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Pour la beauté du geste ( Andrew P.)
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Andrew écouta en silence l’anecdote d’Eva, le signalant par un hochement de tête visible et ostentatoire, sans pour autant y répondre immédiatement. Et lorsqu’elle pris son bras il reposa sa main libre sur la sienne un bref instant. Ce petit geste de soutien, aussi futile et insignifiant fut-il, pouvait avoir un effet plus profond que les tirades d’une myriade d’experts et psychologues. Il n’en restait pas moins intérieurement horrifié.
- Et vous voilà debout, avec l’assurance d’un régiment de dragon, nota-t-il, préférant ne pas presser cette histoire de vie pour le moment. Quant à mes pulsions dangereuses… Vous semblez y être curieuse. Vous nourrissez-vous des histoires ? sourit-il.
Dans les méandres de l’esprit d’Andrew, une note de plus vint habiller le concept d’Eva. Quelque part, il se demanda si elle était partie consulter un confrère ou une consœur concernant ses agissements. La police n’était pas toujours la première à y penser, surtout il y a plus de vingt ans. Deux décennies et sans aucun doute avait-elle encore la chair de poule à y penser. Le sourire disait long sur la courte durée du sujet, qui, pour Andrew, eu l’effet d’une confidence.

- Je sais que vous vous acquitterez de ce défi, ou du moins je vous le souhaite, taquina-t-il.

Une fois attablé, la carte en main, Andrew sourit. Il eut eu les bonnes informations. La carte séparait les chauds des froids, avec la mention des plats particulièrement... « caliente ». Quelque part, il avait déjà une idée en tête sur son premier choix. Plutôt que de commander l’entier de la carte d’un trait, l’esprit tactique de l’anglais avait opté pour plusieurs commandes. Restait à choisir la logique des plats. Andrew pinça son index et son pouce, avant de les poser sur le centre de sa moustache et la lisser, faisant passer la pression de ses doigts jusqu’à la commissure de ses lèvres. De là, les doigts repartirent l’un contre l’autre d’un geste vif, avant de remonter avec phlegme recommencer une seconde fois répéter le geste. C’était un de ces gestes lancés par le subconscient, trahissant l’esprit d’Andrew lancé en plein vol. Il avait prévu, comme le gentleman qu’il pensait être, une bonne partie de la seconde soirée. Il était ainsi. Les études s’en étaient accommodées, et l’armée l’avait buriné dans son crâne.
Donc, le choix était relativement simple, lui rappela son esprit après ces trois secondes de réflexion. Histoire de marier l’Italie et l’Espagne, il suivrait le cheminement d’un repas traditionnel de la Botte, avec les plats ibériques.

Ses lunettes, parties dans sa veste depuis la galerie, retournèrent sur son nez, et il regarda par-dessus elles, s’esclaffant d’un petit rire à la question de l’italienne.

- Ne le saviez-vous pas ? Les anglais ne savent pas cuisiner, plaisanta-t-il. [color=#0cb241]Cela dit, je défends un bon osso bucco ! Pâtes fraîches maison et le reste qui suit. Accordé, concéda-t-il levant une main en reddition, je ne le fais pas souvent, et j’aime la simplicité au quotidien.

Se préparant à commander à la suite d’Eva, Andrew fini par hausser les sourcils, pris par surprise, il ne se rend pas immédiatement compte que sa comparse a commandé, et qu’il est attendu pour la suite des opérations.

- Ah ! s’exclame-t-il confus, revenant la réalité, le serveur lui souriant un brin moqueur mais sans méchanceté.

Repoussant sa carte, et bien incapable de parler la langue du Cid, Andrew s’exprima en anglais, commençant par demander des tapas à base de poissons. Le serveur parti, machinalement l’anglais se repris pour s’asseoir un peu plus droit, un peu plus à l’aise.
En replaçant ses lunettes dans leur étui, l’étui à l’abri dans sa veste, il se gaussa à la question. La soirée continuait, et elle mettait la troisième. Une façon de démontrer ses capacités de déductions, et en faire part à Andrew. « On me la fait pas » survolait cette question.
Il entrelaça ses dix doigts, les avant-bras sur le bord de la table. Selon sa réponse, il allait finir plus vite que prévu sur la piste, il n’en doutait absolument pas. Un rapide regard autour de lui, comme si sa réponse était un secret.

- Eh bien, peu vous échappe ! A vrai dire, vous ne le savez sûrement pas, Charlotte adore danser, notamment la salsa et le rock. Devinez qui a été son cobaye à la maison lorsqu’il n’y avait pas cours ?

