logique, pensais-je en hochant la tête. «Vous habitez seul?», lui demandais-je spontanément, étonnée. Je savais que vivre seul était la réalité de beaucoup de gens, mais jamais je n’avais pensé que ce pouvait être quelque chose de voulu. Ma vision était peut-être biaisée par le fait que je ne m’imaginais pas vivre par moi-même. Ou en tout cas, vivre dans la solitude. «Vous avez peut-être un chat, ou un chien pour vous tenir compagnie?»

Nous recevons finalement nos cookies et notre chocolat chaud. J’avoue qu’avec le froid de l’hiver, c’était un très bon choix. «Merci beaucoup», le remerciais-je lorsqu’il paya pour nous deux, et il me demanda des nouvelles de mon projet de levées de fonds. L’idée était de louer une galerie, faire un vernissage avec les oeuvres d’art de mes élèves, et leur donner l’argent de bénéfices. «Eh bien, ça semble se concrétiser, mais ce n’est pas moi qui le dirigerai», dis-je non sans une certaine amertume. «L’Accueil et le couvent estime que le projet sera un plus grand succès s’il est chapeauté par un directeur artistique, ou quelqu’un qui est connu dans le milieu de l’art. Ils ont raison».

Je ne voulais que le meilleur pour mes chers élèves. S’ils pouvaient obtenir plus de sous de cette manière, je ne pouvais pas m’y opposer. Il n’empêche que j’étais déçue.

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25.03.24 22:43
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Gustav Brener

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novembre 2028

La propension du féminin à relativiser son malheur. Cela avait très vite frappé Gustav. C’est comme ça qu’il avait compris que quelque-chose n’allait pas. Que la donne était faussée dès le départ. -”La liberté est un droit fondamental.” L’origine, les conditions de vie, tout ça ne changeait rien à l’affaire.

Brener écoutait la jeune fugueuse d’une oreille attentive. Elle qui venait d’un milieu particulier. Les préceptes de la chrétienté étaient bien enracinés en elle. La charité coulait de sa bouche avec naturel. Elle avait été biberonnée à cette vision quelque peu misérabiliste du monde. Sans se demander pourquoi il y avait des sans-abri dans ce pays “développé”. Elle avait un autre regard que celui de sa génération. -”Ça les affecte ? ” Ce choix de mot était intéressant. On ne l’avait pas encore employé.

-”En prenant soin de la dépouille mortelle, avant qu’ils aillent voir le Saint-Esprit. ” De même que ce monde ne prend pas garde aux pauvres, aux indigents, les mots n’ont pas vraiment de place. La société moderne tend à oublier ses morts, à les effacer. Gustav ne fait pas ce choix.

Oui, le technicien vivait seul. Une situation à laquelle il s’était accommodé. Il n’en avait pas fait le choix. -”Depuis que je ne suis plus en couple.” Max avait plié bagage. Il avait laissé derrière lui un vide. Gus comblait le vide comme il le pouvait. -”Pas d’animaux. Une bête sa vie dehors, pas dans un appart’. ” Il avait grandi dans un quartier résidentiel arboré. Tous les jours, des hommes baladaient leur chien à la laisse. Gustav trouvait cela bizarre. -”Y a des animaux au couvent ?”

Là encore; un exemple très concret de la force de ce vieux monde. De comment les anciens s’accrochaient à leur pouvoir, aussi minime que soit. -”Bah un artiste et une jeune femme engagée, ça ferait une bonne équipe.” Pourquoi les vieux auraient raison de fait ? L’expérience n’est pas le seul critère d’autorité, encore moins quand il est question d’art. -”Te laisse pas usurper ton rôle. T’as toute ta place.” La rébellion n’était pas dans les vertus des nonnes. Mais bon, celle-ci était clairement à la recherche d’un autre chemin à suivre. Sinon, ils ne seraient pas là.

