Depuis qu’il avait rencontré Lowri, le juge avait beaucoup réfléchi à la question du surnaturel. Tyler était pourtant un homme de raison. Il prenait ses décisions sur des éléments rationnels. Mais il fallait avouer que la démonstration de la jeune femme l’avait marqué. Cela avait entrouvert énormément de possibilités.
Léandre avait tout de même essayé de mettre cette idée de côté. Il était partagé par plusieurs sentiments contraires. La période était aussi particulière puisque le procès allait bientôt débuter. Bien qu’il soit juge, ce procès le concernait personnellement. Tyler ne s’y rendait pas en tant que professionnel, mais en tant que témoin et victime. Léandre était devenu juge pour voir ce jour arriver… Et il était terrifié. L’ironie était cruelle. Bien qu’il parvenait à la percevoir, Léandre n’en riait pas. Il se sentait juste mal. C’était trop. Les crises de stress post traumatiques étaient revenus. Ce simple élément parvenait à mettre en péril tout ce qu’il avait construit, son quotidien, ses liens, tout. Léandre se sentait vaciller. Puis, il y avait aussi une question d’une simplicité enfantine. Pourquoi ?
Les crises de stress posttraumatiques disparaissaient normalement avec le temps. Si cela avait été en parti le cas, elles étaient pourtant bien présente désormais. Léandre n’en pouvait plus. Ses nerfs étaient usés. Sa mauvaise humeur était devenu permanente, mais il tenait bon. Le juge s’était construit un mental d’acier. Les soutient médicamenteux aidaient aussi. Léandre avait bien conscience de ses travers. Surtout que les anxiolytiques qu’il prenait l’impactait directement. Sa mémoire se faisait moins performante, puis il se sentait aussi de plus en plus dépendant. Il finirait pas s’en passer une fois le procès terminé. Tyler s’en était fait la promesse.
Dans l’obscurité, alors que les murs de sa pensée s’étaient fait plus proche. Léandre avait finit par avoir une idée folle. Et s’il était hanté ? Et si le fantome de son père était revenu ? Les conséquences négatives ne seraient pas une volonté de nuire, mais plutôt une conséquence incontrôlée. Cette idée étrange en tête, Léandre avait finit par se résigner à aller voir Lowri. Il était toutefois assez inquiet de la réaction de cette dernière. Allait-elle le prendre pour un fou ?
En cette fin de journée, le juge avait bien demandé en avance s’il pouvait passer. Tyler était arrivé à l’heure prévue. Il paraissait clair, même si l’angoisse et la peur le rongeaient de l’intérieur. Léandre avait besoin que le procès soit terminé afin qu’il puisse passer à autre chose. Le juge avait pris avec lui la plaque métallique de son père. Une fois dans la boutique, l’aveugle salua la jeune femme « Bonsoir Lowri, tu vas bien ? » C’était une question sincère.
La vie avait tranquillement suivi son cours dans notre petit quotidien un peu étrange et hors norme. J'avais arrêté de jouer la fausse fiancée de Peter, je m'étais réconciliée avec Violet, et je continuais de passer mes semaines entre notre appart à Londres, au-dessus de la boutique, et le chateau de mon duc de petit ami, dans une vie que je n'aurais jamais imaginée avoir il y avait encore un an. Et pourtant c'était là, et c'était chouette. Je m'habituais au jet privé, mes parents et ma grand mère avaient rencontré mon amoureux et l'avaient adoré, même si je ne vois pas comment les choses auraient pu être différentes et ma petite boutique marchait toujours bien.
Les choses s'étaient même améliorées du côté de la mafia, peut-être à cause d'un climat politique qui ne leur était plus favorable... Le fait est que petit à petit les caisses qu'ils entreposaient dans mon sous-sol ont été emmenées, et qu'elles ont moins, voire plus du tout été remplacées, ce qui m'a soulagée d'un grand poids. C'est une chose de savoir que la mafia existe, c'est autre chose qu'elle vous menace et vous force à cacher des trucs pour elle, et s'imaginant que les pires trucs y étaient cachés. Surtout qu'avec la vie politique de Tyrgan, c'était une vraie crainte que tout ça explose au grand jour et puisse lui mettre des bâtons dans les roues que de voir étalé à la une des tabloids friands de ce genre de scoops que sa petite amie qui faisait déjà tache dans le milieu, trafiquait en douce...