Riant de bon cœur, Andrew dû admettre que cette passion pour la danse l’avait légèrement contaminé. Mais ces années étaient désormais loin derrière lui, et il se demanda d’où pouvait venir cette image de lui dansant.

- Mais ces années sont loin dans mon passé, je ne suis pas certain que cela revienne comme le vélo.

Il marqua une pause.

- Pour revenir à votre question de danger, soupira-t-il, lissant sa moustache à nouveau, je pense que la palme revient à quelques actions durant mon service aux Malawi.

Évidemment la fameuse nuit fit son apparition dans son esprit. Bien sûr il eut, l’espace d’une seconde, l’odeur de la jungle sous la pluie, le brûlé de la poudre, la sueur et la peur. Un écho du passé fit étalage du son d’armes, de cris. Puis un flash, succinct de sa médaille épinglée sur l’uniforme. Cette nuit sur le continent africain, il avait réussi à s’en détacher, distancer. Cela ne signifiait pas oublier, simplement faire la paix. Comme il l’avait appris académiquement puis dans la vie, les traumatismes étaient forgés dans la chair. Cependant, il était possible de vivre avec, faute de les chasser. Les apprivoiser pour ne pas les subir comme un mauvais orage. Comme tout initié de la profession de l’esprit, Discerner le conflit en Andrew requérait un savoir-faire propre au domaine de la psychologie, son masque impassible et bon vivant étant non seulement tenace mais plus vrai que nature.

- Je ne ferai pas l’insulte de demander comment une italienne danse, cela va de soi, reprit-il voulant chasser de cette table quelque esprit funeste qui veuille s’en approcher. Je présumais une inclinaison latino, mais, le rock acrobatique ? Ou trop vieillot?

Reprenant l’aise, il avait repris sa pose, avant-bras sur le bord de table, doigts entrelacés. Un rapide et réflexe coup d’œil s’en allait inspecter les gens passant non loin, dont les couples sur la piste. Visage. Ceinture. Chaussures. Il y avait quelque chose de guerrier dans un des couples. Non pas un conflit, mais un défi, comme si chaque pas lancé à l’autre voulait déclencher une réaction. Un parallèle avec la capoeira, cet art-martial brésilien basé sur la danse, sonna une petite alerte dans le crâne d’Andrew, qui se dit d’en faire une note mentale. Pour le moment, il se recentra sur Eva, avec, il fallait l’admettre, l’envie de mordre dans ces tapas.
Le serveur revenait, il le voyait du coin de l’œil, avec la bouteille commandée…
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10.09.19 11:39
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Pour la beauté du geste
Eva & Andrew