La saveur de la boisson réveillait des bons souvenirs. La fraîcheur automnale était écartée. C’était bien agréable. Les petits plaisirs de tous les jours étaient les meilleurs de la vie. Gustav cultivait cela autant que possible. -”Soeur Holly…C’est une vocation ou bien c’est de famille ? ” Étant donné l’âge de son interlocutrice, la question se posait. Rare étaient les vestales dans le monde actuel. Quand on s’échappait du couvent pour aller fureter dehors… Peut-être qu’il fallait trouver une autre manière de servir son Seigneur ?


Gustav Brener
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26.03.24 20:33
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«Ça les affecte oui, bien sûr». Comment pourrait-il en être autrement? Gustav en était-il surpris? Le fait même qu’il pose la question me fit froncer les sourcils. «Les Anarchistes et les autres groupes du même genre font de Londres un endroit violent. Personne ne veut vivre dans ce contexte, n’est-ce pas? Particulièrement ceux qui sont les plus vulnérables. Leurs attaques semblent tellement aléatoires qu’on ne se sent jamais en sécurité. Je ne serais pas surprise si l’un d’entre eux s’attaque un jour à notre couvent, ou même Westminster». Les Anarchistes ne sont pas particulièrement reconnus pour leur tolérance religieuse il me semble. Pour moi, ils ont plus à voir avec des terroristes qu’autre chose.

«Vous devez vous même en être affecté n’est-ce pas?», lui demandais-je quand il aborda le sujet. «Vous devez trouver cela terrible…». Je regardais le technicien de morgue avec empathie. J’arrivais difficilement à me mettre dans ses souliers. À m’imaginer ce que c’était que de s’occuper de pauvres corps meurtris par les balles, le feu, les explosions, rappelés trop tôt à notre Seigneur. Ce devait être plus dur que celui d’un grand-parent, mort paisiblement après une longue et belle vie, entouré de ses enfants et petits-enfants.

Peut-être que Gustav ne voyait pas les choses de la même manière. Peut-être que le sujet serait difficile à aborder. Je savais au moins qu’il était ouvert d’esprit, et jusqu’à présent, assez franc, malgré ma curiosité qui me jouait parfois des tours. J’avais été tellement surprise d’entendre qu’il vivait seul (une situation dont je n’avais jamais fait l’expérience), que je n’avais pas songé que celle-ci n’était peut-être pas voulue. «Oh! Pardon…», m’excusais-je, rouge de honte, en craignant d'avoir ajouté du vinaigre sur une plaie. J’en profitais pour prendre l’autre sujet qu’il me tendait. «Hum. Je suis d’accord avec vous. Les animaux sont malheureux s’ils restent enfermés. Nous n’en avons pas au couvent, mais nous avons de très beaux jardins. Nous faisons de la confiture et du miel pendant la belle saison. Je peux vous en avoir, si vous voulez?», suggérais-je, pour me faire pardonner de ma maladresse. «Après m’être fait piquer une demi-douzaine de fois l’année dernière, ce serait dommage que le miel reste sur nos tablettes!»

Ah oui, je m’étais donné beaucoup de mal avec les abeilles! Au moins, ma persévérance avait abouti à quelque chose de concret, tandis que ce que je faisais pour l’Accueil ne me menait nulle part. En tout cas, c’est l’impression que j’avais. Le pire était que Gus ne voyait pas la chose plus raisonnablement que moi, et malgré tout, je souris. «Vous auriez fait un très mauvais prêtre. Et l’humilité dans tout ça? L’obéissance?», le sermonais-je gentiment, sans avoir l’air de celle qui cherche des réponses, ou des arguments qui me convaincrait peut-être.

Je ne connaissais pas si bien Gustave, alors je choisi de ne pas trop en dévoiler sur ma famille. De toute façon, l’essentiel n’avait pas besoin d’être caché. «Oui et non», commençais-je après avoir bu une gorgée de mon chocolat. Je posais mes doigts autour de la tasse pour les réchauffer. «Je suis la dernière de sept enfants, trois garçons et quatre filles. Mes frères sont des hommes d’église, des clergyman, et mes soeurs sont femmes de pasteur. J’avais ces deux choix, et je ne voulais pas me marier, donc il ne m’en restait qu’un, mais je me demande si j’ai fait le bon».

