Je ne me sens pas bien. J’ai la nausée en fait. J’ai aussi la tête qui tourne. Tout est un peu flou. Je sens ta main sur mon épaule. Mais j’ai du mal à me concentrer dessus. En fond je reconnais les voix des garçons. Je sais que Zac va faire une connerie. « Faut pas que Maman sache. ! » Je me concentre pour pouvoir te regarder dans les yeux. Si les parents débarquent ici la sentence sera sévère. Je n’ai pas envie qu’il ait des ennuis en plus. Tout ça parce que je me suis faite avoir par un gros porc.

Je vois que Megara s’occupe de toi. Okay très bien. A ce stade je sais ce qui m’attend. Mais j’en ai rien à battre. De toute façon s’ils me lâche je l’expédis aux Urgences l’autre connard. Je le fixe qu’il pige bien que si je ne l’ai pas ici je l’aurais ailleurs. Chez les Sanders on ne laisse pas les monstres s’en tirer. « ... Megara.... » Le mec me plaque en arrière pour m’empêcher d’approcher. Il est plus fort que moi. Rien à faire. Si l’un d’eux vous maltraite de toutes les façons j'explose leurs tibias. « J’ai trois mecs dans la salle qui peuvent appuyer son témoignage connard. » Le gars consulte son collègue du regard. Ouais réfléchissez bien. Parce que vous n’allez pas l’emporter au paradis. « Personne ne croira une bande d’ados qui a fait le mur!» Oh toi, tu ferais mieux de fermer ta gueule. Je vais te démonter la tronche. « Meg ? »

Je vois les six personnes se tourner d’un coup. La nana du staff a l’air tellement mal. Je crois qu’elle est aussi décolorée que moi. Le malaise est palpable maintenant. Je force ma bouche à former un sourire de façade. « Je ne me sens pas bien. ? » Les formes se double. Olala, je connais ça. Je sais ce que ça veut dire. Je tâtonne pour tâtonne mollement pour trouver un truc auquel me tenir. « Iza ! Iza penche pas la tête en avant. Vous ne voyez pas qu’elle va tomber dan les pommes ! Putain il lui faut une ambulance! »

Enfin ! Le gros black a une lueur d’intelligence. Il dit à la fille de l’équipe d’aller chercher les bénévols du soin. Il y en a toujours une paire pour les soirées spéciale comme celle-ci. D’autant qu’il y a du peuple. « Putain c’est pas trop tôt..... » Que je dis en sentant qu’on me libère les bras. « Megara ? On n’y va! » Ce n’est pas une question. Je te fais signe de suivre pendant que je vais chercher Izaline. La tête qu’elle fait me fend le coeur. Je ne le lui montre pas. Je sais que ça n’aidera pas. Je lui propose mon épaule pour servir de s’appuie. Je passe mon bras dans son dos pour la tenir par la taille. Je suis désolée . » Je le sais. Mais je ne dis rien. Ce n’est pas le moment.

On est au niveau du hall de sortie quand il y a trois secouristes qui arrivent de l’autre côté. J’entends Zac qui les appel. Ils viennent porter main forte. Sans que j’ai le tend de dire quelque-chose on me porte. On me met une couverture. Le froid de la nuit me tétanise quand on sort. Les lumières de l’ambulance font mal aux yeux. Meg ? » Je veux pas aller dans un hôpital. J’aime pas ça. Meg ?! Meg ! T’es où ? ? »

Je ne sais pas ce que tu as en tête. Mais elle a raison. On ne peut pas laisser les blouses nous embarquer dans le circuit. J’entends déjà maman quand elle nous trouvera dans le bureau du directeur. Je lui fais signe que c’est compris. Là je siffle le son du ralliement. Je vois les gars qui me cherche du regard. Je leur fais le signe établi entre nous pour “diversion”. A quatre on approche l’air de rien vers les mecs de la sécurité. « Monsieur ? J’ peux vous parler ? J’veux porter plainte. » Il y en a deux qui me fixent. Du coin de l’oeil je vois Jimmy qui approche de l’alarme incendie. Une chance que tous les gars soient rassemblés à l’autre bout. Le deuxième il va en marge de la foule pour diffuser une rumeur. Laquelle ? J’sais pas. Mais ça marche. Ca s’agite derrière. « Chef … y a un problème... » Parfait. Les filles ont le temps de filer.

J’ai failli me tordre la cheville sur le trottoir. La perte d’équilibre me ralentit dans la course. Je tire sur la main de Meg pour qu’elle ralentisse. Mais elle continue. On dirait qu’elle a le diable aux trousses. Même en sport elle ne court pas aussi vite. Mes poumons me brûlent. « Ca va trop vite, Meg ? ! » Le portail du parc grince. Je reconnais l’un de nos QG vert pendant les heures de perm’ ou de séche. J’attrape la corde de la balançoire. Je manque de la louper. Je vois floue. La planche est humide. J’ai peur de tomber. Je me cramponne. Je tousse. Je souffle. « Oh. » Je n’ai pas le temps de lui répondre. Je me tourne vers l’arrière. Deux secondes plus tard je vomie mon dernier repas de la journée. Je vomie ma peur, mon stress, tout ce qui est passé.