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Ils s’amusent l’un de l’autre. Au point que Castelli se demande si Charlotte ne l’a pas maintenue loin de son frère à dessein. N’avait-elle pas pressenti une entente dont elle ne voulait pas qu’elle voit le jour ?
« J’adore les histoires ! » Chantonna l’Italienne. Elle se pencha alors pour baisser d’un demi-ton. Elle confie une opinion forgée par l’observation des gens. Avoir peur, rêver, sortir du réel ou tout simplement l’adoucir. Quelque soit le but final, tout le monde aime se raconter des histoires. « Tout le monde aime les histoires. C’est d’abord par son histoire qu’un objet d’Art a de la valeur. » Un acheteur paiera autant une toile que son vécu. Pour certains clients c’est même le plus important. Ils pourraient débourser une fortune pour obtenir un objet d’une scène historique. Castelli comprend. Elle aussi connaît cette fièvre étrange. Que ne fait-elle pas pour trouver un modèle de voiture qui lui plait ? « Mais ce que je préfère c’est écrire les prochaines. » On peut se figurer qu’une marchande d’Art vit dans le passé. Là où les Classiques et les Chefs-d’Oeuvres ont eu le temps de trouver leur notoriété. Eva Castelli est très peu nostalgique. C’est une femme d’affaire visionnaire. Sa carrière s’est faite à grands coups. Elle n’a jamais fait l’économie du risque. Elle cherche et va plus loin que ce qui est attendu. C’est probablement en grande partie pour cela qu’elle est dans la course depuis tout ce temps. « Ca a un côté fascinant. » La fascination n’est jamais aussi forte que quand elle s’accompagne d’une victoire.
Eva s'imprègne maintenant des présences qui auréole la table. Le métier réclame beaucoup de déplacements. Un éternel Tour Du Monde à la conquête des trésors. Les jours et les nuits sont rythmés par ce mouvement. La cuisine à des plats simples et rapides e à un cursus de cours de cuisine mensuel. Quand elle peut y aller. Dommage car elle aime ça. Une question de choix. Elle lorgne Andrew, mi taquine, mi complice. « Et comment obtient-on une dégustation ? » Chaque fois qu’elle réintègre la vie ordinaire Castelli a envie d’y goûter un peu plus. Jusqu’à ce qu’une fabuleuse chasse aux Merveilles lui fasse oublier ce désir. De toutes les façons, elle ne sait pas comment faire autrement. « Je pourrais même être en charge du dessert. » Car le peu que la dame sait faire est systématiquement réussi. C’est une question de fierté et de satisfaction. Rien ne sert de faire à moitié.
Le poisson est une bonne option selon elle. Elle présume, aux odeurs de cuissons qui flânent dans l’air, qu’il sera bon. Elle s’en fait l’idée pendant qu’Andrew range ses lunettes. La pondération de tous ces gestes dénote une maîtrise de soi. Celle de ceux qui savent de quoi sont capables des mains. Ce qui lui fit se demander Mr Paddington a-t-il les mains sales ? Avait-il déjà tué un être humain, un être vivant ?
La question fût sans réponse tant le rire de cet homme pris soudain toute la place. Eva ria avec lui. Elle imagina tout de suite la fratrie à l’exercice. Charlotte avec sa petite rigueur professorale. Lui tentant de répondre à l’attente. « Voilà un secret dont je ferais un bon usage. » Elle avança son buste vers l’avant. Les bras posés sur leur table. La posture encore plus détendue. Une lueur mutine éclairci son regard. La prévention d’Andrew a quelque-chose de charmant. « Une chance que ce soit une excellente pédagogue. » Il est avéré que Castelli possède un esprit assez inventif pour trouver un chemin vers l’autre. Les rares leçons qu’elle a donné à des apprentis ont plut. « Ne vous inquiétez pas de ce détail. » Rassura-t-il le beau cobaye.
La salsa n’a rien à voir avec les danses traditionnelles auxquelles songe l’Italienne ensuite. « Malawi. Malawi… Humm. » Castelli a une bonne visualisation du monde. Une vraie connaissance géo-politique qui est indispensables pour faire commerce. Elle est plus informée que la moyenne des gens. Peut-être un peu plus cultivée aussi. Des images des manifestations de 2019 lui arrivent. Les épidémies qui ravagent la région depuis des années. Le Sida. Mais aussi de splendides peintures murales préhistoriques. Un musée sur l’art tribal. L’Afrique de l’Est est un terrain qu’elle connaît mal. Le Mozambique, en frontière, lui un rien familier à cause d’un collectionneur particulier. Un Portugais qui a profité de sa fortune familiale pour se faire un petit empire dans les boissons gazeuses dans la région. Il avait exigé qu’Eva fasse le voyage pour conduire la première transaction. Le courant été passé. Eva avait déjà -poliment refusé trois invitations dans la splendide demeure du client. « Les gens y sont-ils aussi gentils que cela se dit ? » Lui demanda-t-elle avait de le laisser battre en retraite sur un terrain moins glissant.
Il va de soi en effet, que les Castelli sont des danseurs. On apprend à danser au jeune âge. Le village de son enfance avait peu de choses, si ce n’est la fête et la danse, pour divertir les paysans et les bourgeois en même temps. « Pas du tout haha ! Mon dieu si vous trouvez cela vieillot vais-je oser vous parler de la Tarentelle, de la Valse ! » Elle s’écarte alors de la table pour que le serveur dépose les verres et le vin. Elle le regarde préparer le verre. Avec un sourire amusé elle s’en saisit. La saveur du spiritueux taquine ses papilles. Elle approuve le crue d’un sourire et remercie. Ses yeux suivent le service fait. Elle reprend le fil de la discussion en prenant le verre en main. « Adolescente j’ai eu une vraie passion pour le Twist. » La passion était allée jusqu’à une compétition de danse. Elle avait eu la seconde place au concours national en 1996. « C’était terrible! » Le temps, la maladie de sa mère, ont eu raison de ce beau départ. Mais Eva n’a pas de regret. Jamais elle n’aurait pu aller dans le milieu professionnel.
« À cette belle soirée ? » Trinqua-t-elle radieuse. Le cliquetis des verres s’effaça sous la musique ambiante.