C'est donc l'esprit léger que j'étais en train de glisser d'un rayon à l'autre pour répondre aux demandes de mes clients à cette heure tardive, beaucoup de femmes qui voyaient dans la sorcellerie "moderne" un moyen de reprendre confiance en elle, s'affirmer, et leur offrait une forme de spiritualité là où les religions "classiques" parlaient à de moins en moins de gens. Un panier à la main je le remplis avec un paquet de tisane, deux bougies et un livre, les déposant à mon assistante pour qu'elle les encaisse avant de passer à la personne suivante, laissant les autres se promener et musarder à leur rythme. Et là, au milieu de la dizaine de personnes présentes, je reconnais une silhouette familière que je n'ai pas vue depuis longtemps : Léandre. J'avais eu peu de nouvelles, et la dernière fois où j'avais entendu parler de lui était en lisant le journal, quand j'ai découvert qu'un procès allait se tenir, impliquant son père... Je lui avais fait parvenir deux bougies ayant pour but de chasser les ondes négatives et apaiser les angoisses, mais je n'avais pas encore du de réponse. C'était peut-être pour ça qu'il était là d'ailleurs. En souriant je m'approche de lui et remarque sa mine inquiète. Normal vu ce qu'il traverse... Je pose doucement la main sur son avant bras pour lui signaler que je suis là.
Bonsoir Léandre, comment vas-tu! Ca me fait plaisir de te voir!
Jetant un coup d'oeil aux derniers clients je reviens ensuite vers lui.
Ecoute, j'ai un peu de monde à servir, est-ce que ça te dérangerait de m'attendre ici, dans le fauteuil? J'en ai pour quelques minutes à peine et ensuite je vais fermer. On pourra discuter tranquillement! Ca te va?
Je le guide doucement jusqu'aux deux petits fauteuils faisant face à une table basse disposée tout près avant de finir de m'occuper des derniers retardataires, et laissant ensuite mon associée compter la caisse après avoir verrouillé la porte d'entrée. Je m'approche de lui et avant de m'asseoir je lui propose du thé, qu'il accepte. Je vais donc chercher le reste de la tisane que je laisse toujours à disposition des clients, remplis deux gobelets et les dépose sur la table entre nous avant de me laisser retomber dans l'autre fauteuil.
J'ai appris pour cette histoire de procès... Ca ne doit pas être facile... Comment gères-tu tout ça? Tu tiens le coup?
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Etat Civil : En couple avec le beau Tyrgan <3
16.08.21 18:02
Léandre Tyler
Léandre eut un sourire franc. Il répondit calment « ça va. ». Tyler ne pouvait pas dire non plus qu’il allait bien, pas au vu de son état. Mais jamais, il ne s’abaisserait à dire que ça n’allait pas. En tout cas, pas de cette manière.
Au vu du bruit ambiant, le magistrat ne fut pas surpris. Il y avait du monde, plusieurs personnes. Tyler aurait eu du mal à dire combien, mais il détectait bien les autres clients. Il acquiesça « Oui, sans soucis. ». L’aveugle présenta son bras à la voyante et la laissa le guider. La juge était particulièrement précautionneux, conscient que ce n’était pas un environnement prévu pour lui. Pour les non-voyants, énormément de petites choses pouvaient devenir des pièges. Léandre s’était déjà fait mal à de nombreuses reprises. Il avait été forcé d’apprendre à être prudent.
Tyler attendit donc tranquillement, posé, l’esprit ailleurs. Léandre s’imaginait dans son propre palais mental et avait appris à classer sa mémoire comme on classe des dossiers. Le magistrat ne pouvait pas travailler avec des notes écrites. Il était donc contraint de faire avec sa mémoire. Heureusement pour lui, ses capacités intellectuelles suivaient. Léandre avait toujours eu une excellente mémoire, muscle qu’il avait fait travailler et perfectionné. Tyler pouvait faillir, mais il était bien rare qu’il oublie quelque chose. C’était une fierté personnelle.
Léandre accepta la proposition de prendre un thé. Il précisa « J’ai d’ailleurs terminé celui que tu m’as offert, je t’en achèterai avant de partir. ». Tyler en buvait de temps en temps. Cela avait tendance à le tranquilliser. Il en avait aussi ramené à Mélanie qui semblait être tombée sous le charme de cette boisson. « Il m’en faudrait un avec un paquet cadeau d’ailleurs… J’en ai ramené au bureau et ma collaboratrice a beaucoup appréciée. » Il était inutile de dire greffière à l’extérieure. Si Tyler était logiquement son supérieur hiérarchique, c’était aussi une des personnes qui lui permettait de rester terre à terre. Mélanie était un agent fidèle et loyal. Léandre lui offrait son entière confiance.