Je me pose la question plus que jamais. Mes soeurs et mes frères ne sont pas tous heureux et heureuses. Certains le sont, les autres se confessent à moi plutôt qu’à notre père, parce que je les juge moins durement. Les secrets que je dois garder sont parfois choquants. Cependant, je suis la seule à mener cette double vie. «Gustav… Je peux vous demander ce que vous pensez de la religion? Sans filtre, s’il vous plaît. Je ne veux pas commencer de débat, je souhaite simplement vous entendre. Vous avez été franc avec moi jusqu’à présent…»


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01.04.24 19:23
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Gustav Brener


Ars iluminare

«Errare humanum est »

novembre 2028

“Grey” soutenu le regard de son interlocutrice. Il ne voulait pas montrer un doute ou une tension qui puisse le trahir. La cellule était dissimulée pour de bonnes raisons. Beaucoup de monde cherchait activement à les retrouver pour les démanteler. Les autorités les détestaient et c’était le message envoyé par tous les médias. -” Quels autres groupes tu parles ? ” Brener essayait de ne pas paraitre trop intéréssé. Il avait envie de se défendre face à l'incompréhension de la jeune fille. -” C’est un mouvement dissident qui veut en finir avec les privilèges. ” Les mafias et les politiques se partageaient le gâteau. C’étaient eux les vrais adversaires du peuple anglais.

Bien entendu la sincérité de la religieuse était touchante. Elle était humaniste et un peu naïve. Bien sûr Gustav n’était pas un insensible. Il avait des émotions dans son travail. Seulement, il avait appris à les mettre en quarantaine. -” La mort m’affecte oui. ” La forme de la mort pouvait accentuer ou pas les émotions. Depuis qu’il travaillait il avait vu toutes sortes de dépouilles. -” Je suis plus révolté par la mort d’un enfant ou bien d’une femme roués de coups par un proche. Je trouve que c’est une violence qui me fait plus mal. ” Il pouvait savoir beaucoup de choses sur une personne en prenant soin de sa dépouille, des choses intimes.

Un minimum de diplomatie se faisait de chaque côté pour que leur échange ne s’arrête pas brutalement. Il valait mieux faire un minimum d’effort. Gustav n’avait pas du tout envie de blesser la demoiselle. Il n’était pas un méchant par nature. Lui aussi voulait bien passer sur un sujet moins houleux et plus consensuel. -” Je veux bien me dévouer.” Sinon, Brener savait que ses parents seraient preneurs. Ils aimaient les bons produits en dehors des grandes surfaces.

Les arguments d’Holly étaient valables dans son milieu. Le tech comprenait bien sa manière de voir les choses. Mais, il n’y adhérait pas. Bien que venant d’un foyer croyants, Gus ne donnait pas autant de place à sa foi. Il avait besoin de conserver son libre arbitre. Pour lui c’était le plus important. -” Obéir ? A qui ? A quoi ? Pour que j’obéisse, il faut que je sois convaincu. ” Cela avait parfois posé souci pendant la scolarité. Quand un enseignant n’était pas convainquant il n’avait aucune prise sur le petit Brener. Certaines années avaient été compliquées. -” Et puis l’humilité d’accord, pourquoi pas. Mais c’est important de connaître sa propre valeur. ” Sinon, on se faisait tout simplement exploiter par les autres. Ce n’était pas une vie.

Mais c’était apriori la vie que la demoiselle choisissait. Elle respectait énormément les représentants de l’autorité. Gus trouvait cela dommage. Mais, il n’était pas là pour la juger. Chacun faisait ses choix. -” Ah. C’est assez limité comme choix, quand même. ” Finit-il par souligner sans taquinerie.