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13.09.19 17:31
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Il y avait dans le discours d’Eva, quelque chose qui fit s’allumer dans le crâne d’Andrew, une lanterne rouge. Eva parlait d’écrire les prochaines histoires, plutôt que se contenter de s’abreuver celles déjà existantes. Il fallut à l’anglais quelques temps avant de comprendre pourquoi elle avait pu dire une telle chose. Pour le moment la notion il la trouva romantique, comme les auteurs du genre éponyme. Il vit l’espace d’un instant, Eva se dresser au bord d’un Fjord, face à l’océan. Une toile en soi, qui fit relever le coin de ses lèvres. Restait à savoir si ces histoires qu’elle comptait écrire d’elle-même, étaient destinées à sceller une empreinte dans la mémoire collective, ou simplement pour la gloire personnelle. Cette petite fierté qu’aurait un ingénieur en passant devant le pont qu’il construisit un demi-siècle auparavant. Cette notion, que chacun devait laisser un héritage, une trace de son passage sur terre, semblait si abstraite à Andrew. Lui qui avait vécu l’écrasante majorité de sa vie d’adulte dans le rang, là où le groupe est victorieux, l’égo personnel rangé au placard. Certes il existait les rivalités nécessaires et saines que toute personne soumise au stress peut développer, mais il n’existait pas d’unité personnelle. Une notion qui manqua à Andrew sur la fin, et dont il jouissait pleinement depuis son départ.

A la question redoutée, qu’il attendait, lui faisant presque regretter son arrogance et étalage de ses compétences, le psy dévissa légèrement le cou sur le côté, le menton piqué de quelques degrés vers la nappe. Il laissa ses yeux trainer sur les mains d’Eva, car il commençait souvent par les mains, grandes révélatrices, avant de détaler dans les yeux d’Italie. Laissant une pause dans la conversation d’une seconde ou deux, elle profitait pour proposer le dessert. Ce à quoi il haussa imperceptiblement un sourcil. La mine aussi sérieuse qu’un avis de décès, renforcé par cette moustache qui assombrissait sa bouche.

- Une dégustation hein ?
Andrew laissa planer son sérieux un court instant, gardant la mascarade quelques secondes. Finalement le masque chut, les yeux incapables de mentir plus longtemps. Car malgré l’inaptitude culturelle à cuisiner, l’osso bucco était un des plats rares qu’Andrew réalisait – qui soit un tant soit peu complexe et sortant de l’ordinaire – il était sujet d’une grande application. Andrew sourit, amusé de lui-même de faire front avec autant de sérieux pour une question à la réponse simplissime.
- Et bien, en remettant le couvert pour une soirée comme celle-ci, c’est plus qu’envisageable. Le seul défaut serait qu’il faille retourner au nord de Londres pour rallier ma cuisine.

A la mention que ce soi-disant secret du passé de danseur involontaire d’Andrew, était bien gardé, un sourire en coin de connivence revint remuer la moustache d’Andrew. Ajouté à ça, une exclamation amusée, alors qu’Eva appelait Charlotte pédagogue. D’ailleurs il dressa un doigt, l’agitant comme un professeur qui corrige une copie dont un détail s’écartait de la bonne réponse.

- Je vais, répliqua-t-il en marquant une légère pause, rieur tout d’abord préciser que Charlotte, adolescente, était bien plus autoritaire et inversement patiente. Une adolescente agitée et vivante !

Et quelque part, le fait que la fourbe et maligne italienne tente de le rassurer de ne pas s’inquiéter, ressemblait plus à une fausse rassurance, et plus à une promesse de « nous irons danser ». C’était prévu, Andrew avait choisi l’endroit sur demande, et s’était appliqué à prendre un lieu qui s’y prête. Il était prêt à danser, pour tout dire. Cela dit, il ne pouvait légitimement pas être volontaire d’emblée. A nouveau, tout un jeu, qui avait pour but de simplement jouer, et s’amuser de sa partenaire de soirée. Comme une feinte, de la part d’un escrimeur.

- Hm, je ne saurais dire. Les Malawites sont accueillants, c’est certain, mais j’y étais avec les couleurs militaires de feu la reine. Et comme vous vous en doutez, l’effet de l’uniforme n’est pas le même chez tout le monde. De manière générale, les gens étaient contents et très avenants. Sauf les braconniers évidemment plaisanta-t-il.

L’humour pour désamorcer, et rassurer la tablée que l’expérience militaire ne s’arrêtait pas uniquement à des histoires glauques ou tabous, violentes et peu bienvenues à table. Quand Eva mentionna la valse, Andrew se permit un ricanement exempt de moquerie, surpris mais ravi de cette danse.