A la question du procès, Léandre se crispa légèrement. C’était sur toutes les bouches. Dès lors que l’on le reconnaissait, c’était la question qui apparaissait. Tyler avait construit sa carrière pour arriver à ce procès, mais désormais s’en devenait insupportable. Tout le monde lui posait la question, parfois par curiosité malsaine, parfois par réelle inquiétude. Le résultat était que cela poussait Léandre à chercher la solitude tout en ayant le besoin impérieux d’être entouré. C’était une période compliquée. Les nuits étaient des cauchemars, les journées s’éternisaient. Parfois, Léandre se demandaient quel était le pire. Tous se confondait. Tyler n’allait pas bien, il le savait. La magistrat savait qu’il était arrivé enfer. Mais que désormais, il n’avait plus que le chois d’avancer et de réussir. Ce qu’il avait toujours fait. « J’ai l’habitude. ». Peur, angoisse, cauchemars, étaient des compagnons de longues dates. En confiance avec la voyante, Léandre expliqua « J’ai hâte que cela soit terminé, mais je sais que je m’en sortirai. Ce n’est pas un problème. » Tyler était brillant, il le savait. Le juge avait placé ses pions, il lui suffisait d’attendre le moment fatidique pour l’instant.
Léandre avait envie de poser des questions plus personnelles, mais se retient. Il avait tout d’abord besoin que la conversation soit plus avancée… Puis il avait aussi besoin de se rassurer, de se dire que Lowri ne le prendrait pas pour un idiot. « J’ai lu les livres que tu m’avais recommandé et… ça m’a fait réfléchir. J’ai plusieurs questions à ce sujet. » La voyante ne serait peut-être disponible pour en parler maintenant. Après tout le magasin était en train de fermer et elle avait aussi une vie. D’ailleurs, où cela en était-il ? « Les affaires fonctionnent bien ? Et ton compagnon va bien ? » Léandre avait retenu que Lowri vivait une belle histoire d’amour, qu’elle était amoureuse et cela la rendait heureuse. C’était une bonne chose.
C'est une personnalité étonnante que ce jeune juge, que j'ai rencontré plusieurs mois auparavant alors qu'il était clairement suivi dans la rue, de façon clairement pas discrète, et sur le coup, à semer son poursuivant, aidée par deux jeunes femmes, à fuir par la porte arrière de la cuisine, je m'étais crue dans un film d'espionnage, pendant quelques minutes... Un petit frisson d'adrénaline, un soupçon de danger et d'inconnu, c'était quelque chose de plutôt inhabituel et grisant, qui s'est arrêté lorsque je l'ai raccompagné jusqu'à la porte du palais de justice. Entre temps j'ai aussi appris ses déboires dans la presse, et on s'est revus de loin en loin... J'admire des gens comme lui, des gens qui jour après jour arrivent à côtoyer le pire de l'espèce humaine, entendre à longueur de temps des crimes sordides, des affaires horribles, devoir gérer encore et encore des vagues de souffrance, la pauvreté, la violence, des esprits tordus, et y croire. Je suis une éponge, et je sais que je ne supporterai pas cette tristesse constante, cette souffrance permanente sans vraiment de rayon de soleil... mais heureusement qu'il y a des personnes comme lui, plus fortes que moi, qui peuvent encaisser tout ça pour notre bien à tous, pour que la société ait des règles et ne parte pas à vau l'eau...
Alors que je remplis deux tasses de tisane et que je me glisse entre les tables et les rayonnages je me rappelle notre dernière conversation lors de sa venue ici, cette quête spirituelle dans laquelle il semblait s'être lancé, cette curiosité d'en savoir plus sur mon monde, et je me demande où il en est... la réponse viendra bientôt, et je dépose un gobelet fumant devant lui, tout près de ses doigts pour qu'il en sente la chaleur et puisse le trouver tout seul. Je me laisse ensuite retomber dans le fauteuil en face de lui, un sourire sincère aux lèvres à l'idée de le revoir.
Voilà, je suis là!
Je souris en l'entendant dire qu'il a aimé mon petit cadeau et je hoche la tête, avant de me rappeler qu'il ne peut pas me voir, et que je dois verbaliser... c'est dingue le nombre d'habitudes qu'on a à force de n'interagir qu'avec une majorité de valides, on ne se pose même pas de questions sur les difficultés que des gens comme lui peuvent rencontrer au quotidien parce que le monde n'a pas été fait pour des gens comme lui...