Après ça, je sens mes joues qui sont humides. Je pleure. La pression qui redescend dans doute. J’essuie ma bouche sale de ma main. Je me redresse péniblement en serrant la corde. « J’ai… eu … tellement peur… putain .. . » Je me tiens par les côtes. Je sens la morve qui monte à mes narines. « J’ai … été … tellement conne Meg ... » Nos téléphone réagissent en même temps. Je farfouille dans ma poche. J’ai du mal à attraper le téléphone. J’ai les mains qui tremble. « C’est Zac . »

Message envoyé. Comme ça elles savent que l’on est sorti. Je marche derrière les trois autres. Je surveille nos arrières. Pour le moment je ne vois personne qui suis. Au loin le gyrophare d’un véhicule de police. Elle descend la rue que l’on remonte. Sûrement une équipe qui a été appelée pour aller au club. On a eu chaud. Je sens le tél vibré. « Elles sont au parc Bella Guerin. Vous venez on va les accompagner. » Hors de question qu’elles repartent seules après ça. Je veux aussi voir comment elle va. Comment elles vont. Je montre la direction et on y va.

Et on pleure comme deux bébés. Je ne sais pas laquelle pleure le plus. Mais dès que j’ai l’impression que ça se calme les trémolos qu’elle a me relance. Bien sûre que j’ai envie de faire gaffe. Ouais je les préviendrais. Je ne veux pas me retrouver dans cette situation. Plus jamais, jamais de ma vie. J’ai un frisson en sentant les mains qui ont… Non, non Iza. Concentration sur le calin là. Je sens qu’elle commence à s’écarter de moi. Je la retiens un peu. « Tiens.. » Je ne t’ai pas entendu arriver, ni les gars. Vous êtes tous là. J’attrape la bouteille. En croisant tes yeux je me sens mal. Je pique du nez. Ces yeux là ça me donne envie de pleurer encore. « Je suis désolée Zac... »

Je sais que tu es désolée. Tu l’es ça désolée. Je n’ai pas de doute. Mais t’as merdé. Tu t’es mise en danger. Tu as mis ta pote en danger, moi, nos potes. Tout ça pour aller jouer avec un … De toute façon vaut mieux pas que j’y pense. « Je te préviens Izaline. Tu ne nous fait plus jamais un coup comme ça. » Je la laisse boire. Les gars sont silencieux. Je sais que quand on est comme ça c’est tendu pour les autres. Mais on ne va pas faire semblant là. Elle nous a tous fait flipper.

Je cherche Megara. Je viens vers elle. Je me laisse tomber sur la balancelle à côté d’elle. Je la regarde. Même nerveuse comme une souris elle est jolie. Je lui prend la main. Je fais pivoter la balançoire pour être tourné vers elle. « T’as super bien géré ce soir Meg. » Je me penche pour l’embrasser. Ce n’est peut-être pas le bon moment. Mais moi je sens que si. Il n’y a pas que pour Iza que j’ai eu peur. J’embrasse aussi sa pommette. Pendant une seconde je rêve d’être ailleurs, rien qu’avec elle. « Une fois que tout le monde ce sera remis je t’invite à dîner. Un truc classe. Avec des fleurs et de la musique des vieux.. »

On se remet en route pour l’école. Ce n’est pas très loin. Les garçons sont là. On ne parle pas des masses. Mais je crois que personne n’a vraiment envie de parler après ça. Je retrouve un peu de force. Je remercie le trio infernal pour tout ce qu’ils ont fait, la diversion, tout. Je les remercierais comme il faut. Il faut que je trouve comment. Zac refuse de nous laisser. Il prend le risque de passer le grillage. Je sais qu’il est mal, autant que moi. On est pareil. « Vous m’appelez s’il y a quoique ce soit. » Il nous embrassa chacune notre tour. Il reste encore, le temps qu’on passe la fenêtre et qu’on ne soit plus visible. On se retrouve à l’intérieur elle et moi.

Pas âme qui vive. Je prend la main de Meg dans la mienne. Pieds nus on file dans les couloirs le plus silencieusement possible. Je retiens ma respiration en passant devant le sas, où est la surveillante de garde. Elle ronflette sur son siège. On passe le dernier couloir avant notre chambre. Enfin la porte est là. Je pousse le battant en douceur. Rien. Ouf. Je vire tout de suite les habits. Je passe le pyjama. J’envoie un message à Zac pour lui confirmer que tout est OK. « Je peux dormir avec toi ? » Je sais que sans elle je ne fermerais pas l’œil. J’attends, je me faufile contre elle. « Merci... » La chaleur de son corps près de moi me gagne. Elle fait barricade. J’écoute son souffle. Il me porte vers Morphée. Je m'endors comme une tombe. Cette nuit pas de rêve. Une chose est sûre, la prochaine fois, j’y réfléchirais à deux fois avant d’aller vers un artiste.