- Oh jamais ! La valse est une belle et intemporelle danse ! s’écria-t-il, levant les mains en signe de reddition.

Mains qui retournèrent à plat sur la table, juste les doigts, les paumes dans le vide, laissant libre chemin au serveur. Quittant Eva des yeux le temps d’observer les gestes de ce premier, il attendit qu’il s’était écarté, pour reprendre le regard de l’italienne.

- huh, le twist hein. Étonnant, pensa-t-il à voix haute. Là aussi, une danse ancrée dans une belle époque… A peu près

Andrew rejoint le geste à la parole et pris son verre, le levant au niveau d’Eva, se souvenant, comme à chaque fois, les paroles de sa mère « Dans. Les. Yeux ! ». Trois mots qui s’étaient soudé dans son esprit, aussi les appliquait-il, plongeant ses yeux vers ceux d’Eva.

- A cette belle soirée, si bien commencée, avec un cap bien lancé
Il marqua une pause, pour apprécier le vin. Andrew n’était qu’un profane en matière de goût dans le domaine des spiritueux. Là où certaines personnes trouvaient des vins terreux, ou fruités, boisés ou avec un bouquet ; le psychologue y trouvait des bons vins, d’autres moins, et certains avec un goût tout à fait agréable. Cela se résumait à des zéros et des uns. Go et No Go,

- Le twist hein. Une passion pour les années folles également ? demanda-t-il en reposant son verre. Ou celle de votre famille?

Intérieurement, une petite voix venait de se frapper le front. Andrew savait qu’il était de politesse de s’intéresser à son interlocutrice, et il le voulait réellement. Mais de part sa position, chaque question pouvait sembler être intrusive, ou comportant un motif ultérieur. Oui il était convenu que ce soir elle et lui se sondaient ; mais Andrew avait la désagréable sensation de partir avec un pas d’avance.
Posant sa question, Andrew jeta un petit œil circulaire, par-dessus les épaules d’Eva, regardant les premiers couples quitter la piste pour laisser la place à de prochains plein d’énergie. La même voix qui se frappait le front, eut un petit rire « tu es le prochain »
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06.01.20 11:41
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Pour la beauté du geste
Eva & Andrew

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L’ambition d’Eva Castelli a fait sourire les hommes. Cela arrive encore parfois. Bien que ce soit de moins en moins. Une femme qui sait ce qu’elle veut. Cela a tendance à déstabiliser le sexe dominant. Les hommes n’aiment pas voir leur pouvoir menacé par celles qui les ont amené au monde. C’est bien pour cela que persistent des inégalités de fond entre les deux sexes. Néanmoins, Andrew ne dégage pas la même complaisance que ses pairs. Il est plus intelligent que cela. C’est ce qui est plaisant.
Par ailleurs, la Dona comprit qu’elle le déstabilisa en ouvrant une porte à une conciliation culinaire. Peut-être ne s’attendait-il pas à une tactique du genre. « J’aime sortir le Nord. » Objecte l’Italienne. Dire qu’elle aime Londre est plus exact. La capitale regorge littéralement de cachettes aux trésors. L’autarcie accentuée par le retrait de l’Europe ne faisait qu’augmenter le replie des Britanniques sur leurs biens. « Je me demande à quoi ressemble votre demeure. » Remarque aussitôt Eva tant pour le taquiner que pour le préparer à sa future visite. L’agencement d’un espace dit beaucoup de chose sur la personne qui l’occupe. Elle imagine donc un appartement moderne, équipé, aux teintes claires, peut-être même que du blanc.
« Lotte en trublion comme j’aurais aimé voir cela ! » Répond alors la galeriste en riant, elle aussi. Elle voit tout de suite, une petite-fille en jupe terroriser les chiens et épuiser les grands-parents. Eva est parfois un peu nostalgique de la période de l’enfance. Pour ce qu’elle avait de sincère et d’honnête. « Vous entendiez-vous ? » Se demande-t-elle avec douceur. Elle entre à petit pas dans la sphère de l’intime.
Qu’Andrew parle de son expérience militaire est une réussite. Car, comme la petite enfance, cela est du passé. Ce qui a participé à en faire l’homme assit à la table d’un bar. Ce qui fait qu’il a de l’humour mais peine à ce que l’on approche. Eva cherche pour comprendre. Exactement comme elle le fait quand elle est face à un artiste. Aussi avance-t-elle encore d’un pas vers lui. « Avez-vous quitté l’armée par choix ? » Quitte-t-on un métier si engageant par choix ? Protéger, défendre, se battre pour et contre. C’est un acte qui implique l’individu dans son entier. Renoncer au combat n’est-ce pas impossible pour celui qui se sent investie dans la cause ? Voilà ce qu’elle a entendu des guerriers Massaïs des combattantes Cubaines. Eux qui ont fait de l’Art une arme.
« L’entre deux guerres ! » Des quelques domaines d’expertises qu’elle effleure Castelli aime beaucoup cette période historique. Une jonction temporelle à nulle autre pareille. Plus jeune, elle avait écrit dans des Revues sur les courants qui y sont attaché. « Et vous Andrew ? Une période particulière qui vous enchante ? »
Leurs verres vont s’entrechoquer. « Cap vers le Nord. » Lance Eva en réponse joueuse. Pour rappeler la promesse tacite qu’il venait de faire. Le vin est bon. Par gourmandise, elle en prend une autre gorgée. Elle repose le verre tranquille. Cependant, la remarque de l’Anglais fait vaciller la flamme une seconde. Un instant. Castelli, conditionnée par son passé familial fait une association d’images. Dans les années folles, elle voit tout de suite sa mère, la folle. Frappée dans son intérieur, elle se redresse, et braque le dos. Défensive.« Ma grand-mère maternelle adorait cela en effet. » Le souvenir de la Mama rassure la belle. Elle la voit monter le son du poste de radio dans la cuisine. Et se mettre à danser avec un cavalier imaginaire. Le mari était à l’usine. Il ne dansait qu’au bal du dimanche, ou aux mariages.
« Assez parlé de danse. Il est temps d’en faire. Venez ! » Elle arrive alors vers son cavalier prédestiné. Une main tendue. L'air espiègle. L'énergie de la musique se sent déjà dans ses yeux cyans.