Oh ça me fait plaisir si tout ton bureau a aimé! Je te préparerai ça tout à l'heure!
Bon point, si la moitié du palais de Justice aime mes mélanges, ça ne peut qu'être positif sur mes affaires, et m'attirer de nouveaux clients! Pour rester un peu dans le thème du bureau je lui demande de m'en dire plus sur le procès difficile qu'il a en cours et je sens immédiatement une tension l'envelopper, et presque comme un bouclier s'ériger entre lui et moi. Clairement, il est affecté par cette affaire, mais il ne veut pas en parler. Ou tout du moins ce qu'il traverse est difficile... Je penche légèrement la tête et reprends d'une voix plus douce.
Je comprends, ne t'en fais pas. Par contre si tu as besoin de quelque chose pour t'aider à traverser tout ça... Entends-moi bien, je ne parle pas de cocaïne ou autres hein! Mais j'ai des bougies qui chassent les pensées négatives, certains cristaux qui concentrent les bonnes énergies... si tu y crois bien sûr. Ca ne peut pas te faire de mal, seulement t'aider... si t'es prêt à essayer! D'ailleurs tu as pu lire les livres que je t'ai prêtés?
Je suis agréablement surprise de voir que c'est le cas, et qu'il a accepté de mettre ses raisonnements cartésiens et logiques de côté pour s'aventurer vers autre chose, quelque chose de différent, d'inhabituel et d'inconnu que tout le monde ne connaît pas ou n'ose pas connaître. Mon sourire s'agrandit un peu à sa remarque, avant de répondre à sa question.
La boutique tourne tranquillement oui... J'ai une boutique en ligne qui me permet de joindre les deux bouts, car les loyers à Londres sont hors de prix alors ça me permet de faire rentrer un peu plus d'argent sans dépenses supplémentaires vu que j'ai déjà tout ici, je ne me plains pas... Et pour mon compagnon, Tyrgan, il va très bien également... Tout va bien de ce côté, c'est gentil. Et toi alors?
Je porte le gobelet à mes lèvres en l'écoutant, buvant une gorgée de thé encore bien chaud bien qu'il ait été fait il y a plusieurs heures et maintenant que nous sommes totalement seuls, après que Cassandra soit passée dans le bureau, je me penche un peu vers lui.
Alors, dis-moi, quelles étaient les questions que tu te posais, je t'écoute!
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27.09.21 11:25
Léandre Tyler
Et lui ? C’était une bonne question. Une question que peu de monde posait. La vérité était qu’il était amoureux d’une femme qui ne l’aimait mais qui voulait continuer de le fréquenter. Léandre botta en touche « Rien de particulier à signaler. » Tyler n’était pas malheureux, loin de là, mais la vie le modèle de vie famille classique ne lui correspondait pas. Il n’aurait pas d’enfant, c’était une chose évidente. Léandre n’avait pas envie d’en dire plus.
Le magistrat eut un moment de doute. Mais s’il était venu là, c’était bien pour échanger. Il expliqua « Tu l’as sans doute lu dans la presse, mais mon père a été assassiné quand j’étais adolescent. » Les mots étaient clairs, mais ils restaient toujours difficiles à dire. Léandre n’avait pas envie de s’étendre sur le sujet. Pourtant, s’il voulait être compris, il fallait bien qu’il le fasse. « J’étais présent ce jour-là. ». Il laissa un temps, celui qui était nécessaire comprenne ce que ces quelques mots signifiaient. « J’ai perdu mes yeux. » Et tellement plus. « Cela fait 11 ans, mais ces souvenirs sont toujours très présents chez moi… Je me suis soigné, j’ai fait tout ce qu’il fallait, mais cela continue. » Léandre était fatigué de tout ça. Il ne pouvait pas être heureux dans de telles conditions.
Tyler se redressa « J’aimerai savoir… S’il n’y aurait pas une autre explication. Autre chose que la médecine et les sciences ne puissent pas expliquer. » La psyché humaine était déjà assez compliquée pour être comprise. Léandre était désespéré. « Je me demande… si je ne suis pas littéralement hanté. » De sa main droite, le juge lâcha sa tasse et mit la main dans sa poche pour attraper les plaques militaires de son père. Léandre savait que ce n’était pas très sain de se balader avec ce genre de souvenirs, mais cela lui permettait d’aller mieux. Il ramena l’objet à la lumière. Le magistrat était totalement perdu.