-” … d’accord. ” Gus étirait son dos pareil à un animal qui se prépare avant de devoir faire un grand effort. Holly lui demandait de la franchise. C’était de toute façon ce qu’il donnait. Il n’avait pas d’intérêt à la bousculer. Mais, il avait envie de l’aider à réfléchir. A son avis, elle avait déjà fait la moitié du chemin vers l’émancipation. En observant la nonne Brener cherchait la manière d’amener son avis. -” Pour moi, une religion c’est comme une carte.” Il repoussa vers verres pour libérer de l’espace sur la nappe en papier. Il attrapa un stylo dans son sac et traça un carré. -” Un outil, qui peut servir chaque jour, ou pour les grands voyages. ” Il traça l’Angleterre, l’Europe et les océans. -”Une fois qu’on là, on a une vision d’ensemble.”

-”On peut avoir des repères.” Il dessina les points cardinaux sur le coin haut. Puis son regard se concentra sur la religieuse. -”Mais c’est à nous de faire notre itinéraire. Elle ne nous impose rien. Sinon… faut changer de carte. ” C’était une vision qui lui vaudrait énormément de critiques dans certains lieux. Gus s’en moquait pas mal. Il n’avait pas besoin d’une approbation. Il voulait simplement aider cette fille à se libérer d’un dictat… par elle-même.


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Quand Gustav me demanda de préciser les autres groupes dangereux pour la population de Londres, j’haussais les épaules. «Les mafias je suppose, et je ne sais quoi d’autres. Je ne les connais pas tous». De toute façon, quelle importance? Ce serait naïf de croire que Londres n’était pas un nid de vipères quand on creuse un peu. C’est le cas de beaucoup de métropoles il me semble. Faire le recensement de toutes les organisations criminelles était-il seulement possible? Tout ce dont je pouvais être sûre, c’était qu’il fallait s’en tenir loin. «Ce n’est pas avec le meurtre qu’on règle quoi que ce soit», affirmais-je en prenant une gorgée de chocholat chaud.

La violence est peut-être légitime seulement lorsqu’il faut se défendre, mais cela pouvait être interprété de bien des façons différentes. La société a peut-être des défauts qu’il faut régler, mais rien n’est jamais solide quand cela passe par l’oppression. Je trouvais tout de même curieux ce que dit Gustav. «Figurez-vous qu’il y avait peut-être bien des enfants ou des femmes parmi les victimes de l’ambassade. De toute façon, même s’il n’y avait eu que des hommes, ils étaient le père, le frère ou le fils de quelqu’un. Je vous trouve plutôt culotté d’essayer de mettre un prix sur la vie ou la mort de quelqu’un», admis-je, les sourcils froncés. S’il souhaitait être plus révolté par la mort d’un enfant ou d’une femme, simplement parce que la victime connaissait son agresseur, c’était son droit, mais pour moi, c’était une drôle de façon de voir les choses.

De toute manière, j’avais bien compris que Gustav et moi étions très différents, et pensions différemment. Je n’avais pas besoin d’être convaincue pour obéir. Je n’avais même pas besoin de croire, puisque tout était écrit. Tout comme Gustav le faisait avec son stylo, Dieu avait tracé les voies, les destinations et les obstacles. N’est-ce pas plus facile de savoir comment se comporter quand tout est si simple? Quand les règles à suivre, immuables malgré le temps, étaient des chemins tout tracés, pourquoi s’en détourner?

J’hochais lentement la tête, le temps de saisir le message qu’il voulait me faire entendre. «Votre analogie est intéressante», admis-je, avant de l’inciter à pousser son raisonnement plus loin. «Quand on regarde une carte, on suit le chemin qui a été tracé pour nous. Si on s’en détourne, on peut risquer de se perdre, n’est-ce pas? Quel est l’intérêt d’une carte si on ne peut pas s’y fier, ou s’il faut tracer les routes soi-même?» J’avoue que j’étais curieuse de ce qu’il me répondrait.

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