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15.01.20 17:15
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Ah le Nord de Londres, l’arrachant plus encore à sa chère manche de Brighton. Malgré les allures ont ne peut plus citadines d’Andrew, l’air salé des mers, les volatiles et les voiles brisant l’horizon étaient la définition de petit coin de paradis pour Andrew. Si ce n’était pour ses études jamais il n’aurait mis les pieds à Londres pour plus d’un weekend. Il ne regrettait rien de ce chemin parcouru, cependant une petite flamme interne lui rappelait parfois où ses racines se trouvaient, voulant s’y reconnecter.

- Ah, mon luxueux cabinet, plaisanta-t-il en se calant au fond du siège, étirant quelque peu son bas du dos. Imaginez donc un cabinet à domicile tout ce qu’il y a de plus banal, qui ressemble à n’importe quelle maison. Ajoutez simplement un ciré jaune et un chapeau de pluie rouge au porte-manteau et… voilà.

Cette plaisanterie, qui chaque fois qu’il la croisait le faisait sourire, était à la fin une admission de la drôlerie de son nom, et une façon de briser la glace en silence. De même qu’un – faux – pot de marmelade se baladait au rez, au gré des envies du psychologue.


- Je n’en dirai pas plus, je crois que cette image devrait suffire, sourit-il, à son tour joueur, feignant le mystère.


Quant à la mention de Charlotte comme figure de pile nucléaire, Andrew secoua lentement la tête, replaçant sa serviette correctement sur son genou gauche. Pliée en trois, sur le haut de la cuisse, presque l’aine, afin de le garder d’un accident.
- Oh, aussi ironique que ce soit, elle n’aimait pas les filles, jusqu’à son adolescence. Du moins l’image rose, poupée et double couette. Imaginez la en salopette – boutonnée ou non – queue de cheval solidement attachée. Ou un chignon. Et, oui, dès que nous avons commencé à partager nos cours, inséparables. Plus qu’avec Edward, mais… Je crois qu’on ne l’a jamais exclu pour autant !

La mention déclencha un sourire élargi, alors que l’anglais se remémorait une myriade d’aventures passées avec Charlotte – et Edward aux talons – que ce soit en cours, sans cours, chez les grands-parents ou à la maison. Bien que plus tard, lorsqu’il quitta tout pour l’armée, leur relation devint plus distante, et qu’encore aujourd’hui il y avait un léger ressentiment, les adelphes avait une grande complicité. Plus mature, plus réaliste, un brin cynique ; mais pour rien au monde Andrew n’échangerait sa grande sœur ou sa relation. Un bref mais très vif pincement au cœur saisi le psychologue, alors que le visage d’Edward ressurgit de son passé. Un petit mot – en pensée – pour ce dernier, lui espérant une bonne vie de là où il était, s’échappa du crâne d’Andrew.