Il y a parfois des gens que le destin remet sur ma route et souvent je prends ça pour un signe... ma vie entière est faite de signes, de petits détails, d'événements particuliers qui me font lire les choses là où les autres ne voient rien, comme une sorte de langage que j'ai appris à parler et à comprendre, grâce à ma grand mère... Déjà notre rencontre, le fait de l'avoir tiré des griffes du type qui le suivait, puis les quelques fois où on s'est revus... Je suis convaincue que quand on croire quelqu'un comme ça, souvent, sans vraiment que ce soit prévu ou planifié, c'est que cette personne a un rôle à jouer dans notre vie et réciproquement, comme si la vie, le destin, que sais-je, nous proposait les outils nécessaires pour nous aider, nous faire régler certains problèmes, à condition de savoir où regarder... un peu comme le tapis roulant d'un restaurant de sushis... tout passe, mais il faut être attentif pour avoir celui qu'on veut.
Et à revoir Léandre dans ma boutique me fait me dire que ça sera peut-être ainsi avec lui, un lien qui se tisse petit à petit sans que je sache encore quelle forme il va prendre sur le long terme. Encore un autre point que la vie m'a appris : ne pas trop planifier, laisser venir et accueillir toutes les bonnes surprises...comme sa visite. Je m'empresse donc de l'installer, servant du thé et nous lançant rapidement dans une discussion sur ce que sont devenues nos vies depuis la dernière fois, de façon tranquille et simple. J'avoue que c'est agréable quand les choses se passent sans complication, c'est reposant même... Je résume rapidement mes petites affaires avant de m'intéresser à lui et à la raison de sa venue. On parle du procès qui vient de se finir et je sens ma gorge se nouer en en apprenant plus sur lui et ce qu'il a traversé. Mes mains serrent le gobelet en papier un peu plus fort en l'écoutant et je secoue la tête, plus pour moi que pour lui.
Mon dieu, je suis vraiment désolée... je n'imagine pas à quel point ça a dû être terrible... J'espère simplement que ce procès terminé, tu as pu retrouver...un sentiment... de paix, de clôture si on peut dire... que tout était terminé à présent. Mais je t'admire pour avoir continué malgré toutes ces épreuves et être arrivé là où tu en es... chapeau!
Pour lui montrer ma sympathie je pose ma main sur son avant bras, une zone neutre, ni agressive, ni trop intime ou invasive. Un contact que j'essaie de rendre apaisant au maximum. On change de sujet et il semblerait qu'il ait commencé à s'éveiller à la spiritualité et ait besoin d'un guide dans ce nouveau voyage. Comme je le comprends, si j'avais du affronter ça toute seule, j'aurais été perdue moi aussi... Je me retiens de sourire à sa question : bien sûr qu'il y a beaucoup plus autour de nous que ce que la science... peut-être qu'un jour la science avancera suffisamment pour expliquer les esprits, les intuitions et autres mais pour l'instant tout ça reste dans une zone de flou de ce qui est encore à découvrir, comme les grandes profondeurs de l'océan.
Bien sûr qu'il y a autre chose... il y a encore tellement de choses qu'on ne peut pas expliquer mais qui sont là. Un jour peut-être!
Il me parle ensuite du fait d'être hanté et je fronce les sourcils, surprise. C'est étonnant venant de quelqu'un d'aussi cartésien mais je ressens aussi le poids que ça a dû représenter pour lui le fait d'admettre qu'il y avait quelque chose, un soupçon, et venir me voir. Et je l'observe sortir des plaques militaires de sa poche avant de jouer légèrement avec.
C'est possible... Mais qu'est-ce qui te fait penser ça? Qu'est-ce qui s'est passé? Si tu veux en être sûr je pourrai utiliser ma magie pour vérifier...
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03.11.21 18:04
Léandre Tyler
De l’admiration ? C’était un commentaire fait régulièrement auprès du juge. Mais si Léandre pouvait être fière des notes qu’il avait eu pendant ses études, ce n’était pas le cas du reste. Tyler s’était comporté de s’être manière pour survivre. A de nombreuses reprises, il n’avait pas eu le choix. L’échec n’était pas envisageable. Au geste de Lowri, le magistrat comprenait très bien que la commerçante était armées de bonnes attentions. Mais Léandre était toujours partagé. L’admiration était un parfait sentiment pour se justifier de son inaction. Tyler était aveugle, on le félicitait car il arrivait à se débrouiller, mais lorsqu’il fallait prendre des décisions pour aménager les locaux de manière adapté, il n’y avait plus personne. Aussi gentille qu’elle pouvait l’être Lowri ne pourrait pas comprendre. Du moins, Léandre n’avait pas l’énergie pour lui expliquer ce qu’il ressentait vis-à-vis de son handicap. C’était un effort qu’il n’avait pas envie de faire pour le moment et ce n’était pas le sujet. Le juge se contenta de sourire.
A la dernière question de la médium, Léandre se figea un instant. Les plaques métalliques de son père dans les mains, il ne savait pas comment expliquer. Profondément mal à l’aise, le juge se positionna de nouveau sur son siège. « Je ne sais pas comment expliquer… » Il n’était pas non plus certain de vouloir partager tout ça. Léandre se plia légèrement en avant, tout à fait conscient que sa posture témoignait de sa détresse émotionnelle. Il tourna la tête, évitant le regard de Lowri alors même qu’il ne pouvait pas la voir. Son cœur se serra. Est-ce vraiment une bonne idée. Il serra de nouveau les plaques métalliques entre ses doigts. Il prit une respiration, prit le temps de calmer le flot brouillon de penser et de sentiments. Léandre prit enfin la parole. « Tout d’abord, je ne suis pas fou, ni dépressif, ni atteint d’une maladie mentale. » Il continua « Lors de l’Accident, il n’y aucune conséquence sur mes capacités intellectuelles non plus. » Tyler avait fini par accepter d’être diminué physiquement, mais il n’aurait pas pu accepter que cela impacte son intellect. Léandre se redressa puis se posa de nouveau au fonds du siège. Il était venu pour s’exprimer, pour savoir si cette histoire de fantôme pouvait être crédible, ce n’était pas le moment de reculer.
Léandre se sentait mal à l’aise, profondément en difficulté. « Après l’Accident… C’est comme si… Enfin… » Merde, il se sentait ridicule à expliquer les choses de cette manière. Tyler ne sentait pas capable de se jeter à l’eau. Il avait peur, il se sentait mal. « Il y a eut des moments plus difficiles que d’autres, des moments très dures même… mais ce que je veux dire, c’est que je ne suis pas malheureux. » Clairement, le magistrat rencontrait bien des problèmes au quotidien, mais c’était le cas de tout le monde. « Mais… » Ce mais voulait tout dire et Léandre n’était pas certain de vouloir montrer une telle faiblesse à quelqu’un d’autre. Pendant un instant, il se tu. Ce n’était peut-être pas encore le moment… Mais Léandre voulait vivre, vraiment vivre. Il en avait assez de ne pas être bien. C’était épuisant.
Confus, il tenta d’expliquer « Pendant mon hospitalisation, j’ai consommé différentes drogues. Je sais ce qu’est un phénomène d’addiction… » Léandre aurait voulu être partout ailleurs plutôt qu’ici. Il pourrait très bien partir, prétexter n’importe quoi. Il se jeta presque malgré lui à l’eau. « Je ressens la même chose vis-à-vis de certain lieu, mais c’est par rapport à la mort en général… Et plus précisément à ma propre mort. » Les choses étaient dites. Il nuança immédiatement « Je ne suis pas suicidaire… Du moins, je ne le suis plus. Je ne sais même pas si je l’ai vraiment été. » Clairement, Léandre était perdu. C’était trop compliqué. Le magistrat n’en avait jamais parlé avec personne. Il ne voulait pas être pris pour un fou. « Je sais que c’est quelque chose de normal après des évènements comme l’Accident, mais là, c’est différent. » Accepter de vivre était parfois difficile. Léandre ne savait pas comment expliquer. « Je ne sais pas si je suis claire… cela doit paraître comme incompréhensible, mais c’est comme s’il y avait une part de moi qui restait là-bas et qui me demande de la rejoindre. » La main sur son front, Léandre aurait voulu disparaître. « Ce n’est pas une pulsion, mais c’est quelque chose qui m’attire… Et qui est plus ou moins forte selon la période de l’année, du mois même, la météo… » A la date d’anniversaire de la mort de son père, selon l’état de la lune, même s’il pleuvait beaucoup ou non… Il n’y avait pas assez d’éléments logiques pour que cela puisse justifier de telles douleurs. Léandre s’en voulait de si mal réagir. « Dans les moments les plus forts, c’est comme si la tristesse se logeait dans mes os… Comme si j’avais de la glace qui se créait dans mes veines… Comme s’il y avait des larmes qui coulaient de l’intérieur de moi… » Tyler réprima un rire nerveux. Cette discussion l’angoissait. « Je sais que cela parait complétement surréaliste, mais je ne suis pas fou. » Non, il ne l’était pas. Il avait eu suffisamment de suivis psy pour éliminer cette possibilité. « Dans ces cas-là, je prends des anxiolytiques et j’attends que ça passe… » Il prendrait des boites entières s’il n’était pas rationner. « Cela arrive surtout la nuit, sauf lorsque je dors avec quelqu’un… Dans ce cas, il ne passe rien. » De ce fait, Léandre avait une période complétement arrêté de dormir seul. Au centre de rééducation, il avait dormi systématiquement avec Victoria. « Avoir cet objet sur moi m’aide aussi… » Les plaques d’identification de son père ne le quittaient plus depuis des années. Si Léandre avait du mal à faire son deuil, c’était surtout vis-à-vis de lui-même. Tyler ravala ses larmes, il avait déjà trop pleuré pour cette situation. Il termina « ça me bouffe, ça me vole mon temps, mon énergie… » Il soupira « Je suis fatigué Lowri… »
En l'observant, si jeune et si élégant dans sa tenue de juge en civil, assis en face de moi autour d'une tasse de thé, je me demande ce que j'aurais fait dans son cas, à sa place. Bien sûr ma vie n'a pas été un long fleuve tranquille, j'ai aussi connu mes galères mais elles étaient clairement de la rigolade, car même si je décidais de lâcher un boulot, de vivre une semaine dans le noir parce que j'avais oublié de payer la facture d'électricité ou ce genre de trucs, je savais que quoi qu'il arrive, j'aurais toujours des endroits où aller et des gens sur qui compter. Je sais que peu importe les conneries que j'aurais toujours pu revenir chez ma grand mère (à part des trucs vraiment graves comme tuer quelqu'un, un braquage de banque ou autres) ou chez mes parents et même si j'aurais eu droit au sermon du siècle, j'aurais trouvé un plat chaud sur la table et mon lit où dormir à nouveau, entourée de mes peluches et mes posters d'ado. Je suis et j'ai toujours été entourée et je n'ai jamais eu à faire avec le vide avec lequel il a du vivre... perdre quelqu'un d'aussi proche, c'est comme le pilier d'une maison qui disparaît, et forcément, la bâtisse tient moins bien, et c'est d'autant plus dur de se construire comme ça... Et je vois sur son visage cette gravité que les gens de son âge n'ont pas d'habitude, que moi-même je n'ai pas, protégée de ce qu'il a eu à vivre et à traverser. Privilégiée parmi les privilégiés, mais je l'assume et je suis la première à reconnaître la chance que j'ai toujours eue... J'ai même réussi à sortir avec un duc alors...
J'admire sa fierté et sa ténacité même si je le connais à peine, le fait qu'il ait continué, malgré tout, qu'il ne se soit pas laissé abattre et qu'il soit arrivé là où il est à présent, à la prestigieuse fonction de juge à même pas trente ans. Alors que moi je ne suis qu'une "pauvre" tenancière de boutique ésotérique. Et malgré tout ça on dirait qu'une autre pierre s'ajoute au poids de tout ce qu'il doit porter, quand il commence à me demander si en gros, il pouvait être hanté... Etrange, très étrange, je suis à la fois curieuse et inquiète pour lui... et là j'ai surtout le sentiment qu'il doit parler, qu'il veut un peu relâcher ce qu'il a sur le coeur, ses inquiétudes et ses doutes, et que là tout de suite, je dois être la seule personne de son entourage un tant soit peut capable de comprendre et de pouvoir l'aider. A ne pas le prendre pour un fou car mon monde est peuplé d'esprits et d'intuitions, de signes et de présages... Il se voûte un peu, se recroquevillant sur le fauteuil alors qu'il cherche ses mots, jouant nerveusement avec les plaques militaires entre ses doigts et je le laisse faire, je le laisse venir. Ce n'est surtout pas le moment de le presser, car à oser se livrer, il s'expose dans toute sa fragilité et ça serait dévastateur s'il se retrouvait blessé à un moment où il est aussi vulnérable.
Les gens qui croient aux phénomènes paranormaux et qui en ont fait l'expérience ne sont pas fous... C'est juste...une sensibilité différente des autres qui nous permet de voir, d'entendre ou de sentir ce que les autres ne saisissent pas... mais ça peut être dur, surtout quand on est seul... D'être incompris ou jugé...