- Il n’y avait qu’un an entre nous, alors je suppose que c’était ou rien. Et puis, vous connaissez un peu Charlotte, peut-être pas assez… Mais c’est une compétitrice acharnée. Entre la danse et l’escrime, la compétition c’était un moteur. Le grand drame a été ne pas avoir pu faire d’escrime à cause de ça, s’esclaffa Andrew. Mais vous Eva, quelque part, avoir une,une, grand°e frère ou sœur vous aurait plu ? Même s’il est difficile de manquer ce qu’on a pas connu, sourit-il.

Balle dans son camp, quelque part la sonde se rapprochait, on venait à parler famille, avec un net avantage à l’espiègle italienne, qui connaissait déjà Charlotte.

Mais déjà elle continuait, attaquant un autre angle cher à Andrew : l’armée.

- Ah… annnonça-t-il, comme si la question, suspendue comme une épée de Damoclès, tombait enfin. Est-ce que j’ai quitté l’armée par choix…

Andrew dû réfléchir un court instant à sa réponse. C’était une question simplissime mais dont la réponse s’avérait toujours complexe.

- Oui, évidemment je n’ai pas été chassé, sourit-il. J’ai hésité un moment. C’est une vie spéciale l’armée. Une grande famille à laquelle on se greffe. Partir c’est toujours difficile on quitte tout le monde. Mais après la mort de la Reine… J’ai re pensé tout ça. Et puis… Je ne me voyais pas rester psychologue militaire. Je ne l’ai pas été par choix pour commencer. Mais vous connaissez peut-être ? Devoir partir parce que vous avez cette petite démangeaison au centre du dos.

Il fallait inverser la vapeur, et retourner les questions, mais il semblait que cette passe revienne à Castelli.

- Une période… Oh, je ne suis pas un féru d’Histoire… La notre me convient malgré ses déconvenues et torts, admis-t-il.
L’Histoire n’était pas le fort d’Andrew. Certes il avait appris comme tous et toutes en cours ; mais rien n’avait collé. Hormis les quelques faits d’armes de feu son régiment, les quelques psychologues notables, il ne semblait pas y avoir une période qui ne lui aille mieux que le moderne. Peut-être se serait-il plu en effet dans les années trente qui sait. Mais ce genre de projection n’était pas pour le psychologue qui préférait vivre son présent.

Toutes ses paroles, heureusement couvertes par le vin, que l’anglais décida de classer dans « très agréable » et « léger », car c’était là sa seule expertise dans le domaine, et Andrew se préparait à, de nouveau, assaillir sa partenaire de quelque question, bien décidé à percer ce voile si adroitement maintenu. Bien que semi-transparent, il y avait la culture du mystère, sous la cape de la curiosité.
Et Andrew, en personne de relative bonne éducation, savait qu’il fallait poser plus de questions qu’apporter de réponses.

Malheureusement, pris de cours à nouveau Andrew se mit à revoir ses plans. Se relevant avec la contenance convenue, il passa son pouce et son index le long de sa moustache. Ce geste presque réflexe, comme se retrousser les manches, dévoila un certain sourire amusé. Ils avaient assez parlé semble-t-il pour le deuxième round, place à la conversation corporelle sur fond de musique !

Une remarque sarcastique sur ce qu’il pensait être ses maigres talents de danseur s’étouffa dans sa gorge, alors qu’il pris la main d’Eva, non sans un regard autour voir si un serveur n’apportait pas les premiers tapas, fortement heureusement pas le cas.
S’avançant à grand pas pour rattraper sa comparse, d’un geste précis et fluide, il recouvra la main de sa partenaire d celle libre, guidant celle-ci vers le creux de son coude, allant alors la mener, direction la piste.

- Allons-y, cela ouvrira qui sait un peu plus l’appétit.

Et là, Andrew allongeait sa projection : il allait mener, comme il en était de toute manière coutume dans ces rythmes latinos…
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10.03.20 18:32
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Pour la beauté du geste
Eva & Andrew