A nouveau je me mets en posture d'écoute, le laissant avancer à son rythme dans ce qu'il veut me dire, dans sa confession. Pourtant la suite m'intrigue et je crois qu'il est la première personne à évoquer de telles choses... je me demande si la cause de ce qu'il ressent est vraiment surnaturelle, ou si tout ce qu'il a subi ne l'aurait pas gentiment poussé vers une dépression qu'il camoufle autant qu'il peut... mais je ne suis pas psy et habilitée à poser des diagnostics... Sa détresse semble de plus en plus profonde et intense à mesure qu'il parle, comme s'il otait petit à petit les murs qu'il avait bâtis entre lui et le monde, me laissant accès à une partie de lui qu'il ne montre pas souvent... et ma gorge se noue à le voir, à l'entendre, alors que je tends la main pour prendre la sienne, simplement, lui montrer que je suis là et l'encourager à continuer. Quand je comprends qu'il a fini, après que ses dernières paroles aient flotté dans l'air quelques secondes et soient retombées, comme des plumes voletant doucement avant de se poser sur le sol dans un murmure, je me racle doucement la gorge avant de reprendre.
Merci de t'être ouvert à moi... Je me doute que ça n'a pas été facile... Pas du tout même. Par contre je vais être honnête, je ne peux pas te garantir que ce soit un fantôme qui soit derrière tout ça... Il n'y a pas de manuel et de cas pratiques... pour chaque esprit c'est différent, ils peuvent s'exprimer de façons différentes et être gérées de façon différentes aussi donc... Je ne peux pas te promettre que j'aie la solution et que tout va s'arranger par magie. Ca serait te mentir et je n'aime pas ça. Par contre, ce que je peux te promettre c'est d'essayer d'éliminer cette piste, parce que ça, je peux faire. On peut tenter de faire une séance de spiritisme pour voir s'il y a un esprit qui en a après toi, ce qu'il te veut, et ce dont il a besoin pour te laisser en paix... Est-ce que... est-ce que demain soir ça t'irait? Je peux venir chez toi, ça sera plus simple et en plus je serai directement sur les lieux... Peut-être que l'esprit dont tu parles, si ça en est un, est lié à l'endroit où tu vis, et qu'il se manifestera plus fort qu'ici. Je ramènerai tout ce qui est nécessaire. Qu'est-ce que tu en dis?
Profession : Medium, tient une boutique ésotérique
Etat Civil : En couple avec le beau Tyrgan <3
09.11.21 19:25
Léandre Tyler
Les propos de Lowri étaient rassurants. C’était une bonne chose qu’elle ne le remette pas en question. C’était déjà suffisamment difficile comme situation… Puis Léandre savait très bien à quel point ne pas être cru pouvait être terrible. Il en avait subi les conséquences, jusqu’au moment où c’était devenu insupportable. Plus jeune, avant qu’il ne soit remis de tout ça, Tyler avait tenté de mettre fin à ses jours. C’était Victoria qui avait senti le coup venir et qui était intervenu avant que cela soit trop tard. La cicatrice était toujours là, fine, irrégulière et léchant son poignet. Léandre pouvait la sentir en passant son doit dessus. Il était rare qu’un voyant la remarque. Ce qui était une bonne chose.
La médium avait les mains douces. Son contact était tranquille et rassurant. Tyler se sentait en sécurité. Il émanait de la voyante un caractère particulièrement bienveillant, franc et protecteur. Léandre était habitué aux vipères du palais de justice ou aux personnes bien plus écrasante. Ce n’était pas la force, ni la volonté de vaincre, ni la hargne qui caractérisait Lowri. C’était agréable.
Léandre écoutait calmement son amie. Il était venu avec beaucoup d’espoir, bien plus qu’elle ne pouvait ne lui en offrir. Mais Tyler s’en contenterait. Il recherchait la vérité et il savait bien à quel point elle pouvait être décevante par moment. Le magistrat reprit son positionnement initial, plus à l’aise. « Cela me convient parfaitement. » Demain soir, les choses seraient réglées. Tyler allait faire bouger quelques éléments de son emploi du temps, mais c’était une bonne chose. Il savait ce qui était le plus important. « Je ne sais pas s’il sera possible de trouver des réponses… Mais j’espère que cela me permettra au moins de supprimer des hypothèses. » Quand rien ne fonctionnait, l’absurdité prenait sens. Léandre fut silencieux quelques instants. Cette simple discussion lui avait déjà mis les nerfs à rude épreuve. Pourtant, il prit le temps de tout de même continuer à parler avec la médium. De tout, de rien, de choses plus futiles mais importante pour tout être humain. Après une bonne demi-heure, le magistrat termina par saluer Lowri et de donner une heure ainsi qu’une adresse pour le lendemain.