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Eva commença à dépeindre mentalement la silhouette d’Andrew. Au fil de sa description, jusqu’à ce que en effet la symbolique des couleurs lui frappe l’esprit. Elle pouffa doucement d’un rire spontané. Lentement, elle tenta de l’imaginer en petit ours chantant. Un doudou pour enfant que le traîne du bout de son bras.
« Elle suffit amplement oui. Je n’avais pas encore fait le lien. Comme c’est amusant. » L’italienne se demanda combien d’ours en peluche cet homme devait avoir reçu dans sa vie. La plaisanterie aisée ne peut avoir échappé à l’humour de ses proches. Elle se penche vers lui. « Mon nom est associé à un célèbre Brigand. Rien qui soit aussi apaisant que votre homonyme. » Oui, quelle jolie farce du destin. Un homonyme parfait avait fait des ravages dans les banques italiennes au début du siècle. Si le père d’Eva et le plus sage des architectes. Elle même n’a pu renier la puissance symbolique de son patronyme. C’est un grand clin d’oeil à la vérité qu’elle se permet sous la garde de cet homme de droit. L’envie est là. La tentation de l’authenticité vient chatouiller la conscience de la dame. Pour une fois, ne pourrait-elle être complété sous les yeux d’un Autre ?
Il est vrai… Castelli oublit. Charlotte a en fait deux frères. Non pas un mais deux. Si Andrew est peu présent dans ses racontars, Edward est un véritable fantôme. Le silence qui plane autour de lui a intrigué la belle. Mais elle n’a pas été fouiller la mémoire de son amie. Une curiosité mal placée peut fait du mal. Or Eva ne veut aucun mal à sa petite Lotte en salopette. Ni à son frère au chapeau de pluie. Aucune famille n’est exsangue de blessures généalogiques. Non. Personne.
« Oui. Je crois que cela m’aurait plu. » Bien que très tôt Eva comprit pourquoi elle n’aurait pas de fratrie avec elle. Mère déraisonnable, bipolaire, père absent et malheureux. Pendant son adolescence elle s’était demandée si elle n’avait pas été un accident. Heureux certes. Mais accident tout de même. « La Maison était souvent vide. J’aurais eu plaisir à un peu de compagnie. » En dehors de son puissant besoin de liberté. C’est cette impression de solitude enfantine, qui l’a convaincue de ne pas avoir un enfant. A quoi bon élever un être humain de loin en loin ? Elle s’est abstenue de répéter le schéma.
La mention de feu Elizabeth II provoque un sourire attendrie sur sa bouche. Peu sont les monarques qui suscitent tant de sympathie. Que dire, d’amour. Cette femme a réussi à se faire aimer de tous et de toutes pendant près d’un siècle. D’ailleurs, son successeur coexiste avec son ombre encore maintenant. Certains pensent que cela a précipité le Brexit. Eva n’en pense rien. Elle sait seulement que la Reine n’aimait pas beaucoup l’Art, tout en le respectant beaucoup. Cela lui suffit.
« D’abord, elle est diffuse. Inconstante. Peu à peu elle vient plus souvent. A des moments inattendus. Jusqu’à ce qu’elle nous encourage à agir. A partir. Oui. Je vois. J’ai la chance d’avoir un métier de nomade. Je peux partir à peu près quand je le veux. » Londres ou ailleurs. Après tout, Castelli aime toutes les villes. L’Italie demeure tendre à son coeur de part ses racines. Mais, en dehors de cela. « Qu’est-ce que vous auriez voulu faire ? Si vous aviez eu le choix ? »
C’est presque sans le faire exprès que la blonde amène souvent l’Histoire dans les discussions. Une déformation professionnelle dont elle prend acte devant la réponse d’Andy. Visiblement acolyte du Carpe-Diem. Eva a un franc sourire. Elle est heureuse en réalité. Elle qui escompte cueillir le bonheur dans chaque instant. Elle hoche du chef et laisse là ces questions historiques. Il est de bon ton de mettre en action les paroles. Vivre l’instant présent dans tout ce qu’il a de plaisant.
Ceci dit Eva n’est pas assez légère pour ignorer l’intelligence combative de cet homme. Même si une part d’elle aspire à se révéler. L’autre a pour habitude de se dissimuler. Une vieille technique dont elle pense ne jamais pouvoir se détacher. Elle approche de lui, grand, même massive.
« Allons-y! » Andrew se place. Elle aussi. Un sourire enjoué illumine alors de le visage de la troublante Castelli. Tout de suite, son pouls se met au tempo de la musique. Ses pieds frappent le parquet en coup d’envoie. Puis c’est une envolée. Elle s’abandonne totalement au bonheur de danser. Ses mains pressent le dos de son cavalier. Peu importe que les pas soient imparfaits. Peu importent qu’ils se trompent. Un rire, vif et sincère lui vient juste derrière une pirouette.
Pendant ces quelques minutes la trafiquante n’a plus de masque, plus de retenue. A vrai dire, cela lui fait du bien.



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20.03.20 9:18